Numéro coordonné par Claude Julien, Christian de Brie, Bernard Cassen et Jacques Decornoy.
Editorial
Le patrimoine de l’homme et les prédateurs (inédit)
Claude Julien
1. Très brève relation de la destruction de la planète
Le génocide des Indiens des Antilles et d’Amérique, entrepris par le conquérant espagnol au nom de la civilisation, et dont, en 1992, on commémorera le cinquième centenaire, préfigure la destruction systématique des milieux naturels entamée depuis la révolution industrielle, cette fois au nom du progrès puis du développement.
Il faudrait un autre Bartolomé de Las Casas, pour décrire les prédations et saccages en tous genres infligés aux sols, aux eaux et à l’atmosphère de la Terre.
Si le productivisme à outrance, indifférent au prélèvement sur la nature, est historiquement le premier responsable de cette mise à sac, le danger majeur vient aujourd’hui de l’explosion démographique du tiers-monde, elle-même conséquence de son sous-développement culturel et économique.
Tel est bien le prix, de plus en plus insupportable, à payer pour l’accroissement planétaire des inégalités, dont l’économisme et le néolibéralisme — triomphants à l’Ouest comme à l’Est — constituent le principal moteur.
* Bartolomé de Las Casas Très Brève Relation de la destruction des Indes (1552), Editions La Découverte, Paris.
Le déficit alimentaire
René Dumont
Exode rural et désertification en Europe
Alain Barbanel
Le meurtre du travail
Christian de Brie
Des champs sans paysans
François de Ravignan
Le cri d’alarme des pays poubelles
Anne Maesschalk et Gérard de Selys
Côte-d’Ivoire : un laboratoire grandeur nature
Daniel Dory
Le pillage du teck birman
André Boucaud
Saccage à la brésilienne : le projet du Grand Carajas
Denis Ruellan
Le crépuscule du Rhin
Monique Chemillier-Gendreau
De la Pologne à la Bavière : la mort de la forêt
Edgar Gaertnert
Pluies acides et contentieux franco-allemand
Bernard Cassen
Dans le labyrinthe des déchets nucléaires
Jean-Paul Schapira
2. Partout et maintenant
L’étendue des désastres écologiques et des problèmes qu’ils soulèvent en cascade inciterait-elle à baisser les bras ?
Ce n’est nullement le choix d’un nombre toujours plus grand de citoyens qui, aux quatre coins du monde, veulent agir sans délai pour enrayer des engrenages fatals et léguer à leurs enfants un monde vivable et compatible avec la dignité de l’homme, de tous les hommes. Le modeste membre d’une ONG qui, en Afrique, implante une pompe solaire, le militant qui, comme Chico Mendes au Brésil, paie de sa vie sa résistance aux prédateurs de la forêt amazonienne, mais aussi le chercheur mettant son savoir au service de la survie de telle ou telle espèce ou le législateur imaginant des nouvelles dispositions fiscales protégeant l’environnement, tous démontrent que seuls sont à coup sûr perdus les combats qu’on ne livre pas. Ces groupes, ces hommes et ces femmes, agissant souvent à contre-courant, ont rarissimement les honneurs de grands médias, plus enclins à valoriser les « coups » spectaculaires et sans lendemain que des actions concrètes, discrètes, et à long terme. Mais ils préservent l’espoir, et constituent le levain des mouvements plus vastes qu’appelle la sauvegarde d’une planète en péril.
Comment enrayer la disparition des forêts africaines
Daniel Dory
L’Amazonie peut encore être sauvée
Alfredo Syrkis
Echange dette-nature : d’une pierre deux coups
Arnaud Comolet
Lever un impôt international sur la pollution
Maurilo Ferreira Lima et Jean-Claude Mascarello
Effet de serre ou nucléaire : faut-il vraiment choisir ?
Jean-Claude Ray
Des réseaux décentralisés pour l’avenir
Antoine Bonduelle
Priorité aux investissements dans les économies
Antoine Bonduelle
3. Une chaîne démocratique
Par leur détermination, les groupes écologistes, engagés dans la réflexion ou dans l’action de terrain depuis les années 60, ont déjà, dans de nombreux pays, remporté la bataille des idées.
A l’Est, ils ont contribué à l’effondrement des citadelles autoritaires. Mais la contestation, même si elle implique des risques — parce qu’elle dénonce le scandale et ceux à qui il profite — est parfois moins difficile que la gestion démocratique du même scandale : cette fois, il faut trancher dans le vif, remonter à des causes premières qui, elles-mêmes, renvoient à des principes de fonctionnement et à des valeurs établies de la société.
Car, avec le fil écologique, on en vient vite à dérouler toute la pelote du système global. Ni la réflexion politique — souvent réduite au commentaire des sondages ou à la préparation des prochaines échéances électorales — ni, donc, les institutions ne sont à la mesure des problèmes posés par l’écologie globale et par le contrat qu’elle implique entre l’homme et la nature.
Et ces institutions, sauf à se priver de toute efficacité, ne sauraient être qu’internationales, le contrôle de leurs décisions incombant au national, au régional et au local.
On ne fera l’économie d’aucun maillon de cette chaîne démocratique, fondée, loin des fallacieux mirages du marché, de ses quelques gagnants et de sa multitude de perdants, sur une conscience partagée de la solidarité qui lie tous les êtres vivants et la biosphère.
