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lundi, juin 06, 2011

Politique québécoise: le relief du vide

Les positions d’Amir Khadir à l’Assemblée nationale en bousculent plus d’un : contre une motion chauvine et militariste se félicitant de la mort de Ben Laden, contre le financement public d’un projet privé, contre la monarchie… Les positions du député social-démocrate ne sont pas hors du commun, elles sont, sans grande originalité, typique de l’idéologie sociale-démocrate. N’importe quelle chambre démocratique traversée d’un équilibre gauche-droite verrait les positions de Khadir défendues par de nombreux députés. Si notre démocratie n’était pas strictement formelle, le malaise ne se trouverait pas dans les positions du député de centre-gauche, mais bien dans les réactions parfois hystériques qu’elles provoquent.

Car la complaisance du président de la commission, qui a coupé la parole au député pour remercier l’illustre Lucien Bouchard d’être parmi nous, de même que celle de la vice première ministre du Québec, Nathalie Normandeau, qui en a ajouté en cédant son droit de parole à l’industrie, ont certainement de quoi inquiéter. Est-ce toujours ainsi? Les députés sont-ils toujours si soumis lorsqu’ils reçoivent des représentants de la classe économique? Il n’y a donc personne dans cette Assemblée qui puisse questionner les liens entre les entreprises et les chefs d’État sans faire scandale?

Nos députés et notre élite sont englués dans une servitude si profonde qu’ils considèrent toute idée qui n’est pas totalement soumise à la loi du profit et au respect de la hiérarchie (même royale!) comme « dangereuse» et « radicale ». La chasse aux radicaux, de gauche bien entendu, est ouverte. Notre élite doit étouffer dans son éternel présent toute forme de critique et d’utopie. Entre le travail de dénonciation du député Khadir, qui participe d’une critique élémentaire des privilèges de la classe économique et politique, et les réactions parfois pathologiques qu’il provoque, c’est le vide caractéristique de l’idéologie dominante québécoise, qui prend, comme en creux, du relief.

mercredi, avril 20, 2011

L'ironie du vote stratégique

Avec le 2 mai qui approche, l'hystérie du vote stratégique commence à prendre une ampleur impressionnante. Avec la perspective d'un gouvernement conservateur majoritaire, on nous répète, l'écume à la bouche, qu'il faut voter stratégique pour les bloquer.

C'est maintenant encore plus facile de voter stratégique, grâce au site web « Projet Démocratie ». Entrez vote code postal sur le site, et on vous dira pour quel parti vous devez voter! Si vous cherchez sur le site ce que vous pouvez faire de plus, la seule chose qu'on vous propose c'est d'encourager votre entourage à faire de même.

Quand c'est rendu qu'on a besoin d'un site web pour savoir quoi voter -- pour sauver la démocratie, rien de moins! -- je crois qu'on est en droit de se demander : sauver quelle démocratie, au juste?

mardi, avril 12, 2011

Précidictions électorales : un pour tous...

Comme d'habitude, l'abstention sera privilégiée par la majorité.

Ceux et celles qui croient devoir faire leur devoir civique voteront tantôt pour leurs convictions, tantôt contre celles des autres, parfois sans trop savoir pourquoi.

Et tandis que les médias nous dégueulent au quotidien les derniers potins électoraux de ces adversaires qui se lancent des pinottes, on en vient parfois à oublier que tout ce cirque n'est qu'un spectacle.

Et si Harper, Duceppe, Layton et Ignatieff doivent chacun espérer finir au top, au final, les quatre savent d'avance qu'ils en sortiront gagnants. Que peu importe l'heureux élu, rien ne changera substantiellement, que leur mode de vie et ceux de leurs chums seront préservés.

Un pour tous...

dimanche, février 13, 2011

Québec et Montréal achètent le Centre Bell!


Ben non, c'est pas vrai. C'est juste le titre d'un texte de Martin Leclerc, sur son blogue de Rue Frontenac. N'empêche, le sarcasme est de bon ton, et la critique bien envoyée. Allez y jeter un coup d'oeil!
Ça fait du bien, parfois, de savoir que les élus défendent bec et ongles les vrais intérêts du peuple. Comme ça fait du bien, de temps en temps, de rédiger un petit texte au second degré.
En guise de réponse à la conclusion du journaliste : ça fait aussi du bien, de temps en temps, d'en lire!

mardi, juin 22, 2010

Une démocratie représentative qui est de moins en moins représentative

Un petit texte de nos camarades de la Nuit (UCL-Qc) qui démontre bien la stagnation de la démocratie parlementaire...

Québec politique publiait aujourd'hui son article annuel sur le membership des partis politiques québécois. Faute d'élection en vue, 2009 fut une année calamiteuse à ce chapitre pour les partis.

En 4 ans, le PLQ a perdu 38% de ses membres et le PQ 28%. L'ADQ, quant à elle, a plus de membres qu'il y a 4 ans mais 4 fois moins qu'il y a 3 ans... En ce qui concerne QS, après quelques années à monter, les voilà avec quelques 1500 membres de moins qu'à leur fondation (une perte sèche de 32%).

Les chiffres

  • Parti québécois: 53 362 adhérents;
  • Parti libéral du Québec: 51 342 adhérents;
  • Action démocratique du Québec: 6 120 adhérents;
  • Québec solidaire: 3 257 adhérents;
  • Parti vert du Québec: 367 adhérents;
  • Parti indépendantiste: 81 adhérents;
  • Parti démocratie chrétienne du Québec: 27 adhérents;
  • Parti égalité: 5 adhérents;
...Québec politique n'arrive pas à déduire de chiffres pour les 9 (!) autres partis enregistrés.

Ainsi donc on est à même de constater que ce n'est pas demain la veille que les «vieux» partis se feront détrôner comme «parti de gouvernement». À + ou - 50 000 membres, on peut dire que le PQ et le PLQ sont encore des phénomènes de masse. Tout comme QS clanche haut la main (à 30 contre 1) tous les autres groupes à sa gauche...

N'empêche, 50 000 membres sur 5 738 811 électeurs inscrits, c'est somme toute insignifiant...

mercredi, juin 09, 2010

Cause toujours...

Le fascisme, c'est « ferme ta gueule »; la démocratie, c'est « cause toujours ».

Sauf que là, c'est un ministre qui le dit :

lundi, décembre 14, 2009

« Berlusconi déplore un climat de haine » (?!)

