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samedi 25 août 2018

Achats Récents #17 Groupes Espagnols

L'année dernière, j'avais préparé une sélection de 45 tours de groupes espagnols trouvés à Barcelone. Un an plus tard, j'y suis à nouveau, bien entendu, j'ai fait un crochet par les deux boutiques Revolver de la Carrer dels Tallers. Même lieu mais pas tout à fait les mêmes protagonistes, les trouvailles, cette fois-ci, sont marquées par leur primeur: plusieurs groupes dont je ne possédais rien encore. 

À ma grande surprise, les Sirex n'ont jamais été évoqués directement sur ce blog en dehors de quelques mentions pour d'autres groupes (Salvajes, Los No etc.). La chose est étonnante car la formation barcelonaise est une des plus importantes du pays pendant la période beat au coté de Los Brincos ou Los Mustang. Du coup j'ai ramassé pas mal de leurs disques en dix ans ! Né en 1959, le groupe joue dans la région (à Castelldelfels par exemple)  ne signe un contrat avec Vergara qu'en 1963. Leur carrière décolle avec La Escoba , morceau qu'ils n'aimaient pas, on peut les comprendre tant ils avaient mieux à offrir. San Carlos a été lui publié en 1964 ou 1965 selon les sources... J'aurais tendance à penser qu'il s'agit au moins de leur troisième EP puisque majoritairement composé par le groupe: contrairement, à l'indication, l'un des quatre titres est une reprise (Si Yo Canto). Le 45 tours est en tout cas un des meilleurs du groupe avec Yo Grito ou Acto de Fuerza. Deux titres s'en dégagent particulièrement : San Carlos Club et  Tus Celos (attention pour cette dernière la version disponible sur youtube n'est pas la bonne). Elles démontrent l'attachement du groupe au rock pur et dur, celui des 50s, de Presley. Associant un son très twangy à une fulminante morgue ,les deux morceaux sont des rushes d'énergie évoquant par exemple Vince Taylor (Shakin' all over en particulier). 



Continuons dans la musique Beat enregistré en Catalogne avec Els Dracs, un groupe originaire de Molins De Rei. Contrairement aux Sirex, Els Dracs n'eurent pas une carrière nationale mais eurent en revanche un succès régional. La raison en est assez évidente et fait tout l'intérêt de ce disque: le groupe chantait en catalan. Je ne sais pas si leur nom (les Dragons en français) a un quelconque rapport avec la Festa Major en tout cas je suppose qu'il est dans l'imaginaire catalan ? Le disque est sorti chez Concèntric, un label spécialisé dans la musique catalane. J'avais déjà eu l'occasion de les citer il y a fort longtemps pour le chouette 45 tours d'Eurogroup. Musicalement l'EP des Dracs présentent 4 reprises compétentes dont la plus intéressante me semble être celle des Animals (It's My Life devenant Es La Meva Vida). L'usage du catalan rend l'exercice intrigant même si évidemment, le groupe n'appartient pas à la même division que les Salvajes, Sirex et autres Brincos, capables d'écrire leurs propres morceaux. Un disque important pour les collectionneurs de rock catalan puisqu'ils sont parmi les pionniers du genre. 


Une trouvaille dont je suis particulièrement content même si malheureusement le disque n'est pas dans un état dingue: Cerca de las Estrellas de Los Pekenikes. J'ai finalement assez peu évoqué los Pekenikes ici (ils ont eu le droit à un article en 2009 et ont été mentionnés l'année dernière dans l'article sur les achats espagnols). Los Pekenikes a eu de nombreux line-up différents avec notamment Juan et Junior également passés par la case Brincos. Le groupe madrilène pratique généralement une musique instrumentale proche du style Tijuana Brass (c'est à dire avec des arrangements de cuivres un peu guilleret) mais il y a aussi beaucoup de choses intéressantes à retenir dans leur discographie: des morceaux rock n roll/beat/garage des débuts ou plus tardifs et funky. Je suis particulièrement fan de Cerca De Los Estrellas , la chanson mélange les influences classiques du groupe avec le psychédélisme chère à la fin de la décennie. Le tout est à la fois vaporeux et épique !


Màquina! est des groupes piliers de la scène underground espagnol de la fin des années soixante. Leur premier album Why? est considéré comme un classique en Espagne. Originaire de Barcelone, la formation choisit de chanter en anglais (approximatif !) en opposition à la variété (souvent en espagnol) et à la chanson (en catalan). Elle publie son premier 45 tours en 1969 avec l'excellente Lands of Perfection en face A.  La chanson convoque l'esprit de Brian Auger, The Nice ou Rare Bird, soit un morceau psychédélique groovy avec un orgue hammond surpuissant. Un disque pas courant que je suis très content d'avoir trouvé !


Autre groupe majeur à définir l'undeground espagnol de la fin des sixties et du début des 70s: Smash. La formation sévillane pratique une fusion entre flamenco et musique psychédélique en anglais à nouveau (avec un peu d'espagnol quand même). Le résultat est plutôt probant comme sur ce 45 tours entre arabesques hispaniques et guitares wah-wah ! À noter que le disque est produit par Alain Milhaud, un français (né en Suisse à Genève) bien plus connu en Espagne qu'en France qui a énormément contribué à la pop ibérique en produisant aussi Los Canarios, Los Pop Tops  et surtout Los Bravos (Black Is Black !). Décédé en avril 2018, ce dernier a eu une nécrologie dans l'un des quotidiens les plus importants d'Espagne


mercredi 23 août 2017

Achats Récents #15 soul music

Troisième épisode de ma session catalane d'achats de disques vinyles... Cette fois-ci nous allons nous concentrer sur la Soul Music, au sens plutôt large comme vous allez le voir ! Ces disques ont été publiés entre 1966 et 1969, ils constituent en quelques sortes des témoignages de différentes orientations du genre à l'époque, quoi que le tableau est loin d'être complet bien sûr !

