lundi 25 août 2008

Ils jouent avec le feu ou quand l’histoire bégaie

par Hergen MATUSSIK, 17 Août 2008, traduit par Michèle Mialane, tous deux de Tlaxcala
Originalfassung Wiederholungen und Propaganda: Das Spiel mit dem Feuer


La conjoncture politico-militaire actuelle ressemble à un effort considérable de ses acteurs , en particulier du « monde occidental » pour reconstituer le scénario qui a précédé la Deuxième guerre mondiale. C’est ainsi que Zbig Brzezinski, l’un des manitous de la politique étrangère usaméricaine, compare les évènements en Géorgie à l’invasion de la Tchécoslovaquie par Hitler et aux manœuvres de Staline en Finlande (huffingtonpost.com ; welt.de). Il confirme ainsi que les voyous préférés de l’histoire récente sont au rendez-vous pour fournir les bonnes comparaisons au bon moment.

La Russie met fin à l’agression de la Géorgie - soutenue par l’ Occident , USA en tête- contre l’Ossétie du Sud en mettant en fuite sans grand remue-ménage les troupes géorgiennes et toute la presse occidentale « reconnue » - c’est à dire le Ministère de la Propagande du « monde libre » - en fait un « agresseur » désireux de s’annexer la « pauvre petite Géorgie ».

Les faits laissent nos journalistes complètement froids - le tir de roquettes sur Tshkinvali au cours de la nuit d’ouverture des Jeux Olympiques, et les 2000 morts -à ce jour- qui en sont la conséquence directe- les « conseillers militaires » usaméricains présents en Géorgie depuis un bon moment, la fourniture massive d’armement israélien et usaméricain à ce pays, ainsi que les intérêts économiques en jeu - quel idiot pourrait encore croire qu’il s’agit de liberté et d’autodétermination de peuples dont le consommateur moyen de médias est à peine en état d’énoncer le nom et moins encore de les localiser ? mais les USA continuent à dévider leur discours va-t’en guerre ( Cheney : « ...must not go unanswered » ; Rice : »This is not Prague in 1968 ») et trouvent un soutien chez le autres gouvernements des pays membres de l’OTAN, qui révèle de plus en plus son vrai visage : celui d’une alliance impérialiste offensive visant à l’hégémonie mondiale. Fidèle à son attitude dans le conflit israélo-palestinien et à son soutien inconditionnel à Israël, l’Europe reprend largement le bla-bla-bla usaméricain, avec juste un petit bémol dans le meilleur des cas - peut-être seulement parce qu’ils seraient les premières victimes (collatérales) d’une opération militaire et que quelques Européens encore en vie en ont fait l’expérience personnelle.

- La lie de l'humanité, je présume ?
- L'assassin sanguinaire de travailleurs, je suppose ?
Caricature de David Low dans l'Evening Standard de Londres après l'attaque allemande sur la Pologne et l'entrée simultanée de l'Armée rouge le 17 septembre 1939, en application du pacte Hitler-Staline

Quasiment en réponse à l’issue humiliante de l’attaque criminelle contre l’Ossétie du Sud la Pologne et les USA mettent à exécution leur vieux projet de positionnement d’antimissiles (« défensifs ») à la frontière russo-polonaise. Un processus que certains commentateurs ont comparé à au pacte d’assistance entre l’Angleterre et la Pologne avant la Deuxième guerre mondiale (6 avril 1939). On peut effectivement constater une certain parallélisme entre les deux - on pourrait en établir aussi entre leurs conséquences, possibles dans le second cas. L’Angleterre a perdu son empire mondial dans l’affaire (du point de vue des élites qui détenaient cet empire, il est possible de considérer qu’elle ne l’a pas perdu , mais qu’il a été transformé et modernisé). Il est possible que les efforts évidents des USA et de leurs alliés pour se mettre sur le dos, en plus des foyers de crise et de guerre actuels - Afghanistan et Irak - l’Iran et à sa suite tout le Proche-Orient, ainsi que des fronts de plus en plus militarisés en Europe centrale entraînent les mêmes conséquences : un conflit devenu incontrôlable et la fin du « siècle américain » avant même son début.

