AccueilLa presse privée au Cameroun : autopsie d’un modèle en crise

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Publié le vendredi 07 juin 2019 par Anastasia Giardinelli

Résumé

Depuis le début des années 1990, la presse privée a pris une place très importante dans la vie publique voir même privée au Cameroun. D’abords par la presse écrite, les médias privés ont progressivement pris une part non négligeable, pour dire le moins dans la société camerounaise au point de remettre en question le professionnalisme et l’objectivité des médias d’Etat (Crtv radio et télé, Cameroon Tribune). Ainsi, après la presse écrite, la radio, la télé et l’internet sont devenus les maîtres qui tentent de structurer au quotidien la société camerounaise. La démocratie camerounaise tant convoquée par les régimes Ahidjo et Biya s’est donc depuis bientôt trois décennies mise à l’épreuve de cette presse. Taxée de quatrième pouvoir, la presse au Cameroun est pourtant dans une situation très ambiguë...

 

Annonce

Argumentaire

Depuis le début des années 1990, la presse privée a pris une place très importante dans la vie publique voir même privée au Cameroun. D’abords par la presse écrite, les médias privés ont progressivement pris une part non négligeable, pour dire le moins dans la société camerounaise au point de remettre en question le professionnalisme et l’objectivité des médias d’Etat (Crtv radio et télé, Cameroon Tribune). Ainsi, après la presse écrite, la radio, la télé et l’internet sont devenus les maîtres qui tentent de structurer au quotidien la société camerounaise.

La démocratie camerounaise tant convoquée par les régimes Ahidjo et Biya s’est donc depuis bientôt trois décennies mise à l’épreuve de cette presse. Taxée de quatrième pouvoir, la presse au Cameroun est pourtant dans une situation très ambiguë. Si des villes comme Douala, Yaoundé, Buea, Bamenda, Bafoussam sont extrêmement structurées par l’action de cette presse, il reste que certaines parties du Cameroun, le grand nord par exemple sont faiblement influencées par l’action de cette presse camerounaise. A l’Extrême-Nord par exemple, l’une des régions les plus peuplées du Cameroun et actrice clée des élections, surtout présidentielles et législatives, les kiosques à journaux n’existent presque pas. Un seul point dans toute la ville et la région : le point Djabbama ! De plus, les journaux parus au Cameroun n’y sont disponibles que 24h plus tard et un peu plus pour Kousseri. Cependant, l’internet est venu atténuer ce retard. Mais, avec les fuites et les diffusions gratuites, la presse écrite particulièrement se voit soustraite de potentiels acheteurs.

Dans ce cadre, il n’est pas possible pour la presse camerounaise d’avoir des points de débats sérieux dans cette partie très importante du pays.  L’avènement de L’œil du Sahel qui se fait imprimer dans le grand sud n’a pas significativement changé la donne. Aussi peut-on s’interroger sur l’impact de la presse camerounaise dans la construction de la démocratie sur l’ensemble du territoire.

La presse camerounaise est aussi un paradoxe, une architecture qui dégringole ou qui fond comme neige au soleil. Si l’on prend la presse écrite, les 100 000 tirages par jour des quotidiens comme Le messager, Dikalo, Mutations ou la nouvelle expression  du début des années 1990 ont violement diminué en une seule décennie. La répression[1] surtout et la crise économique ensuite sont passées par là. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux et les autres médias privées, la presse écrite est presqu’à l’agonie. Pour les radios et les télés, la situation n’est non plus rose. Çà et là, on entend des grognes des patrons et des journalistes qui se plaignent les uns d’être faiblement soutenus par l’Etat, les autres d’être très mal payés ou même pas du tout. Ce qui pose le problème de l’indépendance du journaliste dans de telles conditions.

On assiste alors pour la plupart de temps à un journalisme à gage, à un journaliste de mendiant que les hommes politiques et autres pontes de la vie publique affectionnent. Le journaliste, donc la presse est tenue en laisse. Ce qui permet de manipuler l’information à volonté par les uns et de faire du chantage pour les autres. Derrière l’indigence très prononcée du journaliste se cache aussi la question de la formation. Jusqu’ici, un flou très sérieux existe sur la délivrance du statut de journaliste. Ce qui accentue les problèmes de dépendance de la presse.

