PC maoiste France: Le p « c » « mlm », une caricature du maoïsme

Avertissement: Afin que les internautes et les activistes des réseaux sociaux puissent accéder au lien web du texte du PC maoïste de France dans lequel il expose sa critique de leur concurrent PCMLM de France, nous avons reproduit ici le copier-coller du texte en question.

 

PC maoiste France – 2 – Le p « c » « mlm », une caricature du maoïsme

Vendredi 13 janvier 2012

LE P « C » « MLM », UNE CARICATURE DU MAOÏSME

Nous rappelons que la base d’unité pour les communistes s’exerce à travers le principe « Unité-Critique-Unité », car le but de la critique est d’accéder à une unité supérieure, dans le cas présent, au renforcement du Mouvement Communiste International.

Une polémique se déroule actuellement au niveau international à propos de la question népalaise.

Notre analyse et notre position actuelle sur la question népalaise

Tous les maoïstes ont soutenu avec enthousiasme les 10 ans de guerre populaire dirigée par le Parti Communiste du Népal (maoïste) – PCN(m).

Au fil des cinq années après les accords de paix de 2006, nous avons suivi avec attention le processus qui a amené l’ensemble du mouvement communiste à rejeter le prachandisme comme théorie révisionniste.

Les résultats aux élections (40% pour le PCN(m)) après 10 ans de guerre populaire ont retardé la prise de conscience que le révisionnisme était bien au pouvoir.

Le PCN(m) avait présenté sa démarche comme un prolongement de la guerre populaire, une phase intermédiaire pour consolider et augmenter ses effectifs, renforcer son influence dans la population et préparer l’insurrection.

Dès la signature des accords de paix, les maoïstes du monde entier ont été inquiets. Seuls les anciens révisionnistes kroutchéviens et hoxhistes, ou le révisionnisme armé, les regardaient avec bienveillance.

Le Parti Communiste d’Inde (maoïste) -PCI(m), dès les accords de paix signés, avait mis en garde sur le danger de tels accords sans pour autant rompre avec le PCN(m), ni lui enlever son soutien. En revanche, il a dénoncé la thèse du « socialisme du XXIème siècle ».

Le Parti Communiste maoïste de France -PCmF- n’a jamais fait sienne « la théorie du XXIème siècle » de Prachanda, pas plus que celle de « la nouvelle synthèse » d’Avakian.

Le PCmF, en France, avait précisé que sa participation et son soutien au Comité de Solidarité Franco-Népalais était sous réserve que le processus pour aboutir à la démocratie nouvelle aille à son terme, et pour ce faire qu’une insurrection permette de prendre le pouvoir dans tout le pays.

Devant les attaques des réactionnaires et des révisionnistes, le PCN(m) a cédé à chaque fois du terrain et s’est enfoncé dans le bourbier, abandonnant peu à peu toute perspective révolutionnaire. L’aile gauche, par souci d’unité et de peur de provoquer la scission en rompant avec Prachanda et Bhattaraï, les chefs révisionnistes qui avaient encore un grand prestige, était paralysée.

Les derniers évènements ont posé la question de la rupture complète avec le révisionnisme de Prachanda-Bhattaraï que l’aile gauche désigne comme des traîtres. La gauche n’a pour l’instant pas complètement rompu avec cette dérive, ou a estimé que le moment n’était pas encore venu pour le faire.

Cette aile gauche arrivera-t-elle à se structurer, se forger en fraction rouge dans le parti, à réorganiser le mouvement de masses et reprendre le chemin de la guerre populaire après cinq ans d’interruption, après le démantèlement des organisations populaires, la remise des armes, l’intégration en cours d’une partie de l’APL dans des tâches de gardes forestiers et la tentative de neutralisation des autres combattants par des indemnités ?

Au fil du temps la situation s’est dégradée, nos articles ont été plus évènementiels que solidaires. A travers les articles, le comité a émis au fur à mesure ses réserves et montré les contradictions au sein du PCN(m) devenu PCUN(m) pour PC Unifié du Népal (maoïste).

La condamnation de la ligne Prachanda-Bhattarai, de la dérive du PCNU(m) doit être sans appel. Notre critique doit être sévère, sans concession, sans pour autant « jeter le bébé avec l’eau du bain ».

Au niveau international, le prachandisme est le dernier avatar du révisionnisme, tout le monde est d’accord là-dessus aujourd’hui. Certains l’ont perçu dès 2006, d’autres, tout en étant inquiets, ont rompu si on peut dire par étapes, espérant un redressement possible, ce qui ne s’est pas produit.

Notre tâche internationaliste est donc de soutenir les révolutionnaires au Népal qui veulent redresser la barre et reprendre le chemin de la lutte révolutionnaire. Comme nous le disions dans notre déclaration publiée le 14 septembre 2011 : « Il y a des maoïstes au Népal qui luttent pour la révolution et nous devons les soutenir face aux liquidateurs ! »

Or l’attitude du p « c » « mlm » est de rejeter en bloc le processus au Népal en analysant le PCUN(m) comme un bloc monolithique. Il y a une lutte de ligne au sein du Parti et elle aboutira soit à une reddition totale, soit à une reprise du combat révolutionnaire. Pour l’instant, la question n’est pas encore réglée, nous verrons.

La reconstitution du Mouvement Communiste International

La reconstitution du MCI n’est pas seulement basée sur le fait d’avoir vu clair le premier sur la question népalaise. Le critère pour juger si on est vraiment communiste, c’est la pratique, la pratique au sein de la lutte de classes, en lien avec les masses.

« Le point de vue de la pratique, c’est le point de vue premier, fondamental de la théorie matérialiste-dialectique de la connaissance. »
Marx, Thèses sur Feuerbach, printemps 1845

« La pratique est supérieure à la connaissance (théorique), car elle a la dignité non seulement du général, mais aussi du réel immédiat. »
Lénine, Matérialisme et empiriocritisisme, second semestre 1908, chapitre II, section 6

« Si l’on veut acquérir des connaissances, il faut prendre part à la pratique qui transforme la réalité. Si l’on veut connaître le goût d’une poire, il faut la transformer en la goûtant…Si l’on veut connaître la théorie et les méthodes de la révolution, il faut prendre part à la révolution. »
Mao Zedong, De la pratique, in 5 essais philosophiques, page 9

« Celui qui nie la participation personnelle à la pratique destinée à transformer la réalité, n’est pas un matérialiste…Il y a un vieux proverbe chinois « Sans entrer dans la tanière du tigre, comment capturer ses petits »…La connaissance coupée de la pratique est inconcevable »
Mao Zedong, De la pratique, in 5 essais philosophiques, page 10

Bien sûr, au début du regroupement communiste, il faut se délimiter comme disait Lénine, souvent au cours d’un processus complexe, plus ou moins long. Cependant, on ne se délimite pas en chambre mais en vérifiant la justesse de la théorie à travers la pratique de la lutte de classe, avec les masses pour apprendre d’elles.

L’attaque du p « c » « mlm » contre le PCmF

Se servant de la lutte contre le révisionnisme prachandisme le p «c» «mlm» a engagé une violente attaque contre le courant qu’il baptise « centriste » et contre notre Parti. Ceux qui donnent des leçons en France pourraient être plus modestes car ils sont passés eux-mêmes par un cheminement tortueux, certains reviennent de loin. Cette lutte a pris un tour particulièrement aigu à partir d’une attaque ridicule et dérisoire contre une lettre d’hommage au camarade Kinsenji (voir à ce sujet Assassinat du Camarade Kishenji : le fiel réactionnaire des cybers-« maoïstes » ).

Le maoïsme en kit sur Internet

Le p « c » « mlm » n’est présent que sur Internet, il n’a aucune pratique. Aucun ouvrier, aucun membre d’associations, aucun progressiste, ne l’a vu dans la rue à leurs côtés ! Et pour cause, il n’est jamais sur le terrain de la lutte de classe, ni dans les manifestations, ni aux portes des entreprises, ni dans la participation aux luttes pour y diffuser l’idéologie dont il se réclame, qu’il prétend défendre.

Attaques provocatrices contre les masses en lutte

contre les paysans producteurs de lait en lutte, les traitant de réactionnaires, oubliant que le mouvement maoïste et la Gauche Prolétarienne en particulier avaient organisé les longues marches en solidarité avec les paysans qui menaient la guerre du lait en Bretagne, comme Jean Carel à Pontivy.

contre les ouvriers en grève, parce dans l’impossibilité d’empêcher la fermeture d’une usine, parce qu’ils essaient de négocier au mieux les indemnités de licenciements (voir particulièrement notre article Provocations du P »c » »mlm » contre la classe ouvrière ).

contre les militants « petit-bourgeois » traités de fascistes alors qu’ils dénonçaient l’attaque d’une librairie par un groupe fasciste-sioniste.

contre les militants qui soutiennent le peuple palestinien traités d’antisémites. Le p « c » « mlm » pratique l’amalgame sous prétexte qu’il existe quelques groupes qui, sous couvert d’antisionisme, sont des antisémites avérés. Cela revient à faire déconsidérer le soutien au peuple palestinien et renforce la propagande contre les musulmans, c’est-à-dire apporte de l’eau au moulin du FN qu’ils prétendent dénoncer.

Attaques contre le mouvement maoïste (liste non exhaustive)

contre « L’Hommage unitaire à Kishenji » signé par plusieurs partis et organisations maoïstes (dont notre Parti). Le p « c » « mlm » avait auparavant donné des leçons au PC d’Inde (maoïste) dans leur hypocrite « Hommage à Kishenji ».

contre la Revue « Maoist Road ».

contre le tract du Ier Mai 2011, signé par le PC du Bhoutan (MLM), le PCR du Canada, Le Comité de Lutte Populaire Manuel Bello (Espagne/Galice), le PC maoïste de France, le PC d’Inde (maoïste), le PCI (ML) Naxalbari, le PCUN (maoïste), le PC maoïste d’Italie, le PC maoïste de Turquie/ Nord Kurdistan et le Mouvement Communiste Maoïste de Tunisie.

contre le défilé du 1er Mai 2006 organisé à Paris par les PC maoïste de France, d’Italie et de Turquie/Nord Kurdistan sous prétexte de défiler à visage découvert.

contre le PC maoïste d’Italie qui ne ménage pas ses efforts pour la reconstitution du MCI.

contre le PC Révolutionnaire du Canada, parce qu’il ne se préoccuperait pas des bébés phoques, et qu’ainsi il ne s’occuperait pas des problèmes de son pays, de la biosphère « cheval de bataille » du p «c» «mlm» sur la voie lactée où il plane avant qu’il ne tombe dans un trou noir. Le PCR, à notre connaissance, s’occupe de l’environnement, de la biosphère, en combattant contre l’extraction des schistes bitumeux, lié aux masses ouvrières, mais aussi aux minorités nationales Inuits, en menant la lutte antifasciste etc., toutes activités concrètes que ne mènent pas dans la pratique nos théoriciens en chambre.

contre le PC maoïste de France qui a été créé en septembre 2001, avant le p « c » « mlm » (2003). Il faut rappeler que le 1er mai 1999, l’ORPCF (ancêtre du PCmF) et Front Social (ancêtre du p « c » « mlm ») avaient signé un tract commun. Un mois après, l’ORPCF proposa de faire un autre tract commun pour la jeunesse, à distribuer lors d’une manifestation de jeunes à l’initiative du MIB. Front Social s’est défilé en prétextant qu’il fallait mettre le portrait de Che Guevara parce que les jeunes aiment bien Guevara. Qui aurait compris qu’un tract des maoïstes mette en avant Guevara ? Comme opportunisme on ne fait pas mieux ! Pour autant ce tract n’était pas un préalable pour nous. Pour nous battre pour l’unité, nous avions décidé de renforcer le Secours Rouge. Front Social s’est servi de ce prétexte pour rompre les discussions au grand dam du PC maoïste d’Italie et d’autres partis qui encourageaient ce rapprochement.

Attaque à peu près tous les partis et organisations maoïstes menant concrètement la lutte de classe et la guerre populaire, y compris le PCP à qui il donnait des leçons, comme aujourd’hui il en donne au PC d’Inde (maoïste), distribuant bons points et blâmes comme un professeur d’école.

Sur l’économie

Le p « c » « mlm » désigne Sarkozy comme le représentant de la bourgeoisie industrielle, niant « le stade suprême du capitalisme » et déformant Lénine qui définit cette époque comme celle où le capital industriel a fusionné avec le capital bancaire pour former le capital financier qui domine toute l’économie. Sarkozy, comme tout dirigeant d’un pays impérialiste, dirige, soutient et défend le système dominé par ce capital financier. Quelle que soit la couleur politique d’un dirigeant national, il est choisi pour cela.

Un exemple de cette grossière erreur est la promesse de Sarkozy de « pérenniser l’activité » du site de l’usine ArcelorMittal de Gandrange faite aux ouvriers alors qu’il ne pouvait ignorer les plans de liquidation de la multinationale. Sarkozy a simplement rassuré, calmé les ouvriers, pour qu’ils ne se révoltent pas, faisant croire qu’il faisait son possible pour résoudre le problème. L’exemple de Gandrange montre bien que Sarkozy est en dernière analyse le représentant du capital financier. Cet exemple montre également que le p « c » « mlm » veut, lui aussi, mystifier les ouvriers en faisant croire que Sarkozy serait le représentant de la bourgeoisie industrielle. Aujourd’hui, à côté de l’usine de Gandrange, les ouvriers ont déposé une plaque commémorative « Ici reposent promesses de Nicolas Sarkozy ».

Sur le processus de transformation de l’appareil d’Etat

Depuis 1973, la crise n’a cessé de s’approfondir. Des mesures de restructurations économiques et sociales n’ont pas cessé et ont considérablement détérioré les conditions de vie de la classe ouvrière et des masses populaires. Elles ont été préparées idéologiquement par des matraquages idéologiques pour obtenir une résignation et un contrôle relatif de la colère et du risque de soulèvement des masses.

Bien qu’il n’y ait plus de camp socialiste et malgré le tampon protecteur que constituent aujourd’hui les partis, organisations et syndicats réformistes, la bourgeoisie sent le sol se dérober sous ses pieds et l’indignation, la colère, la révolte grondent dans tous les pays, y compris aux USA, Russie, Chine. La révolte des masses dans les pays arabes a été un avertissement.

La bourgeoisie, pour défendre son système économique, se dote d’une justice et d’une police de plus en plus répressives. La bourgeoisie modifie, vote de nouvelles lois dans le domaine administratif, judiciaire, social, pénal, etc.

Ce processus régressif, que certains appellent fascisation, est suffisamment avancé pour être qualifié de fascisme moderne. La croissance du Front National est l’expression la plus avancée du fascisme moderne, sa pointe avancée. Le fascisme ne peut être la reproduction exacte du précédent.

Les groupes néo-nazis et néofascistes en sont l’expression minoritaire extrême et sont plutôt formés comme éléments provocateurs. En fait, le fascisme moderne est composé de divers éléments, comme une poupée russe.

Le parti soit disant mlm nie ce processus et prétend que c’est uniquement le Front National qui est le représentant du capital financier.

Le fascisme, selon la formule juste de Dimitrov, « est le capital financier lui-même », son représentant le plus réactionnaire. Si le FN est l’aile la plus réactionnaire, pour autant Sarkozy n’est pas le représentant du capital industriel mais le représentant du capital financier d’aujourd’hui. Il a mis en route les bases du fascisme moderne.

La construction du fascisme aujourd’hui suit un processus complexe et monte sous différentes formes, piloté par des équipes gouvernementales variées. Ex : gouvernement de droite tendant la main à d’autres formations en France, alliance gauche-droite-extrême droite en Grèce, droite et extrême droite en Hongrie, etc.

Le p « c » « mlm » attaque ce concept et ceux qui le définissent : le PC maoïste d’Italie et de France et d’autres. Il se justifie par le fait que ce concept a été avancé dans le dossier « Nouveau Fascisme, Nouvelle Démocratie » du n° 131 de la revue « les Temps Modernes » dans les années 70 par Glucksmann, hier maoïste de la Gauche Prolétarienne (GP), aujourd’hui virulent anticommuniste, serviteur dans le domaine « philosophique » de la bourgeoisie.

En citant insidieusement Glucksman, le p « c » « mlm » cherche à discréditer la GP qu’il prétend défendre et démolir le maoïsme et son histoire. Le dossier « Nouveau Fascisme, Nouvelle Démocratie » posait le problème et montrait le début du processus qui a bien avancé aujourd’hui.

Glucksman a changé, le fascisme moderne s’est développé.

Le côté positif de la GP, au-delà de ses erreurs et défauts, c’était sa pratique de masses. Le p « c » « mlm », lui n’a aucune pratique et n’est pas habilité de ce fait à critiquer la Gauche Prolétarienne et donner la leçon au PC maoïste de France.

Dans la page de son site sur l’histoire de la GP, dans la partie consacrée à la Nouvelle Cause du Peuple, il cite divers textes théoriques, mais oublie comme par hasard les articles relevant de la pratique comme la lutte chez Sanders, ou la lutte à la Faser à Bourges, luttes que nous avions impulsé à cette époque. Significatif ! Reflet du mépris qu’il affiche pour la pratique.

Sur la question de Staline

Le p « c » « mlm » prétend que nous ne défendons pas Staline. Il cache que nous avons publié le « Manuel d’Economie Politique » qu’il a publié en plusieurs parties à partir de l’exemplaire papier que nous lui avons prêté en 1999 (et qu’il publie aujourd’hui à partir de la version piochée sur communisme-bolchevisme.net). Nous avons en outre publié les ouvrages suivants de Staline : « Perspectives de la révolution en Chine », « les Principes du Léninisme », « le Marxisme et la Révolution Nationale », « Sur la Guerre patriotique », « Questions/Réponses », « Le Matérialisme dialectique », « Problèmes économiques du socialisme en URSS », « Biographie », « Trotskisme ou léninisme » et bien d’autres articles, revues, livres, dans le Drapeau Rouge, etc.

La position du PCmF est claire par rapport à Staline, elle est conforme à celle de Mao Zedong, dans « La question de Staline ». Notre attitude envers le mouvement communiste est claire comme elle l’est en général pour les maoïstes. Nous assumons notre histoire. Le camarade Staline a défendu le léninisme, a construit le socialisme dans des conditions difficiles, a lutté contre les positions anti-léninistes des trotskistes, a organisé la lutte contre l’occupant hitlérien et a été un des principaux protagonistes de la victoire contre le nazisme, a aidé à la constitution d’un bloc socialiste et aidé le Parti Communiste de Chine. Nous devons recueillir l’héritage de Staline comme celui de Marx et d’Engels, de Lénine et de Mao Zedong.

Ce ne sont ni Staline, ni Mao qui ont restauré le capitalisme. Staline lui-même a dit à ses successeurs : « Vous allez vendre l’Union soviétique à l’impérialisme ». Mao lui-même a dit « qu’il était assez facile de restaurer le capitalisme ». Aussi les maoïstes aujourd’hui doivent aussi examiner les erreurs et les insuffisances, qui pour la plupart étaient inévitables faute d’expérience préalable, pour éviter de les reproduire. Ne pas le faire c’est ne pas être maoïste !

Il n’y a pas de vérité éternelle, de définition éternelle. La rupture dans l’évolution continue, par un bond qualitatif, s’appelle révolution. Mais les formes de la révolution, les moyens mis en œuvre pour la réaliser, ne peuvent être exactement les mêmes, pas plus que les moyens de l’adversaire, de l’ennemi pour s’y opposer, les formes varient en relation avec l’espace-temps. C’est pour cela qu’une révolution ne peut se reproduire à l’identique à une époque donnée et à une autre, dans un pays donné ou dans un autre sans tenir compte des spécificités de chaque époque, de chaque pays, peuple, conditions de vie, d’exploitation etc.

Sur le plan scientifique

Le p « c » « mlm » prétend détenir la vérité dans tous les domaines, être le parti de la science.
Il avance la thèse de l’inéluctable marche vers le communisme de l’Univers et d’autres déclarations délirantes du même acabit.

Il confond souvent les hypothèses et les lois avérées qui sont d’ailleurs relatives aux connaissances acquises, complétées, modifiées ou rendues obsolètes par de nouvelles découvertes.

Il se prend pour le nouvel Engels et le théoricien d’une « nouvelle » « Dialectique de la Nature ». Il est vrai que le p « c » « mlm » est plus mégalomane que modeste.

Qu’il s’en tienne à la vulgarisation de thèses scientifiques ou indique les meilleures vulgarisations mais un peu de modestie et de prudence en matière de science ou de jugement culturel.

Conclusion

Nous ne saurions confondre ce parti avec ceux qui, dans différents pays, cherchent leur voie, essaient de construire en théorie mais aussi en pratique avec les masses, en leur sein, le parti dont elles ont besoin.

Que vise le p « c » « mlm » en menant ces attaques ?

La critique du révisionnisme, de ses différentes formes, du prachandisme qui n’en est qu’un avatar, ne doit pas être utilisée contre la reconstitution des partis, pour masquer l’absence totale de pratique d’un « parti » « mlm » comme celui qui sévit en France. Au contraire, la lutte de lignes doit permettre d’aider à un mouvement général de rectification dans le mouvement communiste.

Les masses réclament l’Unité, c’est pourquoi dans la situation où l’affrontement général entre la classe ouvrière et la bourgeoisie approche, plus que jamais, la méthode « Unité-Critique-Unité » est la seule valable.

Cette attaque n’est pas due au hasard mais intervient juste au moment où les initiatives pour la reconstitution du Mouvement Communiste International sont en marche et où de nombreux pas ont été faits dans ce sens :
le meeting de Paris du 10 octobre sur les révoltes arabes ;

la sortie de la revue internationale Maoist Road ;

la constitution du Comité International de Soutien à la Guerre Populaire en Inde ;

la semaine internationale de soutien à la Guerre Populaire en Inde ;

la journée internationale de solidarité avec les prisonniers politiques maoïstes marocains relayée en France unitairement par de nombreuses organisations (AGEN, Comité Anti-Impérialiste, Coup Pour Coup 31, Coup Pour Coup 87, FSE, La Cause du Peuple, Libertat, OCML-VP, PC maoïste de France, PC maoïste – Italie, PCR Canada, Secours Rouge Arabe, Secours Rouge de Belgique) ;

la constitution, en France, du Comité Anti-Impérialiste avec les camarades de l’AGEN.

Comme un avertissement !

Que ce prétendu parti maoïste laisse la lutte de ligne se mener pour résoudre les problèmes que le prolétariat de notre pays a à résoudre, que la nécessaire décantation idéologique se fasse pour que les maoïstes se réunissent dans un seul parti. Qu’ils se contentent de continuer à faire ce qu’ils sont capables de faire : compiler les textes et classiques. Alors ils seront utiles et pourront aider au renforcement du Parti en France et à celui du MCI.

Qu’il arrête ses provocations contre le mouvement communiste international en essayant de le diviser, qu’il cesse ses attaques contre Maoist Road dont le but n’est pas de sauver le bébé, mais de « jeter le bébé avec l’eau du bain ».

Comme l’a dit Mao Zedong, « Certains soulèvent des pierres pour se les laisser retomber sur les pieds ». C’est ce qui va arriver à cette secte si elle ne change pas.

Nous ne saurions confondre la lutte de ligne honnête de groupes ou partis dans différents pays, leurs tentatives pour rassembler les maoïstes et édifier le Parti d’avec les attaques provocatrices du p « c » « mlm » coupé des masses qui sévit chez nous. C’est le cours normal du processus de décantation de notre mouvement.

Pour finir : Ce parti prétend être le seul à faire connaître et défendre les grandes figures du mouvement communiste. Il feint d’ignorer nos écrits et publications tant sur papier que sur Internet, sans compter les tables de presse que nous tenons régulièrement dans les manifestations de rue et meetings, les centaines de tracts différents diffusés, les œuvres des auteurs classiques, les citations dans nos publications et tracts, etc.

Nous sommes à la disposition de nos lecteurs, de nos correspondants, de nos contacts, des lecteurs de Maoist Road, de la Cause du Peuple, de Drapeau Rouge, des progressistes, des associations et organisations, du Mouvement Communiste International, des révolutionnaires et de tous les maoïstes qui veulent participer à la reconstitution du Parti dans leur pays et à la reconstitution du mouvement communiste international, pour leur fournir les informations dont ils ont besoin. Chacun pourra ainsi participer de façon constructive à la décantation du mouvement communiste, ouvrier et populaire qui nous fait défaut pour affronter la citadelle économique, politique, idéologique, culturelle et scientifique, défendue becs et ongles par les impérialistes et leurs alliés conciliateurs dans les pays dominants et leurs « chiens de garde » dans les pays opprimés.

Ce travail de décantation est nécessaire pour donner au prolétariat et aux peuples du monde les instruments et moyens dont ils ont besoin pour mener la guerre populaire prolongée contre le capitalisme et l’impérialisme jusqu’à l’élimination de ce système dans le monde entier. Cela ne peut se réaliser qu’en lien avec les luttes des masses, dans le feu de la lutte de classe, et pas seulement sur Internet, coupé des masses.

PC maoïste de France
Janvier 2012

 

Source: https://maoistroad.blogspot.com/2012/01/pc-maoiste-france-2-le-p-c-mlm-une.html

Ho Chi Minh: À propos du Trotskisme comme outil du fascisme

Un texte troublant sur le trotskisme chinois écrit par Ho Chi Minh

Écrasons la vermine !

Nous publions ici trois lettres du camarade Ho Chi Minh dénonçant le rôle des Trotskistes dans l’avancée des troupes fascistes japonaises.

Première lettre

Kwelin, le 10 mai 1939

Chers camarades bien-aimés,

Dans le passé, à mes yeux et à ceux d’un bon nombre de camarades, le trotskisme nous à semblé être une affaire de lutte entre les tendances au sein du parti communiste chinois. C’est pourquoi nous n’y avons guère prêté attention. Mais un peu avant le déclenchement de la guerre, plus précisément depuis la fin de l’année 1936 et notamment pendant la guerre, la propagande criminelle des trotskystes nous a ouvert les yeux. Depuis lors, nous nous sommes mis à étudier le problème.

Et notre étude nous a conduit aux conclusions suivantes:

1. Le problème du trotskisme n’est pas une lutte entre les tendances au sein du parti communiste chinois, car entre communistes et trotskistes, il n’y a pas…

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Interview du président Gonzalo par le journal « El Diario » Partie IV

4. SUR LA SITUATION POLITIQUE NATIONALE

El Diario : Monsieur le Président, quelle est l’analyse du PCP sur le processus de l’État Péruvien et vers quoi se dirige-t-il ?

Président Gonzalo : Nous analysons le processus de la société péruvienne contemporaine comme un processus qui a commencé en 1895. Nous considérons qu’à partir de cette date s’engage le processus dans lequel nous vivons actuellement. Et nous pensons qu’il est composé de trois moments. Un premier moment qui assoit les bases pour le développement du capitalisme bureaucratique. Un deuxième, après la Seconde Guerre Mondiale qui marque la fin du premier, où s’approfondit le capitalisme bureaucratique ; cet approfondissement du capitalisme bureaucratique va faire mûrir les conditions pour la révolution et, avec le commencement de la guerre populaire dans les années 80, nous entrons dans le troisième moment : moment de crise générale du capitalisme bureaucratique. La destruction de la société péruvienne contemporaine a commencé, parce qu’elle est historiquement caduque. C’est pourquoi nous assistons à sa fin et ce qu’il faut, c’est travailler, combattre et lutter pour l’enterrer.

El Diario : Pourquoi considérez-vous la thèse du capitalisme bureaucratique comme fondamentale ?

Président Gonzalo : Nous considérons comme essentielle cette thèse du Président Mao Tsétoung parce que, sans la comprendre et sans la maîtriser, il n’est pas possible de développer une révolution démocratique et encore moins de concevoir sa continuation ininterrompue en tant que révolution socialiste. C’est réellement un obstacle, que cette thèse du Président Mao soit éludée et que l’analyse soit embrouillée, quand on nous parle de développement de capitalisme dans les pays arriérés ou de capitalisme dépendant. Ces analyses ne conduisent à rien, si ce n’est à changer la nature de la révolution. Nous pensons que c’est en partant du Président Mao Tsétoung que nous comprendrons bien la société péruvienne et les sociétés dites arriérées.

Nous considérons que le capitalisme bureaucratique commence à se présenter au Pérou à partir de 1895, à travers les trois moments que je viens de retracer. Nous les concevons ainsi : sur une base semi-féodale et sous domination impérialiste se développe un capitalisme, un capitalisme tardif, un capitalisme qui naît, lié à la féodalité et soumis à la domination impérialiste. Ce sont ces conditions qui génèrent ce que le Président Mao Tsétoung a appelé capitalisme bureaucratique. Alors, le capitalisme bureaucratique se développe, lié aux grands capitaux monopolistes qui contrôlent l’économie du pays, des capitaux formés, comme le Président Mao le dit, par les grands capitaux des gros propriétaires fonciers, de la bourgeoisie compradore et des grands banquiers. Ainsi va naissant le capitalisme bureaucratique et, j’insiste encore une fois, lié à la féodalité, soumis à l’impérialisme et monopoliste. Il faut prendre cela en compte : il est monopoliste. Ce capitalisme, arrivé à un certain moment de son évolution, s’associe avec le Pouvoir de l’État et utilise les moyens économiques de l’État ; il les utilise comme levier économique. Ce processus va engendrer l’autre faction de la grande bourgeoisie : la bourgeoisie bureaucratique. C’est de cette façon que va se développer le capitalisme bureaucratique, déjà un capitalisme monopoliste, qui devient alors un capitalisme d’État. Mais ce processus l’entraîne à créer les conditions qui font mûrir la révolution. Ceci est, dans le cadre politique, un autre concept important que le président a établi sur le capitalisme bureaucratique.

Si nous comprenons le capitalisme bureaucratique, nous pouvons très bien comprendre, comment au Pérou, existent une situation de semi-féodalité, un capitalisme bureaucratique et une domination impérialiste, principalement yankee. Voilà ce que nous devons comprendre, ce qui permet d’entendre et de diriger la révolution démocratique.

Maintenant, quel autre facteur important le capitalisme bureaucratique présente-t-il ? Le Président nous signale que la révolution démocratique accomplit certaines tâches socialistes ; par exemple, dit-il, l’aide mutuelle qui a lieu à la campagne dans les bases d’appui s’exprimait déjà. Ainsi donc, pour passer de la révolution démocratique à la socialiste, la confiscation du capitalisme bureaucratique dans son ensemble est une question clé du point de vue économique ; elle permettra au Nouvel État de contrôler l’économie, de la diriger, et servira à développer la révolution socialiste. Nous considérons que ce concept stratégique est de grande importance et j’insiste sur le fait que, malheureusement, ce concept est éludé. Et tant qu’il en sera ainsi, on ne pourra pas bien comprendre ce qu’est une révolution démocratique dans les circonstances actuelles, celles dans lesquelles nous nous débattons.

Il est erroné de penser que le capitalisme bureaucratique se réduit à celui que développe l’État avec les moyens économiques de production qu’il détient. Ceci est faux, et est incompatible avec la thèse du Président Mao Tsétoung. Il suffit, pour le comprendre, de penser à la chose suivante : si le capitalisme bureaucratique n’était que le capitalisme d’État, il suffirait de confisquer ce capitalisme d’État et alors, l’autre capitalisme monopoliste, non étatique, dans quelles mains resterait-il ? Dans celles de la réaction, de la grande bourgeoisie. Cette interprétation, qui consiste à identifier le capitalisme bureaucratique au capitalisme monopoliste d’État, est une conception révisionniste et dans notre Parti, elle fut soutenue par le liquidationnisme de gauche : c’est pour cela que nous jugeons cette question comme très importante.

D’ailleurs politiquement, cela nous permet de distinguer très clairement la grande bourgeoisie de la bourgeoisie nationale ou moyenne. Et ceci nous donne les moyens de comprendre, afin de n’être à la traîne d’aucune faction quelconque de la grande bourgeoisie, ni de la compradore, ni de la bureaucratique, ce qu’on fait au Pérou, le révisionnisme et l’opportunisme et ce qu’ils continuent de faire. Depuis des décennies, cette politique sinistre amène à considérer une faction quelconque de la grande bourgeoisie comme la bourgeoisie nationale, progressiste et à l’appuyer. La compréhension du capitalisme bureaucratique nous a permis de bien saisir la différence, et j’insiste, entre bourgeoisie nationale et grande bourgeoisie et de comprendre la tactique correcte à suivre, reprenant précisément celle que Mariatégui a établie. Pour cela, nous considérons que la thèse du capitalisme bureaucratique est d’une importance extrême.

El Diario : Quelle est, en synthèse, votre analyse politique et économique de la conjoncture actuelle et de la perspective ?Cette situation est-elle favorable au PCP ? Et comment l’est-elle pour la réaction, le révisionnisme et l’opportunisme ?

Président Gonzalo : Nous concevons que le capitalisme bureaucratique est entré en crise générale ; plus encore, nous pensons que ce capitalisme bureaucratique est né malade parce qu’il est issu de la semi-féodalité, ou lié à elle, et qu’il est issu de l’impérialisme. La semi-féodalité est évidemment caduque et l’impérialisme agonise. De deux parents condamnés à mort pour maladie incurable, quelle sorte d’enfant peut-il naître ? Une créature malade qui est entrée dans sa phase de destruction. Nous pensons que les crises s’approfondissent chaque jour davantage et que, même, comme le soulignent certains économistes, il s’agit d’environ trente ans de crise de laquelle on ne peut pas sortir, même si de temps en temps il y a de petites vagues de récupération ou, comme le dit l’Apra dans ses propres documents internes, que c’est une crise qui a surgi au milieu des années 70.

Nous estimons que chaque nouvelle crise est pire que la précédente ; et si nous ajoutons à cela les deux décennies critiques, celles des années 80 et 90, la situation est déjà claire. Que disent-ils ? Que ce gouvernement laissera une situation extrêmement grave, et que le suivant, en supposant qu’il y en ait un, lors du changement électoral, devra chercher à réparer les problèmes en suspense et que ce n’est, en conséquence, qu’à partir de 1995 qu’on pourra penser à un développement ; et ceci dans un pays où nous avons 20 ans de retard. C’est pour cela que nous croyons que sa perspective est extrêmement noire. Cela est-il favorable à la révolution, à la guerre populaire, au Parti ? Oui, certainement, c’est favorable, tout d’abord et principalement, à la classe et au peuple car tous nos efforts leur sont destinés, afin que la classe commande, dirige, que le peuple exerce sa liberté et puisse enfin satisfaire sa faim séculaire. Nous ne voyons aucune perspective pour la réaction et le révisionnisme, nous les croyons unis. Ce sont des siamois et ensemble ils se dirigent vers leur propre tombe. Voilà ce que nous pensons.

El Diario : Pourquoi qualifiez-vous le gouvernement apriste, de fasciste et corporatiste ? Sur quoi vous basez-vous pour l’affirmer ? Quelle est votre opinion sur le discours d’Alan García Perez au Congrès de la Jeunesse apriste d’Ayacucho et sur celui qu’il a donné à Païta ? Quelle est-elle aussi sur les mesures économiques du nouveau cabinet ?

Président Gonzalo : En ce qui concerne la caractérisation du gouvernement apriste, sans entrer dans son histoire qui a d’autres implications et que nous n’avons pas besoin d’aborder aujourd’hui, la situation concrète qui existait au sein de l’Apra, lorsqu’on lui remit la direction de l’État Péruvien, était une situation de dilemmes, deux tendances existaient, l’une, aux critères fascistes et l’autre, aux critères démocratico-libéraux. Ainsi était, d’après nous, la situation au sein de l’Apra. Nous entendons ici, par critères démocratico-libéraux, le maintien de cet ordre constitutionnel, réactionnaire, établi en 1920, en 1933 et en 1979 ; voilà ce que nous entendons par cet ordre démocratico-libéral.

L’Apra avait un problème : la nécessité d’investissements pour faire progresser l’économie ou plus concrètement pour nous présenter une vitrine de succès ; c’est bien cela qu’elle a fait : consommer le peu qu’ils avaient pour nous montrer cette vitrine de succès aussi fragile que du verre et ce que nous voyons aujourd’hui en est la preuve. C’est pourquoi en aucune manière on ne pourrait dire que le plan de l’Apra était un bon plan économique, car alors, comment un aussi bon plan économique donne-t-il des résultats aussi catastrophiques ? Cela n’a aucun sens. Ainsi l’Apra a dû faire appel aux capitaux de la bourgeoisie compradore, qui a bien évidemment exigé des conditions et dans les propres documents de l’Apra, il est mentionné que, dès la fin de l’année 85, la grande bourgeoisie, et plus particulièrement la bourgeoisie compradore, commençait déjà à se récupérer et à capitaliser. L’année 86 fut le paradis pour eux ; ils firent alors des milliards de profit, en dollars, comme ils le reconnurent eux-mêmes, pensant qu’ils allaient investir par la suite. Mais ce plan n’allait pas fonctionner, il allait entrer nécessairement en crise, échouer et ils ne pourraient donc pas investir. Ceci aiguisa davantage les disputes, les tensions entre eux, ce qui amena les luttes entre les deux factions de la grande bourgeoisie.

L’Apra, d’un autre côté, du côté du peuple, se trouva face aux immenses besoins, insatisfaits, des masses et, comme toujours, elle s’engagea démagogiquement, vis-à-vis de tous. Démagogiquement, parce que ce que cherchait l’Apra, c’était simplement essayer de développer, d’appliquer le processus économique réactionnaire ; et cela ne se fait qu’en restreignant les revenus du peuple, puisque d’où viennent les profits ? De la plus-value ! Donc, elle avait un problème avec les masses et elle le savait bien. Ce qui explique sa politique répressive, anti-populaire, anti-syndicale, anti-ouvrière. On peut voir ceci dès le début. Mais il y avait d’autres circonstances, la guerre populaire ; l’Apra, malgré elle, devait l’affronter et la guerre populaire était déjà, alors, un problème principal.

