Après les tentatives du Medef, de l'Afep, de l'UIMM, c'est au tour de 25 grands patrons français de réclamer une remise en cause du droit du travail et des obligations des employeurs en cas de licenciement économique.
Au Patronat on a de la suite dans les idées. En effet, après le Medef, l'Afep et l'UIMM, ce sont 25 grands patrons français qui montent au créneau sous la forme d'un manifeste sous l'égide du très libéral think thank Institut de l'entreprise pour réclamer entre autre : Des assouplissements du droit du travail, encore plus de flexibilité pour les salariés et des obligations revues à la baisse en cas de plans sociaux.
Il faut dire qu'après avoir réussi à faire intégrer leurs propositions de TVA sociale, les accords compétitivité-emploi dans le programme du Président candidat, ils commencent à avoir des doutes sur la victoire de leur champion au deuxième tour de la présidentielle. Alors comme la pédagogie est répétitive ...
Le manifeste des grands patrons se compose de 18 pages incluant les photos des signataires. Au milieu de l'habituelle logorrhée patronale : La France est en danger mais elle peut être sauvée par des mesures énergiques, on peut découvrir les douze propositions soumises aux candidats à la présidentielle.
Si on retrouve immanquablement la TVA sociale : « Alléger le coût du travail en transférant une partie des cotisations sociales vers la fiscalité pesant sur les ménages (TVA, CSG, fiscalité écologique) »
Et quelques classiques comme transférer le rôle d'arbitre de l'état ou des parlements aux partenaires sociaux : « Renforcer le rôle des partenaires sociaux par l’inscription de leur autonomie dans la Constitution, afin que le gouvernement et le Parlement soient juridiquement liés par les conventions signées entre partenaires sociaux »
On trouve quelques nouveautés qui ne devraient pas laisser les salariés insensibles. Nous en avons sélectionné quelques unes.
« Créer un Conseil pour la Compétitivité auprès du gouvernement, regroupant dirigeants d’entreprise et décideurs publics, afin d’évaluer l’impact de toute décision publique sur la compétitivité »
« Rendre obligatoire une négociation annuelle sur la politique de flexibilité des entreprises »
« Assouplir les conditions d’exécution du contrat de travail en cas de crise par la conclusion d’accords d’entreprise ou de branche »
Traduction : Que le gouvernement remette les clés de l'économique et du social aux entreprises et se contente des seules fonctions régaliennes. Ce qui est clairement décliné dans la proposition 2 : « Rendre possible la délégation à des entreprises privées pour toutes les missions de service public non régaliennes »
En clair mettre la main sur l'hospitalier, les transports publics, les services postaux, .... propriété de l'Etat, qui deviendraient de magnifiques rentes privées pour les entreprises qui en deviendraient attributaires !
Beaucoup feront remarquer que lancer un tel appel à deux jours du premier tour de la présidentielle est assez insolite et ressemble à s'y méprendre à un dernier baroud promis à l'échec !
On aura soin cependant de rapprocher les propositions des grands patrons de celles que Xavier Bertrand a fait au Cercle des DRH cette semaine. On pourra constater une totale convergence entre le programme que le Président candidat souhaiterait mettre en place en cas de réélection et celui des grands patrons.
Salariés/électeurs, maintenant que vous savez, c'est vous qui voyez ...
Sources
Manifeste : Pour une France prospère faisons le pari de l'entreprise