Une semaine après que plusieurs centaines de milliers de personnes aient pris la rue pour réclamer la démission de Silvio Berlusconi, ce dernier prenait un bain de foule et a été violemment agressé par ce que les médias se sont empressé de décrire comme un « fou ». Jusqu'ici tout va bien.



Aujourd'hui, la propagande médiatique allait un peu plus loin : oui, bien sûr, l'agresseur était un déséquilibré, mais la vraie responsable, c'est la tension politique italienne! Tous les médias italiens pointaient aujourd'hui du doigt ce « climat de haine », sorti on-ne-sait-trop d'où. À droite comme à gauche, le mot d'ordre est le même (et se résume par cet appel lancé par la Repubblica, journal dit de gauche) :
"Amis et adversaires, partisans et opposants doivent être solidaires (de Berlusconi), comme nous le sommes nous, sans aucune distinction", poursuit la Repubblica qui appelle à "se dresser contre l'insanité d'un tel geste", car "ce qui en jeu n'est rien moins que la liberté".
Le journal appartenant au Cavaliere a gratté un peu plus loin en tenant pour responsables de ce climat de haine et de violence toutes les personnes qui le critiquent, le traitant de fasciste, de tyran, de dictateur. Comme un chat qui gronderait quelques souris en leur reprochant de le traiter de félin..

Voici, brièvement, quelques citations du gredin. Et on se demande vraiment pourquoi il se prend des trucs par la gueule..?

  • « Nous devons être conscients de la supériorité de notre civilisation, un système qui a garanti le bien-être, le respect des droits de l’Homme et – au contraire des pays musulmans – le respect des droits religieux et politiques. »
  • « Les femmes de droite sont plus belles et plus diplômées. »
  • « Cela fait mal au coeur de parcourir des villes comme Rome, Naples et Palerme et de voir comment les graffiti et la saleté dans les rues font qu'elles ressemblent de plus en plus à des villes africaines qu'européennes. »
  • « Seul Napoléon a fait mieux que moi. »
  • « Le mieux serait de vous trouver un millionnaire. » (à une étudiante pauvre)
Il avait aussi sorti quelque chose comme : il y a trop de "jolies filles" en Italie pour les protéger du viol, faute de soldats pour les escorter.

C'est assez..?

samedi, octobre 10, 2009

Prix nobel de la paix sociale

Obama récipiendaire du prix Nobel de la paix, ça vous étonne vraiment? C'est vrai qu'on se rapproche drôlement du parti totalitaire du 1984 d'Orwell : « La guerre, c'est la paix » (la liberté, c'est l'esclavage, pis l'ignorance c'est la force). Je ne vais évidemment pas tenter de justifier l'injustifiable. En apparence, on s'explique mal qu'un millionnaire à la tête d'un pays en guerre reçoive un prix pour la paix, simplement parce qu'il a réussi à berner tout le monde avec des promesses en apparence plus crédibles que ses prédécesseurs. Ces promesses sont d'ailleurs la justification du comité de sélection - pensez-vous que j'aie des chances pour le Nobel de littérature si je promets solennellement d'écrire le meilleur livre de tous les temps?

De son côté, Howard Zinn rappelle que Woodrow Wilson, Theodore Roosevelt et Henry Kissinger, dont il étale quelques exactions meurtrières, ont eux aussi reçu le très prestigieux prix. Critique des belles promesse d'Obama, Zinn tire toutefois une conclusion plutôt limitée, demandant le transfert des fonds du comité de sélection du Nobel de la paix à une organisation internationale pacifiste.

Barack Obama s'est payé la campagne électorale la plus dispendieuse de l'histoire des États-Unis, avec pour résultat d'avoir réussi à faire gober qu'il était un messie, prophète de l'espoir de changement (qui ne viendra pas). Cette confiance aveugle qu'il a pu imposé à une majorité de l'électorat contribue à étouffer toute possibilité de révolte contre un monde d'exploitation, d'oppression, de violence. Comme l'église, Obama nous demande d'attendre encore un peu, de courber l'échine, de manger de la marde en attendant qu'il transforme nos vies d'exploitéEs en véritable paradis. Mais la seule paix qu'Obama a intérêt à maintenir, c'est la paix sociale, cette fausse impression d'harmonie qui masque notre impuissance à nous débarrasser des profiteurs de son espèce.

Rappelons par ailleurs que le prix Nobel a été créé suite à la demande posthume d'Alfred Nobel, grâce à son testament qui léguait ainsi la fortune accumulée lors de sa vie de gros fabricant d'armes. Tandis qu'il créait par sa richesse ce prix destiné à d'autres "grands" de ce bas-monde, il aura au moins eu l'amabilité de nous laisser un petit quelque chose.
C'est évidemment à prendre avec un grain de sel, la stratégie révolutionnaire de l'UCL n'étant pas la propagande par le fait à coups de dynamite.

dimanche, octobre 04, 2009

Demers apprend à patiner

Louise Michel, militante anarchiste du temps de la Commune, disait que « le pouvoir est maudit ». C'est pas le bout de la marde, mais disons que ça part mal pour ceux et celles qui s'étaient laissé-e-s avoir par la belle honnêteté du nouveau sénateur Jacques Demers, qui affirmait à Gui-ya en parle qu'il allait se servir de sa tête, qu'il désirait rester fidèle à ses convictions, qu'il ne serait pas là pour se faire dire pour quoi voter. Entre autres choses, le luron repêché par les conservateurs a passé ben proche de se prononcer pour le droit à l'avortement, pour la légalisation du pot, et s'est dit intéressé à discuter avec Jean Lapointe concernant un éventuel projet de loi contre les machines de loterie vidéo. Parce que « les problèmes de jeu, ça, ça [l]'attriste! »

Mais quelques jours plus tard, la recrue s'est semble-t-il fait expliquer les rudiments de la politique, cette game différente et pourtant si similaire au hockey. Demers devra donc réapprendre à patiner, comme un politicien. Lorsqu'un projet de loi pour l'interdiction des loteries vidéo en dehors des casinos et autres lieux semblables a été mis aux voix, le nouveau sénateur préféré des fans de hockey a préféré s'abstenir.

