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mardi, juin 26, 2012

Retour vers un féminisme matérialiste





À partir du dernier ouvrage de Roland Pfefferkorn, "Genre et rapports sociaux de sexe", nous proposons ici une façon de lire et de comprendre les multiples dimensions des inégalités persistantes entre hommes et femmes.


Dans "Genre et rapports sociaux de sexe", Roland Pfefferkorn propose une initiation aux concepts utilisés pour aborder les inégalités sociales hommes/femmes. En particulier, son approche met en avant l’apport des travaux issus du féminisme matérialiste. Cela le conduit à mettre en valeur les ambiguïtés de la notion de genre et à montrer les avantages théoriques de l’analyse en termes de rapports sociaux de sexe. Dans l’introduction, l’auteur met en perspective l’histoire de la sociologie en rappelant que ce n’est qu’à partir des années 1970, par l’action des militantes et de chercheuses féministes, que cette discipline est conduite à prendre en compte le fait social de l’inégalité homme/femme.

Rompre avec le naturalisme


Dans un premier chapitre, intitulé « Rompre avec le naturalisme », l’auteur est conduit à mettre en valeur la rupture que constitue l’approche féministe matérialiste par rapport aux perspectives antérieures, avant les années 1970, tournées vers les notions de rôles sociaux. S’inscrivant dans une continuité avec le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir, les théorisations de Christine Delphy, inspirées par un usage hétérodoxe de Marx, sont ici fondamentales. L’auteur rappelle comment ont été construits les concepts de « patriarcat », de « mode de production domestique », de « travail domestique » comme catégories autonomes du capitalisme. Néanmoins, elles se heurtent selon lui à certaines limites : « En sous estimant, de notre point de vue, les changements réels qui sont intervenus, même s’ils sont très partiels et parfois difficiles à interpréter, en négligeant l’accroissement des marges d’autonomie des femmes au cours des dernières décennies, Christine Delphy s’interdit de prendre en compte l’historicité et la dynamique du mode de production domestique, elle inscrit sa conceptualisation dans une perspective fondamentalement fixiste » (p. 38).

Ce n’est que dans les approches en termes de division sexuelle du travail et avec le concept de rapports sociaux de sexe que certaines apories sont résolues. Elles permettent ainsi de penser l’exploitation de femmes, de plus en plus nombreuses sur le marché de l’emploi, conjointement dans la sphère domestique et productive.


La notion de genre


Le second chapitre est consacré à l’étude de la notion de genre dont l’auteur met en valeur les ambivalences qui ont pu conduire au large succès de ce terme. Il est possible de souligner par exemple, parmi les analyses qu’il effectue, le contraste entre deux théorisations du genre. Cette notion semble pouvoir se confondre initialement avec celle de sexe social. L’auteur rappelle à ce propos les théorisations de Colette Guillaumin sur la construction de la «classe de sexe des femmes» par le sexage, c’est-à-dire «l’appropriation privée et collective» des femmes. Il montre cependant comment la notion de genre, telle qu’elle est utilisée dans les théories queer, conduit à réduire l’opposition entre féminin et masculin à ses dimensions normatives et aux questions d’identités sexuelles.

C’est ainsi qu’il est conduit, dans le troisième chapitre de son ouvrage, à l’analyse des critiques de cette notion. Il en distingue principalement trois. Tout d’abord, le biais culturaliste et en définitive idéaliste de cette notion dans les théorisations postmodernes, telles que les théories queer, conduit à négliger la base matérielle économique de la construction du genre. La seconde critique porte sur la renaturalisation qui s’effectue sous couvert de la distinction entre sexe biologique et genre comme construction sociale. Dernière dimension, la thèse postmoderne de la pluralité des genres dissout le rapport social de classe qui pourtant apparaît clairement à un niveau macro-sociologique.


Centralité du travail


Le dernier chapitre est ainsi consacré plus spécifiquement aux notions de «division sexuelle du travail» et de «rapports sociaux de sexe». L’auteur rappelle, en s’inspirant de Danièle Kergoat, que la notion de rapport social désigne «une tension qui traverse le champ social et qui érige certains phénomènes sociaux en enjeux autour desquels se constituent des groupes sociaux aux intérêts antagonistes» (p. 96).

Cette notion met en avant le caractère antagonique du social, et ainsi la centralité de la notion de travail. Les rapports sociaux de sexe se construisent à partir de la division sexuelle du travail, mais également du contrôle de la sexualité et de la fonction reproductive des femmes. En outre, Danièle Kergoat a montré comment les rapports sociaux de sexe, de «race» et de classe devraient être analysés dans leur consubstantialité et leur coextensivité les uns avec les autres.

En définitive, les analyses axées sur la conflictualité sociale en termes de rapports sociaux de sexe, par rapport à celle de «domination masculine», permettent de mieux penser l’articulation entre reproduction des rapports de domination et transformation de ces rapports dans le cadre de luttes collectives d’émancipation.

Dans sa conclusion, l’auteur revient sur la distinction entre articulation des rapports sociaux et théories de l’intersectionnalité. Ces dernières, issues du contexte intellectuel étasunien, ont pour conséquence d’accorder, comme les théories queer, une place prépondérante aux dimensions culturelles et identitaires.


