Bible
La Bible est un ensemble de textes considérés comme sacrés par les juifs et les chrétiens. Les différents groupes religieux peuvent inclure différents livres dans leurs canons, dans un ordre différent. Les textes des livres eux-mêmes ne sont pas toujours identiques d'une religion à l'autre.
La Bible rassemble une collection d’écrits très variés (récits des origines, textes législatifs, récits historiques, textes sapientiaux, prophétiques, poétiques, hagiographies, épîtres) dont la rédaction s’est échelonnée entre le VIIIe siècle av. J.-C. et le IIe siècle av. J.-C. pour l'Ancien Testament, et la deuxième moitié du Ier siècle, voire le début du IIe siècle pour le Nouveau Testament.
La Bible hébraïque est dite en hébreu « TaNaKh », acronyme formé à partir des titres de ses trois parties constitutives : la Torah (la Loi), les Nevi'im (les Prophètes) et les Ketouvim (les autres écrits). Elle est traduite en grec ancien à Alexandrie. Cette version — la Septante — est utilisée au tournant du Ve siècle par Jérôme de Stridon pour compléter sa traduction latine de la Bible — la Vulgate — à partir de l'hébreu puis, au IXe siècle, par les « apôtres des Slaves » Cyrille et Méthode pour traduire la Bible en vieux-slave.
La Bible chrétienne, qui connait plusieurs canons selon les époques et les confessions, est constituée de deux parties : l'Ancien Testament, qui reprend le Tanakh tel quel ou augmenté d'un certain nombre de livres[N 1] et le Nouveau Testament commun à la plupart des Églises chrétiennes et regroupant les écrits relatifs à Jésus-Christ et à ses disciples. Il s'agit des quatre Évangiles canoniques, des Actes des Apôtres, des Épîtres et de l'Apocalypse.
Étymologie[modifier | modifier le code]
Le mot « bible » vient du grec ancien biblos ou biblion[1] correspondant à l'hébreu sépher[2] — « livre » — qui a donné τὰ βιϐλία (ta biblia), un substantif au pluriel qui signifie « les livres », soulignant son caractère multiple, qui est traité par les auteurs médiévaux en latin comme un féminin singulier, biblia, avec pour pluriel bibliae[2], par lequel il passe dans la langue française[3].
Le mot « Testament », traduit du latin testamentum, correspond lui au mot grec διαθήκη, diathêkê, qui signifie « convention » ou « disposition écrite »[4] avant de recouvrir une acception littéraire spécifique au sens de « testament philosophique », un sens que retient la Septante pour traduire le terme hébreu berith, « alliance », qui correspond pourtant davantage au grec sunthêkê[5]. Le déplacement sémantique du terme en tant que « testament » littéraire s'opère chez les auteurs chrétiens dès le IIIe siècle[6], traduit alors par le terme juridique latin testamentum qui est repris ensuite dans toutes les langues[7].
Les canons bibliques primitifs[modifier | modifier le code]
Le corpus biblique réunit plusieurs livres d'origines diverses, d'où le pluriel originel du mot « Bible ». Dès le début de sa formation, il existe plusieurs collections canoniques concurrentes de la Bible, chacune étant défendue par une communauté religieuse différente. Le mot canon (en grec ancien, κανών signifie règle) est utilisé dès le IVe siècle pour désigner la liste des livres reconnus par une communauté (ou Église)[3].
Les « canons » primitifs les plus importants sont sans doute ceux de la Bible hébraïque (canon massorétique) qui est reconnu par le judaïsme (rabbinique et karaite), et celui de la Bible grecque (Septante) qui est, quant à lui, reconnu par la plupart des Églises d'Orient et d'Occident. La Bible hébraïque, appelée Tanakh, se compose de trois parties : la Loi (Torah), les Prophètes (Nevi'im) et les Écrits (Ketouvim). La Bible grecque se compose quant à elle de quatre parties : le Pentateuque, les Livres historiques, les Hagiographes et les Prophètes. À partir du milieu du IIe siècle, les chrétiens ont nommé cette dernière liste de livres l'Ancien Testament pour la distinguer de leur propre collection : le Nouveau Testament. La Septante diffère de la Bible hébraïque non seulement par la langue utilisée, mais aussi par le fait qu'elle incorpore des livres supplémentaires, dits « deutérocanoniques », et que le texte des livres « canoniques » diverge parfois. De plus, l'ordre et l'importance des livres ne sont pas les mêmes dans les deux canons[8].
Les trois différentes parties de la Bible hébraïque sont canonisées et leur texte est relativement stabilisé en plusieurs étapes : d'abord la Torah (Ve siècle av. J.-C.), puis les Nevi'im (IVe siècle av. J.-C.), et enfin les Ketouvim (Ier siècle av. J.-C.). Le texte « protomassorétique » (précurseur du texte massorétique) est définitivement stabilisé à la fin du Ier siècle[9]. Les textes du Nouveau Testament, quant à eux, sont rédigés entre le milieu du Ier et le début du IIe siècle, mais leur canonisation n'a lieu qu'au cours des IIIe et IVe siècles[10].
Canon de la Bible hébraïque (canon massorétique)[modifier | modifier le code]
La Bible hébraïque est écrite en hébreu[N 2] avec quelques passages en araméen. Le canon massorétique, c'est-à-dire celui de la Bible hébraïque, se compose des parties suivantes[11] (entre parenthèses, l'appellation chrétienne dans l'Ancien Testament d'après le regroupement adopté par la TOB[12]) :
- La Torah ou Loi (Le Pentateuque) : Bereshit (Genèse), Shemot (Exode), Vayiqra (Lévitique), Bamidbar (Nombres) et Devarim (Deutéronome).
- Les Nevi'im ou « Prophètes » (Les livres prophétiques) :
- Prophètes « antérieurs » (Les « Livres historiques ») : Josué, Juges, I-II Samuel et I-II Rois ;
- Prophètes « postérieurs » (Les « Prophètes ») : Isaïe, Jérémie et Ézéchiel ;
- Les « douze petits prophètes » ou XII (idem) : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie.
- Les Ketouvim (Les autres Écrits) :
- Les livres poétiques : Psaumes, Proverbes, Job ;
- Les cinq rouleaux : Cantique des Cantiques, Ruth, Lamentations, Ecclésiaste, Esther ;
- Prophétie : Daniel ;
- Histoire : Esdras, Néhémie, I-II Chroniques.
Canon de la « Septante » christianisée[modifier | modifier le code]
Le Pentateuque (ou le recueil des cinq livres de la Torah) fut traduit en grec à Alexandrie au IIIe siècle av. J.-C.. Selon une légende rapportée par la Lettre d'Aristée[13] et amplifiée depuis, la traduction en grec de la Torah, dite « des Septante » ou « alexandrine », serait l'œuvre de soixante-douze savants juifs, six par tribu, qui, à la demande des autorités grecques d'Égypte (et isolés pendant soixante-douze jours, selon certaines versions), aboutirent à un texte commun.
