AccueilLes minorités ethniques ou nationales. Entre renouvellement et permanences

Les minorités ethniques ou nationales. Entre renouvellement et permanences

Ethnic or national minorities. Between renewal and permanence

Revue Belgéo

Belgéo Review

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Publié le jeudi 02 mai 2013 par Luigia Parlati

Résumé

Les coordinateurs de ce numéro de Belgéo souhaitent réfléchir sur le thème des « minorités ethniques ou nationales » deux concepts plurivoques entendus ici de façon souple, mais inscrits dans la lignée de P. Poutignat et J. Streiff-Fénart décrivant des groupes qui « n’existent que par la croyance subjective qu’ont leurs membres de former une communauté ». Dialectiquement liée à l’existence d’une majorité, la minorité — population en demande de reconnaissance d’une différence — est « ethnique » éventuellement d’un point de vue racial mais surtout par l’existence de « marqueurs ethniques » (langue, religion, culture, ou autres) qui lui sont spécifiques. La volonté de distinction implique reconnaissance dans la loi comme dans les discours. La façon de nommer les lieux, les individus ; les statuts accordés ou revendiqués ; la visibilité dans l’espace politique et social sont autant d’éléments caractérisant l’altérité.

Annonce

Argumentaire

Les coordinateurs de ce numéro de Belgéo souhaitent réfléchir sur le thème des « minorités  ethniques ou nationales » deux concepts plurivoques entendus ici de façon souple, mais inscrits dans la lignée de P. Poutignat et J. Streiff-Fénart décrivant des groupes qui « n’existent que par la croyance subjective qu’ont leurs membres de former une communauté » (1995, p.39). Dialectiquement liée à l’existence d’une majorité, la minorité — population en demande de reconnaissance d’une différence — est “ethnique” éventuellement d’un point de vue racial mais surtout par l’existence de “marqueurs ethniques” (langue, religion, culture, ou autres) qui lui sont spécifiques. L’aspiration à se différencier s’exprime de multiples façons, institutionnelles ou non, et aboutit à des situations très diverses, entre résistance et coopération, entre intégration forcée et autonomie. La volonté de distinction implique reconnaissance dans la loi comme dans les discours. La façon de nommer les lieux, les individus ; les statuts accordés ou revendiqués ; la visibilité dans l’espace politique et social sont autant d’éléments caractérisant l’altérité. Les problématiques liées aux minorités ethniques ou nationales qui avaient attiré l’attention des Political geographers de l’entre-deux-guerres (Isaïah Bowman dans son New World) sont nombreuses et les coordinateurs ce numéro de Belgéo se proposent de mettre l’accent sur trois d’entre elles.

  • Les maillages politiques : découpages et (re)constructions de territoires

Le territoire est un enjeu entre majorité et minorité. Dans cette perspective, le découpage administratif permet tout aussi bien de restituer et valoriser le territoire d’une minorité dans un ensemble plus vaste que de contribuer à sa dilution (les Tibétains en Chine). De ce point de vue, l’Union soviétique fut un laboratoire du découpage pseudo-national qui a influencé nombre d’États fédérés. Cependant, la logique du découpage et de ses enjeux ne se limite pas à l’action de l’Etat : de la même manière, les minorités revendiquent fréquemment des territoires, parfois plus vaste que l’aire administrative (comme au Pays basque où les nationalistes revendiquent la fusion avec la communauté autonome de Navarre, dont la partie sud n’est pas bascophone, mais aussi la réunification avec le pays basque français). La question des frontières des entités « autonomes » est alors multiscalaire (entre régions, comme entre États) et cause de tensions que les contributions pourront souligner.

