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Selectorama : Sierra Manhattan

Sierra Manhattan
Sierra Manhattan / Photo : Julia Henderson

On avait déjà évoqué le retour de l’équipée sauvage savoyarde Sierra Manhattan en début de semaine dans une borne d’écoute, mais au vu de la qualité tout à fait attachante de leur ouvrage pop et de l’album à venir (Which Life, The Friends sortira le 17 février sur AB Records, Fun Club Records et Another Record), nous avons eu envie d’en savoir un peu plus sur les musiques qui traînent dans les recoins des cerveaux de ces quatre vaillants jeunes hommes. En guise d’apéritif à leur concert au MOFO Festival ce soir à Mains d’Oeuvres auquel nous vous conseillons chaleureusement de vous y rendre toutes affaires cessantes, voici dix morceaux qu’ils écoutent en boucle, ou juste de temps en temps. Continuer la lecture de « Selectorama : Sierra Manhattan »

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C’était David Crosby (1941-2023)

David Crosby
David Crosby

Dans Harvest Time, le documentaire fourni en DVD avec la version du 50e anniversaire d’Harvest parue pour la Noël, il se joue une scène assez révélatrice. On y voit Neil Young avoir toutes les peines — certes relatives, en buvant des bières et en se marrant comme une baleine — à mettre une touche finale aux harmonies de Words avec Nash et Stills, alors que quelques temps auparavant, il y parvient presque sans peine aucune sur Alabama avec Nash et Crosby. Stills est là encore, et à trois ils ont la plus belle collection de sous-pulls au monde, avec un niveau de zouaverie paradoxalement revu à la baisse. En trois nuances un peu exagérées, Crosby trouve le ton juste pour les chœurs, civilise paradoxalement ce motet brutaliste : les autres n’ont plus qu’à se coller dessus. Mettre (tout) le monde à l’unisson par le seul fil de sa voix, comme par magie, peut-être était-ce là, bien au-delà de ses frasques, le plus grand talent de David Crosby. Et ce génie absolu à harmoniser les sons et les autres venait de loin. Et repartira plus loin encore, en étant un véritable vétéran du chaos. Continuer la lecture de « C’était David Crosby (1941-2023) »

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The dB’s, Stands For Decibels (Albion, 1981)

The dB’s tracent les hésitations de la période charnière entre new wave et indie-pop. Sur le sol nord-américain, comme ailleurs, une génération de groupes s’imprègne de l’héritage sixties, sans foncer dans la parodie et le pastiche. Dunedin Sound en Nouvelle Zélande, Paisley Underground en Californie (Rain Parade, Bangles, Dream Syndicate etc.), les dB’s sont, eux, aux avant-postes de la transition à New York, au coté de formations comme The Bongos ou The Individuals. Originaire de Winston-Salem, en Caroline du Nord, les membres des dB’s se connaissent depuis l’enfance et jouent souvent ensemble depuis les années soixante dans leur ville d’origine. Continuer la lecture de « The dB’s, Stands For Decibels (Albion, 1981) »

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Air décroche la lune

Air
Air / Photo : Philippe Lévy

L’une de mes grandes spécialités, c’est de perdre de vue des gens bien / cool / sympas / (sur)doués… Parfois, la chance me rattrape, et je les retrouve (avant bien sûr de les reperdre à nouveau de vue, mais c’est une autre histoire). Comme d’autres, j’ai découvert Air en 1995 avec la compilation Source Lab-, qui bien sûr avec le recul, fait figure d’acte de naissance de cette scène que les Britanniques baptiseront french touch. C’était aussi le début du hip-hop abstrait (beaucoup plus classe que le trip-hop) et le proche retour du easy listening (mais nous savions déjà que Burt Bacharach était à lui seul supérieur à quatre Beatles) et dans ce contexte-là, je me souviens avoir beaucoup aimé j’ai aimé les six minutes alanguies de Modulor Mix. Et puis, un an plus tard (à peu près) j’ai adoré le maxi Casanova 70, sa pochette discrètement sortie des années 1970, la ligne de basse entêtante du morceau éponyme, les claviers crépusculaires sur lesquels se prélassaient Les Professionnels. Je n’en suis plus très sûr mais je crois que c’est pour ce disque que Les Inrocks ont publié une photo du groupe. Une photo qui… Continuer la lecture de « Air décroche la lune »

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Sierra Manhattan, une bouffée d’air frais pop

Sierra Manhattan
Sierra Manhattan / Photo : Julia Henderson

Depuis 2018 et l’excellent Are U Single, No I’m Album, la pop cotonneuse de Sierra Manhattan est restée silencieuse. La formation éparpillée entre Lyon, Paris et la campagne de la Loire ne s’était jamais arrêtée, juste ensommeillée : « On avait aussi envie de prendre le temps de fabriquer un nouveau set, ça faisait un moment qu’on jouait certains morceaux et on avait envie de se remettre un peu en danger à nouveau. » Sans aucune urgence, chacun s’est exprimé à travers d’autres entités solo ou collectives : Olbio s’amuse tout seul dans Bravo Tounky, Florian avec Neptune Football Club, Satellite Jockey et a rejoint Fontanarosa. Rémi joue dans Satellite Jockey, Phat Dat et Alex Van Pelt dans son projet éponyme ainsi que dans Coming Soon et Mont Analogue. Tout ce beau monde gravite autour du label AB Records à Saint Etienne, qui signe la plupart des groupes. Continuer la lecture de « Sierra Manhattan, une bouffée d’air frais pop »

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Climats #40 : Yo La Tengo, Nicolas Comment

Paris la nuit vue du ciel par la Nasa
Paris la nuit vue du ciel par la Nasa

Edith Piaf reprise en rocksteady, ce serait la promesse du retour du soleil ? Et la musique de Jonathan Richman protège-t-elle de la grêle ?

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #40 : Yo La Tengo, Nicolas Comment »

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Anything Could Happen

Les débuts de Flying Nun Records, label néo-zélandais des Clean et des Bats, contés par Matthew Goody dans un livre somme.

