Annonce
Argumentaire
L’écriture n’est pas un moyen de communication neutre. En particulier, les écritures ont servi, tout au long du Moyen Âge, à mettre en scène l’idée d’Empire, de pouvoir et de domination. Les exemples les plus célèbres en sont les litterae caelestes de l’Antiquité tardive, la curialis de la chancellerie pontificale, les litterae elongatae. La pertinence du concept d’Empire ne se limite cependant pas aux écritures pragmatiques, comme le montrent l’écriture prophétique d’Hildegarde de Bingen pour sa lingua ignota, qui connote l’empire divin, ou encore l’écriture humanistique, aussi dite littera antiqua, qui prétend reproduire l’écriture de l’Antiquité pour la littérature latine classique et, par conséquent, reproduire l’écriture d’une forme disparue de l’Empire. L’écriture a ainsi la possibilité de connoter l’autorité et l’Empire, et d’inspirer le respect.
Aussi ces sessions sont-elles placées conjointement sous le titre de l’étude d’E. T. Bannett sur les manuels épistolaires « Empire of letters » (Empire des lettres), qui montre comment les lettres ont unifié un Empire, et également sous le signe de l’ironie politique des « Tigres de papier », ici, « tigres de parchemin », qui applique dans le domaine paléographique l’idée que des écrits, par leurs particularités graphiques et de mise en forme, puissent susciter admiration, respect et terreur sacrée.
Si la minuscule caroline est un symbole manifeste d’une entreprise à la fois politique et culturelle, elle montre aussi la complexité du lien entre Empire et écriture. Dans le même mouvement, Charlemagne unifiait un espace politique et lui donnait une écriture commune ; ce faisant il unifiait un Empire par ses lettres (la caroline finit par exclure l’usage des écritures dites ‘nationales’ comme la bénéventaine des Lombards ou des autres écritures issues de l’Empire, comme la curialis), mais aussi le domaine scriptural, l’Empire des lettres (la caroline s’impose comme écriture livresque aussi bien que dans le domaine documentaire). Pourtant, la caroline n’est pas une création impériale : elle précède la renovatio imperii et n’est qu’une sélection de formes au milieu d’évolutions multiples, alors que les autres écritures impériales (litterae caelestes, curiales, elongatae) sont des héritières fossilisées de temps prestigieux mais révolus : elles ne sont pas seulement archaïsantes, elles connotent l’autorité de l’Empire.
Le domaine scriptural peut aussi être étudié comme un monde en soi, « l’Empire des lettres », avec sa cohérence et son histoire. Les affiches de maîtres écrivains et de calligraphes, les modèles d’écriture, les écritures spécifiques à un genre (par ex., la « gothique liturgique », l’écriture de la chancellerie impériale), les influences des écritures données ou perçues comme « impériales » ou les conséquences sur l’écriture des prétentions politiques (en France, l’invention de la « mixte » est contemporaine de l’adage « le roi est empereur en son royaume) reflètent l’idée d’un « imperium » distinct, permettant de distinguer des sphères et hiérarchies de pouvoir.
Ces deux grandes dimensions de « l’Empire des lettres », à savoir la connotation de l’Empire par les lettres et la structuration du domaine scriptural (c’est-à-dire le domaine partiellement autonome des écritures), relèvent du présent appel à communication.
Les communications durent 20 minutes. Parmi les sujets envisageables (liste non exhaustive) se trouvent :
- Typologie de l’empire et des écritures associées : archaïsmes, canonisations, formalisations ;
- Diversité des alphabets, diversité des empires (perception des écritures non-latines, écritures imaginaires comme symbole de pouvoir) ;
- Influences des écritures données ou perçues comme « impériales » (en particulier, écritures des chancelleries pontificale et impériales) et innovations/résistances ;
- Héritage moderne et contemporain des concepts et pratiques médiévaux de l’Empire des lettres ;
- Affiches des maîtres écrivains, modèles d’écriture, manuels
Conditions de soumission
Pour proposer une communication, veuillez envoyer un résumé de 250 mots maximum à dominique.stutzmann@irht.cnrs.fr ou à vincent.debiais@univ-poitiers.fr
La date limite de reception des propositions est le 20 septembre 2013.
