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USA 1960's | Urbanisme Underground | Architectures Alternatives






« Nous sommes à l'aube d'une révolution qui sera différente de celles du passé parce qu'elle sera faite par la culture et par l'individu ; elle ne changera la structure politique qu'en dernier ressort. Elle n'aura pas besoin de la violence pour réussir et on ne pourra pas, avec succès, lui résister par la violence. »


Charles Reich, professeur de Droit à l'université de Yale.
(The Greening of America, 1970).





Les conquêtes simultanées de nouveaux territoires jamais explorés, pour la seule année 1969, effectuées par les ou aux États-Unis, stupéfièrent son peuple et le monde entier ; sans doute, la plus spectaculaire aura été la conquête spatiale concrétisée le 21 juillet avec les premiers pas d’humains sur la Lune ; peu après, le 15 août débutait le festival de Woodstock ayant réuni 500.000 spectateurs-acteurs, un évènement inédit, et un des espaces symboliques – et aussitôt mythiques - de représentation de force de la contre-culture rebelle, où à peu près toutes les valeurs de l’Amérique bien pensante conservatrice étaient bafouées publiquement : Sex, Drugs and Rock’n Roll servaient la propagande anti-militaire et anti-raciste ; un autre espace s’ouvre également à l’Humanité, immatériel et plus confidentiel mais à la portée tout aussi exceptionnelle : le réseau informatique avec la naissance le 29 octobre, d’Arpanet (Advanced Research Projects Agency Network), ancêtre d’internet et des communautés virtuelles.



Ces trois événements – Apollo (technique), Arpanet (communication), Woodstock (contre-culture)[1] – symbolisent la fin d’une longue époque emprunte de passéisme, et marquent la transition avec un Nouveau monde entièrement tourné vers un futur encore incertain, interrogeant les avenirs possibles, souhaitables de l’Humanité, et donc, naturellement, leurs caractères utopiques, futurs radieux ou irradiés, consacrés en particulier par les architectes visionnaires ou sceptiques des avant-gardes, inspirés par à la fois les nouvelles technologies et les aspirations du monde contre-culturel et de sa propre utopie, concrétisées bien avant l’année 1969, et elles-aussi, ayant interrogées ou scandalisées les Américains ; 1969, première année également de la présidence de Nixon, bien décidé à éradiquer la moindre contestation .[2]


CUBA | Villes et Révolution


Cuba, La Havane, image du film Soy Cuba de Mikhail Kalatozov

Les grandes villes n'aiment pas la Révolution, quelque soit leur nature, et les révolutionnaires apprendront à s'en méfier ; ainsi le Parti Communiste Chinois persécuté dans les villes, s'exilera en 1928 dans les campagnes les plus reculées, Ho Chi Minh opéra la même stratégie, face à la terrible répression à Hanoï et Saigon, faite par la police militaire française, et par la suite, l'armée nord-vietnamienne essuya une grave défaite lors de l'offensive du têt contre les villes ;  les combattants algériens du Front de Libération National, décimés par les mêmes tortionnaires militaires français, abandonnaient Alger, en 1957. Les zones rurales, de montagne et de jungle – d'accès et de contrôle difficiles, par leur étendue, au contraire de l'espace limité des centres urbains – constituaient des lieux de retraite et des refuges efficaces, puis les meilleurs sanctuaires pour les révolutionnaires, mais également un prodigieux réservoir de militants, et notamment de paysans pauvres. 

Les révolutionnaires cubains ne prendront guère exemple sur ces expériences : la stratégie politico-militaire initiale décidée par les dirigeants de la Direction nationale du mouvement du 26 juillet – le M-26 -, présidée par Fidel Castro, pour mener à bien la révolution à Cuba, était de s'appuyer sur une insurrection urbaine générale, un « coup de force » initié par les milices urbaines du M-26 de Santiago de Cuba et de La Havane, devant s'étendre,  par un effet de Domino irréversible,  à toutes les villes du pays, entraînant spontanément le peuple urbain dans leur révolution, rappelons-le, non-socialiste, anti-dictatoriale et exigeant une véritable démocratie.

