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samedi, avril 25, 2009

Nouveaux arrivages à la librairie anarchiste L’insoumise

Plus de 5000 livres en anglais et en français qui explorent toutes les possibilités des changements sociaux d'un point de vue libertaire.

2033 Boul. St-Laurent, Montreal. A deux pas du métro St-Laurent 514-313-3489

LA LISTE DES ARRIVAGES !
Autonomie individuelle et force collective - Skirda Alexandre,
Nestor Makhno : Le cosaque libertaire 1888-1934, par Skirda Alexandre
Les anarchistes russes, les soviets et la révolution de 1917, par Skirda Alexandre
L’affaire Sacco et Vanzetti, par R. Creagh
L’Histoire du mouvement makhnoviste (1918-1921), par Piotr Archinov
Kronstadt 1921 - Izvestia des marins, soldats rouges et ouvriers de la ville de Kronstadt, Éditions Ressouvenances
L'anarchisme à Cuba, F. Fernandez, CNT-RP
Nouvelles de nulle part, par William Morris, L’Altiplano
Octobre 1917 - Le thermidor de le révolution russe, par BERTHIER René, CNT-RP
La CGT-SR et la révolution espagnole - De l'espoir à la désillusion, par BERTHUIN Jérémie, CNT-RP
La Commune de Paris, par BAKOUNINE Michel, CNT-RP
Autogestion et anarcho-syndicalisme - Analyse et critiques sur l’Espagne (1931-1990), par MINTZ Frank, CNT-RP
Viet Nam, 1920-1945, de Ngo Van, Éd. Nautilus
Carnets de luttes d'un anarcho-syndicaliste (1896-1945) : Du Maine-et-Loire à Moscou, de François Bonnaud et Christophe Patillon, Éditions du Centre d'histoire du travail
La Communauté par le retrait et autres essais, de Gustav Landauer, Éd. Du Sandre
Insaisissable: Les aventures de B. Traven, de Rolf Recknagel, Éd. L'Insomniaque
Chroniques d’un incroyant, de Bruno Alexandre, tome 1, Éd. Libertaires
Grève générale!, Jack London, Éd. Libertalia
L’Homme et la terre, de Élisée Reclus, tome 1, 2 et 3, Trinquier
Un nom confisqué - Elisée Reclus et sa vision des Amériques, de E. Mächler Tobar, Indigo & Côté-femmes éditions
La révolution libertaire, de Michel Paraire, Éd.Le temps des cerises
Du principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, de P.-J. Proudhon, Éd.Romillat
Idées révolutionnaires, Proudhon, Trinquier
La guerre et la paix, tome 1 et 2, de P.-J. Proudhon, Trinquier
Le mouvement anarchiste en Espagne, de Lorenzo, Éd. Libertaires
Les conflits dans l’internationale, de M. Bakounine, Trinquier
Relations avec Netchaiev, de M. Bakounine, Trinquier
Quitter son point de vue, utopies anarcho-littéraires, de C. Granier, Éd. Monde libertaire
L’entraide, de P. Kropotkine, Trinquier
La conquête du pain, de P. Kropotkine, Trinquier
Champs, usines et ateliers, de P. Kropotkine, Phénix éditions
Le Living Theatre : de la toile à la scène : 1945-1985 par Stéphanette Vendeville, L’Harmattan
Albert Camus et les libertaires : écrits présentés par Lou Marin. Marseille : Egrégores, 2008.
Au coeur de la Révolution : Mes années de Russie, 1917-1927, par Marcel Body, Editions de Paris-Max Chaleil
Le socialisme des intellectuels, par Jan Waclav Makhaïski, Editions de Paris-Max Chaleil
Ceux d'en bas de Mariano Azuela, Fondeurs de briques
À la recherche de B. Traven de Jonah Raskin, Fondeurs de briques
L’organisation anarchiste - textes fondateurs, Éditions de l’entraide.
UP from slavery – Ascension d’un esclave émancipé, Booker T. Washington, Éditions libres
Élisée Reclus – six études en géographie sensible, J. Cornuault, Éd. Isolato
Pour en finir avec la psychiatrie– Éd. Libertaires
Les jacobins noirs : toussaint-louverture et la revolution de saint-domingue, Éd. Amsterdam
La Fabrique de l'impuissance 1 & 2 - L'école entre domination et émancipation- Éd. Amsterdam. (2 tomes)
Anarchisme nation identité culture, par Karim Landais, Orphéo édition
Propos d’un agitateur, par Ricardo Flores Magon, Éd. Libertalia
Lettre de Bartolomeo Vanzetti à la camarade Blackwell de la prison de charlestown. (10 janvier 1927),Éd. La mauvaise graine
Premières et Dernières amours : Louise Michel, Éd. La mauvaise graine
Portrait historique et mental du policier ordinaire, Rajsfus, Éd. Après la lune