Cette traduction devait être reçue comme ayant autant de valeur que l'œuvre originale, malgré certaines critiques. Cette version fut conservée à la bibliothèque d'Alexandrie avec les « Lois » : elle ne relève pas alors de la religion, mais du code coutumier du peuple juif. Toujours est-il que le nom de « Septante » est resté à cette traduction commencée au IIIe siècle av. J.-C., et à toute la Bible grecque par extrapolation. Les autres livres de la Bible hébraïque ont été traduits en grec au fil des siècles suivants. Certains livres ou passages ont été écrits directement en grec.
Ce corpus, largement répandu dans la diaspora juive hellénophone du Ier siècle, sera adopté tel quel par les apôtres et par les premiers chrétiens[N 3], et constitue l'Ancien Testament de l'époque.
Lors de l’instauration du judaïsme rabbinique, pour se démarquer du christianisme naissant, le texte grec est abandonné dans le monde juif au profit du texte hébreu, pour des raisons à la fois linguistiques et religieuses[N 4]. Après avoir été la version la plus répandue dans le monde juif hellénistique, la Septante devient l'Ancien Testament des chrétiens. Dès lors, le judaïsme la rejette de plus en plus à partir de la fin du Ier siècle[N 5]. Dans le monde chrétien d'occident, en revanche, la Septante continue d'être la référence et connaît plusieurs traductions en latin. Elle ne sera remplacée par la Vulgate que tardivement, au VIIIe siècle[14]. Dans l'église d'Orient pour laquelle la langue sacerdotale est le grec, la Septante est restée le texte de référence pour les traductions.
Le canon de la Septante, tel qu'accepté par les chrétiens, se compose de quatre parties[11] :
- Le Pentateuque (les cinq livres de Moïse) : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome ;
- Les Livres historiques : Josué, Juges, Ruth, I-II Samuel (I-II Règnes), I-II Rois (III-IV Règnes), I-II Chroniques (I-II Paralipomènes), Esdras, Néhémie, Esther#, Tobit*, Judith*, I-II Maccabées* ;
- Les « Hagiographes » : Job, Psaumes, Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des Cantiques, Sagesse de Salomon*, Siracide* ;
- Les Prophètes : Isaïe, Jérémie, Lamentations, Baruch*, Ézéchiel, Daniel#, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie.
Les livres présents dans le canon de la Septante et absents du canon Massorétique sont appelés deutérocanoniques, et sont marqués ici par *. Les livres dont le texte a été complété par des ajouts grecs significatifs par rapport au texte massorétique sont marqués ici par #.
Canon chrétien[modifier | modifier le code]
Livres deutérocanoniques (ou apocryphes)[modifier | modifier le code]
Les Livres deutérocanoniques sont des textes écrits avant l'ère chrétienne qui ont été incorporés dans le canon de la Septante. Toutes les confessions chrétiennes dites « traditionnelles », c'est-à-dire existant avant la Réforme — comme les catholiques, les orthodoxes, les coptes, les chaldéens et les maronites — les ont toujours considérés comme faisant partie de la Bible. Cependant, ils n'ont pas été acceptés dans le canon par Luther, puisque lui-même se fonde sur le texte massorétique de la Bible hébraïque. Luther juge néanmoins ces livres utiles.
Ces livres de l'Ancien Testament rédigés en grec[N 6] sont nommés « apocryphes » (du grec ἀπόκρυφος, caché) par les protestants et les pères de l'Église comme Augustin ou Jérôme. Les catholiques les nomment « deutérocanoniques », c’est-à-dire « livres secondaires » dans le canon (du grec δεύτερος, deuxième), ce qui est définitivement confirmé au concile de Trente en 1546.
Certains des livres de la Septante n'ont pas été admis comme deutérocanoniques. Ils ne sont reconnus par aucune Église et sont appelés « apocryphes » ou « pseudépigraphes » (écrits sous une fausse signature). Ils forment avec d'autres de la même époque ce que l'on nomme aujourd'hui les « écrits intertestamentaires ». Il s'agit par exemple du livre du Pasteur d'Hermas, présent dans le Nouveau Testament, puis retiré du canon biblique au IIIe siècle. L'Épître de Barnabé fut elle aussi présente un temps dans le Nouveau Testament, avant d'être retirée par décision conciliaire.
Nouveau Testament[modifier | modifier le code]
Le Nouveau Testament se divise en plusieurs groupes de livres[15] :
- les évangiles synoptiques (Matthieu, Marc, Luc), ainsi que les Actes, qui sont construits comme une suite de l’évangile selon Luc[16] ;
- la littérature paulinienne, qui comprend les épîtres de Paul lui-même (Romains, 1 et 2 Corinthiens, Galates, Philippiens, 1 Thessaloniciens, Philémon), les épîtres deutéro-pauliniens qui sont attribuées à Paul mais ne semblent pas être de lui (2 Thessaloniciens, Éphésiens et Colossiens), les épitres pastorales (1 et 2 Timothée, Tite), et l’épître aux Hébreux[17] ;
- la tradition johannique (l'évangile selon Jean, 1, 2 et 3 Jean, et l’Apocalypse) ;
- et les épîtres catholiques (Jacques, 1 et 2 Pierre, et Jude).
Ces livres sont généralement présentés selon l'ordre du canon occidental :
- les quatre évangiles canoniques (Matthieu, Marc, Luc, Jean) ;
- les Actes des Apôtres ;
- 14 épîtres, dont certaines sont attribuées à Paul de Tarse ;
- d'autres épîtres catholiques attribuées à d'autres disciples Pierre, Jacques le Juste, Jean et Jude ;
- l’Apocalypse.
Autres versions et traductions[modifier | modifier le code]
La Vulgate[modifier | modifier le code]
À l'origine, la Bible chrétienne est disponible en grec, la Septante et le Nouveau Testament étant tous deux rédigés dans cette langue. Les chrétiens du monde latin ont cependant très tôt utilisé des traductions latines de ces livres. Ces traductions sont appelées Vetus Latina[18].
Au IVe siècle, ces traductions sont considérées comme imparfaites par Jérôme de Stridon qui entreprend d'en faire une nouvelle traduction en latin commanditée selon ses dires[19] par l'évêque de Rome Damase dont Jérôme, qui a été ordonné par un évêque schismatique[20], a été un collaborateur occasionnel[21] : il entame la traduction du Nouveau Testament en 382, trois ans avant celle de l'Ancien Testament[18] pour proposer un texte connu depuis sous ne nom de « Vulgate » qu'il achève en 405[18].
Pour ce faire, il choisit tout d'abord de se baser sur les Hexaples d'Origène, puis entreprend une nouvelle traduction à partir du texte hébreu, le seul inspiré d'après lui[18]. Pour les Évangiles, la Vulgate utilise les manuscrits grecs. La traduction latine des textes qui constituent la fin du Nouveau Testament, y compris les épîtres pauliniennes ou du moins leur correction, sont attribuées essentiellement à un disciple de Jérôme prénommé Rufin, généralement identifié à Rufin le Syrien[22].