Ce sont toutes ces conditions qui vont déterminer les changements qui se produisent à l’intérieur de l’Apra, et faire que le dilemme se définisse. Mais quand ce dilemme se définira-t-il ? Il se définira avec le génocide de 1986. Là, la lutte de classes des masses, la guerre populaire principalement et l’action génocide ont conduit l’Apra à se déterminer pour le fascisme et le triomphe de la faction fasciste. Nous considérons que c’est à ce moment-là que cela s’est produit et que commença, comme tous le reconnaissent déjà, le discrédit et l’effondrement de l’Apra, non seulement au Pérou mais dans le monde entier.

Pourquoi le qualifions-nous de fasciste ? La faction fasciste qui existait déjà dans l’Apra, va prendre des mesures politiques pour mettre sur pied le corporatisme. Nous pouvons déjà le voir dans le premier discours prononcé par Garcia Pérez en juillet 1985. Qu’entendons-nous par fasciste et corporatiste ? Pour nous, le fascisme ; c’est la négation des principes démocratico-libéraux ; c’est la négation des principes démocratico-bourgeois qui sont nés et se sont développés au 18ème siècle en France. Ces principes ont été progressivement abandonnés par la réaction, par la bourgeoisie dans le monde, et la Première Guerre Mondiale nous a déjà montré la crise de l’ordre démocratico-bourgeois. C’est pour cela que le fascisme éclate ensuite. Alors, on constate dans l’Apra la négation des principes de l’ordre démocratico-bourgeois et quotidiennement, la négation de toutes les libertés et de tous les droits constitutionnels établis. Sur le plan idéologique, nous considérons aussi le fascisme comme un système éclectique ; il n’a pas de philosophie définie : C’est une position philosophique constituée de morceaux. Elle prend ici et là ce qui lui convient le mieux. Chez Garcia Pérez ça se reflète clairement : quand il va en Inde, il salue Gandhi et devient gandhiste ; quand il va au Mexique, il salue Zapata et est zapatiste. Lorsque il ira en Union Soviétique, s’il y va, il deviendra le sauveur de la Perestroïka. Il est comme ça. C’est là un exemple de la formation idéologique, philosophique du fascisme. Il n’a pas de position définie, il est éclectique, il prend ce qu’il a à portée de la main.

En ce qui concerne son corporatisme, nous entendons par là, le fait de bâtir l’État sur la base de corporations, ce qui implique la négation du parlementarisme. C’est une question essentielle que Mariatégui soulevait déjà dans son « Histoire de la Crise Mondiale ». Il nous disait que la crise de la démocratie bourgeoise s’exprime clairement dans la crise du parlementarisme : si nous voyons le Parlement ici, même s’il est vrai qu’au cours des dernières décennies, c’est l’Exécutif qui a promulgué les lois les plus importantes du pays, c’est sous ce gouvernement apriste que l’Exécutif a le plus accaparé toutes les lois fondamentales, promulgués en sa faveur. Il n’existe aucune loi importante qui ait été promulguée par le Parlement. Voilà la réalité des choses. Tout a consisté à donner des pouvoirs à l’Exécutif pour qu’il fasse et défasse. Tout n’est que négation du parlementarisme.

Le problème du corporatisme, dans le pays, n’est pas récent ; déjà en 1933, quand la Constitution était en discussion au cours de la deuxième restructuration de l’État Péruvien de ce siècle, Victor Andrés Belaunde avait déjà proposé le corporatisme de la société péruvienne. Villarán, qui fut chargé du rapport de la Constitution, s’y opposa en demandant : comment allons-nous appliquer le corporatisme s’il n’y a pas de corporations ? Ce fut une façon de s’en tirer à bon compte ; il existe donc déjà quelques antécédents. Aujourd’hui, où l’on parle tant de Belaunde, que ses œuvres viennent d’être publiées, il faut se rappeler sa position : face au libéralisme qui se centre sur l’argent et contre le communisme, négation de la personne humaine, ce qu’il faut, ce sont les systèmes corporatistes, à l’exemple des modèles médiévaux ; il est bon d’en tenir compte pour voir sa filiation et ses racines, et en même temps avoir en tête que c’est intimement lié aux propositions de la Papauté dès le siècle dernier.

Vélasco essaya aussi de corporatiser le pays ; pour cela, il commença la formation de corporations de producteurs agricoles par exemple ; sa propre loi agraire, la 17716, du point de vue politique, cherchait à établir des bases corporatives ; la loi sur l’industrie également. Comment ? Au moyen de la communauté industrielle ; sa fameuse organisation politique qui n’est pas arrivée à se constituer, avait aussi des critères franchement fascistes et proposait le corporatisme ; mais ceci n’a pas pu se concrétiser au Pérou. Et que recherchent-ils, que veulent-ils ? La conformation de corporations, c’est-à-dire organiser de façon corporatiste les producteurs et tous les éléments qui composent la société : les ouvriers, les producteurs agricoles, les commerçants, les professions libérales, les étudiants, l’Eglise, les Forces Armées, les Forces de la Police. Tous vont nommer leurs délégués et former ainsi un système corporatiste. C’est ce qu’ils cherchent et ce que l’Apra est en train de faire ; et les régions, micro-régions, qu’est-ce que ça veut dire ? Que tout ce plan de régionalisation aujourd’hui sert à corporatiser le pays. C’est pour cela que nous devons nous y opposer ouvertement ; non seulement parce que ce sont des manipulations politiques électoralistes de l’Apra, mais aussi parce qu’il s’agit d’un système corporatiste. Et en plus il est en train de mettre en danger un pays qui n’a même pas d’unité nationale constituée. Ce sont là des questions fort sérieuses, et c’est pour cela que nous maintenons qu’il s’agit d’un gouvernement fasciste et corporatiste. La voie qu’il veut impulser et pour cela sa grande inquiétude pour les régions qu’il veut imposer à n’importe quel prix, voilà ce que nous pouvons voir ; cela explique que toutes ces assemblées parlementaires extraordinaires n’aient pu réaliser ce que Garcia avait promis. L’année dernière, il déclara : ou les régions se constituent ou je ne m’appelle plus Alan Garcia Pérez. L’année est passée et je ne sais pas comment il s’appelle aujourd’hui, car les régions ne sont pas encore formées ; maintenant ils parlent de la fin de l’année, nous verrons bien.

Quant au fait d’identifier fascisme avec terreur, avec répression, il nous semble que c’est une erreur ; voilà ce qui se passe dans ce cas : si on se rappelle le marxisme, l’État est la violence organisée. C’est cette définition que nous ont donnée le classiques et tout État utilise la violence parce qu’il est dictature. Sinon, comment lutterait-il pour opprimer et exploiter ? Il ne pourrait pas le faire. Ce qui se passe en fait, c’est que le fascisme développe une violence plus vaste, plus raffinée, plus sinistre, mais on ne peut pas dire que fascisme est égal à violence, c’est une grossière erreur. Ce sont là des idées qui, après la deuxième guerre mondiale, vont se développer ici, au Pérou et ce sont des idées qui ont été diffusées et proposées à de multiples reprises par Del Prado, ce sont aussi des idées soutenues par Dammert.

Identifier le fascisme avec terreur signifie ne pas comprendre Mariatégui qui, dans « Figures et aspects de vie mondiale », quand il se réfère à H.G. Wells, nous dit que l’État bourgeois a un processus de développement et c’est ce processus de développement qui le conduit à un système fasciste et corporatiste. Ceci se comprend très bien si nous lisons les œuvres de Mariatégui, l’œuvre citée « Histoire… » ou « La Scène Contemporaine ». Rappelons-nous qu’il l’a vécu, étudié et connu directement.

Dans le pays, il faut voir le fascisme sous ses divers aspects, à partir de son idéologie, de sa politique, de sa forme organique ; voir comment il se sert de la violence, sa terreur. Aujourd’hui nous voyons comment il applique une violence raffinée et plus développée, plus étendue, brutale et barbare ; c’est cela qu’on appelle terreur ; mais d’autre part, la terreur blanche n’a-t-elle pas toujours été appliquée ? Chaque fois que les réactionnaires se sont trouvés en difficulté, ils ont appliqué la terreur blanche. Aussi, en aucun cas nous ne pourrions identifier et réduire tous les fascismes simplement à la terreur. Nous devons comprendre qu’il s’agit d’une violence plus raffinée et que bien sûr il développe le terrorisme mais ce n’est pas tout. C’est un des composants, c’est sa manière de développer la violence réactionnaire.

En ce qui concerne le discours de Garcia Pérez, au Congrès de la jeunesse apriste : en synthèse, à l’intérieur de l’Apra, il y a une lutte intense en rapport avec son prochain Congrès, et le problème est de savoir si Garcia Pérez conservera ou non le contrôle de ce Parti afin de rester au Pouvoir, en collusion avec les Forces Armées. Depuis un certain temps, on voit que la Jeunesse apriste remet en question le travail gouvernemental. C’est ce qui s’est produit lors de ce Congrès d’Ayacucho. Garcia Pérez a dû se déplacer en toute hâte pour expliquer, justifier et se présenter comme le sauveur. C’est ce qu’il veut, car il voit à quel point il est important de gagner la jeunesse pour satisfaire ses appétits de führer. C’est, je crois, l’essentiel. Tout ce qu’il a dit sur notre Parti et la supposée admiration qu’il dit avoir pour lui, tout ceci nous révèle simplement la lutte à l’intérieur de l’Apra, car il ne peut pas avoir d’admiration pour nous, lui un boucher et un assassin quotidien du peuple, des combattants, des communistes. Ce ne sont que des gestes démagogiques, des appétits effrénés en rapport avec le congrès de l’Apra et ses perspectives politiques, parce qu’il joue plusieurs cartes, du fait qu’il est un homme assez jeune.

A Païta, le « discours de Païta » est, en synthèse, un discours fasciste, ouvertement fasciste ; ce n’est pas, comme on le dit, un avertissement aux parlementaires qui firent du tapage, ce qui est chose courante parmi eux et n’a rien d’extraordinaire, il n’en fut pas ainsi ; c’est un discours strictement fasciste ; Garcia Pérez veut s’ériger en führer ; ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle « conducteur » ; très souvent, le député Roca lui-même l’appelle ainsi : « conducteur », n’est-ce pas similaire à führer ? Cela veut dire la même chose en allemand. Pour cela, je crois que c’est correct de l’appeler, comme certains le font, « apprenti führer » ; mais en fin de compte, il prouve qu’il est un vulgaire démagogue, avec de grands appétits débridés, prêt à tout pour les satisfaire. L’égoïsme démesuré est, je crois, une de ses caractéristiques.

Pour ce qui est de mesures économiques du nouveau cabinet, bien entendu, personne n’est d’accord avec elles ; le peuple encore moins, et c’est ce qui nous intéresse. Alors se développe une double contradiction : la première avec la bourgeoisie compradore pour qui les mesures économiques sont insuffisantes. Elle demande au gouvernement de l’Apra davantage de mesures et exige que soit défini son plan, parce qu’il en présente un pour 18 mois mais avec des lignes générales sans concrétiser des questions importantes. (Ainsi, durant ces cinq années, l’Apra passera d’un plan d’urgence à un autre plan d’urgence puis à un nouveau plan d’urgence, d’urgence en urgence, ce qui sous-entend l’absence complète de coordination entre les plans qu’il pensait appliquer dans son gouvernement ; je me réfère à ses propres documents). La deuxième contradiction, avec le peuple, comme il devait évidemment lui serrer la ceinture pour que se fasse une recapitalisation. D’où et comment extraire des capitaux ? En réduisant les salaires. Voilà, en résumé, les mesures qui créent plus de problèmes que ceux existant déjà et, pendant ce temps, l’Apra continue, démagogiquement, de remettre à plus tard ce que l’ordre-même dans lequel elle évolue, lui impose et ce qu’elle-même fait en cachette, parce qu’elle est en collusion, depuis un certain temps déjà, avec les États-Unis et avec l’impérialisme. Sa relation avec la Banque Mondiale est très claire, ses liens avec le B.I.D. aussi et ce sont les instruments, les plus utilisés aujourd’hui par les impérialistes, étant donné le discrédit du F.M.I., bien que la perspective soit qu’elle rentre au bercail. Ainsi donc, ces mesures économiques n’améliorent pas la situation. Elles vont l’aggraver et nous aurons une situation économique extrêmement grave et critique, qui va s’étendre davantage encore, retombant brutalement sur les masses.

El Diario : Monsieur le Président, comment considérez-vous les prochaines élections, la possibilité d’un coup d’Etat éventuellement provoqué par Garcia lui-même ?

Président Gonzalo : Si vous me le permettez, je vous dirai que ce qui est primordial dans les élections, c’est de les boycotter et, si possible, de les empêcher. Pourquoi disons-nous cela ? Qu’en tirera le peuple ? Rien. Il ne va rien gagner avec le changement par les élections. C’est une question très claire dans l’histoire du pays. Dans le document « Développer la Guerre Populaire pour servir la Révolution Mondiale », nous avons montré, nous avons démontré et personne ne l’a démenti, nous avons démontré que le pourcentage de voix de la « Gauche Unie » est ce qui a empêché la majorité de s’exprimer contre les élections. Je crois que la démonstration est faite ; c’est pourquoi nous avons déclaré –et les faits le démontrent- que la tendance au Pérou est de ne rien attendre des élections ni d’un nouveau gouvernement ; la tendance est de refuser les élections. Où est le problème ? Comment le révisionnisme et l’opportunisme continuent à trafiquer avec les élections : voilà le problème, il vient de là. Alors le point-clé, quel serait-il ? Frapper et démasquer tout ce qu’implique un processus électoral, qui ne permet que la rénovation d’autorités de ce vieil ordre pourri ; il ne signifie rien de plus. Ils ne vont pas nous dire que cela permet de maintenir l’espace démocratique ; ce sont de vieilles histoires que personne ne va plus croire, ce sont les histoires que nous ont racontées ceux qui aujourd’hui forment le PUM, lors de l’Assemblée Constituante, en 80. Ils prétendaient alors qu’il y avait des espaces démocratiques, qu’il y avait une situation pré-révolutionnaire et que, avec la pratique parlementaire en tant que tribune, on passerait à une situation révolutionnaire, pour ensuite nous dire qu’il fallait se centrer sur la défense de l’ordre existant. Je crois que le principal pour le peuple, serait que la majorité exprime son rejet des élections, ne serait-ce qu’en votant blanc, même si ce n’est que cela. C’est important parce que, de cette manière, s’exprimera alors la volonté de la masse de notre peuple, l’immense majorité qui comprend déjà que, par cette voie électoraliste, il n’y pas de solution.

Je crois qu’ils ont voulu jouer avec les élections en annonçant la campagne électorale pour que le peuple centre son intérêt sur les élections. Mais nous observons que ce plan a échoué, et cela pour deux raisons : la première, ce sont les graves problèmes que le peuple connaît et la manière dont sa combativité augmente chaque jour, grâce à la Guerre Populaire ; et la deuxième, le fait que les propres contradictions ont transformé leurs institutions politiques en passoires : par exemple, la Gauche Unie est un ramassis de contradictions, le dit FREDEMO en est un autre et l’Apra est une pétaudière ; il en est vraiment ainsi. Et leur volonté de dévier l’attention du peuple a échoué ; et si les conditions sont celles d’une guerre populaire de grande perspective comme elles le sont réellement, tous les hommes révolutionnaires qui veulent que ce pays se transforme, doivent pousser le peuple à rejeter ce processus. C’est leur problème, pas le nôtre : à eux de voir comment ils changent leurs autorités. C’est ainsi que nous voyons les choses.

Quant à la possibilité d’un coup d’Etat dans le pays, elle est toujours latente. Mais nous pouvons voir qu’eux-mêmes prennent peur lorsque l’armée déclare ne voir aucune force politique capable d’affronter la guerre populaire. Si l’armée le déclare ainsi, cela veut dire que le coup peut avoir lieu à n’importe quel moment, mais il peut se présenter de différentes façons, c’est là une autre question. Il pourrait y avoir quelque chose de semblable à ce qui s’est passé en Uruguay avec Bordaberry, dans ce cas ce serait Garcia Pérez ; il pourrait provoquer lui-même un coup d’Etat, c’est une autre carte que Garcia Pérez a en réserve, parce qu’un coup d’Etat ferait de lui une victime et non pas un échec politique, comme c’est son cas. Et, comme il est jeune, d’ici peu de temps, il pourrait revenir en martyr et défenseur de la démocratie. C’est donc une carte supplémentaire du jeu de ce prestidigitateur démagogue. Et, si nous réfléchissons davantage, les forces armées devront développer une lutte contre-révolutionnaire toujours plus importante, qui leur donnera plus de pouvoir. Il en est ainsi et nous pensons que la contradiction évolue dans la perspective où nous devrons nous affronter : d’un côté, la révolution, le Parti Communiste du Pérou qui dirige la guerre populaire et, de l’autre, la réaction, les forces armées qui dirigent la guerre contre-révolutionnaire au Pérou.

El Diario : Monsieur le Président, accepteriez-vous de dialoguer avec Alan Garcia Pérez ?

 Président Gonzalo : Le dialogue, c’est une question très à la mode actuellement. Il fait aussi partie du jeu des superpuissances, particulièrement du social-impérialisme. Nous évaluons la situation de la manière suivante : il arrive un moment où des relations et des pourparlers diplomatiques s’établissent, ils sont une nécessité dans le développement d’une guerre populaire : nous nous rappelons par exemple la réunion du Président Mao avec Tchang Kaï-chek. C’est un phénomène connu, nous l’avons vu aussi dans le cas de Vietnam ; c’est une facette du développement d’une guerre révolutionnaire, plus encore d’une guerre populaire. Mais il faut partir du principe que, dans les réunions diplomatiques, on ne signe que ce qui a été ratifié sur le champ de bataille, parce que personne ne donne ce qu’il n’a pas perdu, évidemment cela se comprend. Alors, on pourrait se demander : ce moment est-il arrivé au Pérou ? Non, il n’est pas arrivé, alors pourquoi proposer ce dialogue ? Le dialogue ne cherche qu’à freiner, qu’à saper la guerre populaire ; c’est son but et il n’en a pas d’autre. Et j’insiste, le critère est que le moment des contacts et des pourparlers diplomatiques n’est pas arrivé, n’a pas raison d’être.

D’autre part, je crois que c’est une question démagogique, qu’ils agitent depuis l’époque où, à partir d’une proposition acceptée par un élément de la Gauche Unie, Belaunde, alors président, déclarait qu’il n’y avait pas d’interlocuteur valable ; rien que des mots, au fond ce n’était que démagogie bon marché, sans rime ni raison, et cela continue aujourd’hui. Et qui parlent de dialogue ? Les révisionnistes, les opportunistes et ceux qui fondent des espoirs sur l’Apra, sur cet ordre démocratico-bourgeois, sur cet ordre réactionnaire ; ce sont eux. Mais, en même temps, est-ce que ce ne sont pas les mêmes qui proposent la pacification, qui proposent notre destruction ? Ceux qui proposent une manière de mieux pacifier, c’est-à-dire de nous balayer, parce que ce sont leurs rêves sombres pour satisfaire leurs appétits ? Ce sont les mêmes ! Quelle coïncidence ! Donc, ce dialogue est une sinistre magouille. On pourrait en plus se demander comment ceux qui ont signé une amnistie avec Garcia Pérez, amnistie d’ailleurs jamais respectée, peuvent parler de dialogue.

Pour cette raison, selon moi, le papotage sur le dialogue -je le répète- n’a en fait qu’un but : chercher à saper la guerre populaire, car il ne correspond pas à la réalité. Lorsque le moment arrivera, la guerre populaire devra nécessairement développer des pourparlers diplomatiques ; mais notre diplomatie visera la conquête du Pouvoir dans tout le pays, pleinement et complètement. Nous ne voulons pas de Vietnam Nord et de Vietnam Sud, nous ne voulons pas de Pérou du Nord et de Pérou du Sud. Nous voulons un seul Pérou, c’est notre condition : la reddition pleine, totale et absolue. Y sont-ils disposés ? Non, ce qu’il planifient, c’est notre destruction. Aussi le dialogue n’est-il qu’une partie du plan lui-même, malgré tout son caquetage démagogique et philistin.

El Diario : Que pensez-vous de la Gauche Unie et de sa Ligne politique ? Quel avenir donnez-vous à ce front révisionniste ?Quant à l’A.N.P., Assemblée Nationale Populaire, quelle est la position du PCP ?

 Président Gonzalo : Je veux être très bref à ce sujet. D’abord, il faut se demander quelle est la ligne de la Gauche Unie en ce moment. Nous ne le savons pas. On sait d’après ses documents antérieurs qu’elle se veut « un front de masses à tendance socialiste » ; et elle s’est centrée, comme de bien entendu, sur le crétinisme parlementaire. Au fond, qu’expriment de telles positions ? Quelque chose de bien simple : le fait de croire qu’ils peuvent prendre le gouvernement et ensuite, comme ils le disent, le pouvoir ; qu’ils comprennent donc qu’on ne prend pas l’un sans l’autre ! De plus, c’est d’abord la prise du Pouvoir, puis le gouvernement se constitue. Cela vient du fait que le problème essentiel de l’État, c’est le système d’État, c’est-à-dire la dictature qui s’exerce, la classe qui l’exerce ; et ce qui en découle, c’est le système de gouvernement. Le reste n’est que divagations vulgaires, propres aux révisionnistes pourris ; si nous observons leurs propositions, ils ne sont pas pour la destruction de l’État réactionnaire mais pour un gouvernement qui leur permette de continuer à faire évoluer cet ordre caduque et pourri. C’est ce qu’ils cherchent en proclamant qu’avec ce gouvernement et des réformes, ils pourront aller vers le socialisme. Et c’est, tout simplement, du révisionnisme effréné, déjà condamné par Lénine.

D’un autre côté, il faudra voir leurs thèses politiques et leur congrès. En ce qui concerne leurs thèses politiques, ils vont les publier prochainement. Je pense que dans la Gauche Unie, qui est un front, ne l’oublions pas, ce qu’on observe, c’est la réédition du vieux frontisme électoraliste opportuniste que nous avons vu de nombreuses fois au Pérou. Ce front est la négation d’un Parti qui dirige ; et, sans un parti du prolétariat qui dirige, il n’y a pas de transformation, il n’y a pas de révolution. Et la révolution ne s’est jamais faite et ne se fera jamais à travers le parlement. Ils sont en train de parer de nouveaux atours, de vieilles questions déjà discutées dans les années 60. Comment je vois la Gauche Unie ? En résumé, comme un ramassis de contradictions, comme une collusion et une lutte. Qu’est-ce qui les rassemble ? La collusion, leurs appétits, le fait de suivre la voie du crétinisme parlementaire, la répétition de vieux échecs, ou le fait d’être utilisés par la réaction comme une carte, de jouer des rôles sinistres comme Ebert, le pervers et vil assassin de la révolution de 1919, en Allemagne. C’est, me semble-t-il, ce qui les unit. Qu’est-ce qui les divise ? Leurs disputes, leurs bases, leurs appétits, et le fait qu’ils aient plusieurs maîtres ; ils dépendent donc de l’analyse que leurs maîtres font de la situation, parce qu’il y a là des révisionnistes qui servent le P.C.U.S., d’autres qui servent Deng, et ils dépendent de ce que disent leurs maîtres ou les intermédiaires de ces maîtres ; et ce, sans compter les liens avec d’autres centres de pouvoir.

Là est la question. Ceux qui veulent réellement faire la révolution doivent réfléchir sur certaines questions. Ils ont l’obligation de penser que, s’ils sont réellement du côté de la révolution, ils doivent rompre avec ce frontisme électoraliste rampant et inutile qui est un obstacle. En assumant leur position de classe, selon la classe qu’ils défendent, ils doivent converger vers un front véritablement révolutionnaire. Qu’ils le fassent et convergent dans les faits ; il ne suffit pas d’accuser d’être sectaire, il faut prouver qu’on ne l’est pas ; et pour ce faire, il faut premièrement cesser d’être opportuniste, révisionniste ; et, pour d’autres, il faut cesser de vouloir nous emmener sur les voies sans issue du social-christianisme. S’ils veulent la révolution, qu’ils démontrent et donc qu’ils expriment par des faits, l’abandon de la voie erronée qu’ils suivent : celle d’être à la remorque du révisionnisme soviétique et chinois. C’est la première chose qu’ils doivent faire ; par ailleurs, je le répète, qu’ils ne viennent pas avec des positions conduisant à des voies social-chrétiennes. Il faut qu’ils comprennent réellement le marxisme-léninisme-maoïsme, principalement le maoïsme ; et, tant qu’ils ne le comprendront pas, ils n’avanceront pas. Qu’ils comprennent ce que veut dire faire une révolution au moyen d’une guerre populaire, qu’ils comprennent et ouvrent les yeux, parce que la vérité est écrasante, et ils ne peuvent nier ce que tout le monde voit, excepté eux. Leurs appétits ne peuvent être aussi importants, qu’ils assument clairement leurs limitations de classe et acceptent que ce soit le prolétariat qui dirige en tant que classe, à travers un Parti Communiste. Voilà ce qui nous intéresse principalement.

En ce qui concerne l’Assemblée Nationale Populaire. D’un côté, l’A.N.P. est une chose intéressante ; on dit que c’est un « germe de pouvoir ». Très bien, « germe de pouvoir », disent-ils ; je me demande s’ils veulent former des soviets ? Sont-ils en train de rééditer l’expérience bolivienne de Juan José Torres ? Un pouvoir peut-il se créer ainsi ? Dresser ce supposé « germe de pouvoir » signifie, purement et simplement, s’opposer au Nouveau Pouvoir que nous sommes en train de construire de façon réelle et concrète. D’un autre côté, on dit que cette A.N.P est un « front de masses ». Est-ce à dire qu’ils font concurrence à la Gauche Unie ? Il s’agit également d’un « front de masses » ; et, bien qu’ils définissent ce qu’ils sont, est-ce donc un « germe de pouvoir » ou un « front de masses » ? Que sont-ils concrètement, se posent-ils clairement la question de savoir comment se forge le pouvoir ? Et que voit-on ? Simplement que l’A.N.P. est manipulée par le révisionnisme. Des preuves à l’appui : ses arrêts de travail suivant la direction et les dates que fixe le révisionnisme à travers la C.G.T.P. ; ainsi donc, là aussi, c’est le révisionnisme qui est à la tête et les révolutionnaires ne peuvent pas suivre les révisionnistes ; ceux qui veulent réellement la révolution, je le répète, qu’ils le démontrent avec des faits ! Qu’ils comprennent d’abord qu’un processus de guerre populaire, authentiquement révolutionnaire, est en train d’avoir lieu ici, dans ce pays. Alors, tant qu’ils ne le comprendront pas, ils ne pourront pas jouer le rôle que de nombreuses personnes peuvent assumer. Ils ont simplement de bonnes intentions ; mais, contrairement à ce qu’ils croient, ils manquent totalement de clarté.

El Diario : Monsieur le Président, comment voyez-vous la situation de la lutte de classes des masses et les organisations existantes ?

Président Gonzalo : En ce qui concerne la lutte de classes des masses, je voudrais partir de ceci : notre peuple est héroïque ; notre classe, le prolétariat, l’est encore plus ; comme tout peuple et tout prolétariat, ils sont des combattants persévérants, opiniâtres, dans la lutte de classes. Ils n’ont jamais baissé les bras et ils ne les baisseront pas jusqu’à ce que nous parvenions au communisme. Je crois que la première chose que nous devons faire, c’est reconnaître cette grandeur de notre peuple, de notre prolétariat ; la deuxième, c’est reconnaître, remercier, voir clairement et dire fermement que, sans leur appui, sans leur soutien, nous n’aurions rien fait ! Absolument rien ! Car ce sont les masses qui font l’histoire. Nous y croyons avec ferveur, tout comme nous croyons au mot d’ordre « On a raison de se révolter » ; c’est un autre principe-clé des masses.

Comment voyons-nous les masses ? Avec la joie profonde de communistes, je salue cette mobilisation croissante et montante des masses qui est en train de rééditer d’anciennes gloires et d’écrire de nouvelles pages historiques. Les masses sont entrées et persévéreront dans un processus aigu de lutte de classes. Le pessimisme qui règne à la Gauche Unie, comme le reconnaît M. Moreno lui-même, dirigeant Patrie Rouge, ne pénétrera pas les masses puisque les masses ne sont pas pessimistes ; rappelons-nous ce que nous dit le Président Mao : seuls les révisionnistes et les opportunistes sont pessimistes ; nous, le prolétariat et les communistes, sommes toujours optimistes, car l’avenir nous appartient. C’est établi historiquement pendant que politiquement nous poursuivons notre chemin. Les masses ne tomberont pas dans le pessimisme, elles n’y sont d’ailleurs jamais tombées. C’est absurde, c’est les avilir. Les masses luttent mais, pour lutter, elles ont besoin d’une direction, d’un Parti car il n’y a pas de mouvement de masses qui puisse évoluer, se maintenir, et encore moins se développer, sans un parti qui les dirige.

Nous voyons avec une joie révolutionnaire comment les masses sont en train de combattre ; et comment, ainsi que leurs propres actions le démontrent, elles apprennent de celles déjà incorporées à la guerre populaire ; comment elles commencent à appliquer ce grand mot d’ordre : Combattre et Résister ! Il n’est plus temps de seulement recevoir, il faut être correct, il faut aussi rendre et rendre le double afin d’être doublement correct. Je crois que les masses sont en train de le faire en nous donnant réellement des exemples qui laissent entrevoir la perspective brillante qu’elles-mêmes verront ; car ce sont elles qui font la révolution, le Parti ne fait que les diriger. Je crois que c’est un principe que nous connaissons tous, mais il n’est pas inutile de le rappeler.

En ce qui concerne les organisations, il nous semble que nous devons, aujourd’hui plus que jamais, étudier sérieusement ce que Lénine enseigna dans son œuvre « La faillite de la IIème Internationale », chapitre VIII ; il nous dit que l’État des exploiteurs, l’État bourgeois, l’État réactionnaire, permet l’existence d’organisations, pour se maintenir, vendent la révolution pour un plat de lentilles. Je crois que cette affirmation leur va comme un gant. Mais il nous dit, en plus, que la révolution n’a rien à attendre de ces organisations ; la révolution doit créer ses propres organisations pour développer les temps de guerre, de révolution, comme ceux que nous sommes en train de vivre et vivrons davantage dans l’immédiat et dans l’avenir la révolution triomphera. En conséquence Lénine nous disait : il faut créer de nouvelles organisations pour servir la révolution, même si nous devons passer par la tête des vendeurs d’ouvriers et des traîtres à la révolution. Je crois que ce sont les paroles de Lénine ; elles méritent notre grand respect à tous et elles doivent nous faire réfléchir sérieusement et profondément ; autrement, nous ne servirons pas la classe, le peuple. Il faut signaler le besoin que nous avons de contribuer à ce que tous assument davantage la conscience de classe. Qu’elles vivent selon ce qu’elles sont, classe ouvrière ou peuple, avec des intérêts opposés, antagoniques à ceux des exploiteurs. Qu’elles réalisent clairement le pouvoir qu’elles ont quand elles arrêtent la production avec une grève ; qu’elles comprennent, réalisent et conduisent une grève comme une École de guerre, comme une École de communisme et qu’elles continuent à développer leurs grèves comme la forme principale de lutte dans le domaine économique, ce qu’elle est de fait. Mais dans les circonstances actuelles, il faut qu’elles soient indissolublement liées à la conquête du Pouvoir. Ainsi donc, unissons la lutte pour les revendications avec le combat, avec la guerre populaire pour la conquête du Pouvoir, car c’est la défense de leurs intérêts de classe, c’est la défense des intérêts du prolétariat, du peuple ; c’est ce dont nous avons besoin et nous croyons que nos masses avancent toujours plus.

Nous avons défini dans notre Parti, il y a quelque temps, ce que nous appelons la loi des masses, la loi de l’incorporation des masses, dans la guerre, dans la révolution, telle que nous la développons et comment elle fait corps avec la réalité ; les masses s’incorporent par vagues et par bonds toujours plus grands ; c’est la direction que nous suivons et qui nous permettra de concentrer le 90 % du peuple péruvien. Pourquoi faire ? Pour que les masses fassent triompher la révolution et culminer l’œuvre qu’elles ont entreprise, il y a 8 ans et qu’elles mènent en avant avec leur propre sang, parce que c’est d’elles, c’est de leur sein qu’est née la révolution ; ce sont elles, les masses, qui font l’histoire, j’insiste, le Parti ne fait que diriger ; voilà je crois ce qu’il en est.

El Diario : Monsieur le Président, dans quels secteurs politiques et sociaux le PCP cherche-t-il ses alliés ? Avez-vous une quelconque affinité avec quelque groupe politique du pays ? L’opportunisme vous accuse de sectarisme. Comment définissez-vous votre politique de front ? Quel est le poids du Parti à la campagne, sur le mouvement ouvrier, sur le peuple en général ?

Président Gonzalo : Si vous me permettez de partir en premier lieu de la façon dont nous voyons le front, nous avons déjà dit comment nous le menons en avant ; mais ce dont nous avons besoin, c’est de préciser ici comment nous concevons le front uni dont parlait le Président Mao. Disons au passage, que c’est lui qui a établi les lois du front, les six lois du front ; avant lui, il n’y avait pas de telles lois. En accord avec ces critères du marxisme-léninisme-maoïsme, notre problème est celui d’un front de classes, avec le prolétariat comme classe dirigeante, la paysannerie comme force principale, la petite bourgeoisie comme alliée à laquelle nous devons prêter attention, en particulier les intellectuels, car ils sont nécessaires à la révolution, comme l’enseigna également le Président Mao. Même la bourgeoisie nationale peut participer et participe à ce front dans des circonstances et des conditions déterminées. Voilà ce que nous entendons par front uni ; ce front a une base : l’alliance ouvrière-paysanne, celle qui se forge à la campagne, celle que nous sommes en train de forger, depuis déjà 8 ans aujourd’hui, les armes à la main. Pourquoi l’alliance ouvrière-paysanne est-elle nécessaire ? Parce qu’il n’y a pas d’hégémonie du prolétariat sans elle, tout cela exige un Parti Communiste qui dirige ce front : telle est notre position. Nous sommes absolument opposés à la théorie révisionniste, qu’ils appliquent en Amérique Centrale et qu’ils veulent diffuser dans d’autres endroits, affirmant que « tous sont révolutionnaires », que « tous sont marxistes », « qu’il n’y a pas besoin de Parti Communiste qui dirige » et « qu’il suffit de s’unir tous et de se baser sur un front pour conduire une révolution » ; c’est la négation du marxisme, la négation de Marx, la négation de Lénine, la négation du Président Mao ; il n’y a pas de marxiste qui ait mis de côté la direction du Parti ; autrement, comment se concrétise l’hégémonie du prolétariat ? Seulement au moyen du Parti Communiste en tant que tel, c’est-à-dire, un parti marxiste-léniniste-maoïste qui serve de façon conséquente et ferme les intérêts de la classe et défende ceux du peuple. C’est ainsi que nous le voyons et c’est ce que nous sommes en train de matérialiser et de développer. Pour nous, le problème de front a un rapport avec la thèse connue, qui dit que, le Parti étant toujours une sélection des meilleurs, étant la direction nécessaire, pas pour faire la révolution puisque ce sont les masses qui la font, apparaît alors la nécessité du front pour rassembler les 90 % de la population, l’immense majorité. C’est cela que nous cherchons, et c’est ce que nous sommes en train de réaliser.

A propos d’organisations, nous avons eu en diverses occasions, des relations avec des organisations et alors nous les avons traitées comme il se doit, d’égal à égal, et nous avons échangé des expériences. Dans certains cas, elles ont demandé que le Parti les aide politiquement, ce que nous avons fait. Plusieurs cas se sont présentés, mais il vaut mieux ne pas donner de noms pour l’instant.

A propos de si nous sommes sectaires ou non, excusez-nous de vous lire ce que dit le document « Développer la guerre populaire pour servir la révolution mondiale ». Ce sont les paroles de notre fondateur et nous les utilisons précisément parce que ceux qui se disent Mariatéguistes doivent l’être véritablement. Mais on ne peut pas être continuateur de Mariatégui sans être marxiste-léniniste-maoïste. Mariatégui disait : « Nous vivons une période de grande lutte idéologique. Les hommes qui représentent une force de rénovation ne peuvent, ni conjoncturellement, ni fortuitement, se concerter et ou se confondre avec ceux qui représentent une force conservatrice ou de régression. Un abîme historique les sépare. Ils parlent un langage différent et n’ont pas la même intuition de l’histoire ».

« Je pense qu’il faut réunir les semblables et non les contraires. Il faut assembler ceux que l’histoire veut assembler. Il faut que se solidarisent ceux que l’histoire veut solidaires. Ceci me semble la seule entente possible. La seule intelligence pourvue d’un sens historique précis et tangible ».

« Je suis révolutionnaire, mais je crois que les hommes de pensée claire et de position définie peuvent s’entendre et s’apprécier facilement, même s’ils se combattent. Le secteur politique avec lequel je ne m’entendrai jamais, est l’autre secteur, celui du réformisme médiocre, du socialisme domestique, de la démocratie pharisaïque ».

