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lundi 3 septembre 2018

Achats Récents #20 post-disco/funk/boogie


The Ritchie Family est un trio féminin de chanteuses originaires de Philadelphie. Le groupe est surtout une création des seuls et uniques Jacques Morali et Henri Belolo: au milieu des années soixante dix les français s'intéressent au disco et montent cette formation de toute pièce en castant trois chanteuses. The Ritchie obtient ainsi un énorme succès avec une reprise de Brazil extrait d'une comédie musicale. Le duo français par la suite formera... les Village People ! Au début des années 80 le disco est en perte de vitesse et les producteurs français confient la destinée de The Ritchie Family à un autre duo européen: le Français Jacques Fred Petrus et l'Italien Mauro Malavasi alors au sommet de leur carrière avec des projets comme Change et BB&Q Band. J'avais toujours vu Ritchie Family comme un groupe euro-disco cheesy (et je pense que ce n'est pas nécessairement faux sur la première période) mais en tombant sur youtube (hé oui découvert grâce aux algorithmes...) sur I'll Do My Best j'ai pris une petite claque. Ce morceau est super élégant, la production somptueuse. Encore une fois, impossible de ne pas ressentir l'influence de Chic chère au duo Petrus-Malavasi mais prolongée dans une perspective définitivement plus 80s (le morceau est de 1982): tempo plus lent, basse funky synthétique, arrangements subtiles et presque aériens. Pour ne rien gâcher, le 45 tours est vraiment facile à trouver, une semaine après avoir découvert le morceau je l'achetais en vinyle pour une somme dérisoire. Quand on commence à avoir beaucoup de disques, il est rare d'avoir encore ce genre de surprise. La version 45 Tours est un édit bien fait de la version 12 pouces ci-dessous.


Les Whispers, groupe de soul de Los Angeles, ont déjà été évoqués sur ce blog à travers un excellent morceau de 1970. Comme je le mentionnais à l'époque, la formation est surtout connue pour sa production de la fin des années 70 - début quatre vingt et notamment le fameux And The Beat Goes On. Ce morceau est tellement connu que rien qu'en citant le titre vous devriez entendre la mélodie. De la même époque mais un chouïa moins connu (mais ça reste un énorme standard): It's a Love Thing. Que dire sur cette chanson ? évidente, classique, certes... mais cela reste une énorme balle avec un groove hallucinant. Un petit mot sur le label SOLAR (pour Sound Of Los Angeles Record), je pense qu'il contribue à définir le son de la première moitié des années 80 en matière de dance music/ R&B/disco. Fondé en 19 par Dick Griffey, un collaborateur de l'émission Soul Train, le label californien enquille les classiques dans la première moitié des années 80 avant de décliner. Parmi mes favoris citons Dance With You de Carrie Lucas, Friends de Shalamar ou Midas Touch de Midnight Star.  


J'avais tendance à associer Evelyn Champagne King surtout à son classique disco Shame découvrir Love Come Down , un autre de ses grands tubes (avec aussi I'm in Love) a été un petit choc. Cinq ans sépare les deux morceaux et ils tracent assez bien les évolutions de la musique disco/r&b sur la période. Love Come Down est une merveille de précision associant une production très synthétique (boîte à rythme, basse funky au moog, claviers...) à un groove destructeur. Love Come Down est un vrai marqueur de son époque et du virage fait par la dance music dans les 80s. Il consacre aussi son producteur: Kashif, malheureusement décédé en 2016 à quelques semaines d'intervalles d'un autre grand de la dance music (Rod Temperton).  


Il était trop tentant d'évoquer Rod Temperton juste après Kashif. Le musicien anglais se fait connaître avec le groupe Heatwave, auteur notamment de l'immense classique Boogie Nights qui fait parti de mes morceaux disco favoris. La formation contribue à l'émergence d'une scène au Royaume Uni connue sous le nom de Brit Funk, il est très probable que je revienne là dessus un jour prochain si j'ai le courage de m'y mettre ! Revenons à notre 45 tours. Il est donc écrit par Rod Temperton pour Quincy Jones avec Patti Austin au chant. Razzamatazz est extrait de l'album The Dude comme un autre classique de Quincy: Ai No Corrida. Même si cette dernière a eu plus de succès, j'ai une préférence nette pour Razzamatazz et je pense que Rod Temperton n'y est pas étranger. Elle évoque un autre classique du compositeur anglais (Give Me the Night de George Benson) avec quelque chose de plus élégant, notamment ce refrain sur le fil des plus aristocratiques. La paire Rod Temperton/Quincy Jones est une dream team du début des années 80. Les deux collaborent en effet sur deux albums de MJ (Off The Wall et Thriller) mais aussi sur Light Up The Night le classique des Brothers Johnson (porté par le single Stomp co-écrite par le Britannique avec le groupe et produite par l'Américain) . 


Chemise était un couple à la vie: Ricki Byars et Ronald Muldrow. Les musiciens, surtout de de jazz (Ricki Byars a chanté avec Pharoah Sanders par exemple), ont sorti un unique single sous ce nom en 1982. She Can't Love You est particulièrement intéressante dans sa manière de placer la basse par rapport à la rythmique avec un léger décalage créant un groove très particulier et cool. L'ensemble est à la fois très dansant mais avec une petite pointe de mélancolie. La production est également captivante: un poil plus lo-fi et moins ample que celle des 4 autres morceaux de cette sélection par exemple. 
 

jeudi 30 août 2018

Achats Récents #18 disco/soul/funk

Suite des achats barcelonais avec une spéciale disco/soul/funk. J'ai essayé, avec les disques choisis, de tracer en filigrane l'évolution de la musique soul entre le milieu des 70s jusqu'au début des années 80. Ces achats sont assez représentatifs de mes obsessions du moment, en particulier pour le R&B du début des 80s qui fusionne les rythmes disco à l'instrumentation P-funk (ou quelque chose approchant...). Je m'étais déjà intéressé à la question mais d'une manière peut être un peu superficiel, en tout cas j'ai eu envie de m'y replonger cet été et ce fut l'occasion de découvrir énormément de disques voir de producteurs. Vous pouvez aussi checker ma playlist pour Section 26 dans un registre moins dansant et plus luxuriant...