« Le sénateur Nolin m'a expliqué exactement pourquoi on votait, m'a expliqué la situation, et j'ai compris, a relaté Jacques Demers en entrevue à La Presse Canadienne. N'eut été de l'intervention du sénateur Nolin, je me serais fait ramasser, moi. Les gens auraient dit : "mais il a dit ça à la télévision." »

Le projet de loi est sans importance. Ce qui compte dans cette histoire, c'est de voir à quel point le monde de la politique est efficace. À quel point le bon coach de hockey un peu colon a vite fait de rentrer dans les rangs. À quel point ces quelques mots attribués à Louise Michel il y a au-dessus d'un siècle sont toujours aussi vrais.

mercredi, février 04, 2009

Il n'est pas Dieu! Il est comme tous les autres!



Eh bien!

Il avait suscité tant d'espoir, il avait ravivé l'intérêt pour la politique, il a fait vendre un paquet de cossins inutiles à des centaines de milliers de personnes, son visage est partout comme celui du Che et de Jésus... et puis... Booum! On se rend compte que c'est un véritable politicien, qui a fait ses armes aux mêmes écoles que les autres, qui a appris la même politique sale que tous les autres. Oui, oui... je parle bien de ce Barak Obama! L'obamamanie perd des plumes et ce n'est pas pour me décevoir!

Depuis son élection, ça grouille de petits scandales ici et là! Il y a eu tout d'abord, avant même d'être président officiel, l'ex-poste de sénateur de l'Illinois qu'Obama a laissé vacant et qui a été vendu aux enchères par le gouverneur de l'État, Rod Blagojevich! Oui, oui! On vend des postes aux enchères dans la plus vieille démocratie du monde! Puis, hier, deux démissions coups sur coups celle de Tom Daschle, secrétaire d'État à la santé et puis celle de Nancy Killefer à qui le Président aurait confié le mandat d'«instaurer la rigueur dans la gestion et les dépenses fédérales» Ces deux personnes auraient «oublié» de déclarer des revenus au FISC!

On peut aussi se rappeler qu'Obama avait dans son entourage, du moins dans ses sources de financement, de l'argent provenant de Bernard Maddof, le financier coupable de la plus importante fraude financière de l'histoire. Une recherche rapide dans les autres sources de financement de Obama, permettrait sûrement de voir que beaucoup d'autres personnes ont des activités louches, mais c'est sûrement parce que j'ai mauvaise foi que j'affirme celà!

On dit souvent que ça ne prend qu'une pomme pourrie dans un panier pour pourrire les autres. Eh bien, à l'inverse je crois difficilement qu'une pomme saine peut survivre sans être contaminée dans un panier de pommes pourries. Depuis longtemps, qu'en politique, on sait que les sous-fifres écopent pour leur supérieur, peut-on se poser la question si les démissions et les arrestations ne cachent pas quelques tâches sur les mains d'Obama? En tout cas, si vous refusez d'y croire, moi on ne me convainc pas du contraire pour le moment! Je connais trop la politique et c'est toujours pareil!

mercredi, avril 23, 2008

Mais qu'est-ce qui reste de la gauche au Québec?

Un texte bien interessant trouvé sur le web...

Une analyse concrète du nouvel impérialisme "made in québec" en Haiti.

A lire absolument...

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Où est passée la gauche au Québec?
Par Yves Engler

Depuis le dernier siècle une ligne a sépare la gauche à travers le monde. D’un côté on trouvait les «forces progressistes», celles qui voulaient appuyer l’impérialisme et la guerre, habituellement en retour pour un «siège à la table» ou autre avantage du pouvoir. L’exemple le plus commenté de l’appui de la gauche à l’impérialisme a été lors de la Première Guerre mondiale quand la majeure partie de la Deuxième Internationale s’est mise du côté de sa propre classe dirigeante et de ses gouvernements dans la boucherie qui a suivi. De l’autre côté de la ligne, on trouve ces personnalités et organisations qui maintiennent une position de principe en faveur de la réelle démocratie pour tous les habitants de la planète et s’opposent à l’impérialisme et au colonialisme sous toutes ses formes, spécialement quand leur classe dirigeante y est impliquée.

Pour en venir à se demander: quelle sorte de gauche nous reste-t-il au Québec? Pour tenter de répondre à cette question, le cas d’Haïti est édifiant. Des corporations établies dans cette province telle que SNC-Lavallin, Ste-Geneviève Resources et Gildan Activewear ont récolté leurs mises avec le renversement le 29 février 2004 du gouvernement élu d'Haïti. Le gouvernement du Québec a fourni au gouvernement issu du coup d’État un important appui politique. «Plusieurs ministres haïtiens sont venus en visite au Québec, particulièrement à l’automne 2004» rapporte le site Internet du gouvernement. Durant le règne du gouvernement issu du coup d’État, Jean Charest a effectué le premier voyage officiel de l’histoire d’un Premier Ministre du Québec en Haïti (Le site Internet du gouvernement du Québec proclame que Charest a rencontré le Premier Ministre installé par les États-Unis, Gérard Latortue, quatre fois). Ces visites ont permis de faire progresser une série d’initiatives dans l’éducation et la justice prises par cette Province visant à subordonner davantage la souveraineté politique haïtienne. Et depuis le coup d’État, les forces de police du Québec sont à l’avant-garde pour le rétablissement du contrôle de l’étranger sur la force de police haïtienne. Les politiciens qui ont concocté la décision d’Ottawa de participer au renversement du président élu haïtien, Jean-Bertrand Aristide, étaient tous des membres du Parti Libéral du Québec (Pierre Pettigrew, Denis Coderre et Denis Paradis). Ces politiciens fédéralistes ont agi avec le ferme appui du Bloc Québécois. À titre d’exemple assez significatif, lors d’un meeting du Comité Permanent des Affaires Étrangères et du Commerce International, le député du Bloc Québécois Pierre Paquette émettait des critiques à l’endroit du NDP (New Democratic Party/ Nouveau parti démocratique) à cause de l’utilisation du mot «removal» («qui veut dire renversement») pour décrire ce qui était arrivé le 29 février 2004 à Aristide. Paquette insistait pour exiger d’ Alexa McDonough du NDP l’usage du terme «départ» à la place.

