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Genre, mémoire et sources

Gender, Memory and Sources

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Publié le mardi 03 septembre 2024

Résumé

Cette journée d’étude engage à se concentrer sur les rapports entre le genre et la mémoire dans les sources. À travers son inscription dans la Structure Fédératrice de Recherche ALLHiS, l’un de ses objectifs est l’analyse des sources. L’objectif est de questionner les représentations de la mémoire et du genre dans les sources au sens large : sources écrites (archives historiques, textes littéraires et juridiques), visuelles (iconographiques, statuaires) et immatérielles (données de terrain ethnographiques). L’intérêt d’une telle étude repose sur la diversité des sources proposées, ce qui permettra d’offrir un panorama sinon exhaustif, du moins varié, de ces sources dans une perspective interdisciplinaire.

Annonce

Journée d’étude jeunes chercheur·se·s 2025 de la SFR ALLHiS – 4e édition

10 et 11 avril 2025 à l’université Jean Monnet, Saint-Étienne

Argumentaire

D’un point de vue historiographique et méthodologique, cette journée d’étude, intitulé « Genre, mémoire et sources », a pour objet la rencontre de deux champs de recherche au centre des débats actuels : la mémoire et le genre. En effet, après les premiers travaux sociologiques de Maurice Halbwachs dans les années 1930 sur Les cadres sociaux de la mémoire et La mémoire collective, une relecture et une application de ce champ de recherche se retrouve progressivement dans toutes les disciplines des sciences humaines et sociales. Ce phénomène conduit T. Späth à parler, pour les années 1980, d’un « tournant mémoriel » qui succède au tournant spatial comme l’illustre les Lieux de mémoire, de Pierre Nora. La multiplication des publications sur ce sujet dans diverses disciplines des sciences humaines et sociales révèle qu’il y a une interrogation croissante sur les processus d’élaboration du souvenir, ainsi que sur leurs rôles et usages politiques, culturels et sociaux, pour toutes les périodes historiques et toutes les aires géographiques. À la suite de nombreux travaux mêlant mémoire et espace, il est apparu central pour de nombreux·ses chercheur·se·s de prendre en compte l’influence de la mémoire et de l’espace dans la construction des genres. Outil d’analyse apparu dans les années 1970 dans les milieux psychologiques et psychiatriques anglo-saxons, le genre prend en compte la différence entre le sexe biologique et le sexe social. Par cette rapide définition on peut deviner l’enrichissement notable des problématiques en alliant les études de genre à celles de la mémoire. L’intersection de telles problématiques s’inscrit dans l’héritage des études culturelles venues des États-Unis, qui ont eu tôt fait de croiser gender et memory studies, comme en atteste en 1996 la première édition de l’ouvrage Gender and Memory de Selma Leydesdorff, Luisa Passerini et Paul Thompson.

L’association des deux termes « mémoire » et « genre » permet d’interroger aussi bien la construction politique et sociale des genres – notamment en portant une attention particulière aux droits et aux devoirs assignés à chacun·e –, l’effacement de certains individus jugés « déviants » et plus généralement « ennemis » d’une nation ou d’un État ainsi que leur résistance pour ne pas tomber dans l’oubli, tout aussi bien que la place de la mémoire et son usage dans toutes les strates sociales. 

Axes de recherche

  • La manière dont la mémoire écrit le genre: si l’on distingue bien histoire et mémoire, les mêler tous deux au miroir des observations qui nous sont contemporaines peut donner lieu à une forme d’anachronisme. Pourtant, l’anachronisme peut être vertueux et permettre au chercheur ou à la chercheuse d’éclairer le passé par rapport à la réception présente qu’il peut en avoir et de mieux saisir le fonctionnement du présent. Cependant, un tel processus n’existe pas sans heurts puisque la démarche mémorielle est à cet égard entièrement dépendante du contexte dans lequel elle s’exerce. À ce titre, il paraît pertinent de l’historiciser au prisme du genre, à travers les sources.
  • Ce que le genre fait à la mémoire : la mémoire n’est pas neutre[1]. Se souvenir est une conduite intrinsèquement sociale puisque cet acte permet de pallier l’absence. La mémoire porte donc la trace du passé, reconstruit en vertu des cadres que nous offre la société. C’est l’ensemble des récits qui sont faits au présent qui orientent la perception de la mémoire passée et peuvent conduire à mettre l’emphase sur certains aspects, ou, au contraire, à en occulter d’autres, expliquant l’existence de mémoires androcentriques dans les sociétés patriarcales, par exemple.
  • La mémoire par les actes : certaines sociétés, à l’instar de celles de l’Antiquité romaine, réfléchissent constamment en termes de modèles passés véhiculant des valeurs centrales. C’est ce que Catherine Baroin nomme la « mémoire du présent[2] » : la distance par rapport au passé est loin d’être aussi nette que pour nous, contemporains, tant il constitut un référent moral absolu omniprésent dans l’espace, les gestes et les discours. Plus largement, cet axe propose de s’intéresser aux différents régimes de la mémoire dans les sociétés anciennes et modernes et les modalités par lesquelles elles enregistrent et utilisent le souvenir d’actes fondateurs.
  • Mémoire et canonisation: que ce soit dans les gender et les memory studies, un constat similaire d’invisibilisation des femmes et des minorités de genre dans les mémoires collectives, ainsi que d’une marginalisation de ces mémoires minoritaires peut être dressé. Cette double dialectique d’effacement est persistante dans les canons, qu’ils soient littéraires ou artistiques au sens large, majoritairement androcentriques et ethnocentrés. Cet axe invite donc à une réflexion sur les intersections entre processus de canonisation et de légitimation mémorielle : comment repenser des canons artistiques inclusifs qui remédient à cette invisibilisation des mémoires des minoritaires ? La canonisation peut-elle être la sauvegarde d’une mémoire collective effacée ?
  • Recension d’un ouvrage scientifique récent qui renouvelle les approches méthodologiques concernant l’association du genre, de la mémoire et des sources, et intégrer cette réflexion dans une bibliographie générale qui mette en avant les évolutions du concept au sein et à travers différents champs disciplinaires.

