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lundi 3 novembre 2014

CRM003: Triptides - Going Under / Outlaw (7)

CRM003
Triptides
A. Going Under
B. Outlaw
45 Tours (7') / 500 exemplaires / 21 Décembre 2011 (12/21/11)
Achat / Buy

On continue d'explorer le back catalogue de Croque Macadam à travers la troisième référence du label éditée en décembre 2011. Triptides est un groupe découvert par l'intermédiaire d'une balade sur Hype Machine, tout de suite Étienne me fait écouter, enthousiasmé par sa trouvaille. Il me convertit très vite et il semble évident de devoir les interviewer pour le blog ! Et oui le label n'existait pas encore à l'été 2011 (enfin si, il était en gestation). Après l'interview et surtout l'édition des deux premières références, il a semblé évident qu'il fallait que je sorte ce groupe. 
C'était un 45 Tours des premières fois, pour moi première sortie d'un groupe étranger, pour eux premier vinyle ! Trois ans plus tard Going Under et Outlaw, les deux tubes de l'album Psychic Summer (que j'aimerai rééditer un jour) n'ont pas perdu de leur verve ni de leur magie. Ce sont toujours deux incroyables bombinettes pop absolument irrésistibles. Le son du vinyle (mastering de Mathieu Berthet) est parfait et rend justice à ces deux super chansons. Le tout est pressé sur un très beau vinyle blanc qui fait toujours ma fierté trois ans plus tard ! (AGF)

RIYL: Real Estate, Tennis, Beach Fossils, Shadows, Beach Boys etc.

Depuis quelques mois sévit avec discrétion Triptides, un groupe de l'Indiana tout à fait dans le vent, et encore mieux, avec de vrais bons morceaux dans son baluchon. Quelque part entre Real Estate pour la mélodie détendue du gland et les Beach Boys pour l'entrain repris en chœur, Going Under est par exemple la face A d'un single édité par le micro label de chez nous Croque Macadam. À sourire. (Magic RPM, morceau du jour)

Going Under pourrait très bien être un titre twee de 1986 accéléré et réorchestré par les Beach Boys alors que Outlaw semble vouloir flirter avec le garage, guitare et voix bien plus mâles à l'appui, mais sans jamais vouloir conclure. (Dans Le Mur Du Son)

Vous faire écouter des morceaux pareils en janvier, c’est cruel, vous ne trouvez pas ? Je ne sais pas quel temps il fait chez vous, mais ici c’est gris, froid, humide et triste. Les arbres nus sont secoués par un vent frigorifiant et je suis pas loin de me faire un chocolat chaud. Les Triptides sont un groupe américain qui ne vient pas de Californie, mais de l’Indiana. C’est typiquement une musique facile à décrire donc je vous laisse faire le boulot dans votre tête. Je ne cesse d’être surprise de continuer à apprécier ce genre d’indie-pop, avec ces petites phrases mélodiques déjà entendues – à peu de choses près – des centaines de fois sur des compilations de groupes n’ayant connu qu’un ou deux 45 tours à succès dans les années 60. C’est comme les fraises Tagada, c’est de la friandise, ça se mange sans réfléchir et ça s’abuse avec plaisir. (Le Choix)

Based in the small city of Bloomington, Glenn and Josh are playing a vintage surf rock music. Going Under and Outlaw could have been summer hits in 1967. Whatever, we are happy to warm up today thanks to them. (Vocododo)



jeudi 23 octobre 2014

CRM002: Les Spadassins - EP2 (7)

CRM002
Les Spadassins
A1. Verrine, tu m'assassines
A2. L'Effet que ça Fait
B1. All Your Secrets
B2. This Heart of Stone
45 Tours (7') / 500 exemplaires / 2 Décembre 2011 (12/02/11)
SOLD OUT 

La sortie de la première référence fut une révélation et l'envie d'éditer d'autres vinyles se fit vite sentir. Les Spadassins se révélèrent comme une évidence. Le groupe m'avait totalement emporté sur scène aux Combustibles, un morceau m'avait particulièrement marqué Verrine, tu m'assassines, les textes étaient géniaux, et trois ans plus tard je trouve encore que ce morceau aurait mérité encore mieux. Quand le groupe m'a proposé de sortir leur nouvel EP, je n'ai pas hésité une seule seconde dès que j'ai appris que Verrine en serait ! Le mastering des 4 titres fut confié à François Terrazzoni qui fit un boulot incroyable pour faire tenir les deux chansons sur la face française, on ne cachera pas que L'effet que ça fait fut un peu édité pour des questions de place ! La lacque fut ensuite transportée en métro depuis Parélie dans le XVème jusqu'au studio de Mathieu Berthet (situé à l'époque dans le XIème) pour être expédié au pressage. 
Le 4 titres synthétise tout l'art du groupe, on y trouve une balade rugueuse dans un style proche des Animals (This Heart of Stone), un morceau d'obédience Northern Soul (All your Secrets) et les deux tueries en français déjà mentionnées, entre Nino Ferrer et Booker and The MGs. (AGF)

RIYL: Nino Ferrer, Jacques Dutronc, 5 Gentlemen, Booker T and The MGs, Georgie Fame, Animals, Artwoods etc. 

It's all banged out with feeling and purpose. (Shindig)

Deuxième référence du label indépendant Croque Macadam à qui on souhaite tout le bonheur du monde, Les Spadassins découpent sur cet objet de haute qualité leur attaque sonique en deux temps, le premier en français sur la face A, le second en anglais sur une face B qui n'a rien d'une B-side de remplissage. Quality is here, sound too...Le côté potache des paroles des titres en français (Verrine, tu m'assassines...L'effet que ça fait...) est contrebalancé par une musique influencée dans le bon sens du terme par les défuntes sixties, orgue hammond et riffs de guitares en tête, sur un All your secrets qui rappelle les grandes heures de la soul, avec un air de Ben E. King notamment. (Bandsmachine)

Leur musique, groovy à souhait, s'imprègne efficacement dans le cerveau de l'auditeur, l'invitant à remuer simultanément et  frénétiquement les parties les plus géographiquement éloignées de son anatomie. Si les Spadassins revendiquent haut et fort leurs influences anglo-saxonnes, leurs compositions lorgnent aussi parfois du côté des grands noms de la pop française. Difficile d'écouter Verrine, tu m'assassines sans penser à Jacques Dutronc, avec lequel les Rennais partagent à la fois l'élégance et le sens de l'humour. (J'ai tout lu tout vu tout bu)

La banda muestra otra buena dosis de inspiraciones sesenteras; soul, swing, beat, matices de r&b y todo pasado por un barniz genuinamente francés heredero de Nino Ferrer o Les 5 Gentelmen.
Les Spadassins son ante todo divertidos, algo que tampoco es incompatible con sonar bien y en sus temas lo demuestran, algunos cantados en su idioma natal y otros en inglés. Merecen la pena sus dos trabajos. (Ritmo, Soul y Otros Modernismos)

 

mercredi 22 octobre 2014

CRM001: Les Guillotines - L'Aube / L'Absinthe (7)

CRM001
Les Guillotines
A. L'Aube
B. L'Absinthe
45 Tours (7') / 500 exemplaires / 26 Septembre 2011 (09/26/11)
Achat / Buy

L'envi de monter un label était un loin rêve jusqu'à ce disque. Parti d'un défi avec le groupe (ils enregistrent, je sors quelque chose si les morceaux sont cools), le vinyle est masterisé dans les studios de Mathieu Berthet en juillet 2011 et arrive dans les bac le 26 septembre de la même année. Trois ans plus tard Croque Macadam existe toujours (et il bande encore!) de même que les Guillotines dont on devrait entendre reparler (sur support physique) dans l'année qui vient (2015).
Ces deux morceaux n'ont pas perdu de leur charme ni de leur puissance dans le laps de temps. Ils restent parmi les rares exemples de récente mémoire de garage en français. Seuls quelques autres groupes (Ponctuation, Le Kid et les Marinellis ou Sheetah et les Weissmullers) en font de même. L'Aube est une balade bancale au son twangy, L'Absinthe une charge fuzz en règle qui reste un des grands moments des sets du groupe encore aujourd'hui. (AGF)

RIYL: Les Coronados, Jacques Dutronc, Les Olivensteins, Black Lips, Strange Boys

Soit du garage rock en français dans le texte qui confirme la tectonique des plaques hexagonales. Sur la face A du 45 Tours, L'Aube, on pense à Mustang accompagné par La Femme et reprenant les Dogs. (Magic) 