Abraham Guillén | Guérilla Urbaine


Justement en 1965, quand j'ai publié « Stratégie de guérilla urbaine », les « Tupamaros » ont vu une lumière, puisque je disais que les « forêts de ciment sont plus sûres que les forêts d'arbres ». Et que les villes ont plus de ressources logistiques que la campagne. Et comme notre civilisation est capitaliste et qu'elle concentre le capital et les populations dans les villes à un rythme accéléré, dans des pays comme l'Uruguay avec plus de 80 % de population urbaine, il était absurde d'aller faire la guerre révolutionnaire à la campagne, où il y a plus de vaches et de moutons que de population rurale.

Abraham Guillén, anarchiste révolutionnaire inconnu en France, a été l'un des premiers théoriciens post guerre mondiale de la guérilla urbaine ; en 1965 est édité Stratégie de la guérilla urbaine qui inspira le révolutionnaire brésilien Carlos Marighela – Manuel de la guérilla urbaine paru en 1969 - et les Tupamaros en Uruguay – Nous les Tupamaros brochure éditée en 1971. Suivent ensuite, La guérilla urbaine et les Tupamaros (1972), The philosophy of the urban guerrilla (1973), La epopeya de la defensa de Madrid : combates homéricos de un pueblo invicto en 1975, Revalorización de la guerrilla urbana (1977), El error militar de las izquierdas. Análisis estratégico de la guerra civil española 1936-1939 (1980), et enfin, Stadt-guerrila in Lateinamerika paru en 1984. 

Habile théoricien, brillant économiste diplômé en Sciences Économiques, Abraham Guillén, né en Espagne en 1913, fut aussi un guérillero. Il s'engage dans la guerre civile d'Espagne dans les rangs anarchistes de la XIVème Division de l’armée républicaine, emmenée par l’anarchiste Cipriano Mera ; il est capturé par les franquistes en 1939, mais, exploit, s’évade en 1942 et intègre le Comité national clandestin de la CNT ; à nouveau capturé en 1943, il s’évade et gagne la France en 1944, puis l'Argentine en 1948 ; il s'engage alors dans le groupe révolutionnaire Uturunco, pratiquant la guérilla rurale et urbaine dans le Nord de l'Argentine entre 1959 et 1960. Capturé, emprisonné, puis libéré, on le retrouve en 1961 à Cuba en instructeur militaire, puis il se rend en Uruguay rendre visite aux Tupamaros, comme il fut le conseiller militaire d'autres groupes révolutionnaires d'Amérique du Sud. Il renonça à la lutte armée et aida plusieurs expériences sociales libertaires, notamment au Pérou durant la dictature de gauche du président Velasco,  puis plus tard en Espagne, avec le syndicat CNT et la Fondation libertaire Anselmo Lorenzo, sans renoncer à son poste d'expert international de l’Organisation Internationale du Travail. 