First Choice est un girl group de Philadelphie. Nous avions évoqué ici le groupe il y a fort longtemps (plus de onze ans !). Smarty Pants est un excellent single de 1973 produit par Stan Watson, pièce importante du puzzle Philly Soul en tant que co-créateur du second grand label de la ville (après Philadelphia International Records): Philly Groove. Si ce disque est sorti sur Bell (qui distribuait le label), le rooster comprenait notamment First Choice ou les Delfonics. En regardant les crédits d'écriture, nous pouvons constater la présence d'une autre figure clef du son philly en la personne du guitariste Norman Harris. Ce dernier fut un des membres d'origine de MFSB, le backing band de la plupart des disques de Philly. Comme l'arrangeur/vibraphoniste Vince Montana Jr. (et le groupe First Choice suivra aussi cette migration de label) , Norman Harris fera parti de l'aventure Salsoul et de son orchestre. En creux se dessine l'évolution de la musique soul des 70s. Alors que Philadelphie a créé le son disco en substance (il suffit d'écouter Love Train) notamment grâce à la fabuleuse assise rythmique constituée par Earl Young (batteur) et Ronnie Baker (basse), Salsoul s'impose comme un label majeur du genre grâce aux transfuges de Philly. Smarty Pants est en tout cas un parfait exemple du son de Philadelphie: production soyeuse, mélodies élégantes, rythmique binaire parfaite pour danser. De la pure dentelle capable d'associer l'efficacité d'une bonne chanson pop à des arrangements exigeants.



Nous sommes 4 ans plus tard en 1977 en pleine fièvre disco. The Emotions est un autre girls group mais de Chicago, un trio composé autour de la famille Hutchinson. Après avoir publié plusieurs albums pour Stax, le trio est signée par CBS qui envoie le groupe entre les mains de Maurice White et Charles Stepney.  Les deux ont un CV plutôt dingue et sont des noms que vous croiserez souvent si vous vous intéressez aux productions soul de Chicago des années 60-70. Stepney se fait connaître en créant avec Marshall Chess (fils de Léonard, le fondateur de Chess) le groupe Rotary Connection duquel émergera Minnie Ripperton. Il a produit son classique Les Fleur tout comme California Soul de Marlena Shaw... Au milieu des seventies il s'associe à une autre figure de l'ombre de la soul de Chicago: Maurice White. Membre du trio de Ramsey Lewis qui remplace Young & Holt, il fonde par la suite Earth Wind and Fire. Ensemble les deux produisent Flowers pour les Emotions en 1976, le premier succès du groupe depuis 1969. L'année suivante White rempile pour un nouvel album sans Stepney, celui-ci étant malheureusement décédé entre temps. Rejoice explose les compteurs (#1 R&B, #7 Pop aux USA) et devient le plus grand succès du groupe. Cette performance est certainement due à Best of My Love qui s'impose comme un des grands classiques de son époque. Le morceau écrit par White et Al McKay (un autre membre d'EW&F) est tout simplement irrésistible. 



Skyy est un groupe de New York signé sur Salsoul, l'un des labels les plus emblématiques de la vague disco. Skyyzoo publié en 1980 est représentatif de la dance music après la fièvre disco. La disco a littéralement balayé tout sur son passage et créé une percée inédite dans le mainstream pour la musique R&B. Le retour de bâton fut terrible mais permit au boogie d'émerger au début des années 80. Le R&B retrouva ainsi des couleurs en renouant avec ses racines sans renier non plus la disco. Si le beat binaire est conservé, il se fait un peu plus lent et langoureux, les instrumentations perdent en cordes chantilly ce qu'elles gagnent en synthétiseurs. Ce morceau quoi qu'encore très disco a pour lui une orchestration plus aéré, plus marquée dans le bas du spectre (basse très en avant) et moins agressive dans les aigus que la plupart des standards disco. On pense évidemment à Brass Construction ou BT Express: la présence de Randy Muller n'y est pas totalement étrangère puisqu'il co- produit le morceau avec Solomon Roberts Jr. .


Instant Funk est un groupe originaire du New Jersey mais leur histoire corrobore celle de First Choice: après avoir été backing band pour les O Jays (entre autre) et sortis des albums sur Philadelphia International Records, le groupe rejoint Gold Mine (le label de... Norman Harris) puis Salsoul. Ils ne sont pas les seuls: Bunny Sigler qui produit ce disque fut également une figure de la soul de Philadelphie ! Give It To You Baby paru en 1982 est un morceau au groove implacable. Sans être une évolution majeure par rapport à Skyy, on notera la présence plus marquée de synthétiseurs.


Finissons cette session par un autre disque de 1982: Dance Floor de Zapp, groupe de l'Ohio. Zapp c'est génial, Roger Troutman est un génie de la Talk Box (ce que l'on prend souvent pour de l'autotune ou du vocoder). Les deux premiers albums sont des classiques. Dance Floor est d'ailleurs le single majeur du second album et sans atteindre la perfection de More Bounce To The Ounce il s'en rapproche sérieusement. Il est assez intéressant de comparer ce disque à celui d'Instant Funk. Si Instant Funk venait d'un background plus soul/disco, Zapp a un son nettement plus funk. Le tempo est plus lent et lourd, l'instrumentation encore plus synthétique. La filiation la plus évitent me semble ici être le P-Funk de Parliament (Clinton et Bootsy ont d'ailleurs produit le premier album de Zapp), son qu'il prolonge dans une perspective encore plus épuré et synthétique.


mardi 27 décembre 2016

D-Train "You're the one for me"

Si le blog est un peu plus porté sur la musique rock, la musique soul (sous toutes ses formes) y a été régulièrement présente depuis les débuts. L'une d'entre elles mérite que l'on s'y arrête en cette fin d'année 2016: le Post-Disco. Le terme évoque une forme de télescopage entre Post-Punk et Disco: il n'en est rien, le post est ici à entendre littéralement comme dans Post-Punk à savoir ce qui vient après. Le Post-Disco est ainsi un terme assez fourre-tout qualifiant la dance-music 80s issu du R&B, de la Soul, du Disco et du Funk... 