Le colloque se tiendra à Leeds, du 7 au 10 juilllet 2014.
Conditions d'évaluation
Après réception, les propositions seront évaluées anonymement par le comité d’organisation des sessions.
Argument
Script is not a neutral communication medium. Scripts were particularly used throughout the Middle Ages to stage the idea of Empire, power and domination. Well known examples are the litterae caelestes in the late Antiquity, the papal curialis, the litterae elongatae. The concept of Empire in palaeography should, however, not be limited to pragmatic writings and scripts, as illustrated by the ‘prophetic’ alphabet of Hildegard of Bingen for her lingua ignota, connoting the divine Empire, or by the Humanistic script or littera antiqua, which claimed to re-introduce the Antique script, not only the script of Classical Latin literature, but, as a matter of fact, also the script of a (believed) former form of Empire. The writing has the ability to connote authority and Empire and to inspire respect.
That’s why these sessions are placed under both the title of E. T. Bannet’s study on letter manuals (showing how letters unified an Empire) and under the sign of the political irony of the expression “Tiger of paper”, here “tiger of parchment”, as the writings and their layout and staged scripts were able to create admiration, respect and sacred terror.
If the Caroline minuscule is an obvious symbol of a political and cultural endeavour, it also demonstrates how complex the link between Empire and scripts is. At the same time, Charlemagne unified a political space and gave it a common script. In this sense, he unified the Empire by its letters (the Caroline minuscule expelled the use of ‘national’ scripts such as the Beneventana of the Lombards and other scripts inherited from the Roman Empire, such as the curialis), but he also unified the Empire of letters (the Caroline minuscule expanded from book script to both a documentary and book script). Yet, the Caroline is not an ‘imperial’ creation. It arose before the renovatio imperii and is merely a selection of forms within the multiple evolutions of the time, while the other imperial scripts (litterae caelestes, curiales, elongatae) are the fossilised heirs of prestigious times. They are not only archaizing, they are connoting the authority of Empire.
On the other hand, the scriptural domain is a world in itself with its coherence and history. The idea of an ‘Empire of letters’ (the title of a classical manual of letter writing) may have emerged within this world too. Calligrapher’s manuals and posters, writing models, script types which are specific to a genre (e.g. “gothic liturgical script”, “imperial chancery script”), influences or political pretentions to the Empire (the French “mixte” is coeval with the motto “the king is emperor in his realm”) reflect the claim of a distinct ‘imperium’, used to distinguish different hierarchies and spheres of power.
Both parts of this “empire of letters”, that is, the ability to connote authority and Empire through the script, and the structure of a semi-autonomous world of scripts, are relevant to the theme.
Papers of 20 minutes in length are invited on any relevant aspect of palaeography and the notion of Empire. Possible topics could include, but are not limited to:
- The typology of empire and related scripts: archaizing processes, canonisation, formalisation
- Diversity of alphabets and diversity of Empires (perception of non-Latin scripts; fake scripts as symbols of power)
- Influences of Imperial scripts (esp. papal and imperial chanceries) and innovations/resistances
- The influence of medieval concepts and practices of empire on their post-medieval successors
- Writing masters and posters
Submission guidelines
To propose a paper, please send a brief abstract (250 words max) to dominique.stutzmann@irht.cnrs.fr or vincent.debiais@univ-poitiers.fr
The deadline for receipt of submissions is 20th September 2013.
Conference : 7-10 Juily 2014
Evaluation
Proposals will be anonymously evaluated by the organizational committee of each session.
