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« Happy City » – Faire la ville par l'événement

"Happy City" - producing cities through events

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Publié le lundi 28 novembre 2016 par Céline Guilleux

Résumé

Opérations plages urbaines, golfs urbains, bombes à graines et jardins mobiles comme œuvres d’art, expositions muséales qui investissent l’espace urbain : de même que l’événement a remplacé le monument dans le rapport des artistes à l’espace public, la new urban governance a fait de l’éphémère et de la dématérialisation des interventions un motif d’animation et de visibilisation de la ville en train de se faire, se défaire, se réinventer de manière continue. Cette journée d’études aspire à penser ces transformations de la fabrique urbaine en faisant dialoguer chercheurs et professionnels de la ville autour du rôle de l’événement dans la fabrique urbaine.

Annonce

Argumentaire

Opérations plages urbaines, golfs urbains, pianos en libre accès dans la ville sur lesquels le passant est appelé à jouer pour créer du lien social, bombes à graines et jardins mobiles comme œuvres d’art, expositions muséales qui investissent l’espace urbain, manifestations sportives qui donnent un aspect de station balnéaire ou de montagne aux villes centres, chaises longues dans les parcs qui permettent aux usagers de se délasser dans le même temps que les jeunes personnes qui gèrent le dispositif sont réinsérés : l’événement et l’éphémère sont, depuis une quinzaine d’années, devenus des principes cardinaux de l’action urbaine. L’aménagement urbain se calque ainsi désormais sur ce que Montaigne disait de la personnalité, se faisant lui aussi “ondoyant et divers”. Un jour comme ceci, un jour comme cela. Un jour culturel (une exposition), un jour sportif (un tournoi de beach-volley), un jour festif (un concert), un jour méditatif (des chaises, rien que des chaises)…

D’aucuns se sont attachés à faire la généalogie de cette diversification des modes d’action sur la ville. On a montré l’incidence d’une nouvelle gouvernance urbaine, aspirant à plus de participation, dans le même temps que l’on cherche à mobiliser plus de parties prenantes et, éventuellement, assurer un cofinancement (public, privé) de la production territoriale. Dans ses aspects les plus généreux, la nouvelle gouvernance urbaine peut en effet apparaître comme une traduction des aspirations citoyennes à exercer plus de pouvoir sur la fabrique urbaine de manière à accroitre la qualité du cadre de vie. Les appels de la première écologie politique à une “société conviviale” y ont ainsi trouvé un écho parfois dévoyé. On s’y est par exemple beaucoup plus intéressé à l’animation de la participation, qu’aux produits de la participation.

Parallèlement, le souci de favoriser un certain vivre ensemble, les principes du développement urbain durable ont occasionné un goût pour des actions adaptées à l’accroissement de la qualité de vie en ville, notamment du point de vue des aménités et des loisirs. Comprendre ici l’organisation d’events (golfs urbains, opérations plages urbaines, etc.) dont le but est de multiplier des “moments urbains heureux” qui ne sauraient pourtant être des politiques urbaines, mais qui s’inscrivent dans une politique assumée de l’événement. Ainsi, de même que l’événement a remplacé le monument dans le rapport des artistes à l’espace public, la new urban governance a fait de l’éphémère et de la dématérialisation des interventions un motif d’animation et de visibilisation de la ville en train de se faire, se défaire, se réinventer de manière continue.

Le goût des pouvoirs publics pour la “durabilité” urbaine a ainsi transformé l’urbanisme – au sens d’action réflexive et coordonnée sur une réalité matérielle, le bâti – en outil de production d’un immatériel : le bien vivre en ville à destination des habitants – souvent fortement dotés en capital culturel – les plus férus de ce type d’animation relevant de l’événementiel.

Ce goût pour l’événement et l’éphémère comme modalités d’action sur la ville a ses théoriciens (Charles Montgomery par exemple), qui en sont aussi les gourous, au sens où ils proposent des recettes aux collectivités publiques pour rendre les villes plus ludiques, plus heureuses et, in fine, plus attractives (voir, Peck & Theodore, 2012; McCann & Ward 2011; Söderström, 2014). Ces gourous ont, à leur tour, des adeptes, qui travaillent à développer l’idée d’un réenchantement des mondes urbains en l’adaptant à des contextes locaux. En somme, on a affaire à une doctrine en circulation — portée par des figures emblématiques — qui s’hybride localement.

Dans le même temps que l’action urbaine se diversifie, le spectre des acteurs de la fabrique urbaine s’élargit, les nouveaux faiseurs de ville étant appelés à être des techniciens de la planification, des producteurs de sens, des animateurs de processus participatifs, des communicateurs d’intentions, des médiateurs culturels.

Cette journée d’études aspire à penser ces transformations de la fabrique urbaine. Elle se propose, plus précisément, de faire dialoguer chercheur-e-s et professionnel-le-s de la ville autour du rôle de l’événement dans la fabrique urbaine.

Programme

  • 8 h 30 : Accueil des participant-e-s
  • 8 h 45 : Mot d’introduction
  • 9 h 00 : Intervention de Dan Archer, Happy City Lab : Design d’expériences collectives en ville.