S’y ajoutent le conflit kossovar, qui n’est résolu qu’en apparence, et au prix d’une humiliation infligée à la Serbie, alliée traditionnelle de la Russie dans les Balkans, la poudrière nucléaire du Pakistan, la peur soigneusement attisée du fondamentalisme islamique, l’« option » de la frappe nucléaire et de la guerre contre l’Iran et pour finir l’endettement gigantesque de « l’unique superpuissance » , qui peut entraîner son insolvabilité (autrement dit : sa faillite), joint à l’état général inquiétant du système financier international. Dans ce contexte, la perspective d’un conflit mondial est loin d’être impensable . Et à coup sûr un tel conflit « redistribuerait les cartes » ( et s’accompagnerait sans doute d’une énorme chute de la population mondiale)

Comme c’était déjà le cas en 1939, il est bien difficile d’arrêter les élites quand elles ont commencé à jouer avec le feu (en 1939 il a été impossible d’empêcher la catastrophe.) La dissolution de l’OTAN, à qui la fin de l’union Soviétique a fait perdre toute raison d’être, constituerait un pas dans la bonne direction. C’est à cela que les peuples européens devraient pousser leurs gouvernements.


Et ce droit à l’autodétermination des peuples, dont on nous rebat les oreilles, serait pour une fois respecté !

dimanche 24 août 2008

Guerre d'Afghanistan : les Belges bougent, les Français restent cois

Bruxelles, jeudi 28 août 2008 de 17 à 18h30
Action de protestation contre l'envoi de F16 et de troupes belges
vers l'Afghanistan
devant le Ministère de la Défense(coin de l'avenue du Régent et de la Rue Belliart, Métro Trône)

Quelques jours avant que les F-16 belges et les troupes supplémentaires ne soient opérationnelles en Afghanistan, faisons tous savoir au ministre de la Défense De Crem que nous nous ne voulons pas de cet entraînement de notre pays dans laguerre.
L'action de protestation est basée surla pétition 'Pas de F-16 en Afghanistan', qui a déjà recueilli des milliers de signatures et que vous pouvez toujours
signer sur le site de la CNAPD
Avec des calicots, des animations, des prises de parole...
Venez nombreux et n'hésitez pas à solliciter la présence de vos amis et connaissances.
Un appel de Intal, Vrede et d'autres organisations

vendredi 22 août 2008

Pourquoi ne pas abolir l'OTAN, tout simplement ?

Obama, McCain bonnet blanc et blanc bonnet
par Rodrigue TREMBLAY, 20 Août 2008 .Traduit par Fausto Giudice,
Tlaxcala

[L'OTAN a pour objectif] "d’exclure les Russes, d’inclure les Américains et de tenir les Allemands sous la botte».
Lord Ismay, premier secrétaire général de l'OTAN

"Nous devons immédiatement convoquer une réunion du Conseil de l'Atlantique Nord pour évaluer la sécurité de la Géorgie et passer en revue les mesures que l'OTAN peut prendre pour contribuer à stabiliser cette situation très dangereuse."
Sénateur John McCain, (8 août 2008)

"Si nous avions travaillé de manière préventive avec la Russie, avec la Géorgie, en nous assurant que l'OTAN avait le genre de capacité, la présence et l'engagement idoines, nous aurions pu peut-être éviter ça" [L'invasion de l’Ossétie du sud par la Géorgie et la riposte russe subséquente ].
Tom Daschle, ancien chef de la majorité au Sénat et conseiller du sénateur Barack Obama, (17 août 2008)

"De tous les ennemis des libertés publiques, la guerre est peut-être le plus redoutable parce qu'elle contient et développe le germe de tous les autres ennemis."
James Madison (1751-1836), quatrième président des USA





Jaap de Hoop Scheffer, secrétaire général de l'OTAN, après la réunion des minsitres des Affaires étrangères de l'OTAN à Bruxelles, le 19 Août. Les alliés demandent à la Russie de respecter l'accord de cesses-le-feu avec la Géorgie mais accueillent avec réserve la demande US de geler les relations avec la Russie. Bref, les alliés de Washingtons se font quelque peu tirer l'oreille pour déclencher une nouvelle Guerre Froide. Photo Reuters

L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est une relique de la Guerre froide. Elle a été créée le 4 avril 1949 comme une alliance défensive des pays d'Europe occidentale avec le Canada et les USA pour protéger ceux-ci des empiétements de l'Union soviétique.

Mais depuis 1991, l'empire soviétique n'existe plus et la Russie a coopéré économiquement avec les pays d'Europe occidentale, en leur fournissant du gaz et du pétrole, et des matières premières en tous genres. Ceci a accru l'interdépendance économique européenne et, par conséquent, considérablement réduit la nécessité d'une telle alliance militaire défensive au-dessus et au-delà de la défense militaire des pays européens eux-mêmes.

