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01 February 2017

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L'ergonomie, indispensable à l'adoption massive du libre - Matthias Dugué - Luc Chaffard

Le 01 February 2017 à 13:28:10


Matthias Dugué - Luc Chaffard

Titre : L'ergonomie, indispensable à l'adoption massive du Libre.
Intervenants : Matthias Dugué , alias M4DZ - Luc Chaffard
Lieu : PSESHSF - Pas Sage En Seine - Hacker Space Festival
Date : Juillet 2016
Durée : 39 min 45
Visionner la conférence
Licence de la transcription: Verbatim

Description

Une informatique libre est synonyme d’une société libre. Une adoption massive est nécessaire afin d’atteindre cet objectif.

Afin d’y arriver, une interface utilisateur facile d'approche et ergonomique, construite avec le support de ses utilisateurs, est la clé.

En partant de l'approche développée par une équipe de libristes, Cozy Cloud, nous verrons comment écouter ses utilisateurs et les impliquer dans les étapes stratégiques du projet, du support au design en passant par le développement : les mains dans le cambouis, laissez vos utilisateurs hacker vos interfaces.

Transcription

Matthias : Ce n'était pas prévu mais nous voilà quand même pour vous parler un peu d'ergo et de Libre et de la nécessité de travailler l'ergo et de faire de l’ergo intelligemment quand on veut faire du Libre, si on veut faire les choses bien jusqu’au bout. Alors qui qu'on est ? Ton micro, sinon les gens ne t’entendent pas en direct. Coucou les gens !

Luc : Ça va être un petit réflexe à prendre, ça. Je suis Luc, le Product Designer de chez Cozy1.

Matthias : Moi je suis M4dz, je travaille chez Cozy également, je fais du dev d'interface, principalement. Avec Luc, on travaille conjointement sur le design et sur l'ergo des interfaces de notre produit. Notre produit c'est donc Cozy. Cozy, pour ceux qui ne savent pas, c'est une solution de serveur open source personnel, auto hébergeable. L’idée c’est de permettre aux gens d’installer leurs propres instances de serveur et, via des outils qui sont intégrés à l’ensemble, de pouvoir reprendre le contrôle sur ses données, de pouvoir se réapproprier tout ça, se libérer des GAFA ou des GAFAM, ou des GAFAMeee - mettez ce que vous voulez derrière - en gros, de redevenir vraiment possesseur de ce qu'on a et d’arrêter de disséminer un peu les choses.

Pourquoi je vous dis ça ? Pour une raison simple. C'est que, si on veut que ça marche et si on veut que les gens adhèrent à notre produit et s'en servent au maximum et donc se libèrent au maximum, on n’a pas le choix, il va falloir que ça passe par une adoption de masse, parce que tout seul on ne gagnera jamais la guerre. Et, pour cette adoption de masse, eh bien il faut que l'ergo soit au cœur de notre processus de réflexion, sinon, les amateurs éclairés pourront toujours s’en sortir ; les gens qui ont juste besoin que ça marche seront clairement perdus avec ça.

Petite démonstration par l'exemple. Ça c'est le bureau GNOME de 2002. Je ne vous fais pas le topo, GNOME, tout ça, etc. C'est tiré des notes de version de GNOME.

Ça c'est le bureau GNOME 3, 2011, dix ans plus tard - cinq ans déjà - et il y a quand même eu un gap assez énorme entre ça, qui était utilisable, mais qui piquait un peu et ça, qui est utilisable et qui est déjà un peu plus smooth. Après, on aime ou on n'aime pas, ce n'est pas forcément la question. Perso, GNOME n’est pas mon bureau de prédilection, mais, force est de constater que sur la même période de temps Mac OS faisait aussi un gap entre 2001 et 2010 avec une vraie progression en termes d’ergo et GNOME a suivi le même mouvement et, au final, on retrouve des paradigmes à peu près équivalents. Ça, ça a été très pensé au départ pour travailler sur de la tablette. L’idée c’est vraiment de permettre aux gens de s’approprier l’outil pour pouvoir s’en servir, parce que si on les force à utiliser un truc qui ressemble à Windows 95, ça va être un peu plus tendu quoi ! Donc il va falloir prendre ça en main dès le départ et il faut le penser.

Luc : Attention, moment Captain Obvious, si on veut une adoption de masse, il faut forcément rendre le produit accessible au maximum de gens. Donc, prenons par exemple notre ami à tous Google, qu’on aime tous ici. Google, à l’époque, quand ils sont arrivés avec leur moteur de recherche, ils avaient juste un moteur de recherche. Leur plus gros concurrent, qui était en face d’eux, Yahoo, on arrivait sur leur site, c’était un peu de tout, de rien, des news, des images, enfin un gros n’importe quoi, et on sait maintenant qui est devant tout le monde à l’heure actuelle. Donc autant s’inspirer de nos ennemis pour mieux les combattre.

Matthias : C’est Rage Against The Machine. C’est la slide corporate. Alors open source, ergo et design. Le statut de la relation entre les trois et les univers entre les trois, c’est que, eh bien c’est compliqué. C’est compliqué parce que l’open source, le Libre, l’ergo, et le design, ensemble, ils ont parfois du mal à dialoguer.

Luc : Tout simplement, quand on arrive sur un logiciel libre, première phase à faire, l’installation pour la plupart des logiciels. Le commun des mortels n’a juste même pas envie. Ça demande des process compliqués, une documentation que la plupart des gens n’arrivent pas à lire. Il faut un bac + 15, les gens ne vont pas à ce stade. Et même pour le peu des élus qui y arrivent, ils arrivent sur une interface, certes, qui a des belles promesses, mais qui est juste inutilisable. Qui paraît cohérente pour un ingénieur, mais pour quelqu’un, on va dire, de plus normal, du commun des mortels, ça n’a aucun sens.

Matthias : Tout ça, ça implique un vrai manque de confiance entre les différents acteurs qui collaborent au projet. Il y a des gens qui dev dans la salle ? Il y a beaucoup de devs dans la salle, qui font un peu d’interface, un peu de machin comme ça ? D’accord. OK . Il y a des gens qui font de l’ergo, pure et dure ? OK. Ouais, en mode comme ça quoi ! Voilà ! En brasse coulée ! En gros, l’un des principaux soucis, c’est qu’il y a un vrai manque de dialogue, un vrai manque de confiance entre les différents acteurs du projet. Quand vous développez une interface en tant que dev et que avez imaginé votre produit, vous, vous savez très bien où vous voulez aller donc, pour vous, c’est limpide. Ça ne le sera pas forcément pour l’essentiel des gens. Donc il faut collaborer avec des gens qui sont capables de vous apporter du savoir-faire, vous apporter de l’expérience, de l’expertise - des ergonomes, par exemple, des designers, entre autres - mais ça veut dire qu’il va falloir faire confiance à ces gens-là, il va falloir travailler avec ces gens-là et pas contre ces gens-là.

Le problème, c’est qu’on est dans une espèce de relation qu’on a nommée assez aimablement une relation « égosexuelle », je nomme le « aimablement » quand même, parce que, très vite, on en vient à faire de l’entre-soi. On fait un produit, on l’a pensé pour nous, on l’aime bien, c’est notre bébé, on l’a vachement pensé, on le raisonne énormément. C’est super ! Pas très inclusif, mais c‘est super ! Donc l’enjeu c’est d’apprendre à vivre ensemble, c’est d’apprendre…

Luc : À travailler ensemble. Inaudible. Un, deux.

Matthias : Tu as un choc de micro ! Interlude. Ah c’est possible. Ça fait de la lumière. Tiens, parle avec moi !

Luc : On va se mettre avec Matthias. Bonjour Matthias. [Luc enlace les épaules de Matthias.]

Matthias : Coucou les gens !

Luc : [Si la femme de Matthias regarde, il ne se passe rien, je tiens juste à le dire.] En gros, la preuve en est, c’est parfait pour cette slide, Matthias est développeur frontpage, je suis designer, nous partageons la même culture. On fait tous les deux partie de la génération Dragon Ball Z. On a passé beaucoup plus de temps derrière notre ordi ou notre petite Nes plutôt que dehors à jouer au ballon.

Matthias : Salopard !

Luc : Je t’ai déjà vu jouer au ballon, excuse-moi Matthias ! Je ne suis pas bien en forme aujourd’hui. On partage des mêmes valeurs. On a peut-être un langage différent parce que, à un moment de notre vie, il y a en a un qui a choisi les crayons de couleur alors que l’autre a préféré se « focusser » sur l’ordinateur, mais, malgré tout, on partage des mêmes valeurs sauf que le langage est différent. Et c’est juste une communication qu’on a besoin de se réapproprier et être capable de ne pas juger l’autre parce qu’il n’utilise pas les bons termes. Et juste s’écouter et être capable de partager ensemble.

Matthias : Tu veux qu’on s’embrasse là ?

Luc : C’est un peu cochon ça !

Matthias : Non, on ne va pas le faire. Du coup, il y a une très belle citation dont je n’arrive pas à retrouver la source, que je vais peut-être un peu démesurément attribuer à Stallman qui est en face, donc coucou, et qui dit : « Si le libre ne parvient finalement qu’à libérer que du code source ça sera un échec ». Si vous retrouvez la source, j’offre des câlins, vraiment ! Je n’arrive pas à remettre la main dessus. L’idée c’est vraiment de dire ouvrir des choses, c’est super, libérer des choses c’est bien. Si tout ce qu’on arrive à libérer, derrière, ce n’est que de la ligne de code, on aura perdu quoi ! La philosophie est nettement plus énorme que ça ! Elle va bien au-delà de tout ça !

Luc : Du coup l’ergonomie, eh bien quésaco ? Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est un joli terme.

Matthias : J’aime bien quésaco !

Luc : C’est principalement ce qu’on utilise par le terme d'UX qui veut dire user experience en anglais donc expérience de l’utilisateur. C’est le principe d’offrir une utilisation de votre produit sans friction. La personne qui va venir là, elle n’est pas là pour vous faire plaisir, elle est là pour qu’on lui simplifie la vie sur une tâche de son quotidien. Elle n’est pas là pour réfléchir comment votre produit fonctionne et pourquoi il y a ça ici, comment j’accède à ça, comment je configure telle chose ou quoi. Non ! La personne est venue parce qu’elle a un objectif, elle a compris une valeur ajoutée et son seul objectif, c’est d’être badass, c’est ce que vous lui avez vendu quoi : votre produit lui permet de résoudre des problèmes dans son quotidien qu’elle ne pouvait pas avoir ailleurs. Ce n’est pas comprendre votre produit.

Matthias : Ça nécessite de savoir qui est votre utilisateur. Donc quand vous commencez à travailler sur une solution, quand vous commencez à réfléchir à un produit, vous avez une idée, un projet, un machin qui va changer la vie des gens - vous avez raison, on en a besoin - il faut déjà savoir à qui vous vous adressez. Savoir à qui vous vous adressez ça veut dire déterminer un ensemble d’utilisateurs, en marketing on parle de niche ou de marché. C’est ça ! C’est de savoir à qui vous voulez vous adresser. Parce que, simplement dire « mon produit s’adresse aux gens qui ont Internet », vous ciblez quand même une portion extrêmement large de la population. Ça va être extrêmement compliqué de les avoir. Donc il faut être suffisamment précis.

Et deuxième principe à garder à l’esprit, toujours, c’est que, même si vous avez imaginé votre produit, même si vous le connaissez, même si vous le savez, que vous le vivez, vous n’êtes pas un utilisateur avec un pouvoir de vote supérieur à celui des autres. Vous n’êtes qu’un utilisateur parmi tant d’autres. Ce n’est pas parce que vous avez votre usage et votre réflexion que ce sont ceux de l’ensemble des gens. Au contraire, votre usage sera souvent un peu biaisé parce que vous connaissez votre produit. Donc il faut garder ça à l’esprit.

Il faut déterminer un parcours utilisateur. Déterminer un parcours utilisateur, qu’est-ce que c’est ? Eh bien c’est déterminer quelle est la fonctionnalité phare de votre produit ou de votre solution. On ne fait pas des couteaux suisses, on ne fait jamais des couteaux suisses. La philosophie UNIX c’est ça, c’est un outil, une chose, et ça le fait bien, et ça ne fait que ça. Finalement, c’est ça qu’il faut appliquer quand vous concevez un nouveau produit, c’est que, même s’il y a une myriade de choses autour, vous avez une fonctionnalité qui est le cœur même de votre produit et c’est ça qui le fera vivre. Donc il va falloir trouver ce que c’est que cette fonctionnalité et il va falloir précisément déterminer comment on y accède et comment on s’en sert. À partir du moment où vous déterminez ce passage-là, ce parcours-là, le parcours de l’utilisateur, vous avez déjà libéré et défriché 60 % du boulot.

Luc : On a souvent aussi une confusion entre le principe de design et d’ergonomie. Le principe de design, en fait, souvent appelé également UI, User Interface, c’est la partie graphique de son interface. Donc c’est se dire « ce bouton va être bleu parce que le bleu renvoie à telle émotion ou renvoie à mon produit qui a choisi cette couleur pour x raisons. » Je ne fais partie de votre branding [image de marque, NdT], je ne sais pas pourquoi. Et l’ergonomie, donc l’UX qui est là, sur la partie comportementale. Donc comprendre le behavior [comportement, NdT] de votre utilisateur et de dire - je prends l’exemple d’un bouton qui est un peu ridicule, mais bon - de se dire « ce bouton je vais le placer à cet endroit, ça va être mon action principale, parce que sur cette page, à ce moment-là, c’est ce qu’il y a de plus cohérent pour mon utilisateur, c’est ce qu’il a envie de faire. »

Après toute cette belle théorie qu’on vous a dite, vous allez nous demander bullshit ou pas, quoi ? Je pense que ce n’est pas non plus trop compliqué de vous expliquer que ouais, forcément, ça va améliorer la satisfaction de votre utilisateur, pour la simple et bonne raison que votre produit n’est plus fait sans lui, mais il est inclus dans une boucle, avec lui. Donc chaque intervention sur votre produit est faite avec cette personne qui l’utilise. Donc forcément, ça va également augmenter votre rétention d’utilisateurs. Les personnes nouvelles qui vont arriver, de base, un produit qui a été fait avec d’autres gens comme elles, il y a de grandes chances qu’elles y restent et qu’elles se sentent à la maison. Et forcément, vous allez aussi réduire vos coûts de développement, pour la simple et bonne raison que vous allez arrêter de développer des trucs, perdre du temps en développement, l’envoyer dans la nature, voir ce qui se passe, ne pas savoir vraiment si c’est utilisé ou pas, les problèmes qui sont dessus, etc. Là vous rentrez dans une boucle où chaque chose qui est codée, en soi, a été validée. Donc ce ne sont plus des hypothèses, mais vous vous basez sur des données.

Donc, en gros, l’ergonomie qu’est-ce que c’est ? C’est créer une solution avec vos utilisateurs pour qu’ils se sentent à la maison, en fait. Tout simplement.

Matthias : Ça c’est bien beau, c’est de la théorie c’est super, voilà comment ça marche. Question c’est : comment est-ce qu’on fait ça ? Comment est-ce qu’on arrive à ce degré-là ? Une bonne pratique, qui est celle qu’on essaie de mettre en place le plus possible chez Cozy, c’est de travailler de façon user centric, donc travailler sur l’utilisateur, avec l’utilisateur, et ne pas le faire intervenir en fin de boucle. Ça veut dire que dès le départ, quand vous avez une hypothèse à valider, quand vous avez une idée qu’il va falloir confronter, on va déjà faire intervenir les utilisateurs, avant même que la feature soit disponible, avant même que ça soit codé, que ça soit enfoncé dans le code, on va commencer à en parler aux gens. On va commencer par leur dire « voilà, on a pensé à ça, qu’est-ce que vous en pensez ? » On va commencer à échanger avec les gens. Parce que travailler comme ça, ça va permettre de collecter des infos, de collecter leurs retours, de voir un peu ce dont ils ont envie, ce dont ils ont besoin. Synthétiser ces infos-là, les croiser, voir un peu ce qui s’en dégage, trouver les grandes tendances, les grands concepts, et puis en tirer quelque chose de concret, quelque chose que vous allez vraiment pouvoir utiliser.

Vous avez plusieurs moyens de faire ça. Vous pouvez passer par plein de canaux et, vraiment, je vous encourage à passer par plein de canaux parce que pour trouver les gens qui vont être accrochés à votre produit, vous n’avez pas le choix, il va falloir aller les chercher. Et vous ne pouvez pas aller les chercher si vous les faites sortir de leur zone de confort. Il faut aller les voir. Il faut aller les retrouver. Donc des canaux vous en avez plein : les forums, parce que c’est là que les utilisateurs lambda vont aller discuter le plus possible, l’IRC pour le support, les réseaux sociaux qui vont servir de levier pour attirer des gens, les plateformes de social coding pour pouvoir attirer des développeurs parce que les développeurs vont peut-être plutôt vous faire des retours sur des bugs et des tickets dans des issues, dans les plateformes de gestion, plutôt que de passer par les forums, etc. Donc c’est à vous d’être tentaculaire et ce n’est pas à vos utilisateurs de s’adapter à votre unique canal de discussion. Vous avez besoin d’adresser un maximum de monde.

Une fois que vous avez trouvé vos utilisateurs, l’important c’est de réussir à en tirer les informations dont on a besoin pour réussir à avancer. Donc ce sont des process d’interviews, c’est le concept idéal, finalement, plutôt en face à face ou en petits groupes. En tout cas, toujours avec une présence physique, même si ce n’est que de la visioconf, parce que ça va vous permettre, à un moment, d’avoir aussi une part de langage émotionnelle qui est importante. Il faut que les gens soient à l’aise quand ils discutent avec vous. Il faut que vous parliez à bâtons rompus de votre produit. Donc vous commencez. Vous, vous vous êtes défini un objectif. Vous savez ce que vous allez vouloir obtenir de votre utilisateur, quelles infos sont essentielles pour vous. Mais ce n’est pas comme ça qu’il faut le présenter à votre utilisateur. Il faut que ça soit une discussion sur un coin de table dans un bistrot. Il faut que le mec se sente bien. Même nous, d’ailleurs. Il faut que tout le monde se sente bien, que votre utilisateur soit bien et qu’il ait juste envie d’en profiter et que vous puissiez discuter de votre produit, vous soyez suffisamment neutre pour ne pas trop l’influencer, pas le guider, pas noter. Ne prenez pas des notes ! Prenez des notes après, évidemment, puisque vous en avez besoin pour revenir dessus, mais ne prenez pas des notes en même temps. Il n’y a rien de pire que de parler à un type qui prend des notes ! On a l’impression qu’il n’écoute pas ce que vous êtes en train de lui raconter. D’un seul coup, ça ferme les gens et puis il n’y a plus d’échange, de vrai échange concret, émotionnel. C’est de la discussion, c’est de la discussion simple. Mais ça marche bien ! Nous, on a des super retours quand on arrive à organiser des ateliers comme ça avec les utilisateurs. Alors, de par notre structure un peu décentralisée, on le fait par petits groupes, donc on fait cinq/six personnes et puis on discute un peu. Il en sort des idées qu’on laisse maturer après. Ce n’est pas grave, ça prend du temps, mais voilà ! Au moins, il y a des choses qui en ressortent et puis ça décante.

Luc : Une fois que vous avez collecté toutes ces données, c’est là où vous pouvez enfin retourner derrière votre petit bureau, enfin avec vous-même, et du coup, avec toutes ces informations, le plus gros challenge que vous allez avoir, à ce moment-là, c’est d’être capable d’extraire l’information. Les gens aiment dire des choses. Il y a une grande différence entre la demande et le besoin. Quelqu’un va essayer de dire n’importe quoi et, au final, il faut comprendre pourquoi il l’a dit. Comment, dans son usage, je pourrais, en fait, lui simplifier la vie ? Quelle est vraiment l’information à extraire de ce qu’il m’a raconté ? Être capable, aussi, de croiser, du coup, toutes ces informations collectées avec tous mes utilisateurs. Être capable de prioriser ce qui est important dans ce qu’on m’a dit. Où je vais ? Où sont sont mes erreurs ? Qu’est-ce que j’ai fait de complètement ridicule ? Pourquoi les gens n’arrivent pas à faire telle action sur telle page ? Apprendre, du coup, de toutes ces données, en les croisant.

Une fois que vous avez tout ça, c’est là où vous pouvez vous amuser avec votre petit papier à faire, des petits wireframes, qui est de faire des sketches sur papier ou, si vous êtes plus à l’aise, vous pouvez directement partir sur Gimp à faire des formes un peu plus simplifiées. Si vous sentez encore plus à l’aise, vous pouvez vous amuser à mettre votre charte graphique à l’intérieur pour donner une sensation un peu plus réelle. Si vous êtes vraiment motivé, vous pouvez aller même jusqu’à utiliser des prototypes dynamiques type, InVision ou Marvel. Je n’ai pas, je ne connais pas de logiciels open source, malheureusement, qui fassent ce genre de choses. Je m’en excuse de donner des logiciels privateurs.

Matthias : Pas encore !

Luc : Pas encore, mais j’espère que ça va donner des idées à certains. Et en fait, ces prototypes dynamiques permettent, à travers des images, de mettre des zones cliquables et de donner l’impression d’une vraie app codée, alors que non, c’est juste du bluff. Ce sont des images et on clique et ça nous envoie à un lien vers une autre image. Et rien qu’avec ça, en fait, on peut de nouveau tester rapidement sans développement. Ça prend, en général, pas plus de quelques jours, quand on commence à être un peu à l’aise dessus et, une fois de plus, ça permet de collecter de l’information, de collecter de nouveau de l’information sur ce qu’on a fait, rapidement, genre sketcher sur un bout de papier. En terme général, vous avez une idée, vous avez fait attention à ce que les gens vous ont dit. Vous challengez ce que vous avez appris avec vos hypothèses. Vous pouvez vous amuser, du coup, à le mettre sur papier. Hop, un petit message sur IRC, un petit message sur le forum. Qu’est-ce que vous en pensez ? Est-ce que je vous ai bien compris ? Est-ce qu’on va dans le bon sens ? Etc. Passer, comme ça, à différentes étapes, apprendre, itérer, être capable, du coup d’améliorer ce que vous avez dessiné. Être capable de réparer si c’était directement sur du développement et même, si vous étiez juste dans cette phase de design, là, vous pouvez passer sur une phase de développement où, du coup, vous perdez beaucoup moins de temps et votre développement a beaucoup plus de sens.

En soi, vous arrêtez de développer pour voir, puisque vous savez déjà, vous avez collecté les data, vous êtes déjà dans la validation. Donc maintenant, vous pouvez juste rester focus sur le développement. Et, tout simplement, on répète à chaque fois qu’on fait quelque chose, toujours redemander à sa base d’utilisateurs, voir ce qu’ils en pensent. On en arrive au cycle Lean, très simple, qui est « je construis, je mesure et j’apprends », etc.,etc.,etc. Dès que je balance quelque chose, dès que j’ai une hypothèse, il faut la confronter avec les gens, être capable d’avoir de l’information des gens qui utilisent quotidiennement votre produit.

Matthias : Seconde citation, on aime bien, de Henry Ford cette fois, qui disait simplement que s’il avait vraiment écouté ses utilisateurs complètement, la seule chose qu’on lui aurait demandée, c’était des chevaux plus rapides et pas forcément des moteurs à explosion.

Pourquoi c’est pertinent dans notre cas ? C’est pertinent parce que vous avez besoin de ce support de vos utilisateurs. Vous avez besoin de travailler avec eux, main dans la main, pour pouvoir avancer sur votre produit, aller dans la bonne direction. Après, votre produit vous l’avez imaginé, vous l’avez conçu, vous en portez la vision. Et cette notion de vision est super importante parce que, quoi que vous fassiez, quoi que vous expliquiez à vos utilisateurs, il y aura toujours une part d’inconnu par rapport à votre vision, une part de choses que les gens n’arrivent pas vraiment à comprendre, à maîtriser, mais ils sentent bien que c’est dans cette direction-là qu’il faut aller. Vous, votre devoir, c’est d’être inspirant vis-à-vis de vos utilisateurs. C’est de faire en sorte que ça les pousse à aller plus loin dans votre produit et que vous puissiez avancer avec eux. Mais vous restez garant de cette vision ; vous êtes le garde-fou. Après, les chemins qui vont être pris vont vous être dictés par vos utilisateurs, mais l’endroit où aller, c’est vous qui l’avez en tête, et il ne faut pas perdre ce point-là de vue.

Donc si je résume, pour faire simple : il faut discuter avec les utilisateurs ; il faut diversifier les canaux ; il faut aller chercher les gens au maximum et non pas les pousser à venir vous voir : il faut que ce soit vous qui ratissiez. Il faut que vous appreniez de vos utilisateurs, vous tiriez les enseignements de tout le travail que vous faites avec eux et quand je dis avec eux, c’est vraiment travailler avec les gens. Et surtout conserver toujours le contrôle de là où vous voulez aller, de votre solution, de ce que vous voulez faire, mais en étant le plus inclusif et le plus participatif possible.