En tant qu’état capitaliste avancé, l’appui du Québec à l’impérialisme occidental en Haïti ne devrait pas surprendre. Il y a déjà une trentaine d’années, le Parti Québécois déclarait qu’un Québec indépendant continuerait à être membre de l’OTAN, du NORAD et même du Commonwealth. Ce qui est surprenant, c’est de voir à quel point la «gauche» a été partie prenante de l’impérialisme québécois. Un récent rapport publié par Alternatives, considéré comme l’une des organisations non gouvernementales les plus à gauche du Québec, offre un bon signe sur l’attitude coloniale de cette province vis-à-vis d’Haïti. La déclaration la plus troublante dans le rapport intitulé «Haïti: Voix des acteurs» nous dit: «Dans un pays tel qu’Haïti, où la culture démocratique et le concept de bien commun n’ont jamais pris pied, et où la signification d’élections et de représentation est limitée aux élites éduquées, et en particulier à ceux qui ont reçu une éducation citoyenne dans les mouvements sociaux (1). »

D’après Alternatives, les Haïtiens sont trop stupides pour savoir ce qui est bon pour eux, à moins, pour ainsi dire, d’avoir été éduqués par une ONG étrangère. Le rapport, qui a été financé par Ottawa, est rempli d’autres attaques contre les Haïtiens et le mouvement populaire local. «Haïti: Voix des acteurs» n’est tout simplement que le dernier exemple du soutien (presque unanime) de la «gauche» au Québec à l’intervention occidentale en Haïti.

Au plus fort de la campagne de déstabilisation contre le gouvernement élu, en février 2004, la plus importante fédération syndicale de la Province, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), a manifesté ouvertement son opposition au gouvernement haïtien. Le 12 février, la FTQ publiait un communiqué de presse partial pour condamner le gouvernement d’Aristide. Le 16 et le 17 du même mois, Fernand Daoust, l’ex-dirigeant de la FTQ, à l’instar des représentants des deux autres plus grandes fédérations syndicales du Québec, a fait partie d’une délégation syndicale internationale opposée au gouvernement haïtien. La délégation attira de façon significative l’attention des médias en Haïti et à son retour d’Haïti, Daoust était cité dans les médias du Québec dénonçant le gouvernement d’Aristide. Le 1er mars, un jour après le renversement du président élu par les Marines des USA, la FTQ faisait paraître un communiqué de presse célébrant la libération de militants syndicaux et faisant appel à la communauté internationale pour «aider les Haïtiens à construire la démocratie dans leur pays».

Les condamnations par la FTQ du gouvernement élu d’Haïti se faisaient au moment même où une invasion de paramilitaires parrainés par la CIA (conduite par des malfrats bien connus tels que Guy Philippe et Jodel Chamblain) terrorisait le pays. Parallèlement, une campagne bien orchestrée et financée internationalement (principalement par les États-Unis, la France et le Canada) de déstabilisation contre le gouvernement haïtien était en cours. Il est évident que les critiques émises par la FTQ à l’endroit du gouvernement haïtien ont contribué à la réussite de cette campagne de déstabilisation qui a servi à justifier la participation du Canada au coup d’État. A ma connaissance, la FTQ n’a pas fait de commentaires sur la destruction du syndicat des chauffeurs après le coup d’État, les bureaux de la Confédération des Travailleurs Haïtiens (CTH) qui ont été attaqués en septembre 2004, les menaces de mort par la police contre le dirigeant de la CTH, Loulou Chéry en décembre 2004 ou les innombrables violations des droits humains après le coup d’État.

La FTQ, aussi bien que la troisième plus grande fédération syndicale de la province, la CSQ, sont membres de la Concertation pour Haïti (CPH) – à l’instar de Développement et Paix, Amnesty International (chapitre du Québec ), Entraide Missionnaire et une demi-douzaine d’autres ONG. La CPH est un groupe informel qui étiquetait Aristide de «tyran», son gouvernement de «dictature» et de «régime de terreur» et à la mi-février 2004 demandait son renversement. L’antagonisme manifesté par la CPH à l’endroit du Parti Lavalas d’Aristide n’était pas simplement un avatar du soulèvement politique de février 2004._La CPH a repris les assertions faites précédemment par l’élite dirigeante haïtienne que Lavalas avait lancé une «Opération Bagdad», où il est question de policiers qui ont eu la tête tranchée. De nombreux observateurs ont fait remarquer que l’«Opération Bagdad» était simplement de la propagande en faveur du coup d’État destinée à distraire l’attention des méfaits du gouvernement de facto, particulièrement du meurtre d’au moins cinq pacifiques manifestants pro-constitutionalistes le 30 septembre 2004.

Dans une lettre datée du 27 janvier 2006 à Allan Rock, l’ambassadeur du Canada à l’ONU, la CPH et l’organisme Droits et Démocratie basée à Montréal ont repris les exigences de l’extrême droite pour l’intensification de la répression dans le plus grand bidonville du pays et bastion du soutien au président renversé, Cité Soleil. Une quinzaine de jours après une « grève» du secteur des affaires réclamant des attaques plus soutenues par les troupes de l’ONU contre les «gangsters» à Cité Soleil, la CPH a mis en question les «véritables motifs de la mission de l’ONU». Cette lettre demandait aussi si les forces de l’ONU étaient là pour «protéger des bandits armés plutôt que pour restaurer l’ordre et mettre fin à la violence». Critiquer les troupes de l’ONU pour leur mollesse à Cité Soleil détonne face aux preuves montrant la brutalité dont elles ont fait preuve, avec entre autres une attaque meurtrière contre un hôpital telle que documentée par des groupes de solidarité de militants canadiens anglophones peu avant la lettre de la CPH. Bien sûr, l’exemple illustrant le mieux la répression menée à Cité Soleil, c’est le raid du 6 Juillet 2005 visant à tuer un dirigeant de «gang». Cette opération a fait au moins 23 morts civils. (voir le film de Kevin Pina Haiti: The UNtold Story qui documente la criante brutalité des forces de l’ONU.)