Carlos MARIGHELLA | Manuel de GUERILLA URBAINE


Carlos MARIGHELLA

Ação Libertadora Nacional



En 1964, au Brésil, un coup d'Etat militaire instaure une dictature. Carlos Marighella, né en 1911 est un politicien, alors membre officiel du parti communiste brésilien. Il se rapproche des théories de Fidel Castro et de Che Guevara, est attentif aux mouvements révolutionnaires en Uruguay et en Argentine, ainsi que du Front populaire de libération de la Palestine, ce qui lui vaut, en 1967, d'être expulsé du parti qui oeuvrait pour la paix sociale et une légitimisation parlementaire. Comme dans la plupart des pays du monde, un grand nombre de jeunes étudiants, convaincus de la nécessité d'une lutte armée et contre l'immobilisme du parti communiste vont rejoindre les rangs des organisations politiques de la Gauche extraparlementaire et des groupes révolutionnaires armés. Carlos Marighella fonde ainsi en 1968 l'ALN, Ação Libertadora Nacional, (Action de Libération Nationale) en recrutant notamment dans les milieux universitaires. L'ALN deviendra une des principales forces révolutionnaires du pays, avec la VPR (Vanguarda Popular Revolucionaria) et le MR-8 (Movimento Revolucionario 8 de Outubro). Les premières actions de guérilla urbaine furent ainsi lancées ( hold-up de banques, contrôle d'une station de radio et diffusion de son manifeste-, attaque des postes de police, dynamitage de casernes de l'armée, etc.). Ses actions les plus spectaculaires sont les enlèvements de diplomates étrangers, dont notamment l'ambassadeur américain. Le gouvernement adopte des mesures répressives (rétablissement de la peine de mort, exil d'opposants politiques, censure des journaux, nouvelle Constitution amendée pour procéder à des arrestations en cas de menace à la sécurité nationale, etc). La Central Intelligence Agency (CIA) collaborera en infiltrant les mouvements de guérilla. Marighella fut finalement tué dans une embuscade policière en novembre 1969. 8000 personnes seront arrêtées, et les escadrons de la mort, formés au sein des forces policières, feront environ 1000 morts. La guérilla sera écrasée dès la fin de 1971.

URBANISME-S DE GUERRE | Vietnam




Tout l'enjeu des guerres du Vietnam fut le contrôle des populations rurales, de disputer à l’ennemi la confiance et l’estime des paysans, puis leur adhésion, leur soumission à un programme idéologique. Une guerre politique de « contrôle des corps », condition préalable au « contrôle des âmes », et selon le stratège Charles Lacheroy cette guerre a pour principal objectif le contrôle de « l’arrière » [1], c’est-à-dire de la population : « le problème numéro un, c’est celui de la prise en main de ces populations qui servent de support à cette guerre et au milieu desquelles elle se passe. Celui qui les prend ou qui les tient a déjà gagné. » Le Peuple plutôt que le territoire est à conquérir.

Afin d'y parvenir, le président dictateur du Sud Vietnam Ngô Đình Diệm décida d'une grande réforme rurale, dans le cadre plus large de sa révolution totale, imposant aux villageois des hameaux et villages isolés, un déplacement regroupement dans des Agrovilles, Agro-hameaux et Hameaux stratégiques fortifiés, remparts contre la propagande communiste. Entre 1957 et 1963, près de sept millions de paysans – près de la moitié de la population totale - ont été forcé d'abandonner leurs maisons et rizières pour rejoindre des « Centres de prospérité » les suspects étaient condamnés aux « Centres de ré-éducation ».


Chris Ealham | BARCELONE contre ses Habitants


Les ouvrages concernant l'urbanisme insurrectionnel, révolutionnaire sont rarissimes. Est aujourd'hui préférée la sacro-sainte question du Pourquoi, au détriment du Comment, question abandonnée à la science militaire-policière. L'ouvrage de Chris Ealham est donc bienvenu (remercions au passage l'éditeur !), par le thème abordé, « les aspects socio-temporels, symboliques, pratiques et spatiaux de l’urbanisme révolutionnaire à Barcelone » et une analyse remarquable. Passons sur ses références au Droit à la ville d'Henri Lefevbre, l'étude est objective car sans complaisance aucune, mais malheureusement bien trop courte, une centaine de pages seulement pour un aussi vaste sujet d'étude, concernant « la plus grande ville industrielle d'Espagne qui a connu plus de combats de barricades que n'importe quelle autre ville du monde » comme l'évoquait Engels dans Les Bakouninistes en action (1873). Cette culture de l'organisation insurrectionnelle de l'espace urbain, cet héritage transmis de génération en génération de luttes ouvrière et anarchiste, cette « mémoire sociale » servira les insurgés de juillet 1936, juge ainsi Chris Ealham. Ces vaillantes et victorieuses barricades, ces comités de quartier, entre autres, seront, pouvons-nous ajouter, les derniers sérieux obstacles érigés à Barcelone contre le fanatisme du capitalisme, et le terrorisme d'Etat.

