Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Un mouvement de contestation se développe en Chine après bientôt trois années de dures restrictions sanitaires contre le Covid. À Pékin, Shanghai, mais aussi Wuhan (centre) et d’autres villes du pays, des manifestations se sont déroulées ce week-end, prenant au dépourvu le puissant système sécuritaire qui a depuis resserré la vis pour empêcher tout nouveau rassemblement. Pourtant, de nouveaux heurts entre manifestants et police ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi dans la métropole de Canton (sud). Des policiers vêtus de combinaisons intégrales de protection blanches et équipés de boucliers anti-émeutes sont intervenus, des personnes ont caillassé les forces de l’ordre et il y a eu des arrestations.

Suite aux manifestations sur les campus le week-end dernier, un nombre croissant d’universités ont déclaré le début anticipé des vacances, poussant leurs étudiants à rentrer dans leurs familles. L’élément déclencheur de cette mobilisation nationale a été l’incendie d’un immeuble d’habitation à Urumqi, capitale de la région du Xinjiang (nord-ouest), qui a fait 10 morts. Les restrictions sanitaires auraient empêché l’arrivée rapide des secours. Certaines manifestations ont également pris une tournure politique, certains demandant le départ du président Xi Jinping.

Le 29 octobre dernier, des milliers de personnes convergeaient à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres contre le projet de mégabassine avait été confrontée à  2500 gendarmes. Des milliers de grenades tirées faisant plusieurs des blessés graves (voir notre article). La répression se poursuit sur le plan judiciaire. Un procès avait lieu ce lundi 28 novembre à Niort. Les avocats des 5 manifestants demandent un report : certains avocats sont absents et l’un de prévenus, Robin, n’a pu se déplacer. Il avait été gravement blessé par un tir de LBD dans la tête, il a des séquelles et ne pouvait donc pas assister au procès. Le juge refuse le report : il veut juger un homme en son absence, absence causée par les blessures infligées par les forces de l’ordre. Les prévenus et les avocats présents quittent la salle. Le jugement a donc lieu dans une salle vide. Le juge mène une audience à charge alors qu’aucun fait concret n’est reproché aux prévenus: ils sont poursuivis pour «participation à un groupement en vu de commettre des violences ou dégradations de biens». 5 personnes parmi 8000 autres, pour l’exemple.

Dans la salle, le procureur demande une peine «d’avertissement» : 4 mois de prison avec sursis et une interdiction de séjour sur le territoire des Deux-Sèvres de 5 ans. Le juge rend sa décision dans la foulée.  Pour deux prévenus : 2 mois de sursis et 3 ans d’interdiction de séjour dans le département pendant 3 ans, 3 mois sursis pour les deux autres, dont celui qui a été blessé. Cette parodie de procès fait suite à une circulaire du gouvernement. Le Ministre de la Justice a demandé le 9 novembre aux procureurs une «réponse pénale systématique et rapide» contre les anti-bassines. La circulaire donnait des consignes aux magistrats concernant «le traitement judiciaire des infractions commises dans le cadre des contestations de projets d’aménagement du territoire»:  usage systématique de comparutions immédiates, des «interdictions de paraître ou de participer aux manifestations» et des «interdiction de séjour dont la violation est sanctionnée d’une peine de deux ans d’emprisonnement.», ainsi des investigations poussées sur les opposants.

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Des combattants présumés de la Nouvelle armée populaire ont abattu deux agents de renseignement du 47e bataillon d’infanterie de l’armée philippine à Barangay Camindangan, dans le Negros Occidental. C’est jeudi passé avant midi que deux sous-officiers, des  sergents, qui menaient une opération de reconnaissance, ont été mitraillé par un commando de cinq guérilleros maoïste circulant à bord de deux motos.

A Beit Ommar, près de Hébron, une ville du sud de la Cisjordanie où les tensions demeurent vives entre des colons sionistes et la population palestinienne locale, un Palestinien a été tué mardi matin d’une balle dans la tête par l’armée israélienne. Mufid Mahmud Khalil (44 ans) se trouvait dans une manifestation qui caillassait des soldats après que deux véhicules de l’armée en patrouille se furent retrouvés bloqués par une panne.

Puis, à Kafr Ein, Jawad et Dhafer Abdul Rahman Rimawi, deux frères de 22 et 21 ans, ont été tués par des tirs de l’armée israélienne lors d’une manifestation contre l’occupation et la colonisation. Enfin, toujours mardi, une attaque à la voiture bélier, près de la colonie sioniste de Kokhav Yaakov, dans le centre de la Cisjordanie, a ensuite blessé légèrement une soldate israélienne. Le conducteur a été tué par les militaires.