La traduction de Jérôme, que les pratiques ascétiques et approches théologiques confinent en dehors des courants alors dominants de la Grande Église[23], est largement rejetée par ses contemporains, religieux comme laïcs, qui vont jusqu'à questionner l'orthodoxie de son auteur[23]. Ainsi, l'usage de la Vulgate ne se généralise pas avant le IXe siècle tandis que l'usage et les copies de la Vetus Latina restent répandus parmi les moines et clercs érudits jusqu'au XIIIe siècle[23]. Bien que Jérôme ait été une personnalité marginale du christianisme de son époque, son œuvre a connu une large diffusion et la Vulgate, largement diffusée dans le christianisme occidental, est canonisée comme une version « authentique » de la Bible par l'Église catholique lors du Concile de Trente, en réaction aux critiques philologiques et exégétiques des humanistes depuis Lorenzo Valla[24].
La Bible samaritaine[modifier | modifier le code]
Les Samaritains (en hébreu moderne : Shomronim - שומרונים, c'est-à-dire « de Shomron », la Samarie ; ou « Israélites-Samaritains »[N 7]) sont un peuple peu nombreux se définissant comme descendant des anciens Israélites, et vivant en Israël et en Cisjordanie. On appelle parfois leur religion le « samaritanisme ». À l'inverse, les Juifs orthodoxes les considèrent comme des descendants de populations étrangères (des colons assyriens de l'Antiquité) ayant adopté une version illégitime de la religion hébraïque.
Leur religion repose sur une version particulière du Pentateuque, la Bible samaritaine. Ils n'adoptent pas les autres livres de la Bible hébraïque, et sont donc des « observants » de la seule Torah.
Leur Pentateuque est très proche de celui des Juifs, mais il s'écrit en hébreu samaritain avec l'alphabet samaritain, une variante de l'ancien alphabet paléo-hébraïque abandonné par les Juifs. Il diffère de la Torah hébraïque par des différences de fond. Les plus importantes portent sur le statut du mont Garizim comme principal lieu saint en lieu et place de Jérusalem. Les Dix Commandements de la Torah samaritaine intègrent ainsi en dixième commandement le respect du mont Garizim comme centre du culte[25]. Les deux versions des dix commandements existants dans le Tanakh juif (celle du Livre de l'Exode et celle du Deutéronome) ont été également uniformisées[25]. Afin de conserver le nombre des commandements (dix), le 1er commandement juif (« Je suis l'Éternel (YHWH), ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude ») est considéré comme une simple présentation, le premier commandement samaritain étant donc le deuxième commandement juif : « Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face ». Pour les Samaritains, « les sages juifs ont fait de la présentation un commandement pour maintenir le nombre de ceux-ci à dix (le nombre de commandements est mentionné dans l'Exode, 34.28), après qu'ils ont corrigé leur version en en retirant le dixième »[26] relatif au mont Garizim.
Outre ces différences fondamentales, il existe d'assez nombreuses variantes sur des détails de rédaction entre la Torah samaritaine et la Torah juive. Exception faite des divergences portant sur le mont Garizim, ces différences rendent le Pentateuque samaritain plus proche de la version des Septante que du texte massorétique[27].
Composition[modifier | modifier le code]
La Bible est une compilation de plusieurs textes rédigés à différentes époques de l'histoire par divers auteurs, compilateurs et rédacteurs. La forme finale d'un livre est appelée en théologie forme canonique.
Bible hébraïque (Ancien Testament)[modifier | modifier le code]
Souvent citée, l'hypothèse documentaire défend l'idée que la Bible hébraïque est le résultat de trois ou quatre sources indépendantes. Dans les années 1960, on a considéré ces sources comme ayant été rédigées entre le Xe et le VIe siècle av. J.-C. et compilées ensuite. Cette hypothèse n'est aujourd'hui plus dominante[28],[29]. La recherche actuelle penche en faveur d'une datation plutôt « basse » de la rédaction de la Bible. On identifie en général deux phases importantes d'écriture, entrecoupées de phases moins prolifiques. Ces phases s'articulent autour de l'exil à Babylone. La première débute juste après l'alphabétisation de Juda, c'est-à-dire entre la fin du VIIIe siècle av. J.-C. et le début du VIe siècle av. J.-C.. La seconde, qui fait suite à une situation difficile pour la Palestine, se situe durant la période hellénistique, c'est-à-dire autour du IIIe siècle av. J.-C.[30].
L'hypothèse d'une édition du Pentateuque à l'époque du rétablissement du judaïsme en Judée sous la domination perse (538 av. EC - 332 av. EC) est largement répandue dans l'exégèse germanophone, en cohérence avec la documentation de l'attitude de l'Empire perse (pratique perse dite de l'« autorisation impériale », qui incitait les peuples soumis à rassembler leurs traditions légales dans un seul document qui formait alors la source du droit pour la province en question). Cela expliquerait pourquoi l'Ancien Testament semble être une sorte de « document de compromis », où se trouvent rassemblés les grands courants théologiques du judaïsme post-exilique[29].
Nouveau Testament[modifier | modifier le code]
La théorie dominante aujourd'hui sur la composition des Évangiles est celle dite « des deux sources » : Matthieu et Luc auraient été écrits à partir de Marc et d'une source de paroles (logia) de Jésus (dite « Q », de l'allemand Quelle, source) ; Jean viendrait d'une tradition indépendante, qui aurait aussi produit les épîtres et l'Apocalypse placées sous le même patronage. Les Actes sont incontestablement la suite de Luc. Les épîtres reconnues par tous comme étant de Paul sont celles aux Romains, aux Corinthiens, aux Galates, et la première aux Thessaloniciens (peut-être le plus ancien écrit du Nouveau Testament). La période de rédaction est donc très brève : trois générations au maximum, au plus tard au début du IIe siècle.
L'exégèse biblique[modifier | modifier le code]
Historicité de la Bible[modifier | modifier le code]
Pour ce qui concerne les premiers livres de la Bible, de Genèse à Juges, les fouilles des lieux qui sont cités dans la Bible ne corroborent pas les faits qu'elle décrit[31]. Par exemple, l'exode, le séjour au désert pendant quarante ans et la conquête du pays de Canaan ne sont corroborés ni par l'archéologie ni par l'histoire.
Plus on s’approche de la période de l’exil (VIe siècle av. J.-C.), et plus le texte biblique s’accorde avec l’histoire bien attestée de la région du Levant. Ainsi, la Bible fait référence à la destruction du royaume d’Israël en -722[32], à la mort du roi Josias en -609[33], à la destruction du premier temple de Jérusalem en -587, puis à sa reconstruction vers -515.
Les découvertes scientifiques en géologie au XVIIIe siècle sur l'âge de la Terre, puis en biologie aux XVIIIe et XIXe siècles sur le transformisme et la théorie de l'évolution sont entrées en contradiction avec l'interprétation littérale du livre de la Genèse qui était la règle à cette époque[34].