La soul dans les années soixante dix connaît de nombreuses évolutions. Elle est marquée par l’émancipation de figures très importantes comme Stevie Wonder, Marvin Gaye ou Curtis Mayfield. Le funk de James Brown développe en parallèle un discours militant affirmant la fierté noire (I'm Black and I'm Proud). Philadelphie n'emprunte pas la même voie: elle s'intéresse au son créant une soul luxuriante et très arrangée, héritière de la Motown. Le disco puise particulièrement dans cette dernière orientation y ajoutant une sensibilité plus prononcée pour la danse, peut-être issue du funk, et en la rendant encore plus pop et donc acceptable pour le public blanc. Le succès est massif mais ne dure que quelques années, le retour de boomerang est très douloureux. Le disco suit en quelque sorte un parcours comparable au punk contemporain avec toutefois une ampleur plus grande encore (le punk ne devient pas mainstream aux USA contrairement au disco)... Les deux styles disparaissent avant même que les années 80 mais marquent la production musicale dans son approche. Le disco contribue à installer la figure du DJ:  ces derniers testent les nouveautés que leurs apportent les labels dans un nouveau format créer à leur intention: le Maxi 45 Tours. Ce support permet de créer des édits destinés au dancefloor plus qu'à l'écoute domestique avec une qualité de son supérieur à celle d'un 33 tours. Le format est par la suite repris par l'ensemble de l'industrie mais reste avant tout le support de choix de la Dance Music. Ainsi de la House en passant par la Techno ou le Hip Hop, le Maxi 12 pouces sera, jusqu'au tournant des années 2000, la dimension reine. 

Le Post-Disco intervient donc après l'expérience malheureuse disco: les producteurs se tournent vers un son plus underground et embrassent les nouvelles technologies disponibles. Les arrangements grandioses orchestrales de la Philly sont peu à peu remplacé par un son plus synthétique issu des premiers polyphoniques aux prix accessibles.  Le marché est plus petit et éclaté dans de nombreuses niches, les majors ayant déserté la place, les indépendants se taillent la part du lion avec notamment des labels comme Prelude. Protégée des prédateurs, la dance music développe ainsi un son unique et multiple. Le Post-Disco recouvre ainsi nombre de styles depuis le P-Funk de George Clinton, jusqu'à l'Italo-Disco en passant par le Boogie et bien sûr le renouveau du Funk dans une version très différente de la décennie précédente. Ces années de recherches et de créations ouvre largement la voie à la House de Chicago, le reste est histoire...

Pour toutes les raisons évoquées au dessus il n'est guère aisé de définir un son post-disco, cependant notons quelques traits saillants: des orchestrations moins acoustiques et plus électroniques, des tempo plus lents, une approche plus underground et moins pop, un retour aux racines de la musique noire sans perdre de vue la notion de dancefloor... D-Train est très représentatif de cette approche, notamment sur le sublime classique You're The One For Me. James D Train Williams s'y impose comme un grand chanteur de soul: sa prestation vocale fantastique y est poignante et intense. La production de Hubert Eaves III n'est pas en reste: basse funky au prophet 5 de Sequential Circuits, accords de piano disposée avec parcimonie, pêches de cuivres analogiques futuristes, groove mécanique et robuste. You're The One For Me synthétise ainsi 30 ans de musique noire et annonce du même coup une partie des 20 suivantes.

mardi 23 février 2016

Heaven 17: TB or not TB

Dans le dernier Trax, deux pages étaient consacrées à la mythique Roland TB303, l'un des instruments électroniques les plus fondateurs de la house et techno au même titre que les TR808/909. Produite entre 1982 et 1983 cette bassline à destination des guitaristes pour répéter (et produite en même temps que la TR606) fut un énorme échec commercial... Le son irréaliste, le séquenceur très particulier furent probablement les principales raisons de ce sabordage économique pour la marque culte japonaise. Pourtant, l'instrument après avoir fait le bonheur des soldeurs, se retrouva entre les mains de quelques mecs géniaux et désargentés de Chicago (Phuture: Herbert J, Spanky et bien sûr DJ Pierre) qui inventèrent l'Acid House ! Ce séquenceur mal-fichu (et ses capitales fonctions "slide" et "accent"), ce son résonant absolument démoniaque (merci le filtre très particulier de la bécane: un passe-bas avec une pente de 18 dB) furent alors les guides d'une résurrection spirituelle et psychédélique...

Si "Acid Tracks" est le morceau fondateur de l'Acid House ("I've lost control" de Sleezy D peut lui contester le titre!), beaucoup d'amateurs considèrent que "Ten Ragas To A Disco Beat" de Charanjit Singh comme peut-être l'exemple le plus probant de proto-acid house. Publié en 1982 selon la plupart des sources (discogs indique néanmoins 1983 ce qui aurait son importance comme on va le voir), c'est en tout cas une écoute intrigante  à défaut d'être si excitante que ça (désolé mais ça reste très kitsch non?). En tout cas, si la TB303 n'a pas marqué au départ la musique pop comme le Jupiter 8 ou la LinnDrum (qui étaient littéralement partout) je relève malgré tout quelques usages dans des tubes de l'époque, deux de 1982 me semblent particulièrement notables: "Rip it Up" d'Orange Juice et "Let me go" d'Heaven 17. J'aurais tendance qu'ils précèdent au niveau sortie "Ten Ragas" mais ils sont en revanche plus pop et classique dans leur usage du petit synthé de Roland (et donc techniquement moins proto-acid house !). Les écossais d'Orange Juice dégaine ainsi un de leurs plus grands singles avec une basse absolument fantastique programmée sur la petite boite argenté qui évoque curieusement "Chameleon" d'Herbie Hancock (qui n'a pas été programmé sur une TB303 évidemment). Autre usage dans un tube pop, les britanniques d'Heaven 17 et leur classique "let me go". Ce groupe fondé par deux ex-Human League (Martyn Ware et Craig Marsh) et Glenn Gregory au chant utilise ainsi la TB303 comme un gimmick tout au long du morceau, son usage s'apparente alors d'avantage à une séquence électronique comme pourrait en proposer Kraftwerk (une de leurs grandes influences même si ici déjà plus diluées que dans leurs premiers disques). Cet élément acide et presque menaçant tranche avec une production électronique soyeuse (pas si éloignée que ça d'ABC) et une composition qui une fois joué au piano pourrait tout à fait prétendre être un classique soul. Heaven 17 ont ainsi su trouver un équilibre entre pop et expérimentation en enregistrant ce classique absolu de la synth-pop. Enfin terminons ce petit texte sur les usages pop de la TB303 dans les années précédents la house en mentionnant l'incroyable "program for light"  de Section 25 (un groupe de Factory Records) de 1984: ce morceau sans être tout à fait de la techno (ou de la house) en prend dangereusement le chemin: instrumental, abstrait, mental et vrillé. Moins cité que "looking for the hilltop (megamix)" il est pourtant plus élégant et fin. N'hésitez pas à citer d'autres morceaux utilisant une TB303 dans ces années là (82-85) !

dimanche 6 juillet 2014

45 Tours français (3): Roxette - Natacha (1982)

Roxette Natacha / Tout, Tout, Tout (pour les petits vietnamiens) 1982

Roxette est une formation grenobloise ayant édité deux 45 tours entre 1982 et 1986, le premier sur KO Records et le suivant chez Tarass Production.

