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Enquête sur le logiciel qui va révolutionner la démocratie

26/01/16 17h00

Ils s’appellent Virgile Deville, Pia Mancini et Santiago Siri. En Argentine, via le Partido de la red, tous trois ont créé le logiciel DemocracyOS. Rencontre avec des activistes dont l’initiative prend une dimension mondiale.

Une quarantaine de garçons à lunettes et une poignée de filles tapotent sur leurs ordinateurs. Répartis en petits groupes au quatrième étage du Numa, l’antre du numérique parisien, ils discutent et bidouillent des lignes de code entre deux Petit écolier au chocolat.

L’objectif du jour : améliorer le logiciel DemocracyOS, une plate-forme open source qui permet de débattre et voter en ligne. C’est Virgile Deville, 25 ans, doté d’une bonne humeur inébranlable, qui coorganise le hackathon Open Democracy Now!

Un nouveau souffle pour la démocratie

“Il y a là des assos qui travaillent sur la démocratie participative, des gens d’Etalab, les services numériques du gouvernement, mais aussi des programmeurs mexicains, américains, marocains… et plein de curieux de 20 à 70 ans”, énumère-t-il dans un sourire, pas peu fier. La veille, 150 personnes sont venues écouter comment utiliser internet pour améliorer la démocratie. Après tout, si on utilise le web pour s’acheter des chaussures, voyager, travailler et checker la météo, pourquoi on ne s’en servirait pas pour la politique ?

C’est le pari d’un trio qui compte révolutionner la démocratie grâce à internet. Ils n’avaient pas 30 ans quand leurs idées ont commencé à faire valser les urnes poussiéreuses et la pantouflocratie parlementaire : les Argentins Santiago Siri et Pia Mancini et le Français Virgile Deville redonnent du souffle à la politique et une place de choix aux citoyens dans tous les débats. L’épiphanie politico-numérique de Virgile Deville a lieu à Buenos Aires.

Virgile Deville, 25 ans © Pierre Le Bruchec pour Les Inrockuptibles

Fils d’un véto reconverti dans la biochimie et d’une juriste, le Lyonnais fait ses études à HEC Montréal. Un échange universitaire le conduit dans la capitale argentine. Il tombe amoureux de la ville, mais surtout d’une jolie brune. En 2013, une fois le diplôme canadien en poche, Virgile rejoint Mariana, et se fait engager dans une agence de pub porteña. Curieux sans être militant, Virgile observe de loin le climat politique argentin.

Rencontre au tennis-club

Un jour, son collègue Moe (“comme dans Les Simpson”, s’amuse le Français) lui présente un couple de copains qui viennent de lancer “le parti d’internet” – “el Partido de la red” en VO. “Moe me décrit des alters un peu fous qui veulent révolutionner le système, j’imagine des militants radicaux un peu zadistes, se souvient Virgile. Et là, on arrive pour déjeuner dans un club de tennis ultrahuppé, avec dorures et moulures au plafond.”

Exit la caricature des dreadlockés en sarouel, Virgile se retrouve face à un duo charismatique pas encore trentenaire. Moe, désormais installé aux Etats-Unis, en rit encore : “Je connais Pia depuis le collège et Santi est un ami. Je pensais qu’ils s’entendraient bien avec Virgile ; en fait ça a été un coup de foudre !”

Le créa rigelo et la stratège réaliste

Le couple est passionnant. Santiago Siri est développeur. Il a créé son premier jeu...

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