Hypothèses sur les divergences textuelles[modifier | modifier le code]
La Septante est souvent plus proche de la version samaritaine que du texte massorétique actuel, de même que les textes juifs des manuscrits de la mer Morte retrouvés à Qumrân et écrits entre le IIIe siècle av. J.-C. et le Ier siècle divergent parfois (dans les textes en hébreu) du texte massorétique, ou reprennent (dans les quelques documents en grec qui les accompagnent) le texte de la Septante. Plus encore, certains passages de la Septante correspondent étroitement à des textes hébreux des manuscrits de la mer Morte[N 8]. Diverses hypothèses sont susceptibles d'expliquer les ressemblances entre ces textes juifs et la version samaritaine du Pentateuque :
- Une influence religieuse samaritaine sur les traducteurs juifs de la Septante et sur les écrits de Qumrân, peut-être par l'intermédiaire de la Septante. Cette hypothèse est délicate, Juifs et Samaritains de l'époque ayant de très mauvaises relations. De plus, dans le domaine considéré par les Samaritains comme étant le plus important, à savoir le rejet de la centralité de Jérusalem, aucune influence n'est perceptible dans la Septante ou dans les manuscrits de la mer Morte.
- Une influence de la Septante sur le texte samaritain. Les mauvaises relations entre Juifs et Samaritains compliquent cependant cette hypothèse. De plus, la Torah samaritaine est écrite en hébreu samaritain, ce qui aurait obligé à une rétrotraduction (de l'hébreu au grec, puis du grec à l'hébreu samaritain).
- L'existence ancienne de plusieurs versions légèrement différentes des rouleaux bibliques aurait sa source dans l'appartenance de celle-ci à des traditions différentes, le texte massorétique découlant de l'une d'elles, tandis que les textes de Qumrân, la Septante et la Bible samaritaine, avec leurs ressemblances, relèveraient d'une autre. De fait, les textes de la mer Morte montrent une forte hostilité au judaïsme « officiel » de leur temps et peuvent refléter des points de vue qui n'étaient pas ceux des courants dominants du judaïsme contemporain.
- Enfin on considère souvent que le texte massorétique du Tanakh n'a été fixé définitivement que vers le Xe siècle. Dans cette optique (contestée par les juifs orthodoxes, pour lesquels le texte n'a jamais varié), il est plausible que les ressemblances entre le texte samaritain et celui de la Septante (donc le texte catholique) soient liées à la ressemblance entre les versions hébraïques utilisées au début de l'ère chrétienne par les Samaritains et les Juifs, la version massorétique actuelle s'en étant quelque peu éloignée par la suite. Dans cette hypothèse, le texte samaritain actuel serait donc plus fidèle aux versions du Pentateuque telles qu'elles existaient chez les Juifs et les Samaritains il y a deux mille ans, du moins pour les divergences les plus superficielles. Les plus importantes, celles portant sur la place du mont Garizim ou de Jérusalem, renvoient aux fondements de la divergence entre Juifs et Samaritains, laquelle est plus ancienne. La Torah samaritaine de l'époque de la Septante les intégrait certainement.
En toute hypothèse, si les divergences concernant la place du mont Garizim et de Jérusalem s'expliquent aisément, tant elles sont fondatrices pour l'existence même des Juifs et des Samaritains, les autres divergences entre la Bible samaritaine et les différentes versions juives connues (Septante, texte massorétique et manuscrits de la mer Morte) ont des origines plus obscures.
Les subdivisions[modifier | modifier le code]
La Bible est découpée en chapitres et en versets. Le découpage en chapitres date du XIIIe siècle, tandis que celui en versets, établi par les massorètes au Xe siècle, ne fut répandu qu'au XVIe siècle[35],[36],[37].
La version King James (en anglais) comprend 1 189 chapitres et 31 171 versets. En 1227, Stephen Langton, professeur à l'université de Paris, puis archevêque de Cantorbéry, divise la Bible en chapitres ; auparavant, la taille du parchemin commandait la division. En 1250, le cardinal Hugues de Saint-Cher reprend cette division. Les versets furent créés par Robert Estienne en 1539 à l'occasion de l'impression de la Bible d'Olivétan, 2e édition. En 1555 fut publiée l'édition de la Vulgate latine par Robert Estienne ; c'était la première Bible complète avec la numérotation actuelle des chapitres et des versets[réf. nécessaire]. Ce système permet de faire correspondre les versions hébraïque, grecque, latine et autres (pour autant qu'elles aient le même texte).
Dans les éditions récentes de la Bible, un petit nombre de versets de la division établie par Robert Estienne ont disparu, ou ont été remplacés par un point d'interrogation. Les manuscrits les plus anciens ne contenant pas ces versets[réf. nécessaire] (c'est également vrai pour certains mots), ils ont été écartés des textes admis comme fiables par les spécialistes[N 9]. Cela montre que la Bible, bien qu'elle s'appuie sur un texte ancien, continue d'évoluer encore aujourd'hui, au fil des recherches.
Lectures de la Bible[modifier | modifier le code]
Les lectures de la Bible peuvent être différentes entre le judaïsme et le christianisme, et entre les différentes branches du christianisme. C'est la raison pour laquelle, outre l'exégèse biblique, les études bibliques comportent une branche, l'herméneutique, qui s'attache à l'interprétation des Écritures.
Judaïsme[modifier | modifier le code]
Au XIIe siècle, le rabbin et érudit juif Maïmonide, pourtant suspect de rationalisme, pose que le huitième des treize articles de foi est que la Torah a été donnée à Moïse, étant bien entendu que sa lecture littérale n'est que le premier des Quatre sens de l'Écriture. La lecture du texte hébraïque de la Torah, ainsi réputé original, est au centre du culte synagogal[réf. nécessaire].
Suivant Jean-Christophe Attias, « tout juif croyant d'aujourd'hui comme d'hier tient en principe que le texte biblique actuellement entre nos mains est d'une intégrité sans faille »[38]. Marc-Alain Ouaknin explique que pour ces croyants « la plupart des livres bibliques ont d'abord été transmis oralement, de génération en génération, jusqu'à ce qu'ils soient mis par écrit à une époque bien plus tardive […] Ce sont les hommes de la Grande Assemblée créée par Ezra qui, au Ve siècle av. J.-C. mirent en forme le texte définitif de la Bible hébraïque. Ils recueillirent les textes existants et écrivirent aussi de nombreux livres […] »[39].
Christianisme[modifier | modifier le code]
Les confessions chrétiennes se réfèrent à la Bible, qui est composée de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament.
Catholicisme[modifier | modifier le code]
L'Écriture parvient aux catholiques par deux canaux qui se rattachent au témoignage apostolique : les Écritures et les Traditions non écrites, transmises et conservées dans la continuité de la vie de l'Église. Le rôle du magistère de l'Église est de conserver cette tradition. Le concile de Trente insiste sur cette double source de la foi. Les protestants s'en tiennent à la sola scriptura, l'Écriture seule.