Mais le gouvernement US ne voit pas les choses ainsi. Il préférerait garder son rôle de protecteur paternaliste de l'Europe et d’unique superpuissance au monde. L'OTAN est l’outil qui convient à cet effet. Mais peut-être le monde devrait-il s’inquiéter de ces gens qui sillonnent la planète avec un bidon d'essence dans une main et une boîte d'allumettes dans l'autre, se faisant passer pour des vendeurs d'assurances incendie.

En l’état actuel des choses, c’est un fait que le gouvernement et la nomenklatura des affaires étrangères US considèrent l'OTAN comme un outil important de la politique étrangère US d'intervention à travers le monde. Étant donné que de nombreux hommes politiques US ne soutiennent plus de facto l'Organisation des Nations Unies comme organisation internationale suprême consacrée au maintien de la paix dans le monde, une OTAN sous contrôle US semble être, À leurs yeux, un substitut plus attrayant à l'ONU pour fournir une couverture légale aux offensives militaires par ailleurs illégales qu’ils entreprennent à travers le monde. Ils préfèrent garder le contrôle total sur une petite organisation comme l'OTAN, même si elle est devenue une institution obsolète, que de devoir faire des compromis à l'ONU, où les USA ont néanmoins une des cinq voix de véto au Conseil de sécurité.

C’est la logique derrière les propositions visant à réorganiser, à réorienter et à élargir l'OTAN, afin de la transformer en un outil flexible de la politique étrangère US. C'est une nouvelle démonstration de ce que les institutions superflues ont une vie propre. En effet, lorsque leur vocation première n'existe plus, de nouveaux objectifs sont inventés pour les maintenir en vie.

En ce qui concerne l'OTAN, le plan est d'en faire une alliance politico-militaire impériale et offensive contre le reste du monde, en l’élargissant. Conformément au plan, l'OTAN serait élargie à l’Europe centrale et orientale pour inclure non seulement la plupart des anciens membres du Pacte de Varsovie (Pologne, République tchèque, Slovaquie, Bulgarie, Roumanie, Albanie et Hongrie) et bon nombre des anciennes républiques de l'Union soviétique(Estonie, Lituanie, Lettonie, Géorgie et Ukraine), mais aussi à l’Asie pour inclure le Japon, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud, et peut-être, au Moyen-Orient, admettre Israël. Aujourd'hui, l'OTAN, qui comptait au départ 12 membres, est passée à 26 membres. À l'avenir, si les USA atteignent leur objectif a sa manière, l'OTAN pourrait devenir une organisation de 40 membres.


Affiche du bloc d'opposition ukrainien Ne Tak ! (Pas comme ça !), qui mène campagne contre une adhésion de l'Ukraine à l'OTAN

Aux USA, tant les Républicains que les Démocrates voient la transformation de la vieille OTAN en cette nouvelle alliance offensive militaire comme une bonne idée (néocone) pour promouvoir les intérêts US partout dans le monde, ainsi que ceux de ses proches alliés, comme Israël. Ce n'est pas seulement une idée activement promue par l’administration néocone Bush-Cheney, mais aussi par les conseillers néoconservateurs des deux candidats à l'élection présidentielle US de 2008, le sénateur John McCain et le sénateur Barack Obama. En effet, les deux candidats sont d’enthousiastes partisans de l’interventionnisme militaire, et c'est essentiellement parce que tous deux s’appuient sur des conseillers provenant des mêmes milieux néocons.

Par exemple, la précipitation avec laquelle les Bush-Cheney ont imprudemment promis à l'ancienne république soviétique de Géorgie l'adhésion à l'OTAN et fourni un appui et un ravitaillement militaire US est un bon exemple de la manière dont l'OTAN est perçue à Washington DC par les deux principaux partis politiques US. D'une part, le candidat présidentiel républicain John McCain envisage un nouvel ordre mondial construit autour d'une "Ligue des démocraties» d’inspiration néocon qui remplacerait de facto les Nations Unies et par laquelle les USA gouverneraient le monde. D’autre part, le sénateur Barack Obama n'a pas une position très lointaine des propositions de politique étrangère du sénateur McCain. En effet, le sénateur Obama préconise l'utilisation de la force militaire des USA et des interventions militaires multilatérales dans les crises régionales, pour "des raisons humanitaires", même si ce faisant, l'ONU doit être court-circuitée.


