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Du trouble à la vigilance ethnographique

Trouble in the field and ethnographic vigilance

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Publié le mardi 19 mai 2015 par João Fernandes

Résumé

Comme le faisait remarquer Didier Fassin, aujourd’hui l'expérience ethnographique ne va plus de soi, pas plus que l'écriture anthropologique. C’est ainsi que l’auteur plaide pour l'exercice de l’« inquiétude ethnographique » (2008) tout comme Bob White appelle à la « vigilance ethnographique » ; soit laisser le doute, l'incertitude faire irruption à chaque étape du processus de recherche et de production de connaissances anthropologiques. Chacune de ces étapes sont ainsi interrogées et soumises à la critique, depuis les situations intersubjectives d’enquête jusqu’à la production du texte, les procédés d'écriture et l'autorité même à parler de, ou à parler pour. Il s’agit donc pour l’anthropologue contemporain de porter un regard critique et réflexif sur toute sa pratique pour ainsi proposer un renouvellement épistémologique qui dépasse la simple observation du soi du chercheur ou des sujets singuliers de son enquête.

Annonce

Argumentaire

La relation d’enquête invite les personnes interrogées par l’ethnographe à s’exprimer autrement qu’elles ne le font d’habitude dans leurs milieux de vie. Symétriquement l’ethnographe pose des questions, note des réponses et fait des observations tout à fait spécifiques à son activité momentanée d’enquête. S’instaure ainsi un espace de parole et de pratique singulier dont les partenaires ne sortent pas indemnes.

Les interrogé(e)s en viennent à se poser les questions que l’ethnographe leur a posé et aussi à se servir de l’ethnographe pour se dire entre eux ce que peut-être ils ne pourraient pas exprimer sans la présence de ce tiers inclus. L’ethnographe, pour sa part, voit se modifier ses dispositions sociales et psychologiques parce que ses habitudes de penser et ses façons d’être sont mises à mal par celles de ses hôtes auxquelles il doit s’adapter pour y comprendre quelque chose.

Ce colloque invite les ethnographes que nous sommes à restituer ces troubles chez soi et chez l’autre tels qu’ils sont induits par l’enquête. Il s’agira de penser donc l’enquête en tant qu’il s’agit d’une expérience de savoir qui passe par une expérience existentielle et réciproquement tant pour les enquêté(e)s que pour les enquêtant(es). Pour mettre en évidence ces métamorphoses de soi et de l’autre, il est proposé de s’attacher à analyser des récits et anecdotes de terrain mettant en lumière les malentendus productifs à l’occasion desquels ethnographes et ethnographié(e)s se découvrent autres que ce qu’ils ou elles croyaient être avant les interactions d’enquête : remise en cause des grandes croyances anthropologiques au don, mythe, ou mode de pensée, etc. ; questionnement moral sur les bien-fondés de nos valeurs; ouverture à l’universalité de pratiques ou d’idées que l’on imaginait typiques de telle ou telle culture, etc. L’analyse de ces troubles est en effet porteuse d’un savoir anthropologique sur les logiques de passage du personnel au collectif et réciproquement, sur les dynamiques de transformation de soi et des autres au fil de l’enquête, qui, comme nous le savons désormais, est d’abord une histoire, une sorte de long récit. 

Comme le faisait remarquer Didier Fassin, aujourd’hui l'expérience ethnographique ne va plus de soi, pas plus que l'écriture anthropologique. C’est ainsi que l’auteur plaide pour l'exercice de l’« inquiétude ethnographique » (2008) tout comme Bob White appelle à la « vigilance ethnographique » ; soit laisser le doute, l'incertitude faire irruption à chaque étape du processus de recherche et de production de connaissances anthropologiques. Chacune de ces étapes sont ainsi interrogées et soumises à la critique, depuis les situations intersubjectives d’enquête jusqu’à la production du texte, les procédés d'écriture et l'autorité même à parler de, ou à parler pour. Il s’agit donc pour l’anthropologue contemporain de porter un regard critique et réflexif sur toute sa pratique pour ainsi proposer un renouvellement épistémologique qui dépasse la simple observation du soi du chercheur ou des sujets singuliers de son enquête.