Est-ce utile de présenter Wilson Pickett, monument de la Soul Music ? Après avoir signé avec Atlantic en 1963, il chante l'un des plus grands succès de sa carrière en 1965 avec In the Midnight Hour qu'il co-écrit. Enregistrée dans les studios de Stax à Memphis (le label était en contrat avec Atlantic), on y retrouve le son unique du label américain: un son poisseux, authentique et dansant. Il enregistre plusieurs 45 tours là bas (par l'entremise de Jerry Wexler) mais Stax change de politique quant aux enregistrements d'artistes extérieurs à la maison. Par conséquent Land of Thousand Dances est enregistré aux studios FAME de Muscle Shoals, l'autre épicentre de la Southern Soul. Parmi les musiciens de la session on retrouve par exemple Spooner Oldham le partenaire d'écriture de Dan Penn (ils écrivent notamment ensembles Cry Like A Baby pour les Box Tops d'Alex Chilton). Land of Thousand Dances est une reprise. Écrite par Chris Kenner, qui en est aussi le premier interprète en 1962, la chanson n'acquiert son potentiel qu'entre les mains du groupe de Los Angeles Cannibal and the Headhunters en 1965. Ces derniers improvisent en effet un nouveau chorus de voix (la lalala etc.) car ils oublient les paroles. Sur le plan de l'écriture, l'ajout transforme l'honnête titre R&B en une bombe prête à se frotter aux charts pop. Certains y parviennent presque (les Thee Midniters notamment, un autre groupe de chicanos de LA). Wilson ne s'y trompe pas un an plus tard et enregistre ce qui est la version la plus aboutie et éclatante de la chanson. De Kenner il conserve l'énergie du R&B, de Cannibal and the Headhunters il tire le hook mémorable. La combinaison heureuse des deux fait de Land of Thousand Dances de Wilson Pickett un énorme tube et un classique instantanée de la soul, la chanson pulse à deux cents à l'heure, le chanteur est survolté, autant dire que même cinquante après sa sortie, l'enregistrement conserve toute sa verve et sa gloire! À noter que la face B de ce pressage (Mustang Sally) est aussi un grand classique du chanteur.


En terme de street cred les 5th Dimension ont certainement pas mal de handicaps. Trop groovy pour les amateurs de Sunshine Pop, trop poli pour les amateurs de soul. Je trouve que cela fait tout leur charme, une musique pop aux arrangements sophistiqués, des entrelacs de voix soignés, le tout avec un coté lounge mais gai, enjoué et rythmé... Sur un plan plus snob on ajoutera que le groupe a fortement influencé l'un des plus fantastiques producteurs de soul psychédélique de tous les temps: Norman Whitfield. En effet, son groupe, Undisputed Truth, prit les 5D en modèle. Je ne sais pas si ce fut aussi le cas de Rotary Connection mais cela ne serait pas impossible tant les projets fonctionnent au fond dans un registre proche... Ce single est une bonne pioche en tout cas. La face A, empruntée à Laura Nyro, Stoned Soul Picnic est excellente. La face B propose une amusante et réussie reprise de Ticket To Ride un registre où les 5th Dimension ont par exemple proposé une superbe version du classique de Cream Sunshine of Your Love . Bref un excellent simple ! 


En compulsant les archives de ce site, opération moins compliquée qu'il n'y paraît (merci les moteurs de recherche), je me suis rendu compte qu'il était finalement très peu mention des fantastiques Booker T and The MGs... Il était question quelques lignes plus haut de Stax. Ce groupe instrumental en fut un des piliers jouant sur de nombreuses productions de Sam & Dave, Otis Redding etc. sans oublier leur propre carrière démarrée en fanfare avec le génial classique mod Green Onions. De fait le son Stax/Memphis est largement lié à l'aventure Booker T and the MGs bien qu'il ne faille pas négliger l'apport des Mar-Keys et des Bar-Kays. Time Is Tight de 1967 est enregistré par le line up classique du groupe: Booker T Jones à l'orgue, Steve Cropper à la guitare, Al Jackson Jr à la batterie et Donald Duck Dunn à la basse. On retrouve un certain nombre de ses musiciens dans le film Blues Brothers ! Rendons hommage au jeu de guitare à la Télécaster de Cropper, économique, reconnaissable entre tous, et redoutablement efficace. Un très grand guitariste qui n'est pas toujours reconnu à sa juste valeur ! Bien sûr le reste de l'équipe est au moins aussi bonne et tout ce beau monde joue à merveille sur ce classique. Certes il n'est pas dansant comme Green Onions mais il démontre l'étendu de la palette de la formation.


Nous avions déjà évoqué Jess & James ici même il y a huit ans ! Pour les absents, réaffirmons à quel point ce groupe est européen dans son essence. Les frères Lameirinhas (Wando et Toni) naissent au Portugal. Jeunes ils fuient la dictature, d'abord en Angleterre, puis en Belgique. Là, ils montent l'une des plus belles formations de soul du continent: Jess & James. Le groupe est un melting pot de nationalités... Populaires en Belgique, ils le sont aussi en Espagne (où le groupe enregistre des versions spécifiques de certains morceaux comme move ou something for nothing). Après la séparation avec le JJ Band, Jess & James s'installent aux Pays Bas. Change est un de leurs classiques: nerveux, dansant, super accrocheur ! Un excellent morceau qui prouve que l'Europe continentale savait se défendre en matière de soul music !  La face B Julie's Doll est dans un registre plus psychédélique, elle est également très intéressante.
  

samedi 19 août 2017

Achats Récents #13 groupes espagnols

L'été n'arrête certainement pas les achats de disques. Si vous suivez ce blog régulièrement vous savez l'intérêt que je porte aux groupes espagnols, notamment ceux des années soixante. Il est vrai que d'une manière générale j'ai un faible pour les groupes de beat ne s'exprimant pas en anglais, ayant l'occasion d'aller assez souvent de l'autre coté des Pyrénées, j'ai une collection sympathique de disques locaux. Coté disquaires, je vais régulièrement à Revolver du coté de la Carrer dels Tallers (à deux pas seulement des événements tragiques de cette semaine...). Les prix ont un peu augmenté, notamment les 33 tours de rock indé, mais cela reste très raisonnable dans l'ensemble. Un excellent spot pour farfouiller pendant des heures... Ainsi les 4 disques que je vais vous présenter aujourd'hui m'ont coûté la somme de 12 euros, en tout ! Après soyons honnête: la plus belle pièce, qui vaut à elle seule ce prix là, n'est pas dans un état Mint (je dirai qu'elle est VG). Étant toujours sur place, je suis preneur d'autres disquaires spécialisés dans la seconde main et ayant une offre en 45 Tours, si jamais...

La scène espagnole de l'époque est marquée par la richesse du nombre de formations, une certaine qualité générale, y compris de groupes très populaires ou encore l'usage quasi-exclusif du castillan. Bien entendu certains groupes ont surtout pratiqué les reprises de groupes anglo-saxons, par exemple los Mustangs avec les Beatles (un peu l'équivalent de nos Lionceaux); cependant les compositions originales sont non négligeables, ainsi quelques formations créèrent leur propre répertoire en grande majorité (Los Brincos, Los Pasos etc.). Les épicentres de la musique beat furent assez logiquement Madrid (Los Brincos, Los Relampagos, Los Pasos etc.) et Barcelone (Sirex, Mustangs, Salvajes, Cheyenes), Valence ou les îles tirèrent également leur épingle du jeu (Los Huracanes, Los Canarios etc.). Les groupes espagnols ne s'exportèrent pas franchement dans le milieu des années soixante à l'exception notable de Los Bravos y plus généralement des productions liées à Alain Milhaud (Los Pop Tops). A la fin de la décennie, l'underground prend le contrepied de ses aînés en utilisant majoritairement l'anglais (Maquinà, Smash, Evolution etc.). Détail amusant: dans d'autres pays, la Suède notamment, cela sera l'inverse, passant de groupes anglophiles (Tages, Hep Stars, Mascots) au Progg. 