Le Centre d’études internationales et de coopération (CECI, en français) est l’une des principales ONG du Québec impliquées en Haïti à ne plus faire partie de la CPH. Un an auparavant, un porte-parole du CECI me disait qu’ils ne se sentaient pas à l’aise avec la nature politique de la CPH. Cependant, à la veille du coup d’État, le porte-parole honoraire du CECI, le chanteur haïtiano-québécois et nationaliste québécois en vue, Luc Mervil, était à la tête d’une manifestation à Montréal réclamant le renversement d’ Aristide. Ce groupe a aussi publiquement endossé l’occupation par l’ONU. Le 31 janvier 2007, leur porte-parole disait au quotidien Le Devoir que «l’interventions musclée menée par la Minustah [les forces de l’ONU] dans les zones chaudes de la capitale avait refroidi les ardeurs des groupes armés.
Nous pouvons maintenant circuler plus librement dans la capitale»._Six jours avant la parution de ces remarques, un raid mené par les soldats de l’ONU contre Cité Soleil avait fait cinq morts et une douzaine de blessés, selon l’ Agence France Presse. Un mois plus tôt, le 22 décembre, un assaut mené par la Minustah contre Cité Soleil (publicisé par ses architectes comme une opération contre des «gangs armés» prétendument responsables d’une recrudescence des kidnappings) a laissé sur le terrain des dizaines de civils tués et blessés, y compris des femmes et des enfants. L’Agence France Presse indiquait qu’au moins 12 personnes avaient été tuées et «des dizaines d’autres» blessées, un bilan dépassant une quarantaine. Une organisation haïtienne de droits humains, AUMOD, rapportait 20 tués. L’Agence Haïtienne de Presse faisait part de «très sévères dégâts matériels» par suite de l’attaque des Casques bleus de l’ONU, et des inquiétudes concernant «l’éventualité d’un très sérieux problème d’alimentation d’eau à cause des citernes et des conduites d’eau perforées par l’impact des projectiles».

L’endossement public par Les ONG québécoises (et les syndicats) de l’intervention occidentale en Haïti est parti de loin pour décourager l’opposition au coup d’État. Tout aussi important, les ONG citées plus haut font intégralement partie de la stratégie américano-canadienne d’appui à l’opposition de la classe moyenne au mouvement Lavalas. Trop souvent, les projets des ONG par ricochet ont divisé le mouvement populaire en orientant les protagonistes politiques haïtiens vers desinitiatives sectorielles aux dépens d’un mouvement de masse. Les O NG étrangères ont directement miné le mouvement Lavalas en finançant uniquement des groupes de l’opposition. En juin 2005, par exemple, un représentant d’Alternatives, François L’Ecuyer, admettait que tous les 15 groupes avec lesquels travaille Alternatives en Haïti sont anti-Lavalas.

La différence entre la gauche au Québec et la gauche au Canada anglais concernant Haïti est frappante. Les syndicats canadiens-anglais, les groupes anti-guerre et les médias radicaux se sont généralement montrés réceptifs à l’idée que le Canada avait participé à un coup d’État sanglant en Haïti. Quand des médias progressistes tels que The Dominion, New Socialist Magazine ou Canadian Dimension ont publié leurs plus récentes éditions consacrées à l’impérialisme canadien, ils ont tous inclus au moins un article détaillant les crimes commis par le Canada en Haïti. À l’inverse, au plus fort de la répression appuyée par le Canada en Haïti, la publication «radicale» québécoise À Bâbord! faisait paraître une édition consacrée à l’impérialisme canadien qui ne se donnait même pas la peine de mentionner le rôle joué par le Canada dans ce pays.

L’histoire n’est pas différente en ce qui a trait aux groupes anti-guerre et aux syndicats. Les filiales de l’Alliance canadienne de la paix se sont généralement prononcées et ont milité contre le rôle du Canada en Haïti. Cependant, quand des membres du groupe montréalais Échec à la guerre a voulu faire passer une (timide) condamnation de l’implication du Canada en Haïti, deux de ses membres, l’Organisation catholique pour le Développement et la Paix et AQOCI (un groupe parrainant une vingtaine d’ONG du Québec), s’y sont opposés. Dans les mois qui ont suivi le renversement du gouvernement élu d’Haïti, des progressistes au sein du
Congrès canadien du travail (CLC) ont essayé de faire passer une résolution critiquant le rôle du Canada dans le renversement d’Aristide et l’appui apporté à une dictature criminelle. La FTQ, qui se réserve le privilège des relations avec les pays de langue «française» au CLC, a œuvré à endormir l’opposition au sein du CLC. De même, Le Monde Ouvrier de la FTQ a promu la ligne dure pour la propagande anti-Aristide en octobre 2004.

Le mois dernier la FTQ a fait paraître un rapport de 59 pages sur Haïti qui passe tout simplement sous silence le coup d’État et les événements qui ont suivi. Comment peut-on discuter sérieusement de l’avenir d’Haïti sans même mentionner le coup d’État? La FTQ discuterait-elle de l'avenir de l'Irak sans tenir compte de l'invasion menée pas les États-Unis? Pour dire que ce rapport en arrive le moindrement à faire allusion au coup d'État de 2004, c'est quand il s'en prend à la plus importante fédération syndicale d'Haïti, la CTH, à cause des sympathies de cette dernière envers Lavalas.

C’est sans aucun doute l’exemple le plus déplorable qu’il y ait, d’un groupe «radical» s’alignant avec l’impérialisme en Haïti, tel est le cas de Québec Solidaire. La porte-parole de Québec Solidaire, Françoise David, est allée en Haïti alors en proie aux crimes perpétrés par le gouvernement putschiste et, à son retour, comme un perroquet elle reprenait publiquement (sur les ondes de Radio Canada et ailleurs) les opinions de l’élite, jetant le blâme pour la violence sur les sympathisants du gouvernement renversé d’Haïti. Le 9 mars 2006, Françoise David prenait la parole à un événement organisé par la Concertation pour Haïti en compagnie de Danielle Magloire, un membre du «Conseil des sages» qui avait nommé Gérard Latortue Premier ministre du criminel coup d’État. À la mi-juillet 2005, Magloire émettait une déclaration au nom des sept membres du «Conseil des sages» proclamant que tout média qui donnerait la parole à des «bandits» (code pour désigner les partisans d’Aristide) devrait être fermé. Elle affirmait aussi que le Parti Fanmi Lavalas d’Aristide devait être banni des élections à venir. L’unique exemple, qui nous vient, de Québec Solidaire exprimant publiquement son opposition à l’intervention en Haïti, aura été une seule phrase prononcée par un candidat de ce parti qui se présentait dans un comté largement habité par des gens de la communauté haïtienne de Montréal. Ce parti a même gardé le silence quand en mars 2006 le Premier ministre du Québec Jean Charest a festoyé avec le dictateur du régime de facto Gérard Latortue encore tout couvert de sang.

