vendredi 19 mars 2021

Une société de l'accès libre

Extraits de Description du monde de demain. Un monde sans monnaie ni troc ni échange: une civilisation de l'accès. Jean-François Aupetitgendre et Marc Chinal:

"Il y a toutes les chances pour que ceux qui veulent abolir tout à la fois l'argent, l'Etat, le marché, la marchandise, le salariat, la valeur et surtout la nécessité de réaliser des profits financiers, deviennent rapidement les seuls véritables réalistes, les plus pragmatiques.

Quand on tente d'imaginer une société sans argent, on se retrouve tout naturellement à désigner des choses qui auront disparu et qui auront perdu leurs vocables. Certains mots auront changé de sens, d'autres seront amputés de quelques acceptions, d'autres seront tombés en désuétude.

S'il n'y a plus d' argent, le terme ne désignera plus que le métal, nul n'aura besoin de porte-monnaie, de carte de crédit, de chèque... Les métiers de banquier, assureur, percepteur, huissier. . . subiront le même sort que les vieux métiers de régratier (détaillant en épicerie), décrotteur (ramasseur de crottin dans les rues), ce dernier revendant le crottin aux mégissiers (tanneurs de peaux)... Nombre d'actions courantes auront disparu : payer, vendre, louer, bailler, hypothéquer, gager, taxer, verbaliser, budgéter, financer. . .

Pensez à tous les métiers directement ou indirectement liés à 1'usage de la monnaie : dans la banque, dans les assurances, dans la comptabilité, aux impôts, dans les administrations, dans les lois où beaucoup sont là pour gérer les relations monétaires...

Tous ces métiers disparaissent instantanément dans un système postmonétaire.

Mais là où ce serait négatif dans une civilisation où chacun doit avoir un salaire pour avoir le droit de survivre, c'est positif dans une civilisation postmonétaire parce que cela permet de diminuer la charge de travail de chacun en la répartissant sur un plus grand nombre.

Ainsi il n'est pas impossible de projeter que la durée du travail quotidien nécessaire tombera à environ 4 heures si on enlève toutes les comptabilités et paperasses fastidieuses et si le travail n'a pas à être sans cesse recommencé, les productions n'ayant plus vocation à être remplacées régulièrement pour protéger le chiffre d'affaires (obsolescence programmée d'objets ou de systèmes informatiques rendus volontairement incompatibles, utilisation de mauvais matériaux moins coûteux, travail bâclé pour diminuer le coût horaire et ainsi augmenter ses bénéfices, etc.), sans partagé.

Une société où tout serait en libre accès donnerait une grande liberté de choix à tous ceux qui subissent des situations insupportables. Dans une société marchande, on est tenu de « gagner sa vie », comme si elle n'était pas un bien inaliénable. Changer de logement pour fuir un conjoint violent devient un parcours du combattant sans fiches de paye ou bilan d'activité, sans les économies suffisantes pour payer une caution. Les victimes sont prises au piège sans le sésame capitaliste de 1'indépendance financière.

Il en est de même pour toutes les affaires mises à jour par le mouvement « Me too ». Pourquoi une femme céderait-elle aux avances d'un supérieur si elle n'a rien à y gagner ? Quel moyen de pression utilisera le prédateur s'il n'a rien d'autre à offrir que ce que 1'autre a en accès libre ?

Dans une société de 1'Accès, les activités humaines ne peuvent être que choisies et ne peuvent être liées à des avantages, des émoluments, des salaires, des traitements, des soldes, des cachets, des honoraires... Les questions de parité, d'égalité de revenus, de métiers genrés n'ont plus aucun sens. C'est la fin du petit chef, du dictateur de bureau, du prestige de cadre, de la subordination salariale."

vendredi 5 février 2021

"Comment je suis devenu marxiste"

Des textes choisis du marxiste russe Julius Martov édités chex les Editions Lumpen. Il s'agit d'articles écrits avant la première guerre mondiale et après le coup d'état bolchévique du novembre 1917. Puisqu'il s'opposait aux idées organisationnelles élitistes de Lénine lorsque du congrès du parti social-démocrate russe de 1903 il est classé comme "menchévique". Toutefois, il s'est opposé au participation russe à la guerre mondiale et il était donc "menchévique internationaliste". Dans ces articles, surtout "Marx et le problème de la dictature du prolétariat" et "Le bolchévisme mondial", il démontre que la théorie de Lénine et la pratique des bolchéviques n'avaient rien de marxiste, mais qu'elles étaient la théorie et la pratique d'une minorité élitiste qui s'était emparé du pouvoir et qui avait imposé sa dictature sur le prolétariat.

dimanche 3 janvier 2021

Brexit !