Commençons notre petit tour par le joyau de la sélection: Es La Edad des Salvajes. Un des morceaux les plus fantastiques du rock ibérique... Un pur concentré de jeunesse avec une composition dynamique et explosive rappelant les Who que l'on peut aisément qualifier de freakbeat. La chanson est un des très grands moments des Salvajes au coté de Las Ovejitas, Soy Asi ou Al Capone ... La majorité du répertoire du groupe est composé de reprises, ici par exemple les Rolling Stones (Todo Negro est une reprise de Paint It Black), les Troggs (Una chica Igual que Tu) et Spencer Davis Group (Somebody Help Me devenant que alguien me ayude ). Vu la qualité des compositions originales de la formation, il est probable qu'il s'agissait des consignes du label... 


Sortons du registre Beat quelques instants. Los Modulos est une formation pop typique de la fin de la décennie. Todo Tiene Su Fin parue en 1969 sur le label Hispavox est certainement leur plus gros succès. La chanson est un très beau slow dans la veine de Nights in White Satin des Moody Blues ou de Rain & Tears des Aphrodite's Child (en bien meilleure que cette dernière que je trouve crispante). Elle m'évoque aussi les débuts de Martin Circus (Le Matin des Magiciens)... Arrangements raffinés, composition ambitieuse et lyrique (ce qui peut évidemment agacé), production soignée: un vrai classique de la pop espagnole ! A noter que la face B Nada Me Importa est également excellente...


Los Brincos est un, si ce n'est le, groupe majeur espagnol des années soixante. Il a la particularité de composer l'essentiel de son répertoire, rare pour l'époque, en Europe continentale comme ailleurs ! J'adore leurs premiers 45 tours comme Flamenco ou Baila La Pulga qui sont un parfait équilibre entre mélodies ibériques et énergie des premiers Beatles. Le compositeur en chef n'est autre que le batteur Fernando Arbex qui se fera connaître à l'international avec son classique proto-disco Woman des Barrabas. Je ne suis pas nécessairement un fan absolu de Lola la face A de ce 45 tours et je lui préfère par conséquent l'excellente The Train. Les deux morceaux sont extraits de leur album classique Contrabando que l'on peut considérer comme leur Sgt Pepper. L'album est enregistré en Angleterre par Larry Page, producteur des Kinks et des Troggs. La pratique était courante à l'époque, notamment en France (Polnareff, Eddy Mitchell, Johnny...). The Train frôle le pastiche de Substitute des Who mais ça reste un super morceau beat. D'autres 45 tours sont extraits de l'album, notamment El Pasaporte ou Nadie Te Quiere Ya deux des meilleurs morceaux de Contrabando.


Le duo Juan & Junior est un autre monument de la pop ibérique malgré une carrière discographique relativement courte étalée sur deux ans (entre 1967 et 1969) pour 6 simples et un album qui les compile. Cela à tient aussi au parcours des intéressés. Juan Pardo et Antonio Morales Junior (né aux Philippines à Manille pendant la seconde guerre mondiale, d'un père espagnol et d'une mère philippine) font en effet successivement parti de deux groupes majeurs des années soixantes: Los Pekenikes et Los Brincos. Dans les Pekenikes, l'un succède à l'autre au chant... En revanche ils font tous les deux partis du line up original des Brincos (qui inclut aussi le susnommé Fernando Arbex). Ils en partent en 1967 pour former leur propre duo qui obtiendra énormément de succès. Chacun des 45 tours du groupe présente au moins un très bon morceau. C'est le cas de ce simple de 1967 dont j'aime particulièrement la face B Bajo El Sol. Si la chanson démarre sur une fuzz au son menaçant, il s'agit avant tout d'une excellente composition pop psychédélique aux harmonies soignées.

vendredi 30 juin 2017

Achats Récents #12

Une spéciale Royaume Uni, Groovy Baby ! Les deux derniers disques ne furent pas édités en France à l'époque (d'où la présence de pressage anglais sans pochette).

Peut-on se lasser de Tom Jones ? Après une absence de quelques semaines, il revient dans notre rubrique Achats Récents plus fort que jamais le bougre ! Nous avions en effet évoqué l'excellente I've Got a Heart il y a un mois. Le Gallois a cependant plus d'un tour dans son sac à malice de faces B. Looking Out my Window (1968) est une autre tuerie groovy aux glorieux arrangements. Tom est dans la chanson, il emporte tout sur son passage. La rythmique tabasse sévère ! Très très bien. Pas si courant mais je suis sûr que les diggers du dimanche à la recherche de Dark Side Of The Moon ne penseront pas à le prendre, vous si maintenant !


Une autre face B de Tom Jones plutôt cool quoi que pas aussi dingue que Looking Out My Window : If I Had You sur l'EP Green, Green, Grass of Home paru en 1966. Un sympathique morceau groovy et assez beat dans l'esprit ! 


Like We Used To Be est un excellent Georgie Fame and the Blue Flames. Impossible de ne pas entendre l'influence de Mose Allisson sur le chant du britannique... Le jeu d'orgue est brûlant (inspiré probablement par Jimmy Smith, Booker T etc.), les cuivres rutilants (et utilisés avec goût ce qui n'est pas toujours le cas). Si Yeh Yeh qui l'a fait connaître était une reprise, voici un original de 1965 (signé de son vrai nom: Clive Powell) d'excellente facture à passer dans ses sets modernistes et sixties ! Promis on va essayer de ne pas remettre dix ans avant de reparler de l'un des meilleurs organistes mod anglais avec Brian Auger...



Dave Clark Five sont un groupe londonien de musique beat connu pour avoir inventé le Tottenham Sound une réponse au Mersey Beat des groupes liverpuldiens et plus particulièrement les Beatles ! Au delà de l'anecdote, le groupe est particulièrement populaire dans la première moitié des années soixante aux États-Unis, plus que dans leur pays natal en tout cas. La situation s'inverse vers 1967 grâce à des singles comme Everybody Knows. Particularité de la formation: la mise en avant du batteur Dave Clark, contribuant aussi à la particularité de leur son sur certaines de leurs chansons. Histoire d'être original, encore une fois, la face B retient particulièrement mon attention sur ce 45 tours. Concentration Baby est un morceau sauvage et brutal pas si éloigné des Troggs dans le délire hommes des cavernes qui martèlent leur batterie ! Dans une orgie de fuzz et orgue, pas de pitié, ça déménage ! Presque garage-rock non ? Le genre de morceau super cool et pas cher (comme le shame des DDDBM&T que j'évoquais l'autre jour dans la même session que le Tom Jones cité plus haut) à ajouter sans modération à sa collec' de rock 60s britannique !

lundi 12 juin 2017

Achats Récents #7

Je continue à explorer ma discothèque à la recherche de disques ayant un intérêt ! Dans cet épisode quelques découvertes récentes complétées d'une ou deux références que je connais depuis plus longtemps mais jamais évoquées ici précédemment...

