Plusieurs personnes croient encore que la famine est, à notre époque, engendrée par une surpopulation et que s'il y avait moins de monde sur la terre, alors et seulement alors, ils seraient adéquatement nourris. II n'en est pas ainsi. En premier lieu, les ressources et la technologie existantes actuellement sont suffisantes pour nourrir plusieurs fois la population de la terre. Deuxièmement, même si la population de la terre devait décroître substantiellement, il existerait encore un problème de faim, celui-ci, tout comme le problème du logement, étant essentiellement un problème économique, un problème de la pauvreté.
La raison pour laquelle la production agricole n'est pas augmentée substantiellement en est une fondamentalement économique. Ceux qui ont faim n'ont pas d’argent pour acheter la nourriture aux prix existants, ils ne constituent donc pas un marché. Sous le capitalisme, la nourriture est une marchandise et les marchandises sont produites uniquement lorsqu'il y a une demande économique effective. Les gens ayant faim ne sont pas la même chose qu’« une demande économique de nourriture ».
Lecapitalisme a négligé l'énorme potentiel des pays du tiers-monde. La terre, l'eau et le soleil y sont en abondance. Mais l'Inde et les autres pays du tiers-monde se concentrent sur le développement de l'industrie lourde. Ils construisent des villes aux dépens de la campagne ; le capital est dirigé dans l'acier, les mines, la construction mécanique et dans les industries de consommation. Et lorsque l'agriculture domestique, manquant d'investissements de capitaux, ne réussit pas à livrer la marchandise, les États-Unis sont beaucoup trop empressés de donner une aide alimentaire.
Cette « aide » est probablement plus utile à long terme aux pays donneurs qu'aux bénéficiaires. Les premiers étant ravis de trouver une « demande économique » pour du grain qui aurait pu autrement être disposé de manière moins rentable (en silos, au fond de la mer ou simplement enfoui dans le sol). Mais l'approvisionnement de ces vastes quantités de grains aide à abaisser le prix des aliments produits localement. Les fermiers du tiers-monde sont incapables d’espérer un prix élevé dans les années de famine pour compenser pour les bas prix des autres années. Ainsi la dépendance sur l'aide alimentaire agit pour retarder le développement en Inde et dans les autres pays du tiers-monde d'une agriculture indigène basée sur des investissements de capitaux élevés et continus dans le contrôle des eaux, les fertilisants et les variétés de graines améliorées. La politique de dépendance sur les greniers de l'Amérique du Nord est dans l'intérêt du secteur industriel des pays en développement : maintenir les aliments bon marché est une façon de prévenir les augmentations salariales.
Ainsi, le problème alimentaire des pays du tiers-monde dérive du conflit d'intérêts entre les capitalistes industriels et des propriétaires ruraux.
Le capitalisme a développé toutes les techniques productives nécessaires à la production d'assez pour tous. Mais le système économique capitaliste peut seulement produire en réponse aux demandes économiques et la perspective d'un bénéfice est un sine qua non, dans l'agriculture tout comme dans les autres sphères de production capitaliste. Les fermiers doivent avoir des « stimulants » - et les photos d'enfants mourant de faim ne sont pas considérées comme un stimulant.
Le bol de mendiant n'est pas seulement un symbole d'aumônes : c'est un symbole de la misère et du besoin sous plusieurs formes subies par le pauvre. C'est le cachet du système économique le plus productif à avoir été développé par l’homme. Le contraste inflexible entre les millions qui ont faim et l'énorme potentiel de production alimentaire accentue la nécessité de mettre fin à la production des marchandises. Nous avons développé la production sociale ; avec une coopération globale nous pouvons nous servir des techniques pour augmenter la production alimentaire. Le socialisme peut rendre cela possible ; seul le socialisme peut libérer notre potentiel productif et faire du bol du mendiant une curiosité de musée.