Un courant radical oublié


En mettant l’accent sur les théories issues du féminisme matérialiste, l’ouvrage de Roland Pfefferkorn possède le mérite de mettre en lumière tout un courant radical d’analyse des inégalités hommes/ femmes, occulté dans les années 1980 par le différentialisme du french féminism, puis dans les années 1990 par la réception des théories queer et l’analyse bourdieusienne en termes de domination masculine. Pourtant, dans le sillage des analyses du patriarcat par la féministe américaine Kate Millet, auteure de La politique du mâle en 1970, les travaux de théoriciennes telles que Christine Delphy, Nicole-Claude Mathieu, Colette Guillaumin, Monique Wittig, ou encore Danièle Kergoat présentent la spécificité d’appuyer leurs critiques de l’inégalité sociale entre hommes et femmes sur une base économique, mais sans s’y réduire.

En particulier, avec la notion de «sexe social», ces théoriciennes ont montré avant les théories queer comment les identités sexuelles n’étaient que des constructions sociales.

Elles ont ainsi initié une critique de l’hétéronormativité qui ne se réduit pas à une simple critique des normes, mais qui trouve sa base dans une analyse des conditions socio-économiques des catégories sexuelles. Ainsi, oublie-t-on bien souvent que ce n’est pas uniquement du côté de Foucault, mais également de Monique Wittig, que Judith Butler a été chercher l’inspiration de sa théorie de la déconstruction du genre.


Irène
AL Paris Nord-Est

Alternative libertaire, juin 2012, N°218


Via http://www.anarkismo.net/article/23172

samedi, avril 25, 2009

Nouveaux arrivages à la librairie anarchiste L’insoumise

Plus de 5000 livres en anglais et en français qui explorent toutes les possibilités des changements sociaux d'un point de vue libertaire.