Pas moins de 36 policiers ont été blessés lors d’affrontements avec des manifestants dans l’État du Kerala, dans le sud de l’Inde, qui exigeaient la libération d’une personne arrêtée lors d’une manifestation contre un projet portuaire de 900 millions de dollars du groupe Adani. Les activités portuaires et logistiques d’Adani valent 23 milliards de dollars. L’emplacement du port à la pointe sud de l’Inde est considéré comme un élément clé pour gagner des marchés face aux ports de Dubaï, Singapour et Sri Lanka. La construction du port maritime de Vizhinjam a été interrompue pendant plus de trois mois après que des manifestants, issus pour la plupart de la communauté des pêcheurs, aient bloqué son entrée, accusant le développement d’être responsable de l’érosion côtière et de les priver de leurs moyens de subsistance. Au cours du week-end, les manifestants ont empêché les véhicules de construction d’Adani d’entrer dans le port, malgré une décision de justice ordonnant la reprise des travaux, ce qui a entraîné l’arrestation de plusieurs d’entre eux.

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Le parquet de Turin a ouvert une enquête, soutenue par les bureaux territoriaux de Bologne, Bergame et Nuoro, pour « incitation au crime », contre le groupe P38-La Gang. Les carabiniers et la police ont effectué des perquisitions chez les quatre membres du groupe, saisissant du matériel informatique « utile pour la poursuite de l’enquête ». Les noms des membres du groupe ne sont pas connus du public car ils se produisent sur scène en cagoule. Le groupe a été formé en 2020, et ses vidéos et paroles font parfois référence aux Brigades rouges. À la suite d’un concert organisé le 1er mai dernier, la police politique (Digos) de Reggio Emilia avaient ouvert une enquête contre le président du club d’Arci qui avait accueilli le concert. Les dénonciations et les enquêtes ne pouvaient produire des conséquences judiciaires qu’en recourant aux délits d’opinion hérités du code pénal fasciste du Rocco. C’est ce qu’a fait le parquet de Turin, le parquet le plus zélé d’Italie,  qui a tenté toutes les actions judiciaires les plus douteuses contre le mouvement No Tav,

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Les forces solidaires de Mumia luttent depuis des décennies pour réviser son procès, entaché de graves entorses sur le plan de la procédure (notamment dans le choix des jurés à l’époque : tous ceux qui étaient noirs ont été refusés par la justice). Le 26 octobre, la juge Clemons a rejeté la demande de révision du procès. Lors de cette audience, des centaines de militants étaient réunies devant le tribunal de Philadelphie. La juge a examiné de nouvelles preuves trouvées dans le bureau du procureur qui prouvaient la corruption, les atteintes diverses au système judiciaire. Mais, elle a annoncé qu’elle ne tiendra pas compte de ces nouvelles preuves. Les avocats de Mumia ont désormais 20 jours pour répondre aux arguments de la juge. L’audience est fixée au 16 décembre. Si la révision du procès de Mumia ne peut avoir lieu et il pourrait mourir en prison. Seuls pourrait l’empêcher l’État de Pennsylvanie ou la cour Suprême, mais depuis la présidence de Trump, celle-ci a été modifiée dans le sens le plus réactionnaire…

voir notre dossier sur Mumia Abu Jamal

Les appels se multiplient pour la libération des dix-neuf prisonniers politiques sahraouis du groupe dit « de Gdeim Izik », emprisonnés depuis maintenant 12 ans. Ils ont condamnés pour leur participation présumée aux violences meurtrières qui ont éclaté le 8 novembre 2010, quand la police marocaine a démantelé un campement de manifestants au Sahara occidental. Les procès ont été entachés par le fait qu’ils se sont appuyés sur des « aveux »  extorqués sous la torture et que les accusés avaient réfutés. Le Comité contre la torture des Nations Unies a d’ailleur condamné, l’an passé, des violations de la Convention contre la torture dans trois affaires concernant des accusés de Gdeim Izik.