  • Stratégies d’acteurs : synergies et résistances culturelles et politiques

L’existence de minorités ethniques ou nationales implique a minima un jeu à trois types d’acteurs : minorité, majorité et État. Les minorités sont fréquemment soumises à des politiques plus ou moins ouvertes d’assimilation, le plus souvent menées par des majorités qui se sentent menacées. L'État, et plus particulièrement l'État-nation centralisé, est à la fois un acteur et un outil dans ce type de luttes. Il justifie les politiques d'assimilation par des considérations variées dont la réparation paraît être une constante. Le processus, clairement assumé, doit permettre réparation (d’une annexion, colonisation, etc.) et le retour à une situation antérieure ou normalisée plus ou moins mythique. Mais les processus d'assimilation peuvent aussi concerner la majorité (à l’échelle de l’État mais qui ne l'est pas forcément à l’échelle régionale ou locale). Chaque groupe développe des stratégies de résistance dont les acteurs sont aussi divers que les moyens d’action. Les revendications des minorités sont portées par divers types d’organes politiques et structures : partis politiques (qui vont des forces rattachistes ou sécessionnistes aux partis favorables à la collaboration avec l’Etat ou vit la minorité), des associations culturelles et des médias dont les stratégies peuvent être mises en exergue.

  • Multiculturalisme et concurrence des légitimités

Les textes pourront observer les stratégies développées par des minorités au sein d’États peu ou prou « officiellement » multiculturelles (Canada, Brésil, États-Unis, Inde). Dans ces situations de reconnaissance, les groupes ethniques entrent en concurrence pour faire entendre leurs demandes de droits et leurs revendications. La donne en est alors changée ; la multiplication des groupes, les réalités démographiques et les capacités à se faire entendre créent des formes de concurrence des légitimités, et des interrogations possibles sur les définitions de l’intérêt général et de la nation. Le Canada actuel résume quelque peu cette réalité au travers de l’idée « d’une communauté de communautés », mais d’autres exemples sont possibles. Cette troisième partie réinterroge alors le concept de « multiculturalisme » dans son acception la plus idéologique : la dénomination accordée à une nation constituées de groupe ethniques constitués et structurés – reconnus par l’Etat (ex. des communautés hispanique, afro-américaine et asiatique, dites « minorités officielles » aux États-Unis). Peut-on dire de cette nation qu’elle est réellement « multiculturelle » si, par exemple, l’inter-culturalité ne fonctionne pas (pas de solidarité intercommunautaire) ou s’il existe, dans les faits, un traitement différencié des politiques de discrimination positive ? Au final, le statut même d’une « minorité ethnique » ou « nationale » ne met-il pas en péril l’idée même de « multiculturalisme » dans sa forme la plus pratique ?

Parmi les thèmes suggérés, de manière non limitative :

  • Le concept de minorité ethnique ou nationale, nouvelles perspectives ;
  • Aspirations à la différence vs. intégration et/ou tentatives d'assimilation ;
  • Le territoire en tant qu'enjeu entre majorité et minorité ; les manipulations des découpages territoriaux ;
  • L'État et les minorités et les mythes ethniques et nationaux ;
  • La géographie des stratégies de résistance ;
  • Les minorités dans les États multiculturels ; statut de minorité ethnique vs. multiculturalisme ;
  • Les compétitions entre minorités.

Modalités de soumission

Belgeo (http://belgeo.revues.org) compte publier un numéro consacré au thème des minorités ethniques ou nationales, sous la direction de Franck Chignier-Riboulon, Anne Garrait-Bourrier et Stéphane Rosière.

Les manifestations d'intérêt (accompagnées d'un très court résumé) devraient parvenir au secrétariat de la revue

avant la fin juin 2013

à Christian Vandermotten cvdmotte@ulb.ac.be

avec copie à

Après accord des éditeurs du numéro et du comité éditorial de Belgeo, les articles seront attendus pour fin octobre 2013, pour une publication fin 2013 ou début 2014.

En cas d'acceptation, prière de se reporter à la page "Instructions aux auteurs", sur le site de la revue, URL : http://www.srbg.be/auteurs.htm et sur le site http://belgeo.revues.org/7113

Coordinateurs et comité scientifique

Dates

  • dimanche 30 juin 2013

Mots-clés

  • minorités, majorité, minorité ethnique, intégration, reconnaissance

Contacts

  • Christian Vandermotten
    courriel : cvdmotte [at] ulb [dot] ac [dot] be

URLS de référence

Source de l'information

  • Franck Chignier-Riboulon
    courriel : chignierriboulon [at] free [dot] fr

Pour citer cette annonce

« Les minorités ethniques ou nationales. Entre renouvellement et permanences », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 02 mai 2013, http://calenda.org/246235