L'absinthe, plein de fougue et de fuzz tranchante, illumine la face A, L'Aube, plus posée et mélodique, témoigne de la classe de ces jeunes gens.(Rock N' Folk)

What better way to inaugurate your label than with two sides of bone rattling garage rock? I totally love that they sing in French twisting the language of love into some demented freaky thing but still making girls weak in the knees.  This is one blistering single and makes 90% of 7-inch records seem like a waste of precious vinyl. (Finest Kiss

Car la musique des Guillotines est avant tout une musique de l’errance marquée par l’incertitude, la mélancolie et beaucoup de naïveté… Avec ses mots et ses bruits déséquilibrés, en clair-obscur, elle rappelle parfois le visage étrange de la banlieue parisienne. (Hartzine)

Their sound is invigorating, energetic and best of all, fresh and ambitious. When it comes to music, it doesn’t get much better than that. (Styrofoam Drone)


mercredi 5 juin 2013

The Vertebrats - Screaming like a mad Choir (2011)

L'Illinois serait-elle une terre powerpop ? Les Shoes sont de Zion, Cheap Trick de Rockford, Pezband d'Oak Park, et nos Vertebrats de l'ensemble Champaign-Urbana. Ces mecs là n'ont sorti du vivant du groupe qu'un single (autoproduit) et quelques morceaux sur des compilations dont le génial "left in the dark" sur la première Battle of the Garages sur Bomp/Voxx records. Pourtant cet LP composé au deux tiers d'inédits (on retrouve les titres publiés sur les supports mentionnés plus haut) est une tuerie. 

Les Vertebrats pratique une powerpop vibrante aux inflexions garage, un truc élégant et racé, des mecs qui n'ont pas peur de se servir de leur manche pour balancer des salves de guitares bourdonnantes. Il y a de la rage dans leur musique mais une rage maîtrisée dans un entonnoir pour lui donner une force de frappe maximale. On pense aux Bongos ou les dB's, des gens qui pratiquent cette pop moderne et anguleuse en s'appuyant sur des références sixties sans les pasticher. Les Vertebrats ont des étincelles dans les doigts, une envie, une âme. Ils jouent comme si leur vie en dépendait, à fond sans se poser de question mais appuyant bien fort sur les mélodies. Ils n'auront peut être jamais le niveau des références du genre mais ils ont autre chose, s'en foutent, ont la passion et l'enthousiasme.

Screaming like a mad Choir est une compilation de leurs principaux morceaux enregistré en studio, lors de deux sessions (une dans leur ville en 1980-81, l'autre en Californie en 1982), des chansons prévues pour un LP chez les inégalables Bomp. L'association des deux fait rêver. En 12 chansons les Vertebrats balancent autant de mélodies mémorables que de cavalcades sauvages et indomptées. Ils fument de toute part, comme une locomotive lancée à pleine vitesse sur une voix déserte la nuit. Ils respirent la vie de toute leur pores. Capables de brûlots rageurs ( le brillantissime "how come", un orgasme en soit), de subtilité violentée ("robbery" et son usage malin du riff de gloria) ou de chansons pop mémorables ("jackie's gone"), les Vertebrats sont vifs et lumineux.   

Vous pensiez que la powerpop n'était pas pour vous, mais les Vertebrats le seront, dans leur chaudron on trouve de quoi satisfaire les âmes les plus exigeantes, quelque soit leur addiction (punk, powerpop, indiepop, garage). One sera pas surpris que les mecs de Parasol (dirigé par un Velvet Crush) ait pris la peine de rééditer et faire découvrir ce fantastique groupe.




mardi 27 novembre 2012

Interview: Pendentif


En octobre le blog avait pris des couleurs francophones, parmi les groupes que nous rêvions d'interviewer se trouvait Pendentif. On est donc SUPER HEUREUX d'accueillir dans ces pages le groupe bordelais qui avait réalisé un de nos EP favoris en 2011.

Pouvez-vous nous présenter Pendentif ?
Pendentif est un groupe de pop française qui existe depuis 2010, on a sorti un EP en 2011 et enchaîné une cinquantaine de concerts.

Comment est né le groupe ? 
On est surtout une bande de potes, on s'est retrouvés sur ce projet à un moment où certains d'entre nous avaient arrêté leur précédent groupe. On a proposé à Cindy qui n'avait jamais chanté de venir faire des essais sur une chanson que l'on avait composée sans but précis, et on a tout de suite été impressionnés par la façon dont sa voix collait et révélait l'univers de celle ci, le morceau s'appelait pendentif, le groupe était né.

Présentez nous les membres de Pendentif 
Cindy (chant), Benoit (guitare/chant), Mathieu (basse/choeurs), Ariel (clavier/guitare/chant), Jonathan (batterie/choeurs).
 
Êtes-vous dans d'autres formations en parallèle ?
Oui, Mathieu et Benoit jouent dans Middle Class, influencé par l'indé 90's de Yo La Tengo aux Pixies, Jonathan joue dans un projet qui s'appelle Gatha avec également une chanteuse et Ariel prépare secrètement un nouveau groupe.




Vous avez sorti votre premier EP en 2011 sur le label La Bulle Sonore
 
Comment avez vous enregistré ces 4 titres ?
Ce premier Ep a été enregistré à la maison dans nos chambres et nos salons respectifs, on a tout fait nous même, de la production à la conception visuelle.
 
Quels ont été les retours sur ce disque ?
C'est Renaud de la Bulle Sonore qui s'est chargé de la promotion de ce EP sur le net et on a eu d'excellents retours sur les blog spécialisés en France, et un peu partout en Europe, cela nous à permis d'aller au Printemps de Bourges, de trouver un éditeur, de lancer vraiment le groupe donc...
 
Le sortir en vinyle représente-t-il quelque chose de particulier pour vous ?
On est contents d’avoir commencé la discographie du groupe  avec un vinyle. L'objet correspond bien au travail artisanal qui a été fait sur ces premières chansons, il y a une spontanéité et une fraicheur et le format a permis de mettre en avant les visuels et de poser l'univers du groupe. On l'a produit à 500 exemplaires qui se sont bien écoulés et dans quelques temps il aura ce petit coté collector qu'on aime tant lorsqu’on possède le premier vinyle d'un de ses groupes préférés.



Cet été vous avez publié Jerricane
 
Un mot sur le clip ?
Là aussi c'est un objet artisanal, On a fait ce clip en petit comité avec un photographe (Steven Monteau), il est venu avec son Canon 5D et un réflecteur, il avait repéré quelques lieux dans la banlieue bordelaise via GoogleEarth.
Ce qui est marrant dans ce clip c'est qu'il y'a une ambiance très plage alors que tout a été réalisé dans des anciennes carrières en périphérie de l'aéroport et une usine chimique désaffectée. Nous avions fait une listes d'accessoires récupérés chez nous, acheté quelques pétards, et les actions ont été définies de manière instinctive en arrivant sur les lieux. Cela nous correspond bien car on a grandi dans des quartiers périurbains où tu te construis ton univers, ton terrain de jeu avec les moyens du bord. A l'époque on
transformait le centre commercial du coin en skatepark, là on  s'est servi de ces lieux pour mettre en scène notre musique. Ce morceau part d'un jeu de mot peu bête "le sahara ça sert à rien" qui est un pied de nez aux groupes de pop qui jouent beaucoup avec l'univers du désert pour donner de la profondeur à leur musique, et en effet pas besoin de prendre l'avion pour aller au Maroc, en resserrant un peu le cadre derrière l'aéroport on y était déjà.
 
Comment s'est déroulé l'enregistrement ?
Jerricanne a été enregistré dans un studio près de bordeaux donc de manière un peu plus professionnelle, et aussi plus live car sur le 1er EP tout avait été fait sur ordinateur notamment les batteries.
Nous avons travaillé avec un réalisateur qui s'appelle Antoine Gaillet et cette session était également un test pour savoir si ça collerait avec lui pour la réalisation de notre prochaine de l'album.
Nous avons eu un très bon feeling, il a travaillé notamment avec M83, Herman Düne ou François and the Atlas Mountain pour les groupe que nous aimons et donc cela correspond bien à ce que notre musique.
 