Chris Knox et le producteur Doug Hood (dans le miroir) et son TEAC 4-pistes

 

Matthew Goody
Matthew Goody

Matthew Goody vient de frapper un grand coup. Et par surprise de surcroît. On ne s’attendait pas vraiment à un livre sur le label Flying Nun. On s’attendait encore moins à un livre sur les débuts du label néo-zélandais, à l’origine du « Dunedin Sound« . Needles & Plastic, le bel ouvrage de Goody, fait le focus tout en faisant un plan large (d’où l’intérêt) sur la période 1981 – 1988 du label néo-zélandais. Et nous plonge dans les abysses de la scène de Christchurch et d’Auckland. On croise des silhouettes connues, on discerne des histoires que l’on croyait connaître… Et surtout on découvre une kyrielle de groupes totalement inconnus qui donnent une nouvelle importance aux Clean et aux Bats, puisque les intérêts de leurs livrets d’épargne se retrouvent investis dans les disques des singles des Bird Nest Roys et des EPs des Able Tasmans. Continuer la lecture de « Anything Could Happen »

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Selectorama : Deliluh

Deliluh
Deliluh

Nous ne vous avions jamais parlé de ce groupe devenu duo originaire de Toronto et expatrié en Europe, et c’est bien dommage car leur musique âpre et pessimiste colle complètement à notre époque. Post quoi, exactement ? Kyle Knapp et Julius Pedersen ne cherchent pas trop à ce qu’on les catégorise, et c’est tant mieux. Flaut Lines, le troisième album de Deliluh libère des atmosphères pesantes, où les notes psyché s’écrasent dans un décor industriel. En attendant de les voir vendredi 27 à Mains d’Œuvres sur la scène du Mofo 2023, voici quelques-unes de leurs influences, puisant autant dans le film noir que les musiques rares et prégnantes. Continuer la lecture de « Selectorama : Deliluh »

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Stimulator Jones, Round Spiritual Ring (Stones Throw, 2022)

Stimulator Jones donne enfin une réelle suite à l’excellent Exotic Worlds and Masterful Treasuresparu en 2018. Samuel Jones Lunsford, tête pensante du projet, n’a cependant pas chômé entre temps. Il a sorti deux autres albums sous le même alias, des disques moins orientés R&B et pop, presque des side-projects. La Mano (Mutual Intentions, 2021) explore ainsi un jazz-funk instrumental, matière idéale pour créer des boucles. Il est d’ailleurs question d’instrus hip-hop, d’esquisses sur l’autre disque, l’intrigant Low Budget Environments Striving For Perfection (2021, Stones Throw).  Tous les chemins mènent cependant à Round Spiritual Ring, dernier LP en date de l’intéressé paru à l’été 2022. Continuer la lecture de « Stimulator Jones, Round Spiritual Ring (Stones Throw, 2022) »

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Lightships, Electric Cables (Geographic)

lightshipsAu petit jeu des tentatives extraconjugales, les membres de l’équipage Teenage Fanclub, monstre sacré d’une certaine pop parfaite depuis 1990, ont largement procédé par pointillisme, au gré de diverses collaborations généralement familiales et heureuses (BMX Bandits, The Pastels, Kevin Ayers) plutôt que par des projets clairement identifiables. Norman Blake fut le premier à s’illustrer dans une échappée belle sous le pseudonyme de Jonny en 2011. Continuer la lecture de « Lightships, Electric Cables (Geographic) »

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Sous surveillance : Récréation

Récréation
Récréation / Photo : Renaud Sachet

Qui ?

Léo Heitz-Godot, basse de guitare
Olivier Stula, guitare de fuzz
Alicia Lovich , percussions debout
Marie Lagabbe, batterie rythmique
Peran André, cassette électronique

Où ?

Strasbourg, Alsace.

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Modern English, les années folles

Modern English
Modern English

Il y a des albums dont on a pensé, des années durant, qu’on était seul à les aimer. À les chérir. Seul ? Pas tout à fait. Il  y avait aussi les copains, les copains de la résidence de la banlieue ouest. Au sommet de nos hit-parades imaginaires, il y avait ce disque et je ne sais plus exactement comment on l’a découvert – peut-être grâce à Thierry, comme souvent ; peut-être grâce à Bernard Lenoir et Feed-Back, comme toujours – et le concert des Bains-Douches à Paris diffusé en direct un soir de fin d’été 1982 mais écouté un peu plus tard sur cassette vierge (comme, dans le désordre, les prestations de Depeche Mode, Cocteau Twins ou Tears For Fears…).  After The Snow, donc. Continuer la lecture de « Modern English, les années folles »

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Climats #39 : Ben Lee, Florian Illies

La musique de Yo La Tengo entre deux giboulées et une éclaircie prend toute son ampleur mais Liz Phair dans la brume, cela ne sonne plus pareil.

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #39 : Ben Lee, Florian Illies »

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Le Singles Club revu par le label breton Too Good Too Be True


Qui n’a pas été irrésistiblement attiré par les 7’’, n’a pas craqué juste pour la pochette, tel un enfant devant un stand de bonbons ? Mais pas seulement, car ce format a permis à nombre d’entre nous de connaître, à moindre frais, un nouveau groupe. Les labels ont vite compris l’enjeu dès les années 80 et ont lancé les Singles Club, avec un abonnement donnant droit à un single par mois, avec des inédits. En 1988, c’est Sub Pop qui s’y colle, suivront 7 volumes à ce jour, où l’on retrouvera, entre autres, Nirvana, Flaming Lips, Les Thugs, Beat Happening, Codeine, Modest Mouse, J Mascis, Deerhunter, Porridge Radio, Washed OutRough Trade enchaîne à partir de 1991 avec Vic Godard, The Auteurs, Tindersticks, Mazzy Star, Mercury Rev, Strangelove, My Bloody Valentine… Une initiative qui s’exporte jusqu’en France avec le label Lithium, notamment.

