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Comprendre le réveil arabe

« Manière de voir » #117 , juin-juillet 2011
En quelques semaines, le mouvement de contestation s’est étendu du Maroc à l’Irak, il a balayé les dictatures tunisienne et égyptienne, mobilisé au Yémen comme en Syrie, au Bahreïn comme en Libye. Quelles sont les caractéristiques de ce réveil arabe ? Comment a pris fin une stagnation qui aura duré quarante ans ? Quel rôle jouent les islamistes dans ces mobilisations ? Quelles sont les dimensions culturelles de ces révoltes ?
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Numéro coordonné par Alain Gresh

Lire le compte rendu de ce numéro, paru dans Le Monde diplomatique de juin 2011, par Agnès Levallois.

Les chemins de la liberté
Alain Gresh

I. Le temps du soulèvement

Comme une traînée de poudre, les révoltes arabes se sont propagées de la Tunisie à l’Egypte puis à l’ensemble du monde arabe. Aucun pays n’a été épargné et, malgré les difficultés, une période sombre de l’histoire de la région s’achève. Ce n’est pas seulement la vie des peuples de cette zone qui sera affectée, mais aussi celle des voisins, et en premier lieu l’Europe. Toute la géopolitique de la région est à revoir. Si les armées gardent un rôle important, il faut également compter avec les mouvements sociaux et populaires qui, de l’Egypte à l’Algérie en passant par la Tunisie, ont préparé le terrain aux actuels bouleversements.

Tout le monde a souligné la place qu’ont occupée dans les mobilisations les réseaux sociaux. Pourtant, les révolutions arabes possèdent nombre de traits qui ont marqué les révolutions du passé, en France ou en Russie. Elles expriment aussi une volonté de tourner la page du partage colonial qui, au siècle passé, a profondément traumatisé les peuples.

Ce que change le réveil arabe
Alain Gresh

L’impossible arrive
Serge Halimi

L’OTAN dans l’engrenage libyen
Philippe Leymarie

Les armées, le peuple et les autocrates
Salam Kawakibi et Bassma Kodmani

Jacqueries et réseaux de résistance en Algérie
Kader Abderrahim

Racines ouvrières de la révolte égyptienne
Raphaël Kempf

Brûlantes cicatrices du partage colonial
Jacques Thobie

De quelques caractéristiques des révolutions
Tarik Tazdaït et Naceur Chaabane

Internet sème la parole démocratique
Marie Bénilde

II. Un si long hiver

Plus que la défaite de 1948, celle de la guerre de juin 1967 a profondément traumatisé une génération qui avait tout misé sur le nationalisme arabe et le développement autonome accéléré. Partout se sont enracinés des régimes autocratiques dont l’impéritie a fait regretter les dirigeants qui, comme Habib Bourguiba ou Gamal Abdel Nasser, avaient su incarner une certaine idée de l’indépendance. Tandis que l’argent du pétrole était gaspillé ou sous-utilisé, comme en Algérie, les populations vacillaient entre les nouvelles normes religieuses et des pouvoirs autoritaires. Et, tout en fermant la porte aux mouvements islamistes modérés, les pouvoirs s’appuyaient sur les groupes salafistes les plus radicaux, socialement conservateurs mais politiquement soumis. Dans ce contexte, nombre d’intellectuels attachés aux réformes démocratiques ont cherché protection auprès de l’Etat contre les oulémas. En échange, ils ont consenti à soutenir leurs dirigeants. A leurs yeux, un gouvernement même très autoritaire constitue un mal moindre que l’islamisme.

Une génération ébranlée par la défaite
B. K.

Bataille pour l’hégémonie culturelle
Hicham Ben Abdallah El Alaoui

Deuil subversif en Tunisie
Kamel Labidi

La Méditerranée, une frontière à effacer
Georges Corm

En Algérie, où va l’argent ?
Jean-Pierre Séréni

Les pays arabes et l’Occident : deux mondes liés
Maxime Rodinson

Salafistes contre Frères musulmans
François Burgat

III. Résistances culturelles

Malgré le long hiver qui a marqué les sociétés arabes durant près d’un demi-siècle, sous l’autoritarisme et la censure se sont développées des formes de production culturelle qui ont sapé les pouvoirs en place et constitué autant de résistances : des conteurs de la place Jemaa-el-Fna (Marrakech) aux clowns du cirque d’Etat égyptien, en passant par des feuilletons télévisés saoudiens inventifs, critiques des travers du pouvoir comme de la société.