Avez-vous enregistré d'autres titres à cette occasion ?
Oui, nous avons surtout enregistré des titres qui était sur le 1er Ep notamment "Pendentif" dont la nouvelle version nous a vraiment plu, avec un coté plus électro et Riviera  qui par contre n'a pas bien passé cette étape live car elle perdait en fraicheur, ce premier enregistrement nous a permis de comprendre que chaque morceau devait être réalisé de manière différente, et que pour certains il ne fallait pas trop s'éloigner de la conception de départ c'est à dire ce coté "bricolé" qui était la marque de fabrique du premier EP.

Quelle évolution voyez-vous entre Riviera et Jerricane ?
Au niveau de la production Jerricane est plus musclée car elle est passée entre les main d'Antoine Gailet, sinon ce sont deux morceaux qui sont dans la même veine.

Vous avez enregistré il y a quelques semaines votre premier album

 
Comment s'est déroulé l'enregistrement ?
On s'est enfermé pendant 15 jours avec Antoine Gaillet dans ce même studio, à la campagne, on a pris le temps d'expérimenter pas mal de choses, enregistré de nouveaux morceaux jamais joués sur scène.
Certains ont même été terminés pendant la session (écriture, arrangements),  on est allé vers des choses plus électro, groovy, basé sur la basse, (sur certaines songs, on est moins dans un enthousiasme collectif : certaines ont été écrites pour la chanteuse (aspect plus sexy)
On a travaillé dans une ambiance détendue avec un gros rythme de travail tout de même…  

Avez-vous déjà une date de sortie ?
non, pas de date exacte, mais il sortira courant 2013
 
Vous venez de Bordeaux, comment y est la scène ?
la scène y est assez dynamique, beaucoup de groupes font parler d'eux en ce moment.

Vous sentez-vous proches d'autres formations (françaises ou non) ?
On a fait quelques dates avec les Cracbooms, François & the atlas mountain, Petit Fantôme , ce sont des groupes qu'on apprécie particulièrement.
 
Est-ce que chanter en français est important pour vous ?
C'est une évidence, nos groupes précédent étaient également en français. On aime bien le chalenge que ça représente car c'est un peu plus difficile à faire sonner. Mais on apprécie pas une chanson pour la langue dans laquelle elle est chantée mais pour l'émotion, le groove et l'enthousiasme qu'elle procure.

Comment écrivez-vous les textes ?
On part de la musique, c'est elle qui va guider les mélodies de chant, on shoot à l'instinct un yaourth en franglais. Quelques mots apparaissent d'eux même et ce sont eux qui vont guider le reste du texte, il faut que ça coule, que ça soit naturel, il ne faut pas que l'auditeur se sente enfermé par les mots comme quand on écoute une song en anglais. Les textes doivent permettre de se laisser aller au groove et de se créer sa propre histoire.

Certains thèmes vous tiennent-ils à cœur ? 
Comme je te le disais on ne choisit pas forcément de thème c'est la musique que l'on produit qui va les révéler.
Sur le nouvel album il y aura une chanson qui s'appelle "Panache" et qui parle d'une free party organisée sous un autoroute à laquelle on a participé la nuit de l'éclipse solaire de 1999, ambiance, dansons une dernière fois avant la fin du monde…
"Ondine" une sorte de funk froide qui aux dire de nos amis fait penser musicalement à Gainsbourg période "Lemon Incest" et "You're Under Arrest", une fille tue son mec pour que leur amour dure à jamais, un classique romantique.
Une chanson dansante "pas encore de titre…" écrite spécialement pour Cindy, où il est question d'un mec qui la désire mais qui n'arrivera jamais à l'avoir.
Et aussi la "Mafia douce", celle qui te taxe par petite touche, on en dira pas plus.
Nous n'avons  pas encore de titre pour l'album mais ça parlera, de nuits, de danse, de rues et d'amour.

Et vos influences musicales ?
En ce moment on écoute plein de choses  : Mac Demarco, Beach House, Tennis, Grizzly Bear, Hot Chip, The Bewitched Hands, Kindness, Damien, Arnaud Fleurent Didier, Mathieu Boogaerts, Lafayette, Paradis, Arne Vizon, Pavement, Toro y Moi, Real Estate, etc.
 
Vos prochaines dates de concert ?
Le mois prochain on joue dans un tout petit club à Bordeaux (50 places) et cinq jours plus tard on joue à l’Olympia (NDR: avec la Grande Sophie le 23 novembre dernier) ! 

Pendentif sera également à l'affiche d'une soirée gratuite à la Flèche d'Or ce jeudi 29 novembre.


mardi 20 novembre 2012

The Cry! - s/t (2012)

Voilà un disque que l'on ne risque pas trop de voir passer dans les bilans de fin d'année. Un petit disque de powerpop comme il en passe de temps en temps, de nouveaux venus de Portland (cette ville est-elle la future nouvelle SF ?), les Cry! . Si la powerpop n'a jamais été un genre rétrograde s'adaptant à son époque sans jamais renier son essence, elle préfère miser sur la spontanéité et de bonnes chansons plutôt que les effets de manche qui séduisent souvent des journalistes musicaux blasés et en recherche d'un truc "nouveau" (qui ne l'est pas tant que ça une fois la baudruche dégonflé). 

Cette humilité on la retrouve dans le disque des Cry! voilà un charmant plaisir que ce disque à la pochette très stylisée édité par le label Taken By Surprise (qui a aussi édité un autre excellent groupe de powerpop: les Mother's Children d'Ottawa). Je ne sais pas comment les mecs voient leur musique, je me doute qu'ils sont conscients qu'ils ne vont pas devenir les nouvelles idoles des filles qui passent dans my super sweet sixteen avec ces 12 titres sur lesquels soufflent pourtant l'esprit de la jeunesse, de la joie de vivre et tout. Ce disque procure beaucoup de plaisir, un plaisir simple et sans arrière pensée, un truc sur lequel on a envie de sourire de se balancer d'un coté à l'autre en rythme, de danser ou sautiller ! Ce disque est en fait une sorte d'antidote aux disques chiants pétris d'intentions pompeuses mais incapable de les assumer. Là les mecs ne revendiquent rien à part des histoires d'amours foireuses, et se contentent de balancer une sauce que l'on connait bien, mais il n'empêche que le plat est très gouteux et on se jette dessus pour s'en resservir. 

Douze chansons et autant de petites vignettes pop balancée avec l'insolence de la jeunesse dans l'ambiance d'une soirée un peu trop alcoolisée. La recette est connue de tous: une base rythmique bien pêchu à la Real Kids, des soupçons de Girls Group (avec plein de ouhou), un trait de merseybeat, quelques gouttes d'innocence 50s et un peu de hargne punk pour rendre le tout un peu plus épicé et consistant en bouche. Moins influencés que d'autres formations actuelles powerpop par le glam (Mother's Children ou Biters par exemple), les Cry! rappelleraient peut être plus les glorieux Exploding Hearts, ou peut être dans leurs délires les plus girls group les Thee Makeout Partys, on peut trouver pire comme patronage non ? En tout cas moi je les trouve vraiment cool ces petits gars, leur album est sacrément chouette. Pas le genre de LP que l'on peut glorifier certes, mais celui que l'on va écouter tout le temps en secret sans le dire aux potes de peur de passer pour une midinette. Pourvu qu'un jour les vraies (midinettes) tombent sur des groupes comme les Cry ! et les propulsent dans une dimension qui leur iraient si bien. Promis bientôt je chronique (ou pas) un disque chiant qui fera bien devant vos invités.




PS: si vous voulez en savoir plus sur la powerpop, écoutez ce chouette podcast consacré à cette super musique, merci à Boris de m'avoir invité pour parler d'un de mes genres musicaux fétiches !

PS2: J'en profite aussi pour remercier très chaleureusement Rock à La Casbah une super émission (et un excellent label) qui m'a donné l'occasion de sélectionner une dizaine de titres (dont évidemment un peu de powerpop comme les Fevers ou les Vertebrats) afin de présenter ce blog et le label

Un grand grand merci donc à Rock à la Casbah et Yummy.

lundi 12 novembre 2012

Acid Baby Jesus - Hospitals (2011)


Slovenly est devenu maître de l'international garage, avec, si j'ai bien compris, des succursales situées un peu partout, des Etats-Unis à la Greece en passant par l'Italie, on est plus du tout surpris de les voir dégotés des garage band exotiques. Les grecques d'Acid Baby Jesus n'est pas non plus né de la dernière pluie acide, les Inch Allah en ont déjà d'ailleurs parlé pour leur cassette autoproduite, c'est là que j'ai découvert le groupe. Depuis, j'ai trouvé les disques, assez longtemps après leurs sorties d'ailleurs chez les copains Born Bad.