Trois essais de philosophie anarchiste : islam, histoire, monadologie, par Daniel Colson, Lignes Manifestes
Paris ville rebelle Tome 2, de 1800 à nos jours, par Andrew Hussey, Max Milo Éd.
Les Briseurs de formules. Les écrivains anarchistes en France à la fin du XIXe siècle, par Caroline Granier, Éditions Ressouvenances
Étude sur le Mouvement communaliste à Paris, en 1871, par Gustave Lefrançais, Éditions Ressouvenances
Prison fin de siècle, par E. Degout et Charles Malato, Éditions Ressouvenances
La Commune de Paris au jour le jour, par Elie Reclus, Éditions Ressouvenances
Journal : comment rendre le monde meilleur (on ne fait qu'aggraver les choses), par John Cage, Éd.Héros-Limite
Pierre Monatte, par Colette Chambelland, Éd. de l’Atelier
Louise Michel (1830 - 1905), de Gérard Dittmar, Éd. Dittmar
Mémoires, de Louise Michel, Éd. Tribord (coll. Flibuste)
Aventures squats, par Clémentine Guyard, ACL
Histoire des femmes dans la Commune de Paris, de Gérard Dittmar, Éd. Dittmar
Les socialismes et l'enfance : expérimentation et utopie (1830-1870), par Nathalie Brémand, Presses universitaires de Rennes
Sous l'écorce de Guy Debord, le rudéral, de Jean-Claude Bilheran, Éd. Sens & Tonka
Le Rouge et le Noir à l'Ombre de 1793, par Miguel Abensour, Éd. Sens & Tonka
La Démocratie conte l'État : Marx et le moment machiavélien, par Miguel Abensour, Éd. du Félin
Les 3 secrets : Tome 2, En hommage à Guy Debord, par Olivier Jacquemond, Éd. Sens & Tonka
La mécanique raciste, de Pierre Tévanian, Éd. Dilecta
OGM, semences politiques, vers un contrôle total du vivant, par Philippe Godard, Homnisphères
Proudhon : héraut et philosophe du peuple, par Chantal Gaillard, Société P-J Proudhon
La Foire aux Ânes (ou l'abolition du salariat), par Gaston Britel, Le Coquelicot
Clinique de la servitude, de Jacques Félician, Éd. Campagne-Première
La Commune, par Pierre Kropotkine (suivie de La Commune de Paris), L’Altiplano
18 ans de bagne, par Jacob Law, Éd. Égrégores
Au maquis de Barrême, souvenirs en vrac, par Oxent Miesseroff, Éd. Égrégores
RFID : la police totale. Puces intelligentes et mouchardage électronique, par Pièces et main d’œuvre, éd.L’Echappée
Nourritures anarchistes. L'anarchisme explosé, de René Schérer, Éd. Hermann
Les anarchistes contre la République, par Vivien Bouhey, Presses univ. De Rennes
Un regard noir. La mouvance anarchiste française au seuil de la Seconde Guerre mondiale et sous l’occupation nazie (1936 - 1945), par Michel Sahuc, Éditions du Monde Libertaire
Mémoires d’un prolétaire, Norbert Truquin, Éd. Le mot et le reste
Utopie antique et guerre des paysans en Chine, par Ngo Van, Éd. Le chat qui pêche
Quatuor pour une autre vie / Raoul Vaneigem, Marcel Moreau, Claire Lejeune, Jacques Sajcher, Éd. L. Wilquin
Raoul Vaneigem : L'éloge de la vie affinée, par Laurent Six, Éd. L. Wilquin
Vision anarchiste et syndicaliste, par BAKOUNINE Michel, CNT-RP
Vers un autre futur - Un regard libertaire, par CARTIER-BRESSON Henri, Éd. Nautilus
Nous, femmes sans frontière, par MARICOURT Thierry, Éd. L'Harmattan
Dansons la ravachole - Roman noir et rouge, par Paco, Éditions libertaires
La canaille - Histoire sociale de la chanson française, par PORTIS Larry, Éd. CNT
1906 - Le congrès syndicaliste d'Amiens, par POUGET Emile, CNT-RP
La confédération générale du travail, par POUGET Emile, CNT-RP
Argentine - Généalogie de la révolte - La société en mouvement, par ZIBECHI Raúl, CNT-RP
Journal de guerre d’un combattant pacifiste, par Camille Arthur Augustin Rouvière, ÉditionsAtlantica-Séguiers
Les mémoires de mon ami, d’Octave Mirbeau, Éditions L’Arbre vengeur
Essais de critique du marxisme - et autres études sur la valeur-travail, de Georges Sorel, Éd. L'Harmattan
Espagne 1936-1975 - Les affiches des combattant-e-s de la liberté tome 1 et 2, de Pino et Rosell, Éditions libertaires
Dictionnaire des chansons politiques et engagées, de C. Passevant et Larry Portis, Éd. Scali
Victor, Émile, Georges, Fernand, et les autres…, Regards sur le syndicalisme révolutionnaire, s.d. Michel Pigenet et Pierre Robin, Éditions d’Albret