Plus de quatre ans plus tard, cela devrait sauter aux yeux que le coup d’État a fait un tort immense à Haïti. Il s’en est suivi une terrible vague de répression appuyée par les autorités, une augmentation des kidnappings et d’autres troubles sociaux parallèlement à une multiplication du prix des besoins de base. Également, la majorité pauvre d’Haïti a rejeté la politique canadienne à maintes reprises, et de façon encore plus évidente avec l’élection de René Préval, un proche d’Aristide, comme président. Face à une presse internationale et nationale presque unanimement hostile, ils sont des dizaines de milliers à continuer à manifester pour exiger la fin de l’occupation et le retour d’Aristide. Un mois auparavant, entre cinq mille (Associated Press) et dix mille personnes (Haiti Liberte) gagnaient les rues à Port-au Prince le jour marquant le quatrième anniversaire du coup d’État. Donc, pourquoi face à une telle évidence (de faits documentés dans de nombreux livres, films, etc.) la «gauche» québécoise continue-t-elle à appuyer une brutale lutte de classe avec les institutions de cette province liguées contre une population déjà appauvrie?_Se pourrait-il que ce soit à cause des nombreuses compagnies basées au Québec qui font des affaires en Haïti? Ou le fait que le gouvernement d’ Aristide faisait la promotion de la langue créole aux dépens du français? Peut-on l’expliquer par le rôle que jouent en Haïti les missionnaires du Québec? Ou bien est-ce que les ONG québécoises ont tout simplement été achetées par l’argent de l’aide canadienne?

Depuis l’époque de François (Papa Doc) Duvalier, les missionnaires du Québec ont un rôle prépondérant en Haïti. Beaucoup de membres du clergé qui ont dû laisser le Québec durant la Révolution tranquille dans les années 1960s ont pris le chemin d’Haïti pour travailler sous la brutale dictature de Duvalier (qui avait pris le contrôle de l’Église). Cette relation s’est poursuivie au cours des ans, Haïti accueillant plus de missionnaires canadiens que tout autre pays de l’hémisphère occidental. Au grand dam de l’Église catholique, le gouvernement d’Aristide a appuyé le vodou, en légalisant les mariages, baptêmes et funérailles vodou en mai 2003. Certaines des ONG québécoises les plus férocement anti-Aristide, plus spécifiquement Entraide Missionnaire et l’organisation catholique Développement et Paix, ont des attaches religieuses. (En mars 2006, un document d’appui de Développement et Paix disait ceci: «Les médias internationaux ont entouré le départ d’Aristide le 29 février 2004 avec des ‘théories de conspiration’, allant dans certains cas jusqu’à déclarer que la CIA avait renversé le président par un coup d’État… En fait, Aristide lui-même a été largement responsable des circonstances qui ont amené son départ forcé.»)_Ma rencontre avec une religieuse québécoise qui administre un couvent où je prenais logement au Cap-Haïtien, la deuxième ville d’Haïti, fournit un indice sur la façon de penser des missionnaires du Québec. Elle me disait qu’Aristide était le plus gros trafiquant de drogues du pays et quand j’ai voulu en savoir plus, elle a préféré me répondre qu’elle n’était pas là pour faire de la politique, mais bien pour aider les gens à s’en sortir.

L’importance des missionnaires du Québec en Haïti ne devrait pas être minimisée. Le couvent où j’étais au Cap-Haïtien était la plus grande institution dans la région. En outre, les missionnaires du Québec jouissent depuis fort longtemps de l’appui officiel. Les débours initiaux de l’aide canadienne à Haïti ont été destinés à l’œuvre missionnaire et, en 1964 le Premier ministre Lester B. Pearson justifiait l’envoi en Haïti d’un navire canadien en faisant remarquer: «Si des religieuses ou des prêtres canadiens devaient être blessés ou tués, il nous serait difficile d’expliquer pourquoi le gouvernement canadien n’avait pas… pris une initiative quelconque.»

Encore plus important que le rôle des groupes religieux à lier la « gauche » québécoise à l'impérialisme en Haïti, c'est le nombre élevé d'ONG internationales dans cette province. À la fin des années 1960, Ottawa étendait énormément son aide aux nations francophones de façon à apaiser le nationalisme québécois. Antérieurement, l’aide canadienne se concentrait sur les ex-colonies de la Grande Bretagne nouvellement indépendantes. L’aide à la Francophonie était destinée à convaincre les nationalistes québécois que le gouvernement canadien voyait d’un bon œil la culture francophone. Le grand nombre d’ONG internationales du Québec financées par l’ACDI (et les emplois qu’elles fournissent) témoigne de la politique du gouvernement fédéral (Ottawa) de vouloir s’allier les Québécois pour les objectifs de son aide en général. (En outre, le gouvernement du Québec octroie beaucoup plus d’assistance au développement que tout autre gouvernement provincial, en grande partie pour projeter l’héritage linguistique de cette Province.) La dépendance de l’argent gouvernemental peut expliquer la position de plusieurs ONG sur Haïti. La plupart des groupes qui ont appuyé l’intervention canadienne en Haïti, y compris les syndicats (par le biais du Centre international de solidarité ouvrière), ont durant longtemps reçu de l’argent pour travailler en Haïti de l’Agence canadienne de développement international (ACDI). Et l’après-coup d’État en Haïti aura été une bonne affaire sans commune mesure pour les ONG du Québec — Elles ont reçu des dizaines de millions de dollars du gouvernement canadien (et québécois).

Les ONG canadiennes œuvrant en Haïti viennent pour la plupart du Québec. La raison en est simple: la perception qu’elles ont d’une langue commune. L’Aide canadienne au développement à Haïti explique ainsi l’importance d’Haïti pour le Québec: «Étant le seul pays indépendant de langue française en Amérique latine et dans les Caraïbes, Haïti est d’une importance spéciale pour la préservation de la langue et de la culture françaises.»_Mais la plupart des Haïtiens ne parlent pas français, ils parlent le créole. Le français est la langue de l’élite en Haïti et la langue a été utilisée comme un mécanisme par lequel elle maintient ses privilèges. Un groupe québécois en Haïti presque invariablement renforce l’influence du français. Le gouvernement Aristide avait (avec succès) affaibli l’influence du français, ce qui sans aucun doute aura contribué à lui aliéner plusieurs Québécois «progressistes». Ce qui porte un individu à appuyer activement l’impérialisme est difficile à cerner. Mais en tant que très bruyant critique anti-Aristide, Fernand Daoust de la FTQ nous fournit d’intéressantes hypothèses. Daoust, qui est l’un des défenseurs attitrés au Québec de la langue française, siège au conseil d’administration de la Fondation Paul-Gérin-Lajoie (du nom d’un ex-dirigeant de l’ACDI). La Fondation Gérin-Lajoie enseigne en Haïti au niveau des écoles primaires en français et est bien connue pour son opposition au Créole, la langue parlée par tous les Haïtiens. Daoust en voulait-il à Aristide à cause de la promotion du créole? Peut-être que non, mais son opinion de la politique haïtienne a, semble-t-il, été influencée par des gens que cela dérangeait pour leur part.

