PEOPLE ARE BETTER THAN PEOPLE : this is the end (pt 666)

Pascal Alliot, 46 ans, Reading.

Légende urbaine et bien vivante de la musique moderne. 

A choisi Broadcasting From Home de PENGUIN CAFE ORCHESTRA.

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Donc, un matin, un jour sans fin, quelque chose comme il y a 22 ou 23 ans, moi, le visage loin des hommes, loin du savoir faire de la bonne conscience, en gros la gueule de bois exemplaire qui demande la consommation soit d'alcool dans les minutes qui suivent ou d'aspirine du simple mortel, un tube au mieux, je me rend en bagnole-une sorte de miracle policier finalement au bout du compte-chez un poteau afin de faire le point sur l'urgence de son message. Il vendait des disques…

Bien sur, moi, grand consommateur, le message ne fut pas une autre de ces nouvelles sans lendemain…

Donc, voiture, ceinture, on route et on essaie de penser, j'arrive chez le pote….

Et la, suite a une fouille dans un tas de vinyles, cd, k7, je tombe sur ce truc, genre sans nom, sans rien dans mon esprit qui me permettait une approche convenable de ce que j'avais tenter d'acquerir en terme de son….

LE PENGUIN CAFE ORCHESTRA venait de me donner une claque monumentale en une seule face et m'ouvrir la voie de chemins musicaux sublimissimes qui allaient changer l'approche de ma vision musicale…

Chez le pote, dont le papa, fier prof de fac, et que j'aimais clairement et identique pour lui,,suite a quelques grandes manoeuvres nocturnes-ouvert la nuit quoi, afin de faire simple…-, pleines de souvenirs de vins divins, bouquins, disques et films, qui adorait cet objet-, ravi de mon spleen plutot baba, apporta quelques subtiles bouteilles de vin afin de porter le bonheur a son point le plus ultime d'envie…

Lui, grand fan de ce combo hors du temps et qui inventa sans le savoir le post-rock, me permis de comprendre dans quel genre de merdier sans retours je mettais les pieds…

Et ce disque devint un bonheur, et c'est un minimum de le dire. Un moyen de me barrer…

Donc, de chez mon pote, je ne pris qu'un disque…

Ce fut PENGUIN CAFE ORCHESTRA, “Broadcasting From Home”….. 

Par contre t'envoyer une photo, pas envie. Pour le reste, je te laisse juge de me publier ou pas.  

Pascal Alliot

Penguin Cafe Orchestra Pascal Alliot People Are Better Than Records 2017

PEOPLE ARE BETTER THAN RECORDS : this is the end (pt 29)

Vincent Mondiot, 32 ans, Clichy.

Ecrivain génial, blogger influent chez Survivre La Nuit, mec essentiel.

A choisi de ne pas choisir non plus.

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Alors voilà, hein ? L’ultime salve de People Are Better Than Records. Les derniers jours de Records Are Better Than People. Sept ans. C’est pas mal, c’est le chiffre favori d’environ tout le monde, c’est symbolique dans tous les sens… C’est peut-être le meilleur moment pour arrêter quelque chose. Je ne sais pas.

Je ne sais pas mais je comprends quand même, en vrai. Parler de disques… Moi non plus je n’y arrive plus vraiment. Parce que quand je le fais, j’essaie toujours de dépasser l’exercice de la simple « chronique d’album ». J’essaie de lier la musique à ma vie, à ce qu’elle m’évoque, à ce que j’ai vécu avec elle… Mais au bout d’un moment, que rajouter à ce qui a déjà été dit cent fois ? Comment exprimer une cent-unième fois une idée identique sans répéter les mêmes phrases, au mot près ? Les disques qui me font vibrer n’ont pas tous quelque chose à raconter sur moi, quelle que soit la quantité d’amour que j’éprouve pour eux. Mon stock de souvenirs a beau être conséquent, il n’est pas sans fin pour autant.

Ouais, vraiment. Je comprends un peu. Il y a une limite au nombre de fois où un être humain peut taper les mots « un disque sincère et viscéral, qui tournera un bon moment sur vos platines » dans sa vie.

Année après année, j’ai parlé de disques, sur mon blog à moi, sur ton blog à toi, j’ai essayé d’évoquer des souvenirs, des morceaux de ma vie, des émotions. Mais ça devient difficile d’encore se montrer pertinent. Au bout d’un moment, on a juste envie d’écrire « ce disque est cool » et de mettre fin à la conversation avant qu’elle ait commencé.