A défaut de parler de l'album parce que je suis une grosse feignasse et qu'en ce moment, je me fais une session de rattrapage des formats courts, voici le Hospitals EP sorti en avril 2011. Si j'émets quelques doutes sur le face B, très black lips de seconde division (malgré la bonne blague de l'écho au moment ou le chanteur dit « space », genre d'effet que je pourrais moi même utiliser), la double face A fait bien twister. Hospitals, son riff psychobilly, son rythme binaire et ses saillies fuzz fait son petit effet mais c'est surtout la A2 qui m'emballe. It's On Me transpire le vice et la sueur avec son riff d'ouverture pervers et ses complaintes quasi érotiques en font une chanson saisissante et licencieuse, le genre de trucs qui donnerait de l'eczéma à tout bon catholique.

Le groupe sort bientôt une collaboration avec Hellshovel sur le même label que vous pouvez écouter ici.

mardi 30 octobre 2012

Conjuguons la Pop #25: Mustang A71 (2009) et Tabou (2011)

Mustang on les aime beaucoup depuis leur premier album A71 sorti il y a maintenant trois ans, en 2011 il a été rejoint par Tabou que l'on a évoqué succinctement dans notre bilan 2011, il fallait qu'un jour on chronique ces deux excellents disques ! La tâche n'est pas si facile et je ne sais pas si je rendrais justice à ces disques mais je vous promets d'essayer.

Mustang avant A71 on les pas vraiment vu venir, et puis il y a eu cet album, porté par le single "le pantalon", ça nous a tout de suite interpellé et on s'est jeté sur l'album dès que l'on a pu le trouver (dans notre format favori: vinyle). On attendait du coup avec une certaine impatience son successeur Tabou, le morceau balancé en fusée éclaireur ("la princesse au petit pois") nous a littéralement rendu fou, et même si le reste du disque n'est pas aussi aventurier il s'avère excellent, au moins aussi bon que le premier voir meilleur sur la longueur.

Quand A71 sort le paysage francophone est assez morne, la vague des groupes de rock Naast, Second Sex et Shades s'est tassée après s'être pris une volée de bois vert globalement pas méritée. Cette scène n'a pas eu les chances de faire ses preuves sur la longueur, on l'a tuée dans l’œuf après peut être l'avoir exposée trop intensément trop tôt... Mustang ont retenu la leçon, ils prennent leur temps et essayent de développer une approche musicale originale et personnelle depuis Clermont-Ferrand (et maintenant Paris).Ils ont aussi dans leur rang un fin parolier en la personne de Jean Felzine, probablement une des plus belles plumes dans la pop française de la nouvelle génération, capable d'associer une écriture exigeante sans tomber dans le précieux ou le pédant.

Le texte de "Le Pantalon" est à ce titre une grande réussite, j'avoue ne toujours pas savoir comment comprendre ce texte, au premier degrés ? au second degrés? J'opterai bien pour un intermédiaire entre les deux, une manière de mettre les deux démarches face à leur incohérence. Le tempo du morceau est assez lent, le rythme a un coté un peu désuet de danse de salon interprété par une boite à rythme bancale d'orgue bon marché. La guitare au son très rock'n'roll répond à un synthé antédiluvien. La composition est belle et constitue à mon sens une chansons les plus fortes du groupe cependant elle ne doit pas faire oublier les titres plus uptempo du groupe tout aussi réussis.

"Je m'emmerde" "Anne-Sophie" ou "En avant en arrière" sont parmi mes favorites du groupe, Mustang s'essaie à quelque chose de plus rock n roll (influence évidente du groupe) sans jamais être un pastiche ou revivaliste. On est loin de Brian Setzer, certains trouveront à s'en plaindre, moi je trouve au contraire l'ambition de Mustang plus intéressante, celle de créer un son unique puisant dans un patrimoine "rock" riche mais sans jamais chercher à sonner  à l'identique (ce qui ne m'empêche pas d'adorer des formations très revivalistes aussi !). Mustang ne se revendique de pas grand chose, puisant ses références autant chez Suicide, Kraftwerk (A71 étant l'autoroute qui relie Clermont à Paris), Aphex Twin ("C'est fini" étant une adaptation de ce cher Richard D James) qu'Elvis, Nino Ferrer etc. Je pense que Mustang ne s'offusqueraient pas d'être considérés comme de la chanson française mais je pense qu'ils sont définitivement un groupe de musique Pop privilégiant autant la musique que les textes.

La capacité d'écrire des balades ne sonnant pas cucu-la-praline de Mustang est une de ses grandes forces. Sur le premier album je suis particulièrement fan de "La plus belle chanson du monde", la thématique explore le rapport à l'écriture, un sujet également abordé sur Tabou  à travers la très drôle et cynique "J'fais des chansons".


Tabou se conclut d'ailleurs sur une balade poignante et éblouissante "Où devrais-je aller ?", un piano-voix épuré absolument sublime. Ce genre d'exercice aurait tout pour me laisser froid sur le papier, mais le talent de Mustang arrive à m'y faire adhérer. A vrai dire je connais peu d'artistes capables d'arriver à tirer autant d'un arrangement aussi simple, l'autre exemple qui vient en tête (et qui n'a rien à voir même si je sais que les intéressés ont écouté leurs albums) c'est Big Star où Alex Chilton était capable de déployer avec trois bouts de ficelles des trésors de mélodies pop et des voix à tomber par terre. Mustang a un peu de ça dans cette chanson, un des meilleurs titres pour terminer un disque entendu ces dernières années (avec "paresse" de Mehdi Zannad  en France). 

"Restons amants" qui la précède est également une très belle balade aux arrangements soignés voir ciselés. Tout comme A71 Tabou alterne entre ces titres lents et des morceaux plus uptempo. Dans ce registre "Niquée" ou "Tabou" tirent très bien leur épingle du jeu. Le morceau titre bien que plus produit que ce que l'on trouvait sur A71 a un feeling live et une intensité dont le premier album pouvait parfois manquer. Peut être aussi que le groupe a pris plus de confiance en live? Les synthés très 80s apportent une touche vraiment cool. Comme sur le premier album Mustang s'est faufilé avec une certaine élégances entre influences assumées, sonorités piochées dans l'héritage et une volonté de modernité et d'originalité (sans "forcer le trait" non plus) qui s'exprime peut être particulièrement dans les presque 6 minutes de la géniale "la princesse au petit pois". 

Mustang nous refait le coup de la boite à rythme pré-programmée (que l'on trouve aussi sur "le pantalon" ou "Anne Sophie") dans une odyssée fantastique qui passée entre les mains de Carl Craig ferait de ce titre une infernale machine à danser pour les clubs de house music exigeants, quelque chose s'approchant de son remix d'Angola de Cesaria Evora  . La ligne de basse propulse le morceau, elle a quelque chose d'obsédant, structure le morceau laissant à la guitare un rôle plus souple presque impressionnistes en ajoutant des touches ici et là pour souligner le texte ou la mélodie. Le morceaux me fait aussi penser au superbe "tonight's today" de Jack Penate qui n'a malheureusement pas réédité l'exploit depuis. "La princesse au petit pois" est un morceau ambitieux, il ouvre à Mustang des possibilités que l'on espère les voir explorer dans la suite de leur discographie même si on souhaite aussi qu'ils nous pondent des balades aussi somptueuses que ce que l'on trouve sur A71 et Tabou.



PS: ils ont sorti il y a quelques semaines un EP de reprises choisies chez Gainsbourg, Bashung ou Coutin, plutôt pas mal mais pas aussi décisif que leurs albums. On apprécie quand même sans bouder notre plaisir une belle cover de "chez les yéyés" par exemple.


Mustang - La princesse au petit pois (radio edit)

vendredi 26 octobre 2012

Conjuguons la Pop #22 : interview avec Cracbooms


En ce vendredi 26 octobre nous recevons Cracbooms d'Aurillac. On a aimé leur EP et en live on les a carrément adoré, on espère vite entendre de nouveaux enregistrements! En attendant on les reçoit sur le blog dans le cadre de notre dossier consacrer à la meilleure façon de conjuguer français et musique pop.