Mettre en avant une reprise est toujours un choix risqué ! Cette Natacha là est une relecture du classique écrit part Henry Glover et Morris Levy pour Joe Jones mais surtout connu à travers la version surfarfisa des Rivieras. Nous ne saurions dire laquelle des deux avaient en tête nos Roxette à l'enregistrement, peut-être plus simplement ont-ils usé leur disques punque des Ramones et Dictators ? Natacha tire malgré tout son épingle du jeu, le texte n'y est d'ailleurs pas étranger. On imagine bien volontiers une jeune fille éconduire un prétendant de la sorte. L'amoureux se saisit de sa guitare et tient sa revanche, joyeuse et exubérante ! Dans une esthétique punk, powerpop, mod revival cette version est aussi endiablée que maitrisée dans sa production. Le solo de guitare est concis et gicle comme le bouchon d'un magnum de champagne en boite de nuit. Les compilateurs des powerpearls et shake some action ne s'y sont pas trompés en glissant nos grenoblois dans leurs séries respectives ! Tout Tout Tout (pour les petits vietnamiens) est une composition originale du groupe (signée Guadaloppa-Minelli) d'excellente facture et tout à fait cohérente avec l'autre face de ce charmant 45 tours. Le texte est encore une fois tout à fait amusant, un petit cousin d'Et Moi Et Moi, Et Moi quand la musique évoque The Lambrettas ou The Jags. Ce titre mériterait tout autant que la face A d'avoir les faveurs des amateurs de pop mélodique et nerveuse.

Le groupe signe 4 ans plus tard un second 45 tours, un peu moins réussi mais pas honteux, manquant peut être de ce petit plus de concision et de précision à l’œuvre dans ce pétillant deux titres.

écouter Natacha
écouter Tout, Tout, Tout

samedi 5 juillet 2014

45 Tours français (2): Les Stagiaires - Le Cowboy de la Taïga

Les Stagiaires - Le Cowboy de la Taïga / Airport (1982)

Après Ticket de Nantes, nous restons sur la Ouest Coast avec Les Stagiaires de Bordeaux. Quelque part entre 1977 et 1979, le chef lieu de l'Aquitaine est secoué par le punk et la new wave, les groupes adoptent alors un patronyme en ST, en hommage aux Stooges selon la légende. Émergent ainsi des Standards, Stilettos (deux groupes présents sur la compilation Snapshot(s) quelques années plus tard), Stalag, Strychnine et donc les Stagiaires. Cette bande de potes en école de commerce prend les choses avec légèreté mais non sans un certain talent. Ils publient ainsi entre 1982 et 1984 un sept pouces et un album pour le label Tropical Production (que je suppose être le leur) édités respectivement à 2000 et 1000 copies. Il vous sera donc assez aisé de mettre la main sur leur simple à un prix raisonnable. Ils éditent également une de leurs chansons sur la compilation Bandes de France.

Le Cowboy de la Taïga est une danse du sabre interprété par un groupe post-punk de reprises des Shadows (un concept pas encore envisagé par Marc Collin à ma connaissance). Sur un rythme frénétique, une guitare électrique échappée d'un disque surf se fraie un chemin jusqu'aux neurones pour provoquer quelques crises d'épilepsie. Le texte improbable -mi-foutage de gueule mi-dadaïste- fonctionne étonnamment bien. Voilà un bien belle surprise alliant l'énergie du punk à des influences puisées ici et là dans la pop des 50/60s ainsi que les cartes postales exotiques de stations service. Airport est un peu plus classique, dans une veine post-punk sec et distant. Thématique moderne, synthétiseur analogique, rythmique de guitare coupante comme un rasoir, le tout balancer avec agitation dans l'incertitude de la guerre froide couplée à la crise.  Le son est étriqué comme le bikini qui tente de cacher la poitrine de Nabila en ayant bien plus de charme que cette dernière...

À ce premier simple succédera un album N°_ _ _ (chaque exemplaire ayant son propre numéro, le mien est le 907) deux ans plus tard. Les Stagiaires malgré le départ d'un de leurs membres fondateurs y pratiquent avec la même hargne et fantaisie leur pop survoltée. Autour de guitares clean, synthétiseurs et orgues cheesy les bordelais projets des textes plus que jamais incisifs et drôles (à écouter en priorité Charles-Hubert). Un album tout aussi recommandé que ce simple, bien qu'un peu plus difficile à trouver.


vendredi 4 juillet 2014

45 Tours français (1): Ticket - Funambule

Trois mois sans un seul article posté ! Il était temps d'écrire un petit quelque chose sur ce blog qui malgré les années (sept ans déjà ! On parle d'avril 2007) continue d'exister sous une forme ou une autre. Il est vrai que nous sommes bien plus actifs ces temps-ci sur le front de nos labels (Croque Macadam et Requiem Pour Un Twister) mais je suis aussi, plus que jamais aussi en pleine exploration de notre patrimoine francophone pop. J'avais ainsi envie de vous faire partager des acquisitions récentes vraiment cool dans la lignée de notre dossier Conjuguons la Pop de l'année dernière.

Ticket - Funambule / Pourquoi Moi ? (1982)

On Commence avec Ticket une formation de Nantes née en 1979. Quelques membres du groupe connaitront une belle carrière par la suite notamment Pascal Pérez avec IAM (!) et Luc Boisseau avec Elmer Food Beat, cependant ni l'un ni l'autre ne sont présents sur ce disque a priori enregistré en trio par Jean Michel Daniau, Cyril Wiet et Yves Le Roland selon Rock Made In France.

