25 octobre 2013

Les « belles » promesses du Medef : 1 million d'emploi en 5 ans, si ...

Le Medef claironne à qui veut l'entendre que les entreprises françaises seraient capables de créer un million d'emplois en cinq ans. Comment ? Tout simplement en baissant les cotisations patronales, les dépenses publiques et bien entendu en précarisant les salariés au nom de la compétitivité !

En lisant la lettre aux chefs d'entreprises que le Medef a rendu publique sur son site web, on se demande combien de fois ses rédacteurs ont du rire à s'en tenir les côtes. En effet, expliquer que le taux de chômage et la faiblesse des embauches ne sont dues qu'aux  méchants politiques socialistes qui empêchent les gentils patrons d'employer un million de salariés, il a de quoi déclencher l'hilarité, du moins, au siège du Medef.

En fait, il s'agit ni plus ni moins d'une énieme resucée des revendications patronales à la mode Gattaz ... Yvon, père de l'actuel président du Medef qui expliquait entre autre, dans les années 80 que : pour embaucher plus il faillait pouvoir licencier plus facilement

Pour mémoire nous rappelait Laurent Maudit dans Marianne : « (...) Yvon Gattaz, promet que les entreprises créeront des centaines de milliers d'emplois nouveaux, qu'il dénomme sans trop de gêne des Enca (pour «emplois nouveaux à contraintes allégées»), si la puissance publique engage une forte déréglementation du marché du travail (...) »

Etonnant non ?

Gardons nous de tout enthousiasme car si Pierre Gattaz écrit : « (...) L’ambition que nous vous proposons est de créer 1 million d’emplois en 5 ans (...) »  Il précise aux candides qu'il  : «(...) ne s’agit pas non plus d’un engagement inconditionnel (...) »

Nous passerons vite sur le passage « Calimero » : « (...) Les chefs d’entreprise sont encore aujourd’hui trop souvent critiqués alors qu’ils devraient être cités en exemple et mis à l’honneur par la nation (...) » pour en venir à cet engagement qui n'est pas inconditionnel

Car, pour atteindre ce nirvana, les salariés doivent d'abord comprendre qu'ils doivent revoir à la baisse leurs conditions de travail et de chômage.

Ce qui débloquerait les embauches, selon Gattaz, ce serait : « (...) La simplification d’une réglementation devenue délirante, puisque nos 85 codes et nos 400 000 normes croissent de 3 % à 5 % par an et asphyxient nos entreprises (...) » 

En clair comme disait papa Gattaz : pour embaucher plus, il faudrait pouvoir licencier plus facilement. Ce à quoi il faut ajouter la fameuse « insécurité de l'employeur face aux prud'hommes » et les interventions « fâcheuses » des juges qui peuvent retoquer un plan social mal ficelé

De même, il serait nécessaire de : « (...) rétablir les comptes de nos régimes déficitaires : que ce soit le système de retraite, l’assurance chômage, ou l’assurance maladie. Là encore, le courage, la détermination, la constance dans l’effort sont indispensables (...) »

En admettant que les politiques et les salariés acceptent les conditions du Medef, en quoi la promesse de créer 1 million d'emplois engage t-il celui-ci ?

En rien, puisque le Medef est un syndicat d'employeurs qui ne fédère pas l'ensemble des entreprises françaises. Ce qui signifie qu'en cas de baisse massive des cotisations sociales, de démantèlement du code du travail, de la suppression de l'intervention des juges en cas de plan social douteux, de simplification des licenciements, d'une diminution des indemnités chômage, et du passage à 65 ans de l'âge légal de la retraite, le Medef n'aurait aucun moyen de contraindre les employeurs français à embaucher qui que ce soit !

De même, les allègements d'effectifs qu'autoriserait la plus grande liberté de se séparer de leurs salariés à bon compte ne garanti pas que le million d'emploi crée en cinq ans compenserait le nombre de salariés envoyés entre temps à Pôle Emploi ! 

Par contre, les salariés embauchés seraient plongés dans une précarité sans nom qui néanmoins les rendraient compétitifs pour les entreprises et le plus grand bonheur des actionnaires.