Pouvez-vous nous présenter Cracbooms ?
Cracbooms c’est de la pop en français, musicalement inspirée par des sons indés américains ou britanniques. On aime aussi beaucoup ajouter une touche de musiques plus africaines ou caribéennes.
 
Comment est née la formation ? 
En 2008 à la suite d’une soirée arrosée où nous avions décidé d’arrêter le groupe dans lequel nous jouions tous. Je crois qu’il y avait beaucoup de Berger Blanc.
 
Votre nom est-il une référence à Jacques Dutronc ?
Oui c’est exact. On ne revendique pas Jacques Dutronc comme notre principale référence, mais le soir où le nom du groupe a été décidé nous écoutions «Les Playboys ». Nous avions aussi conclu qu’un groupe indé se doit d’avoir un nom super long est impossible à prononcer. Mais « The Crac Boom Hue », c’était un peu trop.
 
Présentez nous les membres de Cracbooms
Clément Warlier est chanteur guitariste. C’est lui l’auteur de nos paroles. Thibaut Plantecoste est le bassiste, Benoît Puechbroussou le batteur, et moi, Jérôme Laporte le guitariste. On est tous copains depuis très longtemps. Les répétitions sont maintenant devenues une excuse pour manger des pizzas et boire des bières ensemble.
 
Êtes-vous dans d'autres formations en parallèle ?
Rien de notable. On a tous des formations imaginaires qui s’appellent « Bato chinois », « Panda », « Vaggues » et « Enjoliveur ». Actuellement on se consacre tous à 100% sur les Cracbooms.

Vous avez sorti votre premier EP en 2011 après un split single en 2010
 
Comment avez vous enregistré ces 4 titres ?
On a enregistré dans notre studio de répétition à Aurillac en deux jours avec notre ami ingénieur du son Paul Sepchat. Il a fait le mixage dans sa chambre la semaine suivante. C’était en août 2011. Ce n’était pas un super été pour nous tous alors nous avions eu pas mal de temps pour préparer ces quatre chansons.
 
Quels ont été les retours sur ce disque ?
Plutôt très bons. A part quelques exceptions de personnes qui haïssent par pur principe et quelques autres qui nous ignore sans raison. Nous étions très contents et confiants pour cet EP, mais les retours ont dépassés nos espérances. Nous sommes très fiers d’avoir eu les honneurs de la revue Magic RPM, de personnes comme Christophe Basterra et de blogs comme Gonzaï. Nous avons touché beaucoup de gens grâce à Internet et il faut remercier les premiers petits blogs qui ont parlé de nous, ce qui a entrainé un vrai effet boule de neige.
 
Le sortir en vinyle représente-t-il quelque chose de particulier pour vous ?
Oui. Pour nous c’est vraiment un objet qui symbolise la musique qu’on aime. C’est le lien le plus direct entre les vieux groupes que nous adorons et la musique que nous aimons aujourd’hui.
 
Sur le split vous chantiez en anglais, comment s'est faite la transition avec le français ?
La transition a été très rapide. Lors de l’été 2010 nous avons arrêté des jouez nos vieilles chansons en anglais pour seulement se concentrer sur celles en français.
 
Qu'est-ce qui vous a poussé à changer ?
Au départ c’est Clément qui avait eu le besoin d’écrire des textes en français. Peut-être avait-il passé beaucoup de temps avec Jean Felzine des Mustang à cette époque. Un jour il nous a montré deux chansons en répétition. Nous les avions essayé en étant très sur la défensive. Mais il est apparu très vite que c’était une évidence de continuer en français.
 
Selon vous, qu'apporte le français ? 
Beaucoup. Déjà un vrai sens et une ambiance à nos chansons. Et puis le fait de jouer des chansons dans notre langue maternelle nous permet de vraiment les posséder, de se dire que ce sont nos morceaux, et de les jouer avec leurs qualités et leurs défauts. Je pense que si un jour nous travaillons sur d’autres projets, ils ne peuvent qu’être en français.
 
Comment écrivez-vous les textes ?
C’est Clément qui les chante et les écrit. Il le fait seul en s’isolant du groupe. Quand il nous les présente nous donnons notre avis, et très rarement nous changeons un ou deux mots. Je crois que nous sommes les premiers fans de son écriture et nous le suivons unanimement.
 
L'EP est-il représentatif de vos sets sur scène ?
Question difficile ! Dans toutes les rencontres faites après les concerts, certaines personnes pensaient voir quelque chose de plus « noisy » et d’autres sont étonnés que ça le soit autant ! Je pense que c’est dans notre nature de jouer fort, vite et sans fioriture. Mais nous prenons toujours soin de garder le sens premier de chacune de nos chansons. Par exemple nous jouons « @soleil » avec le plus de douceur possible et nous enchaînons avec une version très bruyante de « Bato Chinois ». Le mieux c’est de venir nous voir pour vous faire un avis !
 
Vous venez d'Aurillac, comment y est la scène ? Des groupes à  nous faire découvrir ?
A Aurillac nous avons la chance d’avoir un super studio de répétition gérer par une super asso appelée « Love Mi tendeur ». Il y a quelques années plein de petits groupes s’étaient formés mais cela s’est bien calmé aujourd’hui. Il faut dire que c’est plutôt un handicap qu’autre chose de venir d’Aurillac quand on voit le peu de considération que portent nos élus locaux à la musique indé. On a un studio mais pas plus. Par contre il y a des gens qui se bougent vraiment comme les quadragénaires du collectif « Le Mange Disque » qui éditent un fanzine, ont une émission radio et organisent des soirées vinyles où la bière coule à flot. Il y a aussi un mec épatant qui s’appelle Géraud Bastar et qui est impressionnant à voir en live.
 
Vous êtes proches de Mustang, il y a-t-il un esprit propre au centre de la France ?
Je ne pense pas. Si nous sommes proches de Mustang c’est parce que nous avons pas mal trainé ensemble avant qu’ils ne signent chez Sony. Je crois qu’à l’époque ce qui nous a rapproché c’est que nous étions un peu à part de la scène clermontoise très portée sur le rock garage pur et dur, limite sectaire et la folk.
 
Vous sentez-vous proches d'autres formations (françaises ou non) humainement ou artistiquement ?
On adore Pendentif aussi bien humainement qu’artistiquement. Je crois qu’on a une vision assez similaire de la musique et de tout ce qui se passe en ce moment pour nos deux groupes. Artistiquement on aime beaucoup ce que fait François and the Atlas Mountains, le dernier album et tout ce qu’il a fait avant. Petit Fantôme tourne aussi en boucle chez nous. Lors de nos concerts nous avons rencontrés des gens supers comme les All Cannibals de Caen et dernièrement les nancéiens de Capture qui nous ont mis une bonne claque en live.
 
Vos projets ? 
Etre sur la compilation « Éducation française volume 2 » et faire le coming next du grand journal. En vrai nous sommes en train de composer pleins de belles chansons. Nous nous concentrons vraiment à faire quelque chose de parfait. On a vraiment envie de les enregistrer, de les sortir rapidement et de les jouer sur scène.
 
Vos prochaines dates de concert ?
Le 9 novembre à l’OPA Paris. Et normalement deux dates surprises à Clermont et Paris début décembre pour promouvoir un disque de Noël édité par la Coopérative de Mai où nous reprenons « Bons Baisers de Fort de France » de la Compagnie Créole. Pas plus de concerts pour le moment car nous voulons vraiment peaufiner les nouvelles chansons. On reprendra début 2013.

On peut acheter leur 45 Tours sur Bandcamp, et allez les voir en live !



mercredi 24 octobre 2012

Conjuguons la Pop #19 : interview avec Alex des Guillotines


Les Guillotines ont sorti un single sur mon label il y a un an, ils enregistrent ces temps ci de nouveaux morceaux. Ils défendent un garage-rock en français depuis 6 ans et sont en quelques sortes des cousins de Ponctuation ou du Kid & les Marinellis. J'ai le plaisir d'avoir pu discuter avec l'un des deux guitaristes chanteurs: Alexandre.

Salut Alex, peux-tu nous présenter le groupe ?
Salut Alex ! Les Guillotines c’est Marion à la batterie, Samy à la basse, ainsi que Yves à la guitare et au chant, et moi-même, au chant et à la guitare.
Yves et moi, on s’est rencontré à la sortie du lycée ; on voulait tous deux former un groupe de garage-punk, du coup, j’ai pris la basse. Quelques semaines plus tard, on s’est rendu compte que ça fonctionnait mieux avec deux guitaristes/chanteurs, j’ai alors repris la guitare.
Le fait de devenir un quatuor nous a amené à affiner notre son, délaissant l’approche Punk, pour se diriger, petit à petit, vers quelque chose de plus Pop.