Pour le philosophe et théologien catholique Xavier Tilliette, « la Bible est un ouvrage complexe et même scellé. Le Livre des livres est un livre de livres. Il est donc susceptible d'interprétation, il ne va pas sans une herméneutique. La Parole de Dieu […] s'est faite parole humaine, astreinte à la compréhension. Il n'y a pas d'acheminement direct à la Bible, il faut toujours une médiation au moins implicite : traduction, exégèse, histoire, genres littéraires, étude des styles, typologie, connaissance de la Tradition, lectio divina »[40]…
Le document de référence du magistère romain sur l'exégèse biblique est L'interprétation de la Bible dans l'Église. Ce texte publié en 1993 par la commission biblique pontificale est préfacé par le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Il présente diverses méthodes d'exégèse biblique. La première est l'approche historico-critique jugée indispensable à tout travail scientifique d'exégèse biblique. S'ensuit une présentation de douze types d'approches exégétiques recommandées avec une évaluation de l'intérêt et des limites de chacune[41]. Cette présentation se conclut par une section consacrée à la lecture fondamentaliste de la Bible estimée contraire à toute approche scientifique, enracinée dans une idéologie non biblique, et dangereuse[42].
L'acceptation puis la recommandation des méthodes d'exégèse scientifique et historico-critique ne s'est pas faite sans difficultés chez les catholiques[43]. Au XIXe siècle les avancées de la critique historique sur la Bible avaient été froidement accueillies. Conscient du retard que les catholiques étaient en train de prendre en ce domaine, le dominicain Marie-Joseph Lagrange a réagi en fondant à Jérusalem dès 1890 une École biblique. Parallèlement, l'encyclique Providentissimus Deus Léon XIII encourageait les catholiques à prendre part aux recherches et aux débats sur l'exégèse soulignant l'importance de son rôle dans l’Église : « Il appartient aux exégètes de s’efforcer [...] de pénétrer et d’exposer plus profondément le sens de la Sainte Écriture, afin que par leurs études en quelque sorte préparatoires, mûrisse le jugement de l’Église ». Toutefois, il en limitait de beaucoup la portée en réaffirmant la doctrine de l'inhérence biblique y compris pour les vérités de fait, et en refusant aux rédacteurs bibliques le statut d'auteurs à part entière[44]. L'exégèse catholique commence cependant à sortir de sa torpeur grâce à des initiatives motivées par la volonté de rattraper le retard des catholiques mais aussi le sentiment qu'il faut répondre à ce qui est perçu comme des attaques contre la foi et contre l’Église. C'est en ce sens qu'est créé en 1902 l'Institut biblique pontifical dirigé ensuite par le jésuite Leopold Fonck (de) qui ne tarde pas à entrer en conflit avec Lagrange et l'École biblique de Jérusalem jugée trop moderniste.
Avec le décret du Saint-Office Lamentabile sane exitu et l'encyclique Pascendi Dominici gregis qui condamnent le modernisme, le pontificat de Pie X fige durablement la situation de l’exégèse catholique. Dès lors plongés dans ce qu'il est convenu d'appeler la crise moderniste, les débats se concentrent sur les thèses et les déclarations d'Alfred Loisy qui est excommunié en 1908 et qui devient chez nombre de catholiques la personnification de ce que Rome condamne. Rome interdit aussi de publication les travaux du père Lagrange. Après une période d'intense conflits et de discussions, entre catholiques, avec le magistère romain et sous l'influence de tous ceux qui chrétiens ont eu part à ces débats, le monde catholique prend à nouveau conscience de son retard dans l'exégèse biblique au sortir de la Seconde Guerre mondiale tandis qu'en 1943, le pape Pie XII avait réaffirmé l'intérêt et l'importance de l'exégèse avec l'encyclique Divino Afflante Spiritu[45].
Jusqu'au concile Vatican II, la grande masse des fidèles connaissait la Bible surtout par des citations dans des livres de piété tels que L'Imitation de Jésus-Christ, comme ce fut par exemple le cas de Thérèse de Lisieux. La connaissance de la Bible s'est accrue chez les fidèles après la Seconde Guerre mondiale grâce à la diffusion de traductions annotées et commentées de la Bible et l'encouragement fait aux fidèles de lire et d'étudier la Bible en tenant compte des connaissances historiques sur ce texte et sur le milieu biblique. En français la première initiative de ce genre est celle réalisée sous le patronage du cardinal Achille Liénart, avec la publication en 1951 de la Bible dite « du cardinal Liénart ». Cette traduction est rapidement éclipsée par celle réalisée par l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, appelée Bible de Jérusalem, dont la première édition en un volume paraît en 1956. La constitution dogmatique Dei Verbum du concile Vatican II met fin aux conflits sur l'exégèse biblique dans le monde catholique, tandis que les méthodes historico-critiques sont progressivement encouragées, jusqu'à être déclarées indispensables par le magistère romain[42].
Protestantisme[modifier | modifier le code]
Tous les protestants se reconnaissent dans, voire se définissent par l'affirmation « Sola scriptura », expression latine signifiant « par l'Écriture seule ») affirmant que la Bible est l'autorité ultime et unique à laquelle les chrétiens et l'Église doivent se soumettre, pour la foi et la vie chrétiennes.
À l'époque de Luther[46], il s'agissait surtout de s'opposer aux décrets parfois abusifs provenant des prélats, des conciles ou du pape. Aujourd'hui, la lecture de la Bible éclairée par le Saint Esprit, reste, pour les protestants, la seule source de la révélation, position qui s'oppose donc à la croyance catholique d'une révélation continue de Dieu à son Église guidée par l'Esprit Saint, comme à la croyance orthodoxe d'une vérité issue du consensus des fidèles guidés par le même Esprit.
Même s'il figure en tête des professions de foi de plusieurs dénominations chrétiennes issues de la Réforme, le « Sola scriptura » n'empêche pas que des divergences importantes se soient faites jour parmi les protestants quant à la lecture plus ou moins littérale ou interprétative de la Bible.
De par l'importance qu'il confère au texte biblique, le protestantisme est à l'origine de nombreuses nouvelles traductions de la Bible en langue vulgaire, pour rendre accessible le message évangélique, à commencer par la Bible d'Olivétan et par la Bible de Luther, mais il est aussi, dès le XIXe siècle, à l'origine de nouvelles méthodes d’exégèse biblique et d'analyse de la Bible (historico-critique, structuraliste, etc.) et de nombreuses études des textes originaux et des langues anciennes dans lesquels ils ont été écrits. Depuis la Réforme, chaque pasteur protestant étudie le grec et l'hébreu. Le protestantisme a de ce fait aussi constitué une importante incitation à l'apprentissage de la lecture[47].
Traductions et diffusion[modifier | modifier le code]
Traductions[modifier | modifier le code]
La diffusion et la mise à disposition de la Bible passent obligatoirement par des étapes de traductions.