Après tout, la musique a pour elle d’être une forme d’expression sensorielle, instinctive, qui n’a pas besoin de mots, de compréhension, d’apprentissage, pour être appréciée.

Quand les discours, les chroniques, les classements de fin d’année, les billets de blog et les analyses cessent, il reste quand même toujours la musique. Les écouteurs dans les oreilles, le matin dans le métro, ou le disque qui tourne le dimanche après-midi quand t’es seul chez toi. Les mélodies qui te reviennent tandis que tu marches vers chez la personne que t’aimes en pleine nuit.

À la fin, c’est la musique qui compte. Juste elle.

Je ne sais pas si c’est ça que tu ressens. Peut-être en partie, peut-être pas du tout. J’espère que tu concluras la rafale 2017 par un texte de toi, histoire de nous le dire.

Pour ma part, ma dernière contribution à ton blog va aller creuser un peu dans ce qu’il me reste à raconter.

Histoire de lever nos verres une ultime fois, je vais parler de comment je t’ai connu.

Je vais parler de l’année 2003.

Je vais parler du forum Awesomeboard.

Que les darons se réunissent autour du feu.

Sur la photo qui accompagne ce texte, tu peux voir des albums d’AMANDA WOODWARD, de THURSDAY et de Katy Perry. Je préviens : il va falloir encore quelques paragraphes pour comprendre pourquoi ils sont réunis (en une mise en scène quand même assez chiadée, tout le monde le reconnaîtra aisément). Mais bon, hé, c’est la dernière année, et je n’ai de toute façon jamais brillé par la concision de mes textes.

En 2003 j’étais un bleubite d’étudiant, je traînais ma flemme dans les couloirs d’une fac d’anglais qui ne me passionnait que modérément, et je sortais d’une scolarité lycéenne qui avait principalement vibré au rythme du neo-metal de KORN et de LIMP BIZKIT.

Et là, déjà, juste à la mention de ces deux groupes, je sais que j’ai perdu une partie des lecteurs qu’il me restait encore après mon introduction interminable. On va en parler, de ça. Du pouvoir répulsif qu’ont certains noms de groupes. Ça vient.

Bref, ouais, donc, le début de la fac, après plusieurs années de goûts musicaux qui se dirigeaient vers plus de rock, plus de bruit, plus d’underground. Vers le DIY, sans que je connaisse encore l’anagramme.

Je ne sais plus du tout, honnêtement, comment la scène DIY m’est tombée dessus. Un tour sur la défunte distro Overcome, je crois. Quelques disques achetés presque au hasard, et puis ensuite le cycle éternel de recherche d’infos sur internet, qui mènent à d’autres groupes, qui mènent à d’autres recherches, qui mènent à d’autres groupes… En quelques mois, mon parcours d’auditeur a pris un virage sérieux, qui m’a mené, pour quelques années, dans les terres aussi hostiles qu’excitantes de la scène punk indépendante.

Ça m’a très vite plu. Vraiment très vite. La fraîcheur, l’accessibilité, la violence de la musique… On était en plein dans le nouvel âge d’or de l’emo français, pile à temps pour voir apparaître des groupes comme DAÏTRO et consorts… Mais là-dessus aussi, on va revenir plus tard. Beaucoup de teasing, dans ce texte.

Ouais, j’ai adoré ça, immédiatement. Pour le lecteur de Rock Sound que j’étais encore, la découverte de tous ces groupes, des labels Waiting for an Angel ou Stonehenge, ça me donnait l’impression d’avoir pénétré dans un tout nouveau territoire, bien plus enthousiasmant que celui que je venais de quitter.

Et puis en plus, il y avait l’engagement, le militantisme inhérent à cette scène. En quelques mois, j’ai suivi sans m’en rendre compte une formation accélérée en conscientisation politique. J’ai lu des dizaines de fanzines, vu des concerts dans des squats, appris ce qu’était l’autogestion, la véritable indépendance, le refus des codes imposés, la remise en cause du salariat, le militantisme au quotidien, la lutte contre les discriminations comme mode de vie… Je suis passé, en un trimestre, d’un post-ado vaguement rebelle à un jeune adulte politisé.

Et tout ça, avais-je, l’impression, c’était grâce à « la scène ».

La scène.