Depuis quand existez-vous ?
La première mouture du groupe s’est formée en 2006, avant que Samy ne nous rejoigne en 2009, et Marion est aux fûts depuis Janvier 2012.
Apparemment, nous fonctionnons par cycles de 3 ans.

Vos premières compositions étaient-elles déjà en français ?
Oui, dès le départ, Yves et moi avions l’ambition d’écrire dans notre langue maternelle.

Comment écris-tu dans notre langue ?
Je n’aime pas raconter des histoires ; j’aime insinuer des images directement dans la tête des gens.
Mon délire, c’est que chacun puisse s’approprier  ces « éclairs », selon sa propre expérience.
Souvenirs d’enfance, échecs, doutes ou certitudes.
J’assemble des vignettes autour d’un thème, en essayant d’y mettre ce qu’il faut de personnel, dissimulé sous l’universalité de notre condition.
J’essaye d’écrire, comme d’autres font des puzzles.

Qu’est-ce qui t’inspire pour les textes ?
Je me sers de l’écriture pour mettre un point final aux idées fixes qui peuvent stagner dans ma tête…

Ton style est-il différent de celui d’Yves ?
Yves a un style beaucoup plus verbal que le mien : il utilise plus de mots.
Il aime employer un lexique léché, voir même parfois tombé en désuétude ; ce qui donne à ses textes/chansons, une certaine dimension nostalgique.
J’aime penser que chaque personne à son style d’écriture, conscient ou non, qui est quelque part le miroir de sa psyché.

Ecris-tu d’abord les textes ou la musique ? Comment s’articulent les deux ?
Je pars toujours d’un squelette de quelques phrases et d’une suite d’accord ; j’enrichis ensuite cette base, avec d’autres parties (refrain, pont, outro …).
Une fois que j’ai le plan du morceau, je finalise le texte.

Comment places-tu ta voix, as-tu des sources d’inspiration pour t’aider à chanter en français ?
Pas spécialement, bien que j’apprécie de nombreux groupes ou chanteurs francophones, j’ai plutôt tendance à m’inspirer des anglophones, la façon dont ils mâchent les mots, ou les étirent : ils n’hésitent pas a maltraiter la langue, pour le bien de la mélodie.
J’aime particulièrement les arrangements vocaux des Pixies.

Penses-tu que le français soit compatible avec le rock en général ?
C’est évident ! Il y a eu, et il y a encore, de nombreux groupes qui chantent en français.
En fait, tout est une question de mode(s) : dans les années 60, les chanteurs Yéyé adaptaient des standards anglophones, dans les années 80, la majorité des groupes de rock alternatif chantaient dans notre langue.
Mais depuis les années 90 et le début de la French Touch, la tendance est à l’anglais.
A coté de ça, au Québec, beaucoup d’artistes emploient le Français.

Fais-tu une différence (écriture, composition, production …) entre les chansons que tu destines aux Guillotines, et les autres ?
J’écris toutes mes chansons de la même manière, même si le résultat final est différent.
Seul, j’aime m’entourer de machines en tous genres : synthétiseurs analogiques, boites a rythme, sampleurs …
Je ne vois pas l’intérêt de défendre un autre projet, si c’est pour faire la même chose.

Comment une de tes compositions devient une chanson des Guillotines ?
En l’abandonnant au collectif.
Aucun d’entre nous ne pourrais composer une chanson des Guillotines, seul.

Considères-tu les Guillotines comme un groupe de Garage Rock ?
Je dirais plutôt que nous sommes un groupe de Pop, d’obédience Garage.

Avez-vous l’impression de faire parti d’une scène ?
J’ai plutôt l’impression de faire parti d’une secte !

De quels groupes vous sentez vous proches ?
De tous les groupes qui font de la musique référencée, mais originale, en Français.
Ca me fait plaisir de voir que des groupes comme Aline ou La Femme existent : ils font ce qu’ils ont envie de faire, et ils le font bien.
Nous sommes bien sûr aussi à l’écoute de ce qui se passe ailleurs, et Wavves, The Growlers ou encore les Triptides ont sortis des disques qui tournent pas mal sur nos platines.

Penses-tu que le français influence l’opinion que les gens ont de vous ?
Je l’espère ! C’est un choix artistique majeur, ça définit notre son, au moins autant que notre formation musicale.

Crois-tu que le français soit un frein pour être écouté à l’étranger ?
Je ne pense pas : j’ai déjà écouté du Punk Polonais, par curiosité, ou encore du Rock Brésilien, par exotisme.
On écoute de la musique pour les émotions qu’elle véhicule, pas foncièrement pour la langue employée, même si la compréhension du texte amène une profondeur supplémentaire.

Avec Les Guillotines, vous avez sorti un 45T il y a un an, peux-tu nous le présenter ?
« L’Aube/L’Absinthe » est sortie en septembre 2011, via le label Croque Macadam ; nous avions fait le choix de mettre une balade Pop en Face A, et une chanson plus frontalement Garage, en face B.
 
Avez-vous eu de bons retours dessus ?
Oui ! Sans vraiment nous y attendre, nous avons eu le droit à quelques lignes dans Magic et Rock’n’Folk, et à plusieurs articles sur la blogosphère.
Notre seul regret, c’est de ne pas avoir été pris pour cible par des « haters ».

Peut-on espérer une suite à ce premier simple ?
Nous enregistrons actuellement une dizaine de chansons, pour les proposer à des labels dans le courant de l’année 2013 ; l’objectif est de sortir plusieurs 45T, avant de retourner en studio, probablement pour enregistrer un format plus long.

Vos prochaines dates de concerts ?
Nous jouerons le 29 octobre à l’Espace B, avec les italiens The Barbacans, ainsi que No Whisky for Callahan, puis le 30 novembre avec The Kumari et les Daltons.
Nous espérons vous y retrouver, et avoir l’occasion de présenter de nouvelles chansons !

On peut acheter le 45 Tours sur Bigcartel et aussi bandcamp


L'illustration est de Marion Brunetto (son blog) également batteuse du groupe.

samedi 20 octobre 2012

Conjuguons la Pop #16 : Interview Jesuslesfilles


Nous sommes heureux de pouvoir vous présenter le troisième et dernier groupe québécois que nous avons interviewé pour ce dossier Conjuguons La Pop. Après deux formations de garage-rock super cool (Ponctuation et Le Kid et les Marinellis) on accueille les excellents Jesuslesfilles pratiquant une noisy pop d'inspiration 90s mais pas revivaliste pour autant, un super groupe avec un son unique dans l'univers francophone.

Pouvez vous nous présenter le groupe ?
Dans Jesuslesfilles, il y a une fille et quatre garçons (Azure au chant, Martin au chant et à la guitare, Philippe à l’autre guitare, Guillaume à la basse et Benoit aux tambours). On a/a eu d'autres groupes (Les Vautours, Le monde dans le feu, Ponctuation), et/donc ce projet-là a commencé avec l’intention d’essayer autre chose que le rock garage : c’est un fond qui reste, mais qui a saumuré en masse dans les années 90. Mais on fait pas de grunge.
 
Certains membres de votre groupe jouent-ils dans d'autres formations ?
Martin joue dans Silver Dapple (fuzz pop 90s), Benoit dans Le monde dans le feu (électro-punk karaoké) et Guillaume dans Ponctuation (rock garage de frères)
 
Comment est venu le nom Jesuslesfilles ?
Y avait une toune qu’on jouait au début qui s’appelait Je suis les filles, pis Benoit a mal lu le nom à un moment donné qu’on cherchait un nom de band, pis on a trouvé ça ben brillant sur le coup.


Vous avez sorti Une Belle Table en 2010.

Comment s'est déroulé l'enregistrement ?
Avec nos cennes bien indépendantes, pas de subventions, pis Joe des Breastfeeders, en plusieurs sessions plutôt décontractées. On a tracké du drum pendant deux jours de temps dans le studio des Breastfeeders, pis les guitares, la basse et les voix à temps perdu les soirées et weekends. Le mix a été fait par Jean-Michel Coutu, assisté de Martin. Je veux dire, y a pas d’anecdote.
 