Dans l'épisode 5 je vous mentionnais l'existence d'un autre 45 tours de Christophe vraiment cool. Celui-ci est, selon moi, même meilleur qu' Excusez Monsieur Le Professeur. Deux morceaux ont particulièrement retenus mon attention. Cette Musique est un morceau southern soul assez cool avec une guitare en contretemps au son très "Stax" et une basse ondulante...Les arrangements progressent au fur et à mesure de la chanson, signés par Jacques Denjean (comme le reste de l'EP): un très bon boulot comme d'habitude. Tu es Folle est cependant le meilleur morceau des quatre: super texte, orgue groovy et production staxienne à la française rehaussée de quelques notes de violons. Un super morceau !


Patrick Logelin est un musicien originaire du sud de la France. Il joua d'abord avec les Schtroumpfs, un groupe  instrumental dont il était le clavier ainsi que le compositeur principal. Le choix du nom du groupe fut autorisé par Peyo,  celui s'inspira en retour de la formation cannoise pour l'écriture de Schtroumpfonie en Ut. Après un désaccord avec les autres membres du groupe (qui devinrent par la suite les Sparks), il entama une carrière solo. Il ne publia que deux EP en 1964, un premier partiellement instrumental dont on ne peut écouter aucun morceau sur la toile et le second que je vous présente aujourd'hui. Accompagné par Ivan Jullien et son orchestre, les 4 titres (uniquement des reprises malheureusement) sont excellents et tirent vers un Rhythm & Blues de bonne facture. On notera une reprise très réussie des des Beatles (Encore une fois une danse avec moi adaptation de I'm Happy Just to dance with you). Ma favorite est certainement Encore Merci pour son texte particulièrement savoureux et ses arrangements très réussis.


Marcel Zanini en dehors d'être le père Marc-Edouard Nabe est un musicien de jazz accompli. Le grand public le connaît surtout pour ses morceaux humoristiques notamment son adaptation de Wilson Simonal tu veux ou tu veux pas. Il publie donc quelques 45 tours dans cette veine novelty parmi ceux-ci Madame des Astres. Cette face A ne présente pas d'intérêt particulier, en revanche retourner le disque amène une excellente surprise. Hey ! Hey ! Dis Dis est un jerk enlevé, amusant avec des paroles légèrement salaces !


Finissons cette septième session par un petit classique soul voir northern soul (bien que ce ne soit pas particulièrement rare): Ain't Nothing But A House Party des Show Stoppers. Le groupe est originaire de Philadelphie et comprend notamment deux des jeunes frères de Solomon Burke: Alex et Laddie Burke. Le line-up est complété par un autre fratrie: Timmy et Earl Smith. La formation a sorti une demi douzaine de singles mais le plus mémorable et célèbre d'entre eux est certainement celui-ci paru en 1967 initialement (je pense que le pressage français est plus tardif). Un morceau fantastique au tempo relevé, il donne des fourmis dans les gambettes ! arriverez vous à résister à l'appel de la piste de danse ?


samedi 10 juin 2017

Achats (très) récents #6

Quelques achats internet !

Danyel Gérard est l'un des premiers rockeurs français avant même notre Johnny national: il publie son premier disque en 1958. Sa carrière est cependant mise entre parenthèse lorsqu'il part à la guerre d'Algérie. Entre 1962 et 1964 le français né d'un père arménien et d'une mère corse profite de la vague twist pour s'imposer comme une valeur sûre de la variété française. Le milieu des années soixante le favorise moins avant son grand retour en 1969 et l'énorme tube international Butterfly. Les collectionneurs connaissent Danyel Gérard pour le psychédélique Sexologie un classique des compilations Wizzz dont le 45 tours se négocie actuellement dans les 80€ ! Pensez à le prendre si vous le voyez en broc' quoi que la probabilité soit rare tant ce disque est bien identifié. Peut-être plus commun ou moins reconnu, je vous recommande également le fabuleux Le Vieux Sur La Montagne... Autre découverte: Monsieur Le Percepteur sur l'EP "66". Je n'ai pas l'impression que le disque soit particulièrement courant mais il n'est pas non plus très recherché, par conséquent il apparaît exagéré de le payer plus de 10€ à moins qu'il ne soit dans un état parfait... Ce morceau est un tempo intermédiaire porté par une fuzz et un excellent texte. La composition co-signée par Danyel Gérard est arrangé par... Jacques Denjean bien que l'on s'éloigne de son domaine de prédilection pour aller vers quelque chose de presque garage! Un excellent morceau pour compléter votre collection de rock français 60s.


Revenons un an en arrière, en 1965 avec les Moustaches pour un de leurs trois EPs enregistrés pour le label Monte-Carlo. Cette structure a-t-elle un lien avec la série Radio Monte-Carlo du label Président dans laquelle on trouve l'excellent EP de Michèle et ses Wouaps ? Compte-tenu des dates et de la présence dans les deux catalogues des premiers groupes de JP Massiera (Milords et Monégasques), la possibilité existe cela ne repose sur aucune information concrète, d'autant plus que la proximité entre Nice et Monaco rendrait assez aisé qu'un musicien vogue entre deux labels installés sur le rocher. Je n'ai pas non plus d'informations particulières sur les membres du groupe. On ne retrouve pas nécessairement dans les crédits des autres disques des noms en commun en dehors de l'arrangeur Gérard Poncet. Les deux morceaux les plus intéressants sont signés par Gilles Jérôme et Touladi. Le premier a contribué a quelques autres disques de pop notamment pour Delphine, Herman's Hermits ou encore Claude Righi. Plus amusant, nous pouvons retrouver les deux compositeurs associés à des disques catholiques d'Unidisc et Pastorale et Musique...Donne-Moi est un sympathique morceau twist/groovy, pas désagréable du tout, avec un bon orgue. Le meilleur selon moi est Les Copains de La Bande un tempo relevé avec une chouette fuzz et une bonne composition ! 