Luc : Donc en résumé, le principe même c’est : soyez inclusif, mais soyez-le réellement ! Soyez réellement à l’écoute de vos utilisateurs. Essayez de comprendre, de vous mettre à leur place. Arrêtez aussi de le prendre personnellement : une critique, ce n’est pas vous qu’on juge, c’est votre travail. Vous n’êtes pas votre travail, vous n’êtes pas votre produit. Les gens sont là, quand ils vous donnent une critique négative, ils sont là pour aller dans le bon sens, pour améliorer votre produit pour que les gens apprécient votre produit, l’utilisent. Et ça n’a jamais été une critique par rapport à vous, vos compétences, ou quoi que ce soit. Il faut être capable de faire la différence entre la personne que vous êtes et le travail que vous fournissez.

Matthias : Deuxième bon conseil - enfin bon conseil, vous en faites ce que vous voulez, c’est cadeau, hop ! - deuxième conseil : l’ergo ce n’est pas le design. Faire de l‘ergo, je vais faire un raccourci rapide, je vais dire « tout le monde est capable de faire à peu près de la bonne ergo ». En gros, tout le monde est capable d’être de bon conseil à partir du moment où il comprend les enjeux de votre produit, pour vous donner les bonnes directions, pour vous montrer, si jamais vous prenez une direction qui n’est pas forcément la bonne. Tout le monde n’est pas ergonome, nuance, tout le monde peut apporter sa pierre à l’édifice. Donc ça c’est important et ça, ça va dans la bonne direction.

Le design c’est ce qu’on disait tout à l’heure, c’est quelque chose qui est plus émotionnel. C’est quelque chose qui est plus lié à du comportement, à une image de marque, à ce que vous voulez mettre derrière, au message que vous voulez véhiculer et ça, c’est plus compliqué. Tout le monde ne sera pas de bon conseil. La nièce de la coiffeuse de la belle-sœur de votre femme, ne sera pas forcément la meilleure pour vous dire que « oui, le bleu c’est mieux ! » Non ! Il y a des considérations à prendre : votre marque, votre produit, ce que vous imaginez, vous l’avez en tête. C’est important de travailler dans cette direction-là. Donc écouter les gens, oui, sur certains conseils, pas sur d’autres. Sur de l’ergo c’est bien, sur du c’est plus compliqué. Quoi qu’il en soit, encore une fois, l’idée c’est de travailler avec les gens. Faites intervenir des ergonomes. Faites intervenir des designers. Étendez votre champ de compétences autour de vous parce qu’on a tous des savoir-faire différents. Et là où les gens seront de bon conseil en ergo, ils ne le seront pas forcément en dev, et inversement. Donc on peut tous faire des choses bien. Si on veut vraiment les pousser jusqu’au bout, il faut s’entourer des bonnes personnes, il faut travailler le plus possible avec les gens.

Reste une question, puisqu’on parle de , c’est : est-ce qu’on peut open sourcer du design ? Vraie question. Vraie question compliquée. Open sourcer de l’ergo, c’est ce qu’on raconte depuis une petite demi-heure, c’est possible, ce n’est pas très difficile, il suffit d’être assez inclusif avec les gens et de faire travailler les gens ensemble. Ce n’est pas très difficile sur le papier, dans la réalité il faut être open man, mais c’est toujours possible. Donc faire de l’open source en ergo c’est jouable.

Faire de l’open source en design, ça veut dire faire intervenir des gens sur votre image et sur le message que vous voulez véhiculer. C’est moins simple. C’est pour ça qu’on est vachement attentifs à cette distinction entre ergo et design. Il y a vraiment une frontière entre les deux, qui est ténue, parce que les ergonomes font du design et inversement. Et effectivement, envoyer un frame sans les codes couleurs qui vont avec, ce n’est pas forcément efficace. Donc il faut garder un peu de nuance là-dessus. Mais open sourcer du design est-ce que c’est jouable ?

Il y a une initiative de Mozilla, en ce moment, qui travaille à une vision open source de leur marque. Donc ils essaient d’open sourcer l’image de marque de Mozilla et de voir comment ils arrivent à le faire vivre. Ça date de quelques semaines, c’est une initiative qui est très jeune. Peut-être que ça va marcher. Peut-être que ça ne va pas marcher. Pour le moment on n’en sait trop rien, l’avenir nous le dira, mais, en tout cas, c’est une expérience intéressante. Nous, on tente le pari aussi la semaine prochaine puisqu’on a des ateliers en meet-up et on a notamment un atelier dédié à l’image de Cozy. Donc on va tenter la même chose : faire participer les gens, faire participer les utilisateurs, dialoguer un maximum autour de ça. Peut-être qu’on va se planter ! C’est possible ! Ce n’est pas grave ! Il y a peut-être de grandes chances ! On se prendra un mur, ce n’est pas grave, mais au moins, on aura essayé. En tout cas, l’idée c’est de se dire « il n’y a pas que sur du code qu’on peut faire intervenir des contributions. Il n’y a pas que sur du code qu’on peut faire intervenir des gens. Il y a plein d’autres domaines autour. » Et si on veut que notre solution soit adoptée par le plus grand nombre, eh bien on n’a pas le choix, il va falloir faire participer ce plus grand nombre.

Merci à vous et si vous avez des questions, on vous écoute.

Applaudissements

Et on a même un micro main. On va rigoler, on va se battre avec un petit micro HF.

Public : Bonjour. J’ai une question. Comment faire, justement, dans le cas d’un développement distribué ? On imagine qu’on est en agile parce que sinon ça n’a pas trop de sens. Donc ça veut dire rendre compte du board, du kanban, enfin peu importe, il faut que ça, ce soit public, en fait, j’imagine. Ça veut dire très bien décrire les objectifs de chaque story. Qu’est-ce que ça serait vos conseils ou les pratiques que vous mettez en place et que vous avez déjà expérimentées ?

Matthias : Tu veux répondre.

Luc : Nous, juste chez Cozy, en fait souvent, quand on a des tout petits problèmes où on voit strictement qu’il y a une fonctionnalité qui n’a vraiment aucun sens et que les gens nous demandent comment faire, là, en terme général, on comprend. Ce sont des gens qui se plaignent soit via GitHub, qui peuvent se plaindre aussi également via le forum. Là forcément on se dit « un nous le dit, ouais, on n’a pas le temps. Deux, trois, quatre, ça commence à arriver en top priorité. » Là on fait un petit fix rapidement, sans se poser trop de questions.

Sur des features un peu plus complexes, donc il y a ces phases qu’on fait en début de milestone qui sont des interviews utilisateurs. Nos Product Owners, en fait, essaient d’avoir entre cinq et dix interviews d’utilisateurs, histoire de comprendre l’usage des utilisateurs, à l’heure actuelle, sur leur Cozy, comprendre pourquoi ils utilisent Cozy, savoir si c’est juste une question de valeur ou si c’est également parce qu’on leur simplifie un peu la vie. J’espère qu’on en est un peu là, quand même ! En fait, en comprenant du coup leur usage, comme on a dit tout à l’heure, on croise toutes ces données et là, on comprend où aller. Et souvent, c’est là où il y a des fonctionnalités un peu plus complexes qui vont arriver, et c’est là où moi j’interviens, où je vais commencer à designer cette partie-là. Et là, on fait intervenir, une fois qu’on a fini un sprint de deux semaines, donc moi pendant deux semaines je travaille là-dessus, j’essaie de confronter les idées,etc. Et là, on va faire un petit post sur le forum qui va être ensuite pingué via Twitter, via IRC, etc., pour que les gens l’utilisent. Donc souvent j’utilise ce prototype dynamique où les gens peuvent cliquer, etc., et les gens peuvent même mettre des commentaires directement sur le design pour me dire « là ça n’a pas de sens ; là tu es trop designer pour moi, tu es un hipster, vas-y, rentre chez toi ! », ce genre de choses. Et de là on comprend : on s’est peut-être un peu trop enflammés, on va retravailler ça, etc. Et en fait, on rentre dans une boucle comme ça de feed-back look. Tant que les gens - ce n’est même pas nous qui sommes satisfaits - c’est tant que les gens, nos utilisateurs du quotidien, ne sont pas satisfaits par ce qu’on leur a proposé, on ne rentrera pas en phase de développement, en fait.

Et une fois que ça, ça a été validé par les gens - il y a toujours un type qui n’est pas content, mais celui-là on ne pourra jamais l’avoir ce n’est pas grave - là on peut rentrer, du coup, faire des petites cartes Trello ou GitHub, répartir, couper cette tâche, cette fonctionnalité, pour qu’elle rentre, du coup, en agile sur des sprints de deux semaines, etc. Et toujours remettre en question le travail qu’on a fait.

Matthias : Ça veut dire qu’on a des process de développement qui sont en cycle rapide, quinze jours, sur des milestones de trois mois. C’est vraiment interne à ce qu’on fait, donc c’est librement adaptable, mais on est très bien conscients qu’une nouvelle fonctionnalité peut mettre plus de temps à arriver, en fait. Parce que, effectivement, ces échanges avec les utilisateurs sont importants à prendre en main. Après, ça veut dire aussi qu’une fois qu’on le met en prod, généralement, on est plutôt bien partis, donc on ne va pas trop faire de rétropédalage.

Public : J’ai une petite réflexion sur le design par rapport au logiciel libre, surtout un logiciel libre qui veut s’ouvrir à un maximum de gens. Je caricature un peu, mais je vois deux grandes tendances. Il y a la tendance iPhone où, en gros, le design s’impose à toi parce qu’il a été prédéfini pour toi et, même si tu cherches à développer sous iPhone, tu es dans une round map, tu ne peux pas faire autrement, etc. Et je dirais, la version extrême de l’autre côté, c’est le CyanogemMod, dans lequel tu peux tout paramétrer, jusqu’à la taille du petit pixel de n’importe quoi. Vous qui avez un logiciel qui veut à la fois être open source et se diriger vers le plus grand nombre, comment vous avez trouvé l’équilibre entre les deux ?

Matthias : Tu veux répondre ou j’enchaîne ?

Luc : Vas-y.

Matthias : Encore une fois, je pense que c’est une question de curseur et c’est une question d’ajustement. Peut-être qu’un élément de réponse ça va être de commencer à fournir aux gens de quoi structurer leur réalisation et leur produit tout en restant dans la philosophie Cozy. J’explique un peu l’idée. L’idée de Cozy c’est que derrière il y a une espèce d’App Store, de marché quoi, dans lequel des développeurs peuvent proposer leurs applications pour faire tourner sur Cozy. Si vous êtes développeur et que vous voulez faire des applications sur Cozy, venez ! C’était la slide branding. L’idée c’est de se dire que, partant de là, on n’impose rien, donc effectivement, on laisse librement les développeurs travailler sur leur produit. On n’impose rien au niveau du design, on n’impose pas grand-chose. On commence à avoir des guidelines qui commencent à se structurer, mais ce sont encore des raquettes un peu trouées dans lesquelles il faut qu’on enrichisse beaucoup de choses. C’est très long, ça prend beaucoup de temps et d’énergie.

L’une des approches qu’on cherche à avoir là et à rationaliser, c’est d’avoir un SDK [software development kit, NdT], un petit framework dédié au front et qui fournisse un maximum de composants d’interfaces qui soient prédesignés, qui puissent être faciles à customiser, de façon à ce qu’on puisse les adapter, mais qui puissent être aussi utilisés comme briques de base pour monter des interfaces. Après, on veut les utiliser, on les utilise ; on ne veut pas les utiliser, on ne les utilise pas. Et ce n’est pas grave, et on ne va jamais râler parce qu’une interface n’utilise pas le SDK de Cozy. À la limite on s’en fout ! Les premiers utilisateurs de ce truc-là, alors hop-là je me fais un tacle tout seul, mais ce n’est pas grave, pour le coup ça va être nous. C’est-à-dire que nous, pour développer des apps, ça va être super pratique de pouvoir avoir cet outil-là et de mutualiser un maximum de choses.

Peut-être qu’un bon élément de réponse, ça peut être des choses comme ça. Des éléments sous-jacents qui sont des notions organiques simples. J’aime bien la notion de design atomique où on se dit, finalement une interface c’est quoi ? Eh bien c’est comme un organisme, et cet organisme se décompose en sous-parties qui sont des organes, qui eux-mêmes se décomposent en sous-parties qui sont des molécules et qui elles-mêmes se décomposent en sous-parties qui sont des atomes. Et cette notion de design atomique un peu organique, est intéressante dans ce qu’elle permet, si on s’adresse plutôt sur la couche basse, donc plutôt la couche atomes et molécules de dire « eh bien voilà, on vous fournit déjà des éléments que vous pouvez facilement utiliser pour aller dans une direction qui nous semble être intéressante. »

L’autre bonne approche, eh bien c’est ce qu’on dit depuis tout à l’heure, c’est faire de l’open source ergo. C’est de ne jamais prendre les décisions de façon trop arbitraire et d’inclure les gens au maximum. Si les composants, à la base, ont déjà été pensés avec les gens pour que ça soit le plus pratique pour eux, eh bien on se sauve la vie sur pas mal de trucs derrière. On se sauve du temps, surtout. Mais c’est du curseur à ajuster et on n’aura jamais tout le monde. On ne satisfera jamais tout le monde et, en même temps, avoir une position hyper dictatoriale ce n’est pas très intéressant non plus. Donc il faut ajuster. C’est comme la sécu quoi, il faut ajuster entre « est-ce qu’on laisse tout ouvert ? » ou « est-ce qu’on ferme tout ? », mais on n’a plus personne parce que c’est super chiant à utiliser. Tu veux rajouter un petit truc ?

Luc : Non, je suis d’accord.

Matthias : Ça m’arrange| !

Public : On a une question sur Twitter. On a parlé d’ergonomie et de design et quid de l’accessibilité qui est généralement le gros parent pauvre quand on fait des applications ?

Matthias : Oh ! Yes ! Alors pour la petite anecdote, je ne sais pas qui a posé cette question sur Twitter, je lui fais des bisous. Pour la petite anecdote, il y a eu changement de programme tout ça, à Pas Sage En Seine, et en fait, la conf qu’on est en train de donner là, on l’a donnée il y a deux heures au HackerSpace, là-bas. On me dit là-bas en fait, donc je suis très mauvais en orientation. Et c’est rigolo, parce que cette question est arrivée quasiment dans les mêmes termes. Et donc la question qui avait été posée, c’était « est-ce qu’on peut se servir des référentiels d’accessibilité qu’on a, ou des recommandations d’accessibilité qu’on a, pour pouvoir servir de base à une bonne ergonomie ? »

Je vais faire la même réponse, parce que j’en étais très satisfait ! C’est de dire qu’on a des super référentiels d’accessibilité, sur le Web et en France. L’un des gros problèmes c’est que ces référentiels d’accessibilité, si on veut intégralement les implémenter, déjà c’est une tannée sans nom et, en plus, on se retrouve avec des interfaces qui sont généralement assez mal fichues au final, parce qu’eux ils adressent, ce n’est pas beau ce terme je suis désolé, ils cherchent à résoudre un ensemble de problèmes qui est tellement dense et tellement vaste et tellement complexe que c‘est se dire « je vais tout implémenter pour dire je vais tout implémenter et avoir une super note ! » C’est bidon, ça ne sert à rien.

Par contre, ce qui est intéressant, c’est de se dire qu’on est 80 % de la population en situation de handicap. Porter des lunettes, vous êtes en situation de handicap. Vous êtes obligé de faire comme ça pour pouvoir lire [Matthias tend le bras], vous êtes en situation de handicap. Vous vous retrouvez dans le métro avec votre téléphone avec un fond de edge qui ne passe pas, vous êtes en situation de handicap. Donc cette situation de handicap existe partout, tout le temps ; elle est variable : des fois vous le serez, des fois vous ne le serez pas. En tout cas, ça s’adressera toujours à vous. Donc utiliser l’accessibilité comme moteur à une bonne ergo, comme une base de travail, c’est hyper intéressant. L’appliquer bêtement et de façon irraisonnée, ça ne résoudra pas plus les problèmes de vos utilisateurs, à la limite, ça pourra peut-être en créer. Tu veux compléter ?

Luc : C’est souvent le problème de choses comme ça qui sont définies pour une certaine catégorie de personnes qui va, forcément du coup, très bien répondre à ces gens-là mais qui, au contraire, va être un problème d’accessibilité pour tous les autres. Typiquement, quelqu’un nous a posé la question suite à cette discussion aussi de, par exemple, le produit, si quelqu’un est aveugle comment on fait ? Il est venu avec la solution simple de dire « ouais, on met un gros bouton spécial gens aveugles », qui correspond peut-être à 1 % des utilisateurs et peut-être que là je m’emballe même encore. Et le problème de ça c’est : pour qu’il le voie, le bouton, il faut forcément qu’il soit gros, mais on répond juste à une personne qui va, au contraire, polluer l’interface, du coup pour tous les autres qui vont nous faire : « Mais pourquoi vous faites ça ? » Donc, c’est aussi un peu la complexité de savoir comme tu as dit, de trouver le bon équilibre. Typiquement, un cas d’accessibilité assez simple, c’est savoir jouer des contrastes. On est de plus en plus sur des écrans qui tendent avec une qualité magnifique, avec écran Retina, enfin c’est splendide ! Et, malheureusement, il y a très peu de gens qui les ont et la plupart des gens sont encore sur des écrans avec des résolutions pas top et avec des contrastes qui ne les gèrent pas aussi bien. Ce qui fait qu’on se retrouve sur des cas assez compliqués où les gens n’arrivent même pas à lire ce qu’on a mis, et, en fait, l’ergonomie perd pour le design. C’est là où il faut faire attention. Je pense que ce sont des petits cas comme ça où il faut faire attention aux cas d’accessibilité.

Matthias : Et c’est là que travailler avec les utilisateurs c‘est important. Encore une fois vous développez une solution pour un ensemble de personnes données. Si, effectivement, 90 % de votre public c’est un public malvoyant, forcément il faut le prendre en compte dès le départ. C’est évident ! Est-ce qu’il y a d’autres questions ? Merci beaucoup.

Applaudissements.

Lettre d'information publique de l'April du 1er février 2017

Le 01 February 2017 à 12:05:06

Bonjour,

Les derniers événements pour célébrer les 20 ans de l'April ont eu lieu à Brest, Rennes et Paris. Un immense merci à toutes les personnes qui ont contribué au succès de cette célébration. Les premières photos de la soirée parisienne sont disponibles.

Notre proposition « Les plateformes de consultation publique en ligne reposent sur du logiciel libre » est arrivée en 4ème position parmi les plus soutenues à l'occasion de la consultation publique en ligne sur la proposiltion de loi « généralisant la consultation publique en ligne ».

Concernant l'Open Bar Microsoft / Défense, après 10 ans de mutisme, le ministère annonce l'existence d'un « bilan risques-opportunités » dont nous venons de demander la communication, au titre de la loi « CADA » .

L'émission Vox Pop, « magazine d'investigation européen » diffusé chaque dimanche le 8 janvier 2017 sur Arte, a mis en avant l'immixtion de la sphère marchande dans la définition des politiques publiques de l'enseignement.

Le groupe Transcriptions vous propose sept nouvelles transcriptions. Ce groupe a battu, en 2016, tous les records, en publiant 48 heures et 17 minutes de transcriptions. Pour en savoir plus, lire le bilan complet 2016. Occasion de féliciter les membres de ce groupe pour sa grande activité.

L'assemblée générale de l'April aura lieu samedi 11 mars et sera suivie le 12 mars par un April Camp. Ne suivez plus l'April de loin... rejoignez-là.

Consultez la lettre publique ci-dessous pour toutes les autres informations et notamment la revue de presse qui propose une quinzaine d'articles.

Librement,
Frédéric Couchet
délégué général de l'April.

Si vous voulez nous soutenir, vous pouvez faire un don ou adhérer à l'association.

L'April a 20 ans - Ensemble, continuons à développer l'informatique libre

L'April fête ses 20 ans ! Vingt ans d'actions pour promouvoir et défendre le logiciel libre. Pour fêter dignement cet anniversaire, nous avons organisé ou participé à plusieurs événements à Brest, Digne-les-Bains, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Rennes, Sarrebourg, Saint-Denis, Toulouse, Valenciennes. La dernière soirée a eu lieu à Paris (les premières photos sont disponibles).

Consultez l'actualité dédiée.

Une année 2016 bien remplie – Groupe Transcriptions de l’April

Le bilan du groupe Transcriptions de l’association April bat, semble‐t‐il, tous les records. Ce sont au total 48 heures et 17 minutes de transcriptions qui ont été finalisées et publiées au cours de l’année 2016. Ce chiffre est à comparer à celui de l’année 2015 : on en comptabilisait 18 heures et 36 minutes.

Pour en savoir plus, lire le bilan complet 2016.

Dossiers, campagnes et projets

Open Bar : Après 10 ans de mutisme, la Défense annonce l'existence d'un « bilan risques-opportunités »

Au mois de décembre 2016, deux parlementaires ont demandé par voie de question écrite au ministre de la Défense de faire œuvre de transparence sur l' « Open Bar » souscrit auprès de Microsoft. Le 26 janvier 2016, première réponse à la question de la Sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam. On apprend ainsi, après des années d'un grand mutisme, qu'il existerait une base rationnelle justifiant le choix de l' « Open Bar » : un « bilan risques-opportunités » dont l'April a demandé communication au ministère, au titre de la loi « CADA » .

Des consultations basées sur des logiciels libres : notre proposition en 4ème position parmi les plus soutenues

La consultation publique en ligne sur la proposition de loi « généralisant la consultation publique en ligne », initiée par MM. les députés Luc Belot (PS) et Patrice Martin-Lalande (LR), a pris fin mardi 17 janvier 2017. À cette occasion l'April a rappelé que seules des plateformes reposant sur des logiciels libres, intrinsèquement démocratiques, pourront permettre de « retisser le lien de confiance distendu entre représentants et représentés », ambition affichée par le texte des députés. Dans le cadre de cette consultation en ligne, l'April a publié une proposition « Les plateformes de consultation publique en ligne reposent sur du logiciel libre ». Celle-ci est arrivée en 4ème position parmi les plus soutenues.

Émission Vox Pop du 8 janvier 2017 : Microsoft ne fera pas main basse sur l'école publique de Saint-Léger-en-Yvelines

Le 8 janvier 2017 l'émission Vox Pop, « magazine d'investigation européen » diffusé chaque dimanche sur Arte, proposait une enquête intitulée Main basse sur l'école, mettant en avant l'immixtion de la sphère marchande dans la définition des politiques publiques de l'enseignement.

Sept nouvelles transcriptions

Le groupe Transcriptions de l'April vous offre de la lecture avec sept nouvelles transcriptions :

Médias

Revue de presse

La revue de presse fait partie du travail de veille mené par l'April dans le cadre de son action de défense et de promotion du Logiciel Libre. Les positions exposées dans les articles sont celles de leurs auteurs et ne rejoignent pas forcément celles de l'April.

Pour gérer cette revue de presse, un groupe de travail a été créé (vous pouvez en consulter la charte ici) ainsi qu'une liste de discussion rp@april.org où vous pouvez envoyer les liens vers les articles qui vous semblent intéressants.

La revue de presse est désormais diffusée également chaque semaine sur le site LinuxFr.org. Cette diffusion lui offre un lectorat plus large.

Cette revue de presse est commentée dans un podcast disponible sur http://audio.april.org.

Il est diffusé sur les radios : Radio Escapades, Radio Larzac et Ici&Maintenant et Libre@Toi.

Il existe un flux RSS permettant de recevoir la revue de presse au fur et à mesure (rapidement et article par article donc).

Les derniers titres de la revue de presse :

Conférences, événements

Événements à venir

Événements passés

Vie associative

Ne suivez plus l'April de loin... rejoignez-là avant son assemblée générale

Lla prochaine assemblée générale de l'April se tiendra le samedi 11 mars 2017 à l'Université Paris 8 à Saint-Denis. Ne suivez plus l'April de loin... rejoignez-là avant son assemblée générale.

Une soirée festive est prévue le samedi soir à partir de 19 h 30 (le lieu n'est pas encore fixé). Le dimanche sera sera consacré à un « April Camp » : ateliers en petits groupes, discussions… Cette partie atelier est ouverte à tous et aura lieu à la Fondation pour le Progrès de Homme à Paris.

Pour faciliter l'organisation de cette AG, si vous comptez participer merci de bien vouloir vous inscrire sur le wiki.

Afin de permettre au plus grand nombre d'y participer, une diffusion audio et vidéo est prévue.

Revue hebdomadaire

Chaque vendredi, à midi pile, les permanents et les adhérents qui le souhaitent passent en revue les tâches et actions relatives à l'April dont ils ont la charge lors de la « revue hebdomadaire April » sur IRC (canal #april sur irc.freenode.net, accès avec un navigateur web). La durée est limitée, généralement un quart d'heure. Cela stimule les bonnes volontés, suscite des idées et des contributions, permet de suivre les activités des uns et des autres et éliminer un certain nombre de problèmes bloquants.

Une page décrivant le principe d'une revue hebdomadaire est en ligne.