Quels retours avez vous eu sur le disque ?
Des ben bons : La Presse, l’un des plus grands quotidiens du Québec, nous a mentionné dans sa revue de fin d’année (pas pire pour un disque indé), on a aussi été remarqués aux États-Unis (Brooklyn Vegan entre autres), on a été nommé pour le Bucky award de « Best reason to learn French » par CBC Radio 3, et Bang Bang, l’un des principaux médias alternatifs du Québec, demandait, dans sa revue de fin d’année aussi, si « le jeune groupe rock [taillera] sa place dans les annales de la scène locale, aux côtés des Breastfeeders, Navet Confit et autres Wd-40 ? »


 
 Est-il sorti uniquement en digital ?
Non, en CD-R aussi, avec une pochette sérigraphiée qu’on pliait en digipak à la main. On voudrait ne plus jamais faire ça, c’était une tâche du tabarnac.

  
En Mai 2011 vous sortez une split-cassette avec les Peelies. 

Comment s'est faite la rencontre avec les Peelies ?
Dans les escaliers extérieurs de L’Esco (l’immanquable bar rock garage montréalais), Martin fumait une cigarette et Marie-Andrée des Peelies lui en a demandé une et ils se sont dits qu’on devait faire des choses. On a fait un show thématique déguisé sur la fête mexicaine des morts. Pis un split parce que ça adonnait qu’on s’aimait bien.
 
Un mot sur le choix du support (cassette) ?
Joli choix de couleurs, pas cher, c’est le fun peser sur play sur un lecteur cassette
 
Vous chantez en français, était-ce une volonté délibéré dès la naissance du groupe ?
C’est pour être élitiste, pour faire chier les autres francophones qui chantent en anglais ? On se sent bête de chanter en anglais. C’est une langue qu’on parle couramment mais on ne la maîtrise pas comme on maîtrise le français. Et on aime les Wampas. Toi aussi.
 
Un mot sur le chant fille-garçon que l'on retrouve sur la plupart de vos morceaux ?
On peut jouer avec les textures, et ça fait beau.
 
Vos textes sont assez surréalistes, quelles sont vos inspirations en matière d'écriture ?
Les objets en particulier, quelqu’un, mais de moins en moins les filles. C’est pas très surréaliste; post-romantique, peut-être. Ben post.
 
Avez-vous également cherché l'inspiration dans d'autres groupes francophones pour le placement de la voix ?
Le vieux Wampas, un peu, c’est resté, sinon, c’est pour coller à la mélodie, on travaille avec les intonations.
 
Quelles sont vos influences au niveau musical ? 
Le vieux Wampas, The Vaselines, Ty Segall, The Pixies

 
 
À quoi ressemble la scène indépendante au Québec ?
Il y a eu une scène rock garage assez marquée il y a 8-10 ans (Breastfeeders, Caféïne, Demon’s Claws, …), ça nous a marqués. Depuis 2006, à cause de Malajube et Arcade Fire, il y a beaucoup trop d’indie-pop, mais pas de scène indie-pop parce que ces gens-là sont introvertis et adressent leurs sentiments. Depuis 2-3 ans, il y a une scène folk/folk sale assez vivante et festive, aussi, avec Bernard Adamus, Canailles, Lisa Leblanc, Dany Placard, Keith Kouna et d’autres. Sinon, c’est bigarré en genres, et en langues aussi : franco et anglo, deux scènes qui aimeraient communiquer davantage et qui, malgré la volonté sporadique, ont plus ou moins de succès à le faire.
Au fait, vous savez qu’aux Francofolies de Montréal, on chante en français pour vrai ?
 
Quelles sont ses spécificités par rapport à la scène indé canadienne ?
Il y a un son rock/country-rock/indie-rock canadien qui rejoint quelques francophones par procuration, mais c’est aussi endormant que l’indie-pop québécois.
 
Comment y est perçu le français ?
En dehors de Malajube et Karkwa, la majorité des mélomanes canadiens-anglais ne connaissent pas de musique francophone. Pas qu’il n’y ait pas d’ouverture, juste pas de curiosité. Mais l’ouverture est là : on a joué à Toronto et Halifax devant des anglophones et ça a levé (comme ça peut lever au Canada anglais).
 
Et avez-vous de bons retours du coté anglophone du continent nord-américain ?
On a joué 3 fois à New York, devant une centaine de personnes à chaque fois, c’était cool. Et comme on disait, on a eu une mention sur Brooklyn Vegan pour notre album Une belle table, entre autres blogues anglos. C’est notable. Ceci dit, on a quelques fans plutôt fervents en Angleterre. Et on joue à Iceland Airwaves à la fin du mois, et on sait qu’on y est attendus.
 
Quels sont vos projets ?
Iceland Airwaves à la fin du mois, et après on prend une pause pour composer le deuxième album. Ça fait un an qu’on dit qu’on prend une pause pour composer le deuxième album, en fait. C’est un projet, ça.
 
En France, nous ne connaissons pas très bien la scène québécoise, quelques recommandations à nous faire ?
Vous connaissez Duchess Says. Y a aussi le rock garage de Ponctuation, le sludge-synth-punk de Meta Gruau, la fuzzy pop de Silver Dapple, l’indie-rock de Parlovr (ça peut être bon, l’indie-rock ; Parlovr c’est un bon exemple), le garunge de Solids, la folk sale et festive de Canailles, pis tous les bands ici  Forchristsake est un mini-label opéré par Martin et Jean-Michel, le gars qui a mixé notre premier album. 


 

mercredi 10 octobre 2012

Conjuguons La Pop #07 : The Pipers / Marc Desse split 7' (2011)

Parfois on fait de chouettes découvertes chez son disquaire et c'est encore le cas cette fois ci avec ce split single entre The Pipers un américain, et Marc Desse un français (installé là bas?) sur un label US (Bleeding Gold Rcds) issu d'un blog (ça vous rappelle quelque chose?).

La Face A est consacrée à "Moonlight" la contribution de The Pipers, un morceau indie-pop à mi-chemin entre le son post-punk de Joy Division (la lead guitar a vraiment un coté Joy Division / New Order non?) et des choses plus milieu 80s. Le morceau est chouette et plutôt bien fait mais ne m'enthousiasme pas non plus à fond, disons que c'est très honnête mais assez seconde (joy) division (ah ah). C'est pas mal, à voir ce que ça donne sur d'autres morceaux, peut être que je ne suis tout simplement pas assez fan de ce genre de sonorités pour me laisser convaincre aussi facilement que dans des registres qui me seraient plus familiers.

Bien entendu si la B avait été du même bois, il est probable que j'aurais fait l'impasse sur ce disque et que je ne l'aurais pas acheté (même si cette A est pas mal). Sauf que le français Marc Desse, totalement inconnu de mes services, arrive avec "petite Anne" à bien plus me séduire et m'emporter. Ce morceau a une production un peu cheap dans les synthés et la rythmique mais loin de rendre l'ensemble  moche ça donne au contraire un charme bancal et touchant à cette très bonne ritournelle pop, une patine assez proche des premiers travaux d'Aline (alors connu sous le nom de YM) , notamment l'excellent EP qui était sorti chez La Bulle Sonore. Ce titre fonctionne très bien, il est vraiment super chouette, il respire de spontanéité. Du coup j'ai eu envie de creuser le reste de ce que l'on trouvait sur le bandcamp de l'intéressé. Sur (Romance) j'ai retrouvé cette ambiance lo-fi bricolée et des chansons  assez cool, en particulier les deux derniers morceaux.

Dans tous les cas, je vais essayer de suivre les aventures de Marc Desse de près car ce single est vraiment une très bonne surprise en matière d'indie-pop, on peut se le procurer dans un certain nombre de boutiques parisiennes (listées ici) et aussi sur internet chez notre mail-order favori Hands and Arms et via le bandcamp du label US.


mardi 9 octobre 2012

Conjuguons La Pop #06 : Interview Ponctuation


En février dernier, on vous a causé de l'EP "lèche-vitrine" des québécois Ponctuation que nous avions vraiment adoré. Ce sujet a été l'occasion d'aller interviewer les deux frangins par le biais de quelques e-mails, sur leur actualité et aussi leur rapport aux français. Achetez leur EP, il est hyper bien,  il est dispo à Paris chez Born Bad et bien entendu depuis leur bandcamp.

Quels sont vos influences ?
On ne s'inspire généralement plus d'un son ou d'une période que d'artistes en particulier. La musique des années 60's est évidemment incontournable pour nous mais également ce qui s'est fait à NYC et à Manchester entre 1977 et 1982.