Plus le temps passe, plus je me surprends à chercher des disques de Sylvie Vartan. Cet EP de 1963 contient une excellente version du classique de Mel Tormé Comin' Home Baby. Si le disque est orchestré par le grand frère de Sylvie, Eddie Vartan (très présent sur les disques de sa sœur, de Johnny mais aussi Larry Greco), je ne peux déterminer avec certitude la présence de Mick Jones et Tommy Brown (collaborateurs très réguliers de Sylvie, Johnny mais aussi de Ronnie Bird par exemple). Ne t'en va pas mon amour est une excellente interprétation du classique de Mel Tormé, super solo d'orgue, super son, bref les disques français comme on les aime ! Par contre ne pas s'attendre à une dynamique de dingue sur l'EP 45 tours, d'autant plus que ceux de Sylvie sont souvent rincés !


Finissons cette sixième session en allant dans les 70s et plus précisément en 1973 avec Achille et les Slagmen. La face A Slag Solution est une tentative de morceau pour danser (comme Pop Corn, The Twist, The Jerk, etc.) médiocre.  La Face B en revanche mérite toute votre attention. Stop 27 signé de Claude Robert et son orchestre est en effet un excellent morceau instrumental funky/progressif...  À priori il s'agirait de la même version que sur le très rare 45T comportant Sunshine of Your Love du même Claude Robert.

 

jeudi 8 juin 2017

Achats (très) récents #5

Quatre autres disques trouvés dimanche dernier.

Claude Dubois est un artiste québécois connu, il est notamment célèbre pour sa participation à Starmania en 1978. En 1970 et 1971 il séjourne en France et enregistre des disques parmi lesquels Comme Un Million de Gens qui n'a pas été publié au Canada. Si la face A nous laisse assez indifférent, Boogaloo est une excellente surprise. Le morceau est arrangé par José Bartel: ce dernier a également enregistré et chanté de son coté, participé au doublage chant de nombreux films (Le Roi de la Jungle ou Les Demoiselles de Rochefort) et nous lui devons aussi la BO de Spermula , un film dont le scénario semble tout droit sorti de l'imagination fertile et torride des 70s. Sur un tempo intermédiaire, Boogaloo propose une pop funky et groovy avec une chouette orchestration (cuivre, orgue jazzy, guitare "staxienne"). 


Peut-être pas l'EP (1966) de Christophe à ramasser en priorité (je parlerai bientôt de mon chouchou) néanmoins j'ai beaucoup aimé Excusez-Moi Mr Le Professeur. Christophe y est particulièrement intense, la composition (co-signée par Jean Jacques Debout et Roger Dumas en plus de Christophe) est très bien mise en valeur par les superbes arrangements (traits de violons, percussions, section rythmique au groove impeccable) de l'unique Jacques Denjean.

 

Transition trouvée: évoquons Jacques Denjean. Plus le temps passe, plus ce dernier devient un de mes arrangeurs français favoris. Je vois assez peu de musiciens français à avoir saisi avec autant de justesse le son de la musique noir américaine. Bien sûr les enregistrements et arrangements de Denjean ne sonnent pas comme des disques Verve de Jimmy Smith ou Stax des Mar-Keys mais quand même, le français s'inspira de l'esprit de ces musique et l'intégra avec beaucoup de goûts à la production française variété de l'époque. J'en profite également pour évoquer le parcours de l'intéressé: musicien chevronné (1er prix du conservatoire de Paris), en plus de son propre big band il participe à l'aventure Double Six. Je n'ai jamais ici évoqué ce groupe, il sort un peu de mon registre habituel puisque la formation pratiquait le Vocalese, un jazz vocal où les voix chantent des textes en se rapprochant au plus possible de la diction originale des instruments. 

 

Ce groupe est passionnant. Mimi Perrin, leader de la formation y fit participer de nombreux talents de la musique française. Ainsi en plus de Jacques Denjean mentionnons quelques musiciens très cool. Eddy Louiss, mon organiste français chouchou, a enregistré avec Nougaro. Jef Gilson, un étonnant musicien de jazz auquel j'ai déjà consacré un article (qui évoquait... Eddy Louiss). Christiane Legrand est la sœur de Michel Legrand et une surtout choriste recherchée ainsi que doubleuse chant film de haut niveau (... Les Demoiselles de Rochefort, Les Parapluies de Cherbourg). La personnalité de Mimi Perrin elle même est fascinante mais je pense que j'y reviendrai un jour en détail en évoquant moins succinctement les Double Six. 

 

Revenons en à Jacques Denjean: arrangeur demandé, on retrouve son nom au dos de nombreux disques de variétés (Richard Anthony, Christophe, Henri Salvador, etc.), il sort des disques sous son propre nom en parallèle, majoritairement (totalement?) instrumentaux avec un succès cependant moindre. Certains de ses morceaux ont été utilisés pour des indicatifs d'émissions de radio et doivent donc appartenir au patrimoine de la génération baby-boomers... Ce 4 titres (de 1964) est un parfait exemple du son Denjean des années soixante. Cela groove sévère sans être aussi poisseux et sensuel que du Stax, il y a toujours un son un peu jazz et sec français en arrière plan. Les musiciens sont excellents, les compositions classiques mais avec toujours un petit twist d'originalité. Des 4 seule une me semble un peu moins intéressante (blue horizon). Le Train Fou et Mistral 20h30 sont plus uptempo et très réussi. Enfin Dans la Nuit est une version instrumentale (antérieure? postérieure?) au titre composé par Denjean pour les Bab's. J'adore les deux versions, assez différentes, celle ci est peut être plus originale (écoutez la manière dont sonne la rythmique, le jeu sur les charlestons) et jazz !

   

Finissons cette cinquième session sur une très étonnante curiosité signée pourtant d'un groupe particulièrement connu: The Sweet. J'imagine que vous associez spontanément le groupe à ses hits glam bubblegum comme Ballroom Blitz ou Block Buster (blog) pourtant avant de connaître le succès à partir de 1971, le groupe se cherche pendant les quatre premières années de son existence, publiant des simples dans des styles différents.  I'm on my Way , face A du simple ci-dessus, publié en 1973 mais enregistré vers 1968 par Sweetshop (groupe pré-Sweet avec trois membres de la future formation) est un témoignage de cette période d'ajustement. Sympathique mais pas non plus indispensable, la chanson (probablement une démo) atteste de l'influence de la soul sur les Sweet des débuts. Avec une rythmique plus puissante, le morceau aurait certainement eu un petit potentiel dancefloor, en l'état c'est une chouette (mais dispensable) curiosité.