Präsentation
Schrift ist kein neutrales Medium. Während des ganzen Mittelalters dienten die Schriften u.a. der Inszenierung des Begriffes von „Reich“, Macht und Herrschaft. Typische Beispiele sind die spätantiken Litterae caelestes, die römisch-päpstliche Kurialis, die litterae elongatae. Der Begriff des „Reiches“ lässt sich aber auf paläographischer Ebene nicht mit den pragmatischen Schriften begrenzen, wie es die von Hildegard von Bingen für ihre lingua ignota erfundene prophetische, den göttlichen Himmelreich konnotierende Schrift oder die humanistische Schrift beweisen. Die letzte kursierte im Mittelalter unter dem Namen littera antiqua und hatte den Anspruch, die Schrift der Antike für die klassische lateinische Literatur, und, als solche, auch eine verschwundene Form des Reiches wiederzubeleben. Die Schrift vermag also, Autorität und Reich zu konnotieren, und Ehrfurcht zu erregen.
Deshalb werden diese Sessions sowohl unter dem Namen von E. T. Bannetts Studie über Schreib-Handbücher „Empire of letters“ (Reich der Schriften), in der gezeigt wird, wie Schriften einen Reich vereinigten, gesetzt, als auch unter dem Zeichen der an der Paläographie angewandten politischen Ironie der „Tiger aus Papier“, hier „Tiger aus Pergament“, da Schriftstücke vermögen, durch Layout und graphische Merkmale Verehrung und Ehrfurcht zu erwecken.
Wenn die karolingische Minuskel ein hervorragendes Symbol eines politischen und kulturellen Unternehmen ist, jedoch zeigt sie auch, wie komplex die Beziehung zwischen Reich und Schrift ist. Karl der Große hat einen politischen Raum vereinigt und ihm mit einer gemeinsamen Schrift versehen. Indes hat er ein Reich durch die Schrift vereinigt (die karolingische Minuskel schloss allmählich die früheren, sog. ‚nationalen‘ Schriften, wie die langobardische Beneventana, bzw. andere aus dem antiken Reich abgeleiteten Schriften wie die Kurialis, aus), aber er hat auch das Reich der Schriften vereinigt, da die karolingische Minuskel sowohl als Buch- wie als Urkundenschrift den Vorrang erringt. Jedoch ist die karolingische Minuskel keine kaiserliche Erfindung: sie hat sich vor der renovatio imperii entwickelt und wurde durch die Auswahl einiger Formen aus der damaligen blühenden Vielfalt gekennzeichnet, während die weiteren kaiserlichen bzw. Reichsschriften (litterae caelestes, curiales, elongatae) fossilisierte Erbe glorreichen, aber vergangenen Zeiten blieben. Es sind nicht nur archaisierende Schriften, sie konnotieren die Autorität des Reiches.
Das Schrifttum darf auch als eine geschlossene Welt, als ein „Reich der Schriften“ mit innerer Kohärenz und mit eigener Geschichte betrachtet werden. Die Plakate der Schreibermeister, die Schrift-vorbilder und –handbücher, die gattungsspezifischen Schriften (z.B. „gothic liturgical book script“, Schriften der Reichskanzlei), der Einfluss der als „kaiserlich“ ausgestellten bzw. rezipierten Schriften oder die Konsequenzen politischer Ansprüche (in Frankreich, die Erfindung der „mixte“ an der königlichen Kanzlei erscheint zeitgleich mit dem Motto „Der König ist Kaiser in seinem Königreich“): all dies spiegelt einen spezifischen ‚imperium‘-Begriff wider.
Beide Dimensionen des Reiches der Schriften, nämlich die (Kaiser)Reichs-Anspielung durch die Schriften und die Herrschaft über Schriften und Schriftformen sind für diesen Call for Papers relevant.
Die 20-Minuten langen Vorträge können u.a. folgende Themen behandeln:
- Typologie des Reiches und der damit verbundenen Schriten : Archaismus, Kanonisierungsprozesse, Formalisierung ;
- Vielfalt der Alphabete, Vielfalt der Reiche (Wahrnehmung nicht-lateinischer Schriften, imaginäre Schriften als Herrschaftszeichen);
- Einfluss der als „kaiserlich“ ausgestellten bzw. rezipierten Schriften (Nachahmung, Widerstand, Erfindungen);
- Frühmoderne und moderne Nachwirkung der mittelalterlichen Begriffe und Praxis des Reiches der Schriften;
- Schreibmeisterplakate, Handbücher, Vorbilder.