C'est arrivé. L'Etat britannique ne fait plus partie de l'Union européenne. Et alors? En quoi ça concerne la classe salariée?

L’expression même « Etat-Nation » suppose que les Etats qui se partagent le monde sont l’expression politique de « nations » préexistantes. Au fait, c’est l’inverse: c’est la « nation » qui est une création de l’Etat. Les Etats inculquent à leurs ressortissants qu’ils formeraient une communauté, avec des intérêts communs représentés par l’Etat. Les gens en viennent à se considérer, eux et les autres du même Etat, comme un « nous ».

Les socialistes ne parlent pas de « nous » en lien avec les soi-disant « Etats-nations » où ils naissent ou vivent. Nous savons que dans chaque Etat il y a deux classes aux intérêts opposés: la classe de ceux qui possèdent et contrôlent les moyens de production et la grande majorité qui n’a que sa force physique et intellectuelle à vendre pour vivre et qui le fait pour un salaire.

Les guerres ne se font pas entre « nations » , mais entre Etats, et les Etats représentent les intérêts de leur propre classe dominante. Les guerres naissent de conflits économiques entre Etats, représentant ces classes dominantes, sur les sources de matières premières, les routes commerciales, les marchés, débouchés et zones stratégiques qui les protègent.

Le nationalisme est utilisé par les Etats pour obtenir un soutien à la guerre de sa « chair à canon ». Mais il peut se révéler contre-productif s’il échappe au contrôle de l’Etat, comme cela s'est arrivé au Royaume-Uni sur la question européenne. L’intérêt de la section dominante de la classe capitaliste britannique, c'était que son Etat reste dans l’Union européenne afin d’avoir accès au « marché unique » européen, mais une grande partie de l’opinion publique y était opposée sur des bases nationalistes qu'une autre section a exploitées avec succès.

Nous insistons: les salariés dans un Etat ont les mêmes intérêts que leurs camarades des autres Etats. Nous sommes tous membres de la classe travailleuse mondiale et avons un intérêt commun à travailler ensemble à l’établissement d’un monde sans frontières où les ressources deviendront patrimoine commun de tous les peuples du monde et seront utilisées au bénéfice de tous.

samedi 28 novembre 2020

Bon anniversaire Friedrich

Engels est né ce jour il y a deux cents ans.

Entre mai et août 1881, il écrivit un article pour presque tous les numéros du Labour Standard, un hebdomadaire syndical anglais. En tout, 12 articles de lui ont été publiés, traitant de sujets tels que les syndicats, Bismarck et un traité commercial entre la France et l’Angleterre.

Les quatre premiers de ces articles traitent au système du salariat et aux syndicats. Ils donnent une explication très claire de la façon dont la classe salariée est exploitée à travers le salariat et de l'utilité et des limites de l'organisation et de l'action syndicale. La conclusion d'Engels, que la classe salariée devrait s'organiser politiquement, "en tant que corps unique", pour envoyer ses délégués au parlement afin d’abolir le salariat, est toujours valable aujourd'hui.

L'abolition du salariat, qu'est-ce que cela veut dire, en termes concrets? Cela veut dire, tout d'abord, la fin de la division de la société entre employeurs et salariés, entre ceux qui peuvent acheter les services des autres parce qu'ils détiennent les moyens de production et ceux qui ne possèdent rien que leur capacité à travailler, qu'ils sont obligés de vendre contre un salaire par nécessité économique afin de vivre. Cela veut donc dire l'abolition des classes. La seule base sur laquelle on peut le faire est, d'après les propres mots d'Engels, "la possession des moyens de travail (des matières premières, des usines, de l'outillage) par la classe ouvrière elle-même", grâce au socialisme, la possession commune et la gestion démocratique des moyens et des instruments de production et de distribution par la société tout entière.