Par conséquent, si jamais il obtient le pouvoir, il y a fort à parier que le sénateur Obama n'aurait pas de scrupule à adopter la vision du monde du sénateur McCain. Par exemple, les deux candidats à l'élection présidentielle seraient probablement favorables à la suppression de la clause « no first strike » (ne pas être les premiers à attaquer) de la convention de l'OTAN. On peut tenir pour acquis que quel que soit l’homme politique qui entrera à la Maison Blanche, le monde sera moins régi par les lois et moins sûr, et la situation ne sera guère meilleure qu’elle ne l'est sous l’administration voyoute des Bush-Cheney.

Il est toutefois difficile de voir en quoi ce nouveau rôle offensif attribué l'OTAN serait dans l'intérêt des pays d'Europe ou du Canada. L’Europe de l'Ouest, en particulier, a tout à craindre d'une résurgence de la guerre froide avec la Russie, et peut-être avec la Chine. La transformation de l’OTAN d’organisation militaire de défense de l'Atlantique Nord en une organisation militaire offensive d’envergure mondiale sous direction US va avoir des répercussions géopolitiques internationales à travers le monde, mais surtout pour l'Europe. L'Europe a une forte attraction économique pour la Russie. Alors pourquoi s’embarquer dans la politique agressive d'encerclement militaire de la Russie de l'administration Bush-Cheney par un élargissement de l'OTAN aux portes de la Russie la porte et en plaçant des boucliers anti- missiles juste à côté de la Russie? Ne serait-il pas mieux pour l'Europe de développer des relations économiques et politiques harmonieuses avec la Russie? Pourquoi préparer la prochaine guerre?

Quant au Canada, sous le gouvernement minoritaire du Néocon Steven Harper, il est malheureusement devenu de facto une colonie US en ce qui concerne les affaires étrangères, et cela, sans tout débat sérieux ni référendum à cet effet au Canada même. La dernière chose dont le Canada ait besoin serait de poursuivre sur cette route minée.

En conclusion, il semblerait que l’ idée humaniste de faire la promotion de la paix, du libre-échange et du droit international comme fondements de l'ordre mondial a été écartée au profit d'un retour à la politique de grande puissance et à la diplomatie de la canonnière. Il s'agit d'un retour en arrière de 100 ans.

C’est une honte.


McCain (en bas, à dr.) peu avant sa capture par les Vietnamiens en 1967 : un héroïque guerrier



Obama reçu par le Général Petraeus à Baghdad le 21 Juillet 2008 : aucune expérience guerrière mais ne demande qu’à apprendre. Photo Reuters

