30 janvier 2014

Chômage : Qui, de l'OCDE ou des patrons, se moque le mieux des seniors ?

Selon l'OCDE, la France doit inciter les seniors à travailler. Seul problème : 63,5% des Français âgés de 55 à 64 ans sont sans emploi. Ce qui n'empêche pas les employeurs de continuer de se séparer des plus âgés sans pour autant recruter des plus de 55 ans.




Grand spécialiste, s'il en est, du « YAKA - YFO », l'OCDE qui répète à l'envie qu'en France : « le turnover est faible et la protection des salariés en place, élevée » (en gros que nous ne partageons pas assez le temps de chômage), vient, écrit Le Monde, de faire des : « (...) recommandations explosives, dans un rapport rendu public jeudi 30 janvier. Intitulé « Vieillissement et politique de l'emploi : mieux travailler avec l'âge »

Qu'y a t-il d'explosif dans ces recommandations ?

L'OCDE dénonce tout d'abord les ruptures conventionnelles appliquées aux salariés les plus âgés. Il serait intéressant d'entendre Pierre Gattaz à ce sujet. En effet, c'est le Medef qui a lutté pour obtenir cette rupture conventionnelle.

Souvenez-vous de Laurence Parisot, la passionaria de cette nouvelle forme de licenciement : « La vie, la santé, l'amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » déclarait-elle avec gourmandise !

Ainsi nous avons découvert : le concept de « séparabilité » justifié de la façon suivante par le Medef : « La rupture conventionnelle a permis de moderniser le marché du travail et la relation salarié-employeur en instaurant une « flexisécurité » à la française»

Or, précise l'OCDE : « (...) les ruptures conventionnelles représentent plus d'un quart des fins de CDI chez les 58-60 ans, contre 16 % pour l'ensemble des Français. Contrairement aux démissions, les ruptures conventionnelles permettent aux salariés de bénéficier de droits au chômage. Un système qui constitue dès lors des « préretraites déguisées » Et, nous ajouterons, surtout de transférer à l'UNEDIC la responsabilité de ces salariés !

Outre que cette affirmation est exacte, on pourra faire remarquer à l'OCDE que s'il semble tomber de l'arbre, n'importe quel salarié français avait compris la manœuvre patronale. Il est bien évident que lorsque le Medef demandait le report de l'âge légal à la retraite, il n'envisageait pas une seconde, de maintenir plus longtemps les salariés âgés dans l'emploi !

Et l'OCDE de proposer : « (...) de rendre « moins attractives » les ruptures conventionnelles en fin de carrière (...) » Ce avec quoi, comme la CGT, nous sommes parfaitement d'accord, puisque la rupture conventionnelle est devenue l'outil préféré des DRH pour éviter des plans sociaux autrement plus contraignants, notamment en termes de reclassement. Et surtout pousser dehors des salariés pour qui on envisage absolument pas des adaptations de postes ou de conditions de travail.

Nul doute que le Medef condamnera ces arguments de l'OCDE, mais appréciera par contre la partie consacrée aux chômeurs seniors.

L'OCDE déplore que : « (...) la durée d'indemnisation maximale des chômeurs de plus de 50 ans est de trois ans, contre deux pour le reste de la population. Une durée parmi les plus longues des pays membres de l'OCDE (...) »

Rien de surprenant de la part de l'OCDE qui pour habitude de choisir le moins disant social dans ses rapports. Et l'organisation d'ajouter : « (...) L'OCDE appelle syndicats et patronat, qui discutent actuellement des règles d'indemnisation des chômeurs, à « remettre en cause » cette « filière longue ». « Les dépenses dégagées pourraient ainsi être mieux utilisées pour accompagner les chômeurs âgés vers l'emploi (…) en renforçant les aides de retour à l'emploi des seniors »

Le rédacteur du présent billet, ancien chômeur de longue durée (3 ans), ne peut que manifester sa colère. Heureusement que les seniors disposent d'une durée de 3 ans d'indemnisation, surtout quand on sait comment sont accueillies leurs candidatures. Toutes les excuses sont bonnes pour ne embaucher les plus de 50 ans !  Dont certaines que les employeurs ou DRH n'osent pas exprimer à voix haute, mais appliquent sans le moindre remord.

Florilège de propos recueillis par l'auteur du billet

Les plus de 50 ans sont plus sujets que les autres aux maladies : Cet argument est aussi sordide que celui qui consiste à éliminer des femmes jeunes au fait qu'elles ont des enfants en bas âge ou qu'elles pourraient être enceintes. En gros un plus de 50 ans ça risque plus de pathologies lourdes qu'un jeune. C'est, nous l'ont affirmé des employeurs ou DRH, sous le sceau du secret un critère d'élimination fréquent.

