Accueil | Entretien par Pablo Pillaud-Vivien, Pierre Jacquemain | 2 juin 2020

Danièle Obono : « Nos États reproduisent dans leurs institutions des processus discriminants et oppressifs »

Septième nuit d’émeutes aux États-Unis après la mort de George Floyd. Un pays divisé entre les mobilisations massives de solidarité et un Président prêt à déployer l’armée. Qu’est-ce qui se joue là-bas ? Quid de la situation en France ? Danièle Obono, députée LFI, est l’invitée de #LaMidinale.

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UNE MIDINALE À VOIR...

 

ET À LIRE...

 Sur le déni des violences policières 
« Nous avons les informations, les sources, les statistiques, qui montrent l’usage disproportionné de la force par la police française. La France est condamnée jusqu’au niveau européen pour les violences commises, les victimes et les morts de ces dernières années. »
« Il y a un choix politique d’assumer l’usage qui est fait de manière disproportionnée de la violence et l’instrumentalisation de la police. »

 Sur le racisme dans la police 
« Il y a une donnée structurelle qui est celle des Etats contemporains, avec une police au service d’un pouvoir et qui reproduit dans le fonctionnement de ses institutions dans lesquelles il y a inscrit dans la matrice des processus discriminants et oppressifs envers un certain nombre de catégories de la population. »
« Quand on a une société qui est dominée par les rapports de force et les rapports de domination, ça se traduit dans les institutions. »
« L’histoire de l’esclavage, de la colonisation et de la post-colonisation favorise aussi ces processus structurels d’oppression et de discrimination. »

 Sur le traitement médiatique 
« En France, parler de la couleur ou du privilège blanc ou simplement le faire remarquer est pris pour un certain nombre de personnes comme une manière de remettre en cause l’unité de la République alors que c’est une manière de perpétuer le silence et le déni sur les discriminations. »

 Sur le parallèle Etats-Unis/France 
« Les mêmes causes produisent les mêmes effets un peu partout. »
« Ça ne va pas se passer en France, ça se passe déjà en France. »
« Il y a eu pendant le confinement une multiplication des violences policières. »
« Les violences policières ont été assumées politiquement. »
« On a un ministre de l’Intérieur qui est très fier d’avoir décidé de stigmatiser et de cibler les quartiers populaires pour aucune autre raison que ce biais discriminant qui considère ces habitants de manière presque essentialiste, comme criminogène, comme si ces personnes auraient plus tendance que d’autres à commettre des délits. »
« Le gouvernement a mis en place une politique de discrimination et c’est passé comme une lettre à la poste. »

 Sur le bilan du quinquennat Macron 
« On a connu depuis le début du mandat d’Emmanuel Macron, une diffusion plus forte de la violence sociale mais aussi de la violence physique, la violence de l’Etat. »
« Le spectre des personnes qui ont été la cible de cette violence d’Etat s’est étendu à des catégories plus larges de militants, de syndicalistes, de citoyens - comme les gilets jaunes. »
« Les formes de résistances sont importantes à soulever, on le voit aux Etats-Unis : ça créé une communauté de conditions. Il y a des résistances et des alliances qui se forment. Il y a une unité qui se crée à travers des revendications économiques et sociales. »

 Sur la justice et l’IGPN 
« On a une législation qui nécessiterait d’être plus fournie et mise en oeuvre : le problème de la justice n’est pas tant qu’il n’existe pas de loi mais qu’il n’y a pas les moyens pour que la justice fasse son travail. »
« Dans le cas d’Adama Traoré et plus généralement de la famille Traoré, il y a une stratégie d’usure. »
« Il y a dans l’institution tout ce qui est mis en œuvre pour ne pas fournir les éléments du dossier. Il y a au sein même de l’institution des blocages qui ont lieu, dans la justice comme dans la police. »
« Il y a un acharnement qui est fait contre Assa Traoré et ses frères qui sont aussi ciblés. »
« L’institution perpétue la discrimination. C’est important d’avoir des contre-pouvoirs. »
« On propose qu’il y ait une institution de contrôle de la police qui soit indépendante de la police et du ministère de l’Intérieur. »
« Il y a un énorme travail de formation à faire. »

 Sur ce qui se joue aux Etats-Unis 
« C’est un moment particulier et quand on voit ce qui se passe à travers la planète, de Hong-Kong à Minneapolis en passant par l’Algérie, on est dans une période entre-deux, pas vraiment sortie de la crise sanitaire mais avec des conséquences très graves sur la crise sociale. »
« Ce qui se passe aux Etats-Unis est très important avec des mobilisations très importantes de mouvements de solidarité et qui traduisent le ras-le-bol face à Trump. »
« Trump a exacerbé le racisme et les discriminations y compris en prenant fait et cause pour les suprémacistes blancs. »
« Trump symbolise la quintessence du suprémacisme blanc au pouvoir. »

 Sur le déni du racisme à gauche 
« Le déni [du racisme] existe dans toute la société, y compris à gauche et même surtout à gauche. »
« Le dernier mandat de la gauche au pouvoir, celle du Parti socialiste, a plutôt été un vecteur de discriminations et nous a offert d’un côté Macron et de l’autre Valls. »
« À la France insoumise, on a beaucoup travaillé sur ces questions : on a interpellé le premier ministre sur ces enjeux-là en mettant en avant le problème structurel dans la police. »

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