Le nécessaire contrat de l’homme avec la nature
Armand Petitjean
Rien ne sert de crier au loup
Edouard Saouma
La naissance d’une Europe de l’environnement
Thierry Lavoux et Jean-Paul Moatti
L’agrotourisme contre la désertification
Alain Barbanel
Un catalyseur de la démocratisation de l’Union soviétique
Patrice Miran
Les politiques sommés de faire un choix radical
Bernard Cassen
Dans le flot des publications...
Bernard Cassen
Pour une nouvelle culture de la complexité (inédit)
Joël de Rosnay
4. L’heure des utopies
Parler vrai, être réaliste aujourd’hui, ce n’estplus gloser à perte de vue sur les mérites des variations d’un quart de- point des taux d’intérêt ou invoquer doctement les « grands équilibres » ou la « contrainte extérieure ».
Si grands équilibres il y a à préserver, ce sont ceux de l’écosystème, et la seule contrainte extérieure qui vaille est celle de la survie de l’espèce humaine dans son ensemble. Car on en est bien là. Et à ces interrogations angoissantes, le politique n’apporte le plus souvent que des réponses dramatiquement dérisoires.
L’heure est aux grandes audaces de la pensée, à la totale remise à plat des voies et moyens de vivre bientôt à dix milliards sur une planète finie, au sens mathématique du terme. Seules les utopies se situent désormais à la hauteur des exigences du moment : elles sont en passe de rattraper l’Histoire.
Jamais le philosophe, nourri de la République de Platon, de la Cité du soleil de Tommaso Campanella, du Contrat social de Rousseau ou des Nouvelles de nulle part de William Morris n’aura mérité une écoute aussi attentive.
Mais le philosophe nécessaire à cette fin de siècle ne peut être qu’un collectif incorporant aussi les compétences scientifiques les plus variées. A lui d’élaborer une véritable pensée écologisée, en prise sur les convulsions à venir de la Terre-patrie.
Demain des institutions mondiales de troisième génération ?
Maurice Bertrand
Contre la volonté de puissance
Jacques Robin
Revoir la notion de bien-être
Georgio Ruffolo
Une économie respectuese de la biosphère
René Passet
Aucun recoin du globe n’est épargné
Jacques Decornoy
La pensée écologisée
Edgar Morin
Signaux verts et signaux rouges
Jean Chesneaux
Conclusion
La montée des sables (inédit)
Bernard Cassen
Dates de publication des articles
• Claude Julien, « Le patrimoine de l’homme et les prédateurs » (inédit)
• René Dumont, « Le déficit alimentaire », mars 1989
• Alain Barbanel, « Exode rural et désertification en Europe », avril 1989
• Christian de Brie, « Le meurtre du travail », mars 1988
• François de Ravignan, « Des champs sans paysans », mars 1989
• Anne Maesschalk et Gérard de Selys, « Le cri d’alarme des pays poubelles », août 1988
• Daniel Dory, « Côte-d’Ivoire : un laboratoire grandeur nature », février 1987
• André Boucaud, « Le pillage du teck birman », août 1989
• Denis Ruellan, « Saccage à la brésilienne : le projet du Grand Carajas », septembre 1989
• Monique Chemillier-Gendreau, « Le crépuscule du Rhin », février 1988
• Edgar Gaertnert, « De la Pologne à la Bavière : la mort de la forêt », août 1983
• Bernard Cassen, « Pluies acides et contentieux franco-allemand », octobre 1988
• Jean-Paul Schapira, « Dans le labyrinthe des déchets nucléaires », mai 1989• Daniel Dory, « Comment enrayer la disparition des forêts africaines », février 1987
• Alfredo Syrkis, « L’Amazonie peut encore être sauvée », novembre 1989
• Arnaud Comolet, « Echange dette-nature : d’une pierre deux coups », septembre 1989
• Maurilo Ferreira Lima et Jean-Claude Mascarello, « Lever un impôt international sur la pollution », août 1989
• Jean-Claude Ray, « Effet de serre ou nucléaire : faut-il vraiment choisir ? », février 1990
• Antoine Bonduelle, « Des réseaux décentralisés pour l’avenir », février 1990
• Antoine Bonduelle, « Priorité aux investissements dans les économies », février 1990• Armand Petitjean, « Le nécessaire contrat de l’homme avec la nature », septembre 1989
• Edouard Saouma, « Rien ne sert de crier au loup », octobre 1989
• Thierry Lavoux et Jean-Paul Moatti, « La naissance d’une Europe de l’environnement », avril 1989
• Alain Barbanel, « L’agrotourisme contre la désertification », avril 1989
• Patrice Miran, « Un catalyseur de la démocratisation de l’Union soviétique », novembre 1989
• Bernard Cassen, « Les politiques sommés de faire un choix radical », novembre 1989
• Bernard Cassen, « Dans le flot des publications… », novembre 1989
• Joël de Rosnay, « Pour une nouvelle culture de la complexité » (inédit)• Maurice Bertrand, Demain des institutions mondiales de troisième génération ?, août 1989
• Jacques Robin, « Contre la volonté de puissance », juillet 1989
• Georgio Ruffolo, « Revoir la notion de bien-être », octobre 1988
• René Passet, « Une économie respectueuse de la biosphère », août 1989
• Jacques Decornoy, « Aucun recoin du globe n’est épargné », octobre 1988
• Edgar Morin, « La pensée écologisée », octobre 1989
• Jean Chesneaux, « Signaux verts et signaux rouges », janvier 1990• Bernard Cassen, « La montée des sables » (inédit)