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Les économies émergentes dans un monde polycentrique globalisé

Emergent economies in a polycentric globalised world

Perspectives sur les atouts et les vulnérabilités de la République démocratique du Congo à l’horizon 2030

Perspectives on the advantages and vulnerabilities of the Democratic Republic of the Congo on the horizon, 2030

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Publié le jeudi 20 août 2015 par Céline Guilleux

Résumé

Organisé sur une base interdisciplinaire, ce colloque est centré sur les approches théoriques des puissances émergentes et des analyses empiriques appliquées à la République démocratique du Congo (RDC). En privilégiant les approches interdisciplinaires, comparatives, prospectives, géo-économiques, stratégiques et socio-culturelles, il se veut l'occasion d'une réflexion scientifique sur la trajectoire, les ressorts et les potentialités, les atouts et les vulnérabilités de la RDC, considérée à la fois comme un pays en « émergence » et un champ privilégié des pays émergents.

Annonce

Argumentaire

La fin de la guerre froide a entraîné des ruptures historiques sur les équilibres géo-politiques, économiques et culturels du monde considéré jusqu’alors comme bipolaire. Dès lors, les relations internationales ne sont plus pensées sous un prisme binaire au niveau politique (Est/Ouest), économique (Nord/Sud), culturel (Orient/Occident) ou idéologique (capitaliste/communiste). Le décloisonnement géopolitique subséquent à la dynamique post-bipolaire s’accompagne de l’ébranlement des piliers de la civilisation moderne  (Jean Claude Guillebaud), du dépassement de l’économie zombie (John Quiggin), de l’accentuation des limites du libéralisme de marché comme vision du monde et mode de gouvernance, et des appels de divers penseurs pour une économie porteuse des idées de révolution convivialiste et de civilisation de l’altruisme (Matthieu Ricard, Jacques Attali, René Passet, Joseph Stiglitz, Enrique Dussel, Tshiunza Mbiye et Laurent Sebisogo). Il voit émerger des puissances économiques nouvelles et des nouveaux acteurs aux prétentions géostratégiques se déployant à l’échelle globale. Cette situation inédite entraîne plusieurs discontinuités.

La première est la transformation de la configuration des pouvoirs dans un monde globalisé, que Samir Amin qualifie de « monde polycentrique ». Ce monde sonne le glas de l’ère des puissances euro-américaines. Les positions de celles-ci, notamment leur monopole dans plusieurs champs pertinents de la vie internationale sont progressivement concurrencées par les « gagnants » de la mondialisation. Issus des continents, autres que l’Europe et le nord de l’Amérique, ces derniers sont de nos jours de plus en plus nombreux. Cette diversification des États accédant au rang d’économies de forte croissance augure des perspectives qui permettent de revisiter la pertinence discursive de certaines théories comme celle de la dépendance, du développement économique, du développement durable ou du développement inégal.

La deuxième discontinuité procède de la dévalorisation de « l’échiquier diplomatico-stratégique » (Raymond Aron), -la dimension militaire ne prévalant pas dans les interactions internationales, et de la prédominance de la compétitivité, de la créativité et des innovations des entreprises au sein des Etats. Ce dernier point donne sa valeur à « l’État commerçant » (« Trading State »), selon les termes de Richard Rosecrance. La notion de la puissance structurelle (Susan Strange) tient compte de ce déplacement du contenu et de la substance de la puissance à l’ère globale.

Depuis la disparition du clivage Est/Ouest, sur le plan discursif, un consensus domine les multiples tendances à l’œuvre dans les relations internationales contemporaines : la montée en force de nouveaux acteurs étatiques issus pour la plupart du Sud et qui font figure de « gagnants » de la mondialisation. L’expression « puissance émergente » qui s’est imposée dans le langage courant est couramment usitée pour les qualifier. Outre l’expression usuelle « puissance émergente », l’inventivité lexicale en cette matière recourt aux termes « marché émergent » ou « nouveau pays industrialisé ». Les pays émergents d’Asie ont tour à tour été appelés « dragons d’Asie » ou « tigres d’Asie » (Corée du Sud, Hong-Kong, Singapour et Taïwan), « bébés tigres » (Malaisie, Indonésie, Thaïlande, Philippines et Vietnam). Ceux d’Amérique latine ont été dénommés « jaguars américains » (Mexique, Chili, Colombie). L’acronyme BRICS désigne, quant à elle, le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Certains auteurs parlent de « tigres politiques » ou de « lions financiers » à propos de pays émergents africains (Nigéria, Botswana, Ghana, Côte d’Ivoire, Rwanda).

