vendredi 5 février 2021
"Comment je suis devenu marxiste"
dimanche 3 janvier 2021
Brexit !
C'est arrivé. L'Etat britannique ne fait plus partie de l'Union européenne. Et alors? En quoi ça concerne la classe salariée?
L’expression même « Etat-Nation » suppose que les Etats qui se partagent le monde sont l’expression politique de « nations » préexistantes. Au fait, c’est l’inverse: c’est la « nation » qui est une création de l’Etat. Les Etats inculquent à leurs ressortissants qu’ils formeraient une communauté, avec des intérêts communs représentés par l’Etat. Les gens en viennent à se considérer, eux et les autres du même Etat, comme un « nous ».
Les socialistes ne parlent pas de « nous » en lien avec les soi-disant « Etats-nations » où ils naissent ou vivent. Nous savons que dans chaque Etat il y a deux classes aux intérêts opposés: la classe de ceux qui possèdent et contrôlent les moyens de production et la grande majorité qui n’a que sa force physique et intellectuelle à vendre pour vivre et qui le fait pour un salaire.
Les guerres ne se font pas entre « nations » , mais entre Etats, et les Etats représentent les intérêts de leur propre classe dominante. Les guerres naissent de conflits économiques entre Etats, représentant ces classes dominantes, sur les sources de matières premières, les routes commerciales, les marchés, débouchés et zones stratégiques qui les protègent.
Le nationalisme est utilisé par les Etats pour obtenir un soutien à la guerre de sa « chair à canon ». Mais il peut se révéler contre-productif s’il échappe au contrôle de l’Etat, comme cela s'est arrivé au Royaume-Uni sur la question européenne. L’intérêt de la section dominante de la classe capitaliste britannique, c'était que son Etat reste dans l’Union européenne afin d’avoir accès au « marché unique » européen, mais une grande partie de l’opinion publique y était opposée sur des bases nationalistes qu'une autre section a exploitées avec succès.
Nous insistons: les salariés dans un Etat ont les mêmes intérêts que leurs camarades des autres Etats. Nous sommes tous membres de la classe travailleuse mondiale et avons un intérêt commun à travailler ensemble à l’établissement d’un monde sans frontières où les ressources deviendront patrimoine commun de tous les peuples du monde et seront utilisées au bénéfice de tous.
samedi 28 novembre 2020
Bon anniversaire Friedrich
Engels est né ce jour il y a deux cents ans.
Entre mai et août 1881, il écrivit un article pour presque tous les numéros du Labour Standard, un hebdomadaire syndical anglais. En tout, 12 articles de lui ont été publiés, traitant de sujets tels que les syndicats, Bismarck et un traité commercial entre la France et l’Angleterre.
Les quatre premiers de ces articles traitent au système du salariat et aux syndicats. Ils donnent une explication très claire de la façon dont la classe salariée est exploitée à travers le salariat et de l'utilité et des limites de l'organisation et de l'action syndicale. La conclusion d'Engels, que la classe salariée devrait s'organiser politiquement, "en tant que corps unique", pour envoyer ses délégués au parlement afin d’abolir le salariat, est toujours valable aujourd'hui.
L'abolition du salariat, qu'est-ce que cela veut dire, en termes concrets? Cela veut dire, tout d'abord, la fin de la division de la société entre employeurs et salariés, entre ceux qui peuvent acheter les services des autres parce qu'ils détiennent les moyens de production et ceux qui ne possèdent rien que leur capacité à travailler, qu'ils sont obligés de vendre contre un salaire par nécessité économique afin de vivre. Cela veut donc dire l'abolition des classes. La seule base sur laquelle on peut le faire est, d'après les propres mots d'Engels, "la possession des moyens de travail (des matières premières, des usines, de l'outillage) par la classe ouvrière elle-même", grâce au socialisme, la possession commune et la gestion démocratique des moyens et des instruments de production et de distribution par la société tout entière.
Le socialisme est la possession commune des moyens de production par la société tout entière, non par l'Etat (l'Etat étant un instrument de domination capitaliste, la propriété d'Etat n’est pas le socialisme, mais le capitalisme d’Etat.) Sur cette base, la production peut être gérée démocratiquement et orientée vers la seule satisfaction des besoins humains. La production pour l'usage seul remplacera la production pour la vente en vue de profits. Quant à la distribution, la technologie moderne permet maintenant la production de la richesse en une telle abondance que le vieux principe socialiste "De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins" peut être appliqué.