jeudi 21 août 2008

Et la France profonde découvre qu’elle est en guerre

par Fausto Giudice, Basta !, 21 Août 2008

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Le 20 Août, en pleines vacances, alors que le bon peuple de France se traînait nonchalamment entre les pages bondées et les écrans de télé pour suivre les prouesses des athlètes à Pékin, tentant de maîtriser le stress qui commençait à le prendre à l’idée qu’il allait bientôt devoir reprendre le chemin du « travailler plus pour gagner moins », la nouvelle a éclaté comme un coup de tonnerre dans un ciel serein : 10 valeureux jeunes soldats français sont morts dans le lointain Afghanistan, dans une embuscade tendue par les horribles Talibans à 50 km à peine de Kaboul. Ce qui a porté à 22 le nombre de soldats français tués depuis 2002. ce qui est peu par rapport aux 100 soldats britanniques tués. Et n’est rien par rapport aux milliers d’Afghans tués. Et par Afghans, j’entends hommes armés, hommes désarmés, femmes, enfants, vieillards.
Et le bon peuple a ainsi découvert que son armée était engagée en Afghanistan, et qu’elle y faisait la guerre. Il aura fallu six ans pour que les Français se rendent compte qu’ils étaient, à leur corps défendant, engagés dans une guerre.
Une guerre mondiale ?
Pas tout à a fait.
Une guerre locale ?
Pas non plus.
Non, une « guerre des mondes ».
Deux mondes s’opposent dans les montagnes et les plaines d’Afghanistan : d’un côté, il y a les bons, la « Coalition » regroupant 70 000 soldats d’une quarantaine de pays. Officiellement, ils ne sont pas là pour faire la guerre, mais pour faire la paix, pour reconstruire le pays et, surtout, pour libérer les femmes, ces malheureuses Afghanes enfermées dans des voiles-cages. De l’autre côté, il y a les « méchants », les barbus, les « terroristes », les « talibans », « Al Qaïda ». Donc, ces soldats sont aussi là pour combattre le terrorisme. C’est ce que George Bush appelle « la guerre mondiale contre le terrorisme », « Global war against terror ». Sauf que les "terroristes" afghans bénéficient apparemment du soutien d'une très grande partie d ela population.
Depuis six ans que cette guerre dure, l’opinion française s’en est fichue comme de sa dernière culotte, de cette guerre qui n’est pas une guerre. La gauche et l’extrême-gauche n’ont pas organisé une seule manifestation. Rien, rien, rien. Silence radio et consensus total. Cela n’a guère été différent en Espagne et en Italie, où la gauche institutionnelle a retiré ses troupes d’Irak pour mieux les engager en Afghanistan. Il y a eu plus de remous en Allemagne, au Danemark, en Suède, en Norvège et au Canada, mais sans grandes incidences sur le cours des choses : « j’y suis, j’y reste », telle est la devise de la Coalition baptisée ISAF/FIAS.
De fait, les alliés des USA sont chargés de boulot du soutien logistique et civil, en quelque sorte du « service au sol » pour les boys US qui, eux, font le sale boulot, ou du moins sont censés le faire, c’est-à-dire prenant sur eux de commettre crimes de guerre et autres bombardements de population civiles avec des bombes à l'uranium appauvri.
Les Français et les Européens, eux, tentent de garder les mains propres et essayent plutôt de creuser des puits et d’accoucher des femmes.
Mais qu’allaient donc faire les soldats français dans cette galère,, se demande soudain M. Dupont-Durand. Un « travail indispensable », a répondu le Président. Et son ministre Bockel d’appeler à « l’union nationale », disant que l’heure n’était pas aux critiques.
C’est que la gauche et l’extrême-gauche semblent s‘être soudain réveillées : le PCF et la LCR demandent un retrait des troupes, le PS se contente de dire qu’il faudrait « rééxaminer la mission des soldats français en Afghanistan ». Le Front national est le plus virulent dans la dénonciation de cette guerre qui ne dit pas son nom.
Le 21 Août 1968, il y a exactement quarante ans, les chars soviétiques et est-allemands du pacte de Varsovie pénétraient dans Prague, mettant fin à un printemps trop court. Les jeunes Tchèques écrivirent sur les murs : « Lénine, réveille-toi, ils sont devenus fous » et chantèrent aux soldats soviétiques une chanson de leur composition dont le refrain disait : « Ivan, rentre chez toi, Natacha t’attend ».
Les résistants afghans devraient aller écrire sur les murs des baraquements français à Kaboul : « Jaurès, réveille-toi, ils sont devenus fous. »
Jean Jaurès, l’homme qui osa dire non à l’Union sacrée pour la guerre en 1914 et le paya de sa vie. Jean Jaurès, que le candidat Sarkozy se fit fort de citer dans ses discours écrits par Henri Guaino.
Et
les résistants afghans pourraient chanter : « Kevin, rentre chez toi, Jessica t’attend ».
NOTE À L'USAGE DES BLOGUEURS ET WEBMASTERS : prière, en cas de reprise, de mentionner la source de l'article COMME CECI : Basta ! Journal de marche zapatiste, http://azls.blogspot.com. Merci.

mercredi 20 août 2008

Reprise des affrontements à Sidi Ifni/ عودة الأشتباكات بسيدي إقني

Depuis lundi 18 Août, la ville de Sidi Ifni est de nouveau en proie aux violences policières, suite à de nouvelles manifestations organisées par la population, pour demander notamment la libération des personnes arrêtées suite au samedi noir du 7 juin. La population exige d’avoir le contrôle sur les ressources naturelles, en premier lieu, le poisson. Les forces de police sont intervenues pour permettre aux nombreux camions chargés de poisson de quitter le port à destination des usines d’Agadir et du Nord.
Des affrontements ont eu lieu dans tous les quartiers de la ville et se sont poursuivis tard dans la soirée de mardi et continuent ce mercredi 20 Août.

Lire l’article d’afrik.com
Maroc : le feu couve encore à Sidi Ifni

منذ الإثنين 18 غشت أصبحت مدينة سيدي إفني من جديد فريسة القمع البوليسي ، لقد انطلقت مظاهرات جديدة منظمة من طرف الساكنة من أجل المطالبة بالإقراج عن معتقلين أحداث يوم السبت 07 يونيو و الساكنة تلح على ضرورة مراقبة الموارد الطبيعية و على رأسها الثروات البحرية . و تدخلت قوات القمع من أجل فك الحصار على مجموعة من الشاحنات المحملة بالأسماك في اتجاه معامل التصبير بأكادير و الشمال .
و تمت مواجهات في جميع أحياؤ المدينة التي استمرت إلى وقت متأخر من ليلة الثلاثاء و من المحتمل أن تستمر يوم الأربعاء 20 غشت