Le socialisme est la possession commune des moyens de production par la société tout entière, non par l'Etat (l'Etat étant un instrument de domination capitaliste, la propriété d'Etat n’est pas le socialisme, mais le capitalisme d’Etat.) Sur cette base, la production peut être gérée démocratiquement et orientée vers la seule satisfaction des besoins humains. La production pour l'usage seul remplacera la production pour la vente en vue de profits. Quant à la distribution, la technologie moderne permet maintenant la production de la richesse en une telle abondance que le vieux principe socialiste "De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins" peut être appliqué.

La réalisation de ce principe veut dire précisément ce que les mots disent: les hommes et les femmes travailleront ensemble au mieux de leur capacité pour produire une abondance de laquelle ils pourront alors se servir librement et gratuitement suivant leurs besoins. Le libre accès aux biens de consommation et aux services remplacera le rationnement dû au système du salariat. L'argent disparaîtra et avec lui l'achat et la vente, les banques, les assurances et tout le système financier.

Une société sans classes, sans Etat et sans argent, c'est cela que l'abolition du salariat veut dire. C'est le but vers lequel les efforts de la classe salariée doivent tendre puisqu' elle, et seulement elle, peut créer le cadre dans lequel les problèmes auxquels la classe salariée a à faire face aujourd'hui peuvent être résolus une fois pour toutes.

dimanche 15 novembre 2020

La destruction de la nature

La destruction de la nature (1909)* (Traduction d'un article, toujours d'actualité, d'Anton Pannekoek)

De nombreux écrits scientifiques se plaignent avec émotion de la destruction croissante des forêts. Or ce n’est pas seulement la joie que chaque amoureux de la nature éprouve pour la forêt qui doit être prise en compte. Il existe aussi d’importants intérêts matériels, voire des intérêts vitaux pour l’humanité. Avec la disparition des riches forêts, des pays connus dans l’Antiquité pour leur fertilité, densément peuplés, véritables greniers pour les grandes villes, sont devenus des déserts pierreux. La pluie n’y tombe que rarement, ou des pluies diluviennes dévastatrices emportent les minces couches d’humus qu’elle doit fertiliser. Là où la forêt des montagnes a été anéantie, les torrents alimentés par les pluies de l’été roulent d’énormes masses de pierres et de sable, qui dévastent les vallées alpines, déforestent et détruisent les villages dont les habitants sont innocents «du fait que le profit personnel et l’ignorance ont détruit la forêt dans les hautes vallées et la région des sources».

«Intérêt personnel et ignorance» : les auteurs, qui décrivent avec éloquence ce désastre, ne s’attardent pas sur ses causes. Ils croient probablement qu’il suffit d’en souligner les conséquences pour remplacer l’ignorance par une meilleure compréhension et en annuler les effets. Ils ne voient pas qu’il s’agit d’un phénomène partiel, l’un des nombreux effets de nature similaire du capitalisme, ce mode de production qui est le stade suprême de la chasse au profit.

Comment la France est-elle devenue un pays pauvre en forêts, au point d’importer chaque année des centaines de millions de francs de bois de l’étranger et de dépenser beaucoup plus pour atténuer par le reboisement les conséquences désastreuses de la déforestation des Alpes? Sous l’Ancien Régime, il y avait beaucoup de forêts domaniales. Mais la bourgeoisie, qui a pris les rênes de la Révolution française, ne voyait dans ces forêts domaniales qu’un instrument d’enrichissement privé. Les spéculateurs ont rasé trois millions d’hectares pour transformer le bois en or. L’avenir était le cadet de leurs soucis, seul comptait le profit immédiat.