9 h 30 – 10 h 45 : Régimes d'événementialité : qu'est ce qui fait l'événement ?

Modération : Marion Ernwein

  1. Léa Sallenave : Le « Street Art Festival » au regard de la politique rouge et verte de Grenoble.
  2. Nicolas Nova : Fête foraine ou living lab?
  3. Ivonne Manfrini et Jean Stern : Travailler avec retenue ET être percutant.
  4. Stéphane Collet et Serge Margel : Société d’événements.
  5. Oscar Gential : Tous sur le toit ! l'urbanisme relationnel par l'événement.

11 h 00 – 12 h 30 : L'événement pour transformer la ville

Modération : Simon Gaberell

  1. Claire Pozé : Urbanisme événementiel et décentralisation au Burkina Faso. Entre développement urbain et centralisation du pouvoir.
  2. Mathilde Vignau : Marseille : le choix de l’événement créatif pour transformer la ville. Une dichotomie entre résultats escomptés et concrétisations socio-urbaines.
  3. Benoit Dugua et Muriel Delabarre : Réenchanter la ville ordinaire par l'évènement. L’exemple du contrat de quartier des Boveresses à Lausanne.
  4. Cécilia Comelli : Quelle place pour les loisirs nocturnes ordinaires quand la politique événementielle prime ? 
  5. Francis Biggi : Les activités du Conservatoire national de Palestine.
  6. Jessica Ruffieux : Un pavillon solaire comme activateur social.

13 h 30 – 15 h 00 : Événements et subversion : potentialités et contraintes

Modération : Raphaël Pieroni

  1. Blaise Dupuis, Simon Gaberell et Patrick Naef : À la pointe de la fabrique urbaine ? Aménager et ménager un site clé de la ville de Genève grâce à une buvette sociale et culturelle.
  2. Sylvain Froidevaux : L’art et la participation comme reconquête de l’espace public.
  3. Thierry Maeder, Mischa Piraud et Luca Pattaroni : De la contestation à la planification : L’art, le temporaire et la ville.
  4. Luca Pattaroni : Politiques de l’événement. Enquête critique sur les enjeux de climatisation d’une manifestation citoyenne.
  5. Diego Rigamonti : Urbanisme social et collaboratif.

15 h 30 – 17 h 00 : L’urbanisme tactique et son institutionnalisation

Modération : Laurent Matthey

  1. Lisa Lévy : De la fête à la guérilla, il n’y a qu’un pas ? Tensions et contradictions de l’urbanisme tactique.
  2. Giovanni Secchi : Acteurs, actions, enjeux du « tactical urbanism » : réflexions autour de l’expérience stéphanoise.
  3. Rémi Baudoui et Manel Kabouche :  Les politiques d’intégration des «subjectivités rebelles» événementielles (SRE) : vers un nouveau bonheur urbain ?
  4. Laetitia Bettex et Marc Bungener : Park(ing) Day, une reconquête de l’espace public morgien.
  5. Giovanna Ronconi : Mini-chantiers – Expérimenter l'espace public.
  6. Jade Rudler : Le chantier ouvert : un événement au service de la planification urbaine.

 17 h 00 – 17 h 15 : Conclusion

Inscriptions

Inscriptions jusqu'au 5 décembre a l'adresse: http://happycity.unige.ch/inscription/

La finance d’inscription est portée à 30 francs suisses ou 30 euros (étudiants et doctorants : 20 francs suisses ou 20 euros) ; elle couvre les frais de repas et la documentation du colloque.

Organisation

La journée d’étude est organisée par le GREVE (Groupe de réflexion sur l’événement), collectif de chercheur-e-s intéressé-e-s par les usages de l’événement dans les processus de régulation sociale.

Soutiens

  • Association suisse de géographie,
  • Haute école spécialisée de suisse occidentale (HES-SO - GE),
  • Commission administrative de l’Université de Genève,
  • Faculté des sciences de la société de l’Université de Genève.

Comité d’organisation

  • Marion Ernwein, Université de Fribourg, chercheure boursière du FNS à l’Université d'Oxford.
  • Simon Gaberell, Haute école spécialisée de Suisse occidentale – Genève (HES-SO Genève).
  • Laurent Matthey, Université de Genève (UNIGE).
  • Raphaël Pieroni, Université de Genève (UNIGE).

Lieux

  • Pavillon Sicli, Route des Acacias 45
    Genève, Confédération Suisse

Dates

  • vendredi 09 décembre 2016

Mots-clés

  • ville, urbanisme, architecture, aménagement, éphémère, événement, réenchantement

Contacts

  • Marion Ernwein
    courriel : marion [dot] ernwein [at] ouce [dot] ox [dot] ac [dot] uk

URLS de référence

Source de l'information

  • Marion Ernwein
    courriel : marion [dot] ernwein [at] ouce [dot] ox [dot] ac [dot] uk

Pour citer cette annonce

« « Happy City » – Faire la ville par l'événement », Journée d'étude, Calenda, Publié le lundi 28 novembre 2016, http://calenda.org/385966