Au fil des ans a aussi émergé une nouvelle génération d’artistes : elle a imposé un vocabulaire esthétique métissé, hybride, qui, à l’image de bien d’autres formes artistiques contemporaines, emprunte à toutes les cultures du monde, sans nécessairement perdre son identité arabe. Mais c’est surtout la création de la télévision satellitaire Al-Jazira, en 1996, qui a bouleversé les termes du débat public et réveillé une immense soif de liberté.

La langue arabe, la Rolls et la Volkswagen
Edward W. Said

Jemaa-el-Fna, patrimoine oral de l’humanité
Juan Goytisolo

Le feuilleton qui bouscule la société saoudienne
Pascal Ménoret

L’art contemporain, de la tutelle étatique au marché
Yves Gonzalez-Quijano

Mon expérience du cinéma
Salah Abou Seif

Mister President’s Circus
Mona Abouissa

Cette télévision qui dérange
David Hirst

Réalisation

Maria Ierardi

Iconographie

Ce numéro est accompagné de photographies de Denis Dailleux, de l’agence VU.

Impuissante Ligue arabe

Alain Gresh et Olivier Pironet

Abdallah Akar, peintre-calligraphe, a réalisé l’habillage des encadrés présentant les pays de la Ligue des Etats arabes.

AlgérieArabie saouditeBahreïnComoresDjiboutiEgypteEmirats arabes unisIrakJordanieKoweïtLibanLibyeMarocMauritanieOmanPalestineQatarSomalieSoudanSyrieTunisieYémen

Cartographie

Philippe Rekacewicz (réalisation Agnès Stienne)

Un monde inégalitaire en transformation

La longue lutte contre le colonialisme

De la Mauritanie au Pakistan, l’arc des crises

Documentation

Olivier Pironet

Chronologie

Bibliographie

Dates de parution des articles

 Alain Gresh, « Ce que change le réveil arabe », mars 2011
 Serge Halimi, « L’impossible arrive », février 2011
 Philippe Leymarie, « L’OTAN dans l’engrenage libyen » (inédit)
 Salam Kawakibi et Bassma Kodmani, « Les armées, le peuple et les autocrates », mars 2011
 Kader Abderrahim, Jacqueries et réseaux de résistance en Algérie, février 2011
 Raphaël Kempf, « Racines ouvrières du soulèvement égyptien », mars 2011
 Jacques Thobie, Les frontières, brûlantes cicatrices du partage colonial, novembre 1990
 Tarik Tazdaït et Naceur Chaabane, « De quelques caractéristiques des révolutions » (inédit)
 Marie Bénilde, La révolution arabe, fille de l’Internet (inédit)

 Bassma Kodmani, « Une génération arabe traumatisée par la défaite », juin 2007
 Hicham Ben Abdallah El Alaoui, « Les intellectuels arabes entre États et intégrisme », août 2010
 Kamel Labidi, « Deuil subversif en Tunisie », mai 2000
 Georges Corm, « Foire d’empoigne autour de la Méditerranée », juillet 2008
 Jean-Pierre Séréni, « Où va l’argent des hydrocarbures », avril 2006
 Maxime Rodinson, « Les pays arabes et l’Occident : deux mondes liés », mars 1973
 François Burgat, « Salafistes contre Frères musulmans », juin 2010

 Edward W. Said, « La langue arabe, la Rolls et la Volkswagen », août 2004
 Juan Goytisolo, « Jemaa-el-Fna, patrimoine oral de l’humanité », juin 1997
 Pascal Ménoret, « Le feuilleton qui bouscule la société saoudienne », septembre 2004
 Yves Gonzalez-Quijano, « L’art contemporain, de la tutelle étatique au marché » (inédit)
 Salah Abou Seif, « Mon expérience historique », août 1977
 Mona Abouissa, « Mister President’s Circus » (inédit)
 David Hirst, « La télévision arabe qui dérange », août 2000