Programme

Mercredi 20 mai

Salle Lombard, 96 boulevard Raspail, Paris 6e 

13h30   Accueil des participants                

13h45  - 14h  Mot d’accueil de Marc Bessin (Directeur de l’IRIS, UMR 8156-U997, EHESS) et Marieke Blondet (MNHN, UMR 7206  et LEF INRA, Nancy) 

14h -14h20   Introduction de Bob White (U. Montréal) et Alban Bensa (EHESS, IRIS) 

SESSION 1 - Modérateur: Mickaële Lantin Mallet (EHESS, IRIS UMR 8156- U997)

  • 14h20 - 15h05 Jamais deux sans trois : Le rapport à l’objet dans la quête de la vigilance ethnographique, Bob W. White (U. de Montréal)
  • 15h05 - 15h50  Parler de soi dans le dialogue ethnographique : rêves et destin de Tyua, Natacha Collomb (CNRS, CASE UMR 8170) 

15h50 – 16h Pause  

16h - 16h45   L’ethnographe hors terrain, Annabelle Boissier (LAMES UMR 7305 CNRS/Université Aix Marseille)

Jeudi 21 mai 2015

Maison Suger, 16-18 rue Suger, Paris 6e 

SESSION 2 - Modérateur: Thierry Bonnot (EHESS, IRIS UMR 8156- U997) 

  • 10h - 10h45  Confusion of Power : Colonized People and Intellectuals in Kanak New Caledonia, Alban Bensa (EHESS, IRIS UMR 8156- U997) 
  • 10h45 -11h30  Ethnographic Experience and Misunderstanding As a Productive Mirror, Luis Roberto Cardoso de Oliveira (University of Brasilia) 

11h30 – 11h45  Pause 

  • 11h45  -  12h30  On Ethnographic Cruelty, Joao de Pina-Cabral (School of Anthropology and Conservation, University of Kent) 

12h30 – 14h00 Pause Déjeuner  

SESSION 3 - Modérateur: Marieke Blondet  (MNHN, UMR 7206 et LEF INRA, Nancy)

  • 14h00 – 14h45  Duplicité ethnographique dans un dispositif d’accueil de demandeurs d’asile, Claude Nicole Grin (EPHE - IUHMSP- Université de Lausanne)
  • 14h45 – 15h30  Menues considérations digressives sur la vigilance ethnographique, Lomomba Emongo  (Université de Montréal et Collège Ahuntsic de Montréal) 

15h30 – 15h45 Pause 

15h45 – 17h30

TABLE RONDE -  Inquiétude et vigilance : deux notions pour l’anthropologie ?   

Clôture, Bob White (U. Montréal) et Alban Bensa (EHESS, IRIS) 

Organisation

  • Bob White (Professeur, Université de Montréal, CA)
  • Alban Bensa (Directeur d’étude, EHESS, IRIS UMR 8156- U997)
  • Marieke Blondet (ATER, MNHN, UMR 7206 Eco-anthropologie et ethnobiologie et chargée de recherche, LEF INRA, Nancy).
  • Mickaële Lantin Mallet (doctorante, EHESS, IRIS UMR 8156- U997 et chargée de recherche, LESC UMR 7186)

Lieux

  • EHESS, Salle Lombard | Maison Suger - 96 bld. Raspail | 16-18 rue Suger
    Paris, France (75006)

Dates

  • mercredi 20 mai 2015
  • jeudi 21 mai 2015

Mots-clés

  • ethnographie, vigilance, trouble, relation ethnographique, enquête, terrain, écriture, épistémologie, expérience, connaissance, savoir

Contacts

  • Marieke Blondet
    courriel : marieke [dot] blondet [at] nancy [dot] inra [dot] fr
  • Mickaele Lantin Mallet
    courriel : mlantin [at] ehess [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Mickaele Lantin Mallet
    courriel : mlantin [at] ehess [dot] fr

Pour citer cette annonce

« Du trouble à la vigilance ethnographique », Journée d'étude, Calenda, Publié le mardi 19 mai 2015, http://calenda.org/328241