«Mais la plupart des hommes ne font pas le compte de tous les biens qu’ils ont reçus, de tous les plaisirs dont ils ont joui.
Un des défauts de la douleur, entre autres, c’est qu’elle n’est pas seulement vaine mais ingrate. Ainsi donc, parce que tu as perdu un tel ami, tu as tout perdu ? Tant d’années de vies si étroitement nouées, une telle intimité, un tel partage intellectuel n’ont mené nulle part ?
Avec l’ami, tu enterres l’amitié ? Pourquoi alors te désoler de l’avoir perdu s’il ne te sert à rien de l’avoir eu ?Crois-moi, même si le sort nous en a arraché la présence, une grande partie de ceux que nous avons aimés demeure en nous. Il est à nous, le temps passé, et rien n’est plus à l’abri que ce qui n’est plus.»
Sénèque, Lettre à Lucilius, Lettre XCIX
Mardi 20 novembre, la cabane avait 3 mois. 3 mois depuis son communiqué.
3 mois qu’elle est habitée, occupée sans relâche. Nuit et jour, constamment. Ces chroniques, nous les devons aux mondes qui nous ont mené là et à ceux qui nous tiennent ici. Le défilement des années passées ici nous a appris que même des expériences alors jugées inoubliables finissent par s’évaporer dans le bouillonnement tumultueux des vies qu’on mène. Plus certainement si on ne les raconte pas. Voici quelques témoignages du quotidien donc, du temps qui s’étire, qui se dilate dans cette flaque d’eau, devient semaines puis mois. Read More