BELGIQUE | Cellules Communistes Combattantes




Cellules Communistes Combattantes
Entretien avec Bertrand Sassoye
2013


L'histoire de la guérilla révolutionnaire en Europe de l'Ouest fait toujours l'objet d'un véritable refoulement. Les causes de cette amnésie proviennent, à divers degrés selon les pays, d'un cadre législatif oppressif, limitant le droit aux anciens militants de s'exprimer sur leur passé révolutionnaire (en France de “s’abstenir de toute intervention publique relative à l’infraction commise”[1]), interdisant la remise en question de l'historiographie “officielle” (en Allemagne ceux qui affirment publiquement que les prisonniers de la Fraction Armée Rouge détenus à Stammheim ont été «  suicidés  » peuvent être poursuivis et condamnés suivant le §90a du code pénal ''insulte à l'Etat'' ou suivant le §129 “propagande pour une organisation terroriste”), ou bien encore en accordant une remise de peine à un prisonnier politique qui renie publiquement son engagement dans la “violence armée”, le "terrorisme" (en Italie, loi sur la “dissociation” de 1987).

Cette forme insidieuse d'état d'exception laisse ainsi aux journalistes, spécialistes et historiens anti-révolutionnaires (capitalistes et communistes), la plus grande liberté d'expression, refusée à d'autres, un espace public hégémonique – dans le sens de Gramsci - pour l'élaboration, la production historiographique, mémorielle – et “émotionnelle” - d'un passé conforme à l'idéologie dominante [2] et pour sa diffusion. Cette hygiénisation ou hypertrophie historiographique complète les dispositifs judiciaires visant à littéralement s'acharner contre d'anciens militants aujourd'hui inoffensifs citoyens (les extraditions par exemple), à les maintenir en prison pendant des décennies (24 ans pour Jean-Marc Rouillan, 30 ans pour Georges Ibrahim Abdallah, etc.). Au-delà, l'«  affaire Tarnac  » démontre à l'évidence, l'appréhension des gouvernements de voir surgir des cendres politico-idéologiques d'hier, des groupes radicaux, ou selon le philosophe Agamben «  que les peuples eux-mêmes se radicalisent devant l'évident scandale qu'est l'ordre présent des choses.»


Afrique du Sud | Insurrections Urbaines | 1984 - 1987






David Goldblatt


« C’était la réalité et la menace de la lutte armée qui avaient amené le gouvernement au seuil des négociations.»

Nelson Mandela
Prix Nobel de la Paix


UMKHONTO WE SIZWE 
INSURRECTIONS URBAINES| 1984 - 1987


Ce quatrième opus consacré à Umkhonto We Sizwe concerne la période des grandes insurrections urbaines que connut l'Afrique du Sud entre septembre 1984 et 1987. 



UMKHONTO WE SIZWE | Guérilla Urbaine





« Pendant les moments les plus tristes, Amnesty International ne faisait pas campagne pour nous parce que nous avions utilisé la lutte armée et cette organisation ne défendait aucune personne qui avait choisi la violence. C’était pour cette raison que je pensais que le comité Nobel ne retiendrait jamais pour le prix de la paix le nom de l’homme qui avait créé Umkhonto weSizwe. »

Nelson Mandela
Prix Nobel de la Paix


UMKHONTO WE SIZWE 
Guérilla Urbaine 
1961 - 1964


Umkhonto weSizw, [Fer de Lance], l'alliance armée de l'AFrican National Congress [ANC] et du South Africa Communist Party [SACP], fut créé en 1961 sous l'initiative de la jeune garde menée par Nelson Mandela, son premier commandant. Refusant le modèle de Gandhi d'une lutte pacifiste de désobéissance civile, Nelson Mandela préférait les conquêtes militaires de Ho Chi Minh, du Front de Libération d'Ahmed Ben Bella, de Fidel Castro et du commandant Guevara, qu'il citait en exemple [1].

Cette deuxième partie concerne le processus de formation de Umkhonto [ou MK], la période de la guérilla urbaine, jusqu'à sa complète défaite et son exil en Tanzanie amie. Les  larges extraits du récit autobiographique de Nelson Mandela, LONG WALK TO FREEDOM, que nous présentons ici, retracent l'histoire,  et celle de son expérience dans la lutte urbaine menée par les résidents du quartier Sophiatown à Johannesburg, contre leur éviction ; importante car son échec renforça encore sa détermination à engager le processus de la lutte armée : « A un certain moment, on ne peut combattre le feu que par le feu. »

Gauche Prolétarienne | Luttes Urbaines


Occupation illégale | Secours rouge | 1972


Mai 68 n'est certainement pas « un coup de tonnerre dans un ciel serein », les événements de mai sont précédés d'une longue gestation : de la mobilisation contre la guerre d'Algérie, puis du Vietnam, des grandes grèves ouvrières, dont celle de l'usine Renault Flins en 1964 où les grévistes scandaient : « Nous voulons du temps pour vivre », ou bien encore des échos du combat du Black Panther Party et des expériences des Provos d'Amsterdam ; après l'onde de choc de mai 68, la contestation se distille au sein de la société, et aucun domaine n'est épargné par la critique. La conflictualité se diffuse en profondeur qui s’exprime de plus en plus souvent par le recours à l’illégalité : occupations, séquestrations, violences, sabotages, etc. Le Zeigeist est plus que favorable, selon des groupuscules d'étudiants, pour radicaliser les luttes, et les maoïstes de la Gauche prolétarienne estiment pouvoir emmener le Peuple vers la Révolution.


Black Panthers | Guérilla Urbaine Sociale

Black-Panther Free Food Program


Je veux vivre pour la révolution, pas mourir pour elle
Naima Major, Black Panther, 1969

Il faut faire comprendre aux jeunes noirs et aux modérés que s’ils succombent aux doctrines révolutionnaires ce seront des révolutionnaires morts.
Hoover, directeur FBI, 1967

Aux Etats-Unis, en 1967, deux évènements entérinent la division des mouvements de la communauté noire : pour la premièe fois dans l'histoire américaine, un afro-américain, Carl B. Stokes (1927-1996) [1], est élu par ses concitoyens maire d'une grande ville, Cleveland, en Ohio ; 1967 est également l'année de l'ouverture du premier bureau du Black Panthers Party à Oackland en Californie.

Rote Armee Fraktion | Conception de la guérilla urbaine


Thorwald Proll, Horst Söhnlein, Andreas Baader et Gudrun Ensslin au tribunal | octobre 68

Rote Armee Fraktion

Conception de la guérilla urbaine 
[Das Konzept Stadtguerilla]
Avril 1971


« Entre l'ennemi et nous, il nous faut tracer une ligne de démarcation bien nette. »
Mao-Tsé-Toung

Conception de la guérilla urbaine

« Etre attaqué par l'ennemi est une bonne chose et non une mauvaise chose; en ce qui nous concerne, qu'il s'agisse d'un individu, d'une armée, d'un parti ou d'une école, j'estime que l'absence d'attaque de l'ennemi contre nous est une mauvaise chose, car elle signifie nécessairement que nous faisons cause commune avec l'ennemi. Si nous sommes attaqués par l'ennemi, c'est une bonne chose car cela prouve que nous avons établi une ligne de démarcation bien nette entre lui et nous. Et si celui-ci nous attaque avec violence, nous peignant sous les couleurs les plus sombres et dénigrant tout ce que nous faisons, c'est encore mieux, car cela prouve non seulement que nous avons établi une ligne de démarcation nette entre l'ennemi et nous, mais encore que nous avons remporté des succès remarquables dans notre travail. »

Mao-Tsé-Toung, 26 mai 1939

INDE | Travail urbain dans la stratégie de la Révolution

Jeune combattante du CPI-ML


Les bureaucrates et les urbanistes, travaillant sous les consignes directes de la Banque Mondiale, de la Banque Asiatique de Développement et d’autres institutions impérialistes, ont formulé des lois, des règlements, des principes et des schémas directeurs qui ont même abandonné le prétexte des slogans d’équité et de soulagement de la pauvreté urbaine d’autrefois.
...
Le travail dans les zones urbaines a une importance particulière dans notre travail révolutionnaire... dans notre révolution, qui suit la ligne de guerre populaire prolongée, la libération des zones urbaines ne sera possible qu’au dernier stade de la révolution.  Cependant, cela ne veut pas dire qu’il ne soit pas nécessaire de se concentrer dès le début sur la construction du mouvement révolutionnaire urbain.  