Et voilà que le flambeau est repris par les activistes musicaux brestois Too Good Too Be True Records. On connaissait déjà l’excellent magasin de vinyles Badseeds – associé récemment avec Kuuutch, le carrefour des Arts graphiques et de la micro-édition – et leur label Music From The Masses promouvant la scène brestoise et bretonne. L’an passé, Too Good To Be True Records naissait des cendres de beko disques pour aller dénicher des petits trésors de l’Angleterre à la Russie, en passant par le Canada, Singapour, la France, les États-Unis ou la Norvège. Ils viennent de créer le Singles Club. Un challenge au vu de la situation actuelle ? Réponses d’Emmanuel, l’un des deux défricheurs.

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Selectorama : Kael

KAEL
KAEL / Photo : Maxime Ortega

Tout juste un an après la sortie de son excellent E.P Diagnostic, KAEL revient avec quatre nouveaux titres des plus enthousiasmants. Le groupe marseillais emmené par Théo Serre – qui officie également dans les très recommandables Pogy et les Kéfars –, a montré, à l’instar d’autres formations hexagonales comme Asphalt ou Alvilda, que la power-pop la plus distinguée pouvait se marier avec bonheur avec la langue française. Continuer la lecture de « Selectorama : Kael »

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Belle And Sebastian, Late Developers (Matador/Beggars)

belle and sebastianDans une dimension parallèle où la pureté esthétique règnerait sans partage, Stuart Murdoch et sa bande auraient cessé toute activité musicale il y a bien longtemps pour n’abandonner à la postérité qu’un legs rendu incontestable par sa densité et sa brièveté. Belle And Sebastian y ferait sans doute l’objet d’un culte plus fervent et, dans les rangs clairsemés des adeptes, on ne débattrait plus alors que de la juste position du curseur historique, variable selon la hauteur fluctuante des exigences. « Rien d’essentiel après If You’re Feeling Sinister, 1996 » péroreraient les plus intègres ; « Il y avait tout de même de belles choses jusqu’à Dear Catastrophe Waitress, 2003 » répondraient les réformistes indulgents. « Tout cela ne vaut ni les Beatles ni les Smiths ! » finiraient par conclure, inévitablement, la frange maussade et radicalisée. Continuer la lecture de « Belle And Sebastian, Late Developers (Matador/Beggars) »

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Ticket, Coup De Bol à Marrakech (1985, Surfin’ Bird)

La récente réhabilitation des Calamités, à travers l’excellente compilation réalisée par Born Bad Records, va peut-être éveiller un nouvel intérêt autour de la scène underground française des années 80. Autour de labels comme New Rose, Closer ou Romance et de fanzines comme Nineteen, émerge une génération de groupes dans le sillon des Dogs, Olivensteins et les groupes en « ST » de Bordeaux (Strychnine, Stilettos, Standards, Stagiaires, etc.). Parmi eux figurent Les Coronados, Les Rythmeurs, les Snipers, les Playboys ou Ticket. Ces derniers connaissent un parcours finalement classique pour l’époque même si plusieurs de leurs membres rebondiront très bien ! Ticket démarre en 1979. Le groupe est alors formé de Jean-Michel Daniau (guitare), Cyril Wiet (basse), Yves Le Rolland (batterie), Gildas Renault (guitare) et Pascal Perez (chant). Continuer la lecture de « Ticket, Coup De Bol à Marrakech (1985, Surfin’ Bird) »

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« Lee Hazlewood, l’homme qui faisait chanter les femmes » par Christophe Deniau (Le Boulon)

Avec la parution en octobre 2022 aux éditions Le Boulon de la seule et unique biographie française du monumental Lee Hazlewood, Christophe Deniau a réparé une injustice aberrante. Comment un musicien, chanteur, compositeur, parolier, producteur, arrangeur, patron de label d’une telle envergure n’avait-t-il pas encore inspiré un livre destiné aux lecteurs français ? Ce n’est pas comme si Lee Hazlewood était un artiste obscur, seulement connu d’une poignée de dévots s’adonnant à un culte ésotérique dans des catacombes ! Lee Hazlewood fait au contraire partie des ces musiciens de génie qui ont eu la chance de connaître à la fois un succès populaire massif – grâce à de légendaires duos avec Nancy Sinatra -, accumulant les disques d’or et les royalties, mais qui ont également – de manière plus souterraine -, acquis un véritable statut de mythe auprès des mélomanes les plus pointus comme les frères Reid (Jesus and Mary Chain), Stuart Staples (Tindersticks), Richard Hawley, Steve Shelley (Sonic Youth), Nick Cave ou encore Jarvis Cocker (Pulp), qui ont maintes fois crié sur les toits leur admiration pour les disques solos du Texan. Continuer la lecture de « « Lee Hazlewood, l’homme qui faisait chanter les femmes » par Christophe Deniau (Le Boulon) »

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Climats #38 : The Go-Betweens, Manuele Fior

Est-il possible d’écouter 16 Lovers Lane sans attraper un coup de soleil et un coup de foudre au passage ? Et Animal Collective affublé d’un costume trois pièce, est-ce encore Animal Collective ?

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #38 : The Go-Betweens, Manuele Fior »

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Myriam Gendron : folie pure

Myriam Gendron
Myriam Gendron / Photo : Valérian Mazataud

Chanteuse rare et encore sensiblement méconnue, Myriam Gendron est réapparue, il y a quelques mois, avec Ma délire : Songs of Love lost and found, un somptueux deuxième album qui porte haut les couleurs du folk et fait magnifiquement le lien entre le répertoire ancestral de John Jacob Niles, une poignée de chansons oubliées du folklore québecois et une certaine avant-garde du rock contemporain. Après avoir laissé filer sept longues années entre ses deux premiers opus, la chanteuse semble enfin décidée à accélérer le mouvement et ne devrait, heureusement, pas tarder à refaire parler d’elle. Continuer la lecture de « Myriam Gendron : folie pure »

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Alan again or

La liste noire continue : Alan Rankine, du duo The Associates est parti hier.