En 2013 un tribunal militaire a condamnés 23 accusés à des peines d’au moins 20 ans d’emprisonnement, et deux à des peines déjà purgées. En 2016, la Cour de cassation a annulé cette décision au motif qu’elle était fondée sur des preuves peu concluantes. En 2017, la Cour d’appel de Rabat a confirmé toutes les déclarations de culpabilité, mais elle a allégé les peines prononcées contre deux accusés qui ont été remis en liberté. Un des 25 accusés qui était en liberté conditionnelle depuis 2011 pour raisons de santé est décédé en 2018. À la suite du procès de 2017, les autorités ont dispersé les 19 prisonniers de Gdeim Izik dans six prisons situées à un millier de kilomètres au moins d’El Ayoun, où vivaient la majeure partie d’entre eux. Ils ont mené plusieurs grèves de la faim contre la privation de soins et de visites.

 

Dans la soirée du 24 novembre, 70e nuit du soulèvement, les manifestations de nuit se sont poursuivies à Téhéran dans divers quartiers. Pour créer un climat de terreur, les miliciens du Bassidj et les agents en civil ont détruit les voitures des particuliers et tiré sur des maisons dans plusieurs points de Téhéran. Les habitants de certains quartiers comme Moshiriyeh ont résisté à l’assaut des forces répressives et déclenché des accrochages. Sur les autoroutes Kashani et Hakim, de grandes banderoles du pouvoir ont été brûlées et à Pakdasht, la place Sepah a été incendiée. Des jeunes insurgés ont incendié une grande banderole de Khamenei à Ardakan, dans la province de Yazd.

Les habitants des villes de Yazd, Kermanchah, Hamedan, Ahwaz, Ispahan, Oroumieh, Zahedan ainsi que Fardis, Golchar et Mehrchahr de Karadj ont allumé des feux et manifesté. Des jeunes de Jakigor, dans le Sistan-Balouchistan, ont bloqué la route en allumant des feux. À Ilam, ils ont attaqué le poste de police de Vazir Abad avec des cocktails Molotov. Les funérailles de manifestants tués se sont transformées en manifestations anti-gouvernementales (photo) au cimetière de Behecht-Zahra de Téhéran, à Khorramabad,  à Kamiyaran à Semirom, à Dehgolan à Mahidasht de Kermanchah.

Les commerçants dans et hors du bazar ont fait grève dans au moins 22 villes, y compris Qorveh, Divandareh, Saqqez, Kamiyaran, Sanandaj, Marivan, Baneh, Boukan, Piranchahr, Oshnavyeh, Dehgolan, Sardacht, Mahabad, Kermanchah, Sarpol Zahab, Ravansar, Salas-Babajani, Javanroud, Sarableh, Abdanan, Oroumieh, Ziveh de Margavar, Naqhadeh, Machad et Semirom. Les employés de l’entreprise Crouse de Téhéran et ceux de l’entreprise de construction automobile de Qazvine se sont mis en grève. Jeudi matin, les familles des personnes arrêtées pendant le soulèvement se sont rassemblées devant la prison d’Evine à Téhéran pour demander des informations sur leurs enfants et de leurs proches.

 

Dans un rapport de 83 pages annexé au projet de loi d’orientation et de programmation (Lopmi), adopté le 22 novembre à l’Assemblée nationale, le ministère de l’Intérieur dévoile les grandes lignes de sa « trajectoire » pour 2030. S’il n’a pas de valeur législative, ce texte donne une idée des ambitions à long terme du gouvernement en matière de sécurité : « transformer l’institution », en misant toujours davantage sur la technologie et les dispositifs de surveillance numérique.

Selon le rapport, les policiers et les gendarmes de demain seront « augmentés » grâce à des « technologies de pointe » . Les textiles intelligents dont ils seront vêtus seront capables de thermoréguler leur corps et pourront donner en continu des indications sur leur état physiologique. Les capacités physiques des agents seront décuplées grâce à des exosquelettes, qui seront interconnectés avec les moyens numériques « présents et à venir ». Des caméras légères seront également déployées à grande échelle sur la poitrine et dans les voitures des forces de police. Ces dernières recourront de manière accrue à l’intelligence artificielle pour analyser les données. Les forces de police, selon les souhaits du gouvernement, y seront dotées de moyens mobiles adaptés à l’environnement, comme des motoneiges ou des buggys, ainsi que de moyens de surveillance tels que des drones à vision nocturne, des caméras infrarouges et thermiques, ou encore des systèmes de lecture automatisée des plaques d’immatriculation. Le document promeut l’utilisation de lunettes ou de casques de réalité augmentée, permettant aux forces de police de consulter des fichiers en direct lors de leurs interventions.

(image d’illustration: Artstation)