Vous pouvez en savoir plus en consultant en ligne les archives des premières revues hebdomadaires, et notamment la synthèse de la revue du 6 janvier 2017, la synthèse de la revue du 13 janvier 2017, la synthèse de la revue du 20 janvier 2017, la synthèse de la revue du 27 janvier 2017.

Adhésions

Au 1er février 2017, l'association compte 4 094 adhérents (3 699 personnes physiques, 395 personnes morales).

Soutenir l'association

L'April a besoin de votre aide. Vous pouvez faire un don à l'association et participer ainsi au financement de nos actions.

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Dans une association, l'adhésion est un acte volontaire. C'est aussi un acte politique car c'est manifester son soutien à l'objet de l'association ainsi qu'aux valeurs qui le sous-tendent. Une adhésion fait la différence en contribuant à atteindre les objectifs de l'association.

Adhérer à l'April permet :

  • de défendre collectivement un projet de société ;
  • de s'investir activement dans la vie de l'association à travers ses groupes de travail et ses actions ;
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  • d'agir sur les institutions à travers un partenaire incontournable ;
  • de soutenir financièrement les actions de l'association.

Il est possible d'aider l'association en lui donnant de son temps ou de son argent. Toutes les contributions sont les bienvenues.

Pour les hésitants, nous avons mis en ligne les réponses à de fausses idées classiques.

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Pour tout renseignement, n'hésitez pas à nous contacter.

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  • être éclairée sur les contextes juridiques et stratégiques ;
  • contribuer à la défense de l'informatique libre face aux acteurs qui lui sont hostiles ;
  • mieux faire connaître et valoriser son action.

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  • de défendre collectivement un projet de société ;
  • de s'investir activement dans la vie de l'association à travers ses groupes de travail et ses actions ;
  • d'être informé régulièrement des événements logiciel libre ;
  • d'agir sur les institutions à travers un partenaire incontournable ;
  • de financer ou cofinancer des actions stratégiques.

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Archives

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31 January 2017

Luc DIDRY

Merci à mes tipeurs :-)

Le 31 January 2017 à 20:19:59

Le 14 juillet dernier, j’ai lancé mes pages Tipeee et Libe­ra­pay.

La récom­pense de base est l’ap­pa­ri­tion sur une page mensuelle de remer­cie­ments… voici celle de janvier !

Merci à :

Profi­tons un peu de cet article pour faire un petit résumé de mon acti­vité libriste du mois de janvier :

  • Beau­coup d’amé­lio­ra­tions sur Lstu :
    • Possi­bi­lité d’uti­li­ser une job queue pour l’in­cré­ment des comp­teurs, allé­geant ainsi la charge de la base de données en cas de fort trafic
    • Possi­bi­lité d’uti­li­ser une authen­ti­fi­ca­tion LDAP ou via un fichier htpasswd pour pouvoir créer des liens raccour­cis
    • Ajout d’une page sur les exten­sions de navi­ga­teurs
    • Ajout d’une couche d’abs­trac­tion pour la base de données dans Lstu : prépa­ra­tion au support de Post­greSQL
    • Possi­bi­lité de choi­sir le fichier de confi­gu­ra­tion de Lstu, ce qui permet de lancer plusieurs instances avec un seul code à main­te­nir
    • Ajout du support de Post­greSQL ! Les instances à fort trafic vont enfin pouvoir utili­ser une base de données digne de ce nom
    • Possi­bi­lité de décla­rer des adresses IP dans une white­list, permet­tant d’évi­ter les limi­ta­tions de raccour­cis­se­ment par seconde ainsi que la véri­fi­ca­tion anti-spam
    • Amélio­ra­tion de la suite de test, ainsi que la créa­tion d’une image Docker dédiée à ces tests, dimi­nuant du coup la durée des tests
  • Créa­tion d’un bridge GoCo­mics pour Rss-bridge suite à la suppres­sion du flux RSS sur GoCo­mics

En ce qui concerne le client en ligne de commande pour Lufi, je n’y ai pas trop touché. Pas vrai­ment la super envie de faire du NodeJS… Je m’y remet­trai et je le termi­ne­rai, promis !

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april.png Nouvelles April

Apéro April le 17 février 2017 à partir de 19h00 dans les locaux de l'April (Paris)

Le 31 January 2017 à 18:12:00

17 Février 2017 - 19:00
17 Février 2017 - 22:00

Un apéro April ?

Un apéro April consiste à se réunir physiquement afin de se rencontrer, de faire plus ample connaissance, d'échanger, de partager une verre et de quoi manger mais aussi de discuter sur l'actualité et les actions de l'April. Un apéro April est ouvert à toute personne qui souhaite venir, membre de l'April ou pas. N'hésitez pas à venir nous rencontrer.

L'apéro a lieu à Paris notamment parce que le local s'y trouve ainsi que les permanents et de nombreux actifs. Membre ou pas de l'April vous êtes les bienvenus. Contactez-nous pour organiser un Apéro April dans votre région.

Quand et quoi

Le prochain apéro parisien aura lieu le vendredi 17 février 2017 à partir de 19h00 dans les locaux de l'April au 44/46 rue de l'ouest, bâtiment 8, 75014 Paris (entrée possible par la place de la Catalogne, à gauche du biocop, au niveau des autolib), le téléphone du local est le 01 78 76 92 80 en cas de besoin.

En ouverture de l'apéro nous ferons un court point sur les dossiers/actions en cours.

Pour tous les détails et vous inscrire rendez-vous sur le pad.

tnitot.png Tristan NITOT

Peter Thiel et Koober.com

Le 31 January 2017 à 16:27:00

J’ai essayé le service Koober.com, un site qui propose moyennant un abonnement de 8€/mois de lire ou d’écouter le résumé de certains best-sellers. C’est mon collègue Pierre qui me disait ce matin “ah, j’ai commencé à écouter From Zero to One de Peter Thiel sur Koober”. Et ça m’a motivé. D’une part, Peter Thiel est sur mon écran radar car je suis la politique américaine (C’est le soutien de Trump de plus visible de la Silicon Valley, il l’a conseillé pendant la phase de transition précédant l’investiture, et il est au coeur du scandale Hulk Hogan / Gawker) et d’autre part j’avais entendu parler du livre et je me demandais s’il y avait des choses à y apprendre, sans pour autant passer plusieurs heures de mon temps dessus.

Bref, je m’inscris sur Koober et j’installe leur application sur mon smartphone et c’est parti pour écouter dans le métro un résumé audio de Zero to One en 32 minutes.

Pour être clair, je n’ai pas aimé du tout, mais l’énervement suscité par l’écoute m’a poussé à deux choses : 1 — Aller jusqu’au bout du livre et 2 — écrire ce billet. Ca n’est pas rien !

J’ai donc détesté, mais je ne saurais pas bien dire pourquoi. Ce que j’ai entendu pendant 32 minutes, c’est une belle voix masculine grave qui parle lentement me débiter des platitudes sur les start-ups avec une régularité de métronome, un peu comme si Peter Thiel les enfilait comme des perles qui seraient autant de clichés sur l’entrepreneuriat.

Une fois de temps en temps, alors qu’on pourrait avoir tendance à s’assoupir, Thiel change de couleur de perle et au lieu de sortir une platitude, il décide de balancer une énormité sans crier gare. Quelques conneries entendues dans le livre :

  • Il faut que votre équipe soit homogène au maximum, il faut que les gens pensent tous la même chose[1] ;
  • Le télétravail est incompatible avec une start-up, idem pour le travail à temps partiel ;
  • Une situation de monopole est bonne pour l’innovation ?!
  • La rumeur dit que Palantir aurait aidé à trouver Ben Laden. AAAAAAhhhhhhhh. Le fondateur qui relaye par écrit des rumeurs flatteuses sur sa boite sans confirmer ni infirmer, c’est quand même le summum de la malhonnêteté intellectuelle !

Bref, j’ai passé deux sales quarts d’heure, mais dans un sens, c’était finalement distrayant.

Il me faut être honnête et préciser quelques points :

  • Il n’est pas impossible que l‘a priori négatif que j’ai sur Thiel ait joué sur mon expérience ;
  • J’ignore si la forme résumées, qui implique la suppression de la plupart des anecdotes du récit, n’est pas la source du préjudice ;
  • Je n’ai pas l’habitude d’écouter des audiobooks, donc peut-être qu’on s’y fait.

Enfin, ce n’est pas parce que cette expérience fut mauvaise qu’il faut éviter le service Koober.com. En effet, la promesse de pouvoir comprendre les grandes lignes d’un livre le temps d’un trajet de métro a beaucoup de valeur à mes yeux (ça veut infiniment mieux qu’une n-ième partie de 2048 ou de Candy Crush Saga). Je vais essayer d’autres livres audio chez Koober, le temps que s’écoule la période d’essai. On verra ensuite si je prolonge l’utilisation du service, quitte à lire “en vrai” les livres dont le résumé m’aura interpelé…

Et vous, vous avez essayé Koober ? Si oui, quelle est votre expérience avec le service ?

Mise à jour le lendemain :

Depuis la rédaction de ce billet, j’ai écouté deux autres AudioKoobs :

Une bonne nouvelle : l’expérience a été bien meilleure avec ces deux autres livres qu’avec le premier ! Difficile de dire pourquoi… Est-ce la qualité du livre de départ, la qualité de son résumé, le ton de son lecteur ? La biographie d’Elon Musk semblait bien plus vivante que le navet de Peter Thiel, même si le lecteur avait le nez un peu bouché.

Pour ce qui est du livre de psychologie, il faut savoir que l’original est très long et que l’auteur met longtemps d’avant d’arriver au fait. En version résumée audio, il faut parfois bien s’accrocher pour suivre (pas toujours facile dans le métro, quand il s’agit de descendre à la bonne station ou de prendre la bonne sortie !) mais on a le mérite de la concision et de la synthèse, à se demander finalement si l‘audiokoob n’est pas meilleur que l’original !

En conclusion, l’offre Koob semble plus alléchante que je ne le pensais : et si j’arrivais à lire absorber deux livres par jour pendant mes trajets de métro ? Voilà une idée carrément séduisante ! J’imagine assez bien que j’achèterais les livres dont les résumés m’ont semblé les plus intéressants pour les lire à tête reposés…

Note

[1] De la part d’un mec qui a des opinions politiques tranchées et très différentes de son entourage géographique, en plus de faire partie d’une minorité sexuelle, ça ne manque pas d’air !

april.png Nouvelles April

Open Bar : Après 10 ans de mutisme, la Défense annonce l'existence d'un « bilan risques-opportunités »

Le 31 January 2017 à 14:33:27

Au mois de décembre 2016, deux parlementaires ont demandé par voie de question écrite au ministre de la Défense de faire œuvre de transparence sur l' « Open Bar » souscrit auprès de Microsoft. Le 26 janvier 2016, première réponse à la question de la Sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam. On apprend ainsi, après des années d'un grand mutisme, qu'il existerait une base rationnelle justifiant le choix de l' « Open Bar » : un « bilan risques-opportunités » dont l'April a demandé communication au ministère, au titre de la loi « CADA » .

Pour lire la question écrite et la réponse du ministère

Le ministère mentionne l'existence d'un « bilan risques-opportunités » « favorable à la conclusion du contrat sur la base d'un périmètre ajusté », élaboré sur la base d'études « notamment en termes d'évaluation des risques, de recherche de mesures tendant à réduire les risques envisageables, ainsi que d'analyse des opportunités. »
Il existerait donc un document, rigoureux et impartial, qui permet de déduire que la conclusion d'un « Open Bar » entre Microsoft et la Défense présentait le meilleur équilibre entre risques et opportunités ?
S'il est regrettable que le ministère ait attendu près de 10 ans pour évoquer l'existence d'une base rationnelle menant à cette décision, nous saluons ce premier pas vers plus de transparence et ne doutons pas que l'administration répondra favorablement à notre demande de communication du « bilan risques-opportunités » et des différentes études mentionnées dans la réponse.

L'évocation de ce document est l'élément le plus important de cette réponse. Le reste du texte n'en est pas moins instructif, il est même assez révélateur de la mécompréhension de cette administration des critiques qui lui sont faites et des enjeux en cause :

  • La Défense s'efforce, encore, de justifier la contractualisation avec Microsoft Irlande ; « qui dispose de l'exclusivité de la distribution des licences Microsoft en Europe. » La sénatrice à l'origine de la question écrite, ou quiconque ayant suivi cette affaire, a parfaitement conscience du montage utilisé par Microsoft, le tristement célèbre « double irlandais ».
    Mais s'il est possible pour une entreprise d'utiliser les vides juridiques à des fins d' « optimisation fiscale », nous pourrions attendre d'un ministère régalien qu'il ne finance pas ce genre de pratique avec de l'argent public.
  • Le ministère précise qu'il « convient d'observer que ce n'est pas le scénario déconseillé par le groupe d'experts qui a été retenu, mais celui qualifié de "risqué" ». Cette affirmation est pourtant en complète contradiction avec le rapport du groupe d'experts. On y lit ainsi que ; « le scénario 2 "offre Microsoft sur tout le catalogue" est déconseillée » et que « le scénario 3 "offre Microsoft adaptée sur le seul périmètre bureautique (dit 90/10)" est risqué ». L'Open Bar portant sur l'ensemble du catalogue Microsoft - justifiant ainsi de cette appellation - la lecture du ministère semble pour le moins créative, même avec un « périmètre ajusté ». La communication du « bilan » aidera sans aucun doute à lever cette ambiguïté.
  • Le ministère rejette l’appellation « Open Bar », qui, selon lui suggère un « déséquilibre entre les obligations des deux parties ». Le rapport d'experts, dont ont été extraits les « premiers éléments d'identification et de caractérisation des risques » attachait à la conclusion de ce contrat, sans la moindre équivoque, la « perte de souveraineté nationale », le « coût de sortie de la technologie » et l' « addiction aux technologies Microsoft. » Considérant qui plus est que cette situation perdure depuis 2008, la capacité de négociation du ministère avec le géant américain nous semble, au mieux, limitée.
  • La réponse prend soin de préciser que « les travaux d'évaluation du retour sur investissement (ROI) se heurtaient à ce stade à des difficultés dont le groupe d'experts a reconnu qu'elles pénalisaient l'analyse des différents scénarios. » La lecture du « bilan » permettra, nous l'espérons, de comprendre le lien entre la difficulté d'évaluer des ROI et la détermination par les experts de « risques rédhibitoires », tels la perte de souveraineté, l'addiction, les portes dérobées ou l' « affaiblissement de l'industrie française et européenne du logiciel ».
  • Le ministère précise, en parlant de la période de contractualisation 2013-2017 ; « le deuxième contrat a étendu la forme locative à pratiquement l'ensemble des licences du ministère ». Si le choix de la « forme locative » semble de prime abord assez discutable dans des considérations d'indépendance technologique et de choix stratégique sur le long terme nous ne doutons pas que le « bilan » explicitera cette décision. Il convient toutefois de noter que toute licence privative, comme celle de Microsoft, est assimilable de fait à la forme locative, puisqu'il ne s'agit que d'une autorisation d'utilisation par le titulaire des droits, pour certains usages et sur une période de temps donnée. Seule une licence libre, qui garantit les quatre libertés informatiques, offre une jouissance pleine et entière sur le logiciel, condition fondamentale pour une maîtrise globale d'un système d'information.

Nous pouvons enfin noter que le ministère reconnaît le biais initial du premier contrat « Open Bar ». Il ne s'agissait pas de doter l'administration d'un système d'information souverain et pérenne, mais de « soutenir une partie du parc Microsoft déjà déployé ». Effectivement, si l'objectif est la rationalisation d'une addiction, l' « Open Bar » semble le plus à même de répondre à ce besoin.
Le « bilan risques-opportunités » a-t-il été construit autour de ce biais ? Ou une réflexion plus globale sur l'utilisation, ou non, des produits opaques et privateurs de Microsoft a-t-elle été menée ? L'opportunité d'une migration vers du logiciel libre, à l'instar de ce qu'a fait la Gendarmerie nationale, a-t-elle seulement été envisagée ?

ggravier.png Gilles GRAVIER

Do you really need blockchain? Or could you just pick the right database?

Le 31 January 2017 à 09:08:55

Provocative title for a subject that is very close to my heart.

As recently as yesterday, I was talking with a customer about blockchain technologies and their use cases. We were discussion permissioned and permissionless blockchains.

The point that I was making was that in many cases, when businesses use a permissioned blockchain, they are basically using it as a fancy distributed database with some mechanisms to prevent unauthorized tampering with data that is stored into it. Actually, in many cases, something like a Cassandra, or a MongoDB with MAC and somme form of audit trail would do the job just as nicely as a permissioned blockchain.

Gartner has a report that is a little under 2 months old called Top 10 Mistakes in Enterprise Blockchain Projects that has that point as one of the conclusions.

Now there is nothing wrong in chosing a blockchain technology because you want to explore the use of blockchains. But if your objective is not blockchain exploration or education, think about more common, more stable, established technologies.

That doesn't mean blockchain is useless. In fact, it's one of the biggest game changing technologies to come aroun. But I think the biggest revolution will come from using permissionless blockchains like the Bitcoin network, Ethereum, Stellar... to enable a whole new class of community / shared economy platforms which will be at the heart of tomorrow's societies.

Permissionless blockchains will enable IoT devices to share their services in exchange of digital currency that they will use to pay for their utilities... Those IoT devices could be as simple as your smartphone selling very precisely geolocalized pressure measurements to weather services in exchange for ethers used to pay for data service, or an autonomous rental car that self drives passengers who come in, receives payments on an ethereum wallet, and uses those ethers to pay for electricity recharges, over embedded induction loops as it drives around the city, and pays for a support contract allowing for regularly scheduled services with that same ethereum wallet... or an autonomous rental house that pays for utilities using the same ethereum wallet that it's visitors use to pay it for their stay.

Every time you are thinking about using a blockchain technology, first think very much about whether this technology is absolutely required, or if it's a significant enabler without which your project would be much much harder to do, or if it's basically being used to do what you could do with a distributed database and a bit of extra code.

There are great, fantastic, use cases where blockchain technologies (and in particular permissionless blockchains) are true enablers for new classes of killer applications. Explore these, and set on a course to change the world.

30 January 2017

april.png Nouvelles April

Revue de presse de l'April pour la semaine 4 de l'année 2017

Le 30 January 2017 à 17:02:10

La revue de presse de l'April est régulièrement éditée par les membres de l'association. Elle couvre l'actualité de la presse en ligne, liée au logiciel libre. Il s'agit donc d'une sélection d'articles de presse et non de prises de position de l'association de promotion et de défense du logiciel libre.

En podcast.

Sommaire de la revue de presse de l'April pour la semaine 4

[Next INpact] Les inquiétudes de Sergio Coronado, «seul député» à encore utiliser du libre à l’Assemblée

Par Marc Rees, le vendredi 27 janvier 2017. Extrait:
> Sergio Coronado, l’un des députés des Français de l’étranger, vient d’écrire à Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, pour lui faire part de ses «nombreuses inquiétudes» dans l’utilisation du libre sur son poste de travail.
Lien vers l'article original: https://www.nextinpact.com/news/102993-les-inquietudes-sergio-coronado-seul-depute-a-utiliser-libre-a-l-assemblee.htm

[ZDNet France] La CNIL se penche sur les algorithmes

Par la rédaction, le lundi 23 janvier 2017. Extrait:
> Conformément à la loi République numérique, la CNIL a été chargée de lancer une grande réflexion sur la place des algorithmes. Elle donne aujourd’hui le coup d’envoi à un cycle de débats autour de ce thème, qui devrait aboutir en septembre à un rapport sur le sujet.
Lien vers l'article original: http://www.zdnet.fr/actualites/la-cnil-se-penche-sur-les-algorithmes-39847530.htm

[01net.] Mozilla milite pour la sauvegarde de l'Internet, menacé de toute part

Par Gilbert Kallenborn, le lundi 23 janvier 2017. Extrait:
> La fondation vient de publier son premier "bilan de santé de l'Internet", un rapport censé alerter les Internautes sur les dangers qui guettent la Toile. C'est aussi un moyen pour redorer son blason de militant du Web.
Lien vers l'article original: http://www.01net.com/actualites/mozilla-milite-pour-la-sauvegarde-de-l-internet-menace-de-toute-part-1087970.html

Note

Les articles de presse utilisent souvent le terme « Open Source » au lieu de Logiciel Libre. Le terme Logiciel Libre étant plus précis et renforçant l'importance des libertés, il est utilisé par l'April dans sa communication et ses actions. Cependant, dans la revue de presse nous avons choisi de ne pas modifier les termes employés par l'auteur de l'article original. Même chose concernant l'emploi du terme « Linux » qui est généralement utilisé dans les articles pour parler du système d'exploitation libre GNU/Linux.

Assemblée générale de l'April

Le 30 January 2017 à 10:10:27

11 Mars 2017 - 13:00
12 Mars 2017 - 19:00

L'assemblée générale de l'April aura lieu le samedi 11 mars 2017, de 14h à 18h, à l'université Paris 8 à Saint-Denis ; l'accueil se fera à partir de 13h00. L'AG qui se tient en 2017 concerne le bilan de l'année 2016 et les perspectives de l'année à venir.

C'est l'un des événements les plus importants de la vie de l'association, l'occasion de voter les rapports, moral et financier, de faire un point sur l'année qui vient de s'écouler, de rencontrer les autres adhérents et d'élire le conseil d'administration.

L'assemblée générale permet également d'organiser un week-end de réunion des membres. Le dimanche sera consacré à des ateliers en petits groupes ou à des discussions en plénière. Cette partie atelier est ouverte à tout le monde et aura lieu à la Fondation pour le Progrès de Homme à Paris. Une soirée festive est prévue le samedi soir (le lieu n'est pas encore fixé). Toutes les informations pratiques (adresses…) sont sur le wiki.

Tous les détails pratiques seront annoncés prochainement. Si vous êtes membre de l'April, vous pouvez déjà vous inscrire pour l'AG.

Ne suivez plus l'April de loin... rejoignez-là avant son assemblée générale.

Dans l'objectif de renforcer encore ses liens avec les groupes d'utilisateurs de logiciels libres, l'AG de l'April est ouverte à des représentants de ces groupes. N'hésitez pas à nous contacter.

Diffusion audio et vidéo

L'assemblée générale sera diffusée en direct à partir de 14 h 00 : diffusion audio : http://audio.april.org et diffusion vidéo : http://radio.octopuce.fr/agapril.ogv.

Salon irc

Vous pouvez également participer en rejoignant le salon IRC #april sur le réseau freenode, accès possible par webchat.

Des consultations basées sur des logiciels libres : proposition en 4e position parmi les plus soutenues

Le 30 January 2017 à 10:06:05

La consultation publique en ligne sur la proposiltion de loi « généralisant la consultation publique en ligne », initiée par MM. les députés Luc Belot (PS) et Patrice Martin-Lalande (LR), a pris fin mardi 17 janvier 2017. À cette occasion l'April a rappelé que seules des plateformes reposant sur des logiciels libres, intrinsèquement démocratiques, pourront permettre de « retisser le lien de confiance distendu entre représentants et représentés », ambition affichée par le texte des députés.

Dans le cadre de cette consultation en ligne, l'April a publié une proposition : « Les plateformes de consultation publique en ligne reposent sur du logiciel libre ».
Comme exprimé dans son appel à soutien, si le débat de fond sur l'opportunité et le périmètre d'une telle procédure présente un intérêt sociétal réel, il est une question de forme sur laquelle il ne peut être transigé : les consultations publiques en ligne doivent être basées sur des logiciels libres. Un rappel d'autant plus important que la plateforme utilisée pour cette consultation, « Parlement et Citoyens », repose sur un logiciel privateur.

La consultation est à présent close et la proposition de l'April semble arriver en 6e position en nombre total de votes et en 4e en nombre de votes favorables - aucun classement officiel n'étant encore disponible. Fait troublant : le jeudi 19 janvier 2017 un article de Next Inpact relevait 141 votes sur cette proposition, dont 138 favorables, et pourtant ce décompte, le lundi 23 janvier 2017, n'était plus que de 137 votes dont 134 favorables. Différentiel certes minime, sans réelle conséquence, mais qui ne manque pas de laisser perplexe, tout retour sur les votes exprimés depuis la clôture de la plateforme semblant impossible.

L'April remercie celles et ceux qui ont soutenu sa proposition, et plus particulièrement les auteurs des nombreux arguments positifs révélant un engagement fort sur la question du logiciel libre.