Dès que j’ai compris de quoi il s’agissait, j’ai voulu en faire partie, même de loin. Ça m’excitait trop pour que je ne tente pas de m’y impliquer.

Alors j’ai été à un maximum de concerts. J’ai acheté un maximum de démos. J’ai commencé à parler avec les gens, à essayer de nouer des relations.

Et puis aussi, génération Y oblige, je me suis inscrit sur l’un des premiers forums spécialisés que j’avais découverts. Un forum qui existe toujours, même s’il n’est plus que l’ombre de lui-même. Un forum qui s’appelle Awesomeboard.

Et là a commencé ma désillusion.

Parce qu’au sein de ce microcosme, au sein de cette « scène » qui disait combattre les codes en place, combattre la hiérarchie sociale classique, mettre tout le monde au même niveau, je retrouvais en réalité exactement les mêmes choses qu’ailleurs.

Les membres du forum qui faisaient partie de groupes ou de labels en vue étaient écoutés et repris en écho par tout le monde, quoi qu’ils disent. Les nouveaux, eux, devaient faire leurs preuves, être adoubés avant de pouvoir prétendre à une quelconque légitimité.

Il y avait les mêmes suiveurs, les mêmes leaders, les mêmes groupies, le même poids de l’âge sur la valeur qu’on donnait aux propos d’un tel ou d’un tel, les mêmes intolérances basées sur les mêmes détails de playlists non conformes au goût général… C’était comme n’importe où ailleurs.

Et au final, c’était pareil dans les concerts. Au bout d’un moment j’ai commencé à ne croiser que les mêmes visages, lieu après lieu, soirée après soirée. À entendre les mêmes discussions sur les mêmes sujets. À écouter des groupes identiques jouer des chansons qui ne l’étaient pas moins.

Et pendant ce temps-là, pourtant, je continuais à vouloir me sentir bien dans cette scène qui m’avait tellement ouvert sur plein de trucs. Je continuais à vouloir en faire partie, à vouloir me faire adouber.

Ce n’est jamais arrivé.

Parce qu’il y avait toujours quelqu’un pour ricaner quand je disais aimer le pop-punk et m’être éduqué au neo-metal. Toujours quelqu’un pour me faire savoir que c’était trop tard, que je n’aurais jamais ma médaille de true. Toujours quelqu’un pour me reprendre sur un message qui ne plaisait pas à machin ou à truc. Toujours quelqu’un, en réalité, pour me questionner, sans le dire, sur « qui j’étais pour oser l’ouvrir ».

Peut-être que je me fais des idées. C’est possible. J’étais jeune, et j’avais probablement un besoin trop fort de me faire accepter, d’appartenir à quelque chose qui me dépasserait. J’ai sûrement trop voulu, trop vite, trop espéré.

Mais peu importe, elle était de toute façon là : l’impression de ne pas « en faire partie », de ne pas me sentir bien au sein de la scène. L’impression que, malgré tous les efforts que je pourrais faire, je n’y serais jamais à ma place.

J’ai encore tenté un peu, cependant. Parce que, je me disais, au final, que même si je devais rester au fond de la salle et fermer ma gueule pendant les discussions, au moins il resterait la musique.

Sauf que là-dessus aussi, je me mentais à moi-même.

De cette scène DIY, en réalité, je ne sauve qu’une toute petite poignée de groupes. Vraiment toute petite. Le reste, la majorité de ceux que j’ai vus en concert pendant ces quelques années, dont j’ai acheté les démos, hé bien… Hé bien disons que c’était tant mieux pour eux qu’ils refusent l’idée d’ambition et de vouloir faire de la thune avec leur musique. Parce que de toute façon ils n’y seraient jamais parvenus.

Combien de concerts en forme de corvées auditives, combien de disques jamais écoutés une seconde fois ? Quasiment tous.

Et la vérité, pour en avoir parlé avec plusieurs personnes connaissant ce milieu, c’est que je suis loin d’avoir été le seul dans le cas. Oui, la vérité, c’est qu’en réalité la musique n’est pas réellement un enjeu de la scène. C’est presque revendiqué, d’ailleurs. Tous ces groupes n’existent et ne sortent des disques que pour justifier l’existence du bordel. Pour que puissent survivre les forums, les distros, les labels, pour que puissent s’organiser les concerts. Pour que, au final, ils puissent continuer à avoir une raison de se retrouver les uns les autres le jeudi soir pour se mettre des murges en grognant contre le système.