La discographie du groupe se résume à ce 45 tours, deux participations à des compilations (Rock'N'Rennes, Bandes de France Vol.1 , les deux en 1981) et un excellent mini-album en 1985 sur le label parisien Surfin' Bird (Coup de Bol à Marrakech , enregistré par JW Thoury, manager de Bijou mais également aux manettes du super premier album des niçois Les Playboys).
Funambule explore une pop anguleuse entre XTC et les Jam, aux textes soignés.On y retrouve une couleur jamaïcaine (un skank beat, le final dubby, le coté contretemps de la guitare) et les éléments d'une pop moderne et inspirée. Ainsi évoquera-t-on le cousinage avec un Making Plan for Nigel, écoutez donc le flanger sur la guitare rythmique ! Une petite merveille mélodique à la production soignée. Les nantais ont en effet, l'élégance de s'inspirer des meilleures formations d'outre-Manche (le groupe de Swindon, Squeeze, Joe Jackson Band), soit une certaine jeunesse à quatre épingles, nette et tranchante comme une paire de Chelsea Boots. Pourquoi Moi ? en face B taquine la scène Mod Revival chère aux Lambrettas. On sera ainsi guère surpris de retrouver cet excellent titre, compilé par la fameuse Powerpearls, bible des amateurs éclairés de gemmes powerpop balancée à toute berzingue. Chacun devrait ainsi trouver son compte sur ce très équilibré single même si votre serviteur a une petite préférence pour la pimpante face A.
Ticket tiendra bon quelques années de plus et leur mini album de 1985 est tout aussi recommandé que cet attachant 45 tours. On y dénichera l'enjoué "Jamais pour Toujours" (malheureusement amputé de son pont incroyable sur youtube) évoquant les sursauts merseybeat des Beatles ou la délicate "Toutes les filles" au tempo indolent.

mardi 12 novembre 2013

The Wind - Where It's at with the Wind (1982)

Il y a bien longtemps que ce blog n'a pas fait honneur à une petite obscurité de ces 50 dernières années. On est largement à flux tendu sur les nouveautés (avec le retard inévitable quand on attends d'avoir les disques entre les mains pour les écouter) du coup les oldies de derrière les fagots passent un peu à la trappe à mon grand regret ! The Wind est un groupe de pop de Floride des 80s. Ils ont sorti un premier album en 1982 (que nous chroniquons aujourd'hui) suivi d'un EP deux ans plus tard (Guest of the Staphs) et un dernier LP en 1986 pour le fameux label garage rock Midnight Records (le plutôt cool Living in a new World). 

Vous le savez peut-être mais la fin des 70s et le début des 80s constitue un petit d'âge d'or pour la powerpop et plus généralement la pop nerveuse et mélodique. On trouve ainsi moult obscurités fascinantes à évoquer dans ces pages entre 1976 et 1982 (rassurez-vous: avant et après aussi !). Where it's at with the Wind est assez typique de l'époque, le groupe fait clairement une fixette sur un fameux combo liverpuldien:  les Beatles. Les Wind ont donc un sens de la mélodie qui ne laissera pas insensibles les amateurs des Poppees, Toms ou Pleasers qui cultivaient également la ressemblance avec le mythique groupe. Ceci dit il serait un peu injuste de faire des Wind de vulgaires pasticheurs, il y a bien sûr de la fantaisie typiquement merseybeat dans leur musique mais je crois qu'on peut leur laisser le bénéfice du doute dans leurs motivations. Leur amour de la pop nerveuse 60s ne les conduit pas non plus vers une imitation canada dry bas de gamme. Les types ont une fraîcheur et un sens de la composition qui les rendent sacrément attachants et charmants. En 14 titres les mecs évoquent clairement une powerpop débarrassée de ses prétentions new wave sans pour autant sonner datée. Il y a quelques incursions dans un univers soul plutôt réussies (comme "you changed") mais bien sûr les Wind ne sont jamais aussi à l'aise et cool qu'en balançant de petites vignettes pop aussi éphémères que réjouissantes, des petits morceaux d'énergie jubilatoire à consommer dans les 24 heures mais pour longtemps si vous avez une appétence pour ces choses là.

Vous pourrez vous procurer un original pour une quarantaine d'euros (bien dépensés si vous aimez la powerpop fraîche et légère), ou une réédition pour la moitié du prix (chez Vinyl Countdown). Pour les amateurs de digital le groupe vend aussi l'album sur son bandcamp. Where It's at the Wind est une jolie obscurité à placer pas très loin du premier album des Toms dans la catégorie "on fait du merseybeat dans les 80s" ou quelque chose approchant !


mercredi 5 juin 2013

The Vertebrats - Screaming like a mad Choir (2011)

L'Illinois serait-elle une terre powerpop ? Les Shoes sont de Zion, Cheap Trick de Rockford, Pezband d'Oak Park, et nos Vertebrats de l'ensemble Champaign-Urbana. Ces mecs là n'ont sorti du vivant du groupe qu'un single (autoproduit) et quelques morceaux sur des compilations dont le génial "left in the dark" sur la première Battle of the Garages sur Bomp/Voxx records. Pourtant cet LP composé au deux tiers d'inédits (on retrouve les titres publiés sur les supports mentionnés plus haut) est une tuerie. 

Les Vertebrats pratique une powerpop vibrante aux inflexions garage, un truc élégant et racé, des mecs qui n'ont pas peur de se servir de leur manche pour balancer des salves de guitares bourdonnantes. Il y a de la rage dans leur musique mais une rage maîtrisée dans un entonnoir pour lui donner une force de frappe maximale. On pense aux Bongos ou les dB's, des gens qui pratiquent cette pop moderne et anguleuse en s'appuyant sur des références sixties sans les pasticher. Les Vertebrats ont des étincelles dans les doigts, une envie, une âme. Ils jouent comme si leur vie en dépendait, à fond sans se poser de question mais appuyant bien fort sur les mélodies. Ils n'auront peut être jamais le niveau des références du genre mais ils ont autre chose, s'en foutent, ont la passion et l'enthousiasme.

Screaming like a mad Choir est une compilation de leurs principaux morceaux enregistré en studio, lors de deux sessions (une dans leur ville en 1980-81, l'autre en Californie en 1982), des chansons prévues pour un LP chez les inégalables Bomp. L'association des deux fait rêver. En 12 chansons les Vertebrats balancent autant de mélodies mémorables que de cavalcades sauvages et indomptées. Ils fument de toute part, comme une locomotive lancée à pleine vitesse sur une voix déserte la nuit. Ils respirent la vie de toute leur pores. Capables de brûlots rageurs ( le brillantissime "how come", un orgasme en soit), de subtilité violentée ("robbery" et son usage malin du riff de gloria) ou de chansons pop mémorables ("jackie's gone"), les Vertebrats sont vifs et lumineux.   

Vous pensiez que la powerpop n'était pas pour vous, mais les Vertebrats le seront, dans leur chaudron on trouve de quoi satisfaire les âmes les plus exigeantes, quelque soit leur addiction (punk, powerpop, indiepop, garage). One sera pas surpris que les mecs de Parasol (dirigé par un Velvet Crush) ait pris la peine de rééditer et faire découvrir ce fantastique groupe.




lundi 22 octobre 2012

Conjuguons la Pop #17 : Gamine - EP (1983)

Voici un article qui me tient particulièrement à cœur, défendre l'un des meilleurs groupes français de pop des 80s: Gamine de Bordeaux. 

Le groupe se forme au début des années 80 dans la foulée des formations en ST (Strychnine, Stilletos, Stalag, Standards, Stagiaires etc.) et s'en démarque en adoptant le nom de Gamine, peut être aussi pour accentuer leur dimension plus pop. Félix Visconti et Paco Rodriguez constituent l'ossature du groupe pendant toute son existence. Entre 1982 et 1984 le groupe sort diverses singles et EP sur des labels indépendants comme Surfin Bird ou Snapshot avant de signer en major et d'obtenir un succès critique et public avec l'album Voilà les Anges en 1988 (toujours pas réédité à ce jour). L'association bordelaise Art Pop a eu la bonne idée de compiler l'ensemble des morceaux de la "période indé" du groupe avec quelques inédit sur CD (Gamine - revisité 1980-86). 

1982 Gamine auto-édite son premier 45 Tours, le simple "Filles du soir" accompagné de "Simon Templar" (le héro d'une des meilleures séries de la terre!). En A le groupe démontre un certain savoir pop même si le résultat n'est pas aussi évident et limpide que la suite de leur discographie. Le titre en b est curieux, il est largement influencé par le dub (jusque dans le choix d'un harmonica et de petits sons de synthétiseurs en arrière plan), l'un des inédits ("couloir") a cette même tonalité. Peut être une question d'époque? On retrouve le même feeling pour la musique jamaïcaine dans certains titres des Fils de Joie ("adieu Paris" en particulier) et pourquoi pas aussi sur les trois premiers albums de Joe Jackson. Sur ce simple le groupe affiche de bonnes dispositions mais on le sent qui se cherche encore, cependant, dès l'année suivante va émerger le Gamine qui marquera les esprits 5 ans plus tard avec leur premier album. 

En 1983 le groupe participe en effet à l'excellente compilation Snapshot(s) au coté des Calamités, Stilettos, Standards, Coronados, Rythmeurs et quelques autres francs tireurs venus de toute la province (le seul groupe francilien étant les susnommés Coronados). La même année sort leur premier EP produit - comme la compilation - par l'anglais Robin Wills des Barracudas (qui la même année travaille sur le premier Sting Rays) un autre adepte du folk-rock (par exemple "dealing with today" sur Endeavour to Persevere). Gamine se révèle à travers ces deux disques: un groupe pop avec des guitares claires et limpides comme du cristal. 

Gamine, le morceau titre ouvre la face A, il est amusant de noter que les excellentes Calamités avait aussi un morceau titre et que les deux se retrouvent sur la compilation Snapshot(s). Les guitares carillonnent, l'esprit du folk-rock transpire de cette chanson mais avec une classe toute personnelle, un super titre pour ouvrir l'EP même si la suite est encore meilleure. La pluie poursuit le travail démarré avec Gamine en y ajoutant une petite coloration psychédélique notamment à travers un pont réussi, les guitares y sont encore une fois superbe...
On retourne le disque, on pose le saphir sur le sillon et démarre "je veux rester sur la plage", définitivement un de mes deux morceaux préférés de l'EP. Un super titre à l'ambiance rock n roll pas très éloigné de ce que pouvait faire les Calamités, voir les Coronados en plus pop. Le texte est trop cool et le morceau défonce sérieusement. Pas forcément le plus "typique" du son Gamine mais un des plus réjouissant et somme toute cohérent avec la couleur générale du groupe (le "twang" n'est jamais loin du "jangly" après tout ). "Elle tue" est toute aussi enlevée que la précédente, un des morceaux les plus énergiques du groupe à ma connaissance, il est super réussi également. On termine sur "Shandy Street" l'un des chefs d'oeuvre présent sur la compilation "Revisité". Voilà les Gamine folk-rock, les guitares sont jangly au possible, la chanson est géniale! Le rythme est uptempo, les harmonies très soignées, la production limpide met parfaitement en valeur ces guitares (pas d'abus du son de batterie "80s" à signaler, héhé), bref je suis fan.

En 1984 Gamine poursuit son chemin en indé avec deux sorties supplémentaires, le superbe single "Julie Julie" / "Sans effet" et l'EP "Harley Davidson" (oui une reprise de la chanson écrite par Gainsbourg) qui contient deux excellents titres originaux "Paris Paris" et "Bleu pâle". Ensuite le groupe réapparait en 1987 avec le single "le voyage" annonciateur du LP , mais ceci est une autre histoire ... Que l'on aimerait voir rééditée !

Pour compléter un peu ce que l'on trouve sur "Revisité" il y a deux titres démos (une cover des Stones ok, et l'original "couloirs"), et diverses morceaux issus de compilations notamment une excellente reprise du Zebra Club des Bongos, groupe contemporain pas si éloigné dans ses intentions de nos bordelais. 

Plus d'informations par ici.
Achat du CD via la page facebook de l'association



Gamine - Shandy Street

mardi 22 mai 2012

Cleaners from Venus - Midnight Cleaners (1982)

Sur RPUT on aime alterner entre oldies et groupes actuels, je déroge un peu à ma règle qui consiste à ne pas enchainer deux disques du passé de suite pour ce magnifique album des Cleaners from Venus intitulé Midnight Cleaners et initialement sorti en 1982. Il vient d'être réédité dans un chouette coffret (vinyle ou cd) chez les toujours fiables Captured Tracks et avait été précédemment réédité sous forme de cassette chez les non moins géniaux Burger Records dans son format d'origine: une cassette, les deux labels ont réédités d'autres disques du groupe également très recommandés (6 autres albums en tout).

Cleaners from Venus est principalement un duo formé de Lol Elliot et Martin Newell , ce dernier a également enregistré en solo de nombreux albums dont un produit par Andy Partridge (d'XTC!). Midnight Cleaners est leur troisième album, et est donc sorti à l'époque en cassette distribuée "à la main" par les intéressés lassés du système classique. A l'époque la culture cassette est très active en Angleterre, et beaucoup de disques sortent uniquement dans ce format particulièrement populaire pour la musique expérimentale, les meilleurs ont notamment été compilés dans certains volumes des Messthetics. Cleaners from Venus ont des aspects expérimentaux mais le cœur de leur musique est résolument pop, de la pop assumée et superbe aux guitares jangly absolument délicieuses. 
Ils ont malgré tout un son typiquement anglais on pense à XTC, Kinks ou Blur sur A Wretched Street, à 10cc sur Wivenhoe Bells (II) mais aussi parfois les Byrds (oui ils ne sont pas très anglais eux) comme par exemple sur Factory Boy , Time in Vain ou l'absolument géniale only a shadow. Ces références ne doivent pas faire des Cleaners from Venus des revivalistes, la boite à rythme amène une touche passionnante et fascinante à leur musique, elle évite aux intéressés d'être tentés de sonner à l'identique pour mieux se concentrer sur l'écriture de vraiment bonnes chansons qu'ils savent arranger avec beaucoup de finesse malgré des moyens dérisoires (les disques sont enregistrés sur un 4 pistes à la maison). Dans les titres moins ouvertement marqués par ces références on notera la curieuse corridor of dream, le piano a quelque chose de presque housy, ou alors disco-funk dans le style Change / BB&Q Band , mais la voix est irrémédiablement anglaise et pop , le résultat est étonnamment cool et frais.

Si l'on use et abuse du terme de "trésor caché" je crois que l'on peut évoquer ce terme sans trop se tromper en ce qui concerne les Cleaners from Venus, plus qu'une curiosité, voilà un excellent groupe de pop qui enregistraient des pépites bricolées avec trois bouts de ficelles. Leur discographie riche est une plongée sans fond dans une abysse de mélodies délicieuse, un pied dans le passé (une écriture gracieuse et élégante) et dans le présent (mise en forme moderne et débrouillarde) dont les Cleaners from Venus ont su faire une synthèse remarquable et profondément originale. 

Achat: LP / CD (Boxset) / Cassette




jeudi 30 juin 2011

Spongetones - she goes out with everybody (1982)

Ces derniers temps l'actualité musicale m'a tellement pris de temps que je ne fais pas assez de disques plus anciens à mon goût, petite tentative de rétablissement de l'équilibre naturel de ce blog aujourd'hui avec les Spongetones. J'ai découvert "she goes out with everybody" sur la compilation Children of the Nuggets, ces 4 cds ont mis un peu de temps à me charmer mais ils y sont parvenus, en tout cas ce morceau là m'a tout de suite taper dans l’œil: qui peut résister à un hommage aussi frais et réussi des Beatles? Une récente commande sur eBay m'a rappelé au bon souvenir de ce morceau et j'ai eu envi de le partager avec vous aujourd'hui, l'autre face du single ("here i go again") est également très bonne. Chose amusante le label (ripete) qui a sorti ce disque est spécialisé apparemment en "carolina beach music" et "shag dance", je ne sais pas trop ce que c'est par contre! En attendant je vous laisse écouter cette délicieuse sucrerie powerpop sortie en 1982, je vais essayer de récupérer les albums du groupe mais la mission ne semble pas évidente malheureusement à moins d'y mettre le prix fort.

Download exlovers Blowing Kisses


The Spongetones - she goes out with everybody

jeudi 9 décembre 2010

the Individuals - dancing with 80 wives (1982)

Je connaissais Hoboken à cause des Feelies et des Bongos, maintenant je peux citer une troisième formation issue du même vivier les Individuals. Peut-être moins mémorables que les deux groupes sus-nommés ils sont néanmoins intrigants et méritent qu'on se penche sur leur discographie d'un peu plus près. Après un premier EP en 1981, produit par un des dB's ils sortent un unique album en 1982 avec en single le titre "dancing with my 80 wives".

J'ai récupéré le 45 et je dois dire que je trouve ce titre intrigant, musicalement la filiation avec les autres groupes d'Hoboken me semble évidente tout comme celle avec les dB's que je mentionnais un peu plus tôt. En gros c'est inclassable, un peu jangle pop, avec des guitares claires mais quand même un coté très moderne et presque post-punk. C'est vraiment pas mal du tout en tout cas, et ça donne envi d'explorer un peu mieux leur discographie.

The Individuals were a band from early 80s in Hoboken (Bongos, Feelies). They did an ep in 1981 and a lp in 1982. Dancing with my 80 wives was from this Lp and also released as a single with 2 others tunes. It's an interesting mix of jangle pop with a post-punk feeling, pretty hard to describe but cool.

the Individuals - dancing with my 80 wives



lundi 22 février 2010

Orange Juice - falling and laughing (1982)

Orange Juice est un des groupes les plus marquants de la scène écossaise depuis 30 ans. Avec le label Postcard, ils participent activement à la création de la scène indé anglo-saxonne, et contribue à définir le son des années 80. Leur morceau le plus marquant, avec leur tube "rip it up and start again" (qui a donné au livre du même nom - lecture très recommandée d'ailleurs) est certainement "falling and laughing". D'abord sorti en single en 1980 - leur première référence - il figure également en bonne place (en ouverture!) sur leur premier album en 1982. On y retrouve les Orange Juice dans ce qu'ils font à mon avis de mieux: de la pop un peu groovy, des guitares jazzy et très claires, et cette voix un peu maniérée... Précieux ce qu'il faut, délicat et donc.