Quelques points à retenir :

  • À l'instar des nombreuses procédures encadrant le scrutin électoral, la façon dont est conçue une plateforme de consultation est intrinsèquement liée aux enjeux de confiance, de sincérité et finalement de démocratie. C'est d'ailleurs en ce sens que s'est exprimé le COEPIA (Conseil de l'Orientation de l'Édition Publique et de l'Information Administrative) dans son rapport (disponible ici en PDF) de novembre 2016 sur les consultations en ligne :
    «  La qualité des outils logiciels – plateformes dédiées, messagerie, outils collaboratifs... – est déterminante pour l'exercice. [...] Le logiciel doit, de préférence, être un logiciel libre dont le code soit accessible et puisse ainsi être audité par le public. Les choix méthodologiques de la consultation doivent être publics et doivent pouvoir être discutés. »
    Le consensus exprimé en faveur du recours au logiciel libre est révélateur de la forte prise de conscience des participants sur cet aspect essentiel.
  • Une étonnante mise en avant des propositions des propriétaires de la plateforme aux côtés de celles des deux députés à l'origine de la proposition de loi. Ce qui illustre parfaitement la nécessité d'avoir recours à un modèle horizontal, transparent et contributif. En effet, leurs propositions sont « épinglées », c'est-à-dire systématiquement placées en tête de liste et de ce fait rendues particulièrement visibles aux internautes, quel que soit le filtre appliqué.
    Rien ne vient d'ailleurs préciser les critères justifiant cette rupture d'égalité dans le traitement des contributions... « Le code est loi » disait Lawrence Lessig en 2001.
  • Comme le relevaient les journalistes de Next Inpact, du fait du calendrier parlementaire et électoral il y a peu de chance que la proposition de loi soumise à consultation soit présentée au Parlement avant les prochaines élections législatives de juin 2017. Toutefois, l'enjeu de la « crise démocratique » et l'intérêt politique pour les consultations en ligne permettent d'envisager sans mal que la question sera de nouveau étudiée sous la prochaine législature. Le soutien exprimé ne pourra être ignoré et appuiera la position défendue : le logiciel libre est une brique essentielle et irréductible pour toute consultation publique en ligne au service de la démocratie.

MM. les députés Luc Belot et Patrice Martin-Lalande « s'engagent à répondre de manière officielle et argumentée aux 20 contributions les plus soutenues sur la plateforme », réponses qui seront rendues publiques au plus tard le 18 février 2017. Cela permettra de poursuivre et d'approfondir le débat sur le recours au logiciel libre étant donné le classement de la proposition de l'April.

29 January 2017

vxjumel.png Vincent-Xavier JUMEL

De la sortie par un VPN

Le 29 January 2017 à 16:09:00

Ça faisait quelques temps que je me désespérais de pouvoir sortir d’un réseau verrouillé (je crois une des décisions les plus débiles dans une école), mais je ne m’y étais jamais réellement mis. La migration du blog a été l’occasion de remettre le nez dans un bout de documentation d’Actux et comme j’ignore le temps qu’ils mettront à transformer les archives, je copie une partie de la solution ici.

Côté serveur :

Créer un fichier /etc/openvpn/vpn.conf

up /etc/openvpn/vpn.sh
script-security 2

dev tun0
port 443
proto tcp-server
ifconfig 192.168.10.1 192.168.10.2

comp-lzo
secret /etc/openvpn/vpn.key

user nobody
group nogroup

keepalive 10 60
ping-timer-rem
persist-tun
persist-key

log /var/log/openvpn.log
verb 3

Dans un fichier /etc/openvpn/vpn.sh

#!/bin/sh
sysctl net.ipv4.conf.all.forwarding=1
iptables -t nat -F
iptables -t nat -A POSTROUTING -s 192.168.10.0/24 -d !  192.168.10.0/24 -j MASQUERADE

Puis dans le terminal :

openvpn --genkey --secret /etc/openvpn/vpn.key

/etc/init.d/openvpn restart

Côté client :

Créer un fichier /etc/openvpn/vpn.conf

dev tun0
remote <votre ip>
port 443
proto tcp-server
ifconfig 192.168.10.2 192.168.10.1

comp-lzo
secret /etc/openvpn/vpn.key

user nobody
group nogroup

keepalive 10 60
ping-timer-rem
persist-tun
persist-key

log /var/log/openvpn.log
verb 3
redirect-gateway def1

/etc/openvpn/vpn.key est une copie de la clef générée sur le serveur.

Et pour le lancer : sudo openvpn --config /etc/openvpn/vpn.conf

28 January 2017

april.png Nouvelles April

Freezone Épisode 17 - La CJUE sonne toujours deux fois

Le 28 January 2017 à 17:58:07


Nom de l'orateur

Titre : Épisode 17 de Freezone - La CJUE sonne toujours deux fois.
Intervenants : Lionel Maurel - OliCat
Lieu : Studio - Asso Libre à Toi
Date : Octobre 2016
Durée : 33 min 04
Écouter l'émission
Télécharger l'émission
Licence de la transcription : Verbatim

Description

Polémique : La chaîne Arte a déclenché une polémique en proposant aux internautes d’aider à traduire certains de ces programmes, en s’inspirant de la pratique des communautés du fansubbing. Les conditions contractuelles ont été dénoncées, notamment parce qu’elles organisent un transfert des droits au bénéfice de la chaîne. Les traducteurs professionnels l’accusent aussi de remettre en cause leur profession et d’attenter au droit d’auteur. Des débats qui montrent la difficulté à faire appel à l’intelligence collective.

Jurisprudence : La Cour de justice de l’Union européenne a rendu la semaine dernière une décision importante en matière de droit des logiciels. Elle a en effet estimé que la revente d’occasion d’un logiciel était possible à condition que cela concerne le support d’origine et non les copies de sauvegarde qui pourraient avoir été effectuées. L’arrêt limite la portée du principe « d’épuisement du droit d’auteur » et l’attache aux supports physiques, alors qu’il pourrait jouer un tout autre rôle dans l’environnement numérique.

Pépite Libre #1 : Google a publié une police d’écriture, baptisée « Noto », capable de couvrir 800 langues anciennes et modernes. Le tout a été publié sous licence libre, au terme d’un long travail de recherche et de développement. La licence utilisée est l’Open Font Licence (OFL), qui présente d’intéressantes particularités par rapport à des licences plus classiques, comme la GNU-GPL.

Pépite Libre #2 : Le Musée national de Suède a versé 3 000 œuvres numérisées en haute définition sur Wikimedia Commons. Ce sont des trésors du domaine public qui deviennent ainsi librement réutilisables. Un responsable du Musée déclare : « Nous voulions faire en sorte que ces œuvres appartiennent à tous et soient rendues disponibles, quelle que soit l’utilisation des images. Nous espérons que l’ouverture de cette collection inspirera de nouveaux usages et de nouvelles interprétations de ces œuvres ». On attend toujours désespérément qu’un grand musée national français fasse de même…

Transcription

Musique

OliCat : Bonjour et bienvenue à tous et à toutes. Calimaq, bienvenue à toi.

Lionel : Bonjour !

OliCat: Freezone, épisode 17, avec au menu, cette semaine, une polémique, une actu juridique et deux pépites libres. On va commencer tout de suite avec la polémique qui concerne la chaîne Arte qui a proposé aux internautes d’aider à traduire certains de ses programmes, en s’inspirant de la pratique des communautés du fansubbing1, dont on a déjà eu l’occasion de parler brièvement sur cette antenne. Les conditions contractuelles ont été dénoncées, notamment parce qu’elles organisent un transfert des droits au bénéfice de la chaîne. Et du côté des traducteurs professionnels, la chaîne est accusée de remettre en cause leur profession et d’attenter au droit d’auteur. Des débats, nous dis-tu Calimaq, qui montrent la difficulté à faire appel à l’intelligence collective ou, peut-être aussi, aux manières de s’y prendre pour le faire.

Lionel : Oui. Là, sur le coup, accordons le bénéfice du doute à Arte en disant que, finalement, ce n’était pas une mauvaise idée, tu vois !

OliCat : Non, absolument pas !

Lionel : On a Arte qui a des contenus, quand même, qui méritent souvent d’être traduits, qui a une vocation internationale et tout, et qui se dit « pourquoi ne pas faire appel aux communautés en ligne qui savent le faire. Il y a un savoir faire, quand même, chez les internautes pour traduire et faisons ça en mode collaboratif ». On surfe un peu sur la vague. Sauf que, juridiquement quand même, il y a des conditions sur le caractère équitable de la chose. Et là, ils se trouvent pris entre deux feux, entre les amateurs, en fait, et les professionnels. Du côté des amateurs, on peut les comprendre, parce qu’il y a un problème, en amont, sur la traduction, c’est que traduire un texte ou des paroles d’un reportage, d’un documentaire, c’est soumis au droit d’auteur. Donc tu ne peux pas traduire quelque chose qui est protégé par le droit d’auteur sans avoir une autorisation, etc.

OliCat : Absolument.

Lionel : Ça, c’est couvert pas le droit d’auteur. Donc, eux déjà, Arte, ils ont un petit problème parce que Arte n’est pas détenteur de tous les droits sur les programmes qu’elle diffuse.

OliCat : Et a fortiori des programmes pour lesquels elle souhaiterait proposer une traduction.

Lionel : Déjà eux, c’est compliqué. Ils sont obligés, il n’y a qu’une petite portion des programmes qu’ils ouvrent dans ce partenariat-là, c’est celle sur lesquels ils sont vraiment producteurs.

OliCat : D’accord !

Lionel : Donc, par exemple, toutes les fictions ou des reportages qui seraient faits par d’autres producteurs, pour lesquels ils auraient acquis des droits et tout ça.

OliCat : OK.

Lionel : Déjà c’est compliqué de trouver des contenus.

OliCat: Oui, des contenus qui rentreraient dans le cadre de cette proposition.

Lionel : Après, ils font appel aux amateurs et ils leur disent : « Vous allez traduire pour nous, mais vous allez aussi nous céder tous les droits, comme ça nous, on va devenir détenteurs de ces droits-là et, en plus, vous allez nous garantir que s’il y a un souci juridique et que vous traduisez quelque chose qui poserait problème, la responsabilité c’est vous qui l’endossez ! » Évidemment, les gens…

OliCat : On voit le problème d’équité !

Lionel : En ces temps où on parle beaucoup de digital labor, de récupération du collaboratif à des fins… Arte tombe en plein dedans. Donc déjà avec les amateurs ça va être compliqué. Et puis de l’autre côté, alors ça c’est assez significatif.

OliCat : Du coup est-ce que ça été, après on va passer sur la partie des traducteurs professionnels, est-ce qu’ils l’ont éprouvé déjà sur un certain nombre de programmes ? Ou c’est juste, pour l’instant, une bouteille à la mer que Arte a jetée à l’attention des fansubbers ? Ou certains programmes ont fait l’objet d’une traduction ?

Lionel : Non, non, c’est déjà ouvert. Je ne sais pas s’il y a des programmes qui ont été entièrement traduits, mais, en tout cas, ils ont sélectionné un certain nombre d’émissions qu’on peut aller traduire.

OliCat : D’accord. OK !

Lionel : Donc du côté des amateurs c’est compliqué. Là on a aussi la réaction des professionnels. Ça je trouve que c’est plus inquiétant, parce que ça traduit, quand même, une grosse tension qui est de plus en plus forte, entre les auteurs professionnels et la culture libre. C’est-à-dire que, de plus en plus, on a des catégories d’auteurs qui se sentent menacés dès que des licences libres arrivent quelque part. Jusqu’à présent c’était surtout les photographes qui étaient comme ça où, le fait qu’il y ait des gens qui utilisent des photos, qui mettent des photos sous licence libre, ils le voyaient comme une concurrence, en fait. Les photographes professionnels se sont souvent prononcés contre les usages des licences libres. Et là on a des traducteurs — c’est aussi un corps professionnel qui est souvent dans la précarité — et qui là dénoncent Arte en disant : « Vous faites sous-traiter le travail au public et ça va nous enlever notre travail et donc du coup, vous bradez ces contenus et vous portez atteinte. » Du coup c’est bizarre parce que là ils disent « porter atteinte au droit d’auteur », ce qui n’a, en fait, rien à voir, ce n’est pas du tout une forme d’atteinte au droit d’auteur, mais ils le voient comme une atteinte à leur métier.

OliCat : Justement ces contenus qu’Arte aurait obtenus de la communauté des traducteurs en ligne, etc., elle allait leur appliquer quel type de licence ? Ça a été prévu ou pas ?

Lionel : Oui, elle allait les remettre sous copyright.

OliCat : D’accord. OK. Quand on parle de cession des droits d’auteur.

Lionel : Tout à fait. Elle allait se faire transférer le droit d’auteur, automatiquement, et elle allait tout remettre sous copyright.

OliCat : La polémique qui vient des traducteurs et dont tu as plutôt bien résumé le contexte avec, plus globalement, une précarité de la condition des auteurs, des photographes, en tout cas de certaines catégories, elle rappelle un petit peu, aussi, le mouvement Auteurs debout.

Lionel : Tout à fait.

OliCat : Qui avait un peu émergé de Nuit debout, au début de la splendeur du mouvement, et dont les revendications étaient, finalement, complètement décalées aux problématiques globales autour de Nuit debout, des problématiques de licences libres, etc., et des nouvelles façons de créer et de concevoir qui doivent naître demain.

Lionel : Ça nous avait montré les limites de la convergence des luttes. C'est sûr.

OliCat : C’est ça !

Lionel : C’est-à-dire que d’un côté ils étaient complètement légitimes à être là, parce que c’est vrai que la profession d’auteur, de vouloir faire métier d’une carrière d’auteur aujourd’hui c’est de plus en plus difficile, ce sont des conditions extrêmement précaires. Donc voilà, tout le mouvement de contestation, la loi Travail, ils étaient complètement légitimes d’être là.

OliCat : Oui. Absolument !

Lionel : D’un autre côté, dès qu’il a fallu mettre les sites de Nuit debout sous licence libre, eh bien on a eu une opposition d’Auteurs debout qui considéraient que c’était…

OliCat : Contrevenir à leur propriété intellectuelle, on l’a dit.

Lionel : Moi je me dis, en fait, il y a une façon simple de résoudre ce genre de, c’est-à-dire que moi, dans ma tête…

OliCat : Ouais, comment faire ?

Lionel : J’ai envie de dire « collaboration sans licence libre, c’est ruine de l’âme ». C’est-à-dire que si tu lances du collaboratif sans mettre, à un moment donné, une forme de réciprocité au niveau des droits, eh bien tu vas conduire à une situation qui n’est pas équitable. Une manière, un peu, de résoudre ce conflit pour Arte, ça aurait été de dire « on va ouvrir certains de nos contenus ». Ils sont producteurs, donc ils ont la maîtrise des droits. Ils auraient ouvert certains de leurs programmes, mais même ne serait-ce qu’une émission, ils auraient dit : « on va faire un test », une émission, ils l’auraient même mise en NC [Non Commercial, NdT], pour ne pas aller jusqu’au bout, eh bien ils auraient dit aux internautes : « Venez traduire, mais ce que vous allez nous fournir sera sous licence libre, sera utilisable, vous pourrez, vous, le réutiliser, d’autres pourront le réutiliser », et là on construit des conditions équitables. Et des communautés de traduction dans le libre, ce n’est pas ce qui manque. Il y a Framalang2 qui fait des traductions.

OliCat : Absolument !

Lionel : On a FLOSS Manuals3 qui fait de la traduction très fortement. Il y aurait eu, sûrement, des communautés plus faciles à aller chercher. Il y a Wikipédia aussi, il y a énormément de traducteurs dans Wikipédia.

OliCat : Et du coup, ça aurait empêché la polémique du côté des traducteurs professionnels de naître ? Ou pas ?

Lionel : Là non, certainement pas, peut-être même encore pire, en fait. Parce que du coup, les contenus auraient été réutilisables et si la licence est vraiment libre, en plus, dans un cadre commercial ! Ce qui est un peu triste, c’est que Arte c’est un acteur qui aurait été bien placé pour faire ça, quand même. Parce qu’il faut savoir que, par exemple, les contenus d’Arte radio sont sous Créative Commons, depuis très longtemps d’ailleurs.

OliCat : Absolument oui.

Lionel : Et j’ai revérifié pour savoir s’ils avaient changé ça. Non, ils sont sous licence Creative Commons. Et Arte a déjà fait des choses assez élégantes. Par exemple, je me rappelle, il y avait eu le webdoc Une autre histoire de l’Internet [Une contre-histoire de l’Internet, NdT].

OliCat : Oui. Absolument de Manach et Goetz.4

Lionel : Voilà, tout à fait, qui était, qui a été sous licence libre et qui s’était basé aussi beaucoup sur des apports, des contributions des internautes. Il y avait une plateforme pour enregistrer des témoignages et tous les contenus étaient sous CC BY SA.

OliCat : Alors c’est quoi là ? C’est une maladresse de la part d’Arte ? On a du mal à le croire, du coup, puisque, manifestement, ils sont un peu au fait de ces questions.

Lionel : visiblement, ce qui a peut-être joué, c’est que tout ça s’inscrit dans un programme de la Commission européenne et ils ont touché un million d’euros pour organiser toute l’initiative. J’aimerais bien savoir, quand même, en quoi ça peut coûter un million d’euros de faire ça, déjà. OK ? Du coup, c’est aussi ce qui a attiré les auteurs professionnels qui disent : « C’est l’Europe qui veut remettre en cause le droit d’auteur français. Et avec un million d’euros, vous auriez pu en payer plein des traducteurs. » Peut-être que ce contexte européen ! Alors après, c’est vrai que si la Commission poussait les chaînes de télé à favoriser des traductions sous licence libre de programmes qu’on a, publics, ça aurait tout son sens dans le cadre de l’Union européenne. Donc voilà ! Et je trouve que c’est un très bel exemple de toutes les contradictions, tensions et, quelque part, polémiques vaines qui, parfois, opposent la culture libre aux auteurs professionnels. Je trouve que c’est vraiment très dommage d’avoir cette opposition-là.

OliCat : Oui, mais comme tu le disais, si effectivement Arte avait fait en sorte que, du coup, cette incohérence n’existe pas et que les productions soient sous licence libre, etc., la polémique avec les traducteurs aurait eu lieu, mais peut-être qu’on aurait un peu plus focalisé sur la condition réelle de ces traducteurs.

Lionel : Oui, c’est certainement vrai. Bien sûr. Et la condition réelle de ces traducteurs, ce ne sont pas les licences libres la première cause de la précarité. Ce sont les conditions de travail et les contrats qu’on propose aux traducteurs, en général, qui ne sont plus au niveau de leur permettre de vivre.

OliCat : Donc ce n’est pas seulement une polémique, c’est aussi à suivre.

Lionel : Ouais, tout à fait. On va voir s’il y a moyen de démêler un truc pareil. Ça a l’air mal engagé, quand même.

OliCat : Du coup c’est quoi les suites. J’avais lu l’article de Télérama auquel tu te réfères. Du coup ça va donner quoi ?

Lionel : Moi, je pense que les suites probables c’est que les communautés ne vont pas réagir. Voilà ! Parce que quand on veut bénéficier du travail bénévole, comme ça, des communautés en ligne, il faut le faire dans les formes. Elles ne vont pas réagir et du coup, ces programmes ne seront pas traduits et ça fait un million d’euros qui vont partir en fumée. Ou alors ils vont peut-être avoir un sursaut.

OliCat : Et revoir le modèle.

Lionel : S’ils écoutent Freezone, ils vont se dire…

OliCat : Va savoir !

Lionel : Voilà. Bien sûr. Mettons tout sous licence libre.

OliCat : Je peux t’affirmer que des visiteurs de la Commission européenne viennent écouter Freezone. Ça, c’est une certitude.

Lionel : Bon ! Formidable !

OliCat : On passe un petit peu à un autre sujet, avec une actu juridique, qui concerne la Cour de justice de l’Union européenne. On l’aime beaucoup.

Lionel : Oui, j’ai senti que tu aimais beaucoup, tout à l'heure !

OliCat: Oui, j’adore. J’aime beaucoup. Qui a rendu la semaine dernière une décision importante, nous dis-tu Calimaq, en matière de droit des logiciels. Elle a en effet estimé, cette Cour de justice de l’Union européenne, que la revente d’occasion d’un logiciel était possible, à condition que cela concerne le support d’origine et non les copies de sauvegarde qui pourraient avoir été effectuées. L’arrêt limite la portée du principe d’épuisement du droit d’auteur et l’attache au support physique alors, nous dis-tu, qu’il pourrait jouer un tout autre rôle dans l’environnement numérique. Elle est étonnante cette décision !

Lionel : Elle est même assez absurde !

OliCat : Elle est perverse. C’est pervers !

Lionel : C’est très bizarre mais, en fait, ça tient à une sorte de patate chaude que la Cour de justice de l’Union européenne est obligée de gérer depuis plusieurs années, qui concerne ce fameux principe d’épuisement du droit d’auteur. Pour le faire comprendre simplement, quand vous achetez un livre papier, vous l’achetez, donc vous entrez en possession du support. Dessus il y a une autre œuvre qui est protégée par le droit d’auteur, mais vous, vous êtes propriétaire du support. Du fait du principe d’épuisement du droit d’auteur, qui s’épuise après la première vente, première mise en marché, ça nous donne des tas de libertés, notamment la liberté de donner le livre. Je peux te le prêter.

OliCat : Le donner à Bibliothèque debout.

Lionel : Je peux le donner à Bibliothèque debout. Je peux le donner à une bibliothèque publique et je peux le revendre d’occasion, ce qui n’est pas quand même pas rien. Parce que tu revends le livre d’occasion avec l’œuvre qui est dessus et il n’y a rien, en fait, qui repart ni à l’éditeur, ni à… On dit que le droit d’auteur est épuisé par la première vente et la grande question c’était de savoir « est-ce que ce principe se transmet dans le numérique ? » C’est-à-dire que si j’achète un e-book, par exemple, est-ce que ce principe d’épuisement du droit d’auteur va valoir et pour quel type d’acte ? Normalement ça ne vaut pas, en fait. Ça ne vaut pas parce qu’il y a quelque chose qui dit explicitement dans la directive sur le droit d’auteur de l’Union européenne, qu’il n’y a pas de principe d’épuisement du droit d’auteur pour les œuvres en général. Sauf que, dans la directive sur le logiciel, là il est spécifié que ça s’applique. Donc pour les logiciels, la Cour de justice de l’Union européenne avait déjà été amenée à dire que « oui, effectivement, il y a un principe d’épuisement du droit d’auteur ». Et notamment, quand tu as un logiciel que tu as uniquement sous forme dématérialisée et pour lequel tu achètes une licence.

OliCat : Et c’est de plus en plus le cas, d’ailleurs.

Lionel : Bien sûr. Il y a de moins en moins de…

OliCat : Absolument, de supports physiques.

Lionel : C’est une stratégie, d’ailleurs, commerciale, de n'acheter que des accès en ligne et des licences.

OliCat : Absolument.

Lionel : Du coup ça, la Cour a déjà dit qu’on pouvait revendre la licence. Donc il y a tout un marché secondaire du logiciel qui peut s’ouvrir. Ce qui n’est pas rien, quand même !

OliCat: Oui, c’est plutôt une bonne chose.

Lionel : Oui, alors on pourra en reparler parce que moi, en fait, sur le fond je ne suis pas du tout fan de ce concept d’occasions numériques. On en reparlera.

OliCat : D’accord. Oui, absolument, ça m’intéresse.

Lionel : Sur le fond, là, bon, pour le coup ça s’applique. Mais là, ce qui était est en cause, c’étaient des gens qui étaient en Lettonie et qui rachetaient des vieux PC, ou qui choppaient des CD endommagés, et qui faisaient des copies de sauvegarde, qui extrayaient les logiciels et qui les revendaient sur les marchés. À un moment donné Microsoft a vu ça et les a poursuivis en justice. Ils risquent 300 000 euros de dommages et intérêts.

OliCat : Oui, quand même. Du coup, avec cette décision, ils vont les devoir quoi !

Lionel : C’est ça, ça va être dur pour eux. Donc là, la Cour nous dit : « OK. Il y a un principe d’épuisement du droit d’auteur, mais là, ce qu’on me demande c’est sur la copie physique. Je suis en possession d’une copie physique d’un logiciel sur un CD, sur un disque dur. Je fais une copie de sauvegarde, ça j’ai le droit, on a le droit de faire des copies de sauvegarde, encore.

OliCat : Quand même.

Lionel : Est-ce que j’ai le droit de revendre cette copie de sauvegarde ? La Cour dit : « Non, vous n’avez pas le droit de revendre cette copie de sauvegarde parce que, en fait, la copie de sauvegarde doit être réservée à l’usage personnel et même si vous garantissez que l’original est détruit, ça reste une copie de sauvegarde qui n’est pas substituable à l’original et qui donc doit rester à votre usage personnel, et vous ne pouvez pas la revendre, donc l’épuisement du droit d’auteur ne s’applique qu’au support originel. » Donc autant dire que ça limite énormément la portée du truc.

OliCat : Mais carrément !

Lionel : Tu peux tant que ça va être la durée d’un support et on sait ce que c’est que la durée de vie d’un support !

OliCat : Ouais, en gros un DVD, au bout de cinq ans, il est mort.

Lionel : C’est ça. Et donc, en fait, la Cour a fait ça parce qu’elle a énormément peur de toute brèche qui étendrait le principe de l’épuisement des droits aux copies. Parce que ça peut être une énorme faille dans le système, si tu veux.

OliCat : Ouais !

Lionel : Il y a déjà eu des tentatives aux États-Unis, un système qui s’appelait Redj, qui permettait de revendre de la musique d’occasion. C’est remonté jusqu’à la Cour suprême aussi et la Cour suprême a dit non.

OliCat : Et là, pour le coup, en numérique ?

Lionel : En numérique.