L’ex-dirigeant du plus grand syndicat de la province a aussi des liens révélateurs avec des secteurs de «Québec Inc.», qui ont bénéficié de l’interruption de la démocratie en Haïti. Quand Daoust est allé en Haïti en février 2004, il ne travaillait plus pour le syndicat depuis une décennie. Mieux que cela, il était devenu le conseiller spécial du président de la FTQ pour sa branche s’occupant des investissements, le Fonds de solidarité, dont il a fait une source de capitaux s’élevant à $7 milliards de dollars. Le Fonds contrôlait 12% (une fois jusqu’à 16%) du plus grand fabriquant mondial de t-shirt, Gildan Activewear de Montréal; il détenait un des trois sièges d’observateur au conseil de la compagnie et son nom était cité extensivement dans les rapports financiers internes de Gildan. (Trois mois avant le coup d’État, le Fonds annonçait vouloir vendre ses très profitables actions de Gildan à cause des informations faisant état des horribles conditions de travail pratiquées par Gildan au Honduras. Cependant en février 2007 le quotidien La Presse rapportait que le Fonds détenait encore un nombre significatif d’actions de Gildan).

Au moment du coup d’État, Gildan avait une manufacture à Port-au Prince et projetait de fermer le reste de ses opérations en Amérique du Nord pour s’étendre en Haïti et en République dominicaine (ce qui a déjà été fait). Gildan était aussi le principal sous-traitant pour Alpha Industries, propriété d’Andy Apaid, chef du Groupe 184, l’opposition locale à Aristide. Directement et indirectement, Gildan employait jusqu’à 5000 personnes dans le secteur de l’assemblage en Haïti. On peut deviner que, et Gildan et Apaid étaient offusqués par la décision du gouvernement d’Aristide d’augmenter le salaire minimum de 36 gourdes par jour (équivalant à plus ou moins $1 dollar US à l’époque) à 70 gourdes en février 2003._Quelqu’un de la connaissance de Daoust au Fonds de Solidarité ayant des contacts avec Gildan lui aurait-il émis des critiques contre Aristide?

Daoust maintient aussi des liens avec les principaux bénéficiaires des projets de reconstruction du gouvernement canadien de l’après-coup d’État en Haïti, SNC-Lavallin basé à Montréal. (SNC est sans doute la principale corporation du «capitalisme de désastre» au Canada.) En tant que représentant du Fonds, Daoust siège au conseil d’administration du Conseil de Montréal des relations étrangères, à l’instar du vice-président de SNC-Lavalin pour les Amériques et nombre d’autres ONG pro-coup d’État. De même il est aussi membre du conseil d’administration de l’Université de Montréal avec Bernard Lamarre, président de SNC-Lavalin. En 2004, le Fonds faisait l’acquisition de Papeterie Gaspésia de Chandler pour $350 millions de dollars avec SNC-Lavalin et un autre associé._Les contacts de Daoust avec les représentants de SNC-Lavallin l’ont-ils amené à offrir son appui à l’intervention occidentale en Haïti?

En février 2004, Daoust en privé s’opposait au gouvernement élu haïtien, alors que lors d’une conversation à l’automne 2007, il avouait sa faible connaissance d’Haïti. Il ne voulait même pas s’embarquer dans ce sujet sans recourir à des notes. Daoust admettait qu’après le coup d’État il avait été surpris de rencontrer des Haïtiens de Montréal qui continuaient à appuyer Aristide.

Finalement, il semble exister quatre raisons structurelles qui ont conduit la gauche québécoise à participer à la brutale intervention occidentale en Haïti: la langue française, les missionnaires, les corporations basées au Québec et les dollars de l’aide canadienne. Tout cela mis ensemble on trouve le nationalisme. La gauche ramasse la prime pour ses décennies d’alliances avec des éléments nationalistes de la classe dominante.

Que reste-t-il de la gauche au Québec? Cette espèce qui est prête à se mettre du côté de ses patrons et des patrons d’Haïti contre la majorité pauvre des Haïtiens. Cette sorte de gauche qui couche avec l’impérialisme. En grande partie la gauche au Québec s’allie même à Ottawa et Washington contre une grande partie de la gauche de langue anglaise.

Durant des dizaines d’années la gauche de langue anglaise au Canada a été impressionnée par la militance et la vigueur dont faisaient preuve les syndicats du Québec, les partis politiques et les organisations de base. Si l’exemple d’Haïti peut servir à quelque chose, il serait plus que temps qu’ils commencent à regarder ailleurs pour trouver l’inspiration.


Traduit par Guy Roumer.
Yves Engler est auteur de Canada in Haiti: Waging War on the Poor Majority (avec
Anthony Fenton) et Playing Left Wing: From Rink Rat to Student Radical.

mardi, février 19, 2008

Fidel accroche ses patins...

Fidel Castro, le leader maximo de 81 ans, qui s'accroche au pouvoir depuis 49 ans, vient d'annoncer officiellement qu'il n'occupera plus la présidence du Conseil d'État et le rôle de commandant en chef en raison de son état de santé. Dans les faits, depuis juillet 2006, c'est son frère Raul qui assure l'intérim. Le parlement cubain décidera le 24 février de ses prochains dirigeants.
En dépit du régime dictatorial qu'il a maintenu pendant toutes ses années, Fidel a tenu tête à 10 présidents successifs américains, résisté à un débarquement en 1961, survécu à des tentatives d'assassinat et à un embargo économique des plus horribles, ce qui est assez exceptionnel.