ET BIEN PLUS!

jeudi, septembre 25, 2008

La grève des électeurs


Un texte écrit par Octave Mirbeau en 1888 et qui est encore et toujours d'actualité, comme quoi le changement ne proviendra jamais des urnes...

Sur le plan politique, Mirbeau s’est rallié officiellement à l'anarchisme en 1890. Mais, bien avant cette date, il était déjà révolté et réfractaire à toutes les idéologies aliénantes, radicalement libertaire, farouchement individualiste, irréductiblement pacifiste, résolument athée depuis son adolescence, anticlérical, antireligieux et antimilitariste.(source)

Une chose m’étonne prodigieusement ‹j’oserai dire qu’elle me stupéfie) c’est qu’à l’heure scientifique où j’écris, après les innombrables expériences, après les scandales journaliers, il puisse exister encore dans notre chère France (comme ils disent à la Commission du budget) un électeur, un seul électeur, cet animal irrationnel, inorganique, hallucinant, qui consente à se déranger de ses affaires, de ses rêves ou de ses plaisirs, pour voter en faveur de quelqu’un ou de quelque chose.

Quand on réfléchit un seul instant, ce surprenant phénomène n’est-il pas fait pour dérouter les philosophies les plus subtiles et confondre la raison ? Où est-il le Balzac qui nous donnera la physiologie de l’électeur moderne ? Et le Charcot qui nous expliquera l’anatomie et les mentalités de cet incurable dément ? Nous l’attendons.

Je comprends qu’un escroc trouve toujours des actionnaires, la Censure des défenseurs, l’Opéra-Comique des dilettanti, le Constitutionnel des abonnés, M. Carnot des peintres qui célèbrent sa triomphale et rigide entrée dans une cité languedocienne ; je comprends M. Chantavoine s’obstinant à chercher des rimes ; je comprends tout.