OliCat : Ah oui. OK

Lionel : La Cour suprême a dit : « Non, il ne faut surtout pas ça ! » Il y a une affaire en cours aux Pays-Bas, où les cours aux Pays-Bas considèrent que le livre numérique est plus un logiciel qu’autre chose et donc, du coup, ils admettent l’épuisement des droits et la revente de copies.

OliCat : OK. De la copie.

Lionel : Tout ça crée un contexte assez complexe et emmêlé. En fait, la peur c’est que le marché secondaire tue le marché principal et ils veulent limiter au maximum l’extension du principe d’épuisement des droits.

OliCat : Ceci dit on voit bien, aussi, au niveau des logiciels qui sont de plus en plus dématérialisés, on en parlait à l’instant, une installation possible dans des environnements spécifiques où là, du coup, l’évolution des technos autour de la vente de logiciels va faire que ça va, de toutes façons, devenir impossible, ne serait-ce que d’installer ta propre copie, ta propre licence achetée, sur un autre PC. Ça rend le truc encore un peu plus compliqué. Mais du coup, cette décision vient combler un vide ? Ou elle vient confirmer une pratique ?

Lionel : Il y a eu un précédent arrêt qui s’appelait Usesoft qui avait confirmé que l’épuisement des droits s’appliquait bien aux logiciels sous forme dématérialisée.

OliCat : D’accord.

Lionel : Donc là, elle vient nous préciser que quand on a une copie physique, ce n’est que l’original qui sera couvert par le principe d’épuisement des droits et pas les copies de sauvegarde. Donc ça vient préciser et limiter, en fait, la jurisprudence précédente.

OliCat : Et donc du coup, ce qui n’est pas le support original, c’est du piratage, dans le cadre d’une revente. ?

Lionel : Eh oui. Dès que tu en fais un usage qui n’est plus un usage personnel, ça devient de la violation de droit d’auteur, de la contrefaçon.

OliCat : Bon !

Lionel : Moi, au fond, je ne suis pas du tout fan de cette histoire de revente d’occasions numériques. Pourquoi ? Parce que, déjà, c’est consubstantiellement lié aux DRM [Digital Rights Management, NdT].

OliCat : En fait, c’était une question que je voulais te poser, le problème des livres, par exemple, que tu échanges et les DRM dedans ?

Lionel : Toi tu as une copie. Toi tu vas dire « moi je veux revendre ma copie, etc. », mais qui me garantit que je n’en garde pas une ? Si j’en garde une ! Voilà ! Donc du coup, le seul moyen de garantir que tu ne gardes pas une de tes copies sur ton ordinateur, c’est d’avoir un DRM qui, soi-disant, garantirait que tu as bien effacé toute copie du logiciel.

OliCat : Donc sous couvert d’une liberté acquise ce serait de nouvelles menottes qu’on serait obligées de porter.

Lionel : Tout à fait. Et tu as Apple et Amazon qui ont déjà déposé des brevets sur des systèmes qui garantiraient soi-disant la copie, l’occasion numérique sans conservation de copie. Ça, ça veut dire, en fait, qu’ils vont mettre un mouchard dans ton ordinateur.

OliCat: Qui va prouver que tu n’as pas conservé de copie.

Lionel : Moi déjà, rien que pour ça, je trouve que le concept est un peu moisi !

OliCat : C’est clair !

Lionel : Et en plus de ça, moi je dis ça n’a pas de sens, parce que si tu es en possession d’une copie, la solution c’est le partage.

OliCat : Absolument !

Lionel : Si je veux te filer ma copie, je devrais pouvoir le faire. Comme quand j’ai un livre, je peux te donner le livre et te le prêter, eh bien je devrais pouvoir partager ma copie. Après dans quelles conditions, est-ce qu’il faut une compensation ou quoi, etc. ? Moi je trouve que la vraie solution dans l’environnement numérique, où on est dans un environnement non rival.

OliCat : C’est le partage.

Lionel : C’est le partage. Donc trouvons une solution de rémunération, peut-être, pour les créateurs, mais arrêtons d’essayer de faire en sorte que les fichiers se comportent comme des objets, quoi !

OliCat : C’est ça.

Lionel : ce ne sont pas des objets.

OliCat : Eh bien merci pour ce commentaire autour de cette décision de la Cour de justice de l’Union européenne. On attend la prochaine.

Lionel : Ça ne saurait tarder.

OliCat: Ils sont vraiment actifs depuis leur retour de vacances et on est ravis. On va tout de suite passer à la pépite libre numéro 1, et une fois n’est pas coutume, on va parler de Google. Je crois qu’on l’avait fait déjà sur un Freezone précédent, à propos de…

Lionel : Ce n’était pas Netflix plutôt ?

OliCat : Ah oui, voilà, pardon, c’était Netflix. Oui, eh bien j’étais perdu dans les GAFAM. Peu importe !

Lionel : C’est une nouvelle rubrique : « disons du bien des GAFAM ».

OliCat: Ouais, disons du bien ! Voilà ! On va faire ça. Donc c’est Google qui a publié une police d’écriture, baptisée Noto, qui est capable de couvrir 800 langues anciennes et modernes. Le tout a été publié sous licence libre, au terme d’un long travail de recherche et de développement, précises-tu. La licence utilisée est l’Open Font License, l’OFL, qui présente d’intéressantes particularités — tu vas nous les exposer — par rapport à des licences classiques comme la GNU GPL. Alors raconte-nous l’histoire de cette Noto.

Lionel : Déjà, Google nous annonce.

OliCat : Déjà peut-être, un petit point sur les fontes. Ça c’est une vraie question parce que la majorité des fontes, en fait, sont sous licence propriétaire.

Lionel : Tout à fait. C’est couvert par le droit d’auteur.

OliCat : C’est couvert par le droit d’auteur. C’est une vraie création.

Lionel : Il y a une originalité, on peut tout à fait le reconnaître d’ailleurs.

OliCat : Absolument. Et donc là, Google nous gratifie d’une fonte libre.

Lionel : Oui. Longtemps il y a eu des fontes gratuites qu’on pouvait trouver et qui étaient souvent de pas très bonne qualité, etc. Et puis on sait bien que ce qui est gratuit ce n’est pas la même chose que ce qui est libre. Il y a eu tout un mouvement de culture libre qui s’est étendu aux polices de caractères et qui nous donne des choses assez intéressantes, de communautés du design qui partagent, sous licence libre, leurs créations en matière de polices d’écriture. Et donc là, en fait, on a Google qui crée un peu, moi j’ai envie de dire « c’est la police des polices » là, tu vois.

OliCat : Eh bien oui, 800 langues.

Lionel : Il y a 11 000 caractères différents. Ça couvre à peu près toutes les graphies qu’on peut trouver.

OliCat : Oui. Parce que qui n’a pas téléchargé une fonte gratuite et se rendre compte que le caractère accentué n’existait pas. Voilà ! Ces choses-là.

Lionel : Voilà ! Donc c’est plutôt un beau geste de leur part. Ça fait partie de ces libéralités que peuvent se permettent les géants, de temps en temps, de lâcher un truc sous licence libre. J’imagine qu’ils s’en servent, ils en besoin aussi comme pivot.

OliCat : Sans aucun doute. Je pense que ça doit être un des nouveaux pivots de leur Material Design, par exemple, Noto.

Lionel : Donc c’est plutôt un beau geste. Et alors ce qui est assez intéressant c’est…

OliCat : La licence !

Lionel : La licence, l’Open Font License. J’avoue que je n’avais jamais regardé de près. Je savais qu’il y avait des licences. Alors pourquoi, déjà, un besoin d’avoir une licence spécifique. Donc j’ai regardé un petit peu ce qu’il y a dans cette licence. Alors il y a des particularités qui sont intéressantes. Par exemple, déjà, c’est une licence libre comme la GNU GPL, avec du copyleft, etc., donc tu peux réutiliser, redistribuer, modifier. Et si tu modifies, tu crées une police dérivée par rapport à la première, mais tu seras obligé de la remettre sous licence libre.

OliCat : Oui, c’est ça. D’accord. OK.

Lionel : Donc ça, c’est tout à fait du logiciel libre.

OliCat : Donc tu forkes la police.

Lionel : Tu peux forker ta police, faire des variantes, des choses comme ça. Par contre la licence dit, et là c’est différent par rapport à la GNU GPL, que tu n’as pas le droit de vendre la police en tant que telle.

OliCat : OK.

Lionel : Donc ça crée un truc invendable. Quand tu as un logiciel, tu peux tout à fait vendre le logiciel.

OliCat : Ouais, absolument.

Lionel : Là non. La communauté des polices, quand c’est libre, tu ne vends pas la police. Tu peux vendre des choses que tu fais avec la police, mais tu ne peux pas vendre en tant que telle la police.

OliCat : OK. Genre une interface qui l’intègre.

Lionel : Et c’est une régression. Par exemple, pour la photo rien n’empêche, on en avait déjà parlé d’ailleurs, une banque d’images, d’aller ramasser toutes les images sous licence libre et de les vendre dans sa banque. Là, tu ne peux pas faire ça avec les polices. Déjà, première nuance intéressante. Il y en a une autre, c’est qu’il y a un effet viral limité. C’est-à-dire que - c’est un peu compréhensible - quand tu incorpores la police dans un document, donc que tu utilises les caractères pour un texte, l’effet viral ne se communique pas à l’ensemble du texte.

OliCat : OK. Je comprends.

Lionel : Ce n’est pas parce que tu utilises les caractères libres que ton texte devient libre, lui-même.

OliCat : Oui, j’entends bien.

Lionel : C’est la police simplement. Donc il y a un effet viral qui est limité aux variantes qu’on va faire.

OliCat : Oui, j’entends.

Lionel : C’est aussi intéressant parce que sinon, c’est vrai que ça crée quand même un effet contaminant de la police très fort qui fait que ça n’aurait été utilisé que dans les milieux de culture libre, etc. Et alors la troisième différence qui est assez intéressante c’est que, par contre, tu peux dire que le nom que tu as utilisé pour ta police, tu veux le réserver à ta police, comme si c’était une sorte de marque.

OliCat : OK. Marque.

Lionel : Là, par exemple Noto, on n’aura pas le droit, une autre police n’aura pas le droit de s’appeler Noto. Ils réservent le nom parce qu’ils considèrent que la notoriété du nom de la police c’est important.

OliCat : OK. Donc elle équilibre bien tout un tas de choses qui donnent lieu à des contradictions, souvent de débats au niveau de la GPL.

Lionel : Ouais. Elle borne un petit mieux certains usages abusifs, on va dire, qui peuvent être faits parfois. Elle est plus contraignante que la GPL. Et alors j’ai remarqué, d’ailleurs, que la GPL admet elle aussi une exception.

OliCat : Ah !

Lionel : C’est FE. Tu peux faire GPL + FE. C’est un addendum à la GPL.

OliCat : Ouais. D’accord.

Lionel : Qui te fait la même chose que l’Open Font License, à peu près. Même la Free Software Foundation admet cette restriction et considère que c’est quand même une licence libre, même s’il y a ces restrictions. C’est bien un peu de souplesse dans le monde libriste.

OliCat : OK. Oui, absolument, c’est plutôt sympathique. On en sait en plus sur le mouvement à l’origine de l’OFL ? Ou pas ? De quelle communauté ça émane ?

Lionel : La licence elle-même est venue, je ne veux pas dire, d’un institut de linguistique, mais qui a un caractère religieux, en fait, et qui cherchait à faire des polices pour traduire la Bible, en fait, dans plein de langues.

OliCat : OK. Très bien.

Lionel : Ils ont créé cette licence.

OliCat : Excellent !

Lionel : C’est assez surprenant.

OliCat : Ça veut dire qu’ils doivent avoir donné lieu aussi à une police plutôt universelle.

Lionel : J’imagine. Ils ont cherché ce genre de truc.

OliCat : On va chercher ça.

Lionel : D’ailleurs, c’est la Noto.

OliCat : D’ailleurs, c’est la Noto.

Lionel : Du coup, c’est tout un monde, le monde des polices libres.

OliCat : C’est intéressant.

Lionel : J’invite les gens à aller regarder, vous verrez, il y a toute une communauté hyper intéressante derrière.

OliCat : On connaît ton pouvoir fédérateur et initiateur, Calimaq, donc j’imagine que la communauté d’internautes qui nous écoute et qui t’écoute surtout, parce que moi ils n’en ont rien à foutre, va se ruer sur son moteur de recherche préféré, pour faire la recherche qui va bien.

Pépite libre numéro 2 nous amène ailleurs qu’en France, ailleurs qu’aux États-Unis, mais directement en Suède, où le musée national a versé 3 000 œuvres numérisées5 en haute définition sur Wikimédia Commons. Ce sont des trésors, nous dis-tu, du domaine public qui deviennent ainsi librement réutilisables. Et un responsable du musée a déclaré : « Nous voulions faire en sorte que ces œuvres appartiennent à tous et soient rendues disponibles. Quelle que soit l’utilisation des images, nous espérons que l’ouverture de cette collection inspirera de nouveaux usages et de nouvelles interprétations de ces œuvres. Tu nous dis attendre, toujours, désespérément, qu’un grand musée national français fasse de même. C’est vrai : on s’étonne que les musées ne soient pas plus nombreux derrière ce type d’initiative.

Lionel : Ça, ça va nous ramener, en fait, à la distinction, un peu comme dans l’histoire de la revente d’occasion des logiciels, à la distinction entre le support et l’œuvre. Si tu veux, les musées sont propriétaires des supports : ils ont les tableaux, ils ont les sculptures, ils ont les manuscrits parfois, etc. Ils ont le support, mais quand les œuvres sont anciennes, les œuvres, elles, n’appartiennent pas au musée, en fait.

OliCat : Non. Effectivement.

Lionel : La Joconde n’appartient pas au Louvre. Ce qui appartient au Louvre, c’est le morceau de bois et la toile et les pigments qui sont sur ce morceau de bois. L’œuvre, c’est un truc qui est immatériel, qui n’appartient au Louvre, qui appartient au domaine public. Appartenir au domaine public, c’est une métaphore pour dire « qui appartient à tous », en fait.

OliCat : Bien sûr.

Lionel : Qui nous appartient, qui appartient à toi, à moi, à tout le monde en fait. Ça nous ramène à des choses très importantes sur le statut, de la culture en fait.

OliCat : Ça me ramène, à une discussion que j’avais avec Grégory de Musée debout, ça remonte à quelques mois, mais voilà, le point est là, sur la façon dont on appréhende la notion-même de culture.

Lionel : Et donc là, le musée suédois dit clairement : « Nous voulions faire en sorte que ces œuvres appartiennent à tous ». Le problème c’est que tant que tu raisonnes dans l’analogique, le musée est propriétaire du support principal de l’œuvre, tant que tu n’as pas de la numérisation de la reproduction, eh bien pour accéder à l’œuvre, tu es obligé d’accéder au support.

OliCat : Absolument.

Lionel : Avec la numérisation, c’est l’occasion de créer enfin un support qui matérialise le droit de tous à la culture.

OliCat : C’est ce qu’ils ont fait, en numérisant 3 000 œuvres.

Lionel : C’est ce qu’ils ont fait. Ils numérisent, en plus, en HD, c’est-à-dire qu’ils font les choses proprement, pour que ce soit vraiment réutilisable. Ils les mettent sur Wikimédia Commons, ce qui les rend beaucoup plus visibles, en général, que le site du musée et qui permet la réutilisation, clairement indiquée, pour tout le monde. Je vous incite d’ailleurs vraiment à aller voir la collection, c’est assez magnifique : 3 000 tableaux. Si vous voulez perdre une heure au deux en apprenant des trucs et en voyant de belles choses, c’est un super espace sur Commons qui s’est ouvert. Les musées français, en général, je ne dis pas tous, parce qu’il y en a quelques-uns, il faut vraiment chercher.

OliCat : Oui. J’ai vu ton sourcil se froncer en même temps que tu prononçais ces paroles.

Lionel : Actuellement il y en a à peu près deux. Il y a le musée des Beaux-Arts de Toulouse qui a fait ça, qui a versé ses images dans Commons.

OliCat : Ah bon, d’accord.

Lionel : Et il y a le musée des Beaux-Arts de Lyon qui en a versé une partie.

OliCat : OK.

Lionel : Mais on attend toujours que Le Louvre, Orsay, les grands musées français fassent la même chose. Et en fait, ils ne le font pas pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas cette conception-là. Eux, ils considèrent déjà que, en étant propriétaires du support, ils sont aussi propriétaires de l’image de l’œuvre.

OliCat : OK.

Lionel : Ils considèrent que les photographes qui prennent en photo les tableaux ont des droits d’auteur sur la photo du tableau. Donc, si vous allez sur le site du Louvre, vous allez voir qu’il n’y a pas marqué Joconde par Léonard De Vinci, il y a marqué copyright, avec le nom du photographe.

OliCat : Oui. C'est le nom du photographe. Absolument.

Lionel : Elle ré-applique une couche de droit d’auteur. Et en plus de ça, vous avez un opérateur, en France, qui est hyper problématique dans le paysage, qui s’appelle la RMN.

OliCat : La Réunion des musées nationaux.

Lionel : Qui est l’opérateur de numérisation des musées et qui est un établissement public à caractère industriel et commercial, à qui on a mis une obligation de retour sur investissement et d’autofinancement. Et donc eux, comme ils sont très malins, leur modèle économique c’est de vendre les images. Donc on retombe dans la rivalité. Refaisons comme si les objets numériques c’était la même chose que des objets physiques et vendons les images, après tout !

OliCat : OK. C’est ça.

Lionel : Et donc toi, si jamais tu vas sur le site de la RMN, eh bien tu auras des images en faible résolution, que tu ne pourras pas utiliser parce qu’elles ont un copyright dessus. Ça veut dire pas en classe, un copyright c’est un copyright. Et ces tableaux et le domaine public, en fait, est confisqué dans ces-là.

OliCat : Finalement, c’est tout à fait en accord avec la gestion de la culture et du droit d’auteur en France. Enfin on est conformes dans la pratique.

Lionel : Oui, c’est ça. Parce que faisons en sorte qu’il n’y ait jamais de fin. Quand le droit de l’auteur finit, et d’ailleurs sur La Joconde, il n’y en a jamais eu du droit d’auteur.

OliCat : Non, non. C’est vrai !

Lionel : Faisons en sorte qu’il y en ait quand même un qui rejaillisse de quelque part, qu’on remette. Il faut savoir, quand même, que la loi numérique d’Axelle Lemaire avait eu l’occasion de mettre fin à tout ça. Il y a eu tout un débat pour créer, notamment, des communs numériques dans la loi, faire en sorte que ce soit un bien commun, qu’on ne puisse pas le reprendre, justement, une fois qu’une œuvre est dans le domaine public. Et en fait, ça ne s’est pas ça. Donc la loi numérique au contraire, elle consacre la possibilité pour les musées - ils ont une exception spéciale - pour remettre des couches de droits sur le domaine public.

OliCat : Donc, quand tu dis : « On attend toujours désespérément qu’un grand musée blabla », ça veut dire qu’on peut vraiment l’attendre désespérément ?

Lionel : Non, non. Le Louvre pourrait le décider. Orsay pourrait le décider. N’importe quel musée, en fait, pourrait décider d’ouvrir, mais il faut qu’il le décide volontairement. C’est un peu, tu vois, le fait du prince. Il va falloir attendre que, gracieusement, les musées le décident. Alors qu’on pourrait penser qu’on pourrait l’exiger, tu vois.

OliCat : Presque.

Lionel : Le revendiquer quoi ! Un jour il y aura un procès, je pense, sur ces histoires. Ça finira par un procès tout ça.

OliCat : Bon, eh bien on va attendre le procès. « Il est où le procès ? Le putain de procès » [Damien Saez - Embrassons-nous, NdT] Bref ! Merci Calimaq pour ce Freezone, épisode 17.

Lionel : Merci.

OliCat : On se retrouve la semaine prochaine. À bientôt !

Lionel : Salut.

bsibaud.png Benoît SIBAUD

Conférence LinuxFr(.org), mais refaire ?

Le 28 January 2017 à 13:37:57

L’événement Capitole du Libre 2016 a eu lieu le week‐end des 19 et 20 novembre. Les différents supports de conférences, photos et vidéos seront bientôt mis en ligne par l’organisation (voir par exemple ; vidéo disponible depuis le 2017/01/18). Alors, en attendant je vais vous parler de la conférence que j’y ai donnée.

     Benoît Sibaud devant la première diapo          Photo de Wanda, organisation CDL

Son sujet : « le site LinuxFr.org existe depuis plus de 17 ans. Profitons‐en pour une petite rétrospective tendance “Et si ?”. Au fil des années, le site LinuxFr.org et l’association LinuxFr ont connu de multiples changements. Cela concerne les évolutions techniques (matériel et logiciel) bien sûr. Mais cela comprend aussi des changements législatifs (ce qui est permis/interdit, ce qu’il faut modérer, etc.). Le public n’est plus le même et la façon de lire le site non plus. Les thématiques ont évolué, par exemple de l’ordi perso vers les services en ligne et les mobiles. Le coût d’un tel site a changé en termes financiers (domaine, certificat, etc.) ou en tracas juridiques (plaintes et menaces). Les bénévoles du site se sont succédés. Pourrait‐on refaire LinuxFr.org ? Le faudrait‐il ? Que faudrait‐il changer ? Et, que faudra‐t‐il changer ? »

Sommaire

Benoît Sibaud devant la diapo « Geekscottes »              Photo de Wanda, organisation CDL

La conférence à Capitole du Libre

Le support de conférence est disponible en PDF et en source HTML reveal.js (archive tar.xz), ainsi que quelques photos prises par Wanda pour l’organisation ou par tankey depuis la salle. Merci aussi à Benoît Salles pour le gazouillage en direct.

Sommaire de la conférence : C’est quoi LinuxFr.org ? Pourquoi ce sujet plutôt qu’un autre ? Le nom, l’association, les services aux adhérents ou aux visiteurs, le modèle économique, l’équipe, les serveurs, l’hébergement, les logiciels, les questions techniques, les licences, l’audience, la modération, le juridique / législatif et les chatons.

Un mini‐hackathon le jeudi 8 décembre 2016 à Paris

Le mini‐hackathon évoqué durant la conférence aura lieu le 8 décembre dans le cadre des Jeudis contribution au Libre organisés par Parinux : en attendant d’organiser un événement dédié, commençons par profiter de la logistique d’un événement déjà en place et régulier. Et voyons aussi combien de gens viennent participer pour aider sur le code, l’écriture de contenu, les feuilles de style CSS, le graphisme ou l’administration système du site.

Les questions hors conférence à Capitole du Libre

Hors caméra/micro (de mémoire), quelques questions posées (les réponses données ici sont rédigées et ne correspondent pas forcément exactement à ce qui a été dit à chaud et en direct) :

  • Question : Est‐ce que tu es satisfait de venir à Capitole du Libre, avec une audience plus ou moins restreinte ?
  • Réponse : sur Capitole du Libre, il y a 13 autres conférences en parallèle et je ne m’attendais donc pas à faire salle comble. D’autant moins en sachant que je serais dans l’amphi de la plénière (capacité 400 places) :-). Dans les différentes conférences LinuxFr.org que j’ai pu faire (seul ou avec Bruno Michel, par exemple), aux RMLL un peu partout ou aux Ubuntu Parties à Paris, le public est toujours de quelques dizaines de personnes (globalement entre 20 et 50). Les visiteurs nous connaissent déjà pour la plupart, ce qui ne les incitent pas forcément à venir voir si notre conférence est palpitante ou non. Mais c’est intéressant de s’adresser à ceux qui ne connaissent pas encore le site et d’échanger sur la vie du site avec les autres. Et c’est aussi gratifiant de voir des gens satisfaits et reconnaissants.

  • Question : Ça fait 16 ans que tu es dans l’équipe, est‐ce que parfois tu n’as pas envie d’arrêter et de passer à autre chose ?

  • Réponse : Comme tout le monde, je passe par des hauts et des bas niveau motivation, avec des hauts après les rencontres physiques et les réalisations techniques, et des bas après le xe spammeur de la journée, la énième intervention de modération pour calmer le jeu, la dernière accusation de diffamation reçue et le dernier commentaire péremptoire nous expliquant que ce que l’on fait est trop nul et qu’il existe une solution simple et magique. Des fois, je me dis que « L’ennui dans ce monde, c’est que les idiots sont sûrs d’eux et les gens sensés pleins de doutes. (B. Russell) » (voir aussi l’effet Dunnin‐Kruger, merci au dernier qui en a parlé ici récemment). Et d’autres fois, je me dis que « tant qu’il y aura des nouveaux, il y a aura des questions de nouveaux, des erreurs de débutants et des comportements de néophytes » et, tant mieux qu’il y ait des nouveaux qui viennent, soyons inclusifs, accueillants et compréhensifs (et j’ajoute alors «vous allez finir par vous aimer les uns les autres, bordel de merde ! ». L’autre point, qui est d’ailleurs la conclusion de la conférence, c’est que le site LinuxFr.org est une chose plutôt rare actuellement et qu’il serait difficile de le refaire ex nihilo. Il serait donc dommage de le laisser disparaître et il est donc important de continuer (au moins jusqu’à ce qu’une relève vienne dire aux vieux de l’équipe qu’il est temps de rentrer recompiler leur noyau).