C’est à cela que nous nous référons. Nous ne sommes pas sectaires, aucune de nos actions ne le démontre, mais ce que personne ne peut exiger de nous c’est que nous allions au marais. Lénine nous enseigna : si certains décident et veulent aller au marais, ils ont le droit d’y aller, mais ils n’ont pas le droit de nous y entraîner avec eux. Lénine nous disait que nous devons suivre notre chemin en pente raide jusqu’au sommet, et dans d’autres textes, que nous devons affronter la mitraille de l’ennemi, mais nous continuerons d’avancer. Alors nous ne sommes pas sectaires, ni dogmatiques, nous sommes simplement des communistes et nous sommes attachés à ces sages paroles de Mariatégui. Nous demandons par contre à ceux qui se vantent de le suivre, de le suivre vraiment et de le prouver.

En ce qui concerne le poids du Parti à la campagne, ce que nous pouvons dire concrètement, c’est que la majorité de notre force militante est paysanne, l’immense majorité ; et notre limitation est le nombre insuffisant d’ouvriers. Nous avons là une limitation sérieuse mais nous faisons et nous ferons plus d’efforts pour la surmonter parce que nous avons besoin de communistes prolétaires, d’ouvriers. En effet, ils nous transmettent cette résistance, cette fermeté d’acier qui les caractérisent en tant que classe.

Nous savons, du reste, que dans le peuple en général, notre force et notre retentissement augmenten ; nous pouvons dire que l’Armée Populaire de Guérilla est formée des masses, des paysans, des ouvriers, des intellectuels, des petits-bourgeois, cela représente des milliers d’hommes. Nous avons des centaines de Comités Populaires organisés en Bases d’Appui et nous exerçons un Pouvoir sur des dizaines de milliers de personnes. Voilà notre réalité, l’influence du Parti est grandissante et notre retentissement sur les masses est chaque fois plus grand ; nous appliquons ce principe comme nous le dit le marxisme, d’éduquer le prolétariat, le peuple, les masses, avec des actions frappantes pour ancrer en eux les idées. Nous croyons que nous sommes en train de faire un grand bond dans notre croissance au sein des masses, voilà ce que nous pouvons dire. Nous souhaitons, et c’est notre tâche et une partie de notre plan, faire un grand bond dans le travail de masses. Les masses, dans le pays, ont besoin de la direction du Parti Communiste. Nous espérons, avec un peu plus de théorie et de pratique révolutionnaire, avec plus d’actions armées, plus de guerre populaire et plus de Pouvoir, atteindre le cœur-même de la classe et du peuple et le rallier réellement à nous. Pourquoi ? Pour le servir, c’est ce que nous voulons.

El Diario : Monsieur le Président, d’autres organisations ou ne se définissent pas, ou parlent vaguement de révolution socialiste pour le Pérou. Quelles sont les raisons qui permettent au P.C.P de définir les étapes de la révolution péruvienne ?Comment le P.C.P mènera la révolution socialiste et les Révolutions Culturelles Prolétariennes au triomphe et les forces contre-révolutionnaires à la déroute ? Les Révolutions Culturelles seront-elles similaires à celles que développa le Président Mao en Chine ?

Président Gonzalo : Un problème capital est de définir le caractère de la révolution. Pour nous, selon ce que le propre Congrès du Parti a établi, la révolution est démocratique. C’est en assumant le maoïsme que nous sommes parvenus à développer une compréhension un peu plus large de la situation de notre pays. Nous considérons que la société péruvienne est une société semi-féodale et semi-coloniale sur laquelle se développe un capitalisme bureaucratique et, en conséquence la révolution est démocratique. Nous considérons que cette révolution démocratique doit affronter trois montagnes : l’impérialisme principalement yankee, le capitalisme bureaucratique et la semi-féodalité. Cette révolution démocratique exige d’engager une guerre populaire c’est pour cela que nous sommes résolus dans cette guerre populaire qui nous permettra de détruire ces trois montagnes et de conquérir le Pouvoir dans tout le pays, dans une perspective à notre avis pas si lointaine. Mais finalement, ceci dépend de l’importance de l’effort que nous, tous les combattants, engagerons dans la guerre populaire, mais aussi de l’adhésion chaque fois plus grande que lui apporteront les masses. Nous considérons que cette révolution démocratique doit être suivie sans intermède d’une révolution socialiste. A ce sujet nous voudrions préciser ceci, assumant ce que le Président Mao nous enseigne avec une grande clairvoyance de ce qui pouvait surgir : il nous dit que la révolution démocratique se termine le jour même de la prise du Pouvoir dans tout le pays et de la fondation de la République Populaire. Ce même jour, à cette même heure, commence la révolution socialiste, dans laquelle nous devons développer une dictature du prolétariat et ainsi, mener en avant les transformations de base pour le développement du socialisme.

Nous considérons qu’il existe un troisième type de révolution. En étudiant le Président Mao Tsétoung, et les accords du P.C.C., nous sommes en train de comprendre chaque fois plus, l’importance de la grande révolution culturelle prolétarienne, comme continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat, et son caractère indispensable. Sans elle la révolution ne peut pas poursuivre sa marche vers le communisme. Nous considérons qu’il y aura des révolution culturelles successives, mais nous pensons que cette révolution culturelle devra être spécifiée. Même si nous devons assumer la thèse du Président et la grandiose expérience du P.C.C., nous devons l’appliquer à notre propre réalité ; là encore, nous sommes anti-dogmatiques, nous ne pouvons être mécanicistes, nous serions contre le maoïsme. En tant que Parti Communiste, nous pensons que notre but est unique : le communisme, mais là, et excusez-moi si je répète, nous devrons y parvenir tous sur la Terre, au risque que personne n’y arrive. Nous sommes absolument opposés aux thèses révisionnistes de Khrouchtchev qui nous parlait de communisme en U.R.S.S pour l’année 1980. Le Président Mao Tsétoung réaffirma une fois de plus, que nous entrerions tous au communisme ou sinon personne n’y entrerait. C’est pour cela que notre révolution est étroitement liée à la révolution mondiale. C’est notre but final et définitif, le reste n’est qu’étapes, pas, moments. Nous pensons que la perspective pour parvenir au communisme est lointaine. La projection du président Mao Tsétoung nous semble exacte.

El Diario : On dit que le P.C.P., avec la conquête du Pouvoir dans tout le pays, confisquera tout type de propriété. Est-ce vrai ?Comment agira-t-il face à la dette extérieure ?

Président Gonzalo : Nous voyons déjà que le Programme du Parti éclaire ces questions. Une révolution démocratique comme celle que nous sommes en train de mener en avant, vise les trois montagnes déjà mentionnées. Cela veut dire que nous voulons rompre la domination de l’impérialisme principalement yankee, mais en même temps nous faisons tout pour ne jamais permettre au social-impérialisme, ni à aucune puissance impérialiste, d’exercer sa domination sur nous. Nous sommes pour la destruction de la semi-féodalité, en appliquant le grand mot d’ordre qui continue d’être d’actualité –cela veut la peine d’insister car tellement de choses se disent là-dessus- « la terre à celui qui la travaille  » ; le Président Mao réaffirme ce mot d’ordre, qui pour nous, entraîne la destruction de la propriété semi-féodale et la distribution de la terre à la paysannerie sous forme de propriété, distribution principalement à la paysannerie pauvre ; et nous, nous sommes pour la confiscation du capitalisme bureaucratique, et il faut le répéter encore, c’est très important, parce que cela donne au Nouveau Pouvoir la base économique pour diriger l’économie et nous mettre en marche vers le socialisme. Nous sommes contre ces trois montagnes. En ce qui concerne la bourgeoisie nationale ou moyenne, la question est de respecter ses droits : nous nous en tenons à cela, nous ne pouvons aller plus loin ; ce serait changer le caractère de la révolution. L’idée de « confisquer toute propriété » n’est rien de plus que fables et mensonges toujours proférés contre les communistes. Comme Marx nous l’enseigna magistralement, la réaction et les ennemis de la révolution ont toujours élaboré des idées fausses et des mensonges pour s’opposer au communisme. Si ce grand fondateur du marxisme dans le monde, souffrit toutes ces infamies, tous ces mensonges et tergiversations de ses sages propos, nous croyons que ce qui se dit contre notre parti, n’est que la continuation de vieille école réactionnaire et des ennemis de la révolution.

El Diario : Comment agira le Parti face à la dette extérieure ?

Président Gonzalo : La dette étant propriété impérialiste, elle sera confisquée. Je crois que nous pouvons ajouter que c’est la seule manière de balayer réellement ce poids immense qui écrase tant de pays et appauvrit des nations et des peuples. C’est seulement avec la révolution, il n’y a pas d’autre forme. Tout le reste, les moyens, les critères proposés ne sont que les désirs de tirer les marrons du feu à l’impérialisme et nous pensons de plus que cela correspond à l’expérience historique.

El Diario : Et le Parti Communiste, comment est-il en train de résoudre le problème de la terre ? Quels plans appliquent l’APRA et le PUM ?

Président Gonzalo : La question de la terre est fondamentale parce que réellement, c’est ce problème qui se résout avec la révolution démocratique, mis à part d’autres problèmes déjà connus. Nous appliquons la destruction des rapports semi-féodaux d’exploitation et la distribution de la terre aux paysans pauvres, principalement, puis aux paysans moyens, et s’il y a lieu aussi aux paysans riches, mais de la même façon, si c’est nécessaire, nous pouvons leur retirer pour faire face à un manque de terres. Même pour le cas des grands propriétaires fonciers, comme l’enseigna le Président, s’ils veulent travailler, qu’ils gagnent leur pain, comme on dit, à la sueur de leur front, qu’ils apprennent ce que signifie travailler la terre et ne pas vivre simplement de la rente. Nous suivons cette politique.

La politique du Parti s’est développée dans ce domaine ; une des réalisations importantes que nous ayons effectuées, a été d’impulser un mouvement d’invasion des terres de grande envergure, dans le département de La Libertad, où furent répartis plus de 300.000 ha, mobilisant 160.000 paysans ; en voyant l’ensemble des mobilisations que nous avons connues, c’est là où nous sommes parvenus à mobiliser la masse la plus nombreuse ; ce mouvement fut impulsé pour saper les plans de l’Apra ; nous l’avons appliqué aussi à Puno et c’est nous qui avons commencé les invasions de terres même à Puno, alors que le PUM discutait avec l’Apra le fait et la façon de le faire ; c’est la réalité, pure et simple ; puis le gouvernement s’est vu obligé d’adopter des dispositions pour Puno en particulier, dispositions qu’il n’a d’ailleurs pas appliquées. Dans ce cas comme dans d’autres de la Sierra, l’Apra visait le rédecoupage que proposait Morales Bermudez lors de sa présidence et la dispute avec le PUM tourna autour de comment le réaliser, si seul le gouvernement le réalisait ou si les organisations participaient.

Qu’ont cherché le gouvernement et le PUM ? Ils ont cherché à faire baisser la pression des eaux. Nous voyons une fois de plus la répétition de leur pratique de 1974, à l’époque de « l’Avant-Garde Révolutionnaire » avec les « prises de terre » d’Apurimac où des milliers de paysans furent mobilisés. Dans quel but ? Rester et négocier dans le cadre de la loi 17716, loi corporatiste du fascisme de Velasco, les actes de Toxama et Huancahuacho en sont la preuve. Quelqu’un doit en répondre, il serait bon de leur rafraîchir la mémoire ; servirent-ils ou non le régime ? Ils lui ont servi parce qu’ils s’appuyaient à ce moment là sur le critère que la loi 17716 était bonne, que son erreur était de n’être pas socialiste. C’est politiquement stupide, parce que la question de la terre est une revendication démocratique élémentaire, sinon il faudrait corriger le marxisme. C’est cela qu’ils ont réédité aujourd’hui, en collusion avec l’Apra. Il y a des choses qui se disent beaucoup, mais il serait bon, vu ce qu’ils sont, qu’ils se frappent la poitrine et fassent un acte de contrition, qu’ils regardent s’ils n’ont pas collaboré, y compris pratiqué la délation pour que nos forces soient frappés, qu’ils méditent tout cela ! Les faits l’ont prouvé, nous savons depuis les années 60, et grâce à une nouvelle étude que nous avons faite dans les années 70, que la simple obtention de la terre, non liée à une guerre populaire, à une lutte pour la conquête du Pouvoir, engendre simplement un accouplement au système ; elle devient un soutien de ce dernier, suit le même processus végétatif, semi-féodal, preuves à l’appui, Pomacocha et Ccaccamarca, dans le département d’Ayacucho ; ce sont des questions aux quelles nous devons réfléchir ; les expériences d’Apurímac en 1974, les « prises de terre » de l’Avant-Garde Révolutionnaire, à quoi servirent-elles ? Elles servirent à la mise en place d’un système corporatiste, en développant les formes associatives. N’était-ce pas ce que voulait Velasco ? En conséquence, il s’agit bien de s’accoupler au système, de faire évoluer la féodalité, quand la question est de la raser, de la détruire. C’est, jusqu’à ce jour, ce que ne comprend pas le PUM, ce qu’il ne comprendra pas ; il faudrait qu’il ait une autre idéologie, l’idéologie marxiste, pour comprendre comment conquérir et défendre la terre, les armes à la main. Voilà ce qu’il en est.

En outre, l’Apra suit d’autres plans ; en particulier, il faut prêter une grande attention à leurs plans concernant les terres en friche de la Côte, avec les derniers décrets et les « plans de développement » proposés à tous ceux qui sont capables d’investir, en vue de créer des produits d’exportation. Ceci conduit à une répartition falsifiée, à une bagarre pour les terres dans les départements de Lambayeque, de la Libertad, d’Ica et sur la Côte péruvienne en général. Avec leurs dernières dispositions, ils peuvent donner jusqu’à 450 hectares ; est-ce que ce seront les pauvres qui acquerront ces terres ? Avec quel argent pourraient-ils creuser des puits tubulaires, pour extraire l’eau, par exemple ? Impossible : ce sont de succulents plans dont le résultat était déjà clair, c’est la répartition falsifiée des terres. Que sont-ils donc en train de faire à la Libertad ? Au bénéfice de qui ? De l’Apra, de ses dirigeants et de ses associés, parmi les quels, monsieur le ministre Remigio Moralez Bermudez, partenaire de grandes entreprises monopolistes, joue un rôle de choix et économique. Cela ne bénéficie pas à la paysannerie et à la Côte aussi, la paysannerie a besoin de terres et les terres doivent leur appartenir. Nous avons vu dernièrement, dans le département de La Libertad, le scandale provoqué par la demande de concession de terres à cause d’irrigations futures.

D’autres problèmes. La répartition de terres dans la forêt amazonienne : 30 mille hectares. Qui pourra les gérer ? Dionisio Romero ou quelqu’un de semblable. Il ne pourra pas le contrôler, il les donnera encore moins à un paysan pauvre, mais la terre est à celui qui la travaille, principalement la paysannerie pauvre. D’un autre côté, l’Apra a nettement échoué dans ses plans contre-révolutionnaires pour le dit trapèze andin. Et nous lui disons ouvertement, comme d’autres le lui ont déjà signalé, que nous avons montré que la Sierra existait au Pérou. C’est à partir de cela que García Perez a redécouvert son trapèze andin pour faire sa propre vitrine mais ses sinistres plans ont échoué ; ils sont détruits et paralysés. Sinon, que dire du plan de Cachi à Ayacucho inauguré par celui qui se fait passer pour le président, allant en hélicoptère et à grand renfort de propagande, pour expliquer depuis les montagnes ce qu’il ne sait ni ne comprend ? Qu’en est-il du plan de Rasuwilca ? Nous l’avons détruit pour contre-subversion et parce que nous ne pouvons pas permettre que les terres ne soient pas données aux paysans qui en ont besoin, principalement les paysans pauvres.

Mais je crois que d’autres questions mériteraient d’être abordées : les rondes, les rondes paysannes ; qu’ont-ils fait de ces créations que les masses mirent sur pied pour se défendre ? Des organismes qui aujourd’hui sont sous le contrôle de l’État, des forces armées et des forces de police, voilà ce qu’il en est clairement et concrètement. Ce sont eux, ceux de la Gauche Unie, qui avec orgueil approuvèrent la fameuse loi et aujourd’hui trépignent contre le règlement de cette même loi. Mais le règlement n’est que le résultat de la loi. Si tu as approuvé la loi, supportes-en le règlement. Au fond, ce qu’ils ont fait, c’est simplement travailler pour ce que l’armée de terre, les forces armées exigeaient, une loi qui ratifie les groupements de masses contre-révolutionnaires ou les « comités de défense » qu’ils avaient montés. Ils disaient qu’il n’y avait pas de loi derrière laquelle ils puissent s’abriter. C’est donc bien cette loi celle qui s’appelle loi de rondes paysannes. Les forces de police les utilisent-elles ou non ? L’armée les utilise-t-elle ou non ? Le caciquisme les utilise-t-il ou non ? Voilà la réalité ; de tout cela, ils devraient répondre, ils devraient nous rendre compte ; sans entrer dans les détails de leurs statuts, sont-ils réellement marxistes ; Sont-ils élaborés du point de vue de la classe, du peuple ? Ne renferment-ils pas un incaïsme usé ? N’expriment-ils pas une position de personnalisme chrétien ? Ne travaillent-ils pas en liaison avec l’Église ? Alors, pourquoi publient-ils leurs documents ? Quand je parle de l’Église, je me réfère à la hiérarchie ecclésiastique. Ce serait bien, quand ils auront du temps, du temps libre, qu’ils lisent ces règlements, ils sont extrêmement significatifs.

Nous dénonçons aussi, le plan de l’Apra, dans le Haut Huallaga, qui sous prétexte de combattre le narco-trafic, autorise l’utilisation des insecticides meurtriers « spike »  dont les monopoles yankees eux-mêmes disent qu’ils sont comme de petites bombes atomiques.

El Diario : Monsieur le Président, quelles seront les caractéristiques principales de la République Populaire de Démocratie Nouvelle que vous et votre Parti proposez ?

Président Gonzalo : Les caractéristiques sont essentiellement celles d’une dictature conjointe ; j’insiste sur ce point, parce qu’au Pérou, il faut penser sérieusement à la question de l’État et l’analyser à partir du marxisme-léninisme-maoïsme ; sur le problème de l’État, la première question qui se pose à nous, c’est la question du système d’État, c’est-à-dire la dictature de classe qui s’exerce ; dans notre cas, c’est une dictature conjointe. Actuellement, elle s’exerce seulement à trois : le prolétariat, la paysannerie et les progressistes (la petite bourgeoisie) ; la bourgeoisie nationale n’y participe pas, mais nous respectons ses droits, oui. Le système de gouvernement qui découle de cela est un système basé sur des Assemblées Populaires. Comment le concrétisons-nous ? Par des Comités et le regroupement de ces Comités Populaires forme les Bases d’Appui ; l’ensemble des bases d’appui forme la République Populaire de Démocratie Nouvelle, voici ce que nous sommes en train de mettre en place et ce que nous développerons, jusqu’au terme de la révolution démocratique. Je voudrais insister sur le fait que le Parti a décidé de « Semer le Pouvoir » pour que le peuple commence à l’exercer, qu’il apprenne à conduire l’État, car une fois qu’il apprendra à conduire l’État, il apprendra que cet État ne peut être maintenu que par le pouvoir des armes. On le défend de la même manière qu’on le conquiert. « Semer le Pouvoir » nous amène à semer dans les esprits la nécessité du Nouveau Pouvoir, et qu’ils le voient dans les faits, C’est précisément ce que nous sommes en train de faire. Au niveau de la République Populaire de Démocratie Nouvelle s’accomplissent des fonctions générales de direction, de construction et de planification ; il me semble qu’on a suffisamment parlé de ce point, puisque d’autres précisions sont déjà expliqués dans les documents.

 

 

Source: https://www.pcmaoiste.org/actuinter/2610/

Interview du président Gonzalo par le journal « El Diario » Partie III

Nous republions une nouvelle traduction, revue et corrigée, de l’interview donnée par le Président Gonzalo au journal El Diario après 8 années de Guerre Populaire au Pérou. Cette interview est un texte didactique et très utile pour comprendre ce qu’est l’idéologie scientifique du prolétariat, le marxisme-léninisme-maoïsme. Nous republierons les lundis une partie de ce texte sur notre site. Nous continuons avec la Guerre Populaire. Le texte complet est également disponible sur la Bibliothèque Marxiste. 

 

Interview du président Gonzalo par le journal « El Diario »

3. GUERRE POPULAIRE

El Diario : Monsieur le Président, parlons maintenant de la guerre populaire. Que signifie la violence pour le Président Gonzalo ?

Président Gonzalo : En ce qui concerne la violence, nous partons d’un principe établi par le Président Mao Tsétoung : la violence est une loi universelle, sans aucune exception, je veux dire : la violence révolutionnaire ; c’est cette violence qui nous permet de résoudre les contradictions fondamentales, avec une armée, et à travers la guerre populaire. Pourquoi partons-nous de la thèse du Président Mao ? Parce que nous croyons qu’avec lui, le marxisme s’est réaffirmé et a réussi à établir qu’il n’y a aucune exception. Marx, déjà, nous parlait de la violence accoucheuse de l’histoire, ce qui reste pleinement valable et grandiose. Lénine, à propos de la violence, nous parlait du panégyrique de la violence révolutionnaire, fait par Engels. Mais ce fut le Président Mao qui nous dit que c’est une loi universelle sans aucune exception. C’est pour cela que nous nous basons sur cette thèse. C’est une question essentielle du marxisme parce que sans violence révolutionnaire, une classe ne peut pas renverser un vieil ordre pour en créer un nouveau, en l’occurrence aujourd’hui un nouvel ordre dirigé par le prolétariat au moyen de partis communistes.

Le problème de la violence révolutionnaire est une question qui revient de plus en plus sur le tapis. C’est pourquoi nous, les communistes et les révolutionnaires, devons nous réaffirmer dans nos principes. Le problème de la violence révolutionnaire est dans la concrétisation de la guerre populaire. Pour nous, le Président Mao Tsétoung, en établissant les principes de la guerre populaire, a doté le prolétariat de sa ligne militaire, de sa théorie et de sa pratique militaire, de valeur universelle, donc applicable partout, selon les conditions concrètes.

Le problème de la guerre, nous le voyons ainsi : la guerre a deux aspects ; l’un de destruction, l’autre de construction, l’aspect de construction étant le principal. Et ne pas voir les choses ainsi, c’est saper la révolution, c’est l’affaiblir. D’un autre côté, dès que le peuple prend les armes pour renverser le vieil ordre, la réaction cherche à l’écraser, à le détruire, à l’anéantir ; et elle utilise tous les moyens à sa disposition, allant jusqu’au génocide. Dans notre pays nous l’avons vu, nous sommes en train de le voir et nous le verrons plus encore, jusqu’à ce que nous ayons démoli l’État Péruvien caduc.

En ce qui concerne la soi-disant guerre sale, je préfère simplement dire qu’on nous impute le fait que la force armée réactionnaire ait appris de nous cette guerre sale. Cette accusation est l’expression claire de l’incompréhension de ce qu’est une révolution, de ce qu’est une guerre populaire. La réaction applique, au moyen de ses forces armées et de ses forces répressives en général, sa volonté de nous balayer et de nous faire disparaître. Et pour quelle raison ? Parce que nous voulons la même chose pour elle : la balayer et la faire disparaître en tant que classe. Mariatégui disait déjà qu’on ne peut engendrer un nouvel ordre social qu’en détruisant, qu’en démolissant le vieil ordre. Nous jugeons, finalement, ces problèmes à la lumière du principe essentiel de la guerre, établi par le Président Mao : l’anéantissement des forces de l’ennemi et la préservation des siennes. Et nous savons très bien que la réaction a appliqué, applique et appliquera le génocide. Sur ce point nous sommes extrêmement clairs. Et, en conséquence, se pose pour nous le problème du prix à payer : pour anéantir l’ennemi, préserver nos propres forces et plus encore pour les développer, il faut payer le coût de la guerre, payer de notre sang. Le sacrifice d’une partie est nécessaire au triomphe de la guerre populaire.

En ce qui concerne le terrorisme. On nous qualifie de terroristes. Je veux seulement répondre de cette manière pour que tous, nous réfléchissions. N’est-ce pas l’impérialisme yankee, et particulièrement Reagan, qui a accusé de terrorisme tout mouvement révolutionnaire ? Oui ou non ? C’est ainsi qu’ils cherchent à discréditer et à isoler pour mieux écraser ; c’est ce dont ils rêvent. Mais ce n’est pas seulement l’impérialisme yankee et les autres puissances impérialistes qui combattent le soi-disant terrorisme. C’est aussi le social-impérialisme, le révisionnisme. Aujourd’hui, Gorbatchev lui-même propose de s’unir pour lutter contre le terrorisme. Et ce n’est pas une simple coïncidence si lors du VIIIème Congrès du Parti du Travail d’Albanie, Ramiz Alia s’est engagé lui aussi à le combattre.

Mais il serait très utile de nous rappeler ce que Lénine écrivait : « Vive les initiateurs de l’Armée Populaire Révolutionnaire ! Ce n’est plus un complot contre un quelconque personnage haï, ce n’est pas un acte de vengeance, ce n’est pas une sortie poussée par le désespoir, ce n’est pas un simple acte d’intimidation, non : ceci est le commencement bien médité et préparé, calculé du rapport de forces, c’est le commencement des actions des détachements de l’armée révolutionnaire ». « Heureusement, les temps sont révolus où, par manque d’un peuple révolutionnaire, la révolution ‘était faite’ par des terroristes révolutionnaires isolés. La bombe a cessé d’être l’arme du ‘poseur’ individuel et est devenue l’élément nécessaire de l’armement du peuple ».

Déjà Lénine nous enseignait que les temps avaient changé, que la bombe était devenue l’arme de combat de la classe, du peuple, qu’elle n’était plus une conjuration, une action individuelle isolée, mais l’action d’un Parti, avec un plan, avec un système, avec une armée. Les choses étant ce qu’elles sont, où est le soi-disant terrorisme ? Ce n’est que pure infamie.

En fait, on doit avoir très présent à l’esprit que, dans la guerre contemporaine en particulier, c’est précisément la réaction qui utilise le terrorisme comme un de ses moyens de lutte, et comme cela a été prouvé mille fois c’est une forme de lutte quotidienne des forces armées de l’État Péruvien. Au vu de ce qui précède, nous pouvons conclure que ceux qui jugent la situation avec désespoir parce que la terre tremble sous leurs pieds, crient au terrorisme dans le but de cacher la guerre populaire. Mais c’est un tel choc qu’eux-mêmes reconnaissent sa dimension nationale et reconnaissent que c’est devenu le problème principal qu’affronte l’État Péruvien. Et quel terrorisme agit ainsi ? Aucun ; et pire encore, ils ne peuvent plus nier qu’un Parti Communiste dirige la guerre populaire. Mais en ce moment certains commencent à réfléchir. Il ne faut condamner personne d’avance, il y a ceux qui peuvent progresser. D’autres, comme Del Prado, n’avanceront jamais.

El Diario : Quelles sont les particularités de la guerre populaire au Pérou, en quoi se différencie-t-elle d’autres luttes dans le monde, en Amérique Latine et de celle menée par le M.R.T.A. ?

Président Gonzalo : C’est une bonne question. Je vous remercie parce qu’elle servira à aborder une fois de plus le soi-disant « dogmatisme ». Certains vont jusqu’à dire que nous appliquons mal la pensée du Président Mao, à une époque qui n’est plus la sienne. Finalement, ils papotent tant, qu’il faut se demander s’ils savent de quoi ils parlent, entre autres, le sénateur décoré, spécialistes de la violence.

La Guerre Populaire s’applique universellement, selon le caractère de la révolution, et acquiert un caractère spécifique à chaque pays, il ne peut pas en être autrement. Dans notre cas, les particularités sont claires. C’est une lutte qui se livre à la campagne et à la ville comme cela fut établi dès 1968, dans les grandes lignes pour la guerre populaire. Voici déjà une différence, une particularité : c’est à la campagne et à la ville. Nous croyons que cela est lié à nos situations spécifiques. L’Amérique Latine, par exemple, compte des villes proportionnellement plus grandes que celles des autres continents. C’est une réalité de l’Amérique Latine qu’on ne peut ignorer. Il suffit de voir la capitale du Pérou, qui a un taux de population élevé. Ainsi, pour nous, la ville ne pouvait être laissée de côté et la guerre devait s’y dérouler aussi, toutefois la lutte se livre principalement à la campagne, celle de la ville restant le complément nécessaire. Voilà, nous avons déjà une particularité. Il y en a une autre.

La réalité est la suivante : en entrant dans la guerre populaire, nous allons affronter les forces de police, et ce n’est qu’en décembre 1982, que les forces armées font leur entrée ; ceci ne voulait pas dire qu’avant, elles n’avaient pas, bien sûr, un rôle de soutient, sans compter l’étude du processus de notre développement. C’est une particularité, parce que produisant un vide à la campagne, nous avons dû créer un Nouveau Pouvoir sans avoir mis en déroute de grandes forces armées puisqu’elles n’étaient pas encore entrées. Et si elles l’ont fait, si elles sont entrées, c’est parce que nous avions créé un Pouvoir Populaire. Telle était la situation politique concrète qui existait dans le pays. Si nous n’avions pas agi ainsi, en appliquant point par point ce que le Président Mao Tsétoung a dit, nous serions encore assis à attendre l’entrée des forces armées. Nous nous serions enlisés. Une autre particularité, c’était la conformation de l’armée, je m’y suis déjà référé.

Toutes sont des particularités, nous avons déjà parlé de la campagne et de la ville, de comment faire la guerre, de l’armée, de comment s’établit le Nouveau Pouvoir. Que le Parti lui-même soit militarisé est une autre particularité. Ce sont des situations spécifiques qui correspondent à notre réalité, à l’application du marxisme-léninisme-maoïsme, de la théorie du Président Mao sur la guerre populaire aux conditions de notre pays. Bien sûr, cela nous différencie des autres luttes.

Pourquoi nous différencions-nous des autres ? Parce que nous faisons une guerre populaire ; cela nous différencie d’autres luttes d’Amérique Latine. A Cuba il n’y a pas eu de guerre populaire, mais leur lutte a eu aussi ses particularités, qu’ils ont oubliées intentionnellement ; avant ils disaient que c’était un cas exceptionnel, la non-ingérence de l’impérialisme nord-américain -dixit Guevara- et puis ils l’oublièrent. En dehors du fait qu’il n’y a pas eu de Parti Communiste pour diriger, ce sont des questions du cubanisme et ses cinq caractéristiques : différenciation des classes insuffisante, ce qui entraînait le besoin de rédempteurs pour racheter les opprimés, révolution socialiste ou caricature de révolution, front uni mais sans bourgeoisie nationale, pas de nécessité de base d’appui, et celle déjà mentionnée : l’absence de nécessité d’un Parti. Ce que nous voyons aujourd’hui en Amérique Latine n’est qu’un développement de ces mêmes positions, mais chaque fois plus au service du social-impérialisme et son conflit avec l’impérialisme yankee pour l’hégémonie mondiale. L’Amérique Centrale le montre avec évidence. Le M.R.T.A., du peu que nous en savons, est en accord avec ces critères.

En fin de compte, un autre point qui nous différencie, excusez-moi d’insister, c’est l’indépendance, l’autonomie de décision, le fait que nous nous appuyons sur nos propres forces. Les autres ne possèdent pas ces caractéristiques et sont des pions de l’échiquier ; nous, non. Encore une différence très importante ; nous nous assujettissons au marxisme-léninisme-maoïsme, les autres non. En synthèse, la grande différence, la différence fondamentale, se trouve au point de départ, dans l’idéologie dont nous partons, le marxisme-léninisme-maoïsme, principalement le maoïsme, appliqué aux conditions spécifiques de notre pays, et j’insiste encore une fois de plus, appliqué avec des particularités bien claires qui démontrent la fausseté du soi-disant dogmatisme qu’ils nous imputent, qui n’est d’ailleurs que la réponse aux ordres de leurs maîtres.

El Diario : Monsieur le Président, le M.R.T.A. serait donc en train de jouer un rôle contre-révolutionnaire dans le pays ?

Président Gonzalo : Le M.R.T.A. a des positions qui doivent faire réfléchir. Il y a eu, par exemple, la trêve accordée à l’Apra, selon ses dires, jusqu’à ce que le peuple soit frappé. Mais nous savons que le jour même où García Perez devint président, il réprima les masses dans la capitale même de la république. En octobre 1985, génocide à Lurigancho. Le peuple était-il frappé oui ou non ? Et combien de temps ont-ils attendu pour mettre fin à leur trêve ? Ce sont des choses sur lesquelles chacun doit s’interroger.

El Diario : Vu l’importance de la Base d’Appui : comment se construit-elle dans le pays ? Que pensez-vous de l’insurrection ?Comment y préparez-vous les villes ?

Président Gonzalo : La base d’appui est l’épine dorsale de la guerre populaire. Sans elle, elle ne peut se développer. J’ai fait mention, auparavant, de circonstances particulières qui se sont présentées à nous au cours de la seconde moitié de 1982. Nous avons développé la partie finale de la campagne de déploiement, visant à détruire les relations semi-féodales d’exploitation, visant à en finir avec le caciquisme qui est la base du pouvoir de l’État, et le sera jusqu’à ce que nous le balayions. Nous continuons à frapper et à infliger des défaites écrasantes et humiliantes aux forces policières ; et ce n’est pas moi qui le dis, mais des journalistes de l’Expreso par exemple, qu’on ne peut, je crois, soupçonner de position révolutionnaire. Nous avons donc créé un vide de Pouvoir à la campagne. Le problème s’est alors posé : Que faire ? Nous avons décidé de créer des comités populaires, c’est-à-dire des dictatures conjointes, un Nouveau Pouvoir. Nous avons décidé qu’ils devaient être clandestins, parce qu’ensuite interviendraient nécessairement les forces armées, nous le savions bien. Ces Comités Populaires se sont multipliés par cent, les Comités d’une zone formant une base d’appui et l’ensemble de celles-ci, la République Populaire de Démocratie Nouvelle en formation. C’est de cette manière qu’ont surgi les comités, les bases, et que la R.P.D.N. est en formation.

Quand les forces armées sont entrées, nous avons dû développer une dure lutte : elles ont appliqué le rétablissement du vieux pouvoir, nous avons appliqué le contre-rétablissement pour relever le Nouveau Pouvoir.

Un génocide très cruel et sans miséricorde a eu lieu. Nous avons dû nous battre de toutes nos forces. La réaction, et les forces armées en réalité, ont cru en 1984 nous avoir déjà mis en déroute : Je fais référence à des documents qu’ils connaissent très bien puisque ce sont les leurs, où on lisait même que nous n’étions plus un danger, que le danger était le M.R.T.A. Mais quel fut le résultat ? Les comités populaires et les bases d’appui se sont multipliés, et cela nous a amenés ensuite à développer les bases. C’est ce plan de développement qui se poursuit aujourd’hui.

En ce qui concerne l’insurrection, je crois que ce problème revêt une importance capitale. Dans le cas d’un pays comme le nôtre, la situation révolutionnaire en développement a permis de commencer la guerre populaire, avec déjà un Parti reconstitué et une idéologie claire. Le développement même des bases, le développement de l’Armée Populaire de Guérilla, et celui de la guerre populaire impulsent et développent plus encore la situation révolutionnaire.

Ainsi, tout cela mène à ce que le Président Mao appelle essor, ce qui, chez Lénine, est appelé crise révolutionnaire. Parvenus à ce moment, se produira l’insurrection. C’est ça la théorie de la guerre populaire dans laquelle nous sommes inscrits et avançons. Notre processus de la guerre populaire nous mène donc à l’essor. En conséquence nous devons préparer l’insurrection qui est, en synthèse la prise des villes. Nous pensons et préparons l’insurrection, parce que c’est une nécessité, sinon nous ne pourrions pas triompher dans tout le pays.

Quel problème nous pose la ville ? Nous avons développé un travail dans les villes et à la campagne ; oui, depuis plusieurs années, nous l’avons fait. Il y a eu un tournant et un changement avec la guerre populaire, c’est sûr. Maintenant, notre situation nous amène à voir comment préparer la ville ou les villes pour généraliser la guerre populaire. Tout cela est lié au développement du travail de masses, mais pour et dans la guerre populaire, ce que nous avons fait et continuons à faire ; le fait est que nous avons commencé à le développer davantage. Nous pensons que notre action dans les villes est indispensable et qu’elle doit être impulsée chaque fois plus loin, parce que dans les villes se trouve concentré le prolétariat et parce que nous ne devons le laisser aux mains ni du révisionnisme ni de l’opportunisme.

Dans les villes, existent les quartiers populaires, les immenses masses populaires. Depuis 1976, nous avons une ligne directrice pour le travail dans les villes. Prendre les quartiers populaires et les bidonvilles comme base et le prolétariat comme dirigeant, c’est notre ligne directrice et nous continuerons à la mettre en pratique, aujourd’hui, dans des conditions de guerre populaire.

On voit clairement vers quelles masses nous nous dirigeons. Dans ce qui a été dit auparavant, découle nettement que les immenses masses des quartiers populaires et des bidonvilles sont comme des ceintures de fer qui vont encercler l’ennemi et qui retiennent les forces réactionnaires.