Attention, l'histoire se complique quand on aborde la face B ! My Little Girl From Kentucky n'est pas à proprement parlé un enregistrement de The Sweet, à l'inverse de la face A (pour laquelle le lien est réel malgré tout). En effet, il s'agit d'une version d'un morceau de The Closed, un groupe belge sixties de Liège formés par des Italiens, avec Brian Connelly au chant. Ainsi le morceau est publié une première fois par le groupe en question en simple en 1967 (ou 1969 selon d'autres sources) sur Hebra Records en face B, dans une version presque identique à l'exception du fameux chant. Selon, toute vraisemblance, Brian Connelly aurait enregistré pour 15 pounds deux morceaux avec le groupe mais ces pistes n'auraient pas été utilisées à l'époque ! Ces deux enregistrements de sources différentes faits quelque part entre 1967 et 1969, ressortent opportunément en un unique 45 tours d'assemblage pour surfer sur le succès du groupe. La face B est le vrai bon morceau du disque. My Little Girl From Kentucky est un tempo relevé, accompagné de guitare fuzz, d'orgue criard et d'une très bonne performance vocale. Pour vous faire une idée de la chose, voici en tout cas les deux versions (The Closed - que je n'ai pas en vinyle héhé/The Sweet), la similitude est plus qu'évidente !

jeudi 29 décembre 2016

Pierre Barouh "Samba Saravah"

Il se murmure un peu partout que 2016 fut particulièrement meurtrière pour les musiciens et artistes à moins que ce soit un effet de loupe des réseaux sociaux, toujours prompt à affirmer leur deuil, une fois l'affreuse nouvelle tombée. Peut-on être sincèrement désolé du décès d'une personne que l'on connait qu'à travers son œuvre ? J'aurais malgré tout tendance à penser que oui... La musique, le cinéma, la peinture accompagnent notre vie, ses bons moments, parfois aussi ses mauvais. Ces artistes se glissent ainsi dans les interstices de nos existences précaires. Pourtant, j'éprouve souvent un sentiment de trop-plein et de surenchère du deuil, mais je suis aussi le premier à m'y jeter quand quelqu'un que j'admire sincèrement décède, quand bien même ma connaissance de son œuvre est parfois assez superficielle. 

La mort est partie intégrante de l'existence, les artistes des années cinquante et soixante commencent à approcher de l'âge où le décès est dans l'ordre des choses, ainsi 2016 ne sera peut-être qu'un commencement pour ce qui est de la musique pop et du rock dont de nombreuses figures font parti de notre patrimoine depuis de nombreuses décennies... Imaginez vous: Revolver a cinquante ans, le Punk en a quarante. Il faut se faire à l'idée que les gens qui ont joué sur certains de nos disques préférés ont maintenant 70 ans, voir plus... Mercredi 28 décembre décédait Pierre Barouh à l'âge de 82 ans, une durée plus que respectable, pas de sentiments d'injustice ici comme nous pourrions en ressentir pour les biens plus jeunes Prince ou George Michael. Il y a cependant toujours ce petit pincement au cœur: il ne pourra plus témoigner sur les choses incroyables qu'il a contribué à faire: un pan de la mémoire de la musique française populaire qui s'évapore dans les limbes. Je connais l’œuvre de Pierre Barouh assez peu finalement, mais je croise si souvent son nom dans mes recherches musicales qu'il m'apparaissait important d'en parler un peu ici.

Il y a cette BO d'Un Homme et une Femme qui traîne chez moi depuis de nombreuses années. Achetée dans un Boulinier, j'ai eu envie de la réécouter en juillet dernier en préparer une de mes émissions pour Radio Campus (celle du 19 juillet 2016). Le disque tourne, Samba Saravah démarre, il se passe ces petits miracles quand une chanson colle parfaitement à votre état d'esprit du moment, une connexion intime et profonde. Reprise de Vinicius de Moraes et Baden Powell, Pierre Barouh s'éloigne du texte originale pour mieux rendre hommage à cette bossa nova qu'il adore et qu'il contribue à faire connaître en France. Les paroles sincères et profondes expriment ainsi parfaitement l'amour de Barouh pour la musique brésilienne. Cette affection, il la prolongea aussi dans l'aventure Saravah, un des labels indépendants français les plus importants des 70s au coté de BYG par exemple. Le catalogue de Saravah est une des autres raisons qui me pousse aujourd'hui à vous évoquer Pierre Barouh: le Trio Camara (qui accompagne les Masques) y croise Nicolle Croisille (des Masques justement), Brigitte Fontaine, Areski ou encore le groupe progressif Catharsis... Un label à l'image de son créateur: passeur de musique, ouvert, libre, sans œillères et profondément amoureux de la musique.

Si je n'avais pas retenu Samba Saravah en juillet pour des questions de logique, la chanson était restée dans un coin de ma tête, toujours présente. Elle m'est très récemment revenue en préparant le projet de sélection pour La Souterraine, celui que j'évoquais en votre compagnie dimanche à propos de Françoise Hardy. Un hasard certes, mais troublant, j'espère en tout cas que d'autre gens continueront de découvrir la chanson et à leur tour auront envie de devenir des passeurs de musique comme l'était Pierre Barouh.

mercredi 23 novembre 2016

The Shadows "Scotch on the Socks"

The Shadows furent un des grands groupes instrumentaux anglais du début des années 60, peut-être même le plus grand ! Avant les Beatles, la Strato Fiesta Red d'Hank Marvin faisait rêver tous les apprentis guitaristes s'échinant à tenter de reproduire le son d'Apache. Le groupe, qui accompagnait aussi Cliff Richards, fut largement ringardisé par la vague Beat. Ainsi en 1966 les Shadows tentent de se relancer et enregistrent le morceau vocal The Dreams I Dream une bluette un peu terne... Les coquins avaient cependant caché sur le simple une fantastique face B: Scotch on the Socks (un jeu de mot avec on the rocks ?). Les Shadows se fendent en effet d'un instrumental groovy avec une fantastique ligne de basse et une guitare dopée à la wah-wah, une pédale sortie en... 1966.

jeudi 3 novembre 2016

Neil Christian

Neil Christian, malgré une douzaine de singles, fut l'un des nombreux One Hit Wonders des années soixante. En effet, en 1966, il casse la baraque avec That's Nice un single blue eyed soul assez anodin évoquant un Tom Jones sous benzodiazépines pastichant Yakety Yak des Coasters... Si les anglais ont eu une face B tout aussi dispensable (bâillement) nous autres petits français avons eu la chance d'avoir le fantastique I Like It et ce, en exclue mondiale ! Écrite par son producteur Miki Dallon et avec la possible (mais pas certaine) participation de Jimmy Page, la chanson a tout d'un classique freakbeat sauvage et nerveux. Elle évoque en effet d'autres salves écrites et produites par le futur fondateur du label Youngblood: Take a Heart et Let Me In des Sorrows ou You've Got What I want des Boys Blue (repris avec brio en France par Larry Greco). I like It a les mêmes qualités: une rythmique tribale et frénétique évoquant un train lancé à pleine vitesse, une performance vocale démente et ces guitares sous amphétamines totalement hors de contrôle !


mercredi 15 juin 2016

Paul & Barry Ryan: I love how you love me

Récemment je lisais les notes de pochette du second volume de la compilation beat/garage espagnole Algo Salvaje (discogs), celles-ci me permirent de découvrir que "Lamento De Gaitas" de Los Archiduques (youtube) est une reprise...d'une reprise (voir peut-être elle même déjà une reprise...) ! Mais voyons cela dans le détail...