Un document d'une valeur exceptionnelle concernant la stratégie politico-militaire " urbaine" - Our Work in Urban Areas dans le cadre de la Guerre populaire prolongée en Inde,   rédigé par le :


Communist Party of India- Marxist-Leninist (CPI-ML)

Perspective urbaine  :
Notre travail dans les zones urbaines

Via :

Clarté Rouge

Organe théorique du Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste |Belgique

N°1 | avril 2012



1. Introduction

Le document Stratégie et Tactiques adopté au 9e Congrès de 2001 expose l’importance du travail urbain dans la stratégie de la Révolution Indienne de la manière suivante :

A. BLANQUI : Instructions pour la prise de Paris

Paris 1871


La stratégie insurrectionnaliste blanquiste.


La forme la plus achevée de cette stratégie est la stratégie blanquiste, théorisée dans Instructions pour une prise d’armes. Un petit groupe de conspirateurs armés (entre 500 et 800 dans le cas du coup de force du 12 mai 1839) frappe lorsqu’il croit le peuple subjectivement prêt à l’insurrection agissant à la place du prolétariat inorganisé : ils s’emparent des armureries et distribuent les armes, frappent à la tête le pouvoir politique et les forces répressives (attaque de la Préfecture de police), produisent un plan systématique des barricades et organisent les masses ralliées à l’insurrection. Au niveau tactique, Blanqui faisait grand fonds de la tactique des barricades justement critiquées par Engels. La tactique passive des barricades, suivie par le prolétariat révolutionnaire jusqu’en 1848, et avait pour seule chance de victoire un refus d’obéissance massif des soldats de l’armée bourgeoise, voire leur passage au camp de l’insurrection.
T. Derbent *

Auguste Blanqui
Instructions pour une prise d'armes
1866

Ce programme est purement militaire et laisse entièrement de côté la question politique et sociale, dont ce n'est point ici la place : il va sans dire d'ailleurs, que la révolution doit se faire au profit du travail contre la tyrannie du capital, et reconstituer la société sur la base de la justice.


USA : Les Diggers : The Free City Collective


Diggers :  The Free City Collective

 “Le moment est donc venu de nous donner plus d'envergure et de nous atteler à la tâche de créer des Villes libres et gratuites dans les zones urbaines du monde occidental.
Diggers :  The Free City Collective

Les Diggers/Free City Collective forment un collectif contre-culturel anarchiste basé à San Francisco, actif entre 1966 et 1969, animé notamment par Kenny Wisdom, alias Emmett Grogan. Issus en partie de la San Francisco Mime Troup, qui avait été créée en 1959, les Diggers se placent entre l’apolitisme des mouvements hippies et l'activisme révolutionnaire des groupes de la New Left, la Nouvelle Gauche.


Michel Foucault Introduction à la vie non-fasciste



Michel Foucault
Introduction à la vie non-fasciste
Préface à la traduction américaine de l’Anti-Œdipe
1977
En rendant un modeste hommage à saint François de Sales, on pourrait dire que L’Anti-Oedipe* est une introduction à la vie non fasciste.
Cet art de vivre contraire à toutes les formes de fascisme, qu’elles soient déjà installées ou proches de l’être, s’accompagne d’un certain nombre de principes essentiels, que je résumerais comme suit si je devais faire de ce grand livre un manuel ou un guide de la vie quotidienne :