Pour le capitalisme, toutes les ressources naturelles ont la couleur de l’or. Plus il les exploite rapidement, plus le flux d’or s’accélère. L’existence d’un secteur privé a pour effet que chaque individu essaie de faire le plus de profit possible sans même penser un seul instant à l’intérêt de l’ensemble, celui de l’humanité. Par conséquent, chaque animal sauvage ayant une valeur monétaire, toute plante poussant à l’état sauvage et dégageant du profit est immédiatement l’objet d’une course à l’extermination. Les éléphants d’Afrique ont presque disparu victimes d’une chasse systématique pour leur ivoire. La situation est similaire pour les hévéas, qui sont victimes d’une économie prédatrice dans laquelle tout le monde ne fait que détruire les arbres sans en replanter de nouveaux. En Sibérie, on signale que les animaux à fourrure se raréfient de plus en plus en raison d’une chasse intensive et que les espèces les plus précieuses pourraient bientôt disparaître. Au Canada, de vastes forêts vierges sont réduites en cendres, non seulement par les colons qui veulent cultiver le sol, mais aussi par les «prospecteurs» à la recherche de gisements de minerai ; ceux-ci transforment les versants montagneux en roches dénudées pour avoir une meilleure vue d’ensemble du terrain. En Nouvelle-Guinée, un massacre d’oiseaux du paradis a été organisé afin de se plier à la lubie dispendieuse d’une milliardaire américaine. Les folies de la mode typiques d’un capitalisme gaspillant la plus-value ont déjà conduit à l’extermination d’espèces rares; les oiseaux de mer de la côte est-américaine n’ont dû leur survie qu’à la stricte intervention de l’État. De tels exemples pourraient être multipliés à l’infini.

Mais les plantes et les animaux ne sont-ils pas là pour être utilisés par les humains à leurs propres fins ? Ici, nous laissons complètement de côté la question de la conservation de la nature telle qu’elle se poserait sans l’intervention humaine. Nous savons que les humains sont les maîtres de la terre et qu’ils transforment complètement la nature pour leurs besoins. Pour vivre, nous sommes complètement dépendants des forces de la nature et des richesses naturelles; nous devons les utiliser et les consommer. Ce n’est pas de cela dont il est question ici, mais uniquement de la façon dont le capitalisme en fait usage.

Un ordre social raisonnable devra utiliser les trésors de la nature mis à sa disposition de telle sorte que ce qui est consommé soit en même temps remplacé, en sorte que la société ne s’appauvrisse pas et puisse s’enrichir. Une économie fermée qui consomme une partie des semis de céréales s’appauvrit de plus en plus et doit infailliblement faire faillite. Tel est le mode de gestion du capitalisme. Cette économie qui ne pense pas à l’avenir ne fait que vivre dans l’instantanéité. Dans l’ordre économique actuel, la nature n’est pas au service de l’humanité, mais du Capital. Ce ne sont pas les besoins vestimentaires, alimentaires et culturels de l’humanité, mais l’appétit du Capital en profit, en or, qui régit la production.

Les ressources naturelles sont exploitées comme si les réserves étaient infinies et inépuisables. Avec les néfastes conséquences de la déforestation pour l’agriculture, avec la destruction des animaux et des plantes utiles, apparaît au grand jour le caractère fini des réserves disponibles et la faillite de ce type d’économie. Roosevelt reconnait cette faillite lorsqu’il veut convoquer une conférence internationale pour faire le point sur l’état des ressources naturelles encore disponibles et prendre des mesures pour prévenir leur gaspillage.

Bien sûr, ce plan en soi est une fumisterie. L’État peut certes faire beaucoup pour empêcher l’impitoyable extermination d’espèces rares. Mais l’État capitaliste n’est après tout qu’un triste représentant du bien commun (Allgemenheit der Menschen). Il doit se plier aux intérêts essentiels du Capital.

Le capitalisme est une économie décérébrée qui ne peut réguler ses actes par la conscience de leurs effets. Mais son caractère dévastateur ne découle pas de ce seul fait. Au cours des siècles passés, les êtres humains ont exploité la nature de manière insensée sans penser à l’avenir de l’humanité tout entière. Mais leur pouvoir était réduit. La nature était si vaste et si puissante qu’avec leurs faibles moyens techniques, ils ne pouvaient lui faire subir que d’exceptionnels dommages. Le capitalisme, en revanche, a remplacé le besoin local par le besoin mondial, créé des moyens techniques pour exploiter la nature. Il s’agit alors d’énormes masses de matière qui subissent des moyens de destruction colossaux et sont déplacées par de puissants moyens de transport. La société sous le capitalisme peut être comparée à la force gigantesque d’un corps dépourvu de raison. Alors que le capitalisme développe une puissance sans limite, il dévaste simultanément l’environnement dont il vit de façon insensée. Seul le socialisme, qui peut donner à ce corps puissant conscience et action réfléchie, remplacera simultanément la dévastation de la nature par une économie raisonnable.