Il y a des disques dont on se souvient précisément de leur achat. Et Sulk est de ceux-là. Avec Gilles et Laurent, un samedi après-midi à la FNAC Montparnasse, dans le bac imports. La pochette luxuriante et les deux éminences en noir des Associates qui posent comme si de rien n’était, Billy McKenzie, glamour jusqu’au bout des ongles et voix qui ensorcelle, et Alan Rankine, homme de l’ombre qui attire la lumière et architecte sonore de cette pop OVNI, faite de soie, d’échos, de bulles multicolores et de recoins plus sombres. Continuer la lecture de « Alan again or »

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Les Bowlers, Id. (Cameleon, Mono-Tone)

Les BowlersÀ la fin des années 90 – début des années 2000, à l’intersection des compilations underground et des sites de partage de musique, nous fûmes nombreux à découvrir notre patrimoine rock hexagonal des années soixante. Parmi les sélections marquantes de l’époque figuraient en bonne place O Toi, Beatnik et Psychegaelic – French Freakbeat. Cette dernière en particulier, propose, du moins sur le papier, d’écouter des morceaux freakbeat en français. Le terme a de quoi faire briller les yeux des amateurs biberonnés aux Nuggets et autres Back From The Grave,  comme une promesse de découvrir les aspirants français mods et garageux les plus sauvages et indomptables. Est-elle tenue ? Nous laissons chacun d’entre vous juger de la réponse. Cependant, force est de constater que la France a engendré quelques (très) bons groupes beat/garage/mod dans les sixties malgré  des conditions d’existence aussi précaires que chaotiques. Continuer la lecture de « Les Bowlers, Id. (Cameleon, Mono-Tone) »

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The Sadies, Colder Streams (Yep Roc Records)

The Sadies Colder Streams Yep RocColder Streams est à n’en pas douter le meilleur disque des Sadies. Ce n’est pas nous qui l’écrivons, c’est le communiqué de presse du groupe. Et on le sait tous, les groupes sont les meilleurs juges de leurs disques. Tout devrait sonner faux. Sauf que tout est vrai. À cela, on rajoutera que Colder Streams est peut-être le dernier disque du groupe car Dallas Good, membre fondateur des Sadies avec son frère Travis, est mort de manière soudaine en février 2022. La même semaine, le rock perdait Mark Lanegan et donc Dallas Good. Continuer la lecture de « The Sadies, Colder Streams (Yep Roc Records) »

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LA PLAYLIST BEST OF 2022

Qu’on en finisse ! Comme chaque année est à peu près systématiquement pire que la précédente, qu’on nous dit que la sobriété énergétique is the new y’a plus de Sans Plomb is the new année la plus chaude depuis J.-C., laissons-nous quelques moments hors contexte anxiogène pour écouter quelques-uns des meilleurs morceaux (selon nous bien entendu, en toute subjectivité et mauvaise foi) de cette année de l’enfer… en attendant la prochaine. Happy New Year, lectrices et lecteurs, et préparez-vous pour les 5 ans de section26 !

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify et en version mixée sur Mixcloud. Et aussi, sur agnès b. radio.

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Young Gun Silver Fox, Ticket To Shangri-La / Mamas Gun, Cure The Jones (Légère Recordings)

young gun silver foxEn cette fin d’année, nous sommes ravis de retrouver Young Gun Silver Fox, le duo formé par le multi-instrumentiste étasunien Shawn Lee et le chanteur britannique Andy Platts. Nous les avions quittés, en très bon terme, en 2020 avec Canyonsils ont publié, en octobre dernier, Ticket To Shangri-Las , leur quatrième album depuis 2015, toujours chez Légère Recordings. Ces derniers ont aussi accueilli, un peu plus tôt, toujours en 2022, Cure The Jones, septième album des Mamas Gun, un groupe dans lequel officie également Andy Platts. Un label, un chanteur, les deux albums partagent, en outre, un amour pour la musique organique soulful. Continuer la lecture de « Young Gun Silver Fox, Ticket To Shangri-La / Mamas Gun, Cure The Jones (Légère Recordings) »

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Des démos et des maux

Depuis peu, des démos du regretté Mark Lanegan, complice de Kurt Cobain ou Johnny Cash, ont refait surface.

Mark Lanegan
Mark Lanegan / Photo : Steve Gullick

En février dernier, Mark Lanegan, le taulier des Screaming Trees est parti rejoindre Layne Staley et Kurt Cobain en laissant derrière lui une discographie aussi dense que protéiforme. Il ne s’est jamais rien interdit dans tous les domaines et notamment celui de la musique. On peut donc braconner sur les terres des Queens Of The Stone Age tout en se reposant avec les chansons écrites avec Isobel Campbell. Depuis quelques jours, cette collection de disques s’enrichit d’une poignée de démos mise en ligne par un illustre inconnu. Et quelles démos… Car il s’agit de celles de ses débuts solo, de celles qui permettent à Lanegan de devenir Mark Lanegan. Continuer la lecture de « Des démos et des maux »

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« Hardcore » par Simon Reynolds (Audimat)

L’underground dance électronique UK a toujours été marqué par un certain nombre de caractéristiques saillantes : science du breakbeat, usage des basses et infrabasses, importance du MC, influences dub et dancehall, pratique du rewind, etc. Le tout croisé avec le canon techno/house en provenance des USA, conférant à cette une scène une véritable insularité générique : des premiers productions bleeps aux formes les plus contemporaines de bass music, en passant bien évidemment par le hardcore UK, la jungle, le UK Garage, le grime ou le dubstep, une certaine logique de continuité peut en effet être repérée, par-delà les mutations inhérentes à la succession de ces différents courants ou sous-courants. C’est tout l’objet d’une série d’articles[1] rédigés en quasi- temps réel par Simon Reynolds pour Wire tout au long des années 1990, avec une conclusion en 2005 à propos des scènes grime et dubstep. L’occasion pour lui d’y forger une hypothèse théorique forte, celle d’un  continuum hardcore qui lui permet précisément de saisir l’unité esthétique, matérielle, sociologique et géographique de tout un pan de la rave et post-rave UK. « (…) une généalogie musicale apparue à la fin des années 1980 qui, dans les années 1990 et 2000, a subi de rapides mutations et donné lieu à une succession de genres de dance music (…) c’est aussi une subculture, une sorte de macroscène qui tire sa cohésion d’une infrastructure durable composée de radios pirates, de clubs, de promoteurs de raves et de disquaires spécialisés, mais aussi de rituels et de procédures (…) pour la plupart hérités de la culture des sound systems jamaïcains (…). » Continuer la lecture de « « Hardcore » par Simon Reynolds (Audimat) »