En fin de lettre, Pierre Gattaz donne aux chefs d'entreprises les clés du lobby qu'il entend mettre en place : « (...) Allez voir les élus, nos maires, nos députés, nos sénateurs, quels qu’ils soient, pour leur présenter notre projet commun de créer 1 million d’emplois en 5 ans et leur expliquer les réformes indispensables à mener pour relever ce défi collectif (...) » 

Et de conclure : « (...) Vive l’entreprise, vive la France ! »

Assurément, au Medef, ils ont vraiment du se tenir les côtes en la rédigeant cette lettre ...


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21 octobre 2013

Merci Philippe Cohen : Les belles années Slovar et marianne2 !

Ce matin, j'apprenais la disparition de Philippe Cohen, l'homme qui m'avait permis de m'exprimer librement sur Marianne2 le site web de l'hebdomadaire. Au delà de la grande tristesse, je veux rendre hommage à un type formidable qui m'a permis de faire partie de l'aventure qu'il avait initié.


Il me revient en mémoire une discussion avec un journaliste à l'époque où je faisais mes textes citoyens dans le balbutiant Agoravox. Celui-ci excédé par le terme de « journalistes citoyens »  m'avait infligé un : « vous êtes tout au plus des chroniqueurs, mais certainement des journalistes » Il faut dire qu'à cette époque la presse écrite voyait d'un mauvais oeil l'émergence des blogs et sites de prise de parole citoyenne.

D'une part parce que nous n'utilisions pas les codes de la profession et aussi parce contrairement à un journal ou un magazine papier qui ont un prix, la consultation des blogs et sites citoyen est gratuite.

Ce qui n'empêchait pas, par la suite, la presse écrite d'ouvrir des sites permettant de lire en ligne tout ou partie de leurs journaux et ... de récupérer des blogueurs pour augmenter leur audience. En ce qui me concerne, j'étais opposé à ce mélange des genres qui permettait à certains média de vendre toujours de publicité en utilisant des pigistes non rémunéré qui de plus devenaient concurrents bien involontaires des jeunes journalistes. C'est pourquoi, je n'avais jamais accepté de publier (a l'exception des sites militants) des papiers réguliers sur le site d'un media en ligne.

Et puis un jour, après un échange de mails et une rencontre avec Philippe Cohen que je ne connaissait pas auparavant, j'ai accepté de participer à l'expérience Marianne2.

Pourquoi ? Simplement parce que l'homme avec qui je discutais était tout le contraire de ceux qu'on voit régulièrement pérorer ou recopier à la ligne près les dépêches AFP ou Reuter. Et de plus, contrairement à tant d'autres, il n'avait pas cette attitude condescendante qu'emploient encore beaucoup de média avec des blogueurs.

Tout d'abord, ce furent quelques articles sélectionnés par la rédaction, puis Philippe Cohen décida de proposer à certains d'entre nous de disposer d'un blog sur la plate forme de Marianne. Le plus étonnant ce fut de réunir des sensibilité différentes et surtout de nous laisser carte blanche sur nos contenus !

Ainsi le 10 juin 2010, je publiais mon premier papier officiel  : « Nos ministres rouleront-ils dans une automobile française ... fabriqué en Corée ? »  qui fut suivi de 106 autres sur des thèmes sociaux, politiques et sociétaux. A chaque occasion que je croisais Philippe, bien que nous divergions sur certains sujets, jamais il ne m'a demandé de modifier ma ligne éditoriale ou mes textes. Ah si, il était très à cheval sur une seule chose : les guillemets ! Il ne manquait jamais de nous rappeler de ne mettre que des guillemets français dans nos textes.

Cette aventure avec Philippe et son Marianne2 (j'ai quasiment cessé de publier sur M2 lorsque j'ai appris qu'il ne dirigeait plus le web) a d'autant plus d'importance pour moi qu'elle s'est produite à une époque où, senior chômeur, à qui on ne répondait à aucune candidature, la publication régulière de papiers sur Marianne2 m'a permis de garder le contact avec une équipe (journalistes et blogueurs) et m'a permis de croire que je pouvais encore rebondir. Chose faite entre temps grâce à mes papiers et surtout au Marianne2 de Philippe !

Alors, même si nous n'avons jamais terminé avec Philippe notre discussion sur une éventuelle rémunération des blogueurs « pigistes » je lui dois beaucoup, et je ne suis pas près de l'oublier !

Salut l'artiste, tu vois, j'ai mis les bons guillemets dans le texte !

Lire aussi
l'hommage de mon camarade Juan  

Crédit et copyright photo
Alexandre Mouthon