Nous devons gagner de plus en plus la classe ouvrière jusqu’à ce que celle-ci et le peuple nous reconnaissent. Nous comprenons bien qu’il faut du temps et des faits répétés pour que la classe voie, comprenne, et soit sûre de son avant-garde, et que le peuple réalise qu’il a un centre qui le dirige. Ils en ont le droit. Combien de fois les masses, le prolétariat, les habitants des quartiers populaires, la petite bourgeoisie, les intellectuels, ont ils été abusés ! Tant d’espoirs frustrés ! Il faut savoir qu’ils ont tout à fait le droit d’exiger ; nous avons l’obligation de travailler, de leur montrer et de leur démontrer que nous sommes leur avant-garde afin qu’ils la reconnaissent.

Nous faisons la différence entre être avant-garde et être avant-garde reconnue. La classe a ce droit et personne ne peut le lui refuser, le peuple a ce droit et personne ne peut le lui refuser ; nous pensons ainsi. Nous ne croyons pas que du jour au lendemain, le prolétariat et le peuple vont nous reconnaître comme leur avant-garde et leur centre unique ; en effet nous devons l’être pour pouvoir accomplir la révolution comme il se doit. Par conséquent, nous devons travailler avec opiniâtreté et imprimer au travail de masses des formes différentes, des formes variées, pour que les masses apprennent de la guerre populaire même, qu’elles apprennent la valeur de l’arme, l’importance du fusil. Le Président Mao nous dit que la paysannerie doit apprendre l’importance du fusil, c’est une réalité ; nous travaillons donc de cette façon, nous instaurons de nouvelles formes et nous développons le travail de masses, dans et pour la guerre populaire.

Tout cela a un rapport avec cette autre circonstance, avec cette autre situation, avec le Mouvement Révolutionnaire de Défense du Peuple, puisque le Centre de Résistance est l’essentiel du M.R.D.P., nous le disons clairement ; la guerre populaire a besoin d’emprunter d’autres formes organiques, d’autres formes de lutte, qui ne peuvent être en aucune manière les formes usuelles. Elles sont différentes, c’est un fait concret. Nous développons par conséquent le Parti, l’Armée Populaire de Guérilla et le Mouvement Révolutionnaire de Défense du Peuple, ainsi que d’autres organismes créés pour les divers fronts de travail.

Nous avons besoin de stimuler la combativité, nous avons besoin que s’exprime la potentialité de la masse, la potentialité de la classe. Voyons une question : il y a aujourd’hui de fortes hausses de prix, alors pourquoi n’y a-t-il pas de contestation populaire ? Qui immobilise les masses ? Lénine nous disait que la marche fait trembler la réaction, que quand la classe marche dans les rues, la réaction tremble ; c’est cela que nous cherchons à appliquer, c’est ce que nous enseigne le marxisme-léninisme-maoïsme. La classe naît et se développe en combattant ; le peuple aussi. Ce dont nous avons besoin c’est de faire la synthèse des expériences propres à la masse, au peuple, d’établir ses formes organiques, ses formes de lutte, pour qu’ils se saisissent de formes de lutte de plus en plus développées qui s’accroissent à la ville. C’est ainsi qu’elles se forment.

Que pensons-nous ? La chose est claire. Le centre est la campagne mais pour l’insurrection, le centre se déplace et devient la ville. Pour cela on procède de la même manière qu’au commencement, où les combattantes et les communistes se déplaçaient des villes vers la campagne ; maintenant ils se déplacent de la campagne vers la ville, cela se fait aussi. Nous déplaçons aussi nos forces et nous préparons l’insurrection. Nous devons étudier les conditions qui permettent la convergence de l’action de l’Armée Populaire de Guérilla avec l’insurrection dans une ou plusieurs villes. C’est ce dont nous avons besoin.

L’insurrection vise à s’emparer des villes pour faire culminer la guerre populaire dans tout le pays ; mais elle doit chercher aussi à préserver les moyens de production que la réaction tentera de détruire ; à protéger les révolutionnaires prisonniers de guerre, ou les révolutionnaires connus, que la réaction voudra anéantir, et d’autre part capturer les ennemis pour les mettre en lieu sûr. C’est ce qu’on nous a enseigné et c’est cela une insurrection. Lénine nous a enseigné comment organiser une insurrection et le Président Mao nous a enseigné comment se présente l’insurrection dans la guerre populaire. C’est ainsi que nous la voyons et la préparons. C’est la voie que nous devons suivre et que, d’ailleurs, nous sommes en train de suivre.

Une chose doit être bien claire : l’insurrection n’est pas une simple explosion spontanée. Non, ce serait dangereux. Mais cela peut arriver, et c’est pour cette raison que nous devons nous soucier dès aujourd’hui de l’insurrection, et nous le faisons. Nous pensons que certains chercheront à utiliser la guerre populaire à leur profit. Dans une réunion du Comité Central, il y a un bon moment de cela, nous avons déjà analysé certaines possibilités. Et l’une d’elles est que le révisionnisme, ou d’autres, provoquent des « insurrections » soit pour faire avorter le processus de développement, soit pour gagner des positions et servir leur maître social-impérialiste ou tout autre puissance qui les commande, car plusieurs centres de la réaction mondiale chercheront à nous utiliser.

El Diario : Monsieur le Président, que ferait le Parti dans de pareilles circonstances ?

Président Gonzalo : Dans ces circonstances nous ferons ce que Lénine fit, nous expliquerons aux masses que ce n’est pas le moment ; mais si les masses vont au combat, nous nous battrons avec elles pour pouvoir effectuer ensemble un repli mesuré et pour qu’elles souffrent le moins possible. Et si nous mourons avec elles, nous fusionnerons davantage nos sangs. C’est ce que Lénine nous a enseigné lors des fameuses luttes de juillet 1917. Nous ne pouvons pas dire aux masses qu’elles se trompent et que les faits le leur feront comprendre ; non, nous ne pouvons pas leur dire cela. La masse est la masse, la classe est la classe, et si les masses ne sont pas bien orientées, si les conditions les poussent au désespoir, à de telles situations sans compter ceux qui les poussent volontairement alors nous devons rester avec les masses pour leur montrer l’inopportunité du moment et tout en combattant avec elles, les aider à se replier le mieux possible. Alors elles verront bien que nous sommes avec elles pour le meilleur et pour le pire et ce sera le meilleur moyen de leur faire comprendre et de les convaincre davantage que nous sommes leur Parti. Telle sera notre attitude.

El Diario : Monsieur le Président, une question: lorsque vous parlez de lutte dans la ville, quel rôle assignez-vous aux syndicats ?

Président Gonzalo : Celui que Marx avait assigné dans « Passé, présent et avenir des syndicats ». Marx nous avait dit, dès le siècle dernier, que les syndicats n’étaient au départ que de simples corporations visant une défense économique ; c’est leur passé. Leur présent est de s’organiser davantage et de se développer politiquement, et leur avenir, de servir à la conquête du Pouvoir. Marx nous avait déjà parlé de cela. Le problème est de savoir combiner les deux luttes ; la lutte pour des revendications, qui est une guerre de guérillas comme nous l’avait dit Marx lui-même : la lutte pour le salaire, le temps de travail, les conditions de travail et d’autres droits que développent la classe, le prolétariat et le peuple qui se mettent alors en grève ; c’est une guerre de guérillas qui n’est pas seulement une lutte pour une question concrète, économique ou politique, mais aussi d’intérêt général car elle est une préparation aux grands événements à venir. C’est son essence historique fondamentale, et notre problème est donc de lier la lutte revendicative à la lutte pour la conquête du Pouvoir, ce que nous appelons développer le travail de masses dans et pour la guerre populaire.

El Diario : Monsieur le Président, puisque vous avez parlé de crise révolutionnaire, pensez-vous que cette situation soit envisageable à court terme ?

Président Gonzalo : La question c’est le triomphe de la guerre populaire et elle est liée principalement au fait de lutter plus et mieux. L’insurrection, comme je l’ai déjà dit, c’est l’achèvement que nous devons préparer, et nous le faisons résolument aujourd’hui en prévoyant la possibilité que d’autres veuillent trafiquer avec l’insurrection. C’est une chose à laquelle nous devons songer, mais le problème principal est l’opportunité de l’insurrection ; c’est de calculer le moment opportun.

El Diario : Pourquoi le Parti Communiste du Pérou a-t-il commencé la guerre populaire en 1980 ? Quelle est l’explication militaire et historique de ce fait ? Quelle fut l’analyse sociale, économique, et politique du P.C.P. pour commencer cette guerre ?

Président Gonzalo : Nous avons fait des recherches sur le pays et nous l’avons étudié particulièrement à partir de la IIème guerre mondiale. Nous avons vu que le processus de la société péruvienne entrait dans des situations complexes. Les propres analyses de l’État montraient que les années 1980 comportaient des questions critiques. Au Pérou on voit que tous les 10 ans se présente une crise vers la deuxième moitié de la décennie, et que chaque crise est pire que la précédente. Ensuite nous avons analysé le capitalisme bureaucratique qui fait mûrir la révolution, les conditions pour la révolution. En 1980 le pays devait se donner un nouveau gouvernement par le biais d’élections, et ce gouvernement allait avoir besoin d’un an et demi à deux ans pour mettre en marche l’appareil d’État. C’est pour cela que nous avions conclu que le capitalisme bureaucratique avait fait mûrir la révolution, que les années 1980 s’annonçaient difficiles du fait de la crise, d’un gouvernement issu des élections, etc. et tout cela permettait une conjoncture très favorable au commencement de la guerre populaire. Cela démentait le critère qui dit qu’on ne peut pas commencer la lutte armée, dans notre cas la guerre populaire, quand il y a un nouveau gouvernement. Les faits ont démontré la fausseté de cette position. Nous avons évalué tout cela, ainsi que la situation dans laquelle entrait le nouveau gouvernement. Situation où les militaires s’en allaient après douze ans et par conséquent, ils ne pourraient pas assumer immédiatement une lutte contre nous ni reprendre les rênes de l’État car ils était usés politiquement et avaient perdu tout prestige. C’étaient des faits concrets, une réalité.

Nous avions déjà établi depuis longtemps que la participation à l’Assemblée Constituante était incorrecte, que la seule chose à faire était de la boycotter car, participer à la Constituante, servirait simplement à la restructuration de l’État Péruvien et à établir une constitution comme celle que nous avons. Et tout cela était prévisible, il n’y avait rien dans ce cas qui ne puisse être prévu ; c’est pourquoi nous avons décidé de jeter les bases du commencement pour démarrer avant la mise en place du nouveau gouvernement. Et c’est ainsi que nous avons agi, puisque nous avons commencé le 17 mai, un jour avant les élections.

Comme nous l’avons mis en pratique, nous avions évalué que dans ces conditions nous pouvions développer notre action, parvenir à la déployer et avancer le plus possible avec l’idée que pendant la deuxième moitié de la décennie une crise plus grave encore que la précédente devait éclater et qu’il y aurait par conséquent de meilleures conditions pour avancer. C’est sur ces données qui s’est planifié le commencement de la guerre populaire. Mais certains disent que nous n’avons pas réfléchi et que nous avons agi dogmatiquement. En quoi ? Ceux qui parlent de dogme sont prêts à prendre des vessies pour des lanternes.

C’est pour cela que nous avons choisi ce moment, et les faits nous ont donné raison ; il était évident que Belaunde, nous l’avons observé aussi, craindrait un coup d’État et que pour cela, il chercherait à restreindre le poids des forces armées. Était-ce difficile à prévoir ? Non, et cela grâce à son expérience de 1968 ; c’étaient des choses prévisibles et on nous a appris à calculer, à analyser, à mesurer ; c’est ce que nous a enseigné le Président, qui était très exigeant sur ces questions, surtout en ce qui concerne le travail de préparation. Nous pensons que les faits l’ont confirmé : les forces armées n’ont pas pu intervenir pendant deux ans. En fut-il ainsi ou non ? Aujourd’hui ils nous disent qu’ils avaient détruit les informations de leurs services secrets ; le nouveau gouvernement allait avoir du mal à s’organiser du fait de son administration ; les faits nous l’ont prouvé. Ensuite s’est produite la crise ; les militaires sont intervenus, avec des contingents chaque fois plus nombreux ; il y a plusieurs années que nous les combattons et nous sommes toujours énergiques, vigoureux. Nos forces se développent. Telles ont été les raisons pour commencer en 1980 et les faits nous montrent que nous ne nous sommes pas trompés, au moins nous ne nous sommes pas trompés dans les grandes lignes ; et c’est là qu’il ne faut pas se tromper.

El Diario : En tenant compte que dans la guerre deux stratégies s’affrontent, pourriez-vous expliquer comment le processus de développement de vos plans militaires, et de vos réussites, est spécifique, et quels problèmes avez-vous rencontrés ?

Président Gonzalo : Nous partons d’une situation. Chaque classe génère sa forme de guerre spécifique et en conséquence, sa stratégie. Le prolétariat a crée la sienne : la guerre populaire et c’est une stratégie supérieure. La bourgeoisie ne pourra jamais avoir une stratégie supérieure à celle-là, qui plus est, il n’y aura pas de stratégie plus développé que celle du prolétariat. C’est un problème de constatation du processus militaire dans le monde. Chaque classe a toujours généré sa façon de faire la guerre et sa stratégie, et c’est toujours la stratégie supérieure qui a vaincu l’inférieure. La nouvelle classe a toujours la stratégie supérieure. Il en est ainsi de la guerre populaire. Les faits nous le prouvent. Il y a des auteurs de traités militaires qui disent ceci : les communistes, quand ils ont appliqué leurs principes, n’ont jamais perdu une guerre, ils l’ont perdue seulement quand ils n’ont pas appliqué leurs principes.

Donc, en partant de cela, du fait que nous avons une stratégie supérieure, théorie prouvée universellement, le problème était de la faire nôtre car il y a une marge d’erreur. La première chose que nous décidons, est de ne pas appliquer mécaniquement la guerre populaire parce que le Président Mao Tsétoung nous a prévenu que l’application mécanique mène à l’opportunisme et à l’échec. En 1980, quand nous décidons de commencer la guerre populaire, nous nous mettons d’accord au Comité Central du Parti pour faire attention à l’application spécifique ; non au dogmatisme, non au mécanisme, tels furent les accords desquels nous sommes partis. Et ici nous pouvons soulever le premier problème que nous avons rencontré : le premier problème que nous avons eu, fut la lutte antagonique contre une ligne opportuniste de droite qui s’opposait au commencement de la guerre populaire. Nous avons liquidé sa partie principale au cours de la IXème réunion plénière et lors de celle de février 1980, nous avons balayé complètement le reste. Ce fut notre premier problème, et c’est à cette époque qu’eut lieu cette épuration dont nous avons parlé précédemment. Nous avons dû élaguer fortement le Comité Central lui-même, mais c’est ainsi que nous nous sommes fortifiés et que nous sommes parvenus à commencer la guerre. Nous avions déjà les grandes lignes pour livrer une guerre à la campagne et à la ville.

Le premier plan que nous allons nous imposer, est celui du Commencement. Le Bureau Politique fut chargé de définir comment développer les action armées. Ce fut cet organisme qui présenta le plan sur la base de détachements en ce qui concerne la forme militaire. Ce plan, nous l’avons accompli en 1980 ; mais ce que nous devons dire, c’est que deux semaines après le commencement, il y eut une réunion du Bureau Politique élargi pour analyser comment nous avions commencé et nous avons conclu que le nouveau était né et que le nouveau était la guerre populaire. C’étaient les actions armées, c’étaient les détachements. Après ce plan nous avons développé le Plan de Déployer ; ce plan fut plus long, il engloba deux années mais se réalisa au moyen de nombreuses campagnes et c’est à son terme que se concrétisèrent les nouvelles formes du pouvoir, que surgirent les Comités Populaires.

Fin 1982, interviennent les forces armées ; avec plus d’un an d’anticipation, le Comité Central avait étudié l’entrée des forces armées et avait défini que cela se ferait progressivement jusqu’à substitution des forces policières qui passeraient au second plan ; et cela s’est passé ainsi ; il ne pouvait en être autrement dans une telle situation. Nous nous y étions préparés et pourtant, nous allions avoir un deuxième problème ; l’entrée de la force armée ne fut pas sans conséquences. Elles entrèrent en appliquant le génocide dès le début, formant des milices de ferme et utilisant les masses sous la pression pour les mettre en avant comme un bouclier. Cela doit être dit clairement. Ici on voit non seulement la politique réactionnaire déjà vue par Marx, mais aussi l’utilisation lâche des masses, en les mettant au devant d’elles. Les forces armées n’ont pas de quoi se glorifier, et c’est pour cela, et à juste titre, que nous avons dit d’elles qu’elles sont expertes en défaites, adroites pour s’acharner sur les masses désarmées. Telles sont les forces armées au Pérou. Face à cela nous avons tenu une session élargie du Comité Central, élargie pour ce qui fut de la participation et de la durée, une des plus longues. C’est là que nous avons établi le Plan de Conquérir des Bases ; c’est à cette occasion que fut créé l’Armée Populaire de Guérilla, pour répondre à une force qui visiblement était d’un niveau supérieur à celui de la police ; c’est là aussi que nous nous sommes posés le problème du Front-Etat, entre autres.

Ainsi surgit un deuxième problème, le problème d’affronter le génocide, c’est-à-dire le génocide des années 1983-84. Il est décrit dans les documents du Parti, cela n’est pas nécessaire d’en rajouter. Mais par contre nous voulons relever que ce fut un génocide barbare et sans miséricorde ; ils crurent que de cette façon, « ils allaient nous rayer de la carte » ; à tel point que fin 1984 ils commencèrent à distribuer, parmi leurs officiers, les documents sur l’anéantissement. La lutte fut intense et dure, il y eut des moments complexes et difficiles.

Face à l’utilisation des milices de ferme et à l’action militaire réactionnaire, nous répondîmes par une action frappante : Lucanamarca, ni eux, ni nous, ne l’oublierons, bien sûr, parce que là, ils ont vu une réponse à laquelle ils ne s’attendaient pas. Ici plus de 80 d’entre eux furent anéantis. Voilà la réalité. Et nous le disons, là il y eut un excès que nous analyserons en 1983. Mais toute chose dans la vie a deux aspects : notre problème était de frapper fort pour les freiner, pour leur faire comprendre que les choses n’étaient pas si faciles. Dans certaines occasions, comme celle-ci, ce fut la Direction Centrale elle-même qui planifia l’action et mit les choses en place. Il en fut ainsi. Le principal est de les avoir frappés fort et de les avoir freinés ; ils ont compris qu’ils étaient face à un autre type de combattants du peuple, que nous n’étions pas de ceux qu’ils avaient combattus auparavant ; c’est cela qu’ils comprirent. L’excès est l’aspect négatif. En comprenant la guerre et en nous basant sur ce qui dit Lénine ; quand il fait référence à Clausewitz, la masse, dans la guerre, dans le combat, peut déborder et manifester toute sa haine, le profond sentiment de haine de classe, de rejet, de condamnation qu’elle porte en elle, voilà ce qui fut à l’origine de cette action. Ce fut expliqué par Lénine, bien clairement expliqué. Des excès peuvent être commis, le problème est de parvenir à un point et de ne pas le dépasser, parce que si tu le dépasses, tu dévies, c’est comme un angle qui a un certain degré d’ouverture, pas plus. Si nous donnons aux masses un ensemble de restrictions, d’exigences et d’interdits, au fond nous ne voulons pas que les eaux débordent. Ce dont nous avions besoin, c’était que les eaux débordent, qu’un torrent se déchaîne, sûrs qu’à son passage il provoque des ravages, mais qu’ensuite il reprend son cours. Je répète que ceci est parfaitement expliqué par Lénine et c’est ainsi que nous comprenons cet excès. Mais, j’insiste, ici le primordial était de leur faire comprendre que nous étions un os dur à ronger, et que nous étions prêts à tout, à tout !

Marx nous a enseigné ceci : on ne joue pas à l’insurrection, on ne joue pas à la révolution ; mais quand quelqu’un arbore l’insurrection, quand quelqu’un prend les armes, il ne baisse pas le drapeau, il le maintient victorieux jusqu’au triomphe, sans jamais le laisser tomber ; c’est cela qu’il nous a enseigné, peu importe le prix à payer ! Marx nous a donc armés, ainsi que Lénine et principalement le Président Mao Tsétoung, qui nous enseigne ce qui signifie le prix à payer, anéantir pour préserver, tenir le drapeau bien haut quoi qu’il arrive ; et nous disons que c’est ainsi, avec cette détermination, que nous avons surpassé ce sinistre, vil, lâche et barbare génocide ; parce qu’il y a quelqu’un, celui qui se fait passer pour le président, qui parle de barbarie sans rougir, alors qu’il est un aspirant Attila qui joue avec le sang des autres.

Nous avons passé des moments difficiles ? Oui, mais que nous a montré la réalité ? Que si on persévère et on maintient la politique au poste de commandement, si on s’en tient à la stratégie politique, si on s’en tient à la stratégie militaire, qu’on a un plan clair et défini, alors on avance, et on est capable d’affronter n’importe quel bain de sang (pour ce qui est du bain de sang nous avons commencé à nous y préparer dès l’année 1981, parce qu’il devait arriver : nous nous y étions donc déjà préparés idéologiquement. C’est cela l’essentiel). Tout cela a entraîné l’accroissement de nos forces, et leur multiplication. Ce fut le résultat, ce que le Président dit s’accomplit : la réaction rêve quand elle veut noyer dans le sang la révolution ; qu’elle sache qu’elle l’arrose, c’est une loi inexorable. Alors, cela-même nous confirme que nous devons être chaque fois plus fidèles, fermes et résolus dans les principes, et avoir toujours cette confiance inaltérable dans les masses.

Ainsi, nous sortons fortifiés avec une Armée plus grande, avec plus de Comités Populaires et de Bases d’Appui et avec un Parti plus fort ; tout le contraire de ce qu’ils avaient imaginé. Nous avons déjà parlé, je crois, des rêves de sang de la réaction ; en effet ce ne sont rien d’autres que des rêves de sang, qui en fin de compte finissent en cauchemars. Mais j’insiste, c’est en persévérant dans les principes et en combattant avec l’appui des masses, principalement de la paysannerie pauvre, que nous avons pu affronter cette situation ; c’est ici que s’est exprimé cet héroïsme dont j’ai parlé auparavant, cet héroïsme massif.

Ensuite nous allons mettre en œuvre un nouveau plan : le Plan de Développer des Bases, Plan dans lequel nous sommes. Que peut-on dire ? Si nous envisageons d’autres problèmes, je crois que nous devons tenir compte d’une leçon : tout plan doit être approuvé, appliqué, son bilan fait dans la lutte de deux lignes et cette lutte est plus intense quand il s’agit d’approuver un nouveau plan ; c’est une réalité. C’est une leçon dont nous tenons énormément compte, et qui nous a endoctrinés, et enseigné beaucoup, il en est ainsi. En fin de compte, la guerre populaire génère un très haut degré d’unité, mais au milieu d’une lutte intense, oui, parce que malgré l’affrontement des problèmes, des situations complexes et difficiles, malgré les reflets de l’extérieur, la dynamique idéologique, ceux qui sont engagés dans la guerre populaire, ont leur vie vouée à la révolution. Et la vie d’un communiste est dédiée au communisme, même s’il ne le verra pas, parce que réellement nous n’allons pas le voir ; au moins, moi je ne le verrai pas. Mais là n’est pas le problème. Ne pas voir le but pour lequel nous luttons, ne nous mène qu’à une réflexion, prendre pour modèle ces grandioses exemples que nous a donnés le marxisme ; à son époque Marx savait qu’il ne verrait rien du triomphe de la révolution et à quoi cela l’a-t-il conduit ? à intensifier ses efforts pour l’avance de la révolution ; ce sont les leçons que nous avons tirées et ces grandioses exemples qui nous ont guidés. J’insiste une fois de plus : cela ne veut pas dire se comparer à eux, cela implique de suivre toujours la voie des étoiles polaires.

Bon, si nous pensons à la lutte armée, à la guerre populaire, nous pouvons dire du Commencement qu’il nous a permis de développer la guérilla parce qu’il nous a permis de passer du stade de détachement à celui de peloton et ainsi nous avons ouvert les guérillas ; le plan de Déployer nous a donné les Comités Populaires ; celui de Conquérir des Bases nous a donné des Bases d’Appui et nous a permis de couvrir un large territoire. Il est bon de se rappeler : Nous avons pris les Andes, la sierra de notre patrie, comme colonne vertébrale pour développer la guerre et conquérir le Pouvoir dans tout le pays et nous avons couvert un territoire qui va d’une frontière à l’autre, de l’Equateur à la Bolivie et au Chili. Mais nous avons aussi développé le travail en bordure de forêt amazonienne, sur les contreforts de la côte et en même temps dans les villes. Aujourd’hui nous pouvons dire que nous avons des centaines de Comités Populaires et de multiples Bases, avec bien sûr une base principale, et une aussi dans chaque zone.

Finalement, au sujet des plans, il faudrait dire ceci : nous avons appris comment diriger la guerre avec un plan stratégique unique en appliquant le principe de la centralisation stratégique et de la décentralisation tactique. Nous dirigeons la guerre avec un plan unique, fait d’étapes, de campagnes, de plans stratégico-opérationnels, de plans tactiques et de plans concrets pour chaque action ; mais la clef de tout cela est le plan stratégique unique, c’est lui qui permet de diriger la guerre comme une unité et c’est capital dans la direction de la guerre populaire. Voilà ce que je peux dire.

El Diario : Monsieur le Président, au cours de ces huit années de guerre populaire, quel a été le résultat obtenu par la stratégie antisubversive et quels sont les problèmes actuellement ?

Président Gonzalo : C’est une question à laquelle je préfère répondre de cette manière : en synthèse, la réaction elle-même dit qu’elle est en train d’échouer et qu’elle continue dans cette direction. Cela, elle le sait très bien. «  Face à l’aveu, nul n’est besoin de preuve », pour utiliser un langage d’avocat.

El Diario : Quand croyez-vous que l’Armée Populaire de Guérilla sera en mesure de développer une guerre conventionnelle, de défense de positions territoriales et d’affrontement ouvert avec les forces armées ? Ce type de lutte figure-t-il dans les plans du P.C.P. ?

Président Gonzalo : Nous avons réfléchi, discuté et établi les grandes lignes au niveau du Parti sur ces problèmes. Nous nous occupons de cela depuis 1981. Nous l’avons également fait en d’autres occasions. Nous sommes partis de la conception du Président Mao Tsétoung sur la guerre populaire à partir de la contradiction. Il y a deux aspects qui s’affrontent : une partie faible et une autre provisoirement forte. Il doit s’écouler une période de défense stratégique, une deuxième de stabilisation stratégique et une troisième d’offensive stratégique. Nous évoluons encore en période de défense stratégique, et dans ces conditions, la guerre de guérillas continue d’être notre forme principale, une guerre de guérillas largement généralisée tant à la campagne qu’à la ville, la campagne principale et la ville complémentaire, et nous combattons presque dans tout le pays. Voilà pour la période dans laquelle nous sommes en ce moment.

En ce qui concerne la guerre de mouvement, suivant les principes du Président Mao Tsétoung, nous la développons et la développerons davantage, au fur et à mesure que la réaction sera dans l’obligation d’appliquer nécessairement une guerre contre-subversive plus intense ; mais, même dans ce cas, nous devons continuer de livrer principalement la guerre de guérillas, et de façon complémentaire une guerre de mouvement. Celle-ci comprenant déjà certaines modalités spécifiques de la guerre de positions, comme c’est écrit dans « De la guerre prolongée ». Nous pensons que la guerre populaire, en devenant plus puissante, provoquera forcément l’intensification de la guerre contre-subversive, centrée sur le génocide. Ceci nous mènera dans le futur à la stabilisation stratégique. Ce qui implique, bien entendu, que nous devons persister dans une ligne idéologique et politique juste et correcte et avoir en conséquence une ligne militaire juste et correcte, ce que nous avons d’ailleurs. Donc, si nous persistons dans ce sens, et si la réaction persiste dans les sinistres plans qu’elle est en train d’élaborer et qui conduiront au génocide, dans lesquels, se sentant impuissante, elle veut entraîner le peuple péruvien, peuple qui ne pourra les suivre, ne pouvant aller contre ses intérêts de classe, cela va alors entraîner la stabilisation stratégique. J’insiste sur la compréhension du maintien de la correction et de la justesse dans les domaines idéologique, politique et militaire et tout ce qui en découle. C’est là que nous devons nous poser le problème du déroulement de la guerre populaire en vue de la prise des villes et de la préparation de la partie qui concerne l’offensive stratégique. Pour aujourd’hui nous ne pouvons en dire davantage.

El Diario : Pour renforcer la guerre, ce dont vous avez parlé, est-il nécessaire de renforcer l’armement de l’Armée Populaire de Guérilla ? Comment pensez-vous résoudre cela ?

Président Gonzalo : Oui, c’est un élément important. Permettez-nous de commencer par cette question. Nous avons toujours l’habitude et nous persistons dans le fait, de partir de nos principes et c’est ainsi qu’à leur lumière nous pouvons résoudre nos problèmes concrets. Le Président Mao Tsétoung nous dit que le principal c’est l’homme, et que l’arme est l’outil ; notre préoccupation vise donc principalement l’homme, son renforcement idéologique et politique, la construction idéologico-politique de l’armée dans ce cas mais aussi sa construction militaire. C’est cela notre point de départ.

En ce qui concerne les armes, le Président nous disait que l’ennemi a les armes, en conséquence le problème c’est de les lui arracher, c’est le principal ; les armes modernes sont nécessaires mais elles fonctionnent selon l’idéologie de l’homme qui les utilise, Lénine nous l’avait déjà enseigné. Nous pouvons affirmer que nous sommes en train de développer les embuscades et les forces armées réactionnaires savent très bien comment cela se passe et les coups durs qu’elles ont soufferts. Ici je fais seulement référence à celle qui se rapporte à Cayara, à l’embuscade d’Erusco, où nous avons anéanti vingt cinq soldats, un seul s’étant sauvé bien que blessé. C’est pour cela qu’ils ont répondu avec ce génocide barbare. Les faits ne sont pas comme ils les dépeignent, qu’il soit entendu que malgré la mobilisation de grandes forces, ils ne sont pas parvenus à nous attraper, qu’il soit entendu aussi que nous sommes repartis avec les armes ; et ils le savent parfaitement bien. De plus nous n’avons pas fait sauter une voiture mais deux, puisque la route était minée sur un kilomètre. Ils n’avaient aucune échappatoire possible. Ce que nous a montré à la télévision et dans les journaux celui qui se fait passer pour le président et ceux qui font partie de la soi-disant « Commission » ne sont,  comme on dit, que « des petites poupées dans l’air », « des dessins dans l’eau ». En conséquence, il y a longtemps déjà qu’a commencé le transfert accru de leurs armes vers nos rangs, et ils sont obligés de nous les donner. Ils sont obligés de nous les apporter là où nous sommes et il faut reconnaître qu’ils commencent à le faire. Pourquoi parlons-nous de cette manière ? Parce que nous les avons dispersés ; nous avons fait des brèches dans leurs lignes en plusieurs points et nous les avons fait stationner passivement. Ils sont comme un éléphant enlisé dans la boue, donc plus faciles à frapper. L’armée et les forces armées en général doivent y penser sérieusement.

Ce que je viens de dire n’est que l’application de ce que le Président Mao nous a enseigné quand il a dit qu’à la fin de la guerre il fallait donner un prix à Tchiang Kaï-chek pour avoir agi en bon fourrier, en bon porteur d’armes. Donc le transfert a déjà commencé et les forces armées le savent très bien. Le plan qu’elles trament, tout ce qu’elles machinent, la grande offensive qu’elles veulent mener, qu’elle soit la bienvenue, car elles n’empêcheront pas le transfert d’armes et elles échoueront parce qu’elles ne réussiront pas à mobiliser le peuple péruvien contre ses propres intérêts et parce qu’elles sont la réaction, la plus noire et pourrie qu’il puisse y avoir, dirigée par ce gouvernement de l’Apra, fasciste et corporatiste, avec à sa tête, un boucher vil et misérable. Le peuple péruvien, l’histoire l’a démontré, ne suit pas le fascisme et ne se laisse pas assimiler par le corporatisme. Ceci a déjà été établi. Au Pérou, le problème ne date pas d’aujourd’hui, il remonte à des dizaines d’années. Alors, les armes de l’ennemi, il faut les lui arracher, c’est notre principale source.

L’humble dynamite continuera d’ailleurs à jouer un rôle important car les mines sont les armes du peuple et par principe nous cherchons les armes les plus simples que toute la masse puisse manipuler, puisque notre guerre est une guerre massive. Autrement elle ne serait pas populaire et la nôtre l’est. Et alors ceci nous entraîne vers une deuxième question, la fabrication de matériel. Nous faisons des efforts pour avancer dans la réalisation du matériel et ils sont très au courant des avertissements envoyés directement au Palais Gouvernemental avec des mortiers faits de nos propres mains, des mains du peuple. Ils ne font pas de commentaires mais nous le savons bien.

L’autre moyen usuel est l’achat, puisqu’il y a trois façons de se procurer des armes : la principale, les arracher à l’ennemi ; la deuxième, les fabriquer et la troisième, les acheter. Pour cela nous rencontrons des problèmes, à cause du coût élevé des armes. Nous menons en avant la guerre populaire la plus économique de la terre, effectivement, parce que nous avons peu de moyens, seulement ce que les masses nous procurent. Et j’insiste une fois de plus là-dessus, comment résoudre ce problème ? Lénine disait qu’il faut se procurer des armes en grande quantité quel qu’en soit le prix et j’ai déjà signalé ce que le Président Mao nous a enseigné. C’est ce que nous mettons en pratique.

El Diario : Prévoyez-vous qu’avec le triomphe et l’avance de la révolution que vous dirigez, une invasion militaire nord-américaine sera déclenchée ? Que fera alors le P.C.P. ?

Président Gonzalo : Même si l’impérialisme yankee intervient déjà concrètement, sur cette question voilà ce que nous pouvons dire. Les États-Unis peuvent mobiliser des pays limitrophes, nous n’oublions pas qu’en plus il y a des revendications territoriales en suspens et des problèmes frontaliers, malgré le silence, j’insiste là-dessus. Nous savons bien le rôle qui est assigné au Brésil ; les États-Unis peuvent à leur tour intervenir directement avec leurs propres troupes et ils ont déjà ici des gens qui s’entraînent.

Il y a quelque temps au Comité Central, nous avons décidé que quelque soit l’ennemi qui vienne souiller notre sol, nous l’affronterons et nous le mettrons en échec. Dans ces circonstances, la contradiction changera et la contradiction nation-impérialisme commencera à se développer comme contradiction principale, ce qui nous donnera une marge plus grande pour rassembler notre peuple.

El Diario : La réaction, le révisionnisme et l’opportunisme de la Gauche Unie disent que vous êtes isolés des masses. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?

Président Gonzalo : Je crois que de tout ce que nous sommes en train de dire, on voit que nous avons l’appui des masses. A ceux qui disent de telles choses, ces révisionnistes et ces opportunistes, nous posons une question : sans le soutien des masses, comment expliquer l’existence d’un mouvement qui mène une guerre populaire depuis huit ans, sans aide internationale ?

El Diario : Pendant huit ans les groupes et partis de droite et du révisionnisme, de l’opportunisme et de toute la réaction ont dit et crié sur tous les toits que le P.C.P. est une organisation « démentielle », « messianique », « sanguinaire », « polpotienne », « dogmatique »« sectaire », « narcoterroriste », et le Parti Unifié Mariatéguiste ajoute que vous placez les paysans entre deux feux, que vous êtes des « militaristes » et dernièrement Villanueva a dit que vous êtes des « terroristes génocides » et vous a attribué bien d’autres qualificatifs. Que dites-vous de toutes ces accusations ? Et quel but cherchent-elles a atteindre ?

Président Gonzalo : Pour moi, elles sont sans fondement et montrent l’incapacité à comprendre une guerre populaire. Pour moi il est évident que les ennemis de la révolution ne pourront jamais la comprendre. Sur le fait que nous plaçons les paysans entre deux feux, c’est une pure élucubration, parce que ce sont précisément les paysans qui forment l’immense majorité de l’Armée Populaire de Guérilla. Le problème est de comprendre que l’État Péruvien avec ses forces armées répressives veulent noyer dans le sang la révolution. Voilà comment nous comprenons le problème et nous conseillons à ces messieurs d’étudier un peu la guerre en général, la guerre révolutionnaire et principalement la guerre populaire et le maoïsme, même si je doute qu’ils comprennent parce que pour cela, il faut avoir une position de classe.

En ce qui concerne les accusations de « terroristes génocides » de M. Villanueva, j’ai l’impression qu’il s’agit d’une vulgaire imitation et d’un plagiat. Ils veulent nous coller le terme de bouchers, qui leur va comme un gant. Aux yeux du pays et du monde entier, il est clair que ce sont eux les génocides, que c’est le gouvernement de l’Apra qui dirige cet État réactionnaire, que ce sont les forces armées réactionnaires, les forces de répression. Ce sont eux les vils bouchers. Les beaux discours ne changeront jamais les faits, l’histoire est déjà écrite. Demain elle sera confirmée. Outre cela, combien de temps va durer Villanueva ? Et quel sera son avenir ? Il ferait mieux d’y réfléchir.

El Diario : Quels changements dans la politique péruvienne, les structures économiques de la société et parmi les masses, sont, d’après vous, la conséquence de huit années de guerre populaire ?