2033 Boul. St-Laurent, Montreal. A deux pas du métro St-Laurent 514-313-3489

LA LISTE DES ARRIVAGES !
Autonomie individuelle et force collective - Skirda Alexandre,
Nestor Makhno : Le cosaque libertaire 1888-1934, par Skirda Alexandre
Les anarchistes russes, les soviets et la révolution de 1917, par Skirda Alexandre
L’affaire Sacco et Vanzetti, par R. Creagh
L’Histoire du mouvement makhnoviste (1918-1921), par Piotr Archinov
Kronstadt 1921 - Izvestia des marins, soldats rouges et ouvriers de la ville de Kronstadt, Éditions Ressouvenances
L'anarchisme à Cuba, F. Fernandez, CNT-RP
Nouvelles de nulle part, par William Morris, L’Altiplano
Octobre 1917 - Le thermidor de le révolution russe, par BERTHIER René, CNT-RP
La CGT-SR et la révolution espagnole - De l'espoir à la désillusion, par BERTHUIN Jérémie, CNT-RP
La Commune de Paris, par BAKOUNINE Michel, CNT-RP
Autogestion et anarcho-syndicalisme - Analyse et critiques sur l’Espagne (1931-1990), par MINTZ Frank, CNT-RP
Viet Nam, 1920-1945, de Ngo Van, Éd. Nautilus
Carnets de luttes d'un anarcho-syndicaliste (1896-1945) : Du Maine-et-Loire à Moscou, de François Bonnaud et Christophe Patillon, Éditions du Centre d'histoire du travail
La Communauté par le retrait et autres essais, de Gustav Landauer, Éd. Du Sandre
Insaisissable: Les aventures de B. Traven, de Rolf Recknagel, Éd. L'Insomniaque
Chroniques d’un incroyant, de Bruno Alexandre, tome 1, Éd. Libertaires
Grève générale!, Jack London, Éd. Libertalia
L’Homme et la terre, de Élisée Reclus, tome 1, 2 et 3, Trinquier
Un nom confisqué - Elisée Reclus et sa vision des Amériques, de E. Mächler Tobar, Indigo & Côté-femmes éditions
La révolution libertaire, de Michel Paraire, Éd.Le temps des cerises
Du principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution, de P.-J. Proudhon, Éd.Romillat
Idées révolutionnaires, Proudhon, Trinquier
La guerre et la paix, tome 1 et 2, de P.-J. Proudhon, Trinquier
Le mouvement anarchiste en Espagne, de Lorenzo, Éd. Libertaires
Les conflits dans l’internationale, de M. Bakounine, Trinquier
Relations avec Netchaiev, de M. Bakounine, Trinquier
Quitter son point de vue, utopies anarcho-littéraires, de C. Granier, Éd. Monde libertaire
L’entraide, de P. Kropotkine, Trinquier
La conquête du pain, de P. Kropotkine, Trinquier
Champs, usines et ateliers, de P. Kropotkine, Phénix éditions
Le Living Theatre : de la toile à la scène : 1945-1985 par Stéphanette Vendeville, L’Harmattan
Albert Camus et les libertaires : écrits présentés par Lou Marin. Marseille : Egrégores, 2008.
Au coeur de la Révolution : Mes années de Russie, 1917-1927, par Marcel Body, Editions de Paris-Max Chaleil
Le socialisme des intellectuels, par Jan Waclav Makhaïski, Editions de Paris-Max Chaleil
Ceux d'en bas de Mariano Azuela, Fondeurs de briques
À la recherche de B. Traven de Jonah Raskin, Fondeurs de briques
L’organisation anarchiste - textes fondateurs, Éditions de l’entraide.
UP from slavery – Ascension d’un esclave émancipé, Booker T. Washington, Éditions libres
Élisée Reclus – six études en géographie sensible, J. Cornuault, Éd. Isolato
Pour en finir avec la psychiatrie– Éd. Libertaires
Les jacobins noirs : toussaint-louverture et la revolution de saint-domingue, Éd. Amsterdam
La Fabrique de l'impuissance 1 & 2 - L'école entre domination et émancipation- Éd. Amsterdam. (2 tomes)
Anarchisme nation identité culture, par Karim Landais, Orphéo édition
Propos d’un agitateur, par Ricardo Flores Magon, Éd. Libertalia
Lettre de Bartolomeo Vanzetti à la camarade Blackwell de la prison de charlestown. (10 janvier 1927),Éd. La mauvaise graine
Premières et Dernières amours : Louise Michel, Éd. La mauvaise graine
Portrait historique et mental du policier ordinaire, Rajsfus, Éd. Après la lune
Trois essais de philosophie anarchiste : islam, histoire, monadologie, par Daniel Colson, Lignes Manifestes
Paris ville rebelle Tome 2, de 1800 à nos jours, par Andrew Hussey, Max Milo Éd.
Les Briseurs de formules. Les écrivains anarchistes en France à la fin du XIXe siècle, par Caroline Granier, Éditions Ressouvenances
Étude sur le Mouvement communaliste à Paris, en 1871, par Gustave Lefrançais, Éditions Ressouvenances
Prison fin de siècle, par E. Degout et Charles Malato, Éditions Ressouvenances
La Commune de Paris au jour le jour, par Elie Reclus, Éditions Ressouvenances
Journal : comment rendre le monde meilleur (on ne fait qu'aggraver les choses), par John Cage, Éd.Héros-Limite
Pierre Monatte, par Colette Chambelland, Éd. de l’Atelier
Louise Michel (1830 - 1905), de Gérard Dittmar, Éd. Dittmar
Mémoires, de Louise Michel, Éd. Tribord (coll. Flibuste)
Aventures squats, par Clémentine Guyard, ACL
Histoire des femmes dans la Commune de Paris, de Gérard Dittmar, Éd. Dittmar
Les socialismes et l'enfance : expérimentation et utopie (1830-1870), par Nathalie Brémand, Presses universitaires de Rennes
Sous l'écorce de Guy Debord, le rudéral, de Jean-Claude Bilheran, Éd. Sens & Tonka
Le Rouge et le Noir à l'Ombre de 1793, par Miguel Abensour, Éd. Sens & Tonka
La Démocratie conte l'État : Marx et le moment machiavélien, par Miguel Abensour, Éd. du Félin
Les 3 secrets : Tome 2, En hommage à Guy Debord, par Olivier Jacquemond, Éd. Sens & Tonka
La mécanique raciste, de Pierre Tévanian, Éd. Dilecta
OGM, semences politiques, vers un contrôle total du vivant, par Philippe Godard, Homnisphères
Proudhon : héraut et philosophe du peuple, par Chantal Gaillard, Société P-J Proudhon
La Foire aux Ânes (ou l'abolition du salariat), par Gaston Britel, Le Coquelicot
Clinique de la servitude, de Jacques Félician, Éd. Campagne-Première
La Commune, par Pierre Kropotkine (suivie de La Commune de Paris), L’Altiplano
18 ans de bagne, par Jacob Law, Éd. Égrégores
Au maquis de Barrême, souvenirs en vrac, par Oxent Miesseroff, Éd. Égrégores
RFID : la police totale. Puces intelligentes et mouchardage électronique, par Pièces et main d’œuvre, éd.L’Echappée
Nourritures anarchistes. L'anarchisme explosé, de René Schérer, Éd. Hermann
Les anarchistes contre la République, par Vivien Bouhey, Presses univ. De Rennes
Un regard noir. La mouvance anarchiste française au seuil de la Seconde Guerre mondiale et sous l’occupation nazie (1936 - 1945), par Michel Sahuc, Éditions du Monde Libertaire
Mémoires d’un prolétaire, Norbert Truquin, Éd. Le mot et le reste
Utopie antique et guerre des paysans en Chine, par Ngo Van, Éd. Le chat qui pêche
Quatuor pour une autre vie / Raoul Vaneigem, Marcel Moreau, Claire Lejeune, Jacques Sajcher, Éd. L. Wilquin
Raoul Vaneigem : L'éloge de la vie affinée, par Laurent Six, Éd. L. Wilquin
Vision anarchiste et syndicaliste, par BAKOUNINE Michel, CNT-RP
Vers un autre futur - Un regard libertaire, par CARTIER-BRESSON Henri, Éd. Nautilus
Nous, femmes sans frontière, par MARICOURT Thierry, Éd. L'Harmattan
Dansons la ravachole - Roman noir et rouge, par Paco, Éditions libertaires
La canaille - Histoire sociale de la chanson française, par PORTIS Larry, Éd. CNT
1906 - Le congrès syndicaliste d'Amiens, par POUGET Emile, CNT-RP
La confédération générale du travail, par POUGET Emile, CNT-RP
Argentine - Généalogie de la révolte - La société en mouvement, par ZIBECHI Raúl, CNT-RP
Journal de guerre d’un combattant pacifiste, par Camille Arthur Augustin Rouvière, ÉditionsAtlantica-Séguiers
Les mémoires de mon ami, d’Octave Mirbeau, Éditions L’Arbre vengeur
Essais de critique du marxisme - et autres études sur la valeur-travail, de Georges Sorel, Éd. L'Harmattan
Espagne 1936-1975 - Les affiches des combattant-e-s de la liberté tome 1 et 2, de Pino et Rosell, Éditions libertaires
Dictionnaire des chansons politiques et engagées, de C. Passevant et Larry Portis, Éd. Scali
Victor, Émile, Georges, Fernand, et les autres…, Regards sur le syndicalisme révolutionnaire, s.d. Michel Pigenet et Pierre Robin, Éditions d’Albret