La Bible n'a pas toujours été traduite aussi abondamment qu'elle l'est aujourd'hui. La première traduction connue est la Septante. Il s'agit d'une traduction en grec de la Bible hébraïque, qui commence à partir du milieu du IIIe siècle av. J.-C. et continue ensuite pendant des siècles. Une autre traduction marquante, en latin, a été celle effectuée par Jérôme de Stridon (saint Jérôme), la Vulgate, entre la fin du IVe et le début du Ve siècle apr. J.-C. Cependant, le latin devenait de moins en moins parlé et compris par les populations pendant le Moyen Âge, et seuls les lettrés comprenaient cette langue. On continuait de lire la Bible en latin lors des messes. Des traductions partielles en langues vulgaires furent donc réalisées vers le XIIe siècle, mais elles furent le fait de courants chrétiens dissidents (Vaudois, Cathares…) et, de manière inattendue, le pape Innocent III[N 10], à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle, s'est opposé à ces traductions. Plusieurs conciles ultérieurs confirmèrent cette décision (voir notamment l'article « concile de Toulouse (1229) »). Néanmoins, les rois de France disposaient souvent à partir du XIIIe siècle de bibles en français[48]. L'une des premières traductions en prose et en français fut la Bible historiale de Guyart des Moulins en 1297.
Il fallut attendre la Renaissance aux XVe et XVIe siècles pour que les traductions se multiplient. Le premier livre qui soit sorti des presses de Gutenberg a été la Bible dans la version latine de saint Jérôme, la Vulgate. La traduction allemande de la Bible réalisée par le réformateur Martin Luther à partir des textes grecs et hébreux parut en 1522 pour le Nouveau Testament et en 1534 pour l'Ancien Testament. En raison de son caractère novateur sur le plan linguistique et de sa forte diffusion, elle est considérée comme fondatrice de la langue allemande moderne actuelle[49]. La Bible de Dietenberger fut la première bible catholique en langue allemande traduite par Jean Dietenberger et imprimée à l'imprimerie Jordan à Mayence en 1534. La première traduction complète de la Bible en français à partir du latin fut celle de Lefèvre d'Étaples en 1528. La première traduction de la Bible en français à partir de l'hébreu et du grec, la Bible dite d'Olivétan, a été réalisée en 1535. La première traduction complète en anglais à partir de l'hébreu et du grec a été publiée en 1537 (essentiellement à partir des travaux de William Tyndale), celle en espagnol en 1569, et celle en italien en 1607 (par Giovanni Diodati)[50]. Tant les catholiques que les protestants réalisèrent ensuite de nombreuses traductions en langues vernaculaires.
Le livre le plus diffusé au monde[modifier | modifier le code]
Selon des estimations, environ 25 millions d'exemplaires de la Bible seraient vendus chaque année[51],[52]. De nombreux chiffres, colportés par les livres et magazines mais manquant de fiabilité, donnent une autre estimation : de 2,5 à 6 milliards de Bibles ont été distribuées (le chiffre bas estimant le nombre d'exemplaires imprimés tandis que le chiffre haut prenant en compte les exemplaires donnés)[53],[52]. Aucun ouvrage à travers le monde n'a jamais eu un tirage aussi important et constant au fil des siècles, la Bible dépassant le Petit Livre rouge (plus d'un milliard d'exemplaires)[54] de Mao et le Coran (800 millions d'exemplaires)[55].
En 2014, le canon protestant complet de la Bible est disponible en 531 langues et dialectes, et le Nouveau Testament en 1329, 1023 langues disposent d'un ou plusieurs livres de La Bible et un grand nombre de langues disposent uniquement de passages de La Bible. La Bible est par ailleurs en cours de traduction dans plus de 1 500 autres langues et dialectes. Cela doit être mis en relation avec le nombre de langues et dialectes parlés dans le monde, qui est estimé à plus de 6900[56].
D’après une étude de 2008[57], 75 % des Américains, 38 % des Polonais et 21 % des Français déclarent avoir lu au moins un passage de la Bible au cours de l’année passée[58]. La déchristianisation, inégale selon les régions, se traduit par des attitudes différentes à l'égard de la Bible : plus de la moitié des Français ne possèdent pas de Bible chez eux, contre 15 % des Polonais et 7 % des Américains[58].
Notes et références[modifier | modifier le code]
Notes[modifier | modifier le code]
- Les catholiques y ajoutent les livres de Judith, Tobie, Maccabées, Sirach, Baruch, une partie de Daniel, et la Sagesse de Salomon à l'Ancien Testament. Ces écrits deutérocanoniques ne sont pas reconnus par les Églises protestantes.
- Le texte hébraïque d'après la version massorétique se trouve dans La Bible, traduction intégrale hébreu-français, texte bilingue, traduit du texte original par les membres du Rabbinat français sous la direction du grand-rabbin Zadoc Kahn, nouvelle édition avec traduction révisée datée de 1994, aux Éditions Sinaï, Tel-Aviv, Israël.
- « La plupart des textes de l'Ancien Testament cités dans le Nouveau Testament le sont dans la version grecque, laquelle s'écarte parfois sensiblement de l'original hébreu. » (Pierre Gibert, Comment la Bible fut écrite, Centurion-Bayard, 1995, p. 18). Marcel Simon précise que Paul lisait la Bible dans la version des Septante (Les Premiers Chrétiens, PUF, 1967, p. 56).
- « Les citations de l'Ancien Testament dans le Nouveau lui furent empruntées, et [la Septante] devint le texte de l'Ancien Testament pour les chrétiens ; dès lors les Juifs eurent tendance à l'écarter. Au début de l'ère chrétienne, de nouvelles traductions furent entreprises […]. Trois Juifs […] tentèrent des révisions pour se rapprocher de l'hébreu des Massorètes » (André-Marie Gerard, Dictionnaire de la Bible, Laffont/Bouquins, art. « Septante ».)
- « Les détails proprement linguistiques ne sont pas les seules raisons pour lesquelles la Septante sera rejetée dès la fin du Ier siècle : la polémique antichrétienne y a elle aussi contribué. En effet, la Septante, corpus de textes juifs, va devenir l'"Ancien Testament" de la jeune Église chrétienne. […] À la longue, la Septante allait être de plus en plus décriée par les milieux juifs. » (Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, Laffont/Bouquins, dir. Geoffrey Wigoder, art. « Septante ».) Ce passage se poursuit par la "malédiction" de la Septante dans le monde juif (Sefer Torah, I, 8).
- Comme l'ensemble des livres du Nouveau Testament
- Cette terminologie est récente. Elle est utilisée par certains Samaritains pour se désigner et se différencier des Juifs. Elle est en effet le corollaire de la vision que les Samaritains ont des Juifs comme Israélites-Judéens (de la Judée).
- Par exemple, dans le verset final du cantique de Moïse (Deutéronome 32, 43), trois stiques longtemps considérés comme ajoutés par la Septante sont présents dans le texte hébreu de Qumrân.
- Voir par ex. Novum Testamentum Graece de Nestlé-Aland.