Président Gonzalo : La première chose qui s’est produite est le développement d’une guerre populaire qui avance irrépressiblement, ce qui implique que la révolution démocratique a réellement lieu et cela pour la première fois dans ce pays. Cela a changé toutes les données de la politique péruvienne. C’est pour cela que la réaction elle-même et tous ses complices, en commençant par les révisionnistes et ceux qui les soutiennent à tour de rôle et quels qu’ils soient, ont conclut que le premier et principal problème de l’État Péruvien est la guerre populaire. Ainsi, nous sommes en train de changer le monde dans ce pays et de là découle notre plus importante et principale réussite : la naissance et le développement d’un Nouveau Pouvoir en marche, qui finira par s’étendre à tout le pays.

Sur les structures économiques, dans le Nouveau Pouvoir, nous sommes en train d’établir de nouveaux rapports de production : une preuve concrète est la façon dont nous appliquons la politique de la terre, en utilisant le travail collectif et l’organisation de la vie sociale avec une nouvelle réalité, avec une dictature conjointe où, pour la première fois, commandent des ouvriers, des paysans et des progressistes, nous entendons par là, ceux qui veulent vraiment transformer ce pays de la seule façon possible, par la guerre populaire.

En ce qui concerne les réactionnaires, sans leur rappeler le gouffre économique qu’implique la guerre populaire et le fait de la combattre, nous sommes en train de faire sombrer le capitalisme bureaucratique et de saper depuis longtemps la base cacique des relations semi-féodales qui supportent tout cet échafaudage, tout en assénant des coups à l’impérialisme.

Pour la première fois, les masses de notre peuple, ces masses héroïques, principalement le prolétariat, classes dirigeante que nous reconnaîtrons toujours, assument le Pouvoir et ont commencé à porter le miel à leurs lèvres. Elles n’en resteront pas là, elles voudront tout et elles l’auront.

El Diario : Comment voyez-vous la situation actuelle et les perspectives de la Guerre Populaire au Pérou ? Quel destin aura le peuple péruvien si la révolution que vous dirigez, depuis plus de huit ans, ne triomphe pas à court terme ? Croyez-vous que ce gouvernement ou un autre ait une quelconque issue à cette grave crise ? Le P.C.P. dans le document « Bases de discussion », a signalé que nous entrons dans des années décisives, dans lesquelles l’Apra continue sans plan stratégique ;sommes-nous aux portes du triomphe de la révolution et de la prise du Pouvoir par le P.C.P. ?

Président Gonzalo : Chaque jour le peuple péruvien se mobilise davantage, et la lutte de classes s’intensifie. Ceci est directement lié à la guerre populaire parce que nous ne sommes que la continuation de la lutte de classes, les armes à la main. Quel sera son destin ? Je crois que le destin héroïque de détruire le vieil État et celui glorieux de commencer à construire une nouvelle société, sera un effort grandiose ; ce seront des temps de sacrifices et de difficultés, mais le peuple en sortira victorieux et en fin compte, il suffira de se rappeler : est-ce que, sans la guerre populaire, soixante mille enfants auraient cessé de mourir avant l’âge d’un an, comme c’est le cas aujourd’hui au Pérou ? Non. Par conséquent le peuple continuera à mettre toute sa force et traversera des difficultés mais, chaque jour plus conscient, il paiera le prix nécessaire, puisqu’il sait qu’il vaincra.

L’issue de la réaction ? Nous pensons qu’elle n’en n’a pas. Notre interprétation du processus de la société péruvienne contemporaine signale qu’à partir de 1980, le capitalisme bureaucratique est entré dans sa phase de destruction et par conséquent tout le système s’effondre et il n’y a pas d’issue pour lui. Si nous regardons les faits, il y a une crise grave car, deux crises, celle des années 80 et celle des années 90, se sont accumulées, toutes deux critiques ; ce qui explique qu’elle n’a aucune issue.

Quant aux années décisives, nous entendons comme telles, une tempête plus forte entre la guerre populaire et la guerre contre-révolutionnaire : nous croyons, et je le répète, que de cela surgira la stabilisation stratégique.

En ce qui concerne le temps, le président Mao disait : il faut moins de temps si nous combattons plus et mieux. C’est notre obligation de le faire. Nous le faisons et nous le ferons, car nous avons des conditions objectives extraordinaires. Les conditions de crise générale dans laquelle est entré le système caduc de la société péruvienne, nous indiquent que ces années décisives peuvent accélérer, et de fait, vont accélérer puissamment les conditions et développer la situation révolutionnaire.

Quel est notre problème aujourd’hui. En synthèse, plus de guerre populaire, plus de Nouveau Pouvoir, plus d’Armée, plus d’incorporation des masses. Ainsi nous croyons que la victoire en perspective nous appartient.

El Diario : Pour en finir avec ce thème, pouvez-vous développer votre position sur la guerre populaire mondiale ? Dans le cas d’une guerre mondiale entre les deux superpuissances, quelles seraient les conséquences pour l’humanité ?

Président Gonzalo : Une guerre mondiale est possible ? oui, elle l’est. Tant que nous n’éliminerons pas son origine, les conditions existeront. Les superpuissances préparent la guerre et élaborent de grands plans, c’est évident. Mais nous croyons que les communistes et les révolutionnaires, les masses, le peuple, les hommes qui ne peuvent pas permettre tant d’iniquités dans le monde, ne doivent pas focaliser leur attention sur la guerre entre les superpuissances car ce ne sera pas d’elle que découlera notre libération. Cette guerre ne serait qu’une guerre de rapine pour un nouveau partage du monde. La guerre mondiale des puissances ne vise que l’hégémonie, rien de plus. Que pouvons-nous attendre de celle-ci ? De grandes massacres, de grands génocides, des centaines de milliers de morts, mais sans aucun doute, l’immense majorité de l’humanité survivra. Nous ne pouvons pas accepter les sinistres idées qui vantent aujourd’hui les armes atomiques et toutes les armes sophistiquées qu’on nous exhibe, pas plus que nous ne pouvons accepter que les armes deviennent un chantage pour nous paralyser. Souvent, dans le monde, les réactionnaires ont fait référence aux armes décisives et définitives, à la disparition de l’humanité, mais cela a toujours été fait dans le but d’apaiser, de contenir, pour maintenir leur vieille domination. C’est pour cela que nous pensons que le problème est de centrer notre attention, nos efforts, notre passion, notre volonté sur le développement de la guerre populaire parce que c’est d’elle que naîtra l’affranchissement du peuple et du prolétariat, qui est l’émancipation définitive et véritable. Nous croyons qu’une guerre populaire mondiale est la réponse à une guerre mondiale impérialiste, nous pensons que le problème est de la préparer et nous pensons que ceux, qui sont déjà en guerre populaire, doivent la développer, que ceux qui n’ont pas commencé, commencent à la développer, et c’est ainsi que nous démolirons la domination impérialiste, la domination de la réaction. C’est ainsi que nous les balayerons de la surface de la terre.

Nous ne concevons pas la guerre populaire mondiale comme un fait qui se déclenche simultanément en un jour et à une heure précise, mais nous la concevons en tant que projection en perspective, sur cinquante à cent années, comme l’a établi le Président Mao Tsétoung. Nous la concevons comme de grandes vagues de guerre populaire qui finiront pour converger comme les légions de fer d’une grande armée rouge mondiale, ainsi l’avait dit Lénine lui-même. C’est ainsi que nous la concevons ; nous croyons qu’elle constitue l’unique voie à suivre ; le problème, j’insiste sur ce point, est que la guerre mondiale est un risque : elle sera une immense tuerie et d’elle ne pourra surgir que misère, injustice, douleur et mort. Voilà qui donne encore plus de raisons d’en finir avec eux, et par conséquent, la seule solution, c’est la guerre populaire qui, conçue par vagues, mènera à la guerre populaire mondiale et à cette convergence de légions de fer du prolétariat international et des peuples. Et, en fin de compte, nous accomplirons la mission historique qui, par bonheur, nous incombe : celle de vivre ces décennies qui verront l’impérialisme et la réaction balayés, parce que ce qu’avait prévu le Président Mao s’accomplira. si nous ne le voyons pas, ceux qui suivront le verront, car les légions grossissent de plus en plus.

Le problème, où sera-t-il ? Quelle sera la clé ? Mettre au poste de commandement le marxisme-léninisme-maoïsme et avec le maoïsme principalement, assumer la guerre populaire applicable universellement, tout en tenant compte du caractère de chaque révolution et des conditions spécifiques à chaque pays.

 

Source: https://www.pcmaoiste.org/actuinter/interview-du-president-gonzalo-par-le-journal-el-diario-partie-iii/

Interview du président Gonzalo par le journal « El Diario »

Nous republions une nouvelle traduction, revue et corrigée par le Parti Communiste maoïste, de l’interview donnée par le Président Gonzalo au journal El Diario après 8 années de Guerre Populaire au Pérou. Cette interview est un texte didactique et très utile pour comprendre ce qu’est l’idéologie scientifique du prolétariat, le marxisme-léninisme-maoïsme. Nous republierons les lundis une partie de ce texte sur notre site. Nous continuons avec Sur le Parti. Le texte complet est également disponible sur la Bibliothèque Marxiste.

Interview du président Gonzalo par le journal « El Diario »

2. SUR LE PARTI

El Diario : Pour passer à un autre sujet aussi important dans cet entretient que le Parti, quelles sont à votre avis les leçons les plus importantes du processus du PCP ?

Président Gonzalo : Sur le processus du Parti et ses leçons. Nous concevons l’histoire du Parti en trois périodes corrélatives aux trois moments de la société péruvienne contemporaine. Le premier moment, la première partie, c’est la Constitution du Parti. Dans cette période, nous avons eu la chance de pouvoir compter sur José Carlos Mariatégui, un marxiste-léniniste authentique. Mais Mariatégui, comme cela devait advenir, fut combattu de son vivant ; il fut nié, sa ligne politique abandonnée et le Congrès de Constitution approuva -comme nous le savons bien- la ligne dite « d’unité nationale » complètement opposé aux thèses de Mariatégui. C’est ainsi que le Parti va se précipiter dans l’opportunisme. Il va souffrir l’influence du browderisme auquel est lié Del Prado, et celle du révisionnisme contemporain. Tout ce processus va nous amener à un deuxième moment, celui de la Reconstitution du Parti : C’est, en synthèse, une lutte contre le révisionnisme, c’est une période qui commence à évoluer dès les années 60 de façon plus claire et plus intense. Ce processus provoque l’union des bases du Parti contre cette direction révisionniste, et comme je l’ai dit tout à l’heure, son expulsion lors de la IVème Conférence de janvier 64. Le processus de Reconstitution se développera dans le Parti jusqu’aux années 78-79. C’est autour de ces années que s’achèvera cette période et que l’on entrera dans un troisième moment, le moment de direction de la guerre populaire, ce moment que nous sommes en train de vivre.

Quelles leçons pouvons-nous en tirer ? La première, c’est l’importance de la base d’unité du Parti et son rapport avec la lutte de deux lignes. Sans cette base et ses trois éléments (1. marxisme-léninisme-maoïsme, pensée gonzalo, 2. programme et 3. ligne politique générale), il n’y a pas de fondement pour la construction idéologique-politique du Parti. Mais il n’y a pas de base d’unité du Parti sans lutte de deux lignes. On ne peut pas s’emparer fermement de l’idéologie, on ne peut pas établir le programme ni la ligne politique générale, pas non plus les défendre, les appliquer et encore moins les développer, sans une ferme et sagace lutte de deux lignes au sein du Parti. La lutte de deux lignes est pour nous fondamentale et liée à la conception du Parti comme une contradiction, en accord avec le caractère universel de la loi de la contradiction. Une deuxième leçon, c’est l’importance de la guerre populaire. Un Parti Communiste a pour tâche centrale la conquête du Pouvoir pour la classe et le peuple. Un Parti, une fois constitué et selon les conditions concrètes, doit lutter pour matérialiser cette conquête et il ne peut le faire qu’avec la guerre populaire. La troisième leçon importante, c’est de forger une direction. La direction est une question clé, et une direction ne s’improvise pas. Forger une direction demande beaucoup de temps, un dur combat et une lutte ardue, surtout pour que ce soit une direction de la guerre populaire. Une quatrième leçon que nous pouvons tirer, c’est la nécessité de construire la conquête du Pouvoir car, de la même façon qu’on fait la guerre populaire pour conquérir le Pouvoir, il faut aussi construire cette conquête du Pouvoir. Que voulons-nous dire ? Qu’il faut créer des organismes supérieures à ceux de la réaction. Nous croyons que ce sont des leçons importantes. Une dernière leçon, c’est l’internationalisme prolétarien : le fait de se développer toujours comme partie du prolétariat international ; le fait de concevoir toujours la révolution comme partie de la révolution mondiale et de développer la guerre populaire -comme le dit le mot d’ordre du Parti- pour servir la révolution mondiale. Pourquoi ? Parce qu’en fin de compte, un Parti Communiste a un but final irremplaçable : le communisme et que, comme il a été établi, ou nous y entrerons tous, ou bien personne. Nous croyons que ce sont les leçons les plus frappants que nous pouvons exposer.

El Diario : Monsieur le Président, quelle signification a José Carlos Mariatégui pour le Parti Communiste du Pérou ?

Président Gonzalo : Pour le PCP, Mariatégui est son fondateur. Il construisit le Parti sur des bases marxistes-léninistes claires. Il le dota en conséquence d’une position idéologique nette. Pour lui, le marxisme-léninisme était le marxisme de son époque, de sa période. Il dota le Parti d’une ligne politique générale. Mariatégui, le plus grand marxiste qu’ait produit l’Amérique jusqu’à nos jours, nous laissa sa plus grande œuvre : la formation du Parti Communiste du Pérou. Nous comprenons très bien ce que signifia pour le Parti sa disparition, mais il doit rester clair qu’il a donné jusqu’à sa propre vie pour matérialiser sa grande œuvre ; ce que nous voulons dire, c’est que le fait de fonder le Parti lui a demandé toute sa vie. Mais il n’a pas eu assez de temps pour affirmer et développer le Parti -pensez qu’il est mort moins de deux ans après l’avoir constitué- et un Parti demande du temps pour s’affirmer, se développer et pouvoir accomplir sa tâche historique.

Nous tenons à préciser quelque chose : en 66 nous affirmions déjà qu’on n’aurait jamais dû abandonner le chemin de Mariatégui que la question était de reprendre son chemin et de le développer ; je souligne : de le développer. Pourquoi ? Parce que le marxisme était déjà entré dans une étape nouvelle à l’échelle mondiale : celle d’aujourd’hui, le maoïsme et que, dans notre pays, s’était développé en particulier le capitalisme bureaucratique ; ceci en marge de l’inépuisable lutte du prolétariat et du peuple péruvien qui n’a jamais cessé de lutter. C’est pour cela que nous avons affirmé qu’il fallait reprendre Mariatégui et développer sa voie. Nous avons servi à redécouvrir Mariatégui et sa validité, en ce qui concerne les lois générales, parce qu’elles sont les mêmes quoique spécifiques d’une nouvelle circonstances nationale et internationale, comme je viens de le dire. Nous avons contribué à cela.

Nous pourrions dire beaucoup de choses mais je crois qu’il vaut mieux en souligner quelques unes. En 75 est publié « Reprendre le chemin de Mariatégui et reconstituer son Parti » ; dans ce court document nous démontrons, face à la négation de ceux qui se proclament mariatéguistes aujourd’hui, que Mariatégui était marxiste-léniniste « atteint et convaincu » comme il le disait à juste titre ; nous avons indiqué les cinq éléments constitutifs de sa ligne politique générale. Nous avons montré que dans Mariatégui se trouvaient des thèses similaires à celles du Président Mao ; il suffit de se rappeler les questions concernant le front uni ou l’important problème de la violence. Mariatégui dit : « le pouvoir se conquiert avec la violence et se défend avec la dictature », « la révolution est l’accouchement sanglant du présent » et il réitéra tout au long de sa glorieuse vie, avec persistance, le rôle de la violence révolutionnaire et de la dictature. Il disait aussi que, même en ayant la majorité dans un parlement, cela ne pourrait servir qu’à limoger un cabinet de ministres, mais jamais la bourgeoisie en tant que classe, ceci est très clair. Nous devons souligner également un aspect capital de sa pensée : Mariatégui était anti-révisionniste.

Et alors, en synthèse, nous nous sommes battus pour reprendre et développer le chemin de Mariatégui. Permettez-moi ici d’ajouter quelque chose encore : il serait bon de demander à ceux qui font mine d’être mariatéguistes ce qu’ils pensaient de Mariatégui. Eh bien, ils le niaient de façon évidente et concrète ; je parle des gens du PUM d’aujourd’hui. Oui, de ceux qui sont issus de la dite « nouvelle gauche », qui claironnaient la caducité de la pensée de Mariatégui, comme quelque chose du passé. En essence, leur argumentation était aussi simple que cela. Mais il y a plus important encore : Ceux là et d’autres, sont-ils réellement mariatéguistes ? Prenons M. Barrantes Lingan, par exemple, qu’a-t-il de mariatéguiste, alors qu’il est la négation absolue des thèses marxistes-léninistes précises que Mariatégui avait défendue avec fermeté et décision en son temps ? Mariatégui ne fut jamais un électoraliste. Il parlait d’utiliser les élections comme moyens de propagande et d’agitation. Ils étaient des révisionnistes, ceux qui, comme M. Acosta, argumentaient en 45 que cette thèse était dépassés et que le problème était de gagner des sièges au parlement. Et c’est ce que font aujourd’hui les faux mariatéguistes, ces fieffés impénitents du crétinisme parlementaire.

En résumé, nous pensons ceci : Mariatégui est le fondateur du Parti, son rôle est inscrit dans l’histoire. Personne ne pourra jamais le nier et son œuvre est impérissable. Mais il est nécessaire de la continuer, de la développer, en suivant précisément son chemin. La continuation d’un fondateur marxiste- léniniste comme l’était Mariatégui, dont la pensée je le répète est similaires à celles du Président Mao, implique logiquement d’être marxistes-léninistes-maoïstes comme nous le sommes, nous les membres du Parti Communiste du Pérou. Nous croyons que l’image du fondateur est un exemple grandiose. Nous sommes fiers d’avoir été fondés par lui.

El Diario : Monsieur le Président, quelle fut l’influence de José Carlos Mariatégui sur le développement de classe des travailleurs Péruviens ?

Président Gonzalo : Mariatégui a rempli une grande tâche au milieu d’une lutte intense. Et pardonnez-moi de profiter de votre question pour ajouter d’autres choses. Il était déjà marxiste avant d’aller en Europe ; c’est la première chose sur laquelle nous voulons que vous nous permettiez d’insister car on dit toujours qu’il est devenu marxiste là-bas ; qu’il y ait développé sa pensée est une autre chose évidemment, l’expérience européenne lui a été d’une extrême importance. Mariatégui livra une lutte très importante sur le plan idéologique ; une lutte pour ce qu’il appelait le socialisme, terme qu’il utilisait ici, comme il l’expliqua, parce qu’il n’était ni rebattu ni prostitué comme en Europe ; au fond, ce qu’il répandait et soutenait, c’était le marxisme-léninisme.

Il livra une lutte politique d’une grande ampleur pour la formation du Parti, et ceci est lié à un fait qui est aujourd’hui malmené et déformé d’une manière perverse et maladroite : c’est le problème du débat entre Mariatégui et Haya de la Torre. En synthèse, la question est très claire : Mariatégui décida de la formation d’un Parti Communiste, d’un Parti du prolétariat ; de son côté, Haya de la Torre décida de la formation d’un front semblable au Kuomintang en argumentant que le prolétariat au Pérou était peu nombreux et pas assez mûr pour pouvoir engendrer un Parti Communiste ; tout cela n’était qu’artifices, rien de plus. Il est bon, en outre, d’avoir en tête que l’Apra, quand elle fut fondée au Pérou, le fut à l’image du Kuomintang de Tchiang Kaï-chek, c’est-à-dire comme le bourreau de la révolution chinoise qui avait donné le coup contre-révolutionnaire de 1927. Nous devons toujours garder cela à l’esprit. Pourquoi est-ce que je souligne ce problème ? Parce qu’aujourd’hui, on nous parle d’un haya-mariatéguisme, et même d’un haya-léninisme : absurde ! Mariatégui était bien marxiste-léniniste, Haya n’a jamais été ni marxiste ni léniniste, jamais ! Il s’est toujours opposé aux thèses de Lénine. Il est nécessaire de faire remarquer cela car on ne peut pas tolérer ces infamies qui ne sont, en fin de compte, qu’embrouilles, invention monstrueuse, destinées à promouvoir maintenant une alliance entre la Gauche Unie et l’Apra. C’est là le fond du problème. Le reste n’est que supercheries bâtardes.

Bon, maintenant, j’en viens à votre question. Tout cela, Mariatégui l’a fait en liaison avec les masses, le prolétariat et la paysannerie. Il est lié dans la théorie et dans la pratique à la formation de la CGTP, fruit principalement de son travail. Mais je parle de la CGTP qu’il a fondée, celle de la fin des années 20, non de l’actuelle cgtp qui est la négation totale de ce que Mariatégui décida. Il a développé aussi tout un travail avec la paysannerie. Chez lui, la question paysanne est essentielle, c’est le problème de la terre ; en essence, c’est le problème de l’indien, comme il l’a si justement dit. Il a également travaillé avec les intellectuels, avec les femmes et les jeunes. Mariatégui a a donc développé son travail, toujours lié aux masses, en leur montrant le chemin, en établissant leurs formes d’organisation et en agissant avec détermination pour le développement organisationnel du prolétariat et du peuple au Pérou.

El Diario : Continuons sur le même sujet. Pourquoi le PCP accorde-t-il tant d’importance à la fraction, à celle qui a reconstitué le Parti ?

Président Gonzalo : C’est un sujet important et peu connu hors des rangs du Parti. Commençons par ceci : Lénine nous posa le problème de la fraction, qu’il concevait comme un ensemble d’hommes solidement soudés pour agir en appliquant les principes, dans leur forme la plus pure. Lénine nous a dit aussi qu’une fraction devait exprimer ouvertement ses positions politiques pour mener la lutte et  développer le Parti. C’est ce concept léniniste que nous avons adopté pour former la fraction, qui a commencé à se former au débout des années 60 et est liée à la lutte entre marxisme et révisionnisme à l’échelle mondiale, lutte qui se répercuta évidemment sur notre pays. La fraction commence à se poser la question de comment développer la révolution au Pérou et elle va trouver les réponses dans les œuvres du Président Mao qui commencent à arriver à cette époque-là. Quelles questions nous posions-nous ? D’abord que la révolution au Pérou avait besoin d’un Parti avec des solides bases idéologiques et politiques, que la paysannerie était la force principale dans notre société tandis que le prolétariat était la classe dirigeante, et que le chemin que nous devions suivre, allait de la campagne vers la ville ; c’est ainsi que nous nous sommes développés. La fraction a servi à la lutte contre le révisionnisme de Del Prado et nous avons fait partie de tous ceux qui se sont unis pour balayer et expulser la clique de Del Prado des rangs du Parti.

La fraction va continuer à se développer alors que plusieurs fractions apparaissent dans le Parti, dont une dirigée par Paredes et deux autres qui agissaient sournoisement, n’appliquant pas les critères léninistes à propos de la fraction mais agissant comme un parti dans un autre. Je parle ici de Patrie Rouge, de son soi-disant « groupe Ching-Kang », de l’auto-baptisé « groupe bolchevique  » et de notre fraction dont le centre était la région d’Ayacucho. La fraction se consacra à voir comment, – après en avoir défini la ligne dans la Vème conférence de 65 – on devait considérer la question des trois instruments de la révolution. Ceci va attiser une lutte interne et mal dirigée. Par manque de cohésion, le Parti va éclater. Ainsi, Patrie Rouge va sortir le premier ; mais il sortit expulsé du Parti pour suivre une ligne opportuniste de droite, pour nier le Président Mao-Tsétoung, pour nier Mariatégui, pour nier l’existence de la situation révolutionnaire au Pérou. Il resta alors trois fractions.

Puis, dans la VIème Conférence de 69, on se mit d’accord sur la base d’unité du Parti et de la Reconstitution du Parti ; deux questions que la fraction avait posées de la même façon qu’elle avait posé en 67 des questions fondamentales lors d’une réunion de la commission politique élargie d’alors. Paredes et son groupe n’étaient pas d’accord avec la Reconstitution du Parti ni avec sa base d’unité, ils montèrent un plan pour faire éclater le Parti puisqu’ils ne pouvaient pas le contrôler. Tel fut leur plan sinistre. Une dure lutte contre ce liquidationnisme de droite fut livrée. C’est ainsi qu’il ne resta que deux fractions : la nôtre et le dénommé « groupe bolchévique  » qui développa un liquidationnisme de gauche, affirmant entre autres qu’il existait une stabilité et que, par conséquent, il n’y avait pas de situation révolutionnaire, que le fascisme détruisait tout, qu’on ne pouvait pas faire de travail de masses, qu’on devait former les militants dans des séminaires, etc.

Cette lutte amena la fraction à assumer seule la Reconstitution du Parti. Lénine nous dit que, le moment venu, une fraction conséquente se doit de reconstruire le Parti. Ce fut la tâche assumée par la fraction. Ici on pourrait se demander : Pourquoi la fraction assuma-t-elle la Reconstitution du Parti ? Pourquoi on en fonda pas un autre comme c’était la mode et comme ça l’est encore aujourd’hui ? La première raison est que le Parti fut fondé en 1928 sur des bases marxistes-léninistes claires, et qu’il avait alors une grande expérience, tirée des leçons positives et négatives, des deux à la fois. Mais plus encore, Lénine nous dit que, quand on est dans un Parti en déviation, qui quitte sa voie et qui se précipite dans l’opportunisme, on a l’obligation de lutter pour le remettre sur la voie et ne pas le faire, constitue un crime politique. Ainsi, la fraction est importante dans la mesure où elle a accompli ce rôle, où elle a servi à la Reconstitution du Parti, à partir de sa construction idéologico-politique, en se basant sur le maoïsme, que appelions alors pensée Mao Tsétoung, et sur l’établissement d’une ligne politique générale. La fraction a le grand mérite d’avoir constitué le Parti, et ce faisant, elle possédait alors l’instrument, « l’héroïque combattant », le Parti Communiste de type nouveau, marxiste-léniniste-maoïste, l’avant-garde politique organisée et non pas « l’organisation politico-militaire » comme certains ont l’habitude de le dire à tort, le Parti nécessaire pour se lancer à la conquête du Pouvoir avec les armes à la main au moyen de la guerre populaire.

El Diario : Quels changements ont été opérés dans le Parti avec la guerre populaire ?

Président Gonzalo : D’abord, ce qui est principal, c’est qu’en s’appuyant sur le travail antérieur, la guerre populaire nous a permis de parvenir à comprendre le maoïsme comme une troisième étape, nouvelle et supérieure du marxisme ; elle nous a servi à développer la militarisation du Parti et sa construction concentrique ; la guerre populaire a servi à forger une armée populaire de guérilla, puisque cette dernière ne s’est forgée, formée qu’en 1983.

L’Armée Populaire de Guérilla est importante. C’est la forme principale d’organisation, de la même façon que la guerre populaire est la forme principale de lutte. L’Armée Populaire de Guérilla que nous avons fondé et qui se développe avec puissance, a été crée à la lumière des thèses du Président Mao Tsétoung et d’une thèse de Lénine très importante également, sur la milice populaire. Il nous dit que le pouvoir de l’armée peut être usurpé, puis l’armée manipulée, pour engendrer une restauration. C’est pour cela qu’il définit que la milice populaire devait assumer les fonctions d’armée, de police et d’administration. Une grande thèse qui, même s’il ne parvint pas à la concrétiser à cause des circonstances historiques, n’est pas sans importance ni sans valeur. Elle est si valable que le Président Mao lui-même se préoccupa beaucoup de la question du développement de la milice populaire. Donc, notre armée possède ces caractéristiques et elle est construite en tenant compte de ces expériences. Mais elle a aussi ses particularités. Nous avons une formation constituée de trois forces : une force principale, une force locale et une force de base. Nous n’avons pas une milice indépendante mais elle se trouve à la base-même de l’armée, elle est bâtie sur ce critère. Nous pourrions dire aussi qu’on ne pouvait pas bâtir l’Armée Populaire de Guérilla autrement, vues nos conditions concrètes, mais ce sont réellement ces principes qui nous ont guidés. Cette armée, malgré ces caractéristiques, a pu agir en toutes circonstances et peut subir les réajustements et les réorganisations nécessaires.

Une autre question qui découle de la guerre populaire, et qui en constitue la principale réussite, c’est le Nouveau Pouvoir. Cette question, nous la voyons liée à celle du front, en nous appuyant sur ce que le Président Mao dit dans son œuvre Sur la Démocratie Nouvelle. En plus, nous avons tenu compte de la longue expérience pourrie du frontisme au Pérou, où on a trafiqué et où on trafique encore avec le front uni : hier avec le dit « Front de Libération Nationale » et aujourd’hui principalement avec l’auto-dénommée Gauche Unie et d’autres rejetons en formation comme la fameuse « Convergence Socialiste ». C’est-à-dire que nous prenons toujours en compte les principes et les conditions concrètes de notre réalité, et c’est pour cela que nous ne comprenons pas pourquoi on nous dit dogmatiques ; mais, finalement, on peut écrire n’importe quoi. Tout cela nous a amenés à former le Front Révolutionnaire de Défense du Peuple. Mais ici il faut préciser autre chose : c’est nous qui avons créé le premier front de défense du peuple à Ayacucho, une création héroïque, un exemple que s’appropria plus tard Patrie Rouge en le déformant pour constituer ses « FEDIP », lesquels sont erronés jusque dans leur nom-même car, s’il s’agit d’un front de défense du peuple, comment alors, ne va-t-il pas défendre les intérêts du peuple ? Nous construisons le Front Révolutionnaire de Défense du Peuple seulement à la campagne et nous le concrétisons en tant que Pouvoir, en tant que comité populaire ; ces comités populaires forment dans une zone, une base d’appui et l’ensemble des bases forment ce nous appelons la République Populaire de Démocratie Nouvelle en formation. Quant à la question concernant les villes, nous la réglons avec la formation du Mouvement Révolutionnaire de Défense du Peuple, qui sert aussi à livrer la guerre populaire à la ville, à centraliser des forces, à saper l’ordre réactionnaire et à développer la concentration des classes en fonction de la future insurrection.

D’autres changements sont en rapport avec le fait de forger les militants : la guerre forge d’une autre manière bien évidemment, elle trempe nos volontés, elle nous permet d’incarner plus profondément l’idéologie, d’engendrer des militants de fer selon le critère de défi à la mort ou d’arracher à la mort les lauriers de la victoire. Nous pourrions dire également qu’un autre changement dans le Parti, à un autre niveau déjà, ou ayant une autre portée plutôt, est en rapport avec la révolution mondiale. La guerre populaire a permis au Parti de montrer de façon palpable comment en s’emparent du marxisme-léninisme-maoïsme nous pouvons développer une guerre populaire sans être assujettis au bâton de commandement d’aucun chef, ni sous la coupe d’aucune superpuissance ou puissance, et comment, mener à bien la guerre populaire, en nous appuyant sur nos propres forces, est une chose faisable. Tout cela a donné au Parti un prestige à l’échelle internationale comme jamais auparavant, et il ne faut voir là de notre part aucune affirmation orgueilleuse. Loin de nous la fatuité, ce n’est qu’un simple fait. Elle nous permet aussi de servir, comme jamais, le développement de la révolution mondiale. C’est de cette manière que le Parti, avec la guerre populaire, est en train d’accomplir son rôle de Parti Communiste du Pérou.

El Diario : Quelle est la participation des ouvriers et des paysans dans l’Armée Populaire de Guérilla ?

Président Gonzalo : La participation la plus importante est celle de la paysannerie, pauvre en particulier, qui combat et dirige à différents niveaux, c’est ainsi qu’ils participent. La participation des ouvriers est similaire bien que leur nombre soit insuffisant pour l’instant.

El Diario : Monsieur le Président, où se développe le plus le Nouveau Pouvoir, à la campagne ou à la ville ?

Président Gonzalo : Nous développons le Nouveau Pouvoir seulement à la campagne. Il s’installera à la ville dans la partie finale de la révolution. C’est un problème inhérent au processus de la guerre populaire. Je crois que si nous voyons, maintenant, le thème de la guerre populaire, nous pourrions traiter davantage ce point.

El Diario : Monsieur le Président, en changeant un peu de sujet, dans les documents du Parti Communiste, on dit que vous êtes le chef du Parti et de la révolution. Qu’est- ce que cela implique et comment cela s’oppose à la thèse révisionniste du culte de la personnalité ?

Président Gonzalo : Ici, nous devons rappeler la thèse de Lénine sur le problème de la relation entre masses-classes-Partis-chefs. Nous considérons que la révolution, le Parti, la classe engendrent des chefs, engendrent un groupe des chefs. Il en fut ainsi dans toute révolution. Si nous voyons par exemple, la Révolution d’Octobre, nous avons Lénine, Staline, Sverdlov, et d’autres noms encore, soit un petit groupe. De même, dans la révolution chinoise, nous avons aussi un petit groupe de chefs : le Président Mao Tsétoung et les camarades Kang Sheng, Chiang Ching, Chan Chung-Chao entre autres. Il en est ainsi de toute révolution. Nous ne pourrions être une exception. Ici, l’idée selon laquelle notre règle a une exception n’est pas valable, car il s’agit d’accomplir des lois. Tout processus a donc des chefs, mais il y a un chef qui surpasse les autres ou qui est à leur tête, selon les conditions, car nous ne pouvons considérer tous les chefs comme étant de même dimension : Marx c’est Marx, Lénine c’est Lénine, le Président Mao c’est le Président Mao et chacun est non renouvelable et unique.

Dans notre Parti, notre révolution, et notre guerre populaire, le prolétariat a généré aussi un groupe de chefs, par nécessité et contingence historique, d’après le sens donné par Engels. Engendrer des chefs et un chef est une nécessité, mais c’est la contingence, c’est-à-dire l’ensemble des conditions spécifiques concrétisées en un lieu et à un moment déterminés, qui définit la condition de chef. Il en fut donc de même, pour nous, on a engendré un grand dirigeant. D’abord il fut reconnu au niveau du Parti, dans la Conférence Nationale Elargie de 1979. Mais ce problème renferme une question capitale inéluctable, qui mérite d’être soulignée : il n’y a pas de grand dirigeant qui ne s’appuie sur une pensée, quel que soit son degré de développement. Le fait que celui qui parle, soit devenu le chef du Parti et de la révolution, d’après les accords du Parti, est lié à la nécessité et à la contingence historique et bien évidemment, à la pensée gonzalo ; nul ne sait ce que la révolution et le Parti peuvent faire de chacun de nous et quand une telle chose se précise, ce qu’il faut uniquement, c’est assumer la responsabilité.

Notre activité s’est déroulée en accord avec la thèse de Lénine, laquelle est juste et correcte. La question du culte de la personnalité est une position révisionniste. Lénine nous avait déjà averti du problème de la négation des chefs, de la même façon qu’il avait souligné la nécessité pour la classe, le Parti et la révolution, de promouvoir ses propres dirigeants, d’en promouvoir davantage au rang de chefs et de grand dirigeant. Il y a une différence sur laquelle il faut insister, le dirigeant occupe une responsabilité dans l’organisation tandis que nous entendons par chefs et grand dirigeant, la reconnaissance de l’autorité du Parti et de la révolution, acquise et mise à l’épreuve au cours d’une longue lutte, de ceux qui, dans la théorie et dans la pratique, démontrent qu’ils sont capables de nous diriger et de nous guider en avant et jusqu’à la victoire, dans la réalisation de nos idéaux de classe.

Khrouchtchev souleva le problème du culte de la personnalité pour combattre le camarade Staline, mais nous savons tous que ce ne fut qu’un prétexte en fait, pour combattre la dictature du prolétariat. Aujourd’hui, même Gorbatchev brandit à nouveau le culte de la personnalité comme le firent aussi les révisionnistes chinois Liou Chao-chi et Deng Xiaoping. Par conséquent, c’est une thèse révisionniste qui vise en essence la dictature du prolétariat et les grands dirigeants et chefs du processus révolutionnaire général dans le but de les décapiter. Dans notre cas, que viserait-elle concrètement ? Décapiter la guerre populaire. Nous n’avons pas encore de dictature du prolétariat mais un Nouveau Pouvoir qui se développe selon des normes de démocratie nouvelle ou de dictature conjointe d’ouvriers, de paysans et de progressistes. En ce qui nous concerne, cette thèse a donc pour but principal de décapiter la direction. Et la réaction et ses laquais savent très bien pourquoi ils le font : parce que ce n’est pas facile d’engendrer des chefs et un grand dirigeant. Et une guerre populaire telle qu’elle se développe dans le pays, a besoin de chefs et d’un grand dirigeant, de quelqu’un qui la représente, la dirige et d’un groupe capable de la commander inflexiblement. En résumé le culte de la personnalité est une sinistre thèse révisionniste qui n’a rien à voir avec notre conception sur les chefs, laquelle s’en tient au léninisme.

El Diario : Que signifie pour vous et votre Parti, la célébration du Ier Congrès du Parti Communiste du Pérou ?