Les plus de 50 ans ont des prétentions salariales trop importantes : C'est dommage pour les employeurs, mais jeune avec 20 ans d'expérience, ça n'existe pas encore. Et l'expérience, ça a un prix. Toutefois, essayez si vous êtes un senior au chômage de proposer de travailler au SMIC pour redémarrer, vous verrez vite que l'objection du salaire élevé n'était qu'une allégation mensongère.

Les plus de 50 ans ne maîtrisent pas les outils de communication modernes : C'est de moins en moins vrai ! En effet, l'utilisation des nouvelles technologies est de plus en plus répandue en entreprise et les 50 ans et plus les utilisent aussi bien à titre professionnel que personnel (ordinateurs, tablettes, smartphones). Par contre, le nombre de chefs d'entreprises françaises qui ne s'en servent pas au fait qu'ils : « n'ont beaucoup trop de travail pour aller se connecter sur le net  ou taper un courrier classique ou un E-mail » est encore légion en France. En admettant que certains employés ne soient pas parfaitement familiers des nouveaux outils de communication, rien n'empêche de les former ! Encore une fois, il s'agit d'une allégation mensongère

Que viennent faire en ce cas les « aides au retour à l'emploi » des seniors proposées par l'OCDE ?

Doit-on verser une fois de plus des subsides aux employeurs pour qu'ils les recrutent ? Doit-on comme dans certains pays permettre aux entreprises de verser des salaires de 300 à 400 €, le complément étant à la charge de l'état et du contribuable ?

La vérité, c'est que les employeurs et leurs organisations syndicales ne veulent plus s'encombrer de salariés qu'ils considèrent comme trop âgés. Les seniors sont devenus l'une des premières variables d'ajustement des entreprises qu'elles soient en difficulté ou pas.

L'OCDE qui peut de temps en temps, ne pas être naïf (ou cynique) constate  : (...) les salariés ne sont pas les seuls responsables du retard français en matière d'emploi des seniors. L'OCDE pointe notamment les réticences à embaucher des plus de 50 ans côté employeurs (...) Pour contrer cette tendance, les auteurs du rapport demandent que les entreprises soient davantage contrôlées et sanctionnées. Ils avancent l'idée « d'utiliser régulièrement la méthode des candidatures fictives pour identifier la suspicion de discrimination d'une entreprise particulière ». Une fois repérée, l'entreprise devrait faire elle-même la preuve qu'elle n'a pas de pratiques discriminantes (...) »

De bonnes idées qui devraient rester des vœux pieux, dans la mesure où, les organisations patronales s'opposeront à tout contrainte, lui préférant un énième ... code de bonne conduite qui n'engagera ... que ceux qui veulent bien y croire !. 

Pour ce faire, en d'interpellation sur l'emploi de seniors, Pierre Gattaz le patron du Medef se fera fabriquer en urgence un pin's « J'aime les seniors en entreprise » qu'il pourra alterner avec celui sur lequel on peut lire « 1 million d'emplois». Facétieux non ? Que voulez-vous, on peut être patron et avoir de l'humour ...   

Source et bibliographie

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Allergique.org

07 novembre 2013

Les « poissons rouges » politiques de Slovar au théâtre !



Ecrire un billet sur un député qui avait déposé un amendement pour améliorer la vie des poissons rouges et apprendre que celui-ci a en partie servi d'argument à une troupe théâtrale pour créer sa nouvelle pièce, c'est un grand moment de plaisir pour tout blogueur qui se respecte ! 





En juillet 2011, révolté par ce que je venais de découvrir sur le site de l'Assemblée nationale, j'écrivais un billet portant le titre suivant : « Le calvaire des poissons rouges : priorité sociale de l'UMP ? »

J'y écrivais entre autre : « (...) Les conditions de vie des précaires, immigrés et homosexuels sont-elles moins difficiles que celles d'un poisson rouge ? C'est ce qu'on peut se demander en lisant la question, hautement insolite, d'un député UMP au gouvernement ! (...) »

Qui était ce député ?

Michel Zumkeller député UMP du Territoire-de-Belfort. Ce grand humaniste qui avait : «  (...) voté pour le projet de loi relatif à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité qui a pour objet de : « (...) modifier les règles d’entrée et de séjour en France (...) renforcer les exigences en matière d’accession à la nationalité (...) » qui a donné lieu à la Loi du 16 juin 2011 dans laquelle on peut lire : « Le titre de séjour étranger malade ne pourra désormais être accordé que si le traitement n’existe pas dans le pays d’origine, indépendamment des conditions d’accès plus ou moins assurées à ce traitement (...) » et qui portait la plus grande attention aux titulaires du RSA qu'il soupçonnait forcément de vivre comme des nababs.