- Il s'agit du pape qui a déclenché la croisade contre les Albigeois
Références[modifier | modifier le code]
- le terme biblios provient lui-même de la ville phénicienne de Byblos et désigne d'abord le papyrus avant de désigner tout support d'écriture ; André Paul, « Genèse et avènement des "Écritures" chrétiennes », dans Jean-Marie Mayeur, Charles Pietri, Luce Pietri, André Vauchez, Marc Venard (dirs.), Histoire du Christianisme, vol. 1 : Le Nouveau Peuple (des origines à 250), Desclée, (ISBN 2-7189-0631-6), p. 682
- André Paul, « Genèse et avènement des "Écritures" chrétiennes », dans Jean-Marie Mayeur, Charles Pietri, Luce Pietri, André Vauchez, Marc Venard (dirs.), Histoire du Christianisme, vol. 1 : Le Nouveau Peuple (des origines à 250), Desclée, (ISBN 2-7189-0631-6), p. 681
- Introduction à l'AT, p. 19
- (en) Gerhard Kittel, Gerhard Friedrich et Geoffrey W. Bromiley, Theological Dictionary of the New Testament : Abridged in One Volume, Wm. B. Eerdmans Publishing, , 1356 p. (ISBN 978-0-8028-2404-2, présentation en ligne), p. 157
- André Paul, « Genèse et avènement des "Écritures" chrétiennes », dans Jean-Marie Mayeur, Charles Pietri, Luce Pietri, André Vauchez, Marc Venard (dirs.), Histoire du Christianisme, vol. 1 : Le Nouveau Peuple (des origines à 250), Desclée, (ISBN 2-7189-0631-6), p. 690
- André Paul, « Genèse et avènement des "Écritures" chrétiennes », dans Jean-Marie Mayeur, Charles Pietri, Luce Pietri, André Vauchez, Marc Venard (dirs.), Histoire du Christianisme, vol. 1 : Le Nouveau Peuple (des origines à 250), Desclée, (ISBN 2-7189-0631-6), p. 692
- André Paul, « Genèse et avènement des "Écritures" chrétiennes », dans Jean-Marie Mayeur, Charles Pietri, Luce Pietri, André Vauchez, Marc Venard (dirs.), Histoire du Christianisme, vol. 1 : Le Nouveau Peuple (des origines à 250), Desclée, (ISBN 2-7189-0631-6), p. 694
- Introduction à l'AT, p. 19-20
- Introduction à l'AT, p. 48-49
- Introduction au NT, p. 494-496
- Introduction à l'AT, p. 21-22
- « Enquête sur la naissance de la Bible », Le Monde de la Bible, , p. 28-31
- « Sources chrétiennes » no 91, Paris, Le Cerf, 1962.
- Marguerite Harl, La Bible en Sorbonne, ou la revanche d'Érasme, Cerf, 2004. Recension dans Esprit et Vie, 2005.
- Introduction au NT, p. 57-477
- Introduction au NT, p. 127
- Introduction au NT, p. 164-165
- Vulgate de Saint Jérôme (391-405 env.)
- Ce point est débattu ; (en) Yves-Marie Duval, « Sur trois lettres méconnues de Jérôme concernant son séjour à Rome (382–385) », dans Andrew Cain et Josef Lössl (dirs.), Jerome of Stridon. His Life, Writings and Legacy, Routledge, (ISBN 9781317111191), p. 30
- Paulin d'Antioche ; (en) Andrew Cain, « Rethinking Jerome’s Portraits of Holy Women », dans Andrew Cain et Josef Lössl (dirs.), Jerome of Stridon. His Life, Writings and Legacy, Routledge, (ISBN 9781317111191), p. 47
- (en) Andrew Cain et Josef Lössl, « Introduction », dans Andrew Cain et Josef Lössl (dirs.), Jerome of Stridon. His Life, Writings and Legacy, Routledge, (ISBN 9781317111191), p. 2
- Jean Gribomont, « Rufin le Syrien », dans Angelo di Berardino (dir.), Dictionnaire du christianisme ancien, vol. II, Cerf, (ISBN 2-204-04182-3), p. 2198
- (en) Andrew Cain, « Rethinking Jerome’s Portraits of Holy Women », dans Andrew Cain et Josef Lössl (dirs.), Jerome of Stridon. His Life, Writings and Legacy, Routledge, (ISBN 9781317111191), p. 48
- O’Malley John, The Council of Trent. Myths, Misunderstandings and Unintended Consequences, Gregorian & Biblical Press, , 42 p. (ISBN 978-88-7839-255-7, présentation en ligne), p. 10
- « THE SAMARITAN TENTH COMMANDMENT », The Samaritans, Their History, Doctrines and Literature, par Moses Gaster, The Schweich Lectures, 1923.
- The Tenth Commandment in the Pentateuch in the hands of the Israelite Samaritans (page consultée le 29 décembre 2006).
- (en) Robert David et Manuel Jinbachian, Translating the Hebrew Bible : from the Septuagint to the Nouvelle Bible Segond, Médiaspaul, , p. 97
- Thomas Römer, Introduction à l'Ancien Testament, p. 148-154
- Thomas Römer, "La formation du Pentateuque selon l'exégèse historico-critique"
- William Schniedewind, « Enquête sur la naissance de la Bible », Le Monde de la Bible, , p. 35-39
- Jean-Michel Maldamé, o.p., La Bible à l'épreuve de la science, la question de l'archéologie, in Domuni, 2004, article en ligne
- Les prophète Amos, Osée, Michée et Isaïe prophétisent sur le thème de la chute d'Israël. Voir Mario Liverani, La Bible et l'invention de l'histoire, p. 169, 214-216
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- Georges Minois, L'Église et la science, p. 138-143 et p. 222-231
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- Colette Sirat, Sara Klein-Braslavy, Olga Weijers, Les méthodes de travail de Gersonide et le maniement du savoir chez les scolastiques, Paris, Vrin, , 394 p. (ISBN 2-7116-1601-0, lire en ligne), p. 216
- Jean-Christophe Attias, Les Juifs et la Bible, Fayard 2012, p. 49
- Marc-Alain Ouaknin, Mystères de la Bible, éd. Assouline, 2008, p. 334-5
- Xavier Tilliette, Les philosophes lisent la Bible, Cerf, 2001, p. 12.
- Ces douze méthodes ou approches exégétiques sont : l'analyse littéraire, l'analyse rhétorique, l'analyse narrative, l'analyse sémiotique, l'approche canonique, le recours aux traditions interprétatives juives et rabbiniques, l'approche par l'histoire et les effets du texte, les approches sociologique, anthropologique, psychologique et psychanalytique, et finalement les approches libérationiste et féministe
- Commission biblique pontificale, L'interprétation de la Bible dans l'Église, Vatican, 15 avril 1993, trad. française, Paris, Cerf, 1994. (ISBN 9782204049979). Version en italien sur le site du Vatican.