* Zeitungskorrespondenz n° 75, 10 Juli 1909, p. 1 et 2. Traducteur : Ph. Bourrinet (8 juillet 2019).

jeudi 31 août 2017

La futilté de la réforme

Socialist Standard, Numéro 2, Octobre 1904
Le Parti Socialiste de Grande-Bretagne a souvent été demandé pourquoi ils n'ont pas élaboré un programme de mesures pour la réparation partielle de ces maux qui affectent le plus rapidement la position de la classe ouvrière "Ne devrions-nous pas nous efforcer pour pallier la misère actuelle"?
"Ne devrions-nous pas chercher à favoriser les différences sectorielles existants entre les capitalistes afin que nous puissions les utiliser dans l'intérêt de la classe ouvrière"?"Ne devrions-nous pas soutenir temporairement, ou former des alliances temporaires avec d'autres partis politiques en travaillant pour des fins communes"? Ces questions et d'autres de même importance que sont constamment posée par des non-membres de notre parti. Nous proposons maintenant de leur répondre.
La base de la société moderne est économiquement, la prise en charge par une partie de la communauté des moyens nécessaires pour la production et la distribution des moyens de subsistance de l'ensemble de la communauté c.à.d., la propriété par une classe de toute la richesse de la société. En contrepartie, il y a la vaste masse des gens qui ne possèdent que leur “ force de travail”, leur pouvoir de travail.
Le travailleur étant obligé de vendre se pouvoir de travail sur le marché du travail, en échange de ses moyens de subsistance, a des intérêts diamétralement opposés à ceux de l'employeur qui achète son activité. Par conséquent, deux classes avec des intérêts conflictuels, se rencontrant constamment sur le marché du travail, doivent nécessairement s'engager dans une lutte dans laquelle chaque combattant ne peut gagner que aux détriment de l'autre. Une telle lutte entre les classes constitue une guerre des classes.
Sur le plan économique, la classe ouvrière est impuissante tant que la classe employeur possède le pouvoir politique. Par conséquent, la lutte des classes doit se manifester comme une lutte politique pour la suprématie des classes. La classe ouvrière ne peut que gagner leur fins en prenant possession de la machine politique et en l'utilisant pour gagner sa propre émancipation économique. Cela ne peut se faire que par eux-mêmes et la lutte dans laquelle ils doivent prendre part pour assurer c’est une guerre des classes - la classe ouvrière contre la classe employeur.
La base d'un Parti Socialiste dans n'importe quel pays doit donc être une reconnaissance du fait que les intérêts matériels de la classe ouvrière s'opposent totalement à ceux de la classe employeur, C'est la reconnaissance de la guerre des classes. Toute parti qui déclare qu'aucune guerre de classe n'existe pas se règle, en vertu de cette déclaration hors cour comme un Parti Socialiste. Il est donc nécessaire, en formant et en organisant un parti socialiste, d'avoir une base de guerre des classes clairement définies et dans chaque action du parti de toujours garder le caractère consciencieux de la classe clairement à l'avant. Toute action tendant à obscurcir cette position, toute position qui maintient la lutte des classes en arrière-plan, est une trahison virtuelle des principes Socialistes, servir uniquement à confondre les problèmes dans l'esprit des travailleurs et à le rendre la plus difficile de comprendre leur position de classe et les raisons pour cela. Et de voir la route qui doit être suivie pour pouvoir atteindre leur émancipation, en servant uniquement, en bref, à retarder le développement de leur conscience de classe.
Toute alliance, permanente ou temporaire, avec un parti qui ne reconnaît pas la guerre des classes est donc hors de question. Car aucune alliance de ce genre, qu'elle soit ouvertement avouée ou tacitement comprise, rend moins claire l'opposition de classe qui existe entre les différents partis politiques ? Comment pouvons-nous prétendre être essentiellement distincts et, en fait, opposés diamétralement à tous les autres partis politiques, Si nous pouvons trouver suffisamment d'objets communs pour permettre un terrain d'entente commun ? Nous pensons que l'enseignement de nos principes est entravé par toute concession de ce genre aux partis de guerre anticlasse, et est donc opposé aux vrais intérêts du Socialisme. Nous nous sommes donc déclare dans l'hostilité envers tous les autres partis politiques et ne pouvons rien avoir en commun avec eux.