La presse camerounaise c’est aussi les démêlés avec la justice et le pouvoir. De nombreux journalistes ont souvent été emprisonnés pour des raisons pas toujours clairement élucidées. D’autres comme Bibi Ngota ont trouvé la mort en prison. Ainsi s’élève constamment la question de dépénalisation des délits de presse. Ici encore, la formation du journaliste apparaît comme la règle d’or. Car, un journaliste bien formé réduit les risques de « désinformation», de « diffamation » qui sont souvent reprochés aux journaux. D’un autre côté, le métier de journaliste reste particulièrement sensible. Il ne peut travailler sans source et il ne peut et ne doit le cas échéant jamais divulguer sa source. Or, les délits pour lesquels ils sont souvent confrontés tiennent de cette dichotomie. Le pouvoir, quand il veut, peut alors abattre toute sa froideur sur le journaliste incriminé. Tout ceci hypothèque finalement le rôle de quatrième pouvoir qu’on lui reconnait un peu partout ailleurs.

Les contributions pourraient donc toucher les axes suivants :

Axe1 : l’avènement de la presse privée au Cameroun

Cet axe veut faire un peu l’histoire de l’avènement de certains grands médias privés du Cameroun. Les contextes et les circonstances qui les ont vus naître sont souvent bien indispensables à la compréhension de leur comportement et de leur positionnement dans la vie publique camerounaise. Les cas du Le messager, Mutations, La nouvelle expression, Le jour, Repères, L’œil du sahel pour la presse écrite ; ceux de Canal 2, Equinoxe, Vision 4, STV pour la télé et les radios comme RTS de Siantou, Balafon etc. seront par conséquent indispensables à la compréhension des soubassements et des clivages de la presse privée au Cameroun. L’image de la répression dans la création de la presse privée ainsi que les techniques pour contourner les interdictions de création ou de fonctionnement de la presse au Cameroun pourraient aussi être intéressantes à étudier.

Axe 2 : le modèle économique ou gouffre économique de la presse privée camerounaise

Y’a-t-il un modèle économique de la presse camerounaise ou alors, celle-ci n’est qu’un gouffre à sous fait pour ceux qui souhaitent se ruiner ? Un regard sur les locaux abritant les médias, sur l’esthétique, le matériel de travail, la nature du personnel journaliste ou non incite à se poser sérieusement la question sur la nature du modèle économique mis en place par les promoteurs desdits médias. Déjà, le décalage qui existe entre le niveau de vie des directeurs de publication et celui de leurs employés mérite un questionnement sérieux. On se demandera alors si le modèle économique de la presse privée camerounaise ne repose pas sur un système d’exploitation des employés qui pour la plupart n’ont pas de couverture sociale, d’assurance maladie encore moins de salaire conséquent.

C’est aussi dans ce modèle économique qu’on peut interroger la mort plus ou moins rapide de certains titres pourtant nés à grand renfort de publicité comme  Radio Lumière de Ndi Samba,  L’actu ou même Dikalo. Ces échecs qui sont bien nombreux tant en télé qu’en radio donne la possibilité de voir aussi dans certains cas, la presse comme des gouffres économiques

Axe 3 : l’aide publique à la presse privée : entre espoir et illusion

C’est l’arrêté N°017/MINCOM/CAB du 23 septembre 2002 du Ministre de la Communication qui a institué l’aide publique à la presse privée au Cameroun. Signe d’espoir pour un secteur malade, l’aide publique à la presse privée s’est vite transformée  en désillusion. Insuffisante pour certains, dérisoire, certainement insultante pour d’autres, les griefs ne manquent  pas. Cette section ne veut pas seulement faire le procès de cette aide. Elle veut aussi faire des comparaisons avec des pays sensiblement au même niveau de développement que le Cameroun. Ceci pour essayer de voir l’importance comparée qu’on accorde à la presse au Cameroun par rapport aux autres. On pourrait aussi s’interroger sur les formes que pourraient prendre cette aide afin d’être plus efficace pour une presse privée plus forte, gage d’une démocratie améliorée.

Axe 4 : la formation des journalistes et leur rétribution

Qui est journaliste au Cameroun et comment le devient-on ? Quand on exerce ce métier, quelle est la rétribution ? Le journaliste de la presse privée au Cameroun bénéficie-t-il d’une couverture sociale pour espérer jouir d’une pension retraite le moment venu ? La question de la carte de presse déjà opérationnelle a-t-elle amélioré l’accès à la profession et les avantages substantiels escomptés ? Toutes ces questions et bien d’autres posent le problème à la fois de la qualité du journaliste qui rentre dans les rédactions et la rémunération ainsi que la sécurité sociale qui conditionnent la qualité du travail du journaliste. Formation, rétribution, éthique et professionnalisme sont alors les soupapes qui permettent à la profession de bien se porter. Cet axe se propose donc de tenter d’apporter des réponses à ces questions et bien d’autres relatives à la problématique qui y est soulevée.