- François Laplanche, La crise de l'origine. La science catholique des Évangiles et l'histoire au XXe siècle, Paris, Albin Michel, coll. « L'évolution de l'humanité », 2006, (ISBN 978-2226158949). Émile Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste, Paris, Albin Michel, 1962, 3e éd. 1996, (ISBN 978-2226084644)
- Anthony Feneuil, « Coran dicté, Bible inspirée ? Ce serait trop facile… » (consulté le 17 septembre 2016)
- Pie XII, Divino Afflante Spiritu, 1943 : « Combien certaines questions sont demeurées aux Pères mêmes difficiles et quasi inaccessibles, on s'en rend compte par les efforts répétés de beaucoup d'entre eux pour interpréter les premiers chapitres de la Genèse […] C'est donc une erreur […] qui fait dire à certains que l'exégète catholique n'a plus rien à ajouter à la contribution de l'Antiquité chrétienne. »
- Annick Sibué, Luther et la Réforme protestante, Paris, Eyrolles, 2011, pages 106-108
- E. Todd, “Le dynamisme protestant est un accident”, interview dans Réforme (no 2791, 8-14 octobre 1998), 8.
- Bible et Histoire, La Bible : 3000 ans de manuscrits
- Pierre Deshusses, Anthologie de littérature allemande, Dunod, Paris 1996, p. 67
- Bible et Histoire, La vulgarisation de la Bible en Europe
- Daniel Radosh, « The Good Book Business », Condé Nast (consulté le 28 mars 2012)
- (en) Russell Ash, Top 10 of Everything 2002, Dorling Kindersley, (ISBN 0-7894-8043-3), p. 7
- Statistic Brain, « Bible Statistics »
- (en) Alexander C. Cook, Mao's Little Red Book : A Global History, Cambridge University Press, , p. 3
- (en) Godfrey Oswald, Library World Records, McFarland & Company, , p. 184
- « Statistiques sur l'accès à La Bible »
- Étude réalisée pour le compte de la Fédération biblique catholique internationale dans neuf pays intitulée une « lecture des Écritures dans certains pays » éditée en 2008
- Delphine de Mallevoüe et Hervé Yannou, « La France mauvaise élève pour la connaissance de la Bible », dans Le Figaro du 28-04-2008, [lire en ligne]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Jean-Pierre Prévost (dir.), Nouveau vocabulaire biblique, Montrouge, Bayard, 2004
- Gilles Dorival, Marguerite Harl, Olivier Munnich, La Bible grecque des Septante Éd. du Cerf, 1988
- André-Marie Gerard, Dictionnaire de la Bible, Robert Laffont, , 1478 p. (ISBN 2-221-05760-0)
- André Paul, Et l'homme créa la Bible : d'Hérodote à Flavius Josèphe, Bayard, , 458 p. (ISBN 978-2-227-36616-9)
- Pierre Gibert, La Bible. Le Livre, les livres, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard / Religions » (no 392), , 160 p. (ISBN 2-07-053430-8)
- Dictionnaire encyclopédique de la Bible, Brépols, , 1400 p. (ISBN 978-2-503-51310-2)
- Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, La Bible dévoilée, les nouvelles révélations de l'archéologie, Gallimard, coll. Folio. Histoire, , 555 p. (ISBN 978-2-07-042939-4).
- Marie-Françoise Baslez, Bible et histoire, Folio histoire, Gallimard, 2003
- Pierre Bordreuil, Françoise Briquel Chatonnet, Le Temps de la Bible, Folio histoire, Gallimard, 2003
- Eric Denimal, La Bible pour les nuls, First Éditions, 2004
- Jaroslav Pelikan : À qui appartient la Bible ?, La Table ronde, 2005
- Adrian Schenker et Philippe Hugo, L'enfance de la Bible hébraïque : L'histoire du texte de l'Ancien Testament à la lumière des recherches récentes, Labor et Fides, , 318 p. (ISBN 978-2-8309-1172-5)
- Mario Liverani (trad. de l'italien), La Bible et l'invention de l'histoire : histoire ancienne d'Israël, Montrouge, Bayard, , 616 p. (ISBN 978-2-227-47478-9).
- Daniel Marguerat (dir.), Introduction au Nouveau Testament : son histoire, son écriture, sa théologie, Genève/Paris, Labor et Fides, , 4e éd. (1re éd. 2001), 540 p. (ISBN 978-2-8309-1289-0, présentation en ligne).
- Marc-Alain Ouaknin : Mystères de la Bible, Assouline, 2008
- Thomas Römer (éd.), Jean-Daniel Macchi (éd.) et Nihan Macchi (éd.), Introduction à l'Ancien Testament, Genève/Paris, Labor et Fides, (1re éd. 2004), 902 p. (ISBN 978-2-8309-1368-2, lire en ligne).
- André Paul, Autrement, la Bible : Mythe, politique et société, Montrouge, Bayard, , 308 p. (ISBN 978-2-227-48356-9).
- Jean-Christophe Attias, Les Juifs et la Bible, Fayard, 2012
- La Bible dans les littératures du monde, Sylvie Parizet dir., Paris, Éd. du Cerf, 2016, 2500 p.
- Commission biblique pontificale, L'interprétation de la Bible dans l'Église, Cerf, 1994, 158 p.
- Marie-Hélène Delval, Marie Bertherat, La Bible racontée par les peintres, Bayard Jeunesse, 2019, 96 p.
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Les textes juifs[modifier | modifier le code]
La Bible chrétienne[modifier | modifier le code]
Recherches historiques et exégétiques[modifier | modifier le code]
- Datation de la Bible
- Données archéologiques sur les premiers Israélites de Palestine et d'Égypte
- Données archéologiques sur la conquête de Canaan
- Données archéologiques sur les règnes de David et Salomon
- Exégèse biblique
- Histoire de la recherche sur le Pentateuque
- Hypothèse documentaire
- Midrash
- Quatre sens des Écritures
Dans la fiction[modifier | modifier le code]
- L'Année où j'ai vécu selon la Bible
- Les Écritures : Les Aventures de Dieu - Les Aventures du petit Jésus
Liens externes[modifier | modifier le code]
Traductions[modifier | modifier le code]
- Lexilogos, les traductions de la Bible en français (répertoire)
- La Bible sur Wikisource
- La Bible audio sur wordproject
- Nouveau Testament Grec et Français
Éditions juives[modifier | modifier le code]
- Sefarim.fr La Bible hébraïque en hébreu, traduite verset par verset en français (Rabbinat), en anglais (King James), avec moteur de recherches en caractères latins ou hébreux.
- La Bible Chouraqui Traduction originale de l'hébreu par André Chouraqui (contient aussi le Nouveau Testament, traduit du grec).
Éditions chrétiennes[modifier | modifier le code]
- Bible de la liturgie (traduction destinée à l'utilisation liturgique)
- Cinq traductions modernes ou révisées dont la ToB (Traduction Œcuménique de la Bible) de 2010, moteur de recherche
- La Bible multilingue
Autres[modifier | modifier le code]
- (en) « Bible », sur Jewish Virtual Library