Orange Juice is one of the most important band of the early 80s scottish scene. Falling and Laughing is a masterpiece of indie-pop, great guitar sound (with those jazzy chords) and awesome voice too. A really cool tune, and a true classic of indie pop.

Orange Juice - falling and laughing

samedi 20 février 2010

the Bongos - clay midgets (1982)

Les Bongos sont une formation américaine du début des années 80, de la même ville que les Feelies! Leur leader Richard Barone écrit des chansons vraiment bonnes, et sur ce premier album (composé de titres enregistrés spécifiquement et d'anciens morceaux sorti en singles ou ep) c'est particulièrement manifeste. C'est un disque inégal, mais parfois brillant, le songwriting est classique mais remarquable, le son est également emprunt de guitares très "60s" mais avec quand même une touche de modernité (finalement certains morceaux sonnent très post-punk). Bref "Drums along the Hudson" est vraiment un disque à redécouvrir, pour tout amateur de power / jangle pop, et aussi pour les autres (car c'est vraiment super bien).

The Bongos are a band from the early 80s from USA (from the same city as the Feelies). They released their first lp in 1982, and it's a really cool lp. The songwritting (courtesy of Richard Barone mainly) is great, and the guitare sound is awesome (with that little "jangly" sound, oh i love it!). All people into power-jangle-pop should listen to it, and even the other, because it's a really great LP.

the Bongos - clay midgets

mardi 5 janvier 2010

the dB's - neverland (1982)

Après cette interruption de 15 jours, on est de retour sur RPUT et en pleine forme! Pour démarrer cette année en beauté, un très beau classique de power pop du début des 80s: "neverland" des dB's, un morceaux de leur second album repercussion. Ce titre est une merveille, la guitare est superbe, des choeurs au poil, bref j'adore, et j'espère que vous aussi!

After a 15 days break, RPUT is back for some new adventures! We are starting this year with a great tune by the dB's called "neverland" from their second lp "repercussion", an awesome slice of power pop, with those beautiful guitars.

the dB's - neverland

dimanche 4 octobre 2009

the Plimsouls - a million miles away (1982)

The Plimsouls sont un des groupes issus de la séparation des Nerves, en effet leur leader n'est autre que Peter Case, un des trois membres de la mythique formation power pop de Los Angeles! A millions miles away est certainement leur titre le plus connu, et reste une des très belles réussites de la power pop 80s malgré une production un peu datée (sur la rythmique en particulier) heureusement très largement rattrapé par les guitares!

The Plimsouls, were one of the two bands created after the split of the Nerves, one of the most mythical power pop band from the end of 70s! A million miles away is their best known song, it's also one of the best power pop song of the 80s, with great guitars!

the Plimsouls - a million miles away

dimanche 27 septembre 2009

Dogs - the most forgotten french boy (1982)

Les Dogs sont une formation française culte de Rouen. Ils démarrent au milieu des années 70 en se faisant les dents sur des covers des Flamin Groovies ou des Kinks, avant d'écrire leurs propres compositions en anglais principalement. Ils acquierent avec les années une réputation de groupe de live de haute volée, et les disques suivent... Notamment en 1982, ce qui est généralement considéré comme leur classique "Too Much Class for the Neighbourhood", un album inégal mais élégant malgré un anglais approximatif. J'ai choisi "the most forgotten french boy" un morceau un peu moins connu que la chanson titre ou la reprise de "shakin with Linda" , avec des très belles guitares (la Rickenbacker en photo?). Le chanteur et meneur du groupe Dominique Laboubée nous a malheureusement quité il y a quelques années, dans un relatif anonymat, c'est triste, car les Dogs sont un des fleurons du rock français - à redécouvrir donc.

The Dogs are a french cult rock band from late 70s and 80s. They were from Rouen and cutted their teeth on Flamin Groovies or Kinks covers. They were also known to be a great band in live, but their lps worths some spins too. Their best known album is "Too Much Class for the Neighbourhood" released in 1982, it's not perfect but it has class and some really cool tunes, like "the most forgotten french boy" with its beautifull guitars! Sadly Domique Laboubée the singer passed away a few years ago, and nowadays the Dogs are still unknown here in France.

Dogs - the most forgotten french boy

lundi 29 juin 2009

the Jam - shopping (1982)

Après les émotions de ces derniers jours (le 25 juin...) quoi de mieux pour laisser l'été reprendre ses droits que cet excellent "shopping" des Jam?
Nous sommes fin 1982, Beat Surrender est le dernier single jamais publié par le trio moderniste, et leur 4ème et dernier numéro 1 chez nos voisins britons. Pourtant, très sincèrement ce morceau n'est pas forcément ce que je retiendrai de cette grande formation anglosaxonne qui nous a laissé un paquet de singles et d'albums au top (voir la retrospective bien faite sur ce blog), la faute à une mélodie quand même trop cucu-la-praline à mon goût. La (très) bonne surprise se trouve de l'autre coté de la rondelle, la bande à Paul Weller y réalise une belle chanson pop agréable comme un coca en terrasse par ce grand soleil.

écouter shopping

dimanche 25 novembre 2007

Patrice Rushen - remind me (1982)

Patrice Rushen est remarqué en 1972 (alors qu'elle n'a que 18 ans) à une compétition organisée au festival de Jazz de Monterey, elle est alors signée sur le label Prestige et signe 3 albums pour eux avant d'atterir chez Elektra et connaitre un vrai succès à partir de la fin des 70s avec comme point culminant l'album Straight from the heart en 1982 et son single mythique "forget me nots". Sur le même Lp on trouve le superbe morceau remind me au tempo beaucoup plus lent, une composition co-signé par Patrice Rushen elle même, elle y joue également du piano électrique avec pas mal de talent!

Patrice Rushen won a competition at the Monterey jazz festival in 1972, then she was signed to Prestige and did 3 Lps for them. At the end of the 70s she moved to Elektra and had a lot of success, especially with her 1982 LP Straight from the heart, wich was boosted by the awesome club single "forget me nots". On the same disc we can find "remind me" a great mid tempo tune with great rhodes playing by Patrice Rushen herself!

écouter / listen to remind me