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Durée de l’activité et fragmentations du travail

Duration of activity and fragmentation of work

Temporalités n°31, 2020/1

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Publié le vendredi 12 juillet 2019 par Céline Guilleux

Résumé

Ce dossier spécial de la revue Temporalités vise à explorer les conséquences, du point de vue des temps et des rythmes du travail, de la réticularisation des systèmes productifs à une échelle pouvant être mondiale et du fractionnement corollaire des carrières professionnelles des travailleurs. Ces deux phénomènes, bien repérés dans la littérature sociologique, favorisent la multiplication des discontinuités qui affectent les espaces de travail ou les vies de travailleurs. Comment, dans ce contexte, la continuité des activités de travail – indispensable à la production – peut-elle être assurée ? C’est la question à laquelle ce dossier souhaiterait inviter les chercheur-e-s.

Annonce

Coordination

Sylvie Célérier (Université de Lille, CLERSE) et Sylvie Monchatre (Université Lumière Lyon2, Centre Max Weber)

Argumentaire

Ce dossier vise à explorer les conséquences, du point de vue des temps et des rythmes du travail, de la réticularisation des systèmes productifs à une échelle pouvant être mondiale et du fractionnement corollaire des carrières professionnelles des travailleurs. Ces deux phénomènes, bien repérés dans la littérature sociologique, favorisent la multiplication des discontinuités qui affectent les espaces de travail ou les vies de travailleurs. Comment, dans ce contexte, la continuité des activités de travail – indispensable à la production – peut-elle être assurée ? C’est la question à laquelle ce dossier souhaiterait inviter les chercheur-e-s. Plusieurs thématiques gagneront à être plus spécifiquement explorées.

Continuité du travail et discontinuité des espaces

Il s’agit d’explorer les conditions de l’extension du travail hors des espaces du travail au sens où celui-ci est réalisé dans des lieux spécifiques, réservés, unanimement soumis à des rythmes orientés vers la recherche de productivité. La recherche et notamment celle relevant du féminisme matérialiste a depuis longtemps contesté le partage entre travail et « hors travail » « libre » de toute contrainte. Les analyses de la division sexuelle du travail et des rapports sociaux de sexe ont par ailleurs souligné la solidarité et la cohérence du travail productif et du travail « reproductif », ce dernier constituant un espace d’assignations puissantes pour les femmes. Prenant acte de ces travaux, il s’agira cependant moins de ressaisir les cohérences et articulations entre systèmes productifs et domestiques que de tracer les circulations des travailleurs entre leurs différents lieux et temps de travail, qu’ils soient dans les institutions traditionnelles du travail (usines, bureaux, atelier, etc.), dans des zones de coworking, des espaces domestiques ou encore publics (trains, avions, etc.).

Une gamme variée de supports de mobilité permet de nouvelles circulations dans le contexte desquelles nous souhaitons comprendre comment la continuité du travail peut être assurée. Physiquement désarrimés de leurs institutions traditionnelles de travail et des contrôles qui y suivaient la réalisation de leur travail, comment les travailleurs poursuivent-ils et développent-ils leur activité dans ces circulations ? Quelles catégories sont concernées et quels aménagements spatiaux et temporels sont mis en œuvre, dans quel but ? S’agit-il de perpétuer le « bureau », « l’atelier » ou l’« ouvroir » ou d’inventer de nouveaux repères ? Que devient le collectif de travail et quelles solidarités techniques se constituent ? Quels cadres réglementaires rendent possibles la dématérialisation ou la métamorphose des espaces de travail ?

Nous souhaiterions également interroger les conditions de la mobilisation des travailleurs dans ce contexte de distanciation physique et temporelle. Comment les employeurs ou les commanditaires s’assurent-ils de leur disponibilité au bon moment ? S’ils ne sont plus dans l’entreprise, quelles formes institutionnelles sont en mesure de s’y substituer qui accueilleraient les salariés, les auto-entrepreneurs, les entrepreneurs ou les multi-employés et qu’y fait-on ? Existe-t-il enfin des dispositifs de traçabilité des déplacements, des tâches, voire des emplois qui transformeraient le contrôle du travail sans en atténuer la rigueur ?

Sur ce premier versant de question, on interrogera enfin ce que cette fragmentation de l’activité fait au travail. On se demandera par exemple dans quelle mesure le travail et les gestes qui lui sont associés se transforment, voire se dé-spécifient-ils dans la variété des espaces où ils sont exécutés. On se demandera également dans cette conquête de tous les espaces de la vie par le travail, comment se bornent les temps professionnels et non professionnels, mais également s’ils le sont.

Transformation de la nature du temps de travail

Avec le désarrimage des espaces de travail traditionnels et la colonisation des temps sociaux par le travail, se pose également la question de la mesure du temps du travail, voire de sa saisie. La base horaire reste-t-elle pertinente pour mesurer le temps – c’est-à-dire rendre comparables – des situations de travail rendues ambiguës par l’entrecroisement d’autres temps sociaux ? La question vaut bien sûr pour les travailleurs plus ou moins volontairement placés sur des statuts autonomes en périphérie des entreprises. Mais elle concerne aussi les salariés mobiles de ces entreprises. Selon quel(s) régime(s) temporel(s) exercent-ils leurs activités ? Étendent-ils le régime extensif traditionnellement associé aux indépendants (important volume horaire, forte amplitude hebdomadaire et variation de rythmes), maintiennent-ils le régime salarié traditionnel ou composent-ils de nouveaux modèles ?

Allongement et hétérogénéité des temps de production

L’extension des mobilités au travail prend sens dans des configurations productives étendues et éclatées dont l’industrie automobile et ses divers réseaux d’approvisionnement ont donné une première image. Produire, c’est aujourd’hui de plus en plus coordonner des agents, des gestes, des lieux, des institutions, des espaces et des temps hétérogènes. C’est aussi inscrire les opérations productives dans une chaîne d’opérations qui prépare l’activité ou la continue hors du périmètre institutionnel. En bref, temps et espace de production se dilatent, acteurs et institutions se diversifient en même temps que la contrainte de productivité, c’est-à-dire de réduction du temps socialement nécessaire, s’exerce en tout point.

Nous souhaiterions ici suivre les effets de la tension entre dilatations du temps de production au long d’une chaîne d’opérations variées et réduction du temps socialement nécessaire de chacune d’elles. Il se pourrait bien en effet que la logique du capitalisme qui cherche à réduire le temps de production ne l’amène, au contraire, à s’accroître considérablement. On s’interrogera en conséquence sur les prescriptions, évaluations et plus généralement les processus de normalisation de l’activité qui prévalent dans ce système de travail éclaté et la façon dont ils se décident que ce soit par arbitrages, par négociations ou par conflits. La qualité/opacité des conditions de fabrication est une autre source d’interrogation à laquelle le secteur agroalimentaire et les crises alimentaires qu’il affronte régulièrement donnent de la matière. Assistera-t-on un surcroît de normalisation, décidé par qui et applicable à quels niveaux ? Quelles nouvelles sources d’inquiétude peuvent être soupçonnées ?

Envoi des projets d’articles

Nous invitons les auteurs à prendre connaisance de nos comités, de nos procédures et de nos consignes.

Les auteurs devront envoyer leur proposition d’article aux coordinatrices du numéro, à savoir à Sylvie Célérier (sylvie.celerier@univ-lille.fr) et Sylvie Monchatre (sylvie.monchatre@univ-lyon2.fr) — avec copie au secrétariat de rédaction de la revue (temporalites@revues.org).

Cette proposition, composée d’un titre et d’un résumé d’une page en français ou en anglais du projet d’article (5 000 signes maximum), ainsi que du nom, des coordonnées et de l’affiliation institutionnelle de l’auteur, est attendue

pour le 15 septembre 2019.

Calendrier récapitulatif et échéances

  • Réception des propositions (résumés de 5 000 signes maximum) : 15 septembre 2019

  • Réponse des coordinateurs : fin septembre 2019
  • Réception des articles (50 000 signes maximum) : 15 décembre 2019
  • Retour des expertises des évaluateurs : 31 janvier 2020
  • Version révisée : 31 mars avril 2020
  • Remise des versions définitives : 30 juin 2020
  • Sortie du numéro : septembre 2020

Dates

  • dimanche 15 septembre 2019

Mots-clés

  • travail, fragmentation, temps, durée

Contacts

  • Sylvie Célérier
    courriel : sylvie [dot] celerier [at] univ-lille [dot] fr
  • Sylvie Montchatre
    courriel : sylvie [dot] monchatre [at] univ-lyon2 [dot] fr

Source de l'information

  • François Théron
    courriel : francois [dot] theron [at] uvsq [dot] fr

Pour citer cette annonce

« Durée de l’activité et fragmentations du travail », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 12 juillet 2019, https://calenda.org/650435

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