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Martin Duffy & Felt par Joe Dilworth (Birmingham, 1988)

Felt (avec Martin Duffy à droite) / Photo : Joe Dilworth
Felt (avec Martin Duffy à droite) / Photo : Joe Dilworth

Une partie de ces magnifiques clichés que le photographe, batteur et libraire Joe Dilworth*, Anglais exilé à Berlin, nous a si gentiment envoyé suite à la disparition de Martin Duffy, a été publiée dans le très beau livre consacré à Felt, publié chez en 2012 (tirage limité à 1 000 exemplaire et donc, devenu depuis objet culte) chez First Third Books. Elles ont été prises à Birmingham, quelque temps avant donc que Lawrence ne déménage pour Brighton, où habitaient déjà Alan McGee, tête pensante de Creation Records, et les Primal Scream.

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Le classement de la rédaction 2022

Je n’aurais jamais pensé, en le chroniquant de manière assez spontanée, que l’album de Bill Callahan finirait au firmament des disques de 2022 des contributeurs de Section26. Disque exigeant mais par certains côtés facile à appréhender, Reality (ou plutôt Ytilear) correspond assez bien à nos exigences de curiosité, de qualité et d’entresoi. Si le bonhomme n’est plus depuis longtemps un inconnu, et nous avons, je pense, tous au moins un Smog chéri dans nos petites affaires. Ce retour en grâce après de longues saisons d’ennui relatif, comme je le soulignais ici, trône avec justesse en tête et ce n’est que justice. Laissez-moi en profiter pour dévoiler le pot aux roses, je n’avais nullement l’intention de chroniquer ce disque, préférant laisser ce privilège d’abord à Sing Sing (Arlt, présents dans les plus hautes marches du classement), qui avait déjà rudement bien évoqué son rapport à l’œuvre, icelui déclinant d’emblée pour cause de tournée des stades, puis à Pascal Bouaziz (Mendelson, Bruit Noir), dont j’aime autant les disques que les écrits, déclinant de même pour cause de promotion effrénée de son merveilleux ouvrage sur Leonard Cohen. Tant pis pour moi, au pied du mur j’écrivais donc, citant ledit Leonard et bien évidemment Lou Reed, dont Callahan est surement le plus noble héritier, et j’oubliais, parce que c’était surement trop évident sur le coup, de faire la jonction et visuelle (une pochette moche mais marquante avec une faune impensable) et stylistique avec l’œuvre de Mark Hollis sur la fin (avec Talk Talk ou en solo). Voilà une donnée confuse qui méritait d’être rétablie. La confusion qui marqua également 2022 et des contributeurs qui au final en ont tiré le meilleur parti, s’éloignant des consignes officielles pour repêcher à raison, qui un album de la fin 2021 (celui de Myriam Gendron, qui le mérite infiniment), ne fournissant en guise de top 10 qu’une compilation australienne (même remarque), qui un kebabier, qui plutôt des films, des livres ou des séries. La confusion ça peut être aussi une forme de liberté non ?

2022 en 50 albums

01. BILL CALLAHAN, Ytilaer (Drag City / Modulor)
02. DANIEL ROSSEN, You Belong There (Warp Records)
03. EGGS, A Glitter Year (Howlin’ Banana Records / Safe In The Rain / Prefect)
04. Various, GHOST RIDERS (Efficient Space)
05. MYRIAM GENDRON, Ma Délire. Songs Of Love, Lost And Found (Feeding Tube Records)
06. ARLT, Turnetable (Objet Disque)
07. CATE LE BON, Pompeïi (Mexican Summer)
08. BIG THIEF, Dragon New Warm Mountain I Believe In You (4AD)
09. ROSE MERCIE, Kieres Agua? (Jelodandi Records/Celluloid Lunch Records)
10. SPIRITUALIZED, Everything Was Beautiful (Bella Union/Fat Possum Records)

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Pull Together : Iain Templeton

Iain Templeton
Iain Templeton

eeeIain Templeton est décédé le 20 décembre 2022. Iain Templeton sera resté dans l’ombre jusqu’au bout en partant le même jour que Terry Hall et Martin Duffy.
On connait Terry Hall, on connait Martin Duffy mais au final, on connaissait très mal ce batteur discret qui fit partie des La’s et de Shack. Continuer la lecture de « Pull Together : Iain Templeton »

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« Tenement Kid » de Bobby Gillespie (White Rabbit)

La légende veut que dans un bar new-yorkais, au milieu des années 90, Martin Duffy était tellement fait qu’il n’avait même pas remarqué s’être pris un coup de surin. A l’heure triste où nous pleurons ce génie, cette anecdote à la fois sordide et du plus haut comique ne figure malheureusement pas au sommaire de l’autobiographie de Bobby Gillespie, puisqu’il a choisi de clore ce premier livre (on attendra sagement le second) le jour de la sortie de Screamadelica, le 23 Septembre 1991, le même jour que Nevermind de Nirvana. «  Et pour pas mal de gens, les nineties ont commencé ce jour-là… ». Ce sont donc ses années de formation, d’enfance, d’adolescence qu’il livre avec son brio habituel. Au-delà des figures tutélaires qu’ont pu être Malcolm McLaren ou Tony Wilson pour une génération forgée par le punk et sa suite, Gillespie a surtout hérité de l’esprit combatif de ses parents et notamment de son père, figure syndicale importante du monde de l’imprimerie britannique.

