La revue
Économie et Institutions a l′ambition d′être un espace pluraliste, lieu de débats destiné à rendre compte de la diversité des recherches sur les institutions et les organisations.
La période actuelle apparaît particulièrement féconde par le développement simultané d′approches qui, bien qu′à des stades différents d′élaboration et avec des objets parfois distincts, tentent chacune de fournir un cadre cohérent d′interprétation. Évolutionnisme, économie des coûts de transaction, économie des conventions, approches en termes de régulation, par exemple, coexistent avec les théories du choix social ou du Public Choice et avec le renouveau de l′institutionnalisme américain et des traditions post-marshallienne et autrichienne.
Ce foisonnement confinerait à l′éclatement s′il n′était traversé, simultanément, d′un mouvement, au moins partiel, de recomposition. La recherche d′une synthèse entre évolutionnisme, économie des coûts de transaction et tradition autrichienne en est un exemple ; les tentatives de rapprochement entre les analyses en termes de régulation et l′économie des conventions ou l′institutionnalisme américain en est un autre. On pourrait multiplier les illustrations, mais l′on retiendra surtout ce mouvement qui justifie l′existence d′une revue capable d′accueillir, dans leur diversité, les recherches qui tentent d′approfondir leur propre cohérence tout en étant suffisamment ouvertes à d′autres traditions pour entamer avec elles un dialogue régulier, même si persistent un certain nombre de clivages que les débats, espérons-le, permettront de clarifier.
La revue ne se veut pas l′émanation d′une école de pensée particulière. Elle ne considère pas les travaux sur les institutions et les organisations comme la délimitation d′une branche spécifique de l′économie. L′approche par les institutions conduit à éclairer sous un jour nouveau les catégories centrales de l′analyse économique : la théorie du choix et celle des prix, la théorie de l′échange et celle de la production, la théorie de la répartition. Elle permet d′enrichir de nombreux domaines : économie de l′entreprise, économie publique, économie industrielle, économie du développement, économie internationale, économie de la transition, économie du travail… Elle permet également de renouveler les grandes traditions qui structurent l′analyse économique et d′en éclairer les développements les plus récents.
Ouverte aux diverses approches théoriques, la revue ne souhaite, enfin, privilégier aucune méthode d′analyse. Que la démarche soit d′économie appliquée ou d′économie théorique, qu′elle s′attache à l′interprétation de textes ou qu′elle s′appuie sur l′économie expérimentale, la théorie des jeux ou la simulation, l′interrogation partagée sur le statut, le rôle et le fonctionnement des institutions et des organisations constitue ce terrain commun qui crée les conditions pour que la multiplicité des méthodes stimule les échanges entre chercheurs venant d′horizons divers.