Écrite au début des années soixante par Barry Mann, songwritter reconnu (wikipedia), souvent avec sa femme Cynthia Weil, auteur du tube novelty cher à Greg Shaw "Who Put the Bomp" (youtube) et Larry Kolber (récemment décédé), "I love How You Love Me" fut d'abord pensé pour être interprétée par un homme... Phil Spector, convaincu du contraire, fit enregistré la chanson par The Paris Sisters, appliquant son fameux wall of sound à la balade mièvre (mais géniale) de Mann et Kolber (youtube). Bien entendu ce fut un tube incroyable, l'un des nombreux dans la besace du plus terribles des grands producteurs... Devenu ainsi un standard de la pop, la chanson est depuis largement reprise, au moins 37 fois à ce jour !

Si vous avez écouté "Lamento de Gaitas" et l'avez comparé à l'original des Paris Sisters, vous avez certainement noté les arrangements très différents des deux versions: du slow magistral jusqu'à la chanson beat uptempo révélant quelques choix inattendus dans l'exercice..."Lamento de Gaitas" est ainsi une reprise d'une reprise d'une reprise ! Non, vous ne voyez pas trouble: voyons cela

En 1965 la fratrie Nino Tempo & April Stevens (wikipedia) inventèrent l'arrangement rapide si particulier et génial autour d'une cornemuse et du solo de guitare énergique (youtube). Leur version fut un bide, elle comportait pourtant de nombreuses qualités en dehors des originalités déjà évoquées: une saveur folk-rock à total contrepieds de l'originale. L'idée de la cornemuse leur fut d'ailleurs soufflée indirectement par les maîtres du genre, les Byrds, en effet Nino Tempo fit le rapprochement entre le son de la douze cordes des Oyseaux et celui de l'instrument écossais: loin d'être aberrant si l'on considère que la cornemuse est un instrument équipé d'un bourdon, un mode de jeu très présent également dans la musique indienne, une grande influence des californiens (par exemple sur leur classique "Eight Miles High") très adeptes de la douze cordes. La cover ne fut pas peine perdue pour tout le monde, des petits filous anglais adaptèrent à leur tour la balade de Mann & Kolber calquant leurs arrangements, à quelques menus détails près, sur la version de Tempo & Stevens...

Au folk-rock californien succéda ainsi, en 1966, la musique beat chère au Swingin' London, les jumeaux Paul & Barry Ryan, âgés de 18 ans y ajoutant une touche mersey bienvenue, bye bye la guitare jangly à la "Hey Joe" des Leaves en arrière plan, hello harmonies soyeuses et réconfortantes. Le solo de guitare fuzz aigrelet devint ainsi une ligne de guitare psychédélique à blinde de feedback dans la lignée des Who ou de The Smoke ("My Friend Jack"). Ce fut pour eux un petit tube mais rien de comparable au raz de marée qu'ils connurent deux ans plus tard avec "Eloïse" (Barry interprétant une chanson de Paul)...

Enfin, les Espagnols Los Archiduques l'adaptèrent en 1967 sous le titre "Lamento De Gaitas". Sans rien piger à l'espagnol il est cependant aisé de saisir la signification de gaita... c'est une cornemuse (terme générique en espagnol, terme spécifiques à certaines cornemuses dont celles du Nord de l'Espagne en français) ! L'un des instruments traditionnels de la région dont est originaire le groupe: les Asturies. Il est ainsi amusant de constater que l'instrument est ici plus à sa place que sur la version qui a pourtant inspiré l'arrangement à l'origine ! Voilà donc le génial cheminement d'un des rares morceaux de beat avec de la cornemuse (avec la bien nommée "la cornemuse" des Jets) à travers trois reprises successives. 

dimanche 5 juin 2016

Small Faces: à la mod

Aussi étonnant que cela puisse paraître, malgré presque 1000 entrées, je n'avais jamais jusqu'ici évoqué directement les Small Faces sur ce blog. Lors de mon dernier périple londonien j'ai trouvé la version 45T simple de "Sha-La-La-La-Lee" anglaise. Je possédais déjà le EP français correspondant (le visuel utilisé pour illustrer l'article) mais pour les dj set ou même écouter chez soi à plein volume rien ne remplace un simple ! Les simples ont généralement l'avantage de mieux sonner (deux fois moins de musique par face ça aide) et d'être aussi souvent moins chers que les EP français plus rares et très collectionnés à cause de leurs (beaux) visuels. 

Les Small Faces sont une des formations majeures du mouvement mod au coté des Who. Le courant modernist embrase l'Angleterre au milieu des années 60. Il s'inspire des films de la Nouvelle Vague et italiens du début de la décennie. Au départ, il concerne avant tout des amateurs de jazz moderne par oppositions aux trads. La figure du mod va progressivement s'éloigner du jazz pour aller vers la soul (Motown), le jazz-soul (Georgie Fame, Booker T & The MGs etc.) mais aussi le rock pop art des Who qui adoptent ce look vers 1964 à l'époque des High Numbers. Dès lors les mods peuvent envahir les plages de Brighton et se bastonner avec les rockeurs restant, symbole de l'ancien monde, des années cinquante révolues. Les mods sont les années soixante: issus de la classe moyenne naissante, ils roulent en scooter Vespa ou Lambretta, portent des costumes ou des robes aux coupes soignées et adoptent les coiffures french line, ils expriment la modernité d'un pays en forte croissance économique où les adolescents et jeunes adultes découvrent les vertus du pouvoir d'achats et de la consommation. Dès 1967 les mods se délitent et évoluent progressivement vers le psychédélisme, la northern soul et le ska des skinheads mais ceci sont d'autres histoires !

 

Les Small Faces empruntent directement leur nom au mouvement: un face est une figure, un mec important. Mené par l'incroyable chanteur Steve Marriott, l'une des plus belles voix du rock britannique de l'époque, le groupe se compose également de Ronnie Lane, Kenney Jones et l'excellent organiste Ian McLagan. Le groupe obtient un succès considérable dans le pure style pop art chez Decca avant de signer sur le label d'Andrew Loog Oldham, manager des Stones: Immediate. Leur son évolue alors vers le psychédélisme ("Itchycoo Park" youtube) assez typique de l'Angleterre de la seconde moitié des années soixante autour de thématiques bucoliques et nostalgiques. En 1969 le groupe splitte en deux autres formations: Steve Marriott part fonder Humble Pie avec le guitariste Peter Frampton tandis que le reste du groupe se déleste de son Small pour devenir les Faces avec Rod Stewart au chant.