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« Per Suede – Touring With Suede 1996-1997 » de Anthony Reynolds (auto-édité)

Pour en avoir vécu une infime portion dans les conditions du direct, on sait depuis bien longtemps que les souvenirs d’Anthony Reynolds constituent, pour peu qu’ils ne se soient pas totalement estompés dans les brumes des gueules de bois récurrentes, la matière première idéale pour des mémoires écrites, aussi hautes en couleur qu’en style. Plutôt que d’opter pour une somme englobante et indigeste – et, quand bien même aurait-il prétendu à l’exhaustivité de la reconstitution historique que, compte-tenu de la pente de sa dalle de l’époque, on ne l’aurait pas cru – l’ex-leader de Jack a ainsi l’intelligence et le bon goût de privilégier les réminiscences pointillistes et la juxtaposition des fragments. C’est plus précis et bien plus pertinent. Dernier volet d’un triptyque entamé l’an dernier avec The Promosexuals, 2021 – consacré aux activités promotionnelles consécutives à la sortie de son l’inusable Pioneer Soundtracks, 1996 – et The Momosexual, 2021 – sur l’enregistrement du premier album de Jacques, How To Make Love (Volume 1), 1997 et les rencontres avec Momus et Neil Hannon, Per Suede ajuste la focale mémorielle sur les quelques mois – fin 1996, début 1997 – pendant lesquels Jack répond favorablement à l’invitation lancée par les membres de Suede pour se produire en première partie de la tournée attenante à la sortie de Coming Up, 1996. Mat Osman s’est même fendu d’une préface tendrement confraternelle et, en un peu moins d’une centaine de pages illustrées, c’est une ère révolue qui ressuscite. En effet, on y trouve davantage qu’une collection d’anecdotes spinaltapiennes sur les coulisses de la pop britannique. Lucide, impitoyable mais jamais amer, Reynolds reconstitue au fil des péripéties sa propre version vécue de la théorie inepte du ruissellement à l’échelle de l’industrie musicale en pleine effervescence Britpop. Continuer la lecture de « « Per Suede – Touring With Suede 1996-1997 » de Anthony Reynolds (auto-édité) »

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« L’Histoire secrète de Kate Bush (& l’art étrange de la pop) » de Fred Vermorel et « Les Heures défuntes » d’Alice Butterlin (Le Gospel)

« L’Histoire secrète de Kate Bush (& l’art étrange de la pop » de Fred Vermorel et « Les Heures défuntes » d’Alice Butterlin (Le Gospel)

Ont paru au mitan de l’année 2022, deux ouvrages dont la publication est à noter particulièrement pour deux raisons. La première, est qu’il s’agit de deux livres qui marquent la naissance d’une nouvelle aventure éditoriale (apparition salutaire toujours à chérir) des camarades du fanzine Le Gospel déjà forts d’une présence sur écran et sur papier, et d’une première incursion du format de poche avec les deux petits opus d’Adrien Durand (Je n’aime que la musique triste et Je suis un loser, baby « en finir (ou pas) avec les années 90 » tous deux sortis en 2021). La seconde, est que ces deux titres forment une sorte de manifeste programmatique, chacun tels proue et poupe d’un même navire, promettant, nous l’espérons, de belles publications à venir autour de l’idée de ce que peut apporter la matière texte à notre sujet fétiche, à savoir toute chose pop scrutée par des regards singuliers. Le pas de côté est ambitieux et assez excitant du point de vue du lecteur, avec un pied bien au nord ancré aux mythes immémoriaux et contemporains autour de la figure de Kate Bush, et un autre, fiché en plein est, mélancolique et subjectif, issu de l’âme profonde d’une jeune autrice en devenir. Deux fantasmagories à 40 ans d’écart, deux points à l’extrémité d’une tangente littéraire à parcourir avec délice.

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Space Blues : Martin Duffy

 
Martin Duffy, immortalisé en tournée par Philip King, alors tous deux membres de Felt
Martin Duffy, immortalisé en tournée par Philip King, alors tous deux membres de Felt
 
 
“I’m your greatest fan / Cos’ you don’t give a damn”
Space Blues
, Felt, 1988
 
Alors que la Cigale se vide après le concert de The Stone Roses, il y a le souvenir de l’automne 1989 et de ce jeune homme titubant, sourire aux lèvres et yeux hilares, une bouteille de whisky dans la poche arrière du jeans. Je m’étais dit alors que ce n’était peut-être pas le meilleur moment pour lui dire à quel point je trouvais Ballad Of The Band jubilatoire, All The People I Like Are Those That Are Dead génial et Space Blues essentiel. Deux heures avant, à sa place favorite, dans l’ombre d’un leader agacé, il avait décoré les chansons de ce dernier de son orgue de poche…
 

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« Le Chewing-Gum de Nina Simone » de Warren Ellis (Éditions de La Table Ronde)

Le musicien australien Warren Ellis fait d’un objet trivial un totem porteur de sens et de liens, symbole d’une transmission entre artistes et destins. Il raconte la vie de cet objet comme le ferait un shaman inspiré de George Perec et Jacques Prévert. Ce livre, un bijou ? Oui ; tout comme ledit chewing-gum. Arrivé en librairie, tout faisait envie : le violet du cadre de la jaquette, la photo de Warren Ellis à l’intérieur, ce musicien incroyable devenu au fil des années le partenaire incontournable et ami de Nick Cave, avec son violon et sa musique transcendantale, les BO de films incroyables, aussi… Et cette préface.

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Too Much Too Young : Terry Hall

Terry Hall
Terry Hall

La nouvelle est tombée autour d’une heure ce matin, sèche comme les premiers coups de caisse-claire de Gangsters, le mirifique single inaugural des Specials. Terry Hall est mort, il avait 63 ans. Connecté de manière déraisonnable aux réseaux sociaux, on ne peut part dire que nous manquions de RIP. Certains ont cependant davantage de poids lorsqu’ils concernent des femmes et des hommes qui nous ont appris à grandir, qui nous ont montré le chemin et, pourquoi pas, bouleversé notre vision du monde en profondeur. Terry Hall était de ceux-là, incontestablement. Continuer la lecture de « Too Much Too Young : Terry Hall »

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« Les Années New Wave » de JD Beauvallet (GM Editions)

Alors que les années 80 s’exposent au Musée des Arts Décoratifs de Paris, le livre de JD Beauvallet, Les années New Wave, publié aux éditions GM, vient archiver un âge d’or qui, définitivement, ne nous appartient plus, une époque qui regagne la sphère des récits collectifs. Ce livre album noir et blanc rendant hommage au mouvement musical New Wave, bande son encore vibrante de nos jeunes années, renforce le sentiment inexplicable provoqué par la muséographie d’une partie de notre collection de disques vinyles, des vidéo clips scrutés religieusement sur notre poste cathodique, des habits de Rei Kawakubo ou de Jean-Paul Gaultier dont les photos tapissaient les portes d’armoires de notre balbutiante conquête de style. Fade To Grey. Comment accepter que ce qui fut à l’origine de nos goûts affutés et servit de socle au palimpseste subtil de notre construction identitaire, ce qui se déployait dans l’intimité et au cœur d’un entre-soi averti, se retrouve désormais affiché aux yeux de tous, de tous ceux qui n’y étaient pas, ceux qui, sans n’y rien comprendre, ni en avoir fait l’intense expérience, s’approprient notre morceau de légende ?