Reportage de la chaîne télévisée Al Arabiya sur Sidi Ifni (28 minutes), diffusé début août 2008/ مراسلة قناة العربية حول سيدي إفني ( 28 دقيقة) تم نشره في بداية غشت







Mikhaïl Saakaschvili, héros de l'Occident

mardi 19 août 2008

Mise au point

Un nombre important de sites web ont repris, sans me consulter, mon article sur le licenciement de Richard Labévière. Je n'ai ni les moyens ni le temps de vérifier que tous l'ont fait en respectant un minimum de déontologie, c'est-à-dire en citant la source de l'article. Certains ne l'ont pas fait. Je leur ai demandé de rectifier cette omission. Certains l'ont fait, d'autres non. Je tiens donc à préciser que je n'ai aucun lien ni contact avec les sites d'extrême-droite qui ont repris mon article.La seule version intégrale faisant foi est celle publiée sur le blog Basta ! (http://azls.blogspot.com/) et sur le site http://www.tlaxcala.es/.

Fausto Giudice, 19 Août 2008

samedi 16 août 2008

Richard Labévière licencié de RFI : nettoyage ethnique à France Monde


Le 12 août 2008, Richard Labévière, écrivain et journaliste de réputation internationale, a été licencié de Radio France Internationale, dans des conditions de brutalité inouïe, qui témoignent des nouvelles méthodes de gestion sous la présidence de Nicolas Sarkozy et du triomphe néo-conservateur de l'équipe atlantiste gravitant dans la sphère directoriale du pôle audiovisuel extérieur français (TV, France24, RFI) sous la houlette de Christine Ockrent, épouse du ministre transfuge des Affaires étrangères français.
Ce licenciement avait été anticipé par une préparation psychologique sous-traitée par la SDJ (la Société des jounalistes) qui s'étonnait déjà, bien avant la convocation du journaliste présumé fautif des conditions de réalisation de l'objet du délit: l'interview du président Bachar al Assad, en prélude à sa visite en France.
La raison invoquée pour ce licenciement sec est en effet tout bonnement surréaliste : Richard Labévière est accusé de ne pas avoir informé la direction de la radio de l’interview du président syrien Bachar El Assad qu’il avait réalisée à Damas et qui a été diffusée le 9 juillet par TV5 et le 10 Juillet par RFI, à la veille de la venue officielle d’El Assad à Paris, sur invitation du président Sarkozy.
Richard Labévière n’est pas un vulgaire Siné*. Il a été successivement rédacteur en chef de RFI – poste dont il a été dégommé de fait pour avoir apporté son soutien à Alain Ménargues**, lui-même contraint à la démission pour « antisémitisme » sur demande de l’ambassadeur d’Israël en France, Nissim Zvili – puis responsable de l’émission matinale « Propose ? », qui lui a été retirée en 2005, sur demande du même ambassadeur.
Il ne lui restait plus que l’émission « Géopolitique, le débat », 40 minutes le samedi. Il ne l’a plus.

Dessin de Juan Kalvellido, Tlaxcala


Bernard Kouchner doit rencontrer Bachar El Assad mardi à Damas. On est curieux de savoir comment il expliquera le licenciement de Labévière. Évoquera-t-il le dernier livre publié par le journaliste en collaboration avec le philosophe Bruno Jeanmart, Bernard-Henri Lévy ou la règle du Je***, une charge en règle contre le satrape médiatique BHL ? Ou bien expliquera-t-il à son hôte syrien qu’ « on » ne supportait plus d’entendre Labévière dire que la capitale d’Israël était Tel Aviv et non pas Jérusalem ?
Et comment Kouchner expliquera-t-il ce licenciement incroyable à Madame Anne Gazeau-Secret, son ambassadrice à La Haye, aux Pays-Bas, et par ailleurs épouse de Richard Labévière ?
Et quand donc les médias français se résoudront-ils à rendre publique l’information sur ce licenciement ? À l’heure où j’écris, quatre jours après ce licenciement, aucun d’entre eux n’a soufflé mot de l’affaire. L’unique information parue dans le monde l’a été dans des médias arabes : Assafir et Al Manar à Beyrouth, Al Quds Al Arabi à Londres et un site web d’Alep en Syrie. Bizarre ? Vous avez dit bizarre ?
En conclusion, je ne peux donc qu’encourager les lecteurs désirant être informés en temps réel sur les faits et méfaits de la France sarkozyenne à s’atteler à la tâche d’apprendre l’arabe. Pour ceux qui n’ont pas attendu mes recommandations pour le faire, je leur conseille de lire
l’excellent article de Mohamed Balut, correspondant à Paris du quotidien beyrouthin Assafir Pour ceux qui ignorent encore cette langue, voici un résumé rapide de l’article :