"Sha-la-la-la-lee" (youtube) exprime la quintessence du son pop art cher aux Who et aux autres formations mods britanniques (The Creation): musique beat aux mélodies pop soignées et aux powerchords de guitares puissantes et lacérées de feedbacks. L'autre face a peut être ma préférence et évoque quant à elle un autre angle de la musique mod anglaise plus influencée par le jazz américain. Ainsi l'excellente "grown your own" est un instrumental fiévreux autour d'un orgue déchaîné, il fait écho (tout en étant plus rock et sauvage) aux disques de Georgie Fame, des Artwoods ou Brian Auger. Vous aurez donc deux bonnes raisons de prendre ce simple la prochaine fois que vous le croiserez !

samedi 7 mai 2016

The Sound Specials: nederbiet

Voici une sympathique obscurité beat des Pays Bas, une nation particulièrement réputée pour la qualité de sa scène dans les années soixante au point d'avoir le droit à son appellation spécifique: Nederbiet (biet pour beat, neder pour Netherland). Dans les années 60 la Hollande est clairement un pays rock et comporte l'un des plus beau vivier mondial. Bien sûr impossible de rivaliser avec les deux grandes terres de musique pop que sont les États Unis ou la Grande Bretagne mais je serais tenté de considérer les Pays Bas sur la troisième marche du podium, y compris devant donc le Canada, l'Australie ou la Suède souvent considérés aujourd'hui comme d'importants foyers électriques. Il y a une raison à cela: la qualité et la profusion des groupes, celle-ci étant en parti du à la nature même du pays (de nombreux ports, n'oublions pas l'importance de Liverpool dans le développement du rock en Angleterre) et l’immigration d'une population indonésienne ayant constitué des les années 50 une scène rock & roll (Indorock). J'ai déjà évoqué ici quelques formations beat très connues (The Jay-Jays, les excellents Golden Earing avant leur virage hard rock, Rob Hoeke ou encore Zen), je me rends compte que je suis loin d'avoir fait le tour de la question, n'ayant jamais écrit ici (à ma grande surprise d'ailleurs) sur les excellents Q65, Outsiders ou The Motions... 

Il y a aussi des groupes plus obscurs, beaucoup de groupes. Parmi eux les Sound Specials de Goirle-Tilburg, auteurs de trois quarante cinq tours au milieu des années 60 dont deux promotionnels ! Cela laisse penser qu'il pourrait s'agir d'un faux groupe (des musiciens de studio se faisant passer pour une formation) mais j'aurais tout de même tendance à écarter cette hypothèse: la sortie d'un 45T en leur nom propre ainsi que le style musical plaide pour un authentique groupe beat. Je me suis récemment fait plaisir en achetant l'un de leurs 7 pouces sur discogs de 1966. Celui-ci est dédié à la promotion d'un métier dans le bâtiment ou l'industrie. Ainsi peut-on lire sur la pochette "moderne jeugd kiest een modern beroep" qui signifie "une jeunesse moderne choisit une profession moderne". Je n'ai pas réussi à identifier précisément la profession en question ("regulist") mais je pencherais pour contre-maître, inspecteur, peut-être en terme plus actuel: management de la qualité. La face A du disque fait en tout cas référence au métier en question, elle se nomme "Regulation" et est un sympathique instrumental bien qu'un peu anodin (youtube). La B en toute logique a largement plus mes suffrages ainsi que celui des compilateurs (compé deux fois en 1989 et 1999). "I wasn't satisfied", co-écrite par le chanteur (un certain Wim Sikkers), est ainsi un excellent titre beat enjoué et rythmé porté par une guitare électrique au son délicieusement twangy. 

mercredi 13 avril 2016

The Rokes: fort

The Rokes furent l'une de ses nombreuses formations Beat anglaise à traverser la Manche pour tenter leur chance sur le continent. Le Royaume Uni était en effet saturé de formations, nombre d'entre elles prirent donc le chemin de l'Italie, des Pays Bas (The Scorpions), du Danemark (The Red Squares) ou encore de l'Espagne (The Tomcats). Si toutes ne connurent pas la gloire, les Rokes eurent le privilège d'une belle carrière transalpine. Le zénith en fut certainement "Piangi Con Me" une face B co-écrite par le groupe (plus précisément le chanteur Shel Shapiro) et le célèbre parolier Mogol à qui l'on doit également l'incroyable "Il Vento" avec la légende Lucio Battisti (youtube).

Située de l'autre coté d'une reprise de Bob Lind "Che Colpa Abbiamo Noi" ("Cheryl's going home" en VO), "Piangi Con Me" va en effet, par l'intermédiaire d'une reprise des Grass Roots ("Let's Live For Today"), devenir un énorme tube international ! Plutôt impressionnant pour une chanson destinée à occuper une face B. Selon la légende PF Sloan et Steve Barri, à l'origine des Grass Roots (au départ un projet de studio), découvrirent le morceau par l'intermédiaire de leur éditeur. Sloan séduit par la similitude avec le classique "I Count The Tears" de The Drifters accepta de reprendre le morceau, un choix gagnant: le morceau eut une résonance inédite avec les événements (la guerre du Vietnam) et devint ainsi un classique de son époque au même titre que "Jimmy Mack" par exemple. 

Il est étonnant que les compositeurs - les fameux Doc Pomus et Mort Shuman ("Sweets for my Sweet" ou " A Teenager in love") - d' "I Count The Tears" n'aient pas porté plainte: l'histoire dit que Mort bien qu'excédé n'en éprouva point le besoin, une autre théorie laisserait entendre qu'il partageait la même maison d'édition que "Let's Live For Today", la vérité se situe probablement quelque part entre les deux. Quelle ironie qu'aujourd'hui les héritiers de Marvin Gaye gagne un procès pour un pastiche de "Got to Give Up" (une des décisions de copyright les plus scandaleuses de ces 20 dernières années) ! À l'écoute des Drifters et de The Rokes, les similitudes sont frappantes: le refrain de "Piangi Con Me" est le couplet de "I Count the Tears" (la preuve!). Il me semble cependant qu'il existe une petite différence dans la suite des accords en arrière plan du motif. Trop évident pour n'être qu'une simple coïncidence, la ressemblance n'est peut-être pas pour autant volontaire, Del Shapiro aurait pu entendre la version originale ou les reprises de certains groupes beat comme les Searchers (youtube) et son inconscient retranscrire quelques années plus tard cette incroyable mélodie spontanément. Le couplet est néanmoins très différent, il redore le blason des Rokes et contribue à la tension de la chanson offrant un boulevard à ce refrain fantastique, un parfait écrin à cette mélodie mémorable. Si "Let's Live for Today" est probablement par la force des choses la version définitive (youtube) de cette avant collective, l'originale des Rokes est ma préférée, l'italien se prêtant merveilleusement au lyrisme de cette grande chanson.