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« Good Pop, Bad Pop » de Jarvis Cocker (Penguin Books)

« Choses, choses, choses, qui en disent long quand elles disent autre chose. » Cette citation d’Henri Michaux résume avec poésie Good Pop, Bad Pop, le très joli livre de Jarvis Cocker, récit autobiographique qui s’appuie sur les objets conservés depuis l’enfance, d’un vieux paquet de chewing-gum à sa lettre d’acceptation à la Saint Martin’s School of Design lorsqu’il a 25 ans, bien avant le succès. Jarvis trie ses « cochoncetés » en compagnie du lecteur, à qui il s’adresse pour savoir s’il doit jeter ou garder ce vieil emballage de savon Imperial Leather ou une réplique en carton du sac à main de Margaret Thatcher, acheté dans un HMV en 1979.Les « petits riens », comme un patch du Casino de Wigan, servent donc à raconter l’Angleterre des années 70, celle d’un garçon maigrichon de Sheffield élevé avec amour et humour par sa mère, ses grands-parents et ses tantes après le départ du père, celle des pulls en synthétique, du Marmite, du football et de Top of the Pops. Continuer la lecture de « « Good Pop, Bad Pop » de Jarvis Cocker (Penguin Books) »

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Gerard Love période Lightships (2012)

Gerard Love - Lightships
Gerard Love – Lightships

Une décennie de recul et ce qui n’était encore, à sa sortie, qu’un très grand album de plus, une étoile tout particulièrement scintillante au firmament bien garni de la galaxie Teenage Fanclub s’est presque transformé en signe avant-coureur. On connaît désormais la suite, les péripéties, la rupture finale – digne et peut-être définitive. En ce printemps 2012, Gerard Love manifestait ses première velléités d’autonomie. Avec cette modestie et cette discrétion habituelles qui ont sans doute contribué, à chaud, à limiter le retentissement de l’événement. Dix ans plus tard, donc, comme pour mieux accompagner ses premières incursions sur scène en solitaire quatre ans après le divorce, Electric Cables, le premier et, à ce jour l’unique, album de Lightships ressort en vinyle chez Geographic. C’est toujours aussi beau et voici ce qu’il en racontait à l’époque. Continuer la lecture de « Gerard Love période Lightships (2012) »

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Weyes Blood et The Innocence Mission dans l’avion Marseille / New York

Weyes Blood / Photo : Neelam Khan Vela
Weyes Blood / Photo : Neelam Khan Vela

C’est le premier trajet du jour, et déjà le sommeil gagne, envahit, puis traîne alors qu’on pensait l’avoir dupé, alors qu’on sait pourtant lui devoir un tribut, le plus tôt sera le mieux, le jetlag en sera moins dur. Bientôt les heures deviendront vraiment indécises, on ne saura plus. Continuer la lecture de « Weyes Blood et The Innocence Mission dans l’avion Marseille / New York »

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Nick Wheeldon’s Demon Hosts, Gift (Le Pop Club Records)

Gift Nick WheeldonTomber en émoi pour un disque n’arrive pas souvent. Passer son temps à écouter la multitude de parutions, trouver que dans cette multitude, nombreuses sont les productions agréables. Apprécier une première écoute, la réécouter parfois avec beaucoup de plaisir, voire de l’émotion, souvent fugaces. Mais tomber amoureux d’un disque, c’est rare. Ça vous prend par surprise, vous êtes presque méfiant de ce disque beaucoup trop joli pour être authentique. Très vite, vous ne pouvez plus passer une journée sans écouter ce disque au moins trois fois par jour. Si vous n’avez pas le temps alors survient le manque et vous pensez à lui inlassablement. Vous voudriez qu’il soit toujours à vos côtés. Même lorsque vous l’écoutez, vous êtes déjà en train de projeter la fin et le manque surgit alors qu’il est encore là. L’instant présent n’existe plus ? Continuer la lecture de « Nick Wheeldon’s Demon Hosts, Gift (Le Pop Club Records) »

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Drugdealer, Hiding In Plain Sight (Mexican Summer)

Depuis 2016, Drugdealer publie patiemment un nouvel album tous les trois ans. Hiding In Plain Sight rejoint Raw Honey (Mexican Summer, 2019) et The End of Comedy (Weird World, 2016). Derrière ce pseudonyme intoxiqué, Michael Collins. Le musicien est actif depuis le début des années 2010 en solo (Run DMT, Salvia Plath) ou en groupe (Silk Rhodes). Toutefois, son rôle est est ici celui d’un chef d’orchestre et principal compositeur : Michael Collins invite en effet nombre de ses amis à participer à ses disques. Par le passé, Weyes Blood avait par exemple chanté sur Suddenly ou Honey. Peut être très prise par sa propre carrière, elle est absente de Hiding In Plain Sight, mais le casting reste impressionnant. Continuer la lecture de « Drugdealer, Hiding In Plain Sight (Mexican Summer) »

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Les Problèmes, Premier EP (Pop Supérette)

« Je croyais voir les gens s’aimer,
mais je les ai bien regardés,
nan, je ne vois rien » 