Conditions de candidature

  • Être étudiant·e en master 2, titulaire d’un master, inscrit.e en doctorat ou être jeune docteur (ayant soutenu sa thèse depuis moins de 5 ans): il s’agit d’une journée d’étude jeunes chercheurse·s dont l’objectif est de créer un espace de discussion pour celles et ceux qui débutent dans la recherche.
  • Rédiger une proposition de communication (300-400 mots) ou de recension d’un ouvrage de recherche paru récemment et qui aborde les thématiques de la journée d’étude (300-400 mots).
  • Rédiger une présentation spécifiant l’université et le laboratoire de rattachement, l’année de master ou de thèse, le sujet de recherche, et les éventuelles publications.
  • Les participante·s sont vivement encouragé·e·s à postuler à deux pour intervenir en binôme, de préférence dans une perspective pluridisciplinaire, voire internationale.
  • Les propositions de communications peuvent être rédigées en anglais ou en français.

Envoyer les propositions de communication d’ici le 1er décembre 2024

à seminaireallhis2025@gmail.com

Les réponses sont prévues pour le 15 décembre 2024.

L’objectif est aussi, à l’issue de cette journée d’étude, de rassembler les communications sous la forme d’articles pour la publication d’un ouvrage collectif d’ici la fin de l’année 2026.

Comité d’organisation et scientifique

  • Adrien Bresson, T.E.R. en langues et littératures anciennes à l’université Jean Monnet de Saint-Étienne au laboratoire HiSoMA.
  • Noémie Cadeau, doctorante en littératures comparées à l’université Jean Monnet de Saint-Étienne au sein de l’équipe d’accueil ECLLA.
  • Blandine Demotz, doctorante études anglophones à CY Cergy-Paris Université, au laboratoire Héritages.
  • Jonathan Raffin, doctorant en histoire romaine à l'université de Poitiers, au laboratoire HeRMA.

Bibliographie indicative

Altınay, Ayşe et Pető, Andrea, Gendered Wars, Gendered Memories: Feminist Conversations on War, Genocide and Political Violence, Londres, Routledge, 2016.

BAROIN Catherine, Se souvenir à Rome. Formes, représentations et pratiques de la mémoire, Paris, Belin, 2010.

BRUIT ZAIDMAN, Louise et SCHMITT PANTEL, Pauline, « L’historiographie du genre : état des lieux », dans Problèmes du genre en Grèce ancienne, Violaine Sebillotte Cuchet et Nathalie Ernoult éds., Paris, Éditions de la Sorbonne, 2019

Downs, Laura Lee, Writing Gender History, Londres, Bloomsbury Academic, 2010.

HALBWACHS, Maurice, Les cadres sociaux de la mémoire, Paris, Albin Michel, 1994.

HOUZÉ-ROBERT, Emmanuelle, « La mémoire n’est pas neutre. Souvenirs de femmes à la Faculté des Sciences et Techniques de Nantes », Travail, genre et sociétés, n° 14, 2005, p. 109-128.

LEYDESDORFF, Selma, PASSERINI, Luisa et THOMPSON, Paul Richard, Gender and Memory, Oxford, Oxford University Press, 1996.

NORA, Pierre, Les lieux de mémoire, Paris, Gallimard, 1997.

POLLOCK, Griselda, Differencing the canon: feminist desire and the writing of art’s histories, New York, Routledge, coll. « Re visions », 1999.

RADSTONE, Susannah et HODGKIN, Katharine éds., Regimes of Memory, New York, Routledge, coll. « Routledge studies in memory and narrative », n° 12, 2011.

RIOT-SARCEY Michèle, « L’historiographie française et le concept de ‘genre’ », Revue d’histoire moderne et contemporaine, n° 47-4, 2000, p. 805-815.

SPÄTH, Thomas, « Au lieu des Lieux, les actes de mémoire. Figuration du passé et pratiques sociales », dans Une mémoire en actes. Espaces, figures et discours dans le monde romain, Stéphane Benoist, Anne Daguet-Gagey, Christine Hoët-van Cauwenberghe éds., Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2016, p. 23-46.

Tamboukou, Maria, Gendering the Memory of Work: Women Workers’ Narratives, Londres, Routledge, 2016.

Notes

[1] La formule est empruntée à Emmanuelle Houzé-Robert, « La mémoire n’est pas neutre. Souvenirs de femmes à la Faculté des Sciences et Techniques de Nantes », Travail, genre et sociétés, n° 14, 2005, p. 109.           

[2] Catherine Baroin, Se souvenir à Rome. Formes, représentations et pratiques de la mémoire, Paris, Belin, 2010.

Lieux

  • Université Jean Monnet campus Tréfilerie
    Saint-Étienne, France (42)

Dates

  • dimanche 01 décembre 2024

Fichiers attachés

Mots-clés

  • genre, mémoire, source

Source de l'information

  • Adrien Bresson
    courriel : graphelabojunior [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Genre, mémoire et sources », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 03 septembre 2024, https://doi.org/10.58079/128ir

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