Président Gonzalo : Revenant à ce sujet, nous voulons parler de certaines questions. Nous répétons que c’est un jalon de victoire, c’est une dette en suspens qu’il fallait accomplir et que le fondateur lui-même avait fixé. Nous avons célébré le Premier Congrès du Parti Communiste du Pérou. Qu’est-ce que cela implique ? Nous réaffirmons qu’aucun des 4 congrès tenus jusqu’en 1962, époque durant laquelle nous nous développions dans le Parti d’alors, aucun d’eux ne fut un congrès marxiste. Aucun d’eux ne s’en est tenu strictement à la conception du prolétariat. C’est pour cela que notre Congrès est marxiste, pour relever ce que je viens de dire. Mais étant donné que nous évoluons dans ce moment historique, le Congrès est marxiste-léniniste-maoïste, parce que le maoïsme est la troisième étape, nouvelle et supérieure, et en fin de compte la principale des trois. Mais le Congrès est aussi pensée gonzalo, car il s’appuie sur cette pensée qui est née du processus d’application de la vérité universelle, du marxisme-léninisme-maoïsme, à la situation concrète de notre réalité. Pour cette raison, c’est un « Congrès marxiste, un Congrès marxiste-léniniste-maoïste, pensée gonzalo ».

Ce Congrès nous a permis de faire un bilan de tout le processus suivi et d’en tirer les leçons positives et négatives. Ce Congrès nous a permis de sanctionner la base d’unité du Parti, composée de ses trois éléments : 1) l’idéologie, le marxisme-léninisme-maoïsme, pensée gonzalo, 2) le programme et 3) la ligne politique générale avec son centre, la ligne militaire. Le Congrès a réussi également à asseoir des bases solides pour la conquête du Pouvoir en perspective, j’insiste, en perspective.

Nous n’avons pu réaliser le Congrès qu’au milieu de la guerre populaire. Et nous disons ceci parce que, en 1967 déjà, nous parlions de réaliser le cinquième congrès et en 1976, le Congrès de reconstitution. Nous avons fait des tentatives pendant plusieurs années sans pouvoir y parvenir, pourquoi ? Ce fait met en évidence ce qu’on a vu dans bon nombre de partis qui, lorsqu’ils se préparent à engager la lutte armée, à prendre les armes, s’empêtrent dans de grandes luttes intestines qui mènent à des divisions, à des éclatements. Et c’est de cette manière que le développement de la conquête du Pouvoir les armes à la main est frustré. Ceci nous amena en 1978 à ajourner le congrès pour le réaliser en pleine guerre populaire. Nous suivîmes un raisonnement assez simple : étant déjà en guerre, qui allait s’opposer à la guerre populaire ? Avec un congrès et un parti les armes à la main, avec une guerre populaire vigoureuse, comment pourrait-il y en avoir qui s’opposent au développement de la guerre populaire ? Ils ne pourraient plus nous faire tort.

Le Congrès a fait évoluer d’autres situations, a fait voir et comprendre plus profondément le processus de la guerre populaire et particulièrement la nécessité de construire la conquête du Pouvoir. Le Congrès a aussi fait un bond dans la lutte et c’est une bonne chose. Il est nécessaire de le dire avec clarté, bien que certains s’obstinent à mal comprendre. Mais finalement nous sommes guéris des mauvaises interprétations, de ces éléments étrangers et non révolutionnaires. Dans le Congrès on a défini que la lutte de deux lignes au sein du Parti est menée contre le révisionnisme en tant que danger principal.

Cela mérite une petite explication. Dans le Parti il n’y a pas de ligne opportuniste de droite. Ce qui se présente en ce moment, ce ne sont que des attitudes, des idées, des critères et même des positions de droite isolées. Justement en approfondissant le problème, le Congrès a conclu que le fait de combattre le révisionnisme comme danger principal, est le meilleur moyen pour le Parti de le prévenir et de conjurer la possibilité qu’en son sein puisse se manifester une ligne opportuniste de droite, qui serait révisionniste.

Le Président Mao nous a toujours demandé de nous soucier du révisionnisme parce que c’est le danger principal de la révolution mondiale. C’est de cette façon que nous pouvons être en accord avec la situation en dehors de nos rangs, puisque toute manifestation d’attitudes, d’idées, de critères et des positions de droite qui puisse se manifester dans le Parti, est en rapport avec la dynamique idéologique, le retentissement de la lutte des classes, les campagnes de l’État réactionnaire, la propre action du révisionnisme dans le pays, les activités contre-révolutionnaires de l’impérialisme ; et particulièrement la lutte entre les deux superpuissances et le sinistre travail du révisionnisme à l’échelle mondiale. C’est de cette manière que le Parti nous vaccine, nous prépare, et que nous devenons plus vigilants. De telle sorte que c’est en appliquant une ferme et sagace lutte de deux lignes au sein du peuple – j’insiste bien, sur le fait qu’il n’y a pas de ligne opportuniste de droite- que nous pouvons empêcher qu’une ligne révisionniste puisse se présenter. Ce qui vient d’être dit pourrait être mal interprété, mais il faut dire les choses telles qu’elles sont et éduquer le peuple. Le Congrès nous arme et nous commande. Gardons-nous du révisionnisme ! et Le combattre implacablement !, partout où il se manifeste, tout en commençant à le conjurer et à combattre toute expression qui pourrait apparaître au sein-même du Parti. Ainsi nous sommes mieux armés pour combattre le révisionnisme hors de nos rangs et à l’échelle mondiale. C’est un des points les plus importants du Congrès.

Le Congrès nous a dotés d’une grande unanimité. Oui, l’unanimité, car nous nous en tenons à ce que Lénine demandait : un parti, pour affronter des situations complexes et difficiles, comme celles que nous affrontons quotidiennement, surtout dans les moments décisifs où nous nous trouvons et où nous nous trouverons, doit avoir l’unanimité. Il faut déployer la lutte pour avoir une ligne claire, bien définie et une égale compréhension, pour acquérir une unité de fer et frapper avec fermeté. C’est aussi ce que le Congrès nous a donné, l’unanimité, mais acquise, j’insiste, avec la lutte de deux lignes. C’est ainsi que nous agissons. Et pourquoi en est-il ainsi ? Je le répète une fois de plus : le Parti est une contradiction, et toute contradiction renferme deux aspects en lutte. Il en est ainsi, et personne ne peut y échapper.

Aujourd’hui notre Parti est donc plus uni que jamais ; et plus uni en vue des grandes tâches qu’il doit accomplir avec résolution et fermeté. Par ailleurs, le Congrès a sélectionné, comme il se doit, le Comité Central ; et comme il s’agit du Premier Congrès nous avons donc le Premier Comité Central. Le Congrès nous a donné tout cela et finalement, comme nous le savons tous bien, ce qu’on a sanctionné et ratifié dans l’instance organique supérieure, c’est l’instance suprême d’un Parti. Aujourd’hui tous nous rend plus forts, plus unis, plus décidés, plus résolus ; mais il y a quelque chose qui mérite d’être souligné à nouveau : le Congrès est fils du Parti et de la guerre. Sans la guerre populaire on n’aurait pas pu accomplir cette tâche historique, en suspens depuis presque 60 ans, depuis la fondation en 28. Mais le fait important c’est que le Congrès fortifie le développement de la guerre populaire, lui rend amplement ce qu’elle a fait pour sa concrétisation. La guerre populaire est plus forte aujourd’hui et elle sera demain plus puissante qu’hier.

Pour toutes ces raisons, le Congrès est pour nous, membres du Parti Communiste du Pérou, un jalon impérissable de victoire et nous sommes sûrs qu’il restera gravé dans l’histoire de notre Parti. Nous espérons de lui de grands résultats qui servent le prolétariat du Pérou et le peuple péruvien, qui servent le prolétariat international, les nations opprimées et les peuples du monde.

El Diario : Certains disent que la réalisation du Premier Congrès du PCP, pour les conditions-mêmes dans lesquelles il eut lieu, d’intense guerre populaire, a signifié un coup dur pour les forces réactionnaires. Qu’en dites-vous ?

Président Gonzalo : Il nous semble que c’est une opinion juste qui démontre qu’il y a, dans ce pays, une classe et un peuple qui comprennent ce que nous faisons, ce que le Parti fait. Pour nous c’est une reconnaissance importante qui nous amène à fournir plus d’efforts afin de mériter cette confiance, cette espérance.

El Diario : Le Parti Communiste du Pérou aurait-il subi une épuration avant la réalisation du Congrès ?

Président Gonzalo : Non, dans notre cas, nous avons eu la forte épuration au moment de commencer la guerre populaire, dans le IXème Réunion Plénière de 79. Là nous avons livré une dure lutte contre une ligne opportuniste de droite qui s’opposait à commencer la guerre populaire. C’est là que se sont produits des expulsions et une épuration dans le Parti. Mais comme il est établi à juste titre, l’épuration renforce et nous nous sommes fortifiés. La preuve en est que nous sommes entrés dans la guerre populaire et que nous en sommes déjà à notre huitième année. Dans le Congrès, il ne s’est pas produit une telle épuration.

El Diario : Beaucoup se demandent et ne comprennent pas où résidait la force et la fermeté du militant du PCP ? Ce serait peut être dans sa solide formation idéologique ? Comment se passe ce processus chez les militants ?

Président Gonzalo : La force des militants du Parti réside vraiment dans la formation idéologique et politique. Elle s’appuie sur le fait que les militants embrassent l’idéologie du prolétariat et sa forme spécifique : le marxisme-léninisme-maoïsme, pensée gonzalo, le programme et la ligne politique générale avec son centre, la ligne militaire. C’est à partir de cela que se développe la force des militants. Une chose qui nous préoccupe beaucoup pour commencer la guerre populaire, fut les militants. Pendant la préparation de la guerre populaire, nous nous sommes posés le problème de comment forger les militants, et nous nous sommes imposés de grandes exigences : rompre avec la vieille société, se consacrer totalement et complètement à la révolution et donner notre vie. Rappelons-nous la Réunion Plénière du Comité Central de 80 et l’école militaire qui en disent long. A la fin de tous ces événements, tous les militants s’engagèrent. Nous assumâmes tous la tâche d’être les initiateurs de la guerre populaire. Ce fut un engagement solennel qui par la suite, s’étendit à tout le Parti.

Comment se déroule ce processus ? D’abord chacun des futurs militants, avant de l’être, va se forger dans la lutte de classes où chacun participe, progresse et travaille plus près de nous, jusqu’au moment où chacun, individuellement, prend la grande décision de demander son entrée au Parti qui analyse ses qualités, ses mérites, aussi bien que ses limites, car nous en avons tous. Puis il lui donne le rang de militant, s’il le mérite. C’est dans le Parti que commence alors la formation idéologique systématique. C’est lui qui fait de nous des communistes. Les circonstances des dernières années ont comme trait caractéristique que les militants se trempent dans la guerre ; et, qui plus est, ceux qui entrent, le font dans un Parti qui dirige la guerre. Et dès lors, s’ils y entrent, c’est pour agir, d’abord et principalement, comme communistes, comme combattants de l’Armée Populaire de Guérilla, et comme administrateurs dans les cas correspondants aux instances du Nouvel Etat que nous organisons.

La guerre populaire est donc un autre élément très important qui contribue à forger les militants. En résumé : même si nous partons de la question idéologico-politique, la guerre elle-même forge le militant. Dans cette forge ardente, elle nous modèle en fonction du Parti. C’est ainsi que nous avançons tous, tout en nous rendant utiles. Malgré cela, nous avons toujours une contradiction entre la ligne rouge qui domine dans notre tête et la ligne contraire. Les deux se manifestent car il n’y a pas de communiste à cent pour cent, et dans notre esprit se livre la lutte de deux lignes. Cette lutte est capitale aussi pour forger les militants ; notre objectif étant que la ligne rouge s’impose toujours à nous. C’est ce que nous cherchons.

C’est de cette manière que se forgent les militants ; et les faits montrent le degré d’héroïsme révolutionnaire que sont capables d’atteindre les militants tout comme les fils du peuple.

El Diario : Pensez-vous qu’une des expressions les plus élevées de l’héroïsme des militants du P.C.P se soit manifestée dans les prisons le 19 Juin 1986 ?

Président Gonzalo : Oui. C’est une haute expression. Mais nous considérons que le plus grand héroïsme révolutionnaire qui coula à flots, s’est produit lors du génocide des années 83 et 84, quand nous affrontions les forces armées venant de faire leur entrée dans le conflit. Ce fut jusqu’à aujourd’hui le plus grand génocide massif ; au cours de ce génocide il eut de grandioses manifestations de combativité populaire, ce qui est capital et essentiel et de plus, il y a là une expression massive d’héroïsme, de dévouement, de don de sa vie, non seulement de la part des communistes, mais aussi de celle des paysans, des ouvriers, des intellectuels, des fils du peuple. C’est là qu’il y eut la plus grande démonstration d’héroïsme révolutionnaire massif et là aussi que nous nous sommes le plus forgés.

Alors, vous pourriez nous dire, pourquoi commémorez-vous le 19 Juin comme le « Jour de l’Héroïsme » ? Le 19 c’est une date qui montre à notre peuple et au monde de quoi sont capables les communistes fermes et les révolutionnaires conséquents, car, non seulement sont tombés des communistes, la plupart était des révolutionnaires. Pour cette raison c’est devenu un symbole, parce que c’est une date spécifique, alors que le génocide général a duré deux années et représente de nombreux faits dispersés ; le 19 est un fait unique d’un grand retentissement et un exemple qui a bouleversé le Pérou et le monde. C’est pour cela que nous avons choisi le 19 Juin comme le « Jour de l’Héroïsme ».

El Diario : Président, comment le PCP peut soutenir matériellement le gigantesque appareil du Parti, y compris l’Armée Populaire de Guérilla ?

Président Gonzalo : Je crois que cette question mérite quelques précisions. Sur le Parti, le Président Mao nous enseigne, ainsi que l’ont toujours fait Marx, Lénine et les grands marxistes, que le parti n’est pas un parti de masses, mais que le parti a un caractère de masses ; caractère de masses qui se manifeste dans le fait que le parti est une organisation sélective : une sélection des meilleures, de ceux qui ont fait leur preuves, de ceux qui ont de l’étoffe, comme le disait Staline. Étant peu nombreux par rapport à l’immense masse, le parti défend les intérêts du prolétariat, assume l’intérêt de classe du prolétariat, dans la mesure où il assume l’émancipation du prolétariat qui n’arrivera qu’avec le communisme. Mais comme dans la révolution agissent d’autres classes qui composent le peuple, le parti défend aussi leurs intérêts en conformité avec le fait que le prolétariat ne peut s’émanciper qu’en émancipant les autres classes opprimées. Autrement, il ne peut s’émanciper.

C’est pour cela que le parti a un caractère de masses mais le parti n’est pas un parti de masses. Le parti de masses dont on parle beaucoup aujourd’hui, n’est que l’expression, une fois de plus, de positions révisionnistes pourries ; ce sont ces partis d’adhérents, de fonctionnaires, ces machines organisationnelles. Notre parti est un parti de militants, de dirigeants, c’est une machine de guerre comme le demandait Lénine lui-même. Bon ! Je crois que pour renforcer ceci nous pouvons penser au nombre de bolcheviques au moment du triomphe de la révolution d’Octobre : 80 mille pour un pays de 150 millions d’habitants.

Les Parti est un système d’organisations et évidemment il a des besoins. La formation d’une armée numériquement beaucoup plus grande, plus vaste, a aussi des exigences. Les marxisme nous a aussi enseigné comment résoudre le problème, en particulier le Président Mao. Le PCC instruit par le Président Mao Tsétoung avait conclu que le soutien économique qu’on donnait aux partis était corrosif et que c’était un critère révisionniste parce qu’un parti doit s’appuyer sur ses propres forces. C’est ce principe que nous avons suivi, compter sur nos propres forces. Nous appuyer sur nos propres forces a un rapport avec les nécessités économiques, mais principalement, de notre point de vue, a un rapport avec la façon de s’orienter idéologiquement et politiquement. C’est à partir de cela que nous pouvons voir comment assumer les nécessités économiques qui sans cesse se présentent. Il serait erroné de dire qu’elles n’existent pas.

Alors, en nous basant sur ces critères, nous avons réglé le problème et nous continuerons à le régler en nous appuyant sur les masses. Ce sont les masses de notre peuple : c’est le prolétariat, notre classe, parce qu’elle est notre classe, c’est à elle que nous devons rendre compte, c’est elle que nous servons, c’est notre paysannerie, pauvre principalement, ce sont les intellectuels, la petite bourgeoisie, les plus avancés, les révolutionnaires, ceux qui veulent la transformation radicale, la révolution en un mot. Ce sont ceux sur lesquels s’appuie le Parti, principalement la paysannerie et le prolétariat, ce sont sur eux qu’il s’appuie. Et si nous allons plus loin, la paysannerie, pauvre principalement, est celle qui se retire le pain de la bouche pour nous le donner, celle qui nous donne un morceau de sa couverture, un petit coin sous son toit. C’est elle qui nous soutient, nous appuie et nous offre son propre sang comme l’offrent le prolétariat et aussi les intellectuels ; c’est comme ça que nous progressons. Nous nous basons sur cela.

Ce problème nous amène aux questions suivantes. Partir de ce principe nous permet d’être indépendants, de ne dépendre d’aucun bâton de commandement, quel qu’il soit, parce que dans le communisme international on s’habitua au diktat. Khrouchtchev était un champion du bâton de commandement, comme l’est Gorbatchev aujourd’hui, ou comme l’est Deng, ce sinistre personnage. Indépendance parce que chaque Parti Communiste doit décider lui-même, car il a la responsabilité de sa révolution, ce qui ne veut pas dire se détacher de la révolution mondiale, mais précisément la servir. Ceci nous permet d’exercer l’auto-décision, c’est-à-dire le fait de décider nous-mêmes. Le Président Mao parlait ainsi : on nous donna beaucoup de conseils, des bons et des mauvais ; mais si nous avions accepté un principe erroné, la responsabilité n’appartiendrait pas à celui qui nous l’a donné mais à nous-mêmes. Pourquoi ? Parce que nous pratiquons l’autonomie de décision, qui s’accorde avec l’indépendance, et que cela nous conduit à l’autosuffisance, à ne compter que sur nos propres forces.

Cela veut-il dire que nous nions l’internationalisme prolétarien ? Non, au contraire, nous sommes des pratiquants fervents et conséquents de l’internationalisme prolétarien. Et nous sommes convaincus du soutien que nous apportent le prolétariat international, les nations opprimées, les peuples du monde, les partis ou organisations-mêmes qui sont toujours fidèles au marxisme, quel que soit leur degré de développement. Nous reconnaissons que la première chose qu’ils nous donnent, leur premier soutien, c’est leur propre lutte. La propagande ou les célébrations qu’ils font, sont un soutien qui gagne progressivement l’opinion publique. C’est ainsi que s’exprime l’internationalisme prolétarien. Il se manifeste aussi dans les conseils qu’ils nous donnent, dans leurs opinions. Mais, j’insiste, c’est nous qui devons décider si nous acceptons ou non les conseils ; et s’ils sont justes, ils sont évidemment bien accueillis car entre les partis nous avons l’obligation de nous entraider, surtout dans ces temps difficiles et complexes.

Alors, j’insiste, toute lutte que livrent le prolétariat, les nations opprimées, les peuples du monde, les partis et les organisations fermes et fidèles au marxisme, toute cette lutte est la première grande aide concrète de l’internationalisme prolétarien. Cependant, la plus grandiose aide que nous ayons, c’est l’immarcescible marxisme-léninisme-maoïsme, l’idéologie du prolétariat international, celle que la classe ouvrière a générée au cours de longues décennies et de milliers de combats à travers le monde entier. C’est celle-ci, l’aide la plus grandiose que nous recevons parce que c’est la lumière. Sans cette lumière nos yeux ne verraient rien, mais avec cette lumière nos yeux peuvent voir et nos mains agir. C’est ainsi que nous voyons ce problème et c’est ainsi que nous avançons.

El Diario : Président, peut-être cette question est-elle superflue, mais nous aimerions avoir votre opinion sur les partis révisionnistes qui vivent des fondations internationales, des grandes puissances impérialistes et du social-impérialisme?

Président Gonzalo : Je peux dire qu’ils ont trahi la révolution mondiale et qu’ils trahissent dans chaque pays, la révolution, la classe et le peuple ; parce que servir les superpuissances ou les puissances impérialistes, servir le révisionnisme, surtout le social-impérialisme, marcher derrière un bâton de commandement, être des pions de l’échiquier dans le jeu pour la domination du monde c’est trahir la révolution.

Source: https://www.pcmaoiste.org/actuinter/2587/

Theorists of the subaltern: Gramsci and Sison in the counter-hegemonic juggernaut through the People’s Protracted War

 Vu l’intérêt théorique important que suscite ce texte et son accès gratuit limité via internet, nous avons pensé le partager sous notre blog web / Given the important theoretical interest that this text generates and its limited free access via the Internet, we thought to share it under our Web blog.

José Maria Sison

Jose Maria Sison

 

Antonio Gramsci

Antonio Gramsci

 

 

 

 

 

ABSTRACT

 

 

ANTONIO GRAMSCI continues to reap much interest from both the academe and the revolutionary movements in the last fifty years or so. The academics pore over his writings in search of theoretical illumination on culture, language, ideology, and symbols in relation to the exercise of power and class rule in societies and history. The Marxists, on the other hand, are concerned about his thoughts on revolutionary strategy in relation to the question of building the workers’ socialist state, even as the same revolutionaries are rummaging through Gramsci’s manuscripts for some sort of guidance on the individual ethics in the conduct of the revolution. The Italian Communist Party leader Gramsci, whose more than a decade of incarceration at the fascist stockades of Mussolini produced the celebrated « Prison Notebooks », has become likewise the obsession of delirious thoughts of both the revolutionaries wishing to crush the world capitalist order and put a decisive end to the “exploitation of man by man” in general, and even the apologists of the predatory, parasitic, and moribund capitalist system. With the central theme of cultural hegemony, Gramsci’s widely un-translated, chaotic, coded, and voluminous notebooks are enshrined with seminal thoughts seeking to understand why the workers and people have failed to behave the way Karl Marx and Friedrich Engels predicted them to have done so—that is to rise in class revolutions from the inhuman subjugation by which capitalism and semi-colonialism have enslaved them for centuries. Affirming his Marxist revolutionary zeal and the necessity of social revolutions to emancipate the workers and people from the yoke of semi-colonialism, and the brunt of capitalist exploitation, Gramsci cautions nonetheless that the political project of a revolution is far from being a walk in the park given the complex psyche of the workers and people in the realm of consent and dissent which is produced by what he calls cultural hegemony. As he puts it paradoxically, “the old order is dying, but the young cannot be born.” And why it is so? Referring to the moribund capitalism and the yet unborn socialism, Gramsci asserts that the secret on the general apathy of workers and people apparently lies in the recesses of the human consciousness, through culture, ideology, language, and symbols in relation to the power of those who rule and the ambiguous understanding of the subalterns-ruled.

The article seeks to highlight Gramsci’s idea of cultural hegemony and point out in the same manner that the « People’s Protracted War » adopted by JOSE MARIA SISON within the specific characteristics of the Philippine conditions and revolution, precisely addresses the requirements set forth by Gramsci in his postulates on culture and its importance in the revolutionary struggle for national and social emancipation and socialism. The fact that Gramsci underscored culture and the theory of cultural hegemony per se as fluid, vibrant, and at oftentimes consent and dissent are contradictory, yet complementary in nature, the same may escape the grasp of mechanical Marxists as they subsume culture to be a mere product, and as the subjective reflection of the objective instruments and relations of production referred to as the infrastructure in Marxist discourses.
Whilst Sison neither referred nor addressed Gramsci directly in his theoretical and practical works on the Philippine Revolution as the founding chair of the re-established Communist Party of the Philippines (CPP 1968), the « People’s Protracted War » as a revolutionary strategy which is attributed much to Sison’s authorship, surprisingly identifies with the requirements posited by Gramsci on how to counter the cultural hegemony. In effect, Sison, through the conduct of the « People’s Protracted War » may have simply delivered the counter-cultural juggernaut which is attuned to Gramsci and can be considered as a concrete contribution of the Filipino revolutionary experience to the rich treasury of the Marxist-Leninist and Maoist theory and praxis. Sison’s strategy locates both the complexities of dealing with culture in revolutionary praxis by which Gramsci assiduously grappled with and at the same time, Sison proves that a revolution is far from being a spontaneous uprising of the workers and people in certain conjunctural moments. Rather, the revolution as a Marxist political enterprise has to be built painstakingly over years of tempered struggles within the hearts and minds of the workers and the people as the decisive battlefronts between the forces of reaction and those of the revolution.

« Men make their own history, but they do not make it as they please; they do not make it under self-selected circumstances, but under circumstances existing already, given and transmitted from the past. The tradition of all dead générations weighs like a nightmare on the brains of the living. And just as they seem to be occupied with revolutionizing themselves and things, creating something that did not exist before, precisely in such epochs of revolutionary crisis, they anxiously conjure up the spirits of the past to their service, borrowing from them names, battle slogans, and costumes in order to present this new scene in world history in time-honored disguise and borrowed language. »
― Karl Marx, The Eighteenth Brumaire of Louis Bonaparte

 

 

« The crisis consists precisely in the fact that the old is dying and the new cannot be born;
in this interregnum, a great variety of morbid symptoms appear. »
― Antonio Gramsci, Prison Notebooks

 

CULTURE IN THE CLASSICAL MARXIST TRADITION IS CONSIDERED THE
BYPRODUCT OF SOCIAL INSTITUTIONS LIKE THE FAMILY, EDUCATIONAL SYSTEM,
CHURCH, MASS MEDIA, LAWS, COURTS OF LAWS, LABOR UNIONS, CIVIC
ORGANIZATIONS, AND OTHERS BY WHICH GRAMSCI GROUPED TOGETHER AS
THE CIVIL SOCIETY.

Yet prior to Gramsci, it was Karl Marx, a towering intellectual figure in the last century, in collaboration with Friedrich Engels who provided much of the theoretical and philosophical frameworks for socialist revolutions and national democratic movements in the last and present centuries beginning with the German Commune towards the establishment of the defunct socialist USSR, China, Cuba, and almost all the entire Eastern
European socialist block after World War II. Such ideas of Marx are so powerful that they have both inspired various national democratic movements and revolutions in nations of Latin America, Africa and Asia, including that of the Philippines.

 

Marx’s works center on his dialectical and historical materialist philosophy which outlines the superiority of matter over consciousness and the law of the union and struggle of opposites which caused the movement and development of things; the theory of surplus value which explained that every wealth is created by the workers, yet the workers themselves by virtue of their non-ownership of the instruments of production and the private appropriation of the products of their labor, became poor, disenfranchised, and alienated in the process; the theory of scientific socialism which is, on the other hand, instructive on how the workers shall build their own state and society free from the fetters of the “exploitation of man by man” through the private appropriation of capital and resources yet in a socialized scheme of production; the cyclical crisis of capitalism which breeds the impoverishment of almost two thirds of humanity; and the export of capital and crisis by the global north to the global south in an increasingly solidifying international capitalist system.

“Everything is concrete” and “everything has a material basis,” declared by Marx and his followers like Vladimir Lenin, whose dialectical materialist philosophy concurs that matter precedes consciousness and consciousness is but a reflection of the material reality. Through this dialectical materialist philosophy which is in contrast with vulgar materialism and mechanical Marxism, Marxists do hold that matter is superior over human consciousness, rational or otherwise, and such consciousness is but a mirror and a subjective interpretation of the concrete reality. The dialectical interpretation of the development of matter holds that all things are in constant motion and their movement is determined by the union and struggle of opposites within the essence of all things, known as the law of contradiction. Thus, to understand a thing or a process for that matter, a sociologist must capture a subject matter or a process in its constant process, in a particular state, location or time frame, while one must decisively understand the internal contradictions from within as well as the objective conditions from which a thing or process do exist.

The same is true with culture, but what is culture by the way?

For the Marxists who represent half of the entire intellectual tradition within the sphere of sociology, psychology, history, and politics—culture and consciousness are but unconscious and conscious reflections of the material bases of society and history which comprise the material conditions of society and the world, specifically, the economic structures of relations in production, control, and ownership of the instruments of production and even the norms and processes of distribution of wealth which are created by such productive endeavors of the whole society.

How are these reflections arranged, reflected, amplified, and inculcated in the minds of the people? A sociologist as he was, Marx pointed to the social institutions of family, church, educational system, and mass media as the dominant sources or machinery of culture which peddled the dominant ideas to the people from language and folklore to a sophisticated conception of reality in the form of ideology and sciences.

Upon gaining consciousness, for instance, a child’s formative years are influenced and molded mainly by the values, beliefs, biases, and conception of reality by the child’s immediate family. They, who are the members of the family, are those who introduce the child to the world through the family’s held values, outlooks and conception of the world itself, society, history, and even the authority of the government and state. Prior to the child’s school age, his formative years are decisively shaped by the family.

Such a child’s initial outlook to the world is resolutely reinforced by the school system, cementing further the said outlook. The influence of the school system is so pervasive that it provides the strongest foundation of the outlook and values which are to be held dear later in the adult life of the child.

The media and the church, on the other hand, serve to underline and highlight these values and outlook in most of the adult life of the child. In the first place, both the outlooks of the family and the educational system which served in the most critical stage of the child’s formative years are also the products of the church and the mass media.

What values, beliefs, folklore, outlook, and character do these dominant machinery of culture promote and thus inculcate in the children and the people’s collective psyche, for that matter. Marx would later argue that those who control the economic system of production and the distribution of the fruits of production in certain societies, also control the dominant machinery of culture. It goes therefore without saying that whichever is the ruling class in the economy is also the ruling class in the cultural domain. Those who control the wealth of nations, control the minds of the people as well.

The dominant machinery of culture are institutions which are also controlled and/or owned by those who rule the economic sphere of the society. In capitalist societies, for instance, the mass media or the machinery of media, like television networks, newspapers, the internet and other and facilities are also owned and controlled by the capitalists. The churches, as passive apologists of the system would also promote the interests of the capitalists as their institutional existence is guaranteed by those who are in control of the state, whilst such government is also controlled by the capitalists through intricate relations in the economic sphere of classes in production, replication, and distribution of wealth, privileges and largesse.

In conclusion, the values, beliefs, outlooks, and attitudes being peddled by the machinery of culture are the same values, beliefs, outlooks, and attitudes of the capitalists. This is how Marx and the classical Marxists see it. Thus, despite the pervasive exploitation of the capitalist class on the workers and the resultant widespread poverty and the widening gap between the rich and the poor, resistance and revolutions by the workers and people would not happen in a natural manner in order to create the workers’ state and society. For it is a fact that the workers and people have already imbibed the values and outlooks of the capitalists or the feudal lords in feudal societies and thus, the possibility of open and spontaneous revolt is almost impossible.

The class consciousness of the workers must come from the outside, declared by Lenin in one of his talks with the workers of Russia during the formative years of the Russian socialist revolution. Lenin has pointed out that counter culture initiatives have to be unleashed as an antidote to the dominant culture which is deeply ingrained in the workers’ and people’s consciousness, generating a seemingly unending apathy and resignation among the workers and people to the exploitation of the ruling classes.

GRAMCI’S THEORY ON THE HEGEMONY OF CULTURE APPEARS TO HAVE ADDRESSED THE CRITICS OF THE ORTHODOX MARXISTS WHOSE ATTACKS CENTER ON THE ACCUSATION THAT the Marxists’ conception of culture is mechanical, deterministic, and economic reductionist as it has reduced culture to a mechanical reflection of the material conditions of society and history. Accordingly, such a simplistic view of culture fails to include the nuances and complexities of folklore, beliefs, values, and outlooks and even language as such categories have been formed thousands of years before, passed on from one generation to the other, and have evolved in accordance with the peculiarities of each historical stage and social conditions of every particular epoch. The Marxist view of culture, therefore, is tantamount to economic reductionism and is necessarily bankrupt according to the critics of Marxism.

Against the backdrop of this anti-Marxist polemics, it was Gramsci who have discovered and coined “cultural hegemony”. Whilst most of Gramsci’s works are incoherent and fragmented, his contributions on cultural hegemony have enriched the Marxist sociological analysis and tradition in the areas of culture, language, ideology, and class power and on how the “spontaneous consent” is manufactured and given by the masses to the ruling few who imposes the general direction of the social life of the workers and the people.

According to T.J. Jackson Lears in his work, “The Concept of Cultural Hegemony: Problems and Possibility”, — « whilst Gramsci advanced no precise definition of cultural hegemony, what comes close is the often quoted definition of hegemony as spontaneous consent given by the masses of the people to the general direction imposed on the social life by the dominant fundamental group, this consent is historically caused by the prestige (and consequent confidence) which the dominant group enjoys because of its position and function in the world of production”. The identification of the masses to the ruling classes’ prestige and confidence is the dominant feature of the concept of « spontaneous consent ». A worker, for instance, would not identify with his fellow workers in the sweatshop but rather would envy the prestige of his petty-bourgeois neighbor who enjoys a comfortable living with all the amenities and resources at his home. In practice, it would be easy to organize a worker to a neighborhood association of well-to-do families than into labor unions as his affinity is much stronger with the people he identifies with rather than with his fellow workers. How could one, therefore, organize a trade union with workers who have petty- bourgeoisie aspirations, much more agitate him to join a class revolt?
Lears adds in his interpretation of Gramsci that “the components of culture which require consent from the majority are values, norms, perceptions, beliefs, sentiments, and prejudices that actively support and promote the so-called legitimacy of the ruling order and the nature of things.” Lears continues that consent for Gramsci is a complex phenomenon which involves a “contradictory consciousness” within an individual who belongs to the ruled majority. Contradictory consciousness is defined as “mixing approbation and apathy, resistance and resignation.”

The approbation to the minority rule comes off naturally as it is won through envy and identification of the subalterns with the ruling class, even as the agenda of the ruling class is being discussed and validated in public discourses through the church, mass media, schools, clubs, and even at the confines of family homes. Approbation, therefore, comes off naturally when no other agenda is being discussed off, except that of the ruling class in these fora. Apathy and resignation are twin feelings among the ruled majority as they can no longer react to the proposition of the ruling class and as they are resigned to their individual fates in society. For instance, apathy reigns when the majority feels powerless at the face of an election rigging, the dominance, and perpetuation in power of the political clans and the imposition of the death penalty. Resignation, on the other hand, becomes apparent when an individual appears to be incapable of explaining his fate like why he has no land and a ruling class member has a hacienda to command. He would merely say that it is fate and that it is written in each individual’s palm without questioning how the land-owning family acquired those lands in the past which may be by way of land grabbing during the colonial times.

Resistance may also interplay with the ruled yet to Gramsci, such resistance is within the permissible extent of the consciousness and of the law. The workers may go on strike, but it has to be within the limits of the labor law. To a certain extent, the strike may win some concessions for the workers, but the same concessions are limited within the permissible calculation of the capitalists’ accumulated profit.

To Gramsci as articulated by Lears, this consent “is transformed into spontaneous philosophy and or ideology which is being used by the workers and people in their everyday lives and is contained in:

(1) the language itself (communication), which is a totality of determined notions and concepts and not just words grammatically devoid of content;
(2) common sense (conventional wisdom) and good sense (empirical knowledge); (3) popular religion and therefore, also present in the entire system of beliefs,
superstitions, opinions, ways of seeing things and of acting, which are collectively bundled together under the name, folklore”

Language and communication also play central roles under Gramsci’s hegemony, all of which according to him, serve as the vessels of meanings which are reflective of contradictory consciousness and spontaneous philosophy. In a word, languages and words are arbitrary, as they reflect the people’s arbitrary consciousness of either against and/or for the system and the rule of the few.

Under the concepts of “good sense” and “common sense,” convergence is possible within the context of capitalist culture. However, those who may deviate from these values can be castigated by society through the label of being deviants. To ask, who wield cultural power in such a class society and who cause the manufacturing of this consent? The answer is simple—parents, teachers, journalists, literary experts, priests, bishops, popes, media personalities, advertising executives, and all who define what “common sense” and “good” are for every individual in society. These influencers are labeled by Gramsci as traditional intellectuals. In other words, those who set the social agenda have power. All these powerful personalities are products and would preach the evangelism of the system within the framework of hegemony.

LANGUAGES ARE SIGNS AND SYMBOLS TO GRAMSCI AND NOTHING IS MYSTERIOUS ABOUT IT. Elucidating language, Gramsci says that it comprises mainly of signs and symbols as reflections of the material things that surround the conscious mind. This is the kernel of language as it is also intrinsic with consciousness and of course, with culture. It has also assumed a broader context aside from the mere reflection of things. Subjectivism comes to the fore after things are reflected by the consciousness and/or verbalized or written in communication. Subjectivism is perception and an inner mind’s interpretation of the supposed meaning of things, a process of ascribing symbols, and ultimately ascribing meanings to things. This is also true with assigning and organizing things with their “proper perspectives” like the glass is to drinking while a pig is for slaughtering and as a source of protein.

Subjectivism, therefore, is a process of organizing and assigning roles to nature and things, and to society and power based on the most elemental human needs. Sophisticated organization and assignment of roles occur at the philosophical level in conjuring signs and symbols and abstractions of the reality of nature, social relations, emotions, production, and others which belong to the philosophical domain.

Are language and communication separate from consciousness? Gramsci maintains the dialectical relationship between language and consciousness. Language sprung from consciousness and so consciousness from the language. The development of the sense of perception and psychological mechanisms in the brain is almost synonymous with the recognition of language in the child’s formative years. The formation of concepts, signs, and symbols imbibed by the human mind during the developmental stage of the child’s consciousness are synonymous with the learning and mastery of language.

Language mastery and greater communication skills would mean a child’s better grasp of the concepts, symbols, and signs in the reality of material things and in the aspect of social relations. Without consciousness, there is no possibility of learning the language and without the language, the development of consciousness is impossible. In a word, language and communication are organic parts of the development of the human consciousness which evolve purely for social interaction and relationships in society.