Mais pour ceux qui seraient inquiets, vous pourrez continuer de lire ses discours, souvent soporifiques, mais assurément toujours trop longs, sous son nom de plume "Réflexions du camarade Fidel" .
Mais maintenant la question qui est sur toutes les lèvres:"Cuba va-til commettre les mêmes erreurs que l'ex-URSS en sombrant tête première dans le néolibéralisme sauvage?"
Seul l'avenir nous le dira...

lundi, février 04, 2008

Et on s'en fout!!!

Lu dans les médias du jour...
Le Parti indépendantiste, qui a été accrédité par le directeur général des élections le 18 octobre 2007, a tenu, hier, à Montréal, son assemblée publique de fondation.
Une quarantaine de personnes ont jeté les bases de cette nouvelle option politique. Selon le porte-parole, Éric Tremblay, le but du Parti indépendantiste est de réaliser l'indépendance du Québec dès la prise du pouvoir. Le parti entend présenter des candidats dans les 125 circonscriptions du Québec à la prochaine élection générale. Le Parti indépendantiste compte 600 membres, en grande partie dans la région de Montréal. (...) Blah Blah Blah...


Après le PCul, QS, le PI refait surface (vous aurez remarqué le super accronyme PI qui se prononce comme pays...ouffff). Big deal...Nous vous souhaitons autant d'insuccès qu'à tous les autres partis qu'ils soient rouges, bleus ou "révolutionnaires". Parce que des drapeaux ça ne se bouffe pas...
Et parce que rouge ou bleu, ils nous saignent à blanc!!!

Tant qu'a y être, je vous invite à lire (ou relire), notre chronique "L'anarchie de A à Z" du no 15 de Cause Commune.

lundi, décembre 10, 2007

Le PLQ montre à son tour son vrai visage.


Les médias rapportent aujourd'hui le contenu du mémoire qui sera déposé par le PLQ cet après-midi à la commission Bouchard-Taylor. Le point majeur de leur mémoire est que :

"(...)les libéraux proposent d'inviter les nouveaux arrivants à signer un « engagement moral » établissant qu'ils connaissent les valeurs québécoises avant d'être admis au Québec.(...)".

Le président de la commission politique du PLQ a d'ailleurs tenté de rassurer le public en conférence de presse en soulignant :" Voyez cela comme une déclaration sur l'honneur. Il n'y a pas de moyens coercitifs, pas de police, de gens qui courent après les gens".

Une déclaration d'honneur? Mais c'est quoi cette connerie? Déjà que le PQ nous a conconcté son projet à saveur identitaire de citoyenneté québécoise en plus du code de conduite xénophobe d'Hérouxville, quelle sera la suite maintenant? Une étoile jaune sur chaque immigrant ou peut être bleue afin de s'assurer que nos soi-disantes "valeurs québécoises" soient bien intégrées?

Mais encore une fois, nos valeurs ne peuvent pas être définies par ces mêmes personnes qui s'en revendiquent. Interrogé à ce sujet, le représentant du PLCul a "cependant refusé de dresser une liste des « valeurs québécoises », se contentant de citer l'égalité entre les hommes et les femmes, et le fait français." En plus de déclarer: "On ne s'est pas attardé aux mots que l'on va mettre dans la déclaration ".

Il serait peut être temps que vous la signez messieurs les zélus cette déclaration, parce que vous savez aussi bien que nous que l'égalité des sexes au Québec n'existe pas plus ici qu'ailleurs!! Toute cette propagande et ce cirque politique n'a que pour but de nous diviser encore plus !!

D'ailleurs si ca vous intéresse, nos camarades de No One Is Illegal seront de retour à la Commission Bouchard-Taylor ce lundi pour dénoncer les « Cinq grandes orientations » du Parti Libéral portant sur les soi-disant « accommodements raisonnables ». Pour lire leur communiqué
POINT DE PRESSE : LUNDI, 10 DÉCEMBRE, 14h30
- À l’extérieur de la Commission Bouchard-Taylor, Palais des Congrès
- Avant le dépôt du mémoire du PLQ

mardi, décembre 04, 2007

L'ADQ fait rire d'elle encore...

Un article de la grosse Presse rapporte aujourd'hui le contenu d'un communiqué que le député de l'ADCul dans St-Maurice a envoyé aux médias. Ces fervents adeptes des coupures dans l'éducation, ont prêché par l'exemple en envoyant un communiqué qui selon le journal en question:

"Le communiqué de presse compte au moins 20 fautes ou incorrections, ont confirmé les conseillers linguistiques de La Presse. C'est une moyenne de 2,2 fautes par phrase."

Qu'un député ne sache pas écrire, c'est plus ou moins grave. Cependant, il semblerait que la première version était truffée de fautes parce que "l'honorable député" Deschamps avait dicté rapidement à sa secrétaire quoi écrire. Évidemment, pourquoi prendre le blâme quand on peut accuser une de ses employés! Malheureusement, la version corrigée, contenait semble-t-il, autant de fautes!!Ouch!!

Bon jusque là, c'est cocasse mais sans plus, ca aurait pu être l'oeuvre d'un député de n'importe quel parti. Par contre, l'élément le plus absurde de cette histoire et que l'une des fautes était dans l'appelation de SON propre parti: l'Association (au lieu d'Action) démocratique du Québec. J'espère que ce crétin avant de crier aux coupures dans l'éducation, la prochaine fois, fera corriger son texte par un étudiant qui devra lui charger la note afin de payer son augmentation de frais scolarité...

mardi, octobre 16, 2007

Georges W. Bush toujours plus ridicule...

Dans une conférence, il y a quelques mois, GWB se fait questionner au sujet des compagnies de sécurité privés opérant en Irak. Il est totalement incapable de répondre à la question sur les lois qui réglement les actions militaires de ces compagnies et mentionne. Comme si ce n'était pas assez, il réplique qu'il demandera la réponse à son secrétaire d'état. Avec le dossier Blackwater qui a fait surface, on se demande si ce crétin attend toujours la réponse au sujet des 180 000 mercenaires contractants du gouvernement américain présents sur le territoire irakien...?



jeudi, octobre 04, 2007

Dumont n'aime pas les blogues...

En entrevue(Ici), le brave chef de l'ADCul aurait dit qu'il n'aimait pas les blogues.
Le leader incontesté du parti, y verrait «une façon idéale pour quelqu'un d'aller gaspiller beaucoup de son temps» et croit qu'il serait préférable de travailler sur le terrain plutot que sur le web. Déjà que Ducon gaspille son temps sur le terrain, alors imaginez le sur un blogue!
Longue vie aux blogues!!