Mais qu’un député, ou un sénateur, ou un président de République, ou n’importe lequel, parmi tous les étranges farceurs qui réclament une fonction élective, quelle qu’elle soit, trouve un électeur, c’est-à-dire l’être irrêvé, le martyr improbable qui vous nourrit de son pain, vous vêt de sa laine, vous engraisse de sa chair, vous enrichit de son argent, avec la seule perspective de recevoir, en échange de ces prodigalités, des coups de trique sur la nuque, des coups de pied au derrière quand ce n’est pas des coups de fusil dans la poitrine, en vérité, cela dépasse les notions déjà pas mal pessimistes que je m’étais faites jusqu’ici de la sottise humaine, en général, et de la sottise française en particulier, notre chère et immortelle sottise, ô chauvin !

Il est bien entendu que je parle ici de l’électeur averti, convaincu, de l’électeur théoricien, de celui qui s’imagine, le pauvre diable, faire acte de citoyen libre, étaler sa souveraineté, exprimer ses opinions, imposer ‹ô folie admirable et déconcertante) des programmes politiques et des revendications sociales ; et non point de l’électeur "qui la connaît" et qui s’en moque, de celui qui ne voit dans "les résultats de sa toute-puissance" qu’une rigolade à la charcuterie monarchiste, ou une ribote au vin républicain. Sa souveraineté à celui-là, c’est de se pocharder aux frais du suffrage universel. Il est dans le vrai, car cela seul lui importe, et il n’a cure du reste. Il sait ce qu’il fait. Mais les autres ?

Ah ! oui, les autres ! Les sérieux, les austères, les peuple souverain, ceux-là qui sentent une ivresse les gagner lorsqu’ils se regardent et se disent : "Je suis électeur ! Rien ne se fait que par moi. Je suis la base de la société moderne. Par ma volonté, Floquet fait des lois auxquelles sont astreints trente-six millions d’hommes, et Baudry d’Asson aussi et Pierre Alype également."

Comment y en a-t-il encore de cet acabit ? Comment, si entêtés, si orgueilleux, si paradoxaux qu’ils soient, n’ont-ils pas été, depuis longtemps, découragés et honteux de leur œuvre ? Comment peut-il arriver qu’il se rencontre quelque part, même dans le fond des landes perdues de Bretagne, même dans les inaccessibles cavernes des Cévennes et des Pyrénées, un bonhomme assez stupide, assez déraisonnable, assez aveugle à ce qui se voit, assez sourd à ce qui se dit, pour voter bleu, blanc ou rouge, sans que rien l’y oblige, sans qu’on le paye ou sans qu’on le saoule ?

A quel sentiment baroque, à quelle mystérieuse suggestion peut bien obéir ce bipède pensant, doué d’une volonté, à ce qu’on prétend, et qui s’en va, fier de son droit, assuré qu’il accomplit un devoir, déposer dans une boîte électorale quelconque un quelconque bulletin, peu importe le nom qu’il ait écrit dessus ?...

Qu’est-ce qu’il doit bien se dire, en dedans de soi, qui justifie ou seulement qui explique cet acte extravagant ? Qu’est-ce qu’il espère ? Car enfin, pour consentir à se donner des maîtres avides qui le grugent et qui l’assomment, il faut qu’il se dise et qu’il espère quelque chose d’extraordinaire que nous ne soupçonnons pas. Il faut que, par de puissantes déviations cérébrales, les idées de député correspondent en lui à des idées de science, de justice, de dévouement, de travail et de probité ; il faut que dans les noms seuls de Barbe et de Baïhaut, non moins que dans ceux de Rouvier et de Wilson, il découvre une magie spéciale et qu’il voie, au travers d’un mirage, fleurir et s’épanouir dans Vergoin et dans Hubbard des promesses de bonheur futur et de soulagement immédiat.