Si en 2012, Sebastian Santander pouvait affirmer qu’« en dépit de son succès médiatique, la notion d’émergence se démarque par un certain flou au contenu élastique. À défaut d’apporter une définition précise au concept, celle-ci recouvre une réalité particulière, celle de la diffusion du pouvoir mondial et, partant, d’une remise en cause progressive du monopole de la puissance conservée depuis cinq siècles par le monde occidental », il y a lieu de soutenir qu’à ce jour, le débat a beaucoup évolué. Ce n’est pas tant le contenu élastique qui pose problème que la diversité des émergents qui est intéressante à comprendre. La notion d’émergence convoque une diversité des pays marquée par la variété et une certaine disparité. Ces diversité, variété et disparité sont adossées à des trajectoires différentes, mais qui convergent toutes vers la dynamique de la montée en puissance de ces pays. Le questionnement théorique sur la notion d’émergence suggère deux champs de préoccupations au colloque. Le premier champ est un travail de déconstruction du concept d’émergence économique des États pour, d’abord, en comprendre la nature et la substance, et ensuite, en analyser les implications en relations internationales. Le deuxième champ est une analyse des récits d’expérience de l’émergence de certains pays. La relation de ces récits peut ouvrir des fenêtres aux débats susceptibles de baliser des perspectives suggestives pour une prospective appliquée à la RDC.

L’application des sciences sociales à la RDC, rend le colloque attentif aux enjeux d’un monde globalisé, multipolaire, polycentrique et postcolonial. En lançant en 2011 le programme de la modernisation du pays, les dirigeants de la RDC inscrivaient son émergence à l’horizon 2030. Noble ambition qui remémore « l’objectif 80 » promu autour des années 70 par le Président J.-D. Mobutu. La détermination de faire du Zaïre de l’époque une puissance économique trouve un écho chez le Président J. Kabila. Celui-ci en effet, s’assigne comme objectif de faire du Congo la Chine de demain, de transformer la société, non pas avec des changements cosmétiques, mais par des bouleversements en profondeur.

La Faculté des sciences sociales, politiques et administratives de l’Université de Lubumbashi veut participer à ce projet de transformation de la société congolaise en évaluant ses acquis et ses avancées, ses succès et ses échecs. Elle en précise les paramètres d’évaluation (émergence de la classe moyenne, développement des ressources agricoles et énergétiques, démocratisation de l’État, croissance du PIB et de l’investissement, libéralisation des échanges, accueil des capitaux étrangers, protection sociale, investissement dans le social, industrialisation et urbanisation, amélioration des conditions de vie…), et propose les linéaments d’une prospective à l’horizon 2030. Cette perspective oriente les travaux du colloque vers deux directions : la RDC comme pays en « émergence » et les leçons que nous pouvons retenir des expériences de succès d’émergence des autres pays.

Le colloque privilégie les approches interdisciplinaires, comparatives, prospectives, géo-économiques, stratégiques et socio-culturelles. Les perspectives théoriques sont encouragées ainsi que des analyses orientées vers l’action (policy-oriented analysis). En insistant sur l’émergence économique, nous souhaitons que des communications qui s’y rapportent, analysent les ressorts de ce phénomène à partir, d’une part, de l’examen socio-économique et stratégique de la situation de la RDC, et d’autre part, à partir de l’étude des relations diplomatiques, économiques, commerciales, universitaires, militaires, et de la coopération au développement entre la RDC et les pays émergents.

Axes thématiques

Les thématiques à considérer pour la soumission des communications s’articulent autour de trois axes :

  1. Approche théorique sur les concepts porteurs.
  2. La RDC, un pays en « émergence » : enjeux et perspectives.
  3. La RDC comme partenaire des puissances émergentes

Axe 1 : Approche théorique sur les concepts porteurs

Cet axe s’intéresse aux concepts porteurs du colloque notamment ceux de pays émergents, développement (développement économique, développement durable, développement inégal, développement holistique), gouvernance responsable, dépendance, monde multipolaire, monde polycentrique. Il cherche en outre à préciser les contours de la notionde pays émergent et à vérifier sa consistance épistémologique. Se cantonne-t-elle aux considérations purement économiques ou requiert-il une approche holiste ? L’attention sera aussi portée aux nuances apportées par les facteurs politique, militaire, diplomatique ou identitaire à l’intelligence de ladite notion. Il serait aussi suggestif de thématiser le rapport entre l’émergence et les notions de dépendance et d’autonomie.