  • Question : La tribune est‐elle problématique ?

  • Réponse : Les échanges y sont limités aux utilisateurs authentifiés, éphémères (une quantité limitée de messages stockés) et non archivés (pas de stockage à long terme ni d’indexation par les moteurs de recherche), ce qui réduit grandement les risques de recevoir des mises en demeure. Certains sites externes archivent les échanges sur la tribune, mais cela relève alors de leur propre responsabilité. Pour le reste, la présence de quelques modérateurs sur la tribune suffit à régler les rares problèmes résiduels, notamment grâce à la possibilité d’en priver temporairement un compte d’accès. Globalement la tribune est donc peu problématique.

  • Question : Comment as‐tu reçu la mise en demeure ? Comment réagit‐on dans ce cas ?

  • Réponse : Sereinement sur le fond, mais agacé par la forme (directement un recommandé parlant de prison et demandant de l’argent). Nous en avons discuté en interne, avons évalué le contenu en question et avons choisi de publier la lettre (et le courrier de signalement au barreau de Paris par la suite). L’inspiration venait notamment de Chilling Effects (devenu depuis Lumen) et son utilisation par Google pour les notices DMCA notamment : pour rendre public et garder trace d’une demande de suppression, la demande est publiée.

  • Question : Est‐ce que l’on va refaire une dépêche sur les dons aux associations comme les années précédentes ?

  • Réponse : Oui clairement. D’ailleurs, si des gens veulent aider voire lancer la dépêche en reprenant celle de l’année passée, tant mieux. Et, suite à la conférence sur la plate‐forme de dons récurrents Liberapay, une dépêche est en préparation sur le sujet et Liberapay sera évoqué dans la dépêche sur les dons

Petite synthèse des échanges sur le sondage « La modération a posteriori des contenus et commentaires problématiques sur LinuxFr.org »

Ce sondage montre un résultat inattendu (pour moi) : en excluant les réponse humoristiques, il semble que les répondants soient très largement satisfaits de la modération a posteriori (si tant est qu’un résultat de sondage LinuxFr.org soit non inepte à 23,22 % près).

Les demandes :

  • plus de transparence sur la modération a posteriori, quantitativement (nombre d’opérations) et qualitativement (sur quels comptes) : sur le premier point, oui il faudrait [ajout dans l’entrée de suivi], sur le second point, il semble délicat et contreproductif de créer un mur de la honte. À noter que les rétrospectives de la quinzaine que je publie en journal rendent la modération plus transparente en termes de volumétrie (les « dont 5 masqués depuis » ou « dont 3 fermés depuis », mais pas les privations de commentaire et/ou de tribune), ainsi que par la nature des échanges sur la liste moderateurs@ ou la tribune de modération ;
  • le retour des commentaires anonymes : sans solide argumentation nouvelle et compte tenu des problèmes passés, aucune raison de revenir en arrière ;
  • faut‐il ou non indiquer raison et modérateur dans les cas de modération a posteriori ? Voir l’entrée de suivi concernée ;
  • une modération moins « laxiste », mais sans dire comment l’obtenir ;
  • une proposition de modification des règles de modération pour indiquer le comportement attendu/souhaitable
  • le rappel de l’existence du kill‐file sauce Usenet ;
  • l’ajout d’un bouton de signalement de contenu/commentaire problématique (voir l’entrée de suivi) ;
  • une gestion particulière des comptes postant par défaut à -10, par exemple une fermeture automatique du compte, un masquage automatique avec clic nécessaire pour démasquer, un CAPTCHA, etc. : en fait, ça concerne assez peu de monde (3 comptes au moment du sondage, dont deux ont été fermés suite à ce sondage (voir ce commentaire notamment) et une autre demande de purge en réaction) ;
  • le filtrage par adresse IP : rarement nécessaire, pour quelques spammeurs et quelques obsessionnels.

Petite synthèse des échanges sur le sondage « Comment vous inciter à contribuer plus souvent à LinuxFr.org ? »

Le sondage contient diverses propositions :

  • des demandes de nouveau contenu (avec toujours la question « Comment les susciter dans l’espace de rédaction ? ») :
    • des tests de distribution,
    • des tutoriels,
    • une nouvelle catégorie du genre annonce, sortie logicielle,
    • des vidéos,
    • des podcasts,
    • etc. ;
  • des contenus plus courts : comment les susciter dans l’espace de rédaction ? (la crainte de la « page blanche » et de « ne pas être à la hauteur » revient régulièrement dans les retours sur le site ou les stands) ;
  • un signalement des meilleurs articles de la presse ou des autres sites et, inversement, le signalement de nos meilleurs articles à d’autres sites ;
  • promouvoir plus de journaux en dépêches, plus rapidement ;
  • ne pas oublier les dépêches compilant les sujets les plus intéressants : revues de presse de l’April, meilleurs journaux du mois, agenda(s) du Libre ;
  • de la ludification (voir entrée de suivi) ;
  • moins de commentaires de reproches et de notes décourageantes ;
  • la possibilité de rester « anonyme » en apparence, tant que la note est négative ou pendant un certain temps ;
  • une identité plus « informatique libre » que LinuxFr.org ;
  • un petit bouton par type de contenu qui crée une dépêche à partir d’un modèle avec quelques paragraphes pré‐remplis ;
  • des demandes pour revoir la notation des commentaires (déjà plein de demandes dans le suivi sur ce sujet, plus ou moins argumentées) ;
  • des brouillons pour les journaux [entrée de suivi].

Remerciements

Et, pour finir, merci à l’excellente équipe d’organisation de Capitole du Libre. Merci à ceux qui ont tenu le stand LinuxFr.org à Paris Open Source Summit pour les remarques, suggestions et corrections sur la présentation, et merci à tankey< pour son accueil sur Toulouse.

Lire les commentaires

27 January 2017

tnitot.png Tristan NITOT

En vrac pour le week-end

Le 27 January 2017 à 18:57:00

Un peu de lecture pour le week-end :

ggravier.png Gilles GRAVIER

Encouraging development on great ideas by finding patents fallen into the public domain...

Le 27 January 2017 à 08:05:09

This is an interesting project from Michigan Technology University: http://freeip.mtu.edu/home/

The idea is that if somebody places a patent... and then at some point stops paying the maintenance fees, the patent falls in the public domain. So Michigan Technology University lets one find these patents... with a search engine, and the idea is that they hope it will encourage developers to create open source projects based on these ideas that are now available for everybody to use.

This is much more interesting than waiting for patents that have expired because they're more than 20 years old... These here can be much more recent... How many patent trolls will be kicked out because they place patents, but then might forget (or not have the budget) to pay the fees...

In a way, I think it's a great project. But I'm sure some lawyers will see this as a great opportunity for suing developers.

I'm curious, and even impatient, to see what first projects come out of this.

25 January 2017

april.png Nouvelles April

Du logiciel libre aux communs - Simon Sarazin

Le 25 January 2017 à 15:42:21


Simon Sarazin

Titre : Du logiciel libre aux communs
Intervenant : Simon Sarazin
Lieu : Capitole du libre - Toulouse
Date : Novembre 2016
Durée : 50 min 50
Visualiser la conférence
Licence de la transcription : Verbatim

Transcription

Bernard Brunet : Deuxième séquence de la thématique des communs, après une introduction générale ce matin. je ne sais pas si tout le monde était là ce matin. Il y en a qui nous rejoignent cet après-midi. On va parler aujourd’hui, avec Simon Sarazin, des communs au niveau du logiciel libre. Il va vous présenter ça mieux que je ne puis le faire, là, maintenant. Je vais simplement présenter Simon en deux mots. Simon qui arrive de Lille, Lille où il anime, entre autres choses, un tiers lieu qui s’appelle La Coroutine1 et qui fonctionne vraiment comme un commun, à tous les niveaux, avec une gouvernance très originale. Simon est vraiment ce qu’on appelle un communeur, donc quelqu’un qui contribue, le plus clair de son temps, aux communs, par sa réflexion, par ses propositions, par son action quotidienne aussi où il expérimente au quotidien notamment la question de l’enjeu de la rétribution des communeurs. C’est un sujet qu'il abordera demain après midi, ici même. Aujourd’hui, il va nous parler du logiciel libre et des communs. Voilà. À toi Simon.

Simon Sarazin : Bonjour à tous. Le micro, je ne sais pas s’il enregistre. C’est bon ? Parfait. Juste pour démarrer un petit point de méthodologie : il y a un framapad pour prendre des notes si vous le souhaitez. Le raccourci c’est Framapad librecommuns. Je mettrai aussi le lien vers la présentation]2 que je fais actuellement. Si vous-même vous avez des notes ou des questions pendant la présentation, n’hésitez pas à les mettre dessus. Pour la petite présentation, je vais montrer quelques sites internet et puis un schéma global qu’on va découvrir petit à petit, qui est un schéma que j'utilise de plus en plus pour essayer de comprendre les enjeux autour des communs.

La thématique, en fait que je n’avais pas vraiment choisie, mais que je trouvais vraiment intéressante – c’est Manuel qui avait mis ça comme intitulé, finalement je l’ai gardé : Du logiciel libre aux communs – vise, un petit peu, à réfléchir à ce qu’apporte le logiciel libre dans la culture des communs, puisque les communs ont un historique bien antécédent au logiciel libre. Qui était là, à la présentation ce matin, de Bernard, sur les communs ? Ouais, trois/quatre personnes. Qui connaît la notion de communs, qui est à l’aise avec cette notion-là ? Ou plutôt qui n’est pas du tout à l’aise avec la notion de communs ? D’accord, Et qui est à l’aise avec la notion du logiciel libre ? Et qui ne connaît rien du tout au logiciel libre ? Il y en a qui ne connaissent pas du tout ? Si, si, tout le monde. OK ! Bon, eh bien ça va être plus simple !

La notion de communs, très rapidement, ce serait l'extension du logiciel libre, de l'approche du logiciel libre, à tous les domaines. Sauf que ce n’est peut-être pas bon de dire ça, parce que les communs ont un historique bien plus ancien que le logiciel libre. Et puis le logiciel libre se contente à un commun immatériel, donc qui peut être facilement diffusé, là où la création de communs de type des lieux ou des champs ou des terrains, ou la nature comme l'air ou l'eau, sont des communs qui sont beaucoup plus difficiles à gérer puisque c’est physique, donc ça nécessite des gouvernances un peu différentes.

On résume les communs très rapidement - mais je ne vais pas refaire une présentation de manière générale sur les communs - par une ressource qui va être partagée, avec une communauté qui arrive à la gérer et des règles qui vont être mises en place par cette communauté-là. Dans le logiciel libre, la ressource c’est le logiciel et vous avez une communauté qui apprend à la gérer, à mettre en place des règles, une gouvernance. Mais bon, voilà !

Le domaine des communs s’étend très largement à plein d’autres espaces. Quasiment tous les éléments de la société peuvent être pensés comme des communs. Vous avez les communs historiques, tout là-haut. Si vous avez besoin d’exemples, je peux m’amuser à résumer, mais il y a, à chaque fois, quelques exemples. Je pense que pour les communs historiques, c’est assez intéressant : les fours à pain, les pêcheries, les bois communaux, les prés communaux. Ça existe encore les bois communaux ou les prés communaux, il y a encore des villages qui utilisent le pré communal pour aller trouver du foin ou pour récupérer du bois. Les CUMA [Coopérative d'utilisation de matériel agricole, NdT], il y en a 12 000 en France, ce sont des regroupements d’agriculteurs qui mutualisent les machines agricoles. Les AMAP [Association pour le maintien d'une agriculture paysanne, NdT], il y en a plus de 1 200 ; en 2012 ça s’est accéléré. Les habitats partagés, c’est pareil. Les cinémas associatifs, on en trouve encore énormément, je crois qu’en Bretagne il y en a au moins une vingtaine, une trentaine. Les menuiseries associatives : à Grenoble, par exemple, il y en a une dizaine de menuiseries associatives. Mais chaque ville, en général, compte une menuiserie associative qu’il faut aller dénicher parce qu’elles ne sont pas souvent très visibles, mais ça va être des passionnés de menuiserie qui vont, en général, gérer ça et vous allez avoir plein de matos à disposition pour faire des choses.

Les nombreuses associations sportives, culturelles, même si beaucoup se sont professionnalisées et du coup, eh bien la notion d’une communauté qui gère la ressource ça s’est un peu amenuisé, parce que c’est plus un salarié qui gère ou un conseil d’administration qui va décider et, des fois, rentrer dans l’association ça met du temps. Pouvoir faire des choses, ça met du temps. Mais il y a encore beaucoup d’associations qui fonctionnent vraiment comme des communs au sens où c’est vraiment une communauté qui met en place des règles.

Les chemins, les systèmes d’irrigation, les épiceries participatives. Ça c’est, on va dire, historique, parce que ce sont des communs qui existent depuis des dizaines voire des centaines d’années ou des milliers d’années.

Les ressources naturelles, donc l’air, l’eau, tout ce qui nous environne dans la nature et qui a besoin d’être géré en logique de communs si on ne veut pas un épuisement de ces ressources.

Et puis, plus récemment, énormément on va dire, de nouveaux enjeux autour des communs puisqu’il y a des places de marché qu'on savait très bien gérer en logique commune, comme les places de marché du village qui sont gérées, certes, par la mairie, mais il est assez simple de pouvoir prendre une place dans la place de marché du village. Sauf qu’aujourd’hui, on a des places de marché qui sont en train de complètement se bouleverser avec, en particulier, le numérique qui sert de mise en lien bien plus puissante que celle d’aller sur la place de marché de la ville ou du village puisqu'on est en lien avec le monde entier. Là vous avez des places de marché comme la place de marché de Amazon, Airbnb, toutes ces plateformes-là, mais qui sont aujourd’hui pas du tout pensées comme des communs. C’est plutôt une société qui prend le marché, avec d’ailleurs des choses assez amusantes. On se rend compte que le terme « covoiturage » est en train de disparaître et qu’il y a de plus en plus une grande utilisation du terme « blablacar ». En fait, c’est même une culture qui, petit à petit, se fait accaparer. Peut-être que demain on n'appellera plus des librairies, on appellera des boutiques Amazon, parce qu’il y a Amazon qui est en train, maintenant, de mettre en place des magasins de vente de livres. Donc il y a un enjeu autour d’appendre à gérer ensemble les places de marché.

Le matériel libre est en pleine explosion. Vous avez de plus en plus de gens qui créent des ressources communes matérielles. Ce sont quand même beaucoup plus les plans, la connaissance autour du matériel, donc ça va être des plans, mais ça va être aussi des gens qui aident des agriculteurs, comme l’Atelier Paysan, à produire leur propre matériel, donc à fabriquer leur matériel et qui, derrière, diffusent tous les plans pour que les autres agriculteurs puissent aussi s’inspirer du matériel qui a été construit par un autre. Donc il y a énormément de communs dans le monde du matériel.

Dans le monde de la santé, par exemple, vous avez des projets assez hallucinants d’échographies open source qui vont avoir des coûts 10 à 100 fois moins chers que le système échographique classique et que, en plus, on peut presque les fabriquer soi-même.

Projets spatiaux. Voitures open source. Dans le monde du matériel, il y a de plus en plus de ressources qui sont mises en partage, qui sont gérées par des communautés. Il y a des lieux, le développement des tiers-lieux, des coworking, même si beaucoup ne sont peut-être pas vraiment pensés communs, parce que, peut-être, très entrepreneuriaux ou très institutionnels. Il y en a aussi une intéressante partie des espaces qui sont en train de se créer, je parle des fab labs, des coworking, des makerspaces, enfin tous ces espaces un peu hybrides qui sont en train de se développer un peu partout. Les ateliers d’artisans, d’artistes. Même des brasseries collectives qui sont en train de se monter. Tous ces espaces-là, il y en a une bonne partie qui est pensée comme des communs, c’est-à-dire que ça va être des logiques associatives mais très inclusives, où il est très simple de prendre parti et de contribuer au fonctionnement de l'espace.

Moi je suis à Lille, à La Coroutine, qui est un tout petit espace de travail partagé. On essaie vraiment de le gérer dans une culture collaborative. Par exemple, on a neutralisé le CA. Il n'y a pas un CA, mais c'est une démocratie directe : tous les membres actifs ont le pouvoir.

L’enjeu des monnaies aussi. Il commence à y avoir des communs autour de la création monétaire puisque, aujourd’hui, la création monétaire n’est pas du tout un commun ; c’est un modèle qui date de, je ne sais pas combien de centaines ou de milliers d’années, de création monétaire par la dette. Il y a plein d’autres mécanismes. Il y a des protocoles de monnaie.

Et puis les protocoles de l’Internet sont vraiment des ressources qui ont été mises en partage, donc là qui sont plus proches de la culture du logiciel libre.

Et les communautés apprenantes. Vous avez énormément de communautés apprenantes. Je pense au monde des enseignants, le monde des bibliothécaires, par exemple, qui sont des communautés qui ont une forte capacité à partager. Et puis tous les réseaux, les collectifs qu’on retrouve sur le Web ou maintenant dans les groupes Facebook, qui ensemble apprennent et développent des connaissances. Ce sont finalement des communs, ce sont des communautés. Leur commun, on va dire, c’est leur capacité à apprendre ensemble et c’est tout ce qu’ils diffusent comme connaissances.

Ça c’est juste une petite présentation très large sur ce que sont les communs avant de repartir sur cet enjeu qui nous intéresse, cet après-midi, qui est : qu’est-ce que la culture libre ? Qu'est-ce que le logiciel libre apporte dans tous ces communs ? Et pourquoi c’est intéressant de se creuser un peu la question sur ça ?

Donc je vais passer à une slide un peu plus compliquée qui est essayer de réfléchir à qu’est-ce que la culture du libre et surtout ce que nous amène le logiciel libre. En quoi ça peut être intéressant dans le monde des communs ?

C’est un peu un contre-pied à un article que j’avais lu il y a peu de temps par des anti-technologistes qui ont peut-être raison, un peu, de critiquer l’arrivée de la techno et tout ça, mais qui en venaient à jeter le bébé avec l’eau du bain. Qui en venaient à dire que le logiciel libre et toute la culture qui est associée au logiciel libre n’était pas intéressante pour le mouvement des communs, parce que je pense qu’il y a la peur du trop numérique. Sauf que, certes, le trop numérique est un danger, est un risque écologique dans notre société, et l’enjeu ce n’est pas tant de mettre du numérique partout. L’extension du logiciel libre à tous les domaines, ça ne veut pas dire qu’on va mettre du numérique partout. Mais ça veut peut-être dire qu’il y a une culture dans le Libre qui a réussi à faire que le logiciel libre s’est développé, qui peut intéresser le monde des communs et aussi le monde, plus historique, du développement des communs.

Je vais essayer de rendre ça un peu sympa, parce que c’est vrai que ça peut paraître un peu effrayant comme ça.

En fait, depuis un petit moment, on s’amuse à analyser les communs qui se développent vis-à-vis de cinq/six éléments qui sont comment le commun, comment la ressource est travaillée vis-à-vis de ses dispositifs de financement, de sa gouvernance, des aspects juridiques. Enfin voilà, quelques éléments. On va essayer de les balayer assez rapidement et, pour chaque élément, réfléchir à, en fait, qu’est-ce que nous apporte – en tout cas, moi c’est un peu une expérience personnelle mais je vous laisserai aussi exprimer des éléments que le logiciel libre amène et qui peuvent être intéressants – dans l’univers des communs, et je vais commencer juste par la contribution qui est, peut-être, le plus gros pavé.

Finalement, dans le monde du logiciel libre, il y a une vraie capacité à faire que les gens contribuent ensemble sur du code. Donc des gens du monde entier qui réussissent, à un moment donné, à mutualiser sur du logiciel. Et, finalement, qu’est-ce qui fait que tout ça fonctionne ? Pourquoi il y a une telle capacité à organiser la contribution ? Alors que dans plein d’autres espaces, je pense typiquement les bibliothèques, non peut-être pas les bibliothèques mais les librairies, n’ont pas su créer de ressources communes ou de places de marché concurrentes à Amazon. Je pense qu’il y a pas mal d’éléments intéressants. J’en ai listé une petite dizaine que moi j’ai découverte, assez étonnamment, en participant à la création de notre espace de travail à Lille, parce que j’étais à côté de libristes. Au tout départ, le lieu qui a été créé, c’était des gens qui venaient du logiciel libre, qui ont lancé l’espace, et ils nous amenaient des éléments culturels qui m’ont surpris au début. En fait, petit à petit, j’ai compris l’enjeu de ces éléments culturels que moi je n’avais pas du tout, qu’on ne m’avait jamais appris à l’école, mais que eux avaient développés parce que depuis l’âge de quinze ans ils participaient à des communautés du logiciel libre.

Donc on va retrouver des éléments qui sont assez intéressants. Par exemple la contribution libre à tous, dans la plupart des logiciels libres : tout le monde a le droit de contribuer et tout le monde a le droit de contribuer là où il le souhaite. Vous remarquerez que c’est assez peu fréquent. Il n’y a pas tant de structures qui permettent ça. Il y a une sorte de mantra aussi. Là, pour le coup, c’était Guillaume qui vient un peu de cet univers du Libre, qui avait mis des affiches dans la salle de réunion plannig is wasting et meeting is toxic. Ça peut être un peu étonnant. Quand moi j’avais suivi trois formations dans mon école sur le management et l’accompagnement de projet, on avait fait du Gant à chaque fois, dans chacune de mes formations et puis tout se crée à partir de réunions. Il faut toujours faire des réunions pour faire des choses et là, lui, il affichait ça dans la salle de réunions ; ça peut-être un peu choquant.

En fait, c’est cette idée que, en fait, quand on planifie, on n’a pas les éléments, alors que quand on est dans l’action, eh bien il y a plein d’éléments qui arrivent et, du coup, bien souvent, la planification ne fonctionne pas. Surtout dans des contextes où les choses sont complexes et agiles et, en fait, des fois c’est juste se compliquer la vie que d’essayer de planifier les choses, alors que dans l’action on peut avoir beaucoup d’éléments qui nous permettent de prendre des décisions. Et vous allez voir ça dans le logiciel libre : il n’y a pas vraiment de planification hyper forte. Il y en a, mais on ne va pas avoir d'énormes planifications, ça va se faire sur deux à trois semaines et, limite, pas plus. Ou, des fois, il va quand même y avoir des visions, mais on n’est pas dans les planifications fortes et on laisse, du coup, de la place à plein de choses qui peuvent arriver. Meeting is toxic, c’est cette idée que, eh bien, finalement, est-ce qu’il faut se réunir à trente pour prendre des décisions ou est-ce qu’on peut laisser des gens agir et, limite, prendre les décisions a posteriori. Ça c’est quelque chose de très fort où, dans la culture libre, on laisse les gens agir d’abord et ensuite on va plutôt décider a posteriori, vis-à-vis de plein d’éléments qui nous arrivent. Ou alors on va tester, expérimenter, et après on peut en discuter. Mais il y a cet aspect autour de l’action qui est assez intéressant quand même.

Du coup, on a un peu appliqué ça dans notre espace où on a annulé, par exemple, nos assemblées générales. On a enlevé ça de nos statuts associatifs, parce qu'en fait, les assemblées générales c’est un espace où on se retrouvait tous pour prendre des décisions mais qui étaient forcées, qui n’étaient pas adaptées vraiment à notre fonctionnement. On a enlevé ça et aujourd’hui on n’a des réunions que quand il y a des conflits ou des désaccords sur des sujets. À ce moment-là, on fait une réunion avec les intéressés seulement, mais on évite juste de se réunir pour discuter sans vraiment avoir de motif.

Voilà, je vais essayer d’aller un petit plus vite sur tous ces éléments parce que sur chaque point on pourrait donner plein d’exemples.

Le fun - ça c’est un truc assez marrant - c’était d’essayer de transformer, finalement, les contraintes en opportunités. Par exemple le ménage dans notre espace de travail. Plutôt que d’embaucher quelqu’un qui ferait le ménage de six à huit heures avant que les travailleurs viennent, il y a eu cette idée de faire un apéro toutes les deux semaines et, du coup, le ménage est devenu un moment sympa : faire un apéro ménage. Du coup le ménage est devenu un moment sympa parce qu’il y a un apéro derrière. Pareil pour le bois quand il arrive. On reçoit deux stères de bois et si on avait quelqu’un qui était salarié, eh bien il devrait se taper tout le rangement du bois. Alors que là, c’est pareil, on fait une chaîne humaine. Et en fait, petit à petit c’est comment on transforme les contraintes en opportunités. C’est-à-dire les choses compliquées comment on les rend fun, comment on les rend amusantes et d’un coup ça devient agréable de gérer ça collectivement.

Je ne sais pas si c’est vraiment de la culture du libre que ça vient, ça, mais en tout cas, c’est Guillaume qui est très libriste, qui avait vraiment ça dans les veines et qui a insufflé ce mode de faire. Ce qui fait que, dans notre espace, il n’y a presque plus de contraintes parce que la plupart des choses un peu casse-pieds on les a automatisées et les choses qu’on peut rendre fun, on les a rendues fun. Donc il n’y a plus trop de problèmes à gérer l’espace.