ET BIEN PLUS!

mardi, août 26, 2008

Emeute de Mtl-Nord: une analyse béton!

On peut dire qu'on en aura lut des "affaires" sur la blogosphère a propos de l'émeute de Montréal-Nord, toute sorte d'affaires... mais surtout de très mauvaise. Certains s'en donne a coeur joie pour défendre l'indéfendable, alors que d'autres tentent d'en tirer profit et une bonne parti sentent le racisme a plein nez! En plus d'entendre les policiers brailler a chaude larmes sur leur pôvre sort ces derniers jours, ce texte nous semble une bouffé d'air frais!

On l'a repiqué du CMAQ et ça vaut absolument la peine d'être lu!

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Combien d'émeutes est-ce que ça va prendre?

Une bavure d'une ampleur jamais vu, suivie d'une émeute sans précédent. Voilà comment on pourrait résumer les événements à la fois tragiques et mouvementés qui se déroulèrent à Montréal-Nord, à environ vingt-quatre heures d'intervalle, les 9 et 10 août dernier.
Bien entendu, le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) n'en n'est pas à sa première bavure, tout comme le territoire métropolitain n'en n'est pas à sa première émeute. Cela étant, c'est la première fois qu'une bavure policière est immédiatement suivie d'une émeute.

De même, si les bavures policières sont toutes choquantes à leur façon, il reste que celle qui coûta la vie au jeune Fredy Villanueva est particulièrement scandaleuse.

Après tout, nous avons affaire à un policier qui s'est permis d'ouvrir le feu sur des jeunes gens, dont Fredy, qui se trouvaient à côté d'un parc bondé de monde. Des jeunes gens désarmés qui ne faisait rien d'autre que de jouer aux dés.

Il ne fait aucun doute que la plupart des jeunes vivant dans ce secteur mal-famé de la ville ont vécu au moins une mésaventure avec la police. En apprenant la mort violente de Fredy, une bonne partie d'entre eux se sont sûrement dit: "Ça aurait pu être moi."

On comprend de certains témoignages diffusés dans les médias que la situation dégénéra parce que les jeunes auraient refusés de laisser les policiers malmener l'un des leurs sous leurs yeux sans rien dire.

Certains formateurs d'opinion ont d'ailleurs cherché à utiliser la tournure tragique des événements pour véhiculer un message de soumission envers l'autorité, du genre : voici ce qui arrive lorsqu'on tient tête aux policiers ! "Celui qui affronte un policier risque la mort. Fredy Villanueva et son frère devaient le savoir," écrivit par exemple J. Jacques Samson dans le Journal de Québec. (1)

De nombreux jeunes de Montréal-Nord semblèrent tirer une leçon bien différente de ce drame. L'indignation unanime que provoqua la mort de Fredy fut plutôt perçu comme une occasion de se soulever contre la flicaille qui fait la pluie et le beau temps depuis trop longtemps déjà dans les rues et les parcs du quartier.

En multipliant les incendies, les saccages et les assauts contre les symboles d'autorité, les émeutiers semblaient lancer le message suivant : si vous croyez que nous allons vous laissez continuer à abuser de nous aussi impunément, alors vous vous foutez le doigt dans l'oeil jusqu'au coude !

Ce qui donna lieu à une émeute d'une ampleur sans précédent : c'est en effet la première fois à Montréal qu'on vit des émeutiers ouvrir le feu sur la police ou encore s'en prendre à la fois aux pompiers, aux ambulanciers et aux journalistes.

Avec les émeutes qui suivirent la mort de Fredy, c'est bien plus qu'un fossé qui s'est élargit entre les jeunes et la police : c'est une carrément une tranchée qui s'est creusée entre deux camps antagonistes.

Par ailleurs, n'en déplaise aux bien-pensants, l'émeute a eut cela de bon qu'elle força les grands médias à aborder des problèmes de société auxquels ils n'ont guère l'habitude de s'attarder.
Le profilage racial, la pauvreté à Montréal-Nord et le problème de crédibilité des enquêtes faite par la police sur les morts d'homme aux mains de la police sont autant de sujets épineux qui n'ont jamais reçu autant d'attention médiatique depuis les émeutes de Montréal-Nord.