La musique, la scène s’en fout. Si ce n’était pas le cas, elle produirait de meilleurs disques.

D’une certaine façon, je comprends. Ce n’est pas l’enjeu principal de tout ça, et pourquoi pas. C’est un autre rapport à la création, au divertissement, tout ce qu’on voudra. Je les connais, les arguments et les discours. Mais moi, j’avais aussi envie de musique. J’avais aussi envie de ça, de vibrer avec des albums, de les sentir me terrasser, et finalement, ça n’arrivait presque jamais. Tout sonnait pareil, tout était nul à chier, en fait, passé l’effet de surprise initial.

Quand j’ai accepté ça, j’ai finalement cessé de vouloir intégrer la scène, et je l’ai quittée sans jamais avoir réussi à totalement y entrer, toujours bloqué à la porte par les videurs.

Je n’ai emporté avec moi que quelques disques précis, et un peu de conscience politique en plus.

Parmi ces disques, il y avait ceux d’AMANDA WOODWARD, dont La Décadence de la Décadence, que tu peux voir sur la photo (tu vois, on y arrive !). Probablement mon groupe de rock français favori. Et, accessoirement, l’un des piliers les plus respectés de la scène. Des types qui ont tamponné entièrement leur carte de membre du club DIY. Un groupe qu’il n’était pas seulement toléré d’aimer, sur Awesomeboard, mais qui faisait même partie du package de base qu’on te supposait avoir lorsque tu arrivais. À l’époque, personne n’aurait jamais questionné tes goûts si tu mentionnais aimer AMANDA WOODWARD. C’était acquis, ça faisait partie du bon goût officiel, et pour une fois je trouve ça justifié.

Sérieusement, si tu ne connais pas AMANDA WOODWARD, trouve-toi cet album, il est incroyable. C’est l’alpha et l’oméga de l’emo français. Tu peux te contenter de ses huit titres, tu sauras tout ce qu’il y a à savoir de ce style. Chaque jour je pleure la disparition de ce groupe. Un immense album.

À l’autre bout de la pierre tombale, il y a Teenage Dream, le meilleur album de Katy Perry.

À l’époque dont je parle, Katy Perry n’existait pas encore, en tant qu’artiste. Mais je l’ai tout de même mise sur la photo pour plusieurs raisons : déjà, c’est une très bonne représentante de l’idée de « musique ultra mainstream ». Ensuite, malgré cela, elle a quelques liens (très lointains mais tout de même réels) avec le punk-rock. Et puis, aussi… Non, ça je garde pour la fin du texte.

T’inquiète, on a dépassé la moitié, là, je pense.

Bref, ouais, Katy Perry est sur la photo de classe principalement en tant que championne de la musique mainstream… Parce que bizarrement, il était également toléré de dire aimer ce type d’artistes, dans la scène. Bien sûr, il ne fallait pas en aimer trop, et il fallait faire cet aveu avec un petit sourire moqueur et un degré et demi dans la voix, mais c’était accepté, bien vu, même.

Après tout, c’était tellement loin des préoccupations du punk DIY qu’il y avait un côté inoffensif à la musique FM. Dire aimer à la fois AMANDA WOODWARD et le dernier Britney Spears était une coquetterie amusante, et tout le monde y allait de son petit plaisir coupable, dans la bonne humeur générale.

Et puis enfin, au milieu de la photo, il y a l’album No Devoluciόn, de Thursday.

C’est là que tout se complique d’un seul coup.

THURSDAY. « Le groupe auquel DAÏTRO a dit non ».

Parce que ouais, dans la scène, les deux extrêmes étaient bien vus. L’ultra mainstream qui se vendait par camions entiers et le DIY forcené qui tirait ses vinyles à quelques centaines d’exemplaires. Mais ce qui posait problème, ce qui finissait toujours par motiver tel ou tel membre du forum à se foutre de ma gueule, bientôt rejoint par d’autres, c’était les groupes « du milieu ». Comme THURSDAY.

Si tu ne sais pas de quoi il s’agit, THURSDAY est un groupe d’emo-rock américain qui a été signé chez Victory records, Island et Epitaph. Ils font partie des inventeurs puis des fossoyeurs de l’emo-FM qui a régné aux États-Unis au milieu des années 2000, et ils ont derrière eux une discographie assez parfaite. Tu peux piocher au hasard, tu tomberas forcément sur quelque chose d’incroyable. Ça hurle, ça chante, ça fait du bruit et des mélodies, et ça couvre le corps de frissons, même à la millième écoute.