L’idée de commencer petit, d’y aller pas à pas. L’idée de se doter d’outils. C’est vrai que dans la plupart des logiciels vous avez tout de suite des listes de discussion, pas spécialement pour parler du code, mais aussi pour s’organiser, pour l’administration, pour le juridique. Et en fait, ça ce sont des choses qu’on ne retrouve pas facilement alors même que ce sont des outils qui ont vingt ans d’âge et que toutes les assos utilisent le mail. Pour autant, même si elles utilisent le mail, elles ne vont pas utiliser des listes qui permettent d’avoir des archives, d’avoir une communication transparente vis-à-vis de tout le monde. Et là, typiquement à La Coroutine, depuis six ans, on a une liste de discussion avec six ans d’archives. et moi, c’est d’ailleurs comme ça que j’ai trouvé l’espace, parce que j’ai pu m’inscrire, suivre ce qui se passait et puis, du coup, rejoindre l’espace.

Pareil, vous avez des IRC, ce sont des systèmes de chat, pour discuter en synchrone, donc pouvoir communiquer en direct. Sans ça, c’est vrai que c’est difficile d’avancer. La plupart des logiciels libres ont l'IRC depuis quinze ans, vingt ans, et nous, on commence à le faire avec des outils qui démocratisent ça, comme Slack et Rocket Chat. Mais c’est toute une culture, je pense, qui vient vraiment du logiciel libre.

L’approche des wikis : comment on peut documenter ce qu’on fait en temps réel et, en fait, c’est hyper utile. Là pareil, du coup, depuis six ans, on a un wiki dans notre espace de travail et ça nous aide énormément : les nouveaux venus voient ce qui se passe. Ceux qui veulent, à l’extérieur, copier le modèle le peuvent : ils vont sur le wiki, il y a toute l’information.

C’est clairement un élément culturel qui est hyper intéressant pour le mouvement des communs élargi, comme je le montrais tout à l’heure. Les kanbans c’est le système de gestion de tâches, mais qui vont être beaucoup plus agiles et on n’a pas besoin d’attendre de planifier comme avec des Gantt à six mois. C’est super intéressant. Enfin bon !

Je vais aller un peu plus vite.

Finalement dans le monde du Libre il y a une vraie capacité à auto gérer les événements. Je pense au FOSDEM [Free and Open Source Software Developers' European Meeting, NdT] qui est une énorme rencontre – c’est une rencontre physique – on est vraiment en dehors du logiciel et pourtant, ça reste des événements très autogérés, avec très peu de hiérarchie.

Je passe un peu, mais il y a plein d’autres éléments dans cette culture. Ça, c’est vraiment sur l’élément de contribution. Si on continue dans la capacité, dans le logiciel libre il y a une vraie capacité à partager, c’est-à-dire à faire que les gens puissent copier, répliquer les ressources, voire à faire qu’on essaie d’identifier les concurrents qui sont en train de développer la même chose pour s’associer avec eux ou bien distinguer nos différences. À chaque fois que je vois des communs j’essaie de me poser la question, justement : quels sont les communs qui sont proches ou similaires ? Est-ce qu’on les a contactés ? Et comment on produit une ressource pour qu’elle soit facilement réplicable ou diffusable ? Et, dans beaucoup des projets logiciels, j’ai vu des pratiques hyper intéressantes. Je prends un exemple ici de Snow Drift qui s’est amusé à faire un benchmark public. Ce n’est pas souvent qu’on voit des benchmarks publics, de toutes les plateformes de crowdfunding qui étaient dans la logique open source.

Justement, du coup, j’avais vu ça sur ton site. Toi-même…

Public : Inaudible.

Simon Sarazin : Et du coup, vous vous la récupérez. Le commun on pourrait dire que c’est le benchmark, là. Mais cette capacité à se dire on va la mettre publique et comme ça les autres pourront l’utiliser. Donc vous-même sur votre site de crowdfunding vous mentionnez ce benchmarking-là. C’est juste génial. C’est vraiment impressionnant que tout ça vienne de cette culture du Libre. Moi je suis en train de faire une ode au logiciel libre.

Qu’est-que j’avais vu aussi qui était hyper intéressant ? Typiquement, dans votre projet quand vous avez forké le projet Gratipay3, donc vous avez bien copié toute la ressource Gratipay et vous avez lancé votre plateforme, ce n’est pas pour autant que vous avez arrêté de communiquer avec celui que vous avez forké. Au contraire, vous continuez à collaborer et moi, ça m’a vraiment impressionné quand j’ai vu que les deux projets continuaient à échanger alors qu’ils sont potentiellement concurrents ou, en tout cas, il y des fortes similitudes dans les deux approches.

Voilà. Le fait, aussi, d’être dans une logique ouverte, ça fait que ce n’est pas grave s’il y a un concurrent puisque, de toutes manières, ce qu’il produit ça peut m’intéresser, moi, pour dépasser mes propres problèmes.

Il y a une vraie capacité aussi dans le logiciel, dans cette culture-là, de démarrer tout de suite en communicant au niveau mondial : beaucoup des projets sont tout de suite en anglais. Alors que c’est vrai, nous-mêmes, moi dans beaucoup de projets, à chaque fois on va démarrer français avec un fort marquage et, du coup, c’est très difficile, après, de les internationaliser. Il y a aussi, maintenant, ce fait d’autoriser par défaut le fork, la copie du projet, donc ce sont des éléments hyper intéressants.

Je pourrais en lister encore plein des choses comme ça. Dans les modèles de financement vous avez aussi énormément d’innovations super inspirantes. Le modèle du don je pense que ça c’est hyper développé dans le monde du Libre avec plein d’innovations comme Flattr4 qui permet de faire des micro-dons, même si, bien sûr, le modèle du don est historiquement utilisé dans plein d’autres domaines. Mais on l’a vu être testé dans plein de dispositifs assez divers et variés, par le monde du Libre, pour réussir à avoir des dons.

Et puis il y a cette découverte, il y peu de temps, par, justement, les gens de Gratipay et Liberapay5, de réussir à mettre en place des mécanismes de rémunération libre qui est une sorte d’innovation, aussi, qui provient du monde de cette culture de libriste.

Je vous laisserai poser des questions si après vous voulez rentrer dans le détail de certains éléments.

L’inclusion même des investisseurs, cette capacité à dire : « OK, vous voulez être investisseur, mais en même temps il faudra rentrer dans nos modèles. » Il y a beaucoup de projets libres qui arrivent à rester dans leur direction et à ne pas se faire détourner par les financeurs. Ce n’est pas pour tout le monde, mais il y a une forte résistance, il y a une forte capacité à comprendre l’enjeu de rester neutre.

Sur les aspects de gouvernance, vous allez aussi avoir beaucoup d’éléments à découvrir. Je pense au processus des décisions super avancé de Wikipédia où vous avez une vraie capacité à prendre des décisions sur beaucoup d’éléments.

Là je prends juste un exemple : typiquement c’est le Parti pirate qui est vraiment en train de tester, en ce moment, la démocratie liquide qui est un dispositif pour prendre des décisions en donnant sa voix à quelqu’un d’expert ou à quelqu’un de confiance autour de soi et, du coup, on arrive à créer une sorte de démocratie liquide. Mais, en termes de gouvernance, vous avez Debian, ils ont tout un système de gouvernance hyper intéressant où leur structure organisationnelle, par exemple, est très transparente, on peut contacter chaque personne alors même qu’on n’est pas dans le projet. Il y a des listes de discussion pour chaque cercle qui travaille sur le projet. Vous avez des codes de conduite. Ce que j’avais vu aussi chez Gratipay, c’était un système même de résolution des conflits où on pouvait envoyer un mail et les gens, du coup, pouvaient vous aider à résoudre les conflits.

Et puis, je voulais montrer les prises de décision chez Wikipédia qui sont assez impressionnantes : ils ne vont pas faire une AG, ils ne vont pas attendre six mois ou un an de faire une AG pour prendre des décisions importantes. Dès qu’il y a un élément important, eh bien il y a un espace de discussion qui se créée et chacun donne son avis. À la fin il y a un vote, sachant qu’ils utilisent plusieurs dispositifs de vote. Ils ont exploré plein d’outillages pour prendre des décisions, qu’on voit très rarement. Du coup, c’est assez impressionnant quand on commence à creuser ça, de se dire « mais, en fait, il y a des dizaines de manières de voter ». Ils utilisent le vote Condorcet, ils utilisent plein de choses différentes. Ils ont un peu tout testé et, des fois, ce sont des décisions qui se prennent avec des centaines de personnes et des avis dans tous les sens et, à la fin, ils arrivent quand même à se mettre d’accord ou, en tout cas, à faire sortir un avis. Ça c’est juste la page, ce n’est pas Wikipédia, c’est Wikiversité6 qui est un des projets annexes de Wikipédia où vous avez une décision pour savoir si on installe un outil de discussion, une mise à jour de l’outil de discussion de wiki.

[Où est-ce qu’elle la fin de cette petite présentation ?]

Donc, sur la gouvernance, il y a plein d’éléments intéressants. Aussi cette capacité à penser les choses de manière très séparée, ce qu’ils appellent la separation of concerns, c’est de dire vraiment une approche modulaire : de dire cet élément-là je le travaille d’un côté, cet élément-là je le travaille d’un autre côté, mais pas de tout mettre dans le même sac, ce qui fait qu’il n’y a plein de petits modules qui sont, limite, autonomes et indépendants et qui peuvent après être réutilisés par d’autres et ça c’est assez fort.

Au niveau juridique il y a énormément d’innovations. Il y a toutes les innovations autour des licences libres, avec les licences Creative Commons, la GPL [GNU General Public License, NdT] et tout ça. Je ne vais pas rentrer dans le détail parce que chaque élément il faudrait presque une demi-heure pour l’expliquer. L’utilisation de structures comme la SPI-Inc, Software in the Public Interest, où, en fait, ils se sont dit plutôt que chaque projet open source crée sa propre structure juridique, nous, ce qu’on va faire, c’est qu’on va en créer une commune – alors je vais essayer de retrouver juste le site7 pour vous montrer – on va en créer une commune qui va porter tous les projets. Ça c’est une association en tout cas, qui détient les marques, les noms de domaines de tous ces projets-là et qui est, en fait, une sorte de structure de portage associative. Vous avez des projets comme LibreOffice, comme Debian, c’est assez impressionnant, qui sont portés par cette structure associative et ça évite, à chaque fois, de recréer une asso, une structure juridique par projet, ce que nous, on a tendance à faire quand on porte des projets dans les communs : c’est à chaque fois recréer une nouvelle asso, en plus se prendre tous les pièges des statuts associatifs classiques. On a à peine démarré qu’on est en train d’élire un président ! C’est assez intéressant.

Ça c’est l’affiche8 qu’avait mise Guillaume Meeting are toxics. Ce n’est pas à prendre à la lettre. C’est aussi bien, des fois, de se réunir et travailler ensemble.

Et je termine par un élément majeur dans le monde des communs, c’est leur capacité, finalement, à travailler avec l’acteur public et privé, c’est-à-dire avec ceux qui vont développer du marchand autour des communs et puis l’institution publique qui a, quand même, un rôle à jouer dans tout ça, qui a son mot à dire, qui est elle-même utilisatrice des communs. En fait, on se rend qu’il y a des mécanismes qui sont mis en place pour réussir à faire en sorte que les acteurs publics ou les acteurs marchands, eh bien nourrissent, quand même, les communs. Je prends un exemple classique : ce sont des développeurs de logiciel libre, quand ils ont conçu un logiciel, à un moment donné il y a des sociétés qui se créent pour faire du service ou de la formation autour de ce logiciel. Typiquement, la Gendarmerie nationale a utilisé Linux dans son système et, du coup, ce sont des entreprises françaises qui ont dû installer Linux et qui sont, sans doute, celles qui devaient être assez compétentes pour travailler sur le noyau. Donc, à priori, il y a tout un modèle économique, aussi, qui se crée autour des communs qui fait que ceux qui contribuent se retrouvent souvent à pouvoir développer aussi des services, de la formation autour, qui permet, à la fois, de financer ces gens-là, mais aussi d’amener des contributions en nature. Parce que, typiquement, la Gendarmerie nationale, j’imagine qu'en mettant en place Linux, ils ont dû améliorer le système Linux pour des questions de sécurité et tout ça. Ça ce sont les contributions en nature, mais c’est permis parce que aussi, dans le monde du Libre, ils ont accepté le fait qu’il y ait un usage commercial des ressources logicielles. Donc ça pose plein de problèmes puisqu’il y a aussi énormément d’abus et, du coup, on en parlera tout à l’heure avec Lionel parce que c’est vraiment une question qui va être approfondie : comment on peut faire en sorte qu’il y ait des réciprocités de la part des institutions et des acteurs marchands autour de ces communs-là ? Mais il y a des expériences vraiment intéressantes dans le monde du Libre. Je pense à MusicBrainz9, tu en parleras peut-être tout à l’heure, je ne sais pas.

MusicBrainz, c’est une sorte d’énorme base de données autour de la musique. Ce n’est pas les musiques en tant que telles, c’est toute la connaissance autour de la musique, les métadonnées, et vous avez une fondation, du coup, qui gère ces données-là qui sont utilisées par plein de gens, autant des assos que des grosses entreprises et ce qu’ils font, ce qu’ils affichent, ils affichent, en fait, les supporters, c’est-à-dire les entreprises ou les assos qui soutiennent cette fondation et ils expliquent bien, sur leur site : « Si vous trouvez des gens qui utilisent notre ressource, notre donnée eh bien dites-le nous et on les contactera pour qu’ils essaient de nous soutenir ou nous faire un don. On sait aussi qu’il y en a qui ne nous feront jamais de don, mais ce n’est pas grave ! » Il y a un peu cette démarche d’essayer d’afficher, de rendre visible la possibilité de reverser, de contribuer aux communs quand on est un acteur marchand ou un acteur public qui utilise les communs.

Il y a d’autres exemples. J’entendais hier que Blender10, qui est un logiciel libre de graphisme, il y a de plus en plus, en fait, des entreprises qui mettent carrément à disposition des développeurs non pas dans leur entreprise, mais au sein de la fondation. C’est-à-dire que c’est une entreprise qui paye quelqu’un pour qu’il aille bosser à la fondation sur le cœur du développement du logiciel libre. Je trouve que ce sont des démarches qui commencent à être intéressantes puisque, du coup, on a vraiment des équipes cœur qui peuvent être dédiées au logiciel, mais qui ne sont pas juste dans les mains de la société mais qui sont même pilotées par la fondation. Ça ce sont des mécanismes intéressants.

D’ailleurs un autre élément majeur et je pense que c’est peut-être sur ça qu’il faut vraiment réfléchir, c’est la capacité du monde du logiciel libre à avoir réussi à prendre la place dans beaucoup de domaines et dans de plus en plus de domaines. Avoir réussi à prendre la place des gros : par exemple Linux est en train, petit à petit, de grappiller sur Microsoft. En termes d’efficacité, on le sait tous, c’est devenu bien plus puissant. En tout cas, dans le monde des serveurs, c’est Linux qui a remporté la place. Mais typiquement Blender, dont je parlais à l’instant, qui est un logiciel libre de vidéo, pour créer de la 3D et de la vidéo, Blender est utilisé maintenant - c’est un logiciel libre - est utilisé par les plus gros : par Pixar, par Disney. Les équipes, maintenant, travaillent avec Blender, alors qu’il y avait des logiciels propriétaires qui coûtaient une fortune, c’est Blender qui a pris la place. Et on commence à le voir dans de plus en plus de domaines où, finalement, le logiciel libre est en train de prendre les positions, la place dans de plus en plus d’espaces.

On espère que c’est ce qui va se passer dans tous les communs que je vous ai montrés tout à l’heure, par exemple dans les places de marché. Aujourd’hui, il y a vraiment très peu de places de marché, de nouvelles places de marché, qui sont pensées comme des communs. La plupart sont en train de devenir la propriété de grosses sociétés ; je prends l’exemple d’Amazon. On espère qu’on va réussir à créer, exactement comme le logiciel libre a su le faire, à créer tout ce mouvement qui permet de construire des communs dans d’autres domaines. Là je reprends, du coup, la citation d’André Gortz qui était dans l’intitulé de cette petite présentation, qui est de dire « est-ce que le logiciel libre ce n’est pas, justement, le mouvement qui nous trace une voie pour trouver une sortie de course, une sortie au modèle capitaliste ? » C’est peut-être un peu pour conclure.

Le schéma ne s’arrête pas là puisqu’il y a deux gros blocs : institutions publiques et acteurs marchands. Je ne vais pas trop détailler, mais l’idée globale c’est de dire les communs peuvent difficilement marcher, fonctionner, en dehors de l’institution publique et du monde marchand. Parce que l’institution publique elle vient légiférer, elle vient quand même donner des accès, et le monde marchand vient développer aussi une économie autour, qui n’aurait sans doute pas permis à certains logiciels de se développer. Le tout c’est juste de réussir à coordonner l’institution publique et le monde marchand avec les communs là où, aujourd’hui, en gros, le travail se fait juste entre les deux. Et nous, ce qu’on voudrait, c’est mettre au milieu le mouvement des communs pour qu’il puisse, par exemple, inciter l’État à n’utiliser que du Libre, plutôt que de financer du propriétaire, ou soutenir des places de marché qui seraient communes. En tout cas, qu’il y ait vraiment une capacité à repositionner le monde des communs comme troisième acteur et acteur majeur vis-à-vis du monde marchand et des institutions publiques et de reléguer l’institution publique et le monde marchand à sa place qui serait bien réduite à celle qu’elle prend aujourd’hui.

Il y a tout un travail à faire. Il y a une réflexion pour construire des institutions qui viendraient aider à, justement, repositionner les communs, déjà à renforcer les communeurs, tous les gens qui contribuent aux communs. Donc qu’il y ait une alliance entre les développeurs du Libre, mais aussi les contributeurs aux anciens communs qui sont les bois communaux, mais aussi les nouveaux communeurs qui travaillent dans des lieux ou qui montent des espaces de travail ou qui contribuent à Wikipédia. Qu’il y ait une vraie alliance. C’est pour ça qu’il y a une volonté de créer des sortes d’assemblées des communs – on les a appelées comme ça, mais peut-être que ça s’appellera autrement demain – c’est l’idée d’avoir des espaces où tous ceux qui contribuent à ces ressources partagées puissent se relier. Que la culture libre aussi influence, même s’il ne faut pas non plus qu’on prenne la culture libre à la lettre, je pense qu’il y a aussi énormément à apprendre de la culture historique de la gestion des communs. Il y a un enjeu à construire ces assemblées des communs, à construire plein de petites structures de soutien. [Si on zoome.] Il y a ces idées de créer des structures juridiques exactement comme celles dans le logiciel libre, mais adaptées aux communs. Parce que ce que vous avez vu tout à l’heure, la SPI-Inc qui détient, pas qui détient, mais qui soutient des projets libres, on pourrait imaginer la même chose dans le monde des communs. Nous, on est en train de créer à Lille la Legal Service For Commons – L1, pour dire que c’est à Lille, mais c’est l’idée de créer des assos qui viennent soutenir juridiquement les communs pour éviter qu’ils ne se prennent tous les pièges de création d’assos et tout ça.

La Contributive Service For Commons, ce n’est pas encore construit, mais c’est l’idée d’avoir une structure qui puisse aider à rémunérer les contributeurs aux communs, donc avoir un statut juridique quand on contribue à des communs pour se rémunérer.

Je passe parce que c’est encore très exploratoire, mais ça ne suffira pas. Il nous faudra une structure aussi qui fasse vraiment le pont entre le monde des communs et l’institution publique et marchande. C’est-à-dire qu’il faut une structure de gouvernance, en fait, qui viendrait aider, un peu, à dire stop quand le monde marchand prend trop de place ou quand l’institution publique ne respecte pas les communs.

Typiquement l'exemple : en ce moment l’État est de plus en plus intéressé par OpenStreetMap qui est une cartographie participative libre, qui est de plus en plus puissante, un peu comme ce que j’expliquais tout à l’heure, qui est en train de prendre beaucoup de place et qui, d’ailleurs, remplace du coup des institutions qui faisaient ce travail-là avant. Et donc l’État est en train d’utiliser ça, mais pour autant il n’est pas en train de financer directement ce commun-là, il n’est pas en train de trouver des mécanismes pour le financer. Alors il va y contribuer parce qu’il va améliorer les données, mais en même temps, pour l’instant, il n'y a pas une pensée de l’institution pour reverser des financements. C’est là où on se dit qu’il y aurait peut-être besoin d’une sorte d’institution intermédiaire qui peut aider à organiser des réciprocités, par exemple inciter l’État, je ne sais pas par quel mécanisme, mais à reverser à un moment donné un financement ou en tout cas faire un lobby pour qu’il y ait des règles plus saines de réciprocité.

Là on est en train de réfléchir à différents outils. Mais tu en parleras beaucoup mieux, Lionel, tout à l’heure, avec toutes les licences à réciprocité. J’ai mis le terme Contributive Commons, mais derrière il y a plein d’outils de réciprocité qui sont à créer.

Et puis la General Politic license, c’était un délire pour copier la General Public License qui est une licence utilisée dans le logiciel libre, pour créer une licence qui empêche les politiques de s’octroyer le bénéfice des communs, mais tout en leur permettant quand même de le faire, puisqu’il y a un truc assez emmerdant dans le monde des communs. C’est qu’à la fois il y a des politiques qui s’octroient la création de certains communs.Par exemple à Lille Martine Aubry, pour ne pas la citer, avait mis dans son bilan qu’elle avait soutenu notre espace de travail. Sauf, qu’en fait, elle a soutenu un autre lieu, mais elle ne nous a jamais soutenus, nous. Mais voilà ! Du coup, elle a englobé dans son bilan notre production à nous. À la limite, nous on n’en a pas trop tenu rigueur, mais on pourrait peut-être, avec une sorte de licence comme ça, revenir vers elle ou, en tout cas, s’autoriser à faire de la com' pour dire « non, ce n’est pas vrai. » Il y aurait peut-être besoin d’un outil.

L’autre mécanisme qui nous embête aujourd’hui c’est qu’un politique à qui on voudrait donner le droit d’utiliser le fait qu’il y ait des communs, on ne peut pas, enfin on ne le fait pas. C’est peut-être pour ça qu’à chaque fois ils recréent leur propre projet pour avoir un temps pour l’inaugurer, pour pouvoir se vanter d’avoir inauguré un nouveau projet. Peut-être qu’un mécanisme intéressant ce serait de faire en sorte qu’on autorise un politique à venir inaugurer un commun qui existe depuis dix ans, mais au moins ça éviterait qu’il en crée un nouveau à côté, qui nous concurrence, puisque c’est ce qu’ils ont tendance à faire. Enfin, c’est typiquement l’État français qui veut relancer un système d’exploitation français alors qu’il existe déjà Linux. On pourrait peut-être lui dire : « Écoute, Hollande on t’autorise à inaugurer la création de Linux fr, Linux français, en échange tu donnes beaucoup de sous au modèle », ou je ne sais pas. En tout cas, il y a un truc à imaginer, même si c’est hyper périlleux, pour éviter qu’à chaque fois ils dépensent notre argent à recréer des ressources qui sont concurrentes aux nôtres, qui sont fermées. Je n’en dis pas plus.

Ça c’était une ouverture sur le futur politique de ce mouvement-là, il y a plein de choses à faire. Voilà, si vous avez des questions ou des points d’approfondissement sur certains sujets, n’hésitez pas.

Applaudissements

Je peux passer le micro, peut-être. Oui, je les répète au micro.

Public : Vous avez parlé de sortir du monde capitaliste avec le logiciel libre, avec l’implémentation du logiciel libre partout. Mais si on n’était plus dans un modèle capitaliste, quelle serait la motivation des développeurs pour améliorer leurs plateformes libres ?

Simon Sarazin : Du coup, est-ce que quelqu’un veut répondre ? Tu veux peut-être répondre. Toi tu as une solution, quand même, intéressante ?

Public : C’est une discussion, le capitalisme. Je pense que c’est trop vaste comme question.