Mais une prise de conscience, aussi bienvenue soit-elle, ne représente pas une fin en soit. Ce n'est qu'un début. Et rien ne garantit que l'intérêt médiatique pour ce type de questions sera maintenu lorsque l'émeute deviendra un souvenir lointain dans l'actualité.

D'où cette question : Si ça a prit une émeute pour que l'industrie de l'information commence à prendre au sérieux des problèmes qui ne datent pourtant pas d'hier, combien d'autres émeutes faudra-t-il pour que les choses commencent vraiment à changer ?

Quand la mort arrive par un samedi ensoleillé

L'histoire commence au parc Henri-Bourassa, situé à l'angle de la rue Pascal, du boulevard Rolland et de l'avenue Laurier, dans l'arrondissement de Montréal-Nord, le samedi 9 août, en début de soirée.

Un groupe de jeunes jouait aux dés sur un sentier du parc lorsque l'agent Jean-Loup Lapointe et une policière dont l'identité n'a pas été dévoilée débarquèrent de leur auto patrouille et firent leur entrée. Le constable Lapointe compte quatre années et demi de service alors que sa collègue n'a qu'une année et demi d'expérience au sein du SPVM.

À ce moment-là, Erica Cruz, une résidente de Montréal-Nord, se trouvait à quelques mètres du sentier en compagnie de ses fils, âgés de 2 et de 4 ans, et de sa mère. Cruz raconta à un journaliste de La Presse que le groupe de jeunes s'éloigna de quelques mètres du sentier pour laisser passer les deux policiers. (2)

"Un des policiers a pointé l'un des jeunes et lui a dit de s'approcher, ce que (celui-ci) a refusé de faire, expliqua Cruz. Il disait 'Je n'ai rien fait de mal, tu ne peux pas m'arrêter'". Ça n'a pas fait plaisir au policier, qui l'a agrippé. Le jeune a plutôt mal réagit."

jeudi, juin 19, 2008

"Le manifeste lesbien" de Pauline Londeix


Une nouveauté d'avril 2008 de la collection Agit'prop de L'Altiplano: Le manifeste lesbien de Pauline Londeix. Jeune féministe lesbienne de 22 ans, Pauline Londeix a déjà un parcours militant chargé. Elle a entre autres milité au côté de Christine Delphy et Pierre Tevanian dans Une école pour tous et toutes, dans Act-Up Paris (lutte contre le sida), dans IDAHO (journée internationale contre l'homophobie: 17 mai) et GLR (Groupes lesbiennes radicales).

Le manifeste lesbien est un prise de position acerbe contre notre société qui reproduit la lesbophobie. Pas un manifeste comme un autre, sa table des matières chargées nous révèle davantage que ce petit livre est une source d'information incroyable pour quiconque doute encore des oppressions spécifiques des femmes lesbiennes ; vous n'y trouverez effectivement pas de propositions de projets politiques claires. Si on aurait voulu en savoir plus sur les positions politiques de l'auteure (y'a-t-il une identité lesbienne partagée? Quel est le projet politique unificateur des lesbiennes?) on est à tout de moins servi par le radicalisme de Pauline Londeix.

Pour tous ceux et celles d'ici qui veulent s'initier au mouvement social du lesbianisme des années 2000. Ou encore pour celles et ceux qui veulent en savoir davantage sur l'activisme lesbien . Une bonne première source d'information sur les groupes de France (et un peu Européens), des plus institutionnels aux plus radicaux, qui travaillent à politiser les revendications lesbiennes.

Disponible à L'Insoumise, librairie anarchiste au 2033 St-Laurent, Montréal. Au maigre coût de 10$.

www.actupparis.org - lutte contre le sida
www.idahomophobia.org -homophobie internationale

lundi, mai 12, 2008

Chronique littéraire: Commissaire de choc - L’engagement d’un jeune militant anarchiste dans la Guerre civile espagnole.

Lorsque les gens de l’Atelier de création libertaire, les éditeurs de ce magnifique témoignage de la révolution espagnole, reçurent le manuscrit de « Commissaire de choc », ils furent à prime abord repoussé par ce titre plutôt provocateur. Un titre qui allait à l’encontre de la position traditionnelle des anarchistes qui s’opposèrent à la création de l’armée populaire en 1936, lors de la révolution espagnole. Ce livre, « Commissaire de choc » c’est avant tout l’engagement d’un jeune militant de la CNT qui donna sans regrets sa jeunesse au service de la révolution espagnole, comme des milliers d’autres camarades lors de cette révolution avortée par les fascistes.

L’auteur, Joan Sans Sicart, est né le 16 mai 1915 à Barcelone d’une famille de la petite bourgeoisie « éclairée ». Son père, militant, doit quitter avec sa famille en 1929 l’Espagne, alors sous la dictature de Primo de Rivera, pour se réfugier en France à Perpignan. En 1930, alors âgé de 14 ans, Joan retourne avec sa famille en Catalogne où il côtoiera les anarchistes, parmi les plus influents de leur époque, qui se réunissaient chez lui. On peut penser à Peirõ, Montseny, Pou, Buenasaca, et de nombreux militants de la CNT (Confederación Nacional del Trabajo-anarco-syndicaliste), pour ne nommer que ceux-ci. Champion d’athlétisme à 17 ans, il deviendra instituteur à l’âge de 21 ans.