The family, as the first institution which is seen by the child upon his development of the senses, is the mode by which language and communication evolve in the child’s consciousness. The primary giver of language as well as the signs and symbols which will evolve into values, morality, and ideology is the family. In the child’s formative years, language is massively developed and nurtured by the family. It is at this stage when the child comes to terms with the “reality” as represented by signs and symbols in the language. To learn the language is to know the concepts of things “ascribed” by such language as pointed out in our discussion of the glass and the pig. Consciousness, therefore, is not independent of language but in fact, both are one and the same for how can one think if not through abstractions of signs and meanings by way of a language. Whilst others may say that language or communication is/are instrument/s of consciousness to posit communication and interaction, the reverse is the truth. Consciousness itself is language and language is consciousness.

Can consciousness develop in a solitary individual? Can, for instance, a child who is left in the wild with apes and animals and without the benefit of learning the language (and communication) possibly develop his own consciousness? The answer of Gramsci is yes. But such consciousness would also be the consciousness, albeit in a very limited form, of animals which the child has interacted with during his formative years. The signs and symbols which the child will acquire will be the same signs and symbols which are being used by the animals. Such can hardly be said to be in the category of human consciousness and therefore, cannot be classified as consciousness at all, for animals are regarded as without consciousness or have very little of it, which are mostly stimuli and reflexes for the basic needs of the species for food, sex, and on escaping from danger.

Consciousness and language for that matter, as they are one and the same stem mainly from social relations. In our example, the social relation in the family is responsible for the formation of consciousness and language in the child. Without social relations, society (organized society as a whole) consciousness and language would not have any chance of developing. Without social relations, there would be no need for language and communication and for consciousness to spring in the faculty of the mind.

The outstanding anthropologist and a collaborationist of Marx, Engels has outlined the development of language and consciousness in his works on historical materialism, especially on the « Dialectics of Nature » and the « Part Played by Labor in the Transition from Ape to Man. » Accordingly, the development of tools, as there was a need of apes for more sophisticated tools, has been instrumental in the development of language among troops of apes, thus, the beginning of the formation of human consciousness thousands of years ago.
As years go by with evolutionary development and the use of tools, the ape served as the bridge between the development of human species from the animal kingdom. The need for sophisticated tools and groupings for more effective hunting and food gathering undertakings as well as in warding the danger off served as stimuli for the development of social relations among apes, hence, the need for communication and the development of signs and concepts which are integral in language and consciousness.

It must be noted, however, as pointed by Engels, that this evolutionary development took thousands of years to develop before the consciousness of the present form came into being which is almost simultaneous with the development of fire and agriculture, a fairly sophisticated and complex society which also came simultaneously with the development of a fairly sophisticated and complex consciousness and language.

In its sophisticated and complex form, culture is a broad ideology as there are “pressure” and “consent” for individual and group members of a certain society to behave, abide, think, and set off life’s goals in relation to the prescribed rules and norms of such society. These prescribed norms can be written or unwritten which can be found in values, traditions, norms, folklores, ethical standards, jurisprudence, laws, and others. In a way, ideology is an abstraction of things as collectively perceived by society. Readers may note that the primary machinery of culture- family, religion, school system, and mass media have the power to define the sets of values, ethical standards, and the way things have to be perceived in conjunction with social values. They are the sources of social constructs of things. It has become too apparent for instance, that things are ascribed with meanings. Wine, at case point, can be seen as a religious symbol, so is bread, and even the food on the table is held sacred by a family who eats together on the table. The pig in our example above has now become a sacrilegious thing for the Muslims because of religion, so is the prescription of marriage and family as the basic unit of the society and property relations.

The policeman, for instance, becomes a symbol of state power. Thus, in subscribing the ideology of the state, the first lesson a mother or a father may inculcate at the mind of a toddler is “hala may pulis, huhulin ka,” ascribing fear for the state apparatuses at the very young mind of the child. What is printed has become also authoritative. Books and laws are held sacred by the public and are generally followed and obeyed, without much questioning the content and intent of such materials. Textbooks are too generally regarded as true and correct although there are obvious grammatical errors in the texts.

But one may argue that there are debates and discussions in society, and even in bourgeois capitalist societies, debates are highly encouraged to ferret the truth. In fact, the speaker can fairly choose his language and speech to his gusto, as well as the writer for that matter. Gramsci, in echoing Marx, clarified that men are free to create their conditions of existence, yet such is limited to the material conditions of which they exist. One, for instance, a man may not just walk into the bank and get money from the teller without maintaining an account there. Or a bright young child of a peasant family, dreaming of being a doctor, that one day may not simply go to UP Manila or UST and take up medicine in order to realize his lofty dream. He is in fact forbidden to wax such dream of becoming a doctor at an early age, knowing fully-well his family’s financial situation. Worst, he might not even know where is UP Manila or UST or might even have not seen at all a doctor in his lifetime.
What about freedom of speech? Whilst one may speak freely, his speech has to be organized in such a way that such can be understood by his audience. Otherwise, such speech may defeat its own purpose. And in order to be understood, the speaker must use the language and skills for “effective speaking” which should be comprehensible to his audience. Yet as we have emphasized, language is synonymous with consciousness and to what and how one thinks of and what one may speak of. The ideas in the mind are in the form of language and the language itself is the idea in the mind. Therefore, what the mind has absorbed by way of the dominant machinery of culture would be the same content that has to be spoken of by the speaker. Communication, therefore, is deeply rooted in culture and the dominant machinery of culture as perceived and inculcated to the members of society. There are of course deviants and even anti-culture or counter-culture proponents and advocates, yet these are in the minority who are seeking changes in society.

Can one escape from the domination of the dominant machinery of culture? Escaping from these can be hard as the consciousness is fully well-designed even in the structure of language. Syntax or the way ideas and language are organized has taken an ideological form. Even the organization of ideas in the mind, which can be from descending or ascending order, is ideological in nature and is prescribed by society. In sum, culture, language, and communication which are one and the same are ideological in essence and serve as the instruments of consent to the hegemonic block in the society.

Gramsci does not think that culture, language, and ideology are manufactured and forced upon the subaltern groups by the ruling class. To him, the same were effortlessly created by the traditional intellectuals within the civil society as these traditional intellectuals set off the agenda in public discourse and up to which extent this agenda is permissible within the dominant machinery of culture. On the family level, for instance, children are forbidden to question the “wisdom” of men of authorities like the priests, doctors, teachers, and government officials. Questioning such men are considered unethical and almost taboo within the range of family values. So much so in schools, in the bureaucracy, and in courts of law in which no one is expected to question the officials therein and if so, the questions should be within the permissible limit set forth by what is considered as ethical, legal, and in accordance with propriety.

The role, therefore, of civil society is fundamental in the creation and sustenance of « spontaneous consent » and hegemony. Whilst the traditional intellectuals may not be conscious of their role in civil society, they are regarded as the primary propagator of the ruling classes’ culture and ideology through the full range of the machineries of culture and the massive use of language in the daily social interaction between the ruling classes and the subaltern groups or between and among themselves.

Antithetical of the civil society is the political society which Gramsci refers to as the sheer force of the state which comprises the forces of the military, police, prison system, and other para-military adjuncts which the state could employ and deploy at its service to neutralize any violator of the law.

In sum, the civil and political societies comprise the two fundamental instruments by which the ruling classes rule the subaltern classes and groups and maintain their hegemony at both the cultural domain and the economic instruments of production and distribution in the life of a society. Such are complementary with each other and function in concert for the maintenance of equilibrium in society wherein social classes are expected to behave within the acceptable limits established by culture, ideology, and laws of society.

THE DISCUSSIONS IN GRAMSCI’S NOTEBOOKS ARE HEAVILY CONCENTRATED ON THE ASPECTS OF HEGEMONY, YET HE ALSO TOUCHED ON THE QUESTIONS OF THE STRATEGY AND TACTICS OF THE WORKERS’ REVOLUTION WITHIN THE CONTEXT OF HEGEMONY. It is notable that he introduced in the texts the concepts of the war of position, the war of maneuver, historical blocks, organic intellectuals, and insurrection.

Gramsci wrote the “Prison Notebooks” at the time when the workers’ movement and the Communist Party of Italy suffered severe setbacks at the forces of fascism under Mussolini. Gramsci’s preoccupation in his notebooks was to clarify the nature of Italian society, the consciousness of the workers and the people as well as the trajectory of the socialist revolution. Much concentration has been given to cultural hegemony in his works. However, in his scant references to the strategy and tactics, he mentions the concepts of the war of position and maneuver, recognizing that a class revolution is in the form of war. The first has reference to the apparently long, painstaking, and arduous preparations that are required upon the workers to create counter-hegemonic initiatives in laying the ground for revolution. Referring to the heavy influence of the traditional intellectuals within the hegemonic context, Gramsci calls on the workers to produce what he terms as organic intellectuals in order to pursue counter-hegemonic undertakings within the civil society and within the premise of the war on position.

Understandably, these organic intellectuals may have been produced through massive and sustained education through the mass and protest movements, union syndicalism and strike movement, and alliance building with various classes and groups within the entire range of the workers’ struggle for socialism. The war of position and the deployment of organic intellectuals to the cleavages of struggles within the workers’ trade union movement and the people’s struggle for democratic rights shall spawn the growth of organic intellectuals themselves who shall preach the idea of the revolution and in the process, educate the workers and the masses against the hegemony of capitalism.

Accordingly, the war of position may last for a long time and Gramsci did not specify a timetable therein for some obvious reasons, although the revolutionaries have interpreted the same as the stage by which the foundation of the revolution is being built at the hearts and minds of the workers and people.
Gramsci also mentions historical blocks which some translators and intellectuals who used to pore on the manuscripts refer to the form of alliances by the workers with other subaltern and interest groups within the society. Some have interpreted the historical blocks as a united front alliance on the basis of tactical and strategic issues, interests, and unities among subaltern groups gravitating within the center of the workers’ struggles. To Gramsci, this historical blocks can be powerful in the anti-hegemonic propaganda and must, therefore, be considered to be fundamental in the course of the revolutionary undertaking.

The war of maneuver by which Gramsci refers to as the final siege of the working class on the state’s instruments of terror entails the need for insurrectionary types of the uprising to finally defeat the armor of the state through a confrontational military assault in various parts of the country wherein the state forces are entrenched. Unlike the most pronounced Marxist military strategists in the persons of Mao Zedong, Chou En Lai, and Nguyen Giap, Gramsci has a very limited discussion on this strategy. Owing maybe to his limited military experience or the total absence of which, Gramsci maintains a general outline of this type of insurrection without giving the details, requirements, and the general conduct of insurrection or the war of maneuver in the context of military and armed warfare in both strategic and tactical senses.

THE DOCUMENT, THE SPECIFIC CHARACTERISTICS OF OUR PEOPLE’S WAR which is considered as a fundamental document of the Communist Party of the Philippines (CPP) and whose authorship is widely attributed to Sison lists the characteristics of the Philippine revolution, as follows: 1) National Democratic Revolution of a New Type; 2) Protracted War in the Countryside; 3) Fighting in a Small Mountainous Archipelago; 4) From Small and Weak to Big and Strong; 5) A Fascist Puppet Dictatorship Amidst Crisis; 6) Under One Imperialist Power; 7) Decline of U.S. Imperialism and Advance of the World Revolution.

From the document, the Philippine revolution is considered to be a national-democratic in nature as it is designed to fully liberate the Philippines from the clutches of U.S. imperialism which is supposed to dominate the country’s socio-political-economic life in connivance with the local ruling classes of big compradors and landlords. However, it has been qualified to be of a new type as the direction of the national democratic struggle is set forth towards socialism rather than in the trajectory of the bourgeois-democratic state which was the character of the old type of the national democratic revolution led by Bonifacio and later on by Aguinaldo which was frustrated by the arrival of the Americans, the new colonizing power after the old democratic revolution of 1896 drove the Spaniards from the Philippine shores. Again, it is of a new type because the revolution is now being led by the proletariat, instead of that of the bourgeoisie illustrado of the old one.

The revolution henceforth identifies the three (3) main evils of the Philippine society as that of the U.S. imperialism, feudalism, and bureaucrat capitalism. Accordingly, the local feudalism which evolved into semi-feudalism stands as the social base from which imperialism stands on, while the bureaucrat capitalism serves for the virtual monopoly of the state and its instruments (the bureaucracy and the military) by the big comprador and landlord classes, using such state to promote their narrow interests in various business ventures to include the wanton and unabated corruption of the state’s coffers.

Because of imperialism and semi-feudalism, the country is said to be in perpetual crisis within the ambit of the global capitalist order. The source of such crisis is traceable to the fact that the country has been made by the U.S. imperialism as the dumping site of its surplus products and capital and at the same time, the source of cheap, raw materials and bountiful and equally cheap labor. Understandably, if the country exports raw materials and imports finished products as dictated by the U.S. imperialism, the country would incur ballooning trade and budgetary deficits over the years and offset the same, by borrowing funds from the multilateral agencies controlled by the imperialists themselves like the World Bank, the International Monetary Fund, and others.

The landlord and comprador classes being the owners of the vast tracts of land in the country and who controls the businesses and the state apparatuses are the normal beneficiaries of this imbalance trade by way of big profits, corruptions, and kickbacks in loans as precipitated by the perpetual trade and budgetary deficits on an annual basis. At the receiving end of the unending crisis is the masses of people who endure high prices of commodities and services, onerous taxation due to debt servicing and corruption, low wages and salaries of workers and employees, and the dispossession of lands of the Filipino peasants who comprise close to eighty percent majority of the Filipino populace.

The solution being offered by the new democratic type revolution is to dismantle imperialism, feudalism and bureaucrat capitalism, smash the state apparatuses of the landlords and big compradors, and install a coalition government of classes and sectors lead by the working class through its political party, the CPP. On the economic side, the revolution promises to implement the agrarian revolution and the nationalist industrialization to develop a self-sustaining and progressive national economy.

To destroy the reactionary state and gain political power from nothing, the revolution has organized the party of the workers which is the CPP, the united front through the National Democratic Front (NDF) and the New People’s Army (NPA). The party, as the vanguard and the detachment of the most advanced elements of the Filipino proletariat, possesses the absolute command and control of the NPA even as it locates itself at the core of the united front organizations. Through these organizations, the party wages two (2) complimentary struggles of the legal democratic mass movement and the armed struggle in the countryside.

The legal democratic struggle is based on the democratic demands of the people through mass movements and parliamentary struggles which at the same time, broadens the base of the united front in sustained mass campaigns and protest movements to include workers’ agitation in the factories, agitations in various university campuses, churches, government institutions, and in other platforms. Conducted both in urban and rural settings, the protest movements run around the burning issues of the day from land reform, militarization, salaries and wages, high prices of consumers goods, and social, budgetary cuts in social services, and others. The most advanced activists within the united front and the protest movements are recruited as elements of the party wherein they are expected to remold themselves through the struggle and acquire a proletarian outlook in the process.

The party, meanwhile, leads the NPA’s guerrilla warfare under the strategic line of encircling the cities from the countryside through the stages of strategic defensive, strategic stalemate, and strategic offensive. The tasks of the NPA is to implement the agrarian revolution in the countryside, build guerrilla (fronts) mass base areas, and sustain the armed struggle through the various strategic stages until such a time that it is ready to demolish the ruling reactionary state in the strategic offensive phase of the armed struggle. From small to big, and from big to strong, the NPA regularly conducts the war of attrition and annihilation in order to build its armed arsenal through the confiscation of military material from the enemy forces and to rally the peasantry to its organization through the implementation of the agrarian revolution. It has to be understood that main forces of the NPA come from the peasantry, being the largest population in the country and the beneficiary of the agrarian revolution which is the main content of the revolution of the new type.

With the basic alliance of the working class and the peasant class through the NPA, the party projects at defeating the reactionary state through the gradual accumulation of forces in the mass movements and armed struggle up to such a time that it can frontally attack the state and install a coalition government to push for the agrarian revolution on a national scale, coupled with the implementation of the nationalist industrialization. It shall, therefore, serve as the basis of the country’s socialist transformation.

IN THE CONDUCT OF THE PEOPLE’S WAR, THE PHILIPPINE REVOLUTION MAY HAVE FULFILLED THE GRAMSCIAN REQUIREMENTS IN THE WAR OF POSITION WITHIN THE ASPECT OF PREPARING THE REVOLUTION OUT OF NOTHING AND FROM SMALL AND WEAK TO BIG AND STRONG.

Among the strikingly Gramscian characteristics of the Philippine revolution are:

  1. The workers’ party assumes the role of Machiavelli’s prince. Gramsci has various references to the party as the Machiavelli’s prince which organizes and rallies the workers and people for moral enlightenment and for their collective good. Nonetheless, unlike the old national democratic revolution in the past which was led by the few individual illustrado, the democratic revolution of the present and of the new type is being led by the various collectives of the CPP in different aspects of the struggle from the mass movement, united front building, and the conduct of armed struggle. Noticeably, the revolution is far from being led by an individual prince, but by a cadre system of seasoned Marxist proletarian revolutionaries who are incepted in the formations of the NPA, the workers’ unions, the organizations in universities, churches, barrios and towns, communities, in prison cells, and even in government institutions. These cadres who came from the ranks of the workers, peasants, middle classes, and even from the landowning and national bourgeois classes have acquired a proletarian outlook through constant remoulding in the years of struggles. They are professional revolutionaries and have dedicated themselves to the service of the revolution, the proletariat, and the people. They are at the core, in the advance of the revolution through their painstaking aggregation in ideological, political, organizational, and military works of the party.
  2. Through assiduous and meticulous conduct of the people’s protracted war, the party, the people’s army and the united front organizations are determinedly engaged in counter-hegemonic propaganda in the context of the war of position by way of armed struggle, base-building in the countryside, organization of the united front, and the execution of various, timely, and even simultaneous political mass campaigns at different scopes in workplaces, communities, schools, towns, provinces, and even in activities of national breadth. By way of different yet simultaneous and sustained engagements of various units of the party, the army, and the united front organizations, the revolution engages itself in what Gramsci calls as the war of position in educating and at the same time teaching the masses the value of collective actions and struggles. Such continuous and sustained undertakings result in the uninterrupted growth of the party, the NPA, and the united front organizations, of illegal and legal types. Beyond Gramsci, nonetheless, the conduct of people’s protracted war is not only a war of position in the political sense. It is also a war of position in the military front as the NPA by way of the execution of revolutionary land sharing, guerrilla front base-area building, armed struggle– continue as well to build its armed arsenal and personnel up to such decisive leap from the strategic defensive to strategic stalemate towards the strategic offensive. The same war of position is characterized with calculated advances of the revolutionary army on the basis of the level of the forces’ consolidation and the general armed strength for much bigger military actions through the guerilla warfare of attrition and annihilation types of offensive and counter-offensive against the enemy forces. The archipelagic and mountainous terrain in the countryside is a fertile ground for guerrilla warfare wherein the NPA could effectively maneuver and meticulously pick up a fight it could win and withdraw from the fight which it could not triumph. In classical guerrilla tactics, the NPA chooses the fights which are advantageous to it and withdraw from such battles which it may deem to be disadvantageous in terms of firepower superiority, fighters’ numerical strength, and tactical position in the terrain of battle. In this manner, whilst the NPA is generally inferior to the enemy in the strategic term, it is always superior in the tactical sense as it chooses the battles it could win in the vast countryside where revolutionary guerilla (fronts) base areas are organized in support of the armed revolution. In the words of Sison, it is in the wide countryside where the people’s army could effectively maneuver « in eating up the enemy forces piece by piece and destroying them step by step ».

  3. The cadre system is the organic intellectuals and the moral force of the revolution which Gramsci refers to as one fundamental requisite within the war of position. As argued above, the cadre system of the vanguard party is at the front and center of every party activity in the ideological, political, organizational, and military works

They are deeply entrenched into the masses through the armed and unarmed, legal and illegal mass organizations. They are mass-based and organically linked with the organized masses who practice the dictum “from the masses, to the masses” which means learning from the masses and pointing to them the directions of their struggle. Certainly far from being elitist in character and practice, the cadres of the revolution live and struggle with the masses through the Marxist, Leninist, and Maoist line and ethical standards, concretizing the tasks of agitating, educating, and mobilizing the masses along the people’s protracted war strategy for the well-rounded development of all the revolutionary forces, armed and unarmed.

  1. Lastly, Gramsci talks of historical block/s as a necessary component in the war of position. With this, he must be referring to the united front building in an effort to gravitate all the friendly forces of the revolution under its fold. On the basis of the basic alliance between the proletariat and the peasant classes, the united front serves to attract the classes of the petty bourgeois, the national bourgeois, and other middle forces which are vacillating between the reaction and the revolution. Through the united front work, the Philippine revolution is creating various and different historical blocks in numerous platforms and places, in various struggles and campaigns and in different sectors and places in support of the armed struggle mainly, and secondarily for the conduct of the urban mass movement and political struggles.

Despising the spontaneity of the masses, the Philippine national democratic revolution of a new type is being built step by step and brick upon brick in an edifice, in the heart and minds of workers, peasant, and other classes which subscribe to its call of national sovereignty, self-determination, agrarian revolution, nationalist industrialization, and socialist transformation on the second stage of the revolution. It is organically linked to the broad anti-imperialist struggle of the most oppressed nations and people as well as to the internationalist proletarian march to socialism. It has been waged for more than fifty (50) since 1968 and the revolutionaries have affirmed their willingness to carry on the revolution for another fifty (50) more years or so to attain its primary objective of educating, organizing and mobilizing the workers and the masses for their own salvation through the building of a truly independent, sovereign and democratic Philippines towards socialism.
Certainly, the revolution continues to rage on in the sporadic skirmishes under the guerrilla warfare in the vast, rugged and mountainous agrarian countryside and at the same time in the war of position within the hearts and minds of the Filipino workers and people. The same hearts and mind of the workers and people are the decisive battle grounds between the forces of the revolution and reaction.

The counter-hegemonic juggernaut of Gramsci and Sison is vibrantly and resolutely advancing.
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JR VALILA
Asian Center, University of the Philippines Diliman March 2019

 

Source : https://s3.amazonaws.com/academia.edu.documents/59271211/Theorists_of_the_subaltern20190516-13830-85ebe3.pdf?AWSAccessKeyId=AKIAIWOWYYGZ2Y53UL3A&Expires=1558637447&Signature=x5n5UzY89mXHNcbRNzqiIGQ1FuA%3D&response-content-disposition=attachment%3B+filename%3DTheorists_of_the_subaltern_Gramsci_and_S.pdf

Le point de vue maoïste sur la GPP dans les pays impérialistes

Pour nous maoïstes, le processus révolutionnaire n’est pas spontané. C’est un aspect essentiel de la question de la révolution. Le mouvement de mai/juin 1968 a montré quelles sont les conséquences de l’absence d’une organisation maoïste dirigeant le mouvement de masses.

Les masses ont ébranlé le système, mais elles ne l’ont pas renversé. La contre-révolution a pu ainsi reprendre le dessus, au fur et à mesure et en profitant des idéologies social-démocrate et gaulliste.

Mais un autre aspect non moins essentiel est que la révolution communiste est la révolution des masses populaires. Les maoïstes sont une avant-garde au sens où leur objectif est que les masses suivent le chemin de la révolution.

Ce sont les masses qui font l’ histoire ; comme le dit Mao Zedong,  » le peuple, le peuple seul est la force motrice, le créateur de l’histoire universelle « .

Le concept de guerre populaire correspond à ce principe maoïste. La guerre populaire est la guerre des masses populaires ; elle seule fraie le chemin au socialisme, au communisme. Il n’y a de processus réellement révolutionnaire que s’il y a une guerre populaire.

Celle-ci peut prendre plusieurs formes ; cela dépend des pays, des conditions concrètes. Le concept de guerre populaire est un concept scientifique, valable universellement, dont l’application dépend de son champ d’application.

Le camarade Gonzalo a résumé cette position ainsi :  » Pour nous, le président Mao Zedong, en établissant les principes de la guerre populaire, a doté le prolétariat de sa ligne militaire, de sa théorie et de sa pratique militaire, de valeur universelle, donc applicable partout, selon les conditions concrètes « .

Cette position est la seule scientifique, elle seule permet aux révolutionnaires de trouver suffisamment de créativité pour avancer dans le processus révolutionnaire. Cette position permet de ne pas tomber dans l’erreur révisionniste opposant les révolutions russe et chinoise.

La révolution russe est le fruit du long travail d’agitation de propagande des Bolchéviks, de leur organisation de l’insurrection d’Octobre 1917, puis de l’armée rouge dans la lutte contre les troupes contre-révolutionnaires et ses soutiens impérialistes.

La révolution chinoise est le fruit du long développement de l’armée rouge et des conquêtes de zones libérées, jusqu’à la libération de tout le pays.

Lénine, Staline et la troisième Internationale ont eu raison d’affirmer le caractère universel de la révolution russe, c’est-à-dire de la dictature du prolétariat. Mais la troisième Internationale a souvent compris cela de manière mécanique, et donné à la révolution russe un caractère de modèle universel.

Après la révolution chinoise, d’autres dogmatiques considéreront qu’il s’agit là aussi d’un modèle universel.
Ces positions sont erronées, car elle nie le caractère particulier de la révolution dans chaque pays.

C’est pourquoi le Parti Communiste du Pérou a souligné la nécessité pour les communistes de chaque pays de développer une  » pensée  » spécifique. Au Pérou l’idéologie est ainsi le marxisme-léninisme-maoïsme pensée Gonzalo ; de même dans chaque pays les communistes doivent comprendre comment la guerre populaire peut et doit se développer.

Ceux et Celles qui raisonnent de manière schématique sont condamnés à échouer.

Rosa Luxembourg et Che Guevara ont tenté d’appliquer schématiquement un modèle de révolution, sans étudier les conditions concrètes. L’échec en a été la conséquence. Inversement, là où les communistes appliquent la guerre populaire prolongée aux conditions concrètes, celle-ci devient indestructible, comme c’est le cas au Pérou, ou encore au Népal.

La guerre populaire prolongée est la guerre des masses populaires ; la situation des masses populaires étant différente selon les pays, le mode d’action change. Dans le fameux interview du camarade Gonzalo, celui-ci dit ainsi : « L’Amérique latine, par exemple, compte des villes proportionnellement plus grandes que celles des autres continents.

C’est une réalité de l’Amérique Latine qu’on ne peut ignorer. Il suffit de voir la capitale du Pérou, qui a un taux de population élevé. Ainsi, pour nous, la ville ne pouvait être laissée de côté et la guerre devait s’y dérouler aussi, toutefois la lutte se livre principalement à la campagne, celle de la ville restant le complément nécessaire « .

La guerre populaire en Amérique latine possède donc des caractéristiques différentes de celles des autres continents. Pour pouvoir mener une guerre populaire correcte, il faut connaître dans tous les cas l’histoire du pays, l’histoire du développement économique, l’histoire des masses et de leurs luttes, la géographie, les tâches historiques des communistes.

En ce qui concerne la France par exemple, on voit bien que le schéma opposant  » révolution des villes  » et  » révolution des campagnes  » est absurde. Car dans les pays impérialistes, une grande partie de la population est rurbaine.

Elle n’habite pas dans une ville au sens classique du terme, et elle n’a pas de rapports avec la production agricole. En France, environ 20 millions de personnes vivent dans des zones rurbaines.

Cette population ne vit plus la grande concentration urbaine propre aux zones ouvrières. C’est pourtant dans cette zone que la classe ouvrière y est la plus nombreuse. La classe ouvrière fait ainsi 35% de la population active française, mais elle est beaucoup plus présente dans les zones rurbaines que dans les villes.

L’Etat impérialiste français a ainsi soutenu le développement culturel de la petite-bourgeoisie dans ces zones rurbaines, où les pavillons s’opposent ainsi aux HLM (qui comptent plus de 3,5 millions d’appartements).

Ce sont ainsi les classes dominantes et la petite-bourgeoisie qui dominent culturellement le prolétariat, jusque dans ses bastions. Le phénomène de la  » banlieue rouge « , apparue avec le développement du Parti Communiste en France, disparaît un peu plus à chaque élection municipale depuis que le révisionnisme prédomine dans ce parti.

Peut-on ainsi dire que la révolution russe est un  » modèle  » pour la révolution en France ? Non, on ne le peut pas. Ce que nous pouvons dire c’est que, au fond et comme Lénine l’a fait remarqué, la révolution consistera en la dictature du prolétariat, comme en Russie.

Nous pouvons par conséquent dire que cette révolution sera une guerre populaire, comme l’a fait remarqué le camarade Gonzalo, avec trois outils donc : le Parti, l’Armée, le Front.
Pas de révolution sans les  » trois épées magiques  » !

L’histoire de la révolution socialiste dans les pays impérialistes est justement un échec en raison de la non utilisation de ces trois outils, décrit par Mao Zedong comme les  » trois épées magiques « .

Les révolutionnaires d’Allemagne avaient, dans les années 1930, un très bon Parti Communiste, ainsi qu’un Front de grande dimension (allant des combattants antifascistes à l’organisation de courses de motos). Mais l’absence d’une armée en tant que telle leur fera subir une défaite totale.

Les révolutionnaires d’Italie avaient, dans les années 1970, organisé un grand embryon d’armée. Mais les Brigades Rouges repoussèrent la structuration d’un véritable Parti Communiste et nièrent l’importance du Front. La conséquence sera une déviation militariste accompagné d’un isolement croissant, formant une spirale infernale.

Si aujourd’hui nous pouvons avoir cette grille d’analyse, c’est grâce à l’expérience accumulée par le mouvement ouvrier et communiste en Europe occidentale. La réflexion sur la révolution dans les pays capitalistes ne s’est jamais arrêtée depuis la révolution russe.

Initialement, les communistes d’Europe occidentale pensaient qu’il fallait utiliser le modèle soviétique. Cette position a amené de nombreuses dérives gauchistes. Le Parti Communiste d’Autriche appelait ainsi chaque semaine à la Révolution socialiste, sans se soucier d’organiser les masses populaires. Il y a également et bien sûr eu la tentative des Spartakistes de Rosa Luxembourg de renverser la bourgeoisie, tentative écrasée dans le sang.

Par la suite s’est développée au sein de l’Internationale Communiste la thèse du front populaire. L’utilisation du front pour organiser les larges masses visait à rassembler contre le fascisme, mais également pour la révolution.

Tel ne fut pas le cas en Europe. Les communistes de France se soumirent, comme ceux/celles d’Espagne ou même d’Italie, à la social-démocratie. En 1936, le fascisme fut vaincu en France, mais le Parti Communiste devint  » Français  » et réhabilita le patriotisme, la Marseillaise, la révolution bourgeoise de 1789.

Cette attitude ne se modifia pas pendant la Résistance armée des années de guerre impérialiste (1939-1945).

Et les révisionnistes dominèrent même idéologiquement les révolutionnaires par l’intermédiaire de ce concept de  » front », qui devint la quête des  » 51%  » aux élections. Des années 1950 à aujourd’hui, tout l’histoire du  » Parti Communiste Français  » est ainsi la recherche d’un  » front  » des forces  » progressistes « ,  » démocratiques « , etc.

Le Front Populaire devait permettre l’organisation à la base, il devint un prétexte pour une recherche d’alliances électorales. Le trotskysme, liquidé, put renaître grâce à l’opportunisme de cette thèse, s’affirmant comme les seuls vrais  » révolutionnaires « .

Or, à l’opposé des trotskystes, nous communistes ne pensons pas que la thèse du Front Populaire soit fausse ; c’est son application en Europe qui a été erroné.

En Chine, les communistes ont très bien appliqué ce concept du front. Ils/Elles ne se sont pas soumisEs à la petite-bourgeoisie ni à la bourgeoisie nationale. Les communistes ont conservé leur indépendance, et ont dirigé le mouvement.

Ainsi, en Europe occidentale, l’opportunisme en ce qui concerne la question du Front a abouti à la cessation de l’analyse révolutionnaire conséquente. Il a fallu attendre les années 1970 pour que des tentatives de réponse à cette question révolutionnaire soit posée.

Apprendre des succès comme des échecs ! Le philosophe allemand Hegel a affirmé que  » Tout ce qui est réel est rationnel, tout ce qui est rationnel est réel « . Les communistes ne nient pas les phénomènes historiques , même si cela ne leur  » plaît  » pas ; au contraire ils/elles en étudient les aspects positifs comme négatifs.

Si nous relisons l’interview du camarade Gonzalo, nous pouvons ainsi y lire le paragraphe suivant :

 » Quant à l’Europe, nous voyons s’y développer de longues luttes armées ; elles sont l’expression d’une réalité objective. Par conséquent, il ne s’agit pas de condamner, mais de comprendre, d’étudier et d’analyser, et de voir comment elles expriment le fait qu’une situation révolutionnaire existe aussi dans la vieille Europe.

Plus encore, il y a des hommes [et des femmes] qui prennent les armes en comprenant que c’est la seule façon de conquérir le pouvoir ; c’est un coup dur pour le révisionnisme, parce qu’en Europe même, considérée comme un de ses bastions, le révisionnisme commence à être abandonné. Quels que soient le niveau atteint et les problèmes en suspens, c’est incontestablement une avancée importante.

Dans certains cas, il s’agit de questions nationales, comme en Irlande. Dans d’autres, ils se posent le problème de comment faire la révolution. Nous pensons que ces luttes doivent être sérieusement étudiées : la question est de voir quelle est leur idéologie, quelle politique les guide, quelles classes elles servent, comment elles font face au problème des superpuissances.

Nous pensons qu’elles méritent beaucoup d’attention de notre part, surtout quand il y a des organisations qui se posent la question du retour à Mao Zedong, ou qui commencent à se poser la question de la nécessité du Parti, ou de l’insuffisance de la seule lutte armée.

Alors, nous devons voir ceci comme un nouvel éveil, et comprendre que de nombreuses erreurs peuvent être commises ; finalement, qui n’en commet pas ?

Mais ce sont elles-mêmes qui tireront les leçons de leurs erreurs, comme elles sont déjà en train de le faire, et elles avanceront, s’empareront du marxisme-léninisme-maoïsme, construiront leurs Partis et feront leurs guerres populaires, selon le caractère socialiste de leur révolution et selon leurs conditions concrètes.

En synthèse, c’est un exemple, je le répète, qu’en Europe aussi il y a une situation révolutionnaire de développement inégal, qu’il y a des hommes dégoûtés du révisionnisme pourri qui, dans des conditions si difficiles, au sein des entrailles impérialistes où la lutte est complexe et dure, prennent les fusils pour changer le monde, comme c’est d’ailleurs la seule façon de le faire.

Ceci donne plus d’espoir et permet de voir que la tendance principale c’est la révolution, et que l’Europe, elle aussi, s’oriente vers la révolution.

Voyons même qu’après avoir été pionniers, ils sont en train d’ouvrir des brèches et en fin de compte d’offrir plus d’espoir ; ils méritent plus de compréhension de notre part, d’autant qu’on voit que quelques uns se préoccupent déjà du Parti et du retour à Mao Zedong, c’est-à-dire du retour au marxisme, pou s’en saisir dans son ensemble : le marxisme-léninisme-maoïsme.

En Europe aussi se mènent ces luttes, avec également des limites et des erreurs, comme dans toute lutte, mais nous devons les voir comme une expression de la marche irrépressible de la révolution, et de comment à chaque fois plus de pays et de peuples s’expriment en prenant les fusils pour renverser l’ordre existant.

Ils acquièrent de l’expérience et font route vers le Parti et l’idéologie du prolétariat, le marxisme-léninisme-maoïsme, principalement le maoïsme.

Pour moi c’est un motif de joie que de voir qu’en Europe la révolution commence à se frayer un chemin, et quels que soient les accrochages, les faux pas qui puissent avoir lieu, il faut avoir confiance dans les masses et les peuples, confiance dans le fait que, de la même façon qu’ailleurs, la révolution a lieu les armes à la main, en suivant le marxisme, en Europe elle se fera aussi, nous devons y penser.

J’insiste sur le fait que nous devrions voir une dimension historique, voir à plus longue échéance, étudier sérieusement ces mouvements et encourager tout ce qui conduit au marxisme-léninisme-maoïsme, à forger un Parti et à développer la guerre populaire « .

Pour résumer, nous pouvons dire que la situation des années 1970-1980, résumée par le camarade Gonzalo, est l’exacte inverse de celle des années 1920-1950.

Il y a des armées ou des armées en construction, mais ni le Parti, ni le Front. Puisque de plus pour, nous maoïstes, le Parti dirige l’armée, on peut s’attendre à des déviations militaristes, ainsi qu’au fait que le Front  » oublié  » permet une très forte mainmise des révisionnistes et des sociaux-démocrates sur les organisations des masses.

De fait, telle a été la situation.
Les années 1970, expériences complémentaires de celles des années 1920-1940
Lorsque dans les années 1950-1960 les révisionnistes prennent définitivement le pouvoir dans les Partis Communistes des pays capitalistes européens, la situation est très difficile pour les véritables communistes.

Les sources du révisionnisme sont profondes. Les chefs du révisionnisme français et italien, Thorez et Togliatti, sont depuis longtemps aux commandes des Parti de France et d’Italie ; de plus leurs positions ouvertement révisionnistes sont progressives. Thorez prétendra ainsi encore défendre Staline.

Deux positions vont ainsi se développer chez les communistes. La première considère que la source principale du révisionnisme est extérieure aux Partis Communistes des pays européens. Il s’agit par conséquent de refonder le plus vite possible un Parti Communiste défendant une ligne correcte.

La seconde affirme au contraire que les sources du révisionnisme sont principalement internes aux Partis Communistes. Il faut donc se fondre dans les masses, et à partir de là reconstruire le Parti Communiste.

La première position a produit une énorme vague de ce qu’on appelé les  » groupes ML « . Ces groupes, que l’on peut compter par centaines, se prétendaient chacun le véritable parti communiste.