Simon Sarazin : Je pense que, après, la question est sur, finalement, comment les contributeurs se rémunèrent dans ce monde-là. Il y a plusieurs pistes. Il y a cette histoire de revenu de base. Il y a le travail sur la création monétaire aussi, pour avoir un système de monnaie qui serait plus juste et, du coup, où l’argent serait moins difficile à donner. Aujourd’hui y a très peu de dons qui sont faits au logiciel libre. Une fois qu’il y aurait plus de dons, même avant ça, il y a une autre problématique qui n’est pas mentionnée, mais qui est en train d’essayer d’être résolue, c’est de dire, en fait il est plus facile de recevoir des dons quand on est dans le logiciel libre que de savoir comment les redistribuer. Aujourd’hui, la plupart des modèles de contribution, même s’ils reçoivent de l’argent, je pense à OpenStreetmap ou Wikipédia, pour autant ils ne le redistribuent pas aux contributeurs. Donc c’est sûr que ça crée une certaine limite : il n’y a que des contributeurs qui peuvent trouver du temps ou qui bossent dans des boîtes, du coup plutôt capitalistes, qui peuvent travailler sur le commun. Ça pose en effet un problème et donc il y a justement ce que tu vas présenter demain, je crois. Il y a une présentation et ensuite il y a un débat sur les modèles de rémunération dans les communs pour dire, à un moment donné, comment on peut rémunérer les contributeurs là où, aujourd’hui, le modèle qui va être choisi c’est soit on ne demande pas de dons, du coup on n’a pas d’argent, soit on demande des dons, mais après on va salarier des gens et on se retrouve dans un mécanisme assez classique. Ça, c’est le cas de Wikipédia et Wikimedia où, en fait, les dons vont à une asso où il y a des salariés et l'asso grossit de plus en plus, mais il n’y a toujours pas de contributeurs qui sont rémunérés. En même temps, c’est hyper périlleux de commencer à rémunérer les contributeurs Wikipédia parce que ça peut créer plein de problèmes.

Un des modèles explorés c’est le modèle de la rémunération libre, comme le prix libre, mais c’est de laisser les gens décider eux-mêmes leur rémunération. Ça évite d’instaurer tout un mécanisme de calcul, mais ça on en parle demain parce qu’il y a plein de débats autour de ça.

Public : Je voudrais poser une question, tu l’as mis dans contribution, mais pour moi ça touche la gouvernance, c’est le fait que vous ayez supprimé le conseil d’administration. Du coup, comment vous faites ? Parce que nous, réglementairement, il y a un règlement d’administration même si on est sous forme collective. Mais c’est vrai que ça complique les décisions ça, je suis d’accord.

Simon Sarazin : Pour être en démocratie directe dans l’association, on a juste mis dans les statuts qu’il y avait un conseil d’administration, mais on lui a enlevé tous les pouvoirs. En fait c’est un collège, mais il n’a plus de pouvoirs, tous les pouvoirs sont en démocratie directe de par les membres de l’association. Après, c’est passé au niveau de la préfecture, il n’y a pas l’air d’avoir de souci. Et après, on a enlevé l’assemblée générale, on a dit que c’était une assemblée générale permanente et dont les prises de décision sont validées sur Loomio11 qui est un outil de prise de décision en ligne. Donc il n’y a plus d’assemblée générale annuelle, mais une assemblée générale permanente et dans les statuts on a mis le lien vers le Loomio et c’est là où les décisions prennent, normalement, leur valeur juridique. Mais il faudrait vraiment qu’on vérifie ça, juridiquement.

Public : Tout le monde peut poser des questions sur Loomio et lancer… ?

Simon Sarazin : Oui, c’est ça. Tout le monde. Après, on a quand même un mécanisme qui fait que ce sont les membres actifs. Ce ne sont pas les membres élus qui ont le pouvoir, ce sont les membres actifs. On a déterminé quelques règles. Chez nous c’est assez facile, ce sont ceux qui sont sur la liste de discussion du code, du lieu, donc ce sont ceux qui reçoivent la mise à jour du nouveau code quand on le change, qui sont les membres actifs du lieu. En fait, ce sont les gens de confiance qui sont membres actifs et ce sont eux qui – toutes les décisions se font au consentement – mais si on a un problème de prise de décision et qu’on doit passer au vote à majorité – alors c’est majorité des deux tiers chez nous – à ce moment-là, seuls les membres actifs peuvent voter. Mais en deux ou trois ans, on n’a jamais eu besoin de passer au vote, donc en fait, on n’a jamais eu besoin de savoir qui était membre actif ou pas.

Public : Un complément de réponse par rapport aux associations. Une association ça peut être organisé à peu près n’importe comment, du moment que vous ne voulez pas qu’elle soit reconnue d’utilité publique. C’est à partir de là où L’État met des exigences pour qu’il y ait un conseil d’administration, ou un machin et des commissaires aux comptes, etc. Mais sinon, une association, par exemple Liberapay, c’est une association collégiale, il n’y a pas de conseil d’administration, rien du tout, tous les membres sont égaux.

Lionel Maurel : Merci beaucoup pour ta présentation. Je me disais, en t’écoutant, qu’un des points que le logiciel libre peut apporter à d’autres types de communs, c’est la question du passage à l’échelle. Parce qu’en fait, quand on regarde les travaux d’Elinor Ostrom12, par exemple, elle, elle est sur la question de l’efficacité de la gestion en commun et dans ses principes – elle a étudié surtout des communs naturels ou des communs matériels – et un des constats qu’elle fait, c’est que ça ne marche qu’à des échelles réduites, en fait. Dans tous les communs qu’elle a documentés, il y en a très peu qui réunissent plus de cent personnes, en fait. Une sorte de barrière qui fait qu’au-delà de ce nombre, on ne peut plus gérer un commun matériel ou un commun naturel, en commun. Et elle dit elle-même, d’ailleurs, que si on sort de cette échelle, la gestion en commun n’est pas forcément la bonne solution et, à ce moment-là, on doit envisager d’autres modes de gestion. Mais ce que le logiciel libre a montré c’est qu’on pouvait le faire pour des communs immatériels à des échelles qui ne sont plus du tout des échelles d’une centaine de personnes. C’est-à-dire que Wikipédia, Wikimedia c’est 80 000 ou 90 000 personnes. Linux, ce sont des milliers de personnes. Du coup, ce que je trouve intéressant dans ce que tu as montré, ce sont justement ces points qui viennent du numérique, en fait, parce que tous les points que tu as montrés, il y a quand même besoin d’un outillage numérique, je pense, pour les réaliser. Mais du coup, est-ce que tu penses qu’on peut, avec ces stratégies-là ou ces modes de gouvernance-là, aussi dépasser le seuil de la gouvernance dans des communs qui ne sont pas immatériels ? Est-ce qu’on pourrait faire du passage à l’échelle sur des communs physiques en utilisant ce genre de stratégie ?

Simon Sarazin : Je pense que, en tout cas, on peut vachement s’améliorer. On peut vraiment améliorer les process. Après, jusqu’où on arrivera, je ne sais pas, mais on peut vraiment aller beaucoup plus loin. Maintenant c’est vrai qu’il y a une bonne partie d’outils numériques, mais il y a aussi beaucoup de culture non numérique ou alors qu’on peut utiliser sans numérique. Je pense au principe de rémunération libre qui utilisait un outil de transparence. Je l’avais utilisé avec une coopérative de jeunes avec un tableau veleda. Du coup, ce sont des petits outils qui peuvent aider. Mais oui, je pense que là on voit, il y a énormément d’éléments sur lesquels on peut améliorer le travail. On pourra sans doute aller beaucoup plus loin dans la gestion de certains communs.

Bernard Brunet : Je complète juste la réponse à Lionel, par une expérience moi, qui m’a beaucoup inspiré, qui date maintenant d’il y a bien une vingtaine d’années. Ce sont ce qu’on appelle les coopératives sociales en Italie, ce sont des entreprises de l’économie sociale et solidaire. Eux, depuis très longtemps, ils ont fait ce constat qu'au-delà d’un certain nombre de personnes, le fonctionnement coopératif devient compliqué. C’est un peu l’histoire des communs. La forme coopérative est intéressante, aussi, parce qu’elle est assez proche d’un mode de gestion des communs et notamment, c’est de l’image des coopératives sociales qu’on a tiré le statut de coopérative d’intérêt collectif en France. Et donc eux, ils ont fixé deux règles et un principe. Le principe c’est le principe du rhizome, comme le fraisier quand il veut se reproduire : il fait une racine souterraine, il va faire un fraisier plus loin, c’est la stratégie du fraisier. À partir du moment où une coopérative atteint un certain nombre de personnes, 50 personnes ou 100 personnes, l’idée c’est qu’elle se démultiplie, elle fasse un rhizome, elle aille faire une nouvelle coopérative. Et l’idée c’est que les personnes qui ont fondé, créé la coopérative et qui ont cette expérience, quittent la coopérative à ce moment-là pour aller en créer une autre, de façon à maintenir une dynamique de création. Et après, effectivement, ça fait une constellation, ça fait un réseau de coopératives, donc un réseau de communs. Et là, justement avec le numérique, c’est assez facile de créer un deuxième niveau, un niveau d’interconnexion, un niveau de mutualisation de services et si les communs, pour moi, passent à l’échelle, ce ne sera pas en devenant des communs – sauf Wikipédia où effectivement on peut avoir 90 000 contributeurs et plusieurs centaines de millions d’utilisateurs – mais c’est plutôt en ayant ce système de petits communs locaux et qui passent à l’échelle par la mutualisation, en documentant leurs pratiques, etc. Et c’est toute l’idée des assemblées des communs dont on parlera demain matin avec la table ronde.

Simon Sarazin : Peut-être aussi il y a une vraie exploration à faire sur la question de la propriété. Une fois qu’on a neutralisé la propriété, il devient vraiment plus simple de gérer collectivement un espace puisqu’il y a beaucoup moins de conflits, de savoir si la valeur va baisser, ou pas, du bien et je pense que, pour beaucoup de communs matériels, ce qui nous manque, c’est la capacité d’investir ensemble et en même temps de neutraliser la propriété qui fait qu’après on est léger, c’est-à-dire on peut quitter l’espace sans s’inquiéter de perdre la valeur des parts qu’on a mises dedans ; ça demanderait des foncières d’achats de lieux, un peu comme Terre de Liens pour le monde agricole.

Public : Je pense qu’il falloir arrêter parce que les organisateurs ont demandé de laisser cinq minutes de battement.

Simon Sarazin : OK.

Conférence de Jean-Christophe Becquet à Gardanne (13)

Le 25 January 2017 à 11:11:50

31 Janvier 2017 - 18:30
31 Janvier 2017 - 20:30

Jean-Christophe Becquet, animera une conférence, mardi 31 janvier 2017 à la Médiathèque Nelson Mandela, boulevard Paul Cézanne à Gardanne (13)

Les logiciels libres sont nés sous l'impulsion de Richard Stallman, dans les années 80. Ils sont définis comme conférant à leurs utilisateurs quatre libertés fondamentales : liberté d'exécuter le programme, liberté d'étudier le fonctionnement du programme, liberté de redistribuer des copies du programme et liberté d'améliorer le programme et de distribuer ces améliorations au public. Les logiciels libres représentent aujourd'hui un enjeu majeur, autant dans la maîtrise des outils qu'on utilise au quotidien que dans la communauté qui en découle.

Quel est donc le projet de société qu'ils délimitent, et en quoi cette question est-elle fondamentale dans notre démocratie ? C'est à ces questions que répondra Jean-Christophe Becquet de l'association April, principale organisation de défense des logiciels libres en France, qui vient de fêter ses 20 ans.

L'April a 20 ans - Ensemble, continuons à développer l'informatique libre

Le 25 January 2017 à 10:49:42

logo de l'April pour les 20 ans

L'April fête ses 20 ans1 ! Vingt ans d'actions pour promouvoir et défendre le logiciel libre.

Gâteau 20 ans

Si nous sommes particulièrement fiers du travail accompli ces dernières années, nous sommes également conscients que le combat est loin d'être gagné, et que nous devons rester plus vigilants que jamais pour obtenir le droit à une informatique loyale au service de l'intérêt général.

L'April continuera à agir pour porter la notion de priorité au logiciel libre au niveau de l'action politique (« vie de la cité »). Elle se montrera également offensive en multipliant les outils de sensibilisation au logiciel libre.

Image de l'Expolibre

Mais que serait l'April sans ses nombreux adhérents, qui lui offrent les moyens de ses actions et la légitimité nécessaire pour mener à bien ses missions. Le libre est devenu un choix de société, et la diversité des membres de l'association en est la plus belle expression. Notons ainsi, dans les adhésions récentes : Enercoop (fournisseur français d'électricité d'origine renouvelable), la Ville de Digne-les-Bains, le SITPI (Syndicat intercommunal pour les télécommunications et les prestations Informatiques, regroupant quatre communes de l'agglomération grenobloise: Échirolles, Fontaine, Pont-de-Claix et Saint-Martin-d'Hères), le Sgen-CFDT (Syndicat général de l'Éducation nationale CFDT). Mais aussi Véronique (enseignante), Marie-Danièle (infirmière), Nelly (animatrice multimédia), Brendan (étudiant), Jean-Pascal (biochimiste)…

Image d'un stand de l'April

L'April tient à remercier chaleureusement ses membres, son équipe de permanents (actuels et anciens), ses soutiens et ses sympathisants qui font d'elle une association vivante et active pour la promotion et la défense du logiciel libre.

Pour fêter dignement cet anniversaire, nous avons organisé ou participé à plusieurs événements à Brest, Digne-les-Bains, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Rennes, Sarrebourg, Saint-Denis, Toulouse, Valenciennes. Et, jeudi 26 janvier 2017, nous organisons une soirée à Paris. Celle-ci sera ouverte notamment par Emmanuel Grégoire, adjoint à la Maire de Paris en charge des Ressources Humaines, des services publics et de la modernisation de l’Administration. La Ville de Paris est membre de l'April depuis début 2015.

Continuons, ensemble, à développer l’informatique libre !
Bannière de soutien à l'April

Fin décembre 2016, Véronique Bonnet, membre du conseil d'administration de l’April sur le Framablog, un article évoquant avec l'histoire et l'esprit de l'association. Le voici.

L’April vient d’avoir 20 ans

par Véronique Bonnet

Ces jours-ci, l’April a eu 20 ans. Et toutes ses dents. Pas les dents de l’amer GAFAM, crocs avides des requins du Web et autres loups. Des dents, plutôt, qui ne mâchent pas leurs mots pour dénoncer l’inventivité souriante, glaçante, de firmes qui veulent continuer à dominer. Pour dire ce qu’un partenariat entre un ministère chargé d’éduquer à l’autonomie et Microsoft a de troublant. Pour s’étonner de l’open bar opaque de la Défense.

Alors même que le projet de loi pour une république numérique faisait miroiter de vertueux principes. Sur ce qui devait être transparent, interopérable et communicable, dans l’espace public. Sur ce qui devait rester inviolable et inaliénable dans l’espace privé. Loi tronquée, l’April l’a dit. C’est sa manière à elle de décliner la loi de Stallman :

« Tant que les grandes entreprises domineront la société et écriront les lois, chaque avancée ou chaque changement de la technologie sera pour elles une bonne occasion d’imposer des restrictions ou des nuisances supplémentaires à ses utilisateurs. »

La naissance de l’April, dès novembre 1996, avant le dépôt des statuts, a eu lieu au Bocal, cœur du laboratoire informatique de Paris 8 Saint-Denis. Des étudiants, dont notre actuel délégué général, Frédéric Couchet, fondent alors l’APRIL« Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre », devenue l’April « Association francophone de promotion et défense du logiciel libre ». Cette association relaie ainsi en France la FSF (Free Software Foundation) constituée par Richard Stallman en octobre 1985 : « une fondation sans but lucratif avec la mission cosmopolitique de promouvoir la liberté des utilisateurs d’ordinateurs et de défendre les droits de tous les utilisateurs du Free Software ». Dès novembre 1998, l’April accueillait RMS en conférence, à l’université Paris 8. Inspirée par l’indignation d’un utilisateur empêché d’utiliser son informatique comme il le voulait, l’April a été, elle aussi, inspirante. Quand on aime le Libre, on ne compte pas en rester là, on essaime.

Et il le faut, pour faire face ensemble, jamais dans l’entre-soi, à des évolutions empoisonnées qui se donnent des aspects riants, innocents. Que l’on touche à nos libertés, et l’April se met en colère. Avec la Quadrature du net. Framasoft. La FFDN. On n’est jamais trop pour se répartir la tâche de discerner, sous des angles divers, les faux semblants des rapaces de tout poil.

Marguerite Yourcenar, dans les Mémoires d’Hadrien, met dans la bouche de son empereur romain des conjectures à propos de certaines manœuvres dilatoires :

« Je doute que toute la philosophie du monde parvienne à supprimer l’esclavage, on en changera tout au plus le nom. Je suis capable d’imaginer des formes de servitude pires que les nôtres parce que plus insidieuses. Soit qu’on réussisse à transformer les hommes en machines stupides et satisfaites qui se croient libres alors qu’elles sont asservies, soit qu’on développe chez eux un goût du travail aussi forcené que la passion de la guerre […] »

La réduction des individus au machinal leur fait adopter des gestuelles dont ils ne saisissent plus les tenants et aboutissants. Et va même jusqu’à faire du travail, théoriquement émancipateur, une suite d’enchaînements sans signification. Cybernétique étrange, dont les acteurs ne seraient plus que des agents dociles de mécanismes qui n’auraient de sens que pour d’autres et qui ne serviraient qu’à d’autres. Comme si la vocation humaine à faire de sa vie une histoire, s’essayer à des tournants, tenter une élaboration symbolique intime, partagée ou non, n’avait plus cours.

Dans son Discours de la servitude volontaire, La Boétie, lui, se référait à Cyrus qui avait mis les Lydiens durablement sous sa coupe en ouvrant « des bordels, des tavernes et des jeux publics ». Pour que ceux qu’il avait vaincus, subjugués par la prégnance des sensations, laissent en sommeil leurs compétences à percevoir et analyser. Stratégie de l’amollissement de l’esprit critique que Jules César pour les Romains, avait réitérée : « … car son humanité même, que l’on prêche tant, fut plus dommageable que la cruauté du plus sauvage tyran qui fût oncques, pour ce qu’à la vérité ce fut cette sienne venimeuse douceur qui, envers le peuple romain, sucra la servitude ». Tibère et Néron se hâtèrent de lui emboîter le pas.

Débusquer alors la subordination derrière des activités qui occupent l’esprit en le réduisant à une instantanéité sans recul ? La servitude s’avance masquée. Les cookies, c’est confortable, c’est cool, ça anticipe même les désirs. Les menottes numériques, c’est indolore, et ça facilite la navigation. Le nuage, on n’en cause même pas. Tu n’as plus à t’occuper de rien. Le Saas, c’est aussi la nasse. Mais pourquoi pas, puisque ça habitue à déléguer. Former ? Autant formater. Futur usager, apprends à t’en remettre à des logiciels qui simplifient la vie. On ne voit plus les verrous qui les sous-tendent, ni le profilage qu’ils effectuent, ni le dépeçage de données qu’ils opèrent.

L’April, qui promeut et défend le logiciel libre, ne va pas prendre le thé n’importe où. Elle se méfie des belles pommes rouges, regarde où elle met les pieds, et fait son possible pour signaler les sables mouvants d’une informatique douce-amère. Elle alerte sur des outils apparemment conviviaux qui, mine de rien, privent de tout. Elle sensibilise à ce qui emprisonne et empoisonne, imperceptiblement.

Image April évangélisationImage générée par Goofy grâce au Geektionnerd de Simon « Gee » Giraudot, sous licence CC-BY-SA

L’April est un bon contre-poison. Dans les événements festifs qui ponctuent ses 20 ans, qu’ils aient déjà eu lieu, à Lyon, Toulouse, Marseille, Lille, Sarrebourg, Valenciennes, Digne, Nantes… ou qu’ils aient lieu après Newtonmas, Brest, le 6 janvier, Saint Denis le 11, Paris le 26… pas de sirop frelaté, ni de bouillon d’onze heures.

Ces jours-ci, l’April a eu 20 ans. Bon anniversaire l’April !

Cet article est sous licence Creative Commons BY-SA.

  • 1. L'April a été déclarée le 20 novembre 1996 à la préfecture de Bobigny, et publiée au Journal Officiel n° 51 du 18 décembre 1996

Isabelle DUTAILLY

Du bon usage des styles pour se faciliter la vie

Le 25 January 2017 à 10:30:00

Pendant des milliers d'années, le support écrit étant matériel, d'une part il était figé et vu par tout le monde de la même façon, sauf problème visuel particulier évidemment, d'autre part la mise en forme du texte était indéfectiblement liée à sa production même. Avec l'écriture numérique, on entre dans une nouvelle ère, réellement, auprès de laquelle l'invention du caractère mobile fait piètre figure.
Le fond divorce de la forme et le contenu du contenant
Aujourd'hui, quand j'écris un texte sur mon ordinateur, (...)

- Traitement de texte

23 January 2017

april.png Nouvelles April

Revue de presse de l'April pour la semaine 3 de l'année 2017

Le 23 January 2017 à 12:44:17

La revue de presse de l'April est régulièrement éditée par les membres de l'association. Elle couvre l'actualité de la presse en ligne, liée au logiciel libre. Il s'agit donc d'une sélection d'articles de presse et non de prises de position de l'association de promotion et de défense du logiciel libre.

En podcast.

Sommaire de la revue de presse de l'April pour la semaine 3

[Les Echos] Mozilla dresse un bilan sombre de la santé d’Internet

Par Nicolas Rauline, le jeudi 19 janvier 2017. Extrait:
> De moins en moins sûr, exposé à la censure et à la fragmentation, menacé par les intérêts privés, le réseau verrait sa qualité se dégrader. La fondation américaine va observer sa santé dans un rapport qu’il publiera régulièrement.
Lien vers l'article original: http://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/0211705386796-mozilla-dresse-un-bilan-sombre-de-la-sante-dinternet-2058427.php

[Le Monde Informatique] La Free Software Foundation revoit sa liste de projets prioritaires

Par Jean Elyan, le mercredi 18 janvier 2017. Extrait:
> La Free Software Foundation, la «fondation du logiciel libre», a annoncé hier un remaniement majeur des projets logiciels qu'elle soutiendra en priorité. Parmi eux, un projet d'OS gratuit pour smartphones, un assistant personnel vocal intelligent, mais aussi l'accessibilité et le développement de pilotes.
Lien vers l'article original: http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-la-free-software-foundation-revoit-sa-liste-de-projets-prioritaires-67106.html

[Le Monde.fr] Après la clémence pour Chelsea Manning, le sort d’Edward Snowden toujours en suspens

Par la rédaction, le mercredi 18 janvier 2017. Extrait:
> Le président américain a commué la peine de la lanceuse d’alerte. Mais la même clémence a peu de chances de s’appliquer à Snowden.
Lien vers l'article original: http://www.lemonde.fr/surveillance-NSA-France/article/2017/01/18/apres-la-clemence-pour-chelsea-manning-le-sort-d-edward-snowden-toujours-en-suspens_5064563_4660509.html

Et aussi:
[Numerama] Julian Assange ne se livrera pas aux États-Unis malgré la libération de Chelsea Manning

[Numerama] Numérique et tech: les 7 propositions clés de Jean-Luc Mélenchon

Par Alexis Orsini, le lundi 16 janvier 2017. Extrait:
> Quelles sont les propositions principales de Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise à la présidentielle 2017, en matière de numérique? Retrouvez-les ici, actualisées tout au long de la campagne, en attendant le premier tour de l'élection présidentielle, le 23 avril.
Lien vers l'article original: http://www.numerama.com/politique/224878-numerique-et-tech-les-7-propositions-cle-de-jean-luc-melenchon.html

Et aussi:
[BFMtv] Arnaud Montebourg, le champion de la high-tech made in France

[Next INpact] Consultations en ligne de citoyens: le logiciel libre obligatoire?

Par Xavier Berne, le lundi 16 janvier 2017. Extrait:
> Alors que la question des consultations en ligne de citoyens est régulièrement évoquée en cette période de campagne présidentielle, plusieurs associations montent au créneau pour que les plateformes utilisées par les pouvoirs publics soient systématiquement basées sur du logiciel libre. Une question de transparence qui ne peut qu’aller de pair avec ces initiatives, estime notamment l’April.
Lien vers l'article original: https://www.nextinpact.com/news/102895-consultations-en-ligne-citoyens-logiciel-libre-obligatoire.htm

Voir aussi:
Les consultations publiques en ligne doivent être basées sur des logiciels libres

[vousnousils] EduNathon, qui regroupe des acteurs du "numérique libre", poursuit son action contre le partenariat entre Microsoft et l'Éducation Nationale.

Par Valentin Glo, le lundi 16 janvier 2017. Extrait:
> Le collectif EduNathon s’est toujours opposé au partenariat entre Microsoft et l’Éducation nationale. Ce partenariat noué en novembre 2015 a pour but de «renforcer l’accompagnement proposé par Microsoft dans le cadre du Plan Numérique à l’École», comme il est précisé dans le communiqué de presse de Najat Vallaud-Belkacem.
Lien vers l'article original: http://www.vousnousils.fr/2017/01/16/edunathon-toujours-sceptique-sur-le-partenariat-microsoft-education-nationale-598394

Note

Les articles de presse utilisent souvent le terme « Open Source » au lieu de Logiciel Libre. Le terme Logiciel Libre étant plus précis et renforçant l'importance des libertés, il est utilisé par l'April dans sa communication et ses actions. Cependant, dans la revue de presse nous avons choisi de ne pas modifier les termes employés par l'auteur de l'article original. Même chose concernant l'emploi du terme « Linux » qui est généralement utilisé dans les articles pour parler du système d'exploitation libre GNU/Linux.


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Mise à jour: Le 01 February 2017 à 17:32:28