La réalisation de ce principe veut dire précisément ce que les mots disent: les hommes et les femmes travailleront ensemble au mieux de leur capacité pour produire une abondance de laquelle ils pourront alors se servir librement et gratuitement suivant leurs besoins. Le libre accès aux biens de consommation et aux services remplacera le rationnement dû au système du salariat. L'argent disparaîtra et avec lui l'achat et la vente, les banques, les assurances et tout le système financier.
Une société sans classes, sans Etat et sans argent, c'est cela que l'abolition du salariat veut dire. C'est le but vers lequel les efforts de la classe salariée doivent tendre puisqu' elle, et seulement elle, peut créer le cadre dans lequel les problèmes auxquels la classe salariée a à faire face aujourd'hui peuvent être résolus une fois pour toutes.
dimanche 15 novembre 2020
La destruction de la nature
De nombreux écrits scientifiques se plaignent avec émotion de la destruction croissante des forêts. Or ce n’est pas seulement la joie que chaque amoureux de la nature éprouve pour la forêt qui doit être prise en compte. Il existe aussi d’importants intérêts matériels, voire des intérêts vitaux pour l’humanité. Avec la disparition des riches forêts, des pays connus dans l’Antiquité pour leur fertilité, densément peuplés, véritables greniers pour les grandes villes, sont devenus des déserts pierreux. La pluie n’y tombe que rarement, ou des pluies diluviennes dévastatrices emportent les minces couches d’humus qu’elle doit fertiliser. Là où la forêt des montagnes a été anéantie, les torrents alimentés par les pluies de l’été roulent d’énormes masses de pierres et de sable, qui dévastent les vallées alpines, déforestent et détruisent les villages dont les habitants sont innocents «du fait que le profit personnel et l’ignorance ont détruit la forêt dans les hautes vallées et la région des sources».
«Intérêt personnel et ignorance» : les auteurs, qui décrivent avec éloquence ce désastre, ne s’attardent pas sur ses causes. Ils croient probablement qu’il suffit d’en souligner les conséquences pour remplacer l’ignorance par une meilleure compréhension et en annuler les effets. Ils ne voient pas qu’il s’agit d’un phénomène partiel, l’un des nombreux effets de nature similaire du capitalisme, ce mode de production qui est le stade suprême de la chasse au profit.
Comment la France est-elle devenue un pays pauvre en forêts, au point d’importer chaque année des centaines de millions de francs de bois de l’étranger et de dépenser beaucoup plus pour atténuer par le reboisement les conséquences désastreuses de la déforestation des Alpes? Sous l’Ancien Régime, il y avait beaucoup de forêts domaniales. Mais la bourgeoisie, qui a pris les rênes de la Révolution française, ne voyait dans ces forêts domaniales qu’un instrument d’enrichissement privé. Les spéculateurs ont rasé trois millions d’hectares pour transformer le bois en or. L’avenir était le cadet de leurs soucis, seul comptait le profit immédiat.
Pour le capitalisme, toutes les ressources naturelles ont la couleur de l’or. Plus il les exploite rapidement, plus le flux d’or s’accélère. L’existence d’un secteur privé a pour effet que chaque individu essaie de faire le plus de profit possible sans même penser un seul instant à l’intérêt de l’ensemble, celui de l’humanité. Par conséquent, chaque animal sauvage ayant une valeur monétaire, toute plante poussant à l’état sauvage et dégageant du profit est immédiatement l’objet d’une course à l’extermination. Les éléphants d’Afrique ont presque disparu victimes d’une chasse systématique pour leur ivoire. La situation est similaire pour les hévéas, qui sont victimes d’une économie prédatrice dans laquelle tout le monde ne fait que détruire les arbres sans en replanter de nouveaux. En Sibérie, on signale que les animaux à fourrure se raréfient de plus en plus en raison d’une chasse intensive et que les espèces les plus précieuses pourraient bientôt disparaître. Au Canada, de vastes forêts vierges sont réduites en cendres, non seulement par les colons qui veulent cultiver le sol, mais aussi par les «prospecteurs» à la recherche de gisements de minerai ; ceux-ci transforment les versants montagneux en roches dénudées pour avoir une meilleure vue d’ensemble du terrain. En Nouvelle-Guinée, un massacre d’oiseaux du paradis a été organisé afin de se plier à la lubie dispendieuse d’une milliardaire américaine. Les folies de la mode typiques d’un capitalisme gaspillant la plus-value ont déjà conduit à l’extermination d’espèces rares; les oiseaux de mer de la côte est-américaine n’ont dû leur survie qu’à la stricte intervention de l’État. De tels exemples pourraient être multipliés à l’infini.