ITALIE : Groupes Révolutionnaires Armés




Il n'existe pas, à notre connaissance, d'ouvrages donnant une vue d'ensemble parfaite des groupes révolutionnaires armés actifs en Italie entre 1970 et le milieu des années 1980 ; le plus généralement, les auteurs se limitent aux actions des célèbres Brigate Rosse et de Prima Linea, abandonnant ainsi aux limbes de l'histoire les dizaines d'autres,  et les centaines d'organisations, de groupuscules pratiquant une violence mesurée essentiellement limitée aux biens matériels. Certes les Brigades Rouges ont largement dominé la scène, par le nombre de membres, de sympathisants et une longévité exceptionnelle malgré des dispositifs policiers, de justice -et financiers- conséquents : dans les années 1980, un policier pouvait ainsi abattre un militant sans être inquiété par la justice. 

Eric Hazan : la fin des barricades





Entretien avec Eric Hazan

La fin des barricades
Contretemps, 13 mai 2011
Propos recueillis par Razmig Keucheyan


À l'occasion de la parution de son dernier ouvrage, Paris sous tension (La Fabrique, 2011), qui poursuit une réflexion amorcée avec L'Invention de Paris (Seuil, 2002), nous nous sommes entretenus avec Eric Hazan, historien, éditeur et camarade.
[...]
Comment se présenteront alors les insurrections dans le cadre de cette nouvelle configuration géographique ? Quelles implications stratégiques cette dernière a-t-elle ? Sachant que les centres de pouvoir politique et économique restent en large part concentrés dans Paris intra-muros...


Repenser le Paris révolutionnaire implique aussi de repenser la question du pouvoir, et notamment sa dimension spatiale. Dans les insurrections classiques, il fallait prendre l'Hôtel de ville, situé au cœur de Paris. On commence par prendre l'Hôtel de ville, et après on voit ce qu'on fait. L'insurrection qui vient, celle du 21e siècle, n'investira pas militairement quelque lieu que ce soit, sauf peut-être les télévisions et les dépôts d'essence. Le pouvoir ne va pas être pris, l'insurrection va plutôt l'évaporer. 

Les Communes de l'insurrection du Comité invisible

In : TIQQUN n° 2

« Il n’est pas question d’occuper, 
mais d’être le territoire.»

En matière d'« urbanisme insurrectionnel », 
les propos de la mouvance impliquée dans la revue Tiqqun, le Parti imaginaire et le Comité invisible, constituent un renouvellement des idées et de la posture de l'intellectuel :  il n'y a plus lieu de raisonner encore comme si le dilemme était de choisir entre réforme ou révolution, entre alternative et révolution, entre théorie ou action. Le livre L'insurrection qui vient paru en 2007 appelle à la destruction de l'Empire et il institue la Commune comme un des moyens pour y parvenir.

Une oeuvre magistrale pour la pensée urbaine anti-libérale car les auteurs ne s'attaquent non plus à la critique mais à l'élaboration de principes pragmatiques, non utopiques, destinés à inventer une autre communauté préparant l'insurrection qui vient.  Le plus grand intérêt de leur pensée, pour ce qui concerne le domaine de l'urbanisme,  est qu'elle relie, à nouveau, les différentes formes de luttes au sein d'une emprise spatiale : la Commune. 


L'insurrection qui vient, les communes du Comité invisible



L'Insurrection qui vient
Le Comité invisible

Edition La Fabrique 
2007


Extraits concernant les Communes et le territoire 
de l'insurrection qui vient


Quatrième cercle
« Plus simple, plus fun, plus mobile, plus sûr ! »

Pages 38 à 48.

Qu’on ne nous parle plus de « la ville » et de « la campagne», et moins encore de leur antique opposition. Ce qui s’étend autour de nous n’y ressemble ni de près ni de loin : c’est une nappe urbaine unique, sans forme et sans ordre, une zone désolée, indéfinie et illimitée, un continuum mondial d’hypercentres muséifiés et de parcs naturels, de grands ensembles et d’immenses exploitations agricoles, de zones industrielles et de lotissements, de gîtes ruraux et de bars branchés : la métropole.