Et cela a été l'expérience des partis Socialistes d'autres pays. Partout où ces partis ont maintenu une attitude d'hostilité ouverte à tous les autres partis politiques, ils sont fortement organisés. Chaque fois que l'une de ces parties, forte ou faible, a formé des alliances temporaires, comme par exemple, en Belgique, avec le Parti libéral, dans le but d'obtenir le suffrage universel, ils ont perdu de la force et restent aussi éloignés de l'obtention de leurs réformes souhaitées que jamais. Ainsi, notre première objection est que cette action confond les problèmes et entrave notre succès.
Notre prochaine objection réside dans le fait qu'une telle dépendence sûr d'autres partis politiques pour leur assistance suppose le maintien de la majorité de membres de nos organes législatifs qui ne sont pas des représentants conscients de classe de la classe ouvrière. Tant que cela reste le cas, la durée de la législature sera contrôlée par les hommes de la classe moyenne, par les capitalistes. Chaque législature contrôlée par le capital garantit le contrôle des fonctions administratives et judiciaires par les capitalistes.
Il en résulte que toutes les mesures prises par le Parlement sont exercées par ceux dont la position oblige à ce que ces dispositions législatives soient fragmentaires et inefficaces. Ils s'efforceront donc de réduire toute concession au point d'impuissance sauf dans les cas où ils pensent maintenir leur pouvoir par des concessions plus importantes. Dans ce dernier cas, ils savent qu'ils peuvent dépendre de leur deuxième ligne de défense- l'administration de ces lois qui obligeront les lois à rester une lettre morte.
Nous n'avons qu'à étudier la législation de la dernière moitié du Dix-neuvième siècle pour constater que chacune de ces phases de la législation économique des partis de la classe moyenne existe abondamment. Nous constatons que l'administration de la loi entre les mains de la classe capitaliste sera exercée par eux de manière à ne pas être dangereuse pour leurs propres intérêts de classe.
Tout “Livre bleu” traitant avec toute phase de vie de la classe ouvrière, montrera des cas innombrables de négligence du Conseil d'administration local, ou des Conseils d'arrondissement, ou des Conseils régionaux, en appliquant des lois déjà existantes. Les lois sur le logement et les lois et actes de santé publique pour la prévention des femmes qui retournent au travail trop tôt après l'accouchement et les actes d'usine et d'atelier ne sont pas efficacement exercés, alors que les pouvoirs conférés aux organes directeurs ne sont presque jamais exercés. Les lois sur le logement et les lois et actes de santé publique pour la prévention des femmes qui retournent au travail trop tôt après l'accouchement et les actes d'usine et d'atelier ne sont pas efficacement exercés, alors que les pouvoirs conférés aux organes directeurs ne sont presque jamais exercés. Ainsi, nous lisons en ce qui concerne la pollution de l'atmosphère par la fumée, que :
"Il y a des gens à Manchester qui polluent systématiquement l'air et paient l'amende et le trouvant beaucoup moins cher de faire que de mettre en place une nouvelle usine. Le procès de telles affaires devant des bancs de magistrats composés de fabricants ou de leurs amis crée une atmosphère de sympathie pour l'accusé et il a été allégué que les magistrats qui avaient cherché à donner effet à la loi ont rencontré l'indifférence et parfois l'opposition positive de leurs collègues ".
Exactement ! Et ce n'est qu'un cas qui peut être cité parmi d'innombrables autres qui se présentant à nous.
Nous devons également souligner qu'il arrive parfois qu'une réforme demandée par la classe ouvrière puisse leur être accordée sans danger grave pour la classe capitaliste. Dans de tels cas, ils font des concessions gracieuses et la classe ouvrière est généralement appelée pour saluer le parti accordant une telle “concession” comme leur plus vrai amis.