« À la suite de son interview d’El Assad
Licenciement d’un journaliste français sympathisant de la cause arabe
Le fait d’avoir parlé au président Bachir El Assad a pu coûter au journaliste français, au-delà de l’amertume, son poste à RFI et à TV5 ;Les médias officiels français ne paraissent pas être au courant qu’il y a un rapprochement franco-syrien, ou alors ils cherchent à l’ignorer. Richard Labévière a commis des dizaines d’articles soutenant la cause palestinienne et 2 livres l’an dernier, dont l’un avec Pierre Péan, « Bethléhem en Palestine » (l’auteur fait une erreur, ce livre date
de 1999, FG). À la suite de cette publication, il a trouvé sur son bureau une lettre
disant « On va t’écorcher la peau ». La question se pose après son licenciement : est-il possible de critiquer Israël dans les médias français ? Nous rappelons toutefois que Labévière a affronté dans son livre « La règle du je », le philosophe juif BHL, lequel, dans une série d’articles dans sa revue « La règle du jeu » criminalisait toute personne critiquant israël. Alain Ménargues avait déjà payé le prix, Pascal Boniface, le chercheur français connu, a été isolé par une violente campagne de presse lorsqu’il a publié son livre avec le titre-phare « Est-il permis de critiquer Israël ? »S’agit-il d’une coïncidence que ce soit la même équipe constituée de Pierre Ganz, responsable des émissions en français de RFI, Frank Weil-Rabaud et Nicolas Vespucci, qui avait mené campagne contre Ménargues, qui a pris l’initiative de mener campagne contre Labévière. Et qui a manifesté son soutien à Richard Labévière ? Uniquement la CFDT… »


Notes
* Dessinateur satirique et anarchiste licencié pour « antisémitisme » de l’hebdomadaire Charlie-Hebdo par son chef néocon Philippe Val pour avoir écrit que Jean Sarkozy, le fils de Nicolas, s’apprêtait à se convertir au judaïsme en prévision de son mariage avec l’héritière des magasins Darty.
**Auteur de deux livres que les autorités israéliennes et leurs partisans français ne lui ont pas pardonné :
Les Secrets de la guerre du Liban : Du coup d'état de Béchir Gémayel aux massacres des camps palestiniens et Le Mur de Sharon.
*** Allusion au titre de la revue dirigée par Bernard Henri-Lévy, La Règle du jeu

PS : Je ne peux que vous encourager à suivre mon exemple et à signer la pétition suivante :

Abus de pouvoir et délits d'opinion: la presse française une nouvelle fois muselée et son pluralisme violemment attaqué dés lors qu'il est question des Proche et Moyen Orient. L'audiovisuel extérieur français (RFI, TV5 Monde et France24) dirigé par l'épouse du Ministre français des Affaires étrangères, Christine Okrent, et le publicitaire Alain de Pouzilhac reprennent en mains les options éditoriales de trois grands médias publics pour leur imposer une pensée et un discours uniques inconditionnellement pro-israélien. Le licenciement estival et précipité de Richard Labévière, Rédacteur en chef à RFI et spécialiste des Proche et Moyen Orient pour avoir interviewé le Président syrien Bachar el Assad, s'inscrit dans la logique d'une nouvelle atteinte au pluralisme journalistique, à la liberté d'expression, et aux Droits de l'homme en France; le pays des principes de la philosophie des Lumières. Ne laissons pas l'arbitraire et le diktat idéologiques s'installer en France.

Signez la pétition

Documents
"Cette histoire estivale s’inscrit dans l’orwellisation en cours de la presse française, la remise en cause du pluralisme journalistique et de la liberté d’expression au pays des Lumières. Avec, pour horizon, la volonté d’imposer une lecture unique, néo-conservatrice, de la politique, des crises et des relations internationales. Défendre la liberté d’expression et les droits de l’homme face à leurs violations caractérisées en Chine ou ailleurs, c’est bien. À condition de s’appliquer à soi-même ces beaux principes et de commencer par balayer devant sa porte."
Richard Labévière

Communiqué de la CFDT
L’intervieweur français du président syrien Bachar al-Assad licencié par RFI !