Vortragsvorschläge
Die Abstracts sollten einen Umfang von 250 Wörtern nicht überschreiten.
Die Abstracts sollten zu dominique.stutzmann@irht.cnrs.fr oder vincent.debiais@univ-poitiers.fr gesendet werden.
Deadline : 20. September 2013
Argumentos
A lo largo de la Edad Media la escritura sirve para representar la idea de Imperio, poder y dominación. Los ejemplos más célebres son las litterae caelestes de la Antigüedad Tardía, las curialis de la cancillería pontificia, las litterae elongatae hasta. No obstante, el concepto de Imperio no se limita a la escritura pragmática, como lo demuestra la escritura profética de Hildegarda de Bingen en su lingua ignota, que remite al imperio divino, o la escritura humanística, también llamada littera antiqua, que pretende reproducir la escritura de la Antigüedad en la literatura latina clásica y, por consiguiente mostrar la escritura de una forma desaparecida en el Imperio. La escritura presenta la posibilidad de connotar la autoridad del Imperio y de inspirar respeto.
El título doble de estas sesiones, responde al título del estudio de E.T. Bannet sobre los manuales epistolares Empire of letters (El Imperio de las letras), donde se demuestra cómo las letras han unificado un Imperio, y a la ironía política de los « Tigres de papel », aplicada a la paleografía.
Si la minúscula carolina es símbolo manifiesto de una empresa a la vez política y cultural, muestra también la complejidad de los lazos entre Imperio y escritura. Respondiendo a la misma lógica, Carlomagno unifica un espacio político a través de una escritura común; procediendo de esta manera, unifica el Imperio a través de sus letras (la carolina acaba excluyendo las escrituras conocidas como “nacionales”, como la beneventana de los Lombardos u otras escrituras originales del Imperio romano, como la curialis) así como a través del dominio grafico, el Imperio de las letras (la carolina se impone como escritura libraria y documental). No obstante, la carolina no es una creación imperial: precede la renovatio imperii y no es más que una selección de formas en un momento de evoluciones múltiples, mientras que otras escrituras imperiales (litterae caelestes, curiales, elongatae) son herederas fosilizadas de tiempos prestigiosos pero ya acabados: no son únicamente arcaizantes, connotan la autoridad del Imperio.
El terreno gráfico puede también estudiarse como un mundo en sí, « el Imperio de las letras » con su coherencia y su historia propias. Los carteles de los maestros escribanos y de los calígrafos, los modelos de escritura, las escrituras propias de un estilo determinado (“gótica litúrgica”, la escritura de la cancillería imperial, etc.), las influencias de escrituras presentadas o percibidas como “imperiales” o las consecuencias en la escritura política (en Francia la invención de la “escritura mixta” es contemporánea del adagio “el rey es emperador en su reino”) reflejan la idea de un imperium distinto que permite diferenciar esferas y jerarquías de poder.
Estas dos grandes dimensiones del “Imperio de las letras” (la connotación del Imperio a través de las letras y de la estructuración del dominio grafico, es decir, el dominio parcialmente autónomo de la escritura), son objeto de la presente convocatoria.
Las comunicaciones duraran 20 minutos. Entre los posibles temas (lista no exhaustiva), citaremos :
- Tipología del imperio y de las escrituras asociadas : arcaísmos, canonizaciones, formalizaciones;
- Diversidad de alfabetos, diversidad de imperios (percepción de las escrituras no latinas, escrituras imaginarias como símbolo de poder);
- Influencia de las escrituras presentadas o percibidas como “imperiales” (en particular la escritura de las cancillerías pontifical e imperial). Innovaciones y resistencias;
- Herencia moderna y contemporánea de conceptos y practicas medievales de Imperio de las letras;
- Carteles de maestros escribanos, modelos de escritura, manuales.
Modalidades de sumisión
Para proponer una comunicación, enviar un breve resumen (250 palabras) a dominique.stutzmann@irht.cnrs.fr o vincent.debiais@univ-poitiers.fr
Fecha límite para la recepción de los resúmenes: 20 de septiembre de 2013.