Qui aurait pu croire que ce pourfendeur des « assistés de tous poils » pouvait se muer en grand sentimental lorsqu'il s'agissait d'améliorer la vie ... des poissons rouges. En effet, le 5 juillet 2011, il posait au ministre de l'agriculture la question suivante :

« Michel Zumkeller interroge M. le ministre de l'agriculture(…) sur les conditions de vie des poissons dans les « boules aquariums ». À l'époque où le bien-être des animaux est un sujet plus que jamais à l'ordre du jour, il souhaite savoir pourquoi les « boules aquariums », ces boules de verre « primitives » sont encore vendues couramment à des personnes qui n'ont aucune notion des conditions optimales nécessaires au maintien des poissons d'aquariums. (…) Au bout de quelques semaines, si les poissons ont survécu, ce changement se fera uniquement lorsque l'eau du bocal deviendra nauséabonde ou lorsque les poissons piperont l'air en surface, preuve qu'il faut agir, s'il en est encore temps. En conclusion, il se demande simplement si on peut interdire la vente de ces bocaux ou « boules pour poissons » comme l'ont déjà fait certains pays européens et interdire strictement d'offrir le poisson rouge en tant que lot dans les foires et autre fêtes foraines (…) » ce à quoi nous ajoutions : Transmis à tous ceux qui tournent en rond et vivent à plusieurs dans un appartement de quelques mètres carrés, voire insalubre ou ... dans la rue !

 J'avoue que j'avais oublié ce billet tout comme ce député, jusqu’à la réception d'un mail étrange rédigé par Hadrien de Corneillan : « Je me permets de vous écrire à la suite de votre article sur "le calvaire des poissons rouges : priorité sociale de l'UMP" relatif à la proposition du député Michel Zumkeller d'interdire la vente des bocaux pour poissons rouges. Cet article insolite avait attiré mon attention, et ce d'autant plus que je constatais à quel point l'info était reprise par de très nombreux médias (...) Cette histoire est aujourd'hui à l’origine de la création d’une comédie pour le théâtre (sur Paris) : « Comment gagner une élection avec 1 lama, 7 poules et 2 poissons rouges »


Et c'est ainsi que je me retrouvais invité par Hadrien de Corneillan et Nathalie Guyot au petit théâtre Le Proscenium dans le 11eme arrondissement. Et là mes amis, que du bonheur. Car le génie des auteurs c'est d'avoir imaginé comment un élu peut utiliser l'opportunisme comme outil de communication politique. A croire par moments que ceux qui ont écrit le scénario ont passé une partie de leur vie professionnelle dans les coulisses de la politique.

Car tout y est ! La terreur de l'oubli dans lequel vivent une partie des élus, le sort de certains assistants parlementaires taillables et corvéables à merci, les discours destinés à faire monter l'élu dans les sondages et surtout les media omniprésents (excellente Jennifer Dubourg) sans oublier l'obsession écologiste qui a saisi nombre d'élus et qui est devenue pour beaucoup une béquille en cas de manque d'idées.


Bravo et merci aux auteurs, metteur en scène et aux acteurs pour cette soirée à qui je souhaite de nombreux autres spectacles aussi réjouissants.


Bonus pour les lecteurs de Slovar : Hadrien de Corneillan et Nathalie Guyot ont gentiment accepté de répondre à quelques unes de mes questions


Slovar : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l'association ART'CHOUM ?

C'est une association d'auteurs, de metteurs en scène et de comédiens, créée en 2000, spécialisée dans le théâtre. Ses mots d'ordre sont création et hétéroclisme. Du spectacle pour enfants à la comédie satirique sur le monde politique, Art'choum s'attache à créer ses spectacles de toutes pièces : texte, mise en scène, mais aussi décors, musique, illustrations.

Slovar : « Comment gagner une élection avec 1 lama, 7 poules et 2 poissons rouges » est une pièce sur les mœurs politiques. Est ce un thème habituel pour vos spectacles ?

Pas du tout. Nous avons cherché à innover. C'est le fait divers dont la pièce s'inspire qui nous a donné l'impulsion.  En tant qu'auteurs, nous cherchons des sujets pertinents, que nous pensons à la fois intelligents et abordables. C'est le défi que nous nous sommes lancés avec cette comédie : aborder un sujet sérieux sur un ton léger.

Slovar : Pour ceux qui n'ont pas eu la chance de venir voir  « Comment gagner une élection ... » y aura t-il une ou plusieurs séances de rattrapage ?

Nous l'espérons ! Nous sommes en pleine prospection. La pièce se jouera au Théâtre du Rempart à Avignon les 14, 15 et 16 février 2013. Nous recherchons par ailleurs des théâtres pour continuer l'aventure aussi bien à Paris qu'en province.

Slovar :  Comment vous contacter pour connaître votre future programmation ?

Vous pouvez suivre notre actualité sur notre page facebook : comment gagner une élection avec 1 lama 7 poules et 2 poissons rouges

Vous pouvez également nous écrire sur artchoum(at)hotmail.fr



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Axel Perez