En juillet 1936, alors que les troupes rebelles, sous le commandement du général fasciste Franco, tentent un coup d’état, la révolution espagnol éclate. Sans Sicart part volontaire dans l’armée de la république, sous les drapeaux de la CNT. Il y combattra dans la désormais célèbre Colonne Durrutti puis dans la 26ième division après la « militarisation » des milices et leur centralisation au sein de l’«armée populaire ». Arrivé sur le front en juillet 1936, en tant que délégué de centurie, il deviendra le plus jeune commissaire politique de la 121ème brigade mixte, puis de la 72ème division, et finalement commissaire du XVIIIème corps d’armée en février 1939, au moment où les derniers combattants républicains tentent de fuir vers la France.

Il faut savoir que les défaites militaires d'août et septembre 1936, et la désorganisation totale du front, ont durement ébranlé les partisans du maintien des milices. Plusieurs anarchistes influents tels que Durruti, Garcia Oliver et Mera, demandent alors la mise en place d’une organisation unifiée sous un commandement unique. Une politique largement imputable au parti communiste stalinien. Il était primordial, selon ces anarchistes, d’instaurer une discipline de fer au combat et dans le service, d’élaborer une stratégie de combat efficace ainsi que de coordonner le ravitaillement, l’équipement et les communications. Une prise de position qui ne sera pas sans soulever multitudes de débats et de luttes parfois violentes au sein du front populaire. Autant certains anarchistes supportaient cette militarisation autant d’autre l’ont qualifié de prémisse à la « contre-révolution stalinienne ». Mais c'est à partir de ce moment que débutèrent les divergences politiques au sein des révolutionnaires. Les anarchistes tentent alors de réaliser ces transformations dans le cadre des milices, en maintenant l'élection des officiers, la solde unique et la suppression des grades.

Sans Sicart qui désirait plus que tout la victoire face aux fascistes, fut de ceux qui supportèrent ces mesures et devint alors commissaire politique. C’est dans cette optique qu’il accepte, à la demande de la CNT, d’aller à l’École des Commissaires, où il sortira premier de sa promotion, non sans avoir eu maille à partir avec le directeur qui était alors un membre influent du parti communiste. Le rôle du commissaire est alors de représenter la politique de guerre du gouvernement dans l’armée. Le commissaire est avant tout l'éducateur politique des soldats et des officiers, l'agent de liaison avec la population civile et l'organisateur du travail, des loisirs, du repos.

Puis ce fut la déroute des troupes républicaines et la fuite vers la France. Sans Sicart est alors en charge de restituer 12 chars d’assauts russes avec leur armement, à l’armée française, au poste frontalier de la Jonquera. C’est à partir de ce moment que Sans Sicart se retrouve incarcéré au camp de concentration de Saint Cyprien comme de nombreux espagnols. De nombreuses aventures l’y attendront encore. Puis il obtiendra un sauf conduit du gouvernement français, à la demande du gouvernement espagnol en exil, pour son attitude exemplaire durant la guerre. Sans Sicart sera par la suite persécuté par le régime de Vichy et sera actif au sein de la résistance française. Puis il œuvrera activement à la réorganisation de la CNT en France de 1945 à 1959.

« Commissaire de choc » est une biographie aux allures de roman, qui nous transportent à travers les milles et unes péripéties d’un milicien ordinaire qui a vécu une époque extraordinaire. Mais c’est avant tout un livre qui regorge de détails sur les lieux et les évènements de 1936 à 1939. Un livre qui relate au jour le jour, les batailles et la vie sur le front durant cette guerre, qui fut l’un des plus beaux espoirs révolutionnaires du 20ième siècle. C’est aussi le récit des expériences, des batailles, des bagarres, des amours et de l’autodiscipline exemplaire d’un militant qui désirait avant tout la victoire contre le fascisme et qui a tout donné pour que cette révolution puisse enfin voir le jour.

Mais c’est aussi un livre qui nous fournit une vision diamétralement opposée de la vision figée des anarchistes espagnoles qui s’opposèrent à la création de l’armée populaire. Un point de vue qui ne peut nous laisser froid et nous force à reconsidérer d’un point de vue positif certains aspects de cette militarisation, qui pour beaucoup d’anarchistes, fut le tombeau de cette révolution.

L’Atelier de création libertaire qui devait faire paraître ce livre en octobre 2007 envoya les épreuves à Joan, qui était entre temps tombé gravement malade. Joan s’est éteint le 30 septembre, à 9h45. Il a eu le temps de voir avec émotion le tirage numérique de son livre avant de quitter cette vie qui fut plus que remplie.

Un livre à lire absolument cet été....

Salud Joan!

Joan Sans Sicart, Commissaire de choc – L’engagement d’un jeune militant anarchiste dans la Guerre civile espagnole (traduit de l’espagnol par Rita Pinot, préfaces de Manuel Vasquez Montalban et de Mimmo Pucciarelli), Atelier de création libertaire, 266 pages.

Disponible à la librairie l’Insoumise (Montréal) au coût de 22$.

jeudi, mai 01, 2008

Cause Commune #20 enfin disponible!


Le numéro 20 de Cause commune, le journal de la NEFAC au Québec, est maintenant disponible sur le web. 4000 exemplaires papier de ce journal sont distribués gratuitement par des militantEs libertaires, membres ou non de l’organisation. Cause Commune se veut un tremplin pour les idées anarchistes, en appui aux mouvements de résistance contre les patrons, les proprios et leurs alliés au gouvernement.

Si le journal vous plaît et que vous voulez aider à le diffuser dans votre milieu, contactez le collectif de la NEFAC le plus près de vous.
Un pdf à basse résolution --format tabloïd-- est disponible sur notre site (Ici).

Au sommaire du no 20


À Montréal, Cause Commune est disponible entre autre à la Librairie L'Insoumise (2033 boul. St-Laurent) , au DIRA (2035 boul. St-Laurent 3e étage), et au Resto-Coop Touski ( 2361 Ontario est.)

dimanche, avril 27, 2008

Sur les traces de l'anarchisme au Québec

Tiré du blogue Voix de Faits de nos camarades de La Nuit (NEFAC-Québec)

Lux vient de sortir le premier ouvrage d'importance sur l'histoire de l'anarchisme au Québec.

Il y a 10 ans, on ne savait rien de l'histoire des idées libertaires au Québec. Et puis un militant s'est mis à s'intéresser sérieusement à la question. Des textes sont apparus dans des publications confidentielles --Branle-base, Sabotage-- nous racontant l'histoire du premier groupe anarchiste montréalais (Frayhayt). Puis sont venus des ateliers au Salon du livre et, finalement, une série de textes dans Ruptures (la revue de la NEFAC). Au fil des publications, de nouvelles informations faisaient surface amenant de nouvelles pistes de recherche. De fil en aiguille, une trame est apparue et le squelette d'un livre.

«Sur les traces de l'anarchisme au Québec (1860-1960)» reprend donc l'essentiel de ces textes publiés ici et là et les enrichit des nouvelles informations inédites. On y suit les tribulations de plusieurs générations de révolutionnaires issus de l'immigration (française, juive, espagnole, notamment) ayant échoués sur les rives du Saint-Laurent ainsi que leurs alliés et camarades natifs de l'endroit. Au passage, plusieurs révoltes --grèves, émeutes ou les deux-- auxquelles les anarchistes ont pris part sont tirées de l'oubli.

Il existe une quantité impressionnante de travaux sur l'histoire de l'anarchisme en Espagne, en France, en Russie et dans un certain nombre de pays d'Europe et des Amériques. Normal, à un moment ou un autre l'anarchisme y a exercé une influence importante dans le mouvement ouvrier allant même, dans le cas de l'Espagne et de l'Amérique latine, jusqu'à être la force motrice du mouvement révolutionnaire. Rien de tel dans la belle province, ici l'anarchisme n'a jamais vraiment pris racine dans la classe ouvrière. De là à dire que l'anarchisme n'a pas d'histoire au Québec, il y a un pas que ce livre nous empêche enfin de franchir.

Sur les traces de l'anarchisme au Québec (1860-1960)
Mathieu Houle-Courcelles, Lux, Montréal, 2008, 280 pages

lundi, mars 31, 2008

À bas les restaurants!

La critique d'un travailleur de l'industrie alimentaire

À 60 pages, À Bas les Restaurants est un guide illustré à la vie quotidienne des travailleurs de restaurants, leur misère, stress et aliénation, mais aussi comment ils luttent contre cette vie. S'appuyant de plusiers idées anti-capitalistes, et une grosse tranche d'expérience personelle, c'est moitié analyse, moitié appel aux armes.


mercredi, février 27, 2008

Lancement : "Sur les traces de l'anarchisme au Québec (1860-1960)"

Lancement du livre "Sur les traces de l'anarchisme au Québec (1860-1960)"

Fruit d’un long et minutieux travail de recherche, cet ouvrage présente une image vivante et généreuse de l’influence des idées anarchistes dans l’histoire québécoise, dévoilant ainsi l’existence de ce courant de pensée bien avant les tumultes culturels et politiques des années 1960. Des réfugiés de la Commune de Paris aux peintres et poètes issus de la mouvance automatiste, en passant par les militants anticléricaux de l’Université ouvrière et les révolutionnaires juifs du Yiddishland montréalais, Mathieu Houle-Courcelles redonne vie à différentes figures et expériences de l’anarchisme et offre une contribution originale au débat actuel sur la mémoire collective du Canada français.

Quand : le jeudi 20 mars 2008 à 17h00 (formule 5 @ 8)
Ou: au café Le Cagibi, 5490 boulevard Saint-Laurent.

L'auteur donnera également une conférence publique à l’UQAM. Organisée en collaboration avec le département de sociologie, cette conférence aura lieu au pavillon Hubert-Aquin (salle a-1785), jeudi 20 mars, de 10h à 13h.

Détails à venir sur le site de Lux

dimanche, novembre 04, 2007

85e anniversaire de la mort de Ricado Flores Magon


À quelques jours de l'anniversaire de la mort du célèbre anarchiste mexicain Ricardo Flores Magon, voici un petit texte qui porte a réflexion...

Celui-ci est mort dans des conditions obscures dans une prison américaine en 1922. Sa vie entière fut consacrée a combattre la dictature de Diaz au Mexique tout en portant un message d'émancipation pour les travailleurs et travailleuses, pour les paysans et paysannes. Née dans une communauté autochtone de Oaxaca, on s'inspire encore aujourd'hui des ses textes et de ses idées.

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Pour plus d'information sur R. Flores Magon un pamphlet a prix modique est disponible a la Librairie l'Insoumise (2033 St-Laurent, Montreal) ainsi que d'autres publications, dont l'excellent livre de Spartacus sur le sujet.






Le fusil.

Je sers les deux bandes : la bande qui opprime et celle qui libère. Je n'ai pas de préférences. Avec la même rage, avec le même fracas j'envoie la balle qui arrache la vie au partisan de la liberté ou au soldat de la tyrannie.

Des ouvriers m'ont fabriqué, pour tuer d'autres ouvriers. Je suis le fusil; l'arme liberticide quand je sers ceux d'en haut, l'arme émancipatrice quand je sers ceux d’en bas.

Sans moi il n'y aurait pas d'homme qui disent : "Je suis plus que toi!" et sans moi il n'y aurait pas d'esclaves qui crient : "À bas la tyrannie!".

Le tyran me nomme "l'appui des institutions". L'homme libre me caresse avec tendresse et m'appelle "l'instrument de rédemption". Je suis la même chose, mais toutefois je sers autant pour opprimer que pour libérer. Je suis en même temps assassin et justicier, selon les mains qui me manœuvrent.

Moi-même je sais reconnaître quel type de main me tiennent. Ces mains tremblent? Il n'y a aucun doute : ce sont les mains d'un tyran. C'est une prise ferme? Je dis sans réfléchir : "ce sont les mains d'un libertaire!".

Je n'ai pas besoin d'entendre les cris pour savoir à quelle bande j'appartiens. Il suffit d'entendre les dents claquer pour savoir que je suis entre les mains d'un oppresseur. Le Mauvais est peureux; le Bon est valeureux. Quand le tyran appuie ma crosse sur son torse pour me faire vomir la mort cachée dans la cartouche, je sens que son cœur saute violament. C'est qu'il a conscience de son crime. Il ne sait pas qui il tuera. On lui a ordonné : "feu!" et voilà le tir qui, peut-être, traversera le cœur de son père, de son frère ou de son enfant, celui que l'honneur a fait crier "rebelle toi!".

Je continuerai d'exister encore tant qu'il y aura sur terre une humanité stupide qui insiste pour être divisée en deux classe : celle des riches et celles des pauvres, celle de ceux qui jouissent et celle de ceux qui souffrent.

Quand le dernier bourgeois aura disparu et que l'ombre de l'autorité se sera dissipée, à mon tour je disparaîtrai en léguant mes matériaux pour la construction de milliers d'outils et d'instruments qui seront manipulés avec enthousiasme par des hommes transformés en frères.

Regeneraciòn, no. 64, 18 novembre 1911

mercredi, octobre 31, 2007

Lancement du livre Le mouvement étudiant au Québec de 1983 à 2006

Lancement du livre Le mouvement étudiant au Québec de 1983 à 2006 par Benoît Lacoursière.

Jeudi 1er novembre 2007, à partir de 17h00.
Au Bar le Yer Mad, 901 de Maisonneuve Est, coin St-André, Métro Berri-UQAM.

Le conflit entre le gouvernement du Québec et le mouvement étudiant entre l'automne 2004 et le printemps 2005 illustre remarquablement bien les différences profondes entre les deux tendances du mouvement étudiant.
D'un côté, les hégémoniques fédérations étudiantes qui font tout pour éviter le recours à la grève, puis l'ASSE qui, sous l'étendard d'une coalition élargie, construit un rapport de force sans précédent.(...)
En cet automne de mobilisation étudiante, venez célébrer avec nous l'histoire récente d'un mouvement social au cœur de l'évolution sociale et politique du Québec.
Au plaisir de vous voir en grand nombre!
Pour plus d'informations: Sabotart édition



samedi, octobre 06, 2007

Suggestion de lecture : Bakounine, fondateur du syndicalisme révolutionnaire

Bakounine, fondateur du syndicalisme révolutionnaire

On peut lire dans ce texte, le "vrai" Bakounine, celui qu'on aime tant à la NEFAC. Pas question de pan-slavisme, de républicanisme ou de sociétés secrètes obscures...

Gaston Leval nous plonge dans les années de fondation de la 1ère Internationale et expose comment Bakounine fut un précurseur des idées syndicalistes révolutionnaires que l'on conçoit généralement comme étant fondées au tournant du 20ième siècle.

Parmi plusieurs citations juteuses de Bakounine, on retrouve toujours la même ligne de pensée révolutionnaire, que "l'émmancipation des travailleurs-euses sera l'oeuvre des travailleurs-euses eux et elles-mêmes". Ainsi, il insiste que les libertaires doivent avoir un prise sur le réel, sur les conditions d'exploitation et que finalement...ils doivent apprendre comment transformer les luttes immédiates pour de meilleurs conditions en des luttes pour le renversement de la bourgeoisie et de l'état.

à lire ici : http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1281