Aucun n’a connu de développement réel et durable, et tous ont disparu à la fin des années 1970.
La seconde position a produit peu de groupes, mais ceux-ci ont une influence très profonde dans leurs pays respectifs, ainsi qu’un fort ancrage dans les masses. Leur principale caractéristique est la mise en avant de la violence révolutionnaire, la défense de la guerre de guérilla pour prendre le pouvoir.

Il serait évidemment erroné de penser que les communistes refusant le schématisme formel de la construction fictive d’un  » Parti Communiste  » de papier, aient tous/toutes possédé la même position dans tous les domaines. Mais il existe de nombreux dénominateurs commun :

§ L’affirmation de la nécessité de partir des positions de Mao Zedong ;
§ La centralité de la classe ouvrière dans le processus révolutionnaire ;
§ L’internationalisme prolétarien comme identité ;
§ La nécessité de refuser la domination du révisionnisme sur les organisations de masse et d’organiser l’autonomie de celles-ci vis-à-vis de l’Etat impérialiste ;
§ Le primat de la pratique.

La Fraction Armée Rouge affirme ainsi dans son Manifeste que:  » Il n’y aura pas de rôle dirigeant des marxistes-léninistes dans les futurs luttes de classes si l’avant-garde ne tient pas elle-même la bannière rouge de l’internationalisme prolétarien et si l’avant-garde ne répond pas elle-même à la question de savoir comment sera érigé la dictature du prolétariat, comment le pouvoir politique du prolétariat doit être exigé, comment le pouvoir de la bourgeoisie doit être brisé, si elle n’est pas prête avec une pratique à y répondre.

L’analyse de classe dont nous avons besoin n’est pas à faire sans pratique révolutionnaire, sans initiative révolutionnaire »
.
Ce texte se termine d’ailleurs par le slogan  » Victoire dans la Guerre Populaire! ».

Cette position est commune aux partisanEs de la position authentiquement révolutionnaire. Les développements seront très différents selon les pays.

En France, la Gauche Prolétarienne (1969-1972), dont les militantEs se définissent comme  » maoïstes « , réussissent à avoir un écho retentissant dans les masses populaires. La  » GP  » mènera des luttes très dures dans beaucoup de domaines de lutte, organisant les masses sur le terrain de la violence révolutionnaire et principalement la classe ouvrière.

Les principales usines redeviennent les symboles de la révolution, et l’ensemble des intellectuels soutient le mouvement maoïste, notamment Jean-Paul Sartre.

Mais la GP n’a pas crée le Parti, et ses tentatives de construction d’un front ont échoué.

Par conséquent, les activités du bras armé de la GP, la Nouvelle Résistance Prolétarienne (NRP), prend le dessus. La direction prend peur et fait se dissoudre le mouvement, qui n’arrive pas à se relancer.

En Allemagne, les communistes n’arrivent pas réellement à s’implanter dans les masses populaires, à l’opposé d’en France. De plus, le poids du révisionnisme est très grand, et c’est la position de Che Guevara qui prédomine : l’URSS est comprise comme un soutien  » passif  » au processus révolutionnaire, principalement en raison de l’existence de la R.D.A..

Le mouvement se transforme donc très vite en mouvement  » anti « , principalement contre l’impérialisme US et la guerre impérialiste. Au début des années 1980 ce mouvement est de masse et a une grande résonance.

Il n’est pas un jour sans une action armée contre des établissements militaires ou des bâtiments étatiques. De grands mouvements de masse se développent, comme à Berlin où des centaines de maisons sont occupées par les révolutionnaires.

La référence principale est la Fraction Armée Rouge (1970-1998), qui a notamment fait sauter l’ordinateur central coordonnant les bombardements au Nord-Vietnam.

Mais l’ensemble de ses dirigeants se font  » suicider  » en prison. Les générations suivantes frapperont les cadres des organes étatiques, comme en 1991 le responsable de l’intégration économique de l’Allemagne de l’Est dans la RFA.

Au départ la RAF se revendiquait de Mao Zedong, mais très vite ce fut la position guévariste militariste qui domina, position se retrouvant même dans son autocritique finale, pourtant consciente de ses limites :  » Dans aucune phase de notre histoire, il n’y a eu de réalisation d’organisation politique partant de la lutte politico-militaire. Le concept de RAF ne connaissait en dernier lieu que la lutte armée, avec l’attaque politico-militaire dans le centre.

Dans les communiqués fondamentaux de la RAF jusqu’au milieu des année 1970, cette question importante n’était pas encore résolue, ce qui pouvait difficilement être autrement. Il n’y avait dans la métropole quasiment pas et en R.F.A. pas du tout d’expérience de guérilla urbaine.

Il était nécessaire de d’abord trouver beaucoup de choses et de les laisser se vérifier en pratique comme vraies ou fausses.

Malgré cela il y avait une direction pour la question décisive de savoir si le projet de libération pouvait être satisfait par une organisation illégale pour la lutte armée, ou si la construction de la guérilla allait main dans la main avec la construction de structures politiques qui grandiraient dans le processus à la base.

Nos camarades prisonnierEs écrivaient à ce sujet en janvier 1976 que la lutte armée à partir de l’illégalité était la seule possibilité d’activité pratique critique dans l’impérialisme « .
La dernière organisation principale partant de cette position a elle eu un écho fondamental dans son pays, l’Italie. Il s’agit des Brigades Rouges.

Les Brigades Rouges (BR) ont été un mouvement ouvrier. Les bases étaient les usines, les militantEs étaient ouvierEs, les sympathisants faisaient partie de la classe ouvrière.

Ce mouvement est d’ailleurs né dans les usines ; il s’est développé en même temps que les énormes luttes des masses italiennes.

Idéologiquement, les BR sont marxistes-léninistes. Elles se revendiquent des classiques (Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao Zedong) et rejettent très clairement le social-impérialisme russe.

Dans ce cas également, ce mouvement n’a créé ni Parti ni Front, il rejette cette division attribuée à la Troisième Internationale et l’objectif était ainsi la formation d’un  » Parti Communiste Combattant « .

Cette position a eu une conséquence catastrophique puisque les BR possédaient une forte reconnaissance par les masses en Italie. En considérant que les communistes ne devaient travailler qu’à partir de l’illégalité, les BR se sont privées de tout champ d’action à ce niveau.

La conséquence en a été la continuation de la main mise organisationnelle du  » Parti Communiste Italien  » sur les masses populaires, et le développement très fort de courants petits-bourgeois dans la sphère révolutionnaire légale.

Les BR ont  » découvert  » que seule la guérilla pouvait désarticuler l’Etat impérialiste et briser les liens corporatiste entre les classes dirigeantes et les organisations de masse. Elles mirent ainsi en avant le concept d’attaque au cœur de l’Etat : les communistes doivent frapper de telle manière à faire avancer l’autonomie ouvrière vis-à-vis de l’Etat impérialiste et de ses appareils de domination.

Cette conception de l’attaque au cœur de l’Etat distingue les BR des très nombreuses autres organisations armées italiennes des années 1970 (en 1979 il y a par exemple 2366 actions armées révolutionnaires).

Les BR subiront leur principale défaite en 1982 ; depuis un groupe nommé Brigades Rouges pour la construction du Parti Communiste Combattant mène quelques actions, mais sans remettre en question le schéma original tout en adoptant des positions de plus en plus similaires à celles de la RAF .
[Note: Il a bien sûr existé et il existe d’autres organisations armées en Europe. Mais aucune de ces autres organisations n’a été aussi proche du maoïsme.

Par contre, force est de noter qu’elles ont à chaque fois représenté les éléments les plus avancés de l’époque.
Si l’on prend ainsi l’Espagne, on peut voir que le Parti Communiste d’Espagne (reconstitué), qui soutient la guérilla des GRAPO depuis une vingtaine d’années, a une ligne révisionniste armée.

Mais le PCE[r] a été le seul parti à comprendre que la « transition démocratique  » ayant lieu en Espagne ne servait qu’à masquer le fascisme, et c’est pour cela que les GRAPO ont réussi à s’implanter dans l’histoire des classes ouvrières d’Espagne.

Le groupe français Action Directe a été un rassemblement idéologiquement éclectique, allant d’anarchistes à des communistes plus ou moins léninistes. Mais il a consisté en la frange la plus radicale d’un mouvement plus large de solidarité internationaliste et de révolution sociale refusant le trotskysme et la social-démocratie.

Les Cellules Communistes Combattantes belges ont été un groupe encore plus petit se revendiquant ouvertement de groupes militaristes gauchistes de Turquie. Leur « marxisme-léninisme  » a des lacunes très profondes (par exemple sur la question de Staline, où leur positon est quasiment troskyste).

Mais dans ce pays c’est le  » Parti des Travailleurs de Belgique « , néo-révisionniste, qui prédomine totalement parmi les courants révolutionnaires. Les CCC, malgré tout leur gauchisme, ont été une expression avancée du refus de l’opportunisme.

Il est donc clair que c’est l’approche du camarade Gonzalo qui aurait dû être privilégiée dans les années 1970-1990.]

La révolution dans les pays impérialistes
L’organisation des masses populaires dans les pays impérialistes passe de fait par deux aspects majeurs : l’entreprise et le lieu d’habitation.

C’est à ces deux niveaux que le Parti doit agir et développer l’organisation.
Au niveau de l’habitation, on s’aperçoit que dans les « cités » la violence est grande, que tout ce qui se rapporte aux institutions est attaqué par la jeunesse masculine.

La tâche des communistes est de créer les organisations de masses capable de combattre les structures capitalistes, racistes, sexistes.

La violence révolutionnaire a ici un aspect essentiel pour la conquête des droits face aux forces de répression, et passe par une compréhension féministe du monde. Il s’agit de liquider l’appareil de coercition sur les lieux d’habitation populaires, de détruire les institutions culturelles perpétuant l’idéologie contre-révolutionnaire, de développer les droits des masses.

Dans les entreprises, il est erroné de concevoir les syndicats comme force principale. L’écrasante majorité des masses populaires n’est pas active au sein des syndicats, voire même syndiquée (pour un pays comme la France par exemple).

La révolte contre le capitalisme s’exprime de manière autre que syndicale : absentéisme, sabotage, refus des hiérarchies, « cassage » des cadences de travail… Cette violence révolutionnaire est une expression de la recherche de libération des oppriméEs. Elle doit être développée et généralisée.

Le point culminant de la guerre populaire dans les pays impérialistes est la prise du pouvoir dans tout le pays. Cela signifie en clair la destruction définitive du cœur de l’appareil d’Etat impérialiste et des forces de répression.

En pratique, cela consiste en la prise par la violence des différents bâtiments administratifs de l’Etat et le renversement de leur administration, au profit du pouvoir populaire.

Ce pouvoir populaire ne naît pas le jour de l’insurrection. Il s’est développé au fur et à mesure, dans l’agitation, la propagande, la lutte de classes passant par la violence révolutionnaire. La guerre populaire est le développement du pouvoir populaire, qui se fonde sur le Parti, l’Armée et le Front (compris comme alliance des masses populaires sous la direction de la classe ouvrière).

Sans armée le peuple n’a rien, et le pouvoir populaire ne peut pas se développer, se défendre. C’est parce que l’armée n’avait pas été organisée que le Parti Communiste d’Allemagne a vu les très importantes structures de pouvoir populaire qu’il avait construit anéanties par les nazis.

C’est en disposant ce que Mao Zedong avait appelé  » les trois épées magiques  » que les communistes des métropoles impérialistes pourront organiser les masses populaires pour vaincre l’Etat bourgeois et construire le socialisme, pour le communisme.

 

Source: http://www.lesmaterialistes.com/veritable-point-vue-maoiste-guerre-populaire-prolongee-pays-imperialistes

LA MOUVANCE ANAR QUÉBÉCOISE – Nicolas Phébus

Nous republions ici un article écrit en juin 2000, qui présente la mouvance anarchiste québécoise à cette époque (originellement publié sur A-Infos.ca). Cet article de Nicolas Phébus présente la renaissance des collectifs anarchistes suite à un creux durant les années 1997-1999. Ce qui doit retenir l’attention, c’est que le texte semble montrer une composition des forces révolutionnaires assez semblable à celle d’aujourd’hui : une prolifération de petits collectifs qui se concentrent sur des enjeux situés et qui ont des liens distendus entre eux ; mais qui aspirent à une plus grande cohésion. Cette situation de relative faiblesse (en 2000) mènera pourtant à la création de la CLAC (Convergence des Luttes Anticapitalistes) en 2001, pour organiser la résistance au Sommet des Amériques à Québec. De plus, une section québécoise de la NEFAC (Northeastern Federation of Anarchist Communists) sera créée en 2003 ; puis l’Union Communiste Libertaire (UCL), une fédération de collectifs anarchistes québécois de six villes différentes, sera fondée à l’automne 2008. Cet article peut donc nous porter à réfléchir sur la manière dont les collectifs actuels pourraient dépasser un stade précaire d’organisation pour se donner une orientation commune et ainsi gagner en puissance collectivement. L’article montre que de petits collectifs séparés ont la possibilité de s’unir pour devenir plus puissants, et ce en quelques années seulement. L’article souligne cependant qu’un tel gain est rendu possible par le travail rigoureux des camarades, l’étude et la mise en place de structures solides et communes.

 

via LA MOUVANCE ANAR QUÉBÉCOISE – Nicolas Phébus

Déclaration de la rédaction #2 – La reconstruction du parti

Il y a quelques semaines, le Parti communiste révolutionnaire (PCR) a célébré son douzième anniversaire. Cet événement est, à chaque année, l’occasion pour notre organisation de rassembler ses forces avant de les lancer à nouveau dans la lutte pour les prochains mois. Cette année, nous avons lancé le mot d’ordre de fracasser les plafonds du passé et de gravir les paliers historiques. Ce mot d’ordre est d’une importance capitale pour notre organisation : il fixe un objectif dont l’atteinte marquera la conclusion de la période d’activité intense, de réorganisation et de clarification politique dans laquelle le PCR s’est inévitablement engagé lorsqu’il a scissionné des opportunistes canadiensil y a deux ans.

En effet, depuis 2017, nous sommes engagés dans un processus que nous appelons la reconstructionde notre Parti. Nous parlons bien de reconstruction du PCR, car la scission avec les opportunistes canadiens a fait perdre au Parti des effectifs et du territoire. Sur bien des aspects, la scission que nous avons connue nous a forcé à faire un pas de côté Elle nous a obligés à accepter comme un fait objectif la lutte politique traversant désormais le mouvement maoïste canadien, lutte rendant possibles une multitude de transformations pouvant nous permettre de rebondir et de regagner le chemin perdu. Cette lutte politique a ouvert une voie qui autrement aurait été inaccessible. Aussi, le fait d’accepter de mener la lutte est venu avec l’obligation, à terme, de revenir plus forts que nous l’avons été dans le passé.

L’idée de reconstruction d’un parti communiste est liée à une conception véritable reposant sur des expériences concrètes et précieuses de l’histoire de notre mouvement. Récemment, ce terme a d’ailleurs pris une importance renouvelée dans le mouvement international. Cela est normal car le mot d’ordre de la reconstruction est inspirant : il représente l’objectif et l’espoir largement partagésde revoir un essaim de partis communistes bouleverser le monde comme nous l’avons vu au 20esiècle. Il s’agit d’une sorte de cri de ralliement convoquant tous ceux et toutes celles qui ont choisi de continuer la lutte malgré tous les dangers et tous les défis. Reconstruisons! Unissons-nous sous ce mot d’ordre en nous rappelant qu’il n’y a aucun obstacle infranchissable, peu importe l’état de destruction dans lequel le camp de la révolution peut momentanément se trouver! Rangeons-nous derrière cet appel pour traverser les périodes difficiles avec patience et assurance, qualités que seul le fait de lutter pour une cause juste peut conférer!

La reconstruction dans l’histoire : continuer ou abandonner la lutte lors des moments décisifs

La notion de reconstruction est un aspect de la théorie ayant des assises variées dans l’histoire du prolétariat révolutionnaire. L’expérience qui en a fourni les bases fondamentales est sans contredit celle de la lutte contre le révisionnisme moderne. Après la Seconde Guerre mondiale, de larges fractions des partis communistes, qui ont été mis sur pied dans la foulée de la Révolution bolchévique et de la création de l’Internationale communiste, dévient lentement de la voie révolutionnaire. La lutte contre cette déviation révisionniste ouvre une période complexe pendant laquelle ont lieu de nombreuses scissions et de nombreuses expulsions dans les différents partis. À ce moment, les communistes doivent faire le choix entre nier la lutte de lignes avec la droite de leur parti ou bien l’assumer et la mener à terme. Il n’est pas rare que ceux et celles qui font ce choix difficile sont largement minoritaires. Décider de mener le combat implique donc de perdre une quantité souvent considérable d’effectifs et de gains organisationnels pour préserver les forces révolutionnaires de la liquidation de la révolution. Il s’agit parfois d’une perte monumentale. Les révolutionnaires doivent alors reprendre l’initiative et rebâtir l’organisation. La période suivant ces moments de rupture est alors habituellement qualifiée de période de reconstruction ou encore de réorganisation.

Une des expériences les plus significatives – et dont nous nous inspirons grandement dans la reconstruction de notre propre parti – est le processus de reconstruction du Parti communiste au Pérou. Dans le cas des camarades péruviens, la rupture avec la direction révisionniste du parti a lieu en 1964 (le Parti a été fondé en 1927). Elle est suivie d’une longue période de reconstruction, de réorganisation, de transformation et de préparation politique. C’est cette période, avec la vitalité et la force politique qu’elle produit, qui amène le mouvement révolutionnaire péruvien jusqu’au déclenchement de la guerre populaire en 1980. Le fait de rompre avec le révisionnisme et de se reconstruire méthodiquement sur des bases révolutionnaires est ce qui permet au Parti communiste du Pérou d’être la seule organisation qui parvient, dans la période de reflux de la révolution mondiale à la fin des années 1970, à prendre l’initiative et à ouvrir par elle-même une nouvelle voie pour les exploités.

Ainsi, dans la conception que nous tirons de ces expériences, la reconstruction du parti implique une étape de difficultés et de défis. C’est une période dans laquelle on continue la lutte, malgré la perte de gains et d’effectifs, et qui permet un retour en force, avec la possibilité d’atteindre une conjoncture plus forte et plus importante qu’au départ si le combat est bien mené. La reconstruction est une sorte de conséquence des reflux, des difficultés, des échecs relatifs et des obstaclesrencontrés dans la lutte des classes. Pensons aux camarades qui essaient de réorganiser le camp de la révolution au Népal. Pensons aussi aux exemples historiques classiques où l’on n’a pas forcément employé le terme de reconstruction mais où c’est le même processus qui s’est opéré. Certains des moments politiques les plus forts dans l’histoire du mouvement communiste ont suivi les périodes les plus difficiles lors desquelles il a fallu rebâtir ce que l’on venait à peine de construire.

Par exemple, les Bolcheviks, après la grande montée révolutionnaire de 1905-1906 en Russie, doivent traverser une période de reflux très difficile alors que le mouvement de masse s’estompe et que s’abat sur eux la sanglante réaction stolypienne. Dans les années qui suivent, une lutte farouche se développe au sein de la direction des Bolcheviks. Lénine et ses partisans doivent entre autreslutter contre le groupe de Bogdanov et ses alliés qui rejette ouvertement le matérialisme dialectique au profit de conceptions idéalistes. Ils doivent aussi lutter contre la nouvelle position liquidatrice, dominante chez les Mencheviks, selon laquelle l’organisation en parti est devenue encombrante, dangereuse et inutile. Pour donner une idée des conséquences de cette lutte, il n’y a pas, dans les faits, de réunion de Comité central pendant presque deux ans au sein du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR). La Conférence de Prague en 1912, qui marque pour de bon la rupture avec les Mencheviks et les courants idéalistes, rassemble de peine et de misère des délégués des organisations locales (comités de ville) de Russie. Sans adopter le terme de reconstruction, cette conférence lance un vaste travail de reconstruction du parti (relance de ses capacités de base, remplacement de sa structure organisationnelle, développement de nouveaux rayons, redéploiementdes cellules, lancement d’un nouveau journal quotidien – la Pravda –, reprise en charge d’une action révolutionnaire parmi les masses coordonnée) pour épouser le mouvement de masse qui se développe et le nouveau flux révolutionnaire. Cependant, les Bolcheviks ne sont pas au bout de leurs peines puisque deux ans plus tard, soit en 1914, a lieu le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Le parti est alors encore grandement affaibli sur le plan organisationnel (conscription de membres du parti, intensification de la répression, contexte général difficile, destruction presque complète de certains comités, arrestations préventives de dirigeants locaux, etc.) Cette période est aussi celle de l’isolement politique des Bolcheviks, alors que la quasi-totalité des partis et organisations social-démocrates se rangent du côté de leur bourgeoisie nationale. Il n’en reste pas moins que c’est le travail de reconstruction pendant toutes ces années d’adversité qui constitue la précieuse école qui permettra aux Bolcheviks d’affronter la tempête de février à octobre 1917 et les premières années du pouvoir des Soviets.

Un autre exemple important est celui du Parti communiste chinois (PCC), qui, alors qu’il est en plein essor, subit la trahison du Kuomintang (KMT) et de la bourgeoisie nationale en 1927. Les deux organisations se sont, jusque-là, alliées dans le premier front uni afin de libérer la Chine de son état de semi-colonie et d’unifier le pays à travers l’expédition du Nord et le combat contre les seigneurs de guerre. Après la mort de son fondateur Sun Yat-Sen, le KMT, sous la nouvelle direction de Tchang Kai-chek, attaque le PCC alors que ce-dernier n’y est pas du tout préparé. Les communistes subissent alors un véritable massacre. Les choix de la direction du PCC, qui décide de tenter des insurrections perdues d’avance dans les villes, empirent la situation. Les communistes sous la direction de Mao se redéploient au Kiang-si avec l’Armée rouge. C’est ce qui leur permet d’accumuler quelques années d’expérience concrète de guerre populaire et de construction de bases d’appui, jusqu’à la cinquième campagne d’encerclement et d’anéantissement menée par le KMT en 1934. La droite oblige alors le PCC à déroger de ses pratiques militaires habituelles, ce qui entraîne une défaite monumentale. Les communistes sont obligés de faire une manœuvre excentrique (La Longue Marche) et d’abandonner leur position dans le Kiang-si, avec tous les gains qu’ils y avaient faits (les premiers pas de la république soviétique, l’expérience de transformation sociale dans la paysannerie et l’agriculture, etc.) pour se réfugier au Yenan. À ce moment, ils viennent de perdre plus de 60% de leurs forces. C’est ensuite à travers le Front uni antijaponais que les communisteslancent un habile et audacieux travail de reconstruction. Grâce à ce travail, ils parviennent à remonter la pente pour lancer ce qui deviendra le plus grand assaut que la bourgeoisie et les classes sociales exploiteuses ont eu à encaisser dans l’histoire.

Ce qu’il y a de commun dans ces deux exemples, c’est que face à des défis incroyables, les communistes ont eu le choix d’abandonner ou de continuer une expérience. Ce qui était en jeu, c’était la continuité ou la fin d’une expérience révolutionnaire. C’est cet enjeu qui constitue l’essence de la reconstruction. Des exemples comme ceux-là, il y en a partout dans l’histoire. Par exemple, l’unification des socialistes autour de la consolidation politique du marxisme après la défaite des révolutions de 1848-1850 en Europe, l’expérience combattante héroïque du KPD en Allemagne pendant la Seconde guerre mondiale après la destruction presque complète du parti par les nazis, ou encore le déclenchement de la Révolution culturelle en Chine alors que la droite du PCC tente d’arrêter la progression de l’expérience socialiste et d’isoler la gauche révolutionnaire. À chacun de ces moments, les révolutionnaires ont choisi de continuer la lutte. À une plus grande échelle, c’est le même type de processus qui s’opère après la mort de Mao et la restauration du capitalisme en Chine. Un rassemblement de petits groupes ML entame alors un travail de reconstruction du mouvement communiste international. Ces petits groupes s’unifient en adoptant le maoïsme, ouvrant un nouveau cycle de combats et d’affrontements.

L’essence de la reconstruction du parti : préserver le fil conducteur de l’expérience révolutionnaire

Pour bien comprendre l’enjeu de la reconstruction (continuer ou arrêter l’expérience révolutionnaire), il faut regarder dans l’histoire et se pencher sur les conséquences découlant du fait de s’arrêter, ne serait-ce que momentanément. L’un des exemples les plus proches du PCR est celui de la fin du mouvement ML au Québec. N’ayant pas de conception stratégique ferme et refusant d’initier une tentative de montée vers le pouvoir pendant une période de reflux de la révolution mondiale, les ML ont accepté de liquider leurs organisations. Lorsque les organisations communistes (En lutte, PCO) se sont dissoutes, il aurait été possible pour un groupe de se réorganiser. Il aurait certes fallu traverser une certaine période (1 ans, 2 ans, 3 ans, etc.) comportantun grand nombre de défis et sans garantie de succès, mais en jouant bien ses cartes, il aurait étépossible pour ce groupe de préserver une grande partie des gains politiques accumulés. Le début du travail politique d’Action socialiste (l’ancêtre politique du PCR), remonte à l’année 1986. La fin des organisations ML a lieu en 1982-1983. 1986, ce n’est quand même que 3-4 ans plus tard, mais pourtant, il y a un fossé entre les deux. Lorsque l’expérience s’arrête complètement, il n’est plus possible de revenir aussi facilement où on était.

D’ailleurs, ce qui fait la force dirigeante des avant-gardes, c’est la persistance de leur action et de leur expérience révolutionnaire et la transmission de cette expérience. Dans notre cas, il est possible d’imaginer un monde dans lequel les camarades plus jeunes de notre Parti auraient été coupés de l’expérience accumulée par les camarades plus âgés pendant la période d’Action socialiste et pendant celle de la mise sur pied du PCR : ils formeraient alors un simple comité ou encore des cercles épars sur le territoire! Ce serait une réalité politique complètement différente. Ce qui fait que nous sommes encore ce que nous sommes (un parti communiste en reconstruction), dans une période d’adversité, c’est que nous avons continué l’expérience révolutionnaire et en avons préservé le fil conducteur. C’est avec ce fil conducteur que se construit le mouvement révolutionnaire et c’est lui qui permet de ne pas revenir sans arrêt à la case départ.

La reconstruction doit d’abord servir à préserver ce fil conducteur. Il ne s’agit pas de tout recommencer à zéro, mais au contraire de préserver les gains politiques d’un parti et d’une expérience même s’ils ont été diminués quantitativement. Cette perte quantitative est d’ailleurs inévitable dans bien des situations. Dans le cas d’une scission, l’amputation d’une partie de l’organisation est plus souvent qu’autrement le seul moyen de préserver les forces révolutionnaires accumulées. Le pari que font alors les communistes est le suivant : s’ils réussissent l’opération, en misant sur la marge de manœuvre et la force politique qu’ils ont gagnées en rompant avec l’opportunisme, il est possible pour eux de revenir encore plus forts qu’au moment précédent la scission. À chaque fois que les révolutionnaires se butent à de grands obstacles et choisissent malgré tout de poursuivre la lutte, le même phénomène se produit et cela est historiquement démontré. Au début, il y a une période d’adversité à affronter et à la fin, on se retrouve avec un potentiel politiqueincroyable car on est parvenu à préserver et à propulser encore plus loin les éléments fondamentaux d’une expérience. On n’a qu’à se pencher sur l’exemple des Bolcheviks et sur celui des communistes chinois pour s’en convaincre : l’histoire parle d’elle-même.

Dans le cas de notre Parti, le PCR, nous avons scissionné avec les opportunistes canadiens pour préserver le fil conducteur de notre expérience révolutionnaire. C’est ce même genre de fil conducteur qui a été préservé par la conférence de Prague des Bolcheviks et par la Longue marche des communistes chinois. C’est également pour se saisir à nouveau de ce fil conducteur que les révolutionnaires péruviens ont lutté avec acharnement pour revenir au sentier lumineux de Mariategui, le fondateur de leur parti. Il s’agissait à chaque fois d’une question de vie ou de mort. Reconstruire le parti au Canada, c’est avant tout préserver le fil conducteur de l’expérience de ceux et celles qui ont refusé l’attentisme de la période de reflux de la révolution mondiale. Aujourd’hui, dans bien des endroits, c’est ce fil qui a été brisé. C’est ce qui rend si difficile le travail révolutionnaire. Reconstruire, pour beaucoup de camarades, c’est reconstruire des partis qui sont tombés il y a longtemps. Partout, il s’agit d’une lutte pour remplacer les chaînons historiques manquants : rebâtir le parti historique du pays et assimiler le fil conducteur de l’expérience internationale (le maoïsme). Dans le cas du Canada, il s’agissait de revenir aux conceptions fondamentales du parti (la Guerre populaire prolongée, le Parti communiste complet, la centralité ouvrière, les quatre formes objectives d’action révolutionnaire, l’initiative de l’avant-garde) et de laisser parler les actions découlant de l’application de ces conceptions.

Finalement, si nous parlons de la reconstruction du parti pour préserver ce fil conducteur, c’est parce que c’est le parti qui est le cadre de l’expérience révolutionnaire. C’est lui qui permet qu’il y ait suffisamment de continuité dans le temps et dans l’espace pour que l’on puisse parler de la même expérience. Même si plusieurs années s’écoulent ou si des centaines de kilomètres séparent lesdifférents combats, le parti permet de préserver l’expérience et de la transmettre. C’est ce qui s’est produit en Russie : dans ce cas, le fil conducteur reliant le moment de la prise du pouvoir à l’époque antérieure où les militants commençaient à apprendre l’ABC de l’agitation politique a été préservépar le Parti bolchévik. En assurant la continuité et la persistance de l’expérience, les bolchéviks ont réussi à faire progresser le mouvement révolutionnaire de la naissance des premiers cercles social-démocrates jusqu’à la fondation de la république soviétique!

L’objectif de la reconstruction : fracasser les plafonds du passé et gravir les paliers historiques

Vers quoi doit mener la reconstruction? Dans notre cas, nous considérons qu’elle doit amener notre Parti à devenir un véritable parti de révolutionnaires professionnels. Cette expression, il ne faut surtout pas la prendre à la légère. Son emploi exige au contraire que l’on en assume toutes les implications pratiques. L’objectif de la professionnalisation n’en est pas simplement un parmi d’autres, fixé sans grande réflexion. Il s’agit d’un objectif décisif pour les avant-gardes contemporaines. La conscience de la nécessité, plus grande que jamais, de réussir cette opération (la professionnalisation) est un précieux enseignement de la lutte des dernières années au Canada. Les chaînons historiques manquants, ici comme ailleurs, font en sorte que cet objectif est plus important encore que par le passé. C’est donc dans la lutte politique pour réaliser cet objectif que s’est engagé notre Parti.

Bien que nous venons de souligner à grands traits l’importance de se baser sur l’expérience historique du mouvement communiste, la conception que nous défendons est un enseignement de la pratique récente, plus encore qu’un enseignement du passé. En effet, la pratique révolutionnaire actuelle ne fait que confirmer avec plus de netteté tout ce que les victoires et les défaites du passé nous ont appris sur le centralisme, sur la discipline et sur la nécessité d’un parti de révolutionnairesprofessionnels. L’objectif de la professionnalisation est ce qu’exige la pratique actuelle, commune, des différentes avant-gardes révolutionnaires et de celles des pays impérialistes en particulier. La raison en est que depuis les années 1970, au sein des pays impérialistes, s’est développé un palier historique que les révolutionnaires ont du mal à gravir, un plafond objectif à abattre sous peine de ne plus jamais parvenir à relancer des tentatives de montée vers le pouvoir. Les communistes doivent prendre conscience du défi concret consistant à franchir ce palier et leurs réflexions doivent servir à surmonter cette difficulté. Cette prise de conscience est d’autant plus nécessaire que c’est cette difficulté à laquelle se butent toutes les vagues révolutionnaires récentes qui produit et encourage les conceptions opportunistes proposant des détours stratégiques liquidateurs, comme celles que nous avant rencontrées au Canada.

D’ailleurs, c’est pour faire face à ce grand défi que les différentes organisations s’influencent, s’émulent et espèrent voir un parti frère avancer. Une fois le plafond brisé, tous devront s’engouffrer dans la brèche qui viendra d’être ouverte. Chaque organisation devra, à sa façon, trouver le moyen de développer, dans le combat, la force politique et l’expérience nécessaires pour se transformer en une authentique organisation de révolutionnaires professionnels, à la hauteur des tâches qui sont devant elle. Face à la difficulté de notre époque et à l’état de faiblesse relative du mouvement communiste, nous n’avons surtout pas besoin de davantage de laisser-aller et de mollesse; nous avons au contraire besoin du plus haut niveau politique et organisationnel. La lutte politique pour la professionnalisation, c’est la lutte contre tous les courants opportunistes, contre toute la confusion et contre toutes les conceptions erronées qui engendrent et renforcent le relâchement, l’indiscipline et l’absence de méthode. Cette lutte politique ne fait que commencer!

Vive la reconstruction du Parti communiste révolutionnaire!

Luttons partout pour continuer, préserver et renforcer l’expérience révolutionnaire!

Le marxisme-léninisme-maoïsme et la guerre populaire prolongée sont le fil conducteur de notre mouvement!

Fracassons les plafonds du passés et gravissons les paliers historiques!

Les défis de l’époque exigent des révolutionnaires professionnels!

Source:

https://www.iskra-pcr-rcp.ca/2019/03/26/declaration-de-la-redaction-2-la-reconstruction-du-parti/

Mais qui sont donc les véritables « pilleurs » professionnels ?

En soutien au mouvement et à la lutte populaire des GJ, nous publions sur notre site web un article du groupe de La Révolution Permanente, de tendance trotskyste, mais dont nous appuyons l’idée de base qui soutient la colère des masses et le recours légitime à la violence par les GJ.

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« Le pays est à feu et à sang », les qualificatifs égrenés par les grands médias visent à dépeindre une vision de terreur. « Casseurs » n’est plus suffisant, pour le ministre de l’intérieur, il faut désormais parler d’« assassins ». Toute la rhétorique du « casseur » a été poussée à l’extrême, réchauffée en urgence. En effet, l’acte 18 n’était en rien le « baroud d’honneur » professé par le gouvernement. Premier symptôme de cet échec : Macron a acté son retour en urgence à l’Elysée après avoir été au ski.

Crédits photo : https://secoursrouge.org/

« Casseurs », « extrémistes », « antisémites », « racistes », on aura tout entendu depuis le début du soulèvement des Gilets jaunes. Pour l’acte 18, le gouvernement a renouvelé son vocabulaire. Pour Castaner, le mouvement des Gilets jaunes « n’existe plus ». Désormais, « ceux qui excusent, qui encouragent » les violences se rendent « complices » a avertit le Premier ministre. Le gouvernement et ses relais policiers ont lancé de multiples appels adressés aux Gilets jaunes visant à se désolidariser des « pyromanes », « assassins », « criminels » et des « pilleurs ». L’appel est resté vain.

Parallèlement à cette opération gouvernementale, les images de dégradations ou de début d’incendie de plusieurs boutiques et établissements emblématiques de l’avenue des Champs-Elysées, comme la brasserie Fouquet’s, ont été relayées en masses par les grands médias. Encore une fois, l’objectif est de retourner l’opinion publique qui, après 4 mois de mobilisation, tient toujours malgré un léger fléchissement. En effet, le « Grand débat » de Macron n’aura pas permis d’en finir avec les manifestations de rue. Pour retourner l’opinion publique, le gouvernement joue dans la surenchère.

On a aussi vu les multiples images de magasins vidés de leur stock. Sur tweeter, certains ont ironisés en parlant de « solde anticapitaliste ». Mais qui est donc le premier « pilleurs » dans l’histoire ? Qui donc a pillé les poches des plus précaires, et ce de manière systématique depuis le début du quinquennat ? Ne s’agit-il pas d’un pillage en bonne et due forme ? Avec la baisse des APL, la hausse de la CSG pour les retraités, puis la désindexation des retraites sur l’inflation, et la hausse des taxes sur le carburant, ce sont bien les poches des plus précaires qui ont été pillées de manière professionnelle.

Mais ce pillage n’en est qu’à ses débuts. S’il s’agit toujours de prendre aux plus précaires pour donner aux grands patrons et aux riches comme avec la suppression de l’ISF et le CICE, porté à 40 milliards d’euros, le pillage va continuer si nous ne l’arrêtons pas. En vue, la « réforme » de l’indemnisation chômage qui vise à amplifier le contrôle des chômeurs ou encore celle des retraites pour en définitive en finir avec la retraite par répartition. Enfin celle de la fonction publique qui vise à en finir comme avec les cheminots, avec le statut de fonctionnaire.

Retourner l’accusation ne fonctionnera pas. Ce ne sont pas les Gilets jaunes qui sont responsables des milliers de blessés et de mutilés mais bien le gouvernement et son bras armé. Ce ne sont pas les Gilets jaunes qui sont responsables de la crise climatique mais les grandes multinationales, les gouvernements à leur service, qui se permettent de polluer professionnellement. C’est en quelques sorte le message adressé par les plusieurs centaines de milliers de manifestants, ce samedi, pour la marche pour le climat. Non, c’est bien tout ce système qui est « criminel » et « assassin ».

A force d’alimenter le brasier, tels des pompiers pyromanes, c’est bien un retour de flamme que le gouvernement prend en pleine face.

 

Source: https://revolutionpermanente.fr/Mais-qui-sont-donc-les-veritables-pilleurs-professionnels