Axe 5 : le gombo

Pour beaucoup, c’est la plaie du journalisme camerounais. On le soupçonne d’aliéner le journaliste, de le corrompre, de susciter en lui des attitudes malsaines, incompatibles avec la noblesse, l’éthique et la délicatesse du métier. Pourtant, tout le monde ne s’accorde pas sur les effets prétendument néfastes du gombo. L’idée serait alors de savoir ce qu’est exactement le gombo. C’est donc, au-delà de sa dimension descriptive, une tentative de conceptualisation de l’objet qu’on appelle gombo et de ses effets tant psychologiques que pratiques. Le gombo doit aussi interroger la pauvreté matérielle et parfois mentale du journaliste tout comme la volonté de marionnetisation de ces derniers par ceux qui ont le pouvoir du gombo.

Axe 6 : de la crise de la presse privée à la crise de la démocratie

Qu’est-ce la démocratie sans une presse privée de qualité ? Un peu partout dans le monde les démocraties fortes s’adossent sur des presses privées fortes. C’est ce contrat tacite qui fait enfin de compte de la presse le quatrième pouvoir. Or, la crise de la démocratie actuellement au Cameroun est aussi la crise de la presse privée.  Aussi, quelle est la part de la crise de la presse privée dans la plongée de la démocratie camerounaise ? Cette section traitera de la crise des contenus de la presse, de ses dérives tribales, de ses rapports incestueux avec les pouvoirs tortionnaires et exploiteurs des peuples, de son incapacité à se constituer finalement comme le quatrième pouvoir dont elle se revendique au quotidien.

Propositions de résumés

Elles doivent être écrites en français ou en anglais et limitées à 500 mots avec cinq mots clés, et envoyées simultanément aux adresses enokapaul@yahoo.fr et jansyer@hotmail.com

Le résumé devra être précédé du nom(s) et prénom(s) de l’auteur, de sa qualité, de son institution d’attache ou de sa qualité ainsi que de son adresse e-mail.

Quelques dates importantes :

  • Date limite de recevabilité des résumés : 30 juin 2019;

  • Notification aux auteurs dont les résumés seront retenus : 30 juillet 2019;
  • Envoi du texte complet : 30 novembre 2019 ;
  • Retour aux auteurs pour corrections éventuelles : 30 janvier 2020;
  • Date probable de publication de l’ouvrage : Juin 2020.

NB : Les auteurs devront indiquer dans quel(s) axe(s) s’inscri(ven)t leur(s) proposition(s).

Protocole de rédaction des articles

1- Citations. Lorsqu’une citation a plus de quatre lignes, la mettre en retrait (1cm à gauche 0,5cm à droite) et en italique sans guillemets, suivie de l’appel de la référence.

2- Appel des références. Méthode APA (American Psychological Association), i.e (Auteur, année : page) comme suit : (Bardin,1991 : 62)

3- Liste des références bibliographiques. Dresser la liste des œuvres citées et des publications utilisées pour la réflexion ; les classer selon l’ordre alphabétique des auteurs. Présenter les références selon les modèles suivants :

Pour les ouvrages, les présenter comme suit : Nom du ou des auteurs suivi de l’initial du prénom, (année de publication), titre de l’ouvrage en italique, ville d’édition, maison d’édition.

Exemple : Bardin L. (1991) L'analyse de contenu, 6ème édition, Paris, PUF.

Foucault M.( 1975), Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard,

Pour les articles publiés dans des ouvrages collectifs, les présenter comme suit : Nom du ou des auteurs suivi de l’initial du prénom, (année de publication), titre de l’article entre guillemets, in Nom du ou des auteurs suivi de l’initial du prénom, titre de l’ouvrage en italique, ville d’édition, maison d’édition, pages de l’article.

Exemple: Casterline J. B. (1994), « Fertility decline in Asia », in Locoh T. et Hertich V. (éds), The onset of fertility transition in Sub-saharan Africa, Liège, Ordina editions, pp. 69-86.

Pour les articles publiés dans des revues, les présenter comme suit : Nom du ou des auteurs suivi de l’initial du prénom, (année de publication), titre de l’article entre guillemets, in titre de la revue, numéro de la revue, pages de l’article.

Exemple :  Atenga T.( 2005), « La presse privée et le pouvoir au Cameroun Quinze ans de cohabitation houleuse » in Politique africaine, N° 97, pp 33-48.

Pour un article paru dans une revue en ligne, les règles sont les mêmes. Toutefois, il faut préciser obligatoirement l’adresse URL à laquelle le document est accessible ainsi que de la date de consultation.

Exemple : Flipo, F. (2012). « Pour des droits de la nature », in Mouvements, n°70, pp. 122-139. [En ligne], URL : http://www.cairn.info/publications-de-Flipo-Fabrice--4637.htm (page consultée le 22 mai 2014).

Pour les thèses et mémoires, Nom de l’auteur, initiale du prénom, titre entre guillemet, spécialité de la thèse ou du mémoire, Université, année.

Exemple : Atenga T., « Contrôle de la parole et conservation du pouvoir. Analyse de la répression de la presse écrite au Cameroun et au Gabon depuis 1990 », thèse de doctorat en sciences politiques, université Paris-I, 2004.

Pour les sources orales, les présenter comme suit : Nom et prénom de l’informateur, âge, profession et/ou statut social, date et lieu de l’entretien.

Exemple : Sauna Paulin, 58 ans, médecin gynécologue, entretien à Bafia le 26 juin 2018.

4- Longueur de l’article. Quinze pages au plus à interligne 1,5, police 12, caractère Times New Roman.

Coordinateurs

  • Ferdinand Paul Enoka, Ph.D

Université de Maroua-Cameroun

École Normale Supérieure

  • Sylvain Andjongo

Journaliste économique-Mediamania           

Comité scientifique

  • Pr Laurent Charles Boyomo Assala, Université de Yaoundé II-Soa (ESSTIC)
  • Pr Paul Celestin Ndembiyembé, Université de Yaoundé II-Soa (ESSTIC)
  • Pr Albert Mbida, Université de Yaoundé II-Soa (ESSTIC)
  • Pr Issa Saïbou, Université de Maroua (ENS)
  • Pr Claude Abe, UCAC
  • Pr Gonné Bernard, Université de Maroua
  • Pr Halidou Mamoudou, MC, Université de Maroua( FSEG)
  • Pr Raymond Ebale, MC, Université de Yaoundé I
  • Pr Raymond Mbassi Ateba, MC, Université de Maroua
  • Pr Armand Leka Essomba, MC, Université de Yaoundé I(FALSH)
  • Pr Thomas René Atenga, MC,Université de Douala
  • Pr François Wassouni, MC,Université de Maroua
  • Pr Patrice Pahimi, MC, Université de Maroua
  • Xavier Messe, Editorialiste
  • Alain Bélibi, Editorialiste
  • Charles Ndongo, Editorialiste
  • Ibrahim Chérif, Editorialiste
  • Siméon Valentin Zinga, Editorialiste
  • Georges Alain Boyomo, Editorialiste, Directeur de publication du Quotidien Mutations
  • Haman Mana, Editorialiste, Directeur de publication du Quotidien Le Jour
  • Parfait Siki, Editorialiste
  • Dominique Mbassi, Editorialiste
  • Guibaï Gatama, Editorialiste, directeur de publication de l’œil du Sahel
  • Jean François Chanon, Editorialiste, Le Messager

Comité de lecture

  • Dr Damien Akara Tatazo
  • Dr Joseph Woudammiké, Université de Maroua
  • Dr Bana Barka, université de Maroua
  • Dr Gigla Garakcheme, Université de Maroua
  • Dr Woudammiké Joseph, Université de Maroua
  • Dr Chamberlin Nemkam Université de Yaoundé I
  • Dr Ewodo Mbélé Marc Luciani, Université de Yaoundé II-Soa
  • Dr Pania Padama, Inspecteur Régional des Sciences Humaines
  • Baskouda Shelley Kevin, ATER, ENS de Maroua
  • Engmock Membi Michelle Laure, PLEG
  • Banassé Elias, PLEG
  • Joel Mamane, Journaliste
  • Elvice Nguimezong, Journaliste
  • Mukendi Lufuluabo, ISTAM

[1] Stephen Smith, "Cameroun: un journal indépendant étranglé. Interview du directeur du «Messager» arrêté pour «outrage au chef de l'Etat»", Libération, 30 octobre 1996.

 

Dates

  • dimanche 30 juin 2019

Mots-clés

  • Presse Privée, Cameroun, Démocratie, Modèle économique

Contacts

  • Ferdinand Paul Enoka
    courriel : enokapaul [at] yahoo [dot] fr

Source de l'information

  • Ferdinand Paul Enoka
    courriel : enokapaul [at] yahoo [dot] fr

Pour citer cette annonce

« La presse privée au Cameroun : autopsie d’un modèle en crise », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 07 juin 2019, https://calenda.org/633644

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