No Devoluciόn, dernier album avant leur split, est un chef-d’œuvre absolu que je réécoute une fois par semaine depuis sa sortie il y a six ans. Aucun des albums de THURSDAY ne m’a lassé, jamais.

Des trois artistes présents sur la photo, THURSDAY est mon favori.

D’ailleurs, en fait, THURSDAY est probablement mon groupe favori, tout court.

Et c’est aussi, en France, donc, « le groupe auquel DAÏTRO a dit non ». « Un groupe de vendus ». « Des Américains qui ont utilisé les racines du mouvement punk pour les prostituer en une musique grand public ». « Des traîtres à la cause ».

Pour un membre de la scène DIY, il n’y a rien de pire que ce genre de groupes. Peut-être parce qu’ils menacent l’entre-soi de la scène. Peut-être parce qu’ils posent la question de l’ouverture, de la propagation des idées au plus grand nombre. Ce que ne me semble pas réellement vouloir la scène, qui est très bien avec elle-même.

Pas de chance pour moi, vu que c’est globalement vers THURSDAY et les siens que mes goûts se tournent.

Et en vrai, il m’a fallu du temps pour accepter que je m’en foutais, qu’on me regarde de haut à cause de ce que j’avais l’outrecuidance d’écouter. Regarde, même maintenant, j’en suis à cinq pages, là, déjà, alors qui sait, peut-être que je ne l’ai même jamais totalement accepté… C’est un truc que j’ai mis du temps à digérer, en tout cas. Ça m’a demandé des années de travail inconscient sur moi-même, sur mon envie d’appartenir à un groupe social, pour réellement parvenir à me foutre de ce que des inconnus sur internet pensaient de mes goûts musicaux.

Et tu m’y as aidé, Florian.

Tu ne t’en souviens probablement pas, tu ne dois même pas le savoir, mais du temps d’Awesomeboard, où tu te faisais appeler Buddy Satan, tu as été l’un des seuls membres « respectés » à me tendre la main. La seule personne de la scène à parler en bien de mon fanzine de l’époque, Terrortriste. L’un des seuls qui avait l’air de s’en foutre, que j’écoute THURSDAY ou dieu sait quel autre groupe de vendus.

L’un des seuls à m’avoir confirmé que, ouais, à la fin, ce qui compte, c’est juste la musique.

C’est grâce à toi qu’aujourd’hui, j’ai encore de la bienveillance pour cette scène malgré le rejet que j’y ai vécu. Tu es celui qui m’a fait comprendre que, non, la scène n’était pas une ruche régie par une conscience collective, mais bien une somme d’individus qui tous tiraient dans des sens aléatoires, différents. C’est grâce à toi que j’aime toujours, même si de loin, la scène DIY. Parce que derrière toi, il y a l’idée que d’autres personnes de ton genre y existent.

J’en ai rencontrées certaines, par la suite. Des Ianik, des Cora, des Tom, des gens qui eux aussi ont participé à People Are Better Than Records. Des gens qui ont poursuivi ton travail en me faisant comprendre que j’avais fait une erreur, en voulant être accepté de « la scène ». Parce que « la scène », ça n’existe pas. Ce qui existe, c’est les individus qui la composent. Comme dans n’importe quel milieu, il y a un tas de connards dans le lot. Et puis il y a les autres. Vous tous.

Ça va me manquer, notre rendez-vous annuel.

Il y a une dernière raison pour laquelle ces trois disques sont réunis sur la photo : ils font tous partie de la playlist qui ouvre un roman que j’ai écrit, Tifenn : 1 – Punk : 0. Un roman qui se passe au sein de ladite scène DIY, et qui en dit plutôt du bien. Un roman sur lequel tu m’as donné ton avis, au fil de l’écriture, en qualité de « consultant expert ». Un roman qui te doit beaucoup. Parce que presque dix ans avant son écriture, c’est toi qui m’as empêché de haïr cette scène. Qui m’a permis d’en comprendre son humanité.

Ce qui compte, c’est la musique, juste la musique.

Les disques.

Mais peut-être qu’il y a aussi les gens, au final.

Records Are Better Than People est mort. Vive Buddy Satan.

Katy Perry Amanda Woodward Thursday emo screamo pop People Are Better Than Records 2017


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