Et c’est cela qui est véritablement effrayant. Rien ne lui sert de leçon, ni les comédies les plus burlesques, ni les plus sinistres tragédies. Voilà pourtant de longs siècles que le monde dure, que les sociétés se déroulent et se succèdent, pareilles les unes aux autres, qu’un fait unique domine toutes les histoires : la protection aux grands, l’écrasement aux petits. Il ne peut arriver à comprendre qu’il n’a qu’une raison d’être historique, c’est de payer pour un tas de choses dont il ne jouira jamais, et de mourir pour des combinaisons politiques qui ne le regardent point.

Que lui importe que ce soit Pierre ou Jean qui lui demande son argent et qui lui prenne la vie, puisqu’il est obligé de se dépouiller de l’un, et donner l’autre ?

Eh bien ! non. Entre ses voleurs et ses bourreaux, il a des préférences, et il vote pour les plus rapaces et les plus féroces. Il a voté hier, il votera demain, il votera toujours.

Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit. Ô bon électeur, inexprimable imbécile, pauvre hère, si, au lieu de te laisser prendre aux rengaines absurdes que te débitent chaque matin, pour deux sous, les journaux grands ou petits, bleus ou noirs, blancs ou rouges, et qui sont payés pour avoir ta peau ; si, au lieu de croire aux chimériques flatteries dont on caresse ta vanité, dont on entoure ta lamentable souveraineté en guenilles, si, au lieu de t’arrêter, éternel badaud, devant les lourdes duperies des programmes ; si tu lisais parfois, au coin de ton feu, Schopenhauer et Max Nordau, deux philosophes qui en savent long sur tes maîtres et sur toi, peut-être apprendrais-tu des choses étonnantes et utiles. Peut-être aussi, après les avoir lus serais-tu moins empressé à revêtir ton air grave et ta belle redingote, à courir ensuite vers les urnes homicides où, quelque nom que tu mettes, tu mets d’avance le nom de ton plus mortel ennemi. Ils te diraient, en connaisseurs d’humanité, que la politique est un abominable mensonge, que tout y est à l’envers du bon sens, de la justice et du droit, et que tu n’as rien à y voir, toi dont le compte est réglé au grand livre des destinées humaines.

Rêve après cela, si tu veux, des paradis de lumières et de parfums, des fraternités impossibles, des bonheurs irréels. C’est bon de rêver, et cela calme la souffrance.

Mais ne mêle jamais l’homme à ton rêve, car là où est l’homme, là sont la douleur, la haine et le meurtre.

Surtout, souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qu’il n’est pas, d’ailleurs, en son pouvoir de te donner. L’homme que tu élèves ne représente ni ta misère, ni tes aspirations, ni rien de toi ; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens. Pour te réconforter et ranimer des espérances qui seraient vite déçues, ne vas pas t’imaginer que le spectacle navrant auquel tu assistes aujourd’hui est particulier à une époque ou à un régime, et que cela passera. Toutes les époques se valent, et aussi tous les régimes, c’est-à-dire qu’ils ne valent rien.

Donc, rentre chez toi, bonhomme, et fais la grève du suffrage universel. Tu n’as rien à y perdre, je t’en réponds ; et cela pourra t’amuser quelque temps. Sur le seuil de ta porte, fermée aux quémandeurs d’aumônes politiques, tu regarderas défiler la bagarre, en fumant silencieusement ta pipe.

Et s’il existe, en un endroit ignoré, un honnête homme capable de te gouverner et de t’aimer, ne le regrette pas. Il serait trop jaloux de sa dignité pour se mêler à la lutte fangeuse des partis, trop fier pour tenir de toi un mandat que tu n’accordes jamais qu’à l’audace cynique, à l’insulte et au mensonge.

Je te l’ai dit, bonhomme, rentre chez toi et fais la grève.

source