Axe 2 : La RDC, un pays en « émergence » : enjeux et perspectives

Cet axe privilégie un travail d’historicisation qui éclaire le contexte historico-politique et idéologique des efforts consentis par l’État congolais en vue de l’émergence de la RDC. Il s’intéresse à ses progrès économiques, commerciaux et militaires. Il rend compte de ses rapports avec les institutions financières internationales, de sa planification, de ses cadres logiques et de ses stratégies, de l’évolution de son enseignement universitaire et de son approche de la coopération au développement, de sa politique étrangère ainsi que de sa diplomatie. L’enjeu est d’établir l’apport spécifique de ces différents secteurs à l’émergence de la RDC. Un des apports non négligeables de cet axe est de préciser les paramètres d’évaluation d’un pays émergent au sud du Sahara (gouvernance responsable, émergence de la classe moyenne, développement des ressources agricoles et énergétiques, démocratisation de l’État, croissance du PIB et de l’investissement, libéralisation des échanges, accueil des capitaux étrangers, protection sociale, investissement dans le social, stratégies de lutte contre la pauvreté, industrialisation et urbanisation, amélioration des conditions de vie, moralisation de la vie publique…), et de proposer, enfin, les linéaments d’une prospective applicable à la RDC à l’horizon 2030.

Axe 3 : La RDC comme partenaire des puissances émergentes

L’Afrique est, pour reprendre Sebastian Sandanter, un nouveau terrain de jeu des émergents. Le jeu a de multiples enjeux pour la RDC qui demeure un des champs privilégiés des pays émergents. Il importe dès lors de définir ces enjeux (politiques, économiques, commerciales, stratégiques, éthiques…) ainsi que les stratégies des différents protagonistes du jeu des émergents. Cet axe s’y attèle en proposant des études de cas (Chine, Brésil, Inde, Turquie,  Afrique du Sud, pays du Maghreb, etc.) qui précisent l’impact des économies émergentes et leurs implications sur le système international. Ces études dégagent les conséquences empiriques de la relation entre la RDC et les pays émergents à l’horizon 2030. La compréhension des logiques politiques, économiques et culturelles des puissances émergentes agite la question des stratégies de la RDC. Inscrivent-elles la RDC dans la voie d’autonomie ou d’une nouvelle dépendance ? Réécrivent-elles l’histoire de la RDC avec les puissances occidentales ou ouvrent-elles des nouvelles avenues propices à son émergence? L’on s’interrogera aussi sur les convergences et divergences/affrontements  entre les puissances traditionnelles et les puissances émergentes. Une approche comparative sur les facilités accordées à la mobilité des élites, sur les secteurs d’investissements privilégiés (transport, télécom, aménagement, gestion des eaux et électricités, infrastructures…) et sur les innovations technologiques soutenues par les deux puissances est attendue.

Modalités de soumission

Les propositions de communication (un résumé ne dépassant pas 500 mots) sont à envoyer conjointement, accompagnées des coordonnées et de l’affiliation institutionnelle

au plus tard le 20 décembre 2015

à gngoie2013@gmail.com et geomulumbeni@gmail.com

Les auteurs sélectionnés seront notifiés le 20 janvier 2016. Les textes à présenter peuvent être rédigés en français ou en anglais. Ils devront être envoyés avant le 10 mars 2016. Les informations sur des hôtels à Lubumbashi seront communiquées au début du mois de janvier 2016. Les frais d’enregistrement et de confirmation de la participation sont fixés à 60 USD. Leurs modalités de paiement seront communiquées en janvier 2016.

Conseil scientifique

  • Ngoie Tshibambe Germain - Université de Lubumbashi
  • Numbi Kanyepa - Université de Lubumbashi
  • Mulumbeni Munyenga - Université de Lubumbashi ;
  • Nkuku Khonde César- Université de Lubumbashi
  • Tshiyembe Muahila- Universités de Paris XII, de Kisangani et de Lubumbashi
  • Ndongala Maduku Ignace - Université de Montréal

Comité d’organisation

  • Ngoie Tshibambe Germain - Université de Lubumbashi
  • Nkuku Khonde - Université de Lubumbashi
  • Kakez Kayeb - Université de Lubumbashi
  • Fumbisha Roger - Radio Télévision Mwangaza

Lieux

  • Faculté des sciences sociales, politiques et administratives, Université de Lubumbashi
    Lubumbashi, Congo-Kinshasa

Dates

  • dimanche 20 décembre 2015

Mots-clés

  • pays émergent, développement, autonomie, stratégie, monde polycentrique, postcolonie, globalisation

Contacts

  • Germain Ngoie Tshibambe
    courriel : gngoie2013 [at] gmail [dot] com
  • Mulumbeni Munyenga
    courriel : geomulumbeni [at] gmail [dot] com

URLS de référence

Source de l'information

  • Germain Ngoie Tshibambe
    courriel : gngoie2013 [at] gmail [dot] com

Pour citer cette annonce

« Les économies émergentes dans un monde polycentrique globalisé », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 20 août 2015, http://calenda.org/336977