Un autre cas est que parfois une mesure est adoptée qui tandis que bénéficiant à certains travailleurs individuels s'avère désastreuse pour une autre partie plus grande Tel était par exemple la Loi sur l'indemnisation des travailleurs. Cette loi a été adoptée pour bénéficier à ces travailleurs dans certaines industries sélectionnées qui ont rencontré des accidents dans l'exercice de leurs fonctions. Il faut remarquer que la Loi était à nouveau le minimum de concession possible. Il a bénéficié aux travailleurs qui suite à des rencontres avec des accidents qui les ont handicapés, ont reçu une indemnisation alors que, avant l’adoption de la Loi ils n'auraient obtenue rien. Mais alors qu'il les bénéficiait, une plus grande partie de la classe ouvrière était affectée à leur détriment. La classe employeur toujours surveillée en ce qui concerne leurs intérêts de classe a immédiatement prétendu que les vieillards qu'ils employaient, les hommes à un certain âge, qui ont été rendues infructueuses par le travail difficile auquel ils avaient été soumis, étaient susceptibles d'avoir plus d'accidents que les hommes dans leur virilité antérieure et que lorsqu'ils ont rencontré des accidents, de tels accidents étaient plus susceptibles de s'avérer sérieux ou mortels que s'ils étaient plus jeunes. Ces hommes étaient en conséquence immédiatement déchargés. Et que s’est-il passé depuis? Un comité sur laquelle était M. George N. Barnes de la A.S.E, a signalé :
"En ce qui concerne l'emploi de personnes âgées, infirmes ou mutilées, des modifications devraient être apportées pour permettre à l'employeur d'offrir du travail à ces personnes sans encourir de risque indu de versement d'une indemnité".
Nous sommes donc forcés de conclure que le fait d'essayer de sécurisér des mesures pour réduire les maux de la société gouvernée par les classes existante est inutile. Les hommes qui contrôlent le mécanisme législatif, administratif et judiciaire de la communauté peuvent toujours esquiver ces attaques partielles contre leur position, ils peuvent toujours trouver des échappatoires pour échapper à toute concession qui risque de compromettre leur position. La seule chose qui permettra d'atténuer notre misère et notre esclavage salarié est la propagation des principes du Socialisme et la construction d'un parti socialiste conscient de la classe, préparés à lutter le plus tôt possible, tous les pouvoirs du gouvernement des mains de ceux qui les contrôlent actuellement. Quand un parti socialiste fort se battait directement pour la création d'un régime Socialiste et préparait ses progrès pour obtenir tout avantage qui agira comme un nouveau terrain ventage dans sa lutte supplémentaire organisée, alors les capitalistes ne seront que trop empressés à offrir et à donner à chacun et à tous ces palliatifs une concession aux forces Socialistes croissantes du pays.
Nous devons donc reconnaître tout le temps qu'il est possible d'obtenir un avantage réel pour les personnes lorsque les gens eux-mêmes deviennent conscients de la classe, quand derrière les Socialistes au Parlement et s ûr d'autres corps, il existe une phalange solide des hommes dans leur connaissance du Socialisme et savent clairement que le seul moyen d'assurer le Commonwealth Socialiste du futur ne dépend que des efforts d'eux-mêmes et ceux qui ont les même opinions conscientes de classe. Par conséquent, nous n'avons pas de programme palliatif. Le seul palliatif que nous obtiendrons à jamais est la société Socialiste du futur gagnée en luttant sans compromis en tout temps et en toute saison.

mercredi 10 décembre 2014

William Morris en français

Voici une liste des textes du socialiste anglais, William Morris, en français disponibles dans l'Internet:

http://www.marxists.org/francais/morris/index.htm:

"L'art en ploutocratie" (1883).

"La vie ou la mort de l'art" (1884).

"Comment nous vivons et comment nous pouvons vivre" (1884).

"Manifeste de la Socialist League" (1885).

"Où en sommes-nous?" (1890).

"Comment je suis devenu socialiste" (1894).

Tous sont bons.

En plus (mais pas dans l'Internet):

Morris, William. «Comment nous Vivons; Comment nous Pourrions Vivre.» Londres, 1884. Réimprimé et traduit en art d' Elite. Paris: Editions Hermann, 1985. 119-144.

Morris, William "The Society of the Future." Trans. Olivier Barancy. "La Société de l'Avenir." L' Âge de L' Ersatz. Paris: Éditions de L' Encyclopédie des Nuisances, 1996. 59-81.