Être frères change-t-il votre approche de la musique ?
Oui et non, il ya une sorte d'osmose et une authenticité inhérente à cela mais ultimement nous sommes deux personnes qui font de la musique ensemble. Une chose est certaine, on ne passe pas par quatre chemins pour se dire les... choses.

Le choix du français pour Ponctuation a-t-il été délibéré dès le départ ?
Oui, je ne pouvais plus entrevoir faire un groupe uniquement en anglais. Pour moi, l'authenticité est impérative pour faire de la bonne musique et la réalité est que nous sommes francophones. À quoi bon faire semblant d'être américain?

Avez vous rencontré des difficultés à utiliser cette langue ?
Comme tout bon franco, on est influencé par la scène rock anglophone. On s'est aussi demander s'il était vraiment possible de le faire en français. Par contre, une fois que l'on est arrivé à en faire une en français, on s'est rendu compte qu'il était en fait plus facile d'écrire ainsi puisque l'on est plus en mesure de juger de la qualité du texte.
    
La présence au Canada d'excellents groupes 60s francophones comme les Misérables, Lutins, Haunted vous a-t-elle aidés ?
On a beaucoup écouter la scène 60's Québécoise et Française également. Ça a certainement été un bon point de départ pour nous mais on a voulu aller plus loin. Notamment au niveau des textes, on s'influence plutôt d'auteurs Québécois contemporains. Stephane Lafleur du groupe Avec pas d'casque est un bon exemple.

Quel rapport entretiennent les groupes québécois avec la langue française ? 
Étant entouré d'anglophones en Amérique, les auteurs/compositeurs québécois sont peut-être plus sensibles au fait de défendre leur identité francophone dans leur musique qu'en France par exemple. Il y a malgré tout beaucoup de francophones ici qui ne conçoivent pas faire du rock en français. Certains penses que de chanter en français pourrait leur empêcher de jouer devant un publique Anglophone. Rien n'est plus faux. Chanter en français ne nous a pas empêcher de jouer aux États-Unis et dans le Canada anglais. Cela nous a même aidé à le faire.

Pensez-vous qu'il soit différent de celui que nous avons en France ?
Comme je disais plutôt, il ya la question de l'identité qui est différente ici mais malgré tout, j'imagine que ça doit se ressembler.

Comment la langue est-elle perçue au Canada dans la musique ? et à l'étranger ?
Ce que j'ai pu observer en jouant au Québec et ailleurs c'est que finalement, les gens veulent de la bonne musique fait de façon authentique. Peu importe dans quelle langue elle est chantée. Cessons d'agir en réaction constante à ce que font les américains. :)

Comment voyez-vous l'évolution de la scène québécoise ?
Je pense que l'on est à l'aube de quelque chose présentement. Il y a une effervescence actuellement autant à Québec qu'à Montréal et il me semble que pour la première fois, la scène anglophone et francophone se mélange. Les années 60 et les années 90 ont été très importante dans l'histoire de la musique Québécoise et quelque chose me dit que les années que nous vivons actuellement seront du même ordre.


Avez-vous  eu de bons retours sur votre EP "Lèche-Vitrine" ?
Oui vraiment. Les critiques ont été pas mal unanime, au dessus de nos attentes!

Comment l'avez-vous enregistré ?
Faute d'argent, nous l'avions enregistré nous même avec peu d'équipement dans la maison de nos parents.

Avez-vous des sorties de prévu ?
Nous sortons un split avec « Le monde dans le feu » sur flexi disque au mois de novembre et nous entrons en studio pour faire un album complet au mois d'octobre. Nous enregistrons sur ruban à Hotel2tango à Montréal, studio ou ont enregistrés notamment King Khan et les Spaceshits. On a vraiment hâte. L'album devrait sortir sur 12 pouces ce printemps.

D'autres projets ?
Pour ma part, (Guillaume) je joue maintenant de la basse dans Jesuslesfilles et je travail sur un autre projet avec Jean-Michel du groupe de Québec Leafer.

En France, nous connaissons assez mal la scène canadienne, quelques recommandations à nous faire? 
En vrac :
Jesuslesfilles
Le Kid et les Marinellis
Les Babalooneys
Cobrateens
Solids
Cousins
Leafer
Le monde dans le feu
Buddy Mcneil & the Magic Mirrors


dimanche 7 octobre 2012

Conjuguons La Pop #05: Mehdi Zannad - Fugue (2011)

J'ai découvert Mehdi Zannad à l'époque de son second album par l'intermédiaire de Tahiti 80 dont il assurait la première partie (à la flèche d'or!). A l'époque il jouait sous le nom de Fugu et avait sorti un très chouette disque de pop en anglais pour lequel on peut tracer une filiation avec les normands dans la défense d'une certaine idée de la musique. 6 ans après ce second album le revoilà avec un troisième album en l'espace de 17 ans d'activité discographique (premier 45 tours en 1994!), le second chez Third Side Records.

Petite nouveauté, Mehdi abandonne Fugu pour reprendre son nom, cependant le titre de l'album (Fugue) est un clin d’œil permettant une transition en douceur entre les deux. Ce choix n'a pourtant rien d'anodin, en plus de reprendre son vrai nom Mehdi a choisi de passer de l'anglais au français, une option courageuse et relativement risqué pour quelqu'un qui a construit sa carrière en proposant une pop anglophile raffinée, ce choix m'évoque en tout cas un besoin de ne plus se cacher et d'assumer encore d'avantage ce que l'on est. Adeptes de Fugu rassurez-vous: Mehdi n'a pas oublié ce que l'on aimait chez lui, on retrouve sa grâce mélodique inimitable.

Fugue est particulièrement ramassé et compact, 10 chansons seulement. L'album s'écoute d'une traite en moins d'une demi heure, comme si Mehdi avait souhaité aller à l'essentiel, l'essence même, ne pas s’embarrasser de fioritures pour ne pas noyer son propos mais au contraire le rendre le plus clair, le plus éclatant possible. La production assurée par Pédro et Xavier est élégante, elle ne fonce pas dans un modernisme à tout crin mais ne se contente pas non plus de délayer des recettes trop évidente. Elle fait preuve de quelques fantaisies bien venues (les synthétiseurs de "l'Aéroport") sans jamais tomber dans le caricatural. Fugue est un disque soigné dans les détails des chœurs jusqu'aux roulements de batteries. La voix de Mehdi peut surprendre en français notamment quand elle part dans les notes hautes ("écoute") mais une fois l'effet de surprise passé elle prend ses aises et glisse sur la musique. Les textes signés Serge Bozon sont plutôt réussis, ils oscillent entre l'excellent (la simplicité de "paresse" ou "l'aéroport") et le plus étrange (j'ai un peu de mal avec les textes sur "le tableau" ).

Parmi les temps forts de ce disque très équilibré et réussi je retiens particulièrement "l'aéroport"  "au revoir" "l'Allemagne" et "Paresse" "L’Aéroport" est un des titres les plus accrocheurs du disque, il est évident et fonctionne très bien, de la production jusqu'aux paroles l'ensemble est cohérent, il aurait fait un très bon single à mon avis. "Au Revoir" ira directement au cœur (chœur ah ah) des fans de pop travaillée, les changements de rythmes sont super, et surtout il y a ce pont magnifique où la voix de Mehdi se démultiplie dans une cascade d'harmonies cristallines. "L’Allemagne" est un titre initialement conçu pour la BO du film de Serge Bozon "La France", dans cette version retravaillée il prend parfaitement place dans Fugue. L'album se clôt sur mon morceau favori "paresse". Cette chanson est brillante, un souffle épique la parcourt sans jamais la plomber, au contraire les arrangements orchestraux sont utilisés avec finesse et juste ce qu'il faut d'emphase pour porter l'ensemble vers un zénith pop. Mehdi y déroule une superbe composition, limpide et sans maniérisme, une superbe réussite et probablement une des meilleures façons de terminer un album, "paresse" est magnifique, le genre de chansons que l'on a envie de réécouter encore et encore.

Fugue est un disque qui aurait mérité l'année dernière de faire parler un peu plus de lui, Mehdi y a mis tout son cœur et son art, et nous a fait un superbe album qui tutoie plus d'une fois les sommets pop.


Mehdi Zannad - Paresse

On peut acheter ce super album en vinyle sur le site de Third Side.