Le 8 juillet dernier, Richard Labévière, rédacteur en chef à RFI, obtenait en exclusivité pour RFI et TV5-Monde une interview du président syrien Bachar al-Assad, à la veille de sa venue à Paris.
Dans n’importe quel organe d’information, cette réussite aurait été saluée par la Direction. A RFI, il en est autrement : faire son métier est passible de licenciement. Celui-ci a été notifié à Richard Labévière, ce lundi 11 août, malgré un enchainement de fautes de procédures. En dépit de dysfonctionnements internes et imputables aux seules directions de RFI et TV5-Monde, le dossier d’accusation reste désespérément vide.
A moins de trois semaines du voyage du président de la République Nicolas Sarkozy en Syrie, la direction de l’Audiovisuel Extérieur de la France licencie l’un des journalistes experts des questions proche et moyen-orientales, infligeant ainsi un camouflet aux autorités syriennes qui avaient décidé d’accorder cette interview à Richard Labévière. Mais peut-être que la Directrice générale de l’Audiovisuel Extérieur de la France saura en informer à temps le ministre des Affaires étrangères ? Cet incident grave constitue le dernier épisode caractérisant l’attitude répétitive de harcèlement de la direction de RFI à l’encontre de Richard Labévière, portant atteinte à ses droits et à sa réputation professionnelle.
Depuis son entrée à RFI en 2000, il a été mis fin à ses fonctions de chef du service Etranger en 2003. Ses nouvelles fonctions d’éditorialiste international ont été brutalement interrompues en octobre 2005. Depuis lors, il n’a conservé que la production du magazine hebdomadaire « Géopolitiques ».
Paris, le 12 août 2008

Lettre à RFI

Richard Labévière à
Madame Martine Paris
Directrice des ressources humaines
Radio France Internationale
116, avenue du Président-Kennedy
BP 951675762 Paris cedex
CC : Alain de Pouzilhac, Christine Ockrent, Geneviève Goëtzinger, Pierre Koelsch.
Constat : j’ai procédé pour l’interview du président syrien comme je l’ai fait pour les derniers grands entretiens effectués dans le cadre du magazine « Géopolitiques » - dont j’étais le producteur responsable - sans que cela soulève la moindre remarque de ma hiérarchie. Ainsi : le sociologue Edgar Morin (23/12/2006) ; l’ethnologue Jean Malaurie (7/4/2007) ; le général libanais Michel Aoun (2/6/2007) ; l’ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine (17/11/2007) ; le juge international Claude Jorda (29/12/2007) ; le philosophe Régis Debray (28/2/2008) et le conseiller spécial du Président de la République Henri Guaino (19/07/2008) .
Question : comment se fait-il qu’un tract de la SDJ (Société des journalistes de RFI) affirme dès le 11 juillet, c’est-à-dire cinq jours avant le lancement de la procédure de mon licenciement : « La SDJ s’est étonnée des conditions d’obtention de l’interview du président syrien Bachar al-Assad. Cette interview a été négociée par un journaliste de RFI sans que la hiérarchie et le service international n’en soient informés ». Comment la SDJ était-elle au courant ? Comment la SDJ a-t-elle eu accès aux pièces du dossier disciplinaire avant même que celui-ci ne soit officiellement constitué ?"
Enfin, je ne vois toujours pas quel préjudice l’Audiovisuel extérieur de la France aurait subi à cause de cette interview. RFI et TV5-Monde qui l’ont diffusée, ne sont-elles pas les filiales de cette seule entité ? La nouvelle directrice de TV5-Monde vient, du reste, d’annoncer le lancement d’une émission de politique internationale coproduite par RFI et TV5-Monde.
Dès lors que j’ai informé ma hiérarchie de l’accord définitif de la présidence syrienne pour l’interview, dès lors que j’ai demandé, sans succès, un technicien de reportage (le Tour de France vous apparaissait alors prioritaire !), dès lors que je suis parti à Damas, précipitamment il est vrai, mais avec l’aval de ma hiérarchie, je ne comprends pas quelle prétendue déloyauté peut m’être reprochée.
Vous n’ignoriez ni le fait que l’interview était également filmée par votre partenaire TV5-Monde, ni le fait que le président Assad n’avait agréé qu’un seul journaliste pour cette interview, en l’espèce moi-même.
Pour l’ensemble de ces raisons, j’estime que mes droits fondamentaux de citoyen, de travailleur et spécialement de journaliste n’ont pas été respectés et que les motifs du licenciement portent atteinte à mon indépendance de journaliste et au respect tant de ma personne que de mon travail.
La gravité de la situation m’amène à saisir sans délai les juridictions compétentes.
(Extraits)


Censures françaises, Richard Labévière
par
Cinesoumoud