Mais les plantes et les animaux ne sont-ils pas là pour être utilisés par les humains à leurs propres fins ? Ici, nous laissons complètement de côté la question de la conservation de la nature telle qu’elle se poserait sans l’intervention humaine. Nous savons que les humains sont les maîtres de la terre et qu’ils transforment complètement la nature pour leurs besoins. Pour vivre, nous sommes complètement dépendants des forces de la nature et des richesses naturelles; nous devons les utiliser et les consommer. Ce n’est pas de cela dont il est question ici, mais uniquement de la façon dont le capitalisme en fait usage.
Un ordre social raisonnable devra utiliser les trésors de la nature mis à sa disposition de telle sorte que ce qui est consommé soit en même temps remplacé, en sorte que la société ne s’appauvrisse pas et puisse s’enrichir. Une économie fermée qui consomme une partie des semis de céréales s’appauvrit de plus en plus et doit infailliblement faire faillite. Tel est le mode de gestion du capitalisme. Cette économie qui ne pense pas à l’avenir ne fait que vivre dans l’instantanéité. Dans l’ordre économique actuel, la nature n’est pas au service de l’humanité, mais du Capital. Ce ne sont pas les besoins vestimentaires, alimentaires et culturels de l’humanité, mais l’appétit du Capital en profit, en or, qui régit la production.
Les ressources naturelles sont exploitées comme si les réserves étaient infinies et inépuisables. Avec les néfastes conséquences de la déforestation pour l’agriculture, avec la destruction des animaux et des plantes utiles, apparaît au grand jour le caractère fini des réserves disponibles et la faillite de ce type d’économie. Roosevelt reconnait cette faillite lorsqu’il veut convoquer une conférence internationale pour faire le point sur l’état des ressources naturelles encore disponibles et prendre des mesures pour prévenir leur gaspillage.
Bien sûr, ce plan en soi est une fumisterie. L’État peut certes faire beaucoup pour empêcher l’impitoyable extermination d’espèces rares. Mais l’État capitaliste n’est après tout qu’un triste représentant du bien commun (Allgemenheit der Menschen). Il doit se plier aux intérêts essentiels du Capital.
Le capitalisme est une économie décérébrée qui ne peut réguler ses actes par la conscience de leurs effets. Mais son caractère dévastateur ne découle pas de ce seul fait. Au cours des siècles passés, les êtres humains ont exploité la nature de manière insensée sans penser à l’avenir de l’humanité tout entière. Mais leur pouvoir était réduit. La nature était si vaste et si puissante qu’avec leurs faibles moyens techniques, ils ne pouvaient lui faire subir que d’exceptionnels dommages. Le capitalisme, en revanche, a remplacé le besoin local par le besoin mondial, créé des moyens techniques pour exploiter la nature. Il s’agit alors d’énormes masses de matière qui subissent des moyens de destruction colossaux et sont déplacées par de puissants moyens de transport. La société sous le capitalisme peut être comparée à la force gigantesque d’un corps dépourvu de raison. Alors que le capitalisme développe une puissance sans limite, il dévaste simultanément l’environnement dont il vit de façon insensée. Seul le socialisme, qui peut donner à ce corps puissant conscience et action réfléchie, remplacera simultanément la dévastation de la nature par une économie raisonnable.
* Zeitungskorrespondenz n° 75, 10 Juli 1909, p. 1 et 2. Traducteur : Ph. Bourrinet (8 juillet 2019).
jeudi 31 août 2017
La futilté de la réforme
mercredi 10 décembre 2014
William Morris en français
http://www.marxists.org/francais/morris/index.htm:
"L'art en ploutocratie" (1883).
"La vie ou la mort de l'art" (1884).
"Comment nous vivons et comment nous pouvons vivre" (1884).
"Manifeste de la Socialist League" (1885).
"Où en sommes-nous?" (1890).
"Comment je suis devenu socialiste" (1894).
Tous sont bons.
En plus (mais pas dans l'Internet):
Morris, William. «Comment nous Vivons; Comment nous Pourrions Vivre.» Londres, 1884. Réimprimé et traduit en art d' Elite. Paris: Editions Hermann, 1985. 119-144.
Morris, William "The Society of the Future." Trans. Olivier Barancy. "La Société de l'Avenir." L' Âge de L' Ersatz. Paris: Éditions de L' Encyclopédie des Nuisances, 1996. 59-81.
vendredi 15 août 2014
La guerre et l’orientation socialiste (1914)
Texte adopté par le Parti socialiste de Grande-Bretagne le 25 août 1914, traduit en français par Critique sociale: