2 | 1994
Histoire et théories de l’art
L’histoire de l’art ne saurait être considérée comme allemande ; certes les noms qui jalonnent l’évolution de cette discipline, dont la place dans les institutions universitaires comme dans le champ des sciences humaines est plus assurée dans les pays germaniques que partout ailleurs, sont très souvent allemands. Plusieurs systèmes philosophiques comportent une dimension esthétique à laquelle peuvent se rattacher, dans une démarche légitimatrice, autant de modes d’aborder l’histoire de l’art. Pourtant il est fort difficile d’en déduire une origine strictement nationale. Le nom de Winckelmann sert à juste titre à désigner le point de départ d’une nouvelle approche intellectuelle du devenir de l’art. Avant lui l’Académie allemande de Joachim Sandrart recense dans l’Allemagne du début du XVIIe siècle les artistes illustres. Pourtant on ne peut dénier à Giorgio Vasari dont la Vie des peintres ne se contente pas de raconter des biographies anecdotiques, mais les insère dans un certain nombre de perspectives théoriques, notamment platoniciennes, la qualité d’historien de l’art. André Félibien et Roger de Piles, deux auteurs du XVIIe siècle français qui cherchent des critères d’évaluation et d’organisation systématique des œuvres, ont aussi par leurs écrits posé les jalons d’une histoire.
Les travaux d’Emile Mâle sur l’iconographie du Moyen Age, d’Henri Focillon sur le siècle passé suffisent à montrer qu’au XXe siècle également l’histoire de ‘art a pu connaître des heures de gloire sans rapport avec l’Allemagne ; Encore les positions d’Emile Mâle sur l’art gothique ne sont-elles pas exemptes d’une référence, même très critique, à l’Allemagne de la première guerre mondiale, identifiée à l’incendie de la bibliothèque de Louvain et de la cathédrale de Reims. Les écrits du germaniste et historien de l’art Louis Réau sur l’expansion de l’art français témoignent eux aussi d’un regard de suspicion jeté sur l’Allemagne. L’histoire de l’art n’est pas allemande, mais elle se situe dans une zone de la vie intellectuelle où la relation à l’Allemagne est fondamentalement en question.
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Présentation
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Winckelmann : l’art entre la norme et l’histoire
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Le dialogue des « Tableaux » d’August Wilhelm Schlegel et la conception de la peinture dans le premier romantisme
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Philipp Otto Runge et le paysage. La notion de Landschaft dans les textes de 1802
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Gottfried Semper : la destruction et la réactualisation du classicisme
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La critique de l’historisme par Jacob Burckhardt : genèse et validité
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Alois Riegl (1858-1905). Le culte moderne de Riegl
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Heinrich Wölfflin : histoire de l’art et germanistique entre 1910 et 1925
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Aby Warburg (1866-1929)
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Panofsky et Suger de Saint-Denis
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Carl Einstein : « Toujours à refuser les astreintes d’un milieu déterminé »
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Max Raphael : théorie de la création et production visuelle
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La réflexion esthétique face à l’acte créateur dans la musique germanique du XXe siècle
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La religion de l’art : un paradigme philosophique de la modernité
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Religion de l’art et théorie esthétique en Allemagne
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Description des tableaux de Paris. Deuxième supplément sur les tableaux anciens