C’est sur le label Pop Supérette que reparaît le premier EP de 1965 des fameux Problèmes, groupe rock’n’roll – « premier groupe authentique de rhythm and blues 100 % français », disait le slogan sur la pochette – qui deviendra plus tard le groupe parodique à succès, Les Charlots, après avoir accompagné Antoine, le chanteur. Avec le même soin qu’il avait prodigué à l’EP de Jean-Pierre Kalfon (de 1965 aussi), le label toulousain propose un travail d’historien attentif avec un nouveau mastering à partir des bandes d’origine, le tout avec l’aval des deux survivants du groupe, Luis Rego et Jean Sarrus. Continuer la lecture de « Les Problèmes, Premier EP (Pop Supérette) »

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Stax en 40 hits

Retour sur les plus grands titres du légendaire label Soul de Memphis après le départ de son co-fondateur Jim Stewart

L'immeuble STAX à Memphis en 1968
L’immeuble STAX à Memphis en 1968

Avec le décès de Jim Stewart disparait un pan de la musique soul américaine des années soixante. Avec sa soeur, l’Américain fonde l’un des labels les plus mythiques de la musique afro-américaine : Stax. S’il délaisse les affaires à la fin des années soixante, le label continue sous la houlette d’Al Bell. Stax fait faillite au milieu des années 70 mais son catalogue et son nom perdurent depuis. Cette playlist tente, modestement, de mélanger classiques et morceaux moins connus. S’il y a quelques oublis (Albert King, Don Covay, Arthur Conley, Mel and Tim ou The Emotions), nous espérons qu’elle donne un bon aperçu du catalogue de Stax et ses nombreux sous labels (Volt, We Produce Records, Respect, Hip etc.). Continuer la lecture de « Stax en 40 hits »

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Climats #37 : Taken by Trees, Jean-David Jumeau-Lafond

Un Citron de Provence en hiver.

Peut-on chanter du Mercury Rev avec un rhume ? Et Voodoo de D’Angelo sous une matinée de givre, c’est toujours aussi sensuel ?

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #37 : Taken by Trees, Jean-David Jumeau-Lafond »

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Selectorama : Alvilda

Alvilda
Alvilda aux Vinzelles à Volvic / Photo via leur page facebook

Alors que le label romainvillois Born Bad Records a récemment pris l’heureuse initiative de rééditer en vinyle la discographie complète des mythiques Calamités, les fans des rockeuses de Beaune n’auront pas manqué de jubiler en leur découvrant des petites sœurs parisiennes, Alvilda. Ces quatre nanas endiablées, incarnations de la « Rock and Roll Girl » idéale dont rêvait jadis Paul Collins dans son fameux hit de 1979, partagent avec leurs aînées le même goût pour les mélodies acidulées chantées en chœurs et les riffs incisifs imparables.  Depuis sa sortie en 2021, on a joué en boucle sur nos platines les quatre micro-tubes de leur 45 tours Négatif, sorti sur le label allemand Alien Snatch! et on n’aura pas non plus boudé notre plaisir à l’écoute de leur nouveau hit Moustique, paru en octobre dernier sur la très réjouissante compilation Nuits Blanches, chez Lollipop Records. La power-pop revient donc en force en France et elle est loin d’avoir dit son dernier mot. Nina, chanteuse et guitariste d’Alvilda, a sélectionné pour nous quelques titres chers à son cœur. Continuer la lecture de « Selectorama : Alvilda »

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Avant-première : La nuit américaine d’Elsa Michaud en vidéo !

« le secret de la lune, c’est la Merco »

Le label bruxellois Midi Fish nous a habitué à des éditions de cassettes très spéciales, pop mais à l’univers en trompe-l’œil , pas forcément facile  : entre le cloud rap très sombre de Lazza Gio et les œuvres imprévisibles d’Anne Laplantine, marraine en quelque sorte de tous ces petits îlots bizarres qui s’agitent quelque part dans l’électro-monde, on trouve Elsa Michaud, plasticienne, performeuse et « conductrice automobile », qui sort son premier effort ces jours-ci. Continuer la lecture de « Avant-première : La nuit américaine d’Elsa Michaud en vidéo ! »

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Jim Stewart, l’âme blanche de la Soul

Le co-fondateur de l’incroyable label Stax est parti rejoindre Otis et les autres.

Jim Stewart
Jim Stewart devant Soulsville USA.

Jim Stewart, le co-fondateur de Stax est décédé le 5 décembre 2022. Il rejoint sa grande soeur, co-fondatrice du label, Estelle Axton, partie en 2004. Né dans le Tennessee, Jim Stewart déménage à Memphis en 1948. Il joue du violon dans un groupe de country du coin, les Canyon Cowboys. Son attrait pour la musique l’incite à créer un premier label. En 1957, sans expérience, il lance Satellite Records et sort quelques disques de country produits avec les moyens du bord. Il convainc son ainée, Estelle Axton d’investir à ses cotés. Celle-ci met sa maison en hypothèque afin d’acheter un enregistreur à bandes Ampex 350. Le label déménage dans un ancien cinéma désaffecté et se ré-oriente alors vers le R&B, un choix éclairé. Les premiers 45 tours permettent au label de se faire un nom dans la région de Memphis. Continuer la lecture de « Jim Stewart, l’âme blanche de la Soul »

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Metro Area, Id. (Source, 2002)

Vingt ans nous séparent désormais de l’unique album de Metro Area, une des sensations de l’époque. Morgan Geist et Darshan Jesrani avaient démarré le projet quatre ans plus tôt, en 1998, du coté de New York. Actifs tous les deux depuis le milieu des années 90, ils s’étaient rencontrés sur une mailing list de discussion, vers 1995 et entamèrent dès lors une collaboration, d’abord sous le nom de Phenom. Publiés au compte goutte, les premiers maxis de Metro Area, sur Environ (label de Morgan Geist) contribuèrent à faire naitre un fol espoir. Les astres s’alignèrent pour la sortie du tant attendu album. Peu de véritables inédits mais une compilation élaborée et éditée des maxis du duo : cela peut sembler désormais un peu chiche en nouveauté mais l’époque était différente. Continuer la lecture de « Metro Area, Id. (Source, 2002) »