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jeudi, février 02, 2012

Capsule littéraire - Boris Vian




Romancier, poète, trompettiste, chanteur, traducteur, inventeur, transcendant satrape au Collège de ‘Pataphysique : Boris Vian a multiplié les vies parallèles au cours de sa courte existence.

Mort à 39 ans, Vian est connu aujourd’hui surtout pour ses romans et ses chansons où se mélangent surréalisme, jazz, amour et angoisses existentielles dans une ambiance légère et insolente.

Si les orientations politiques de Vian apparaissent souvent en filigrane de ses romans (anti-militarisme et anti-cléricalisme de L’écume des jours par exemple), elles s’affirment de façon beaucoup plus explicite dans ses chansons.

Son anti-militarisme se fait d’ailleurs plus incisif et constant que celui que l’on retrouvera – davantage coquin – chez Brassens.  Dans sa célèbre chanson «pacifique» Le Déserteur, Vian termine ainsi sa missive au président par les vers :

Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendardes
Que je possède une arme
Et que je sais tirer

Cette chanson – même après avoir modifié les deux derniers vers – lui vaudra plusieurs menaces de  mort de l’extrême-droite.  Qu’à cela ne tienne, Vian ne démord pas et rédige certaines des plus belles chansons contre la répression policière.  Parmi celles-ci on pourra écouter avec bonheur La java des chaussettes à clous.

Mais Vian ne s’attaque pas qu’aux forces armées et policières : il égratigne également pour notre plaisir les hommes d’État ainsi que le capitalisme et la consommation à outrance.  La Java des bombes atomiques raconte ainsi comment un inventeur de bombes parvient à rassembler tous les chefs d’État dans une pièce pour les faire exploser, alors que la Complainte du progrès souligne la place excessive qu’occupaient – déjà dans les années 1950 – les technologies et le je-possède-donc-je-suis dans nos vies.



Vian rédigera maintenant un album complet de chansons sur la bande à Bonnot[1], album qui sera chanté par le réalisateur Yves Robert qui a réalisé entre autres Les Copains d’abord, Alexandre le bienheureux et La Guerre des boutons.  Plusieurs des chansons de Vian seront également interprétées par les Quatre barbus, ce quatuor qui a fourni l’un des rares albums de vieilles chansons anarchistes[2].

Plus récemment, Jean-Louis Trintignat – acteur français joué notamment dans Z – a fait une tournée «Trois poètes libertaires»[3] en 2010 où il récite les poèmes de Jacques Prévert, Boris Vian et Robert Desnos.


[1] Voir l’article qu’y consacre Alternative libertaire : http://www.alternativelibertaire.org/spip.php?article1636
[2]  Pour télécharger l’album en question, suivre le lien suivant : http://www.cmaq.net/node/31768
[3] Pour plus d’infos, suivre le lien suivant : http://www.visiteursdusoir.com/fr_trintignant.html

jeudi, décembre 08, 2011

Capsule littéraire - Octave Mirbeau




«Une chose m'étonne prodigieusement — j'oserai dire qu'elle me stupéfie — c'est qu'à l'heure scientifique où j'écris, après les innombrables expériences, après les scandales journaliers, il puisse exister encore dans notre chère France (comme ils disent à la Commission du budget) un électeur, un seul électeur, cet animal irrationnel, inorganique, hallucinant, qui consente à se déranger de ses affaires, de ses rêves ou de ses plaisirs, pour voter en faveur de quelqu'un ou de quelque chose.»

C’est par cette phrase coup de poing que s’ouvre La grève des électeurs d’Octave Mirbeau (1848-1917).  Tour à tour journaliste, critique d’art et romancier, il critique sans relâche à travers ces divers médiums la bêtise humaine, qu’elle soit capitaliste (Les affaires sont les affaires), religieuse (L’Abbé Jules), militaire ou politique.

La grève des électeurs sur Internet : http://www.homme-moderne.org/textes/classics/ mirbeau/greve.html



Quelques oeuvres d’Octave Mirbeau :
-  Les mauvais bergers (théâtre, 1897)
-  Le jardin des supplices (roman, 1899)
-  Le journal d’une femme de chambre (roman, 1900)
-  La grève des électeurs (court essai, 1902)
-  Les affaires sont les affaires (théâtre, 1903)
-  Farces et moralités (théâtre, 1904)

samedi, juillet 10, 2010

[Chronique littéraire] Matinik Doubout. Le mouvement populaire de février-mars 2009

«Le colonialisme n'est pas une machine à penser, n'est pas un corps doué de raison. Il est la violence à l'état de nature et ne peut s'incliner que devant une plus grande violence. »- Les Damnés de la Terre (1961), Frantz Fanon.

Il y a un peu moins d’un an paraissait aux Éditions Alternative libertaire, Matinik Doubout : Le mouvement populaire de février-mars 2009. Ce petit bouquin de 151 pages a été écrit par un militant libertaire habitant les Antilles depuis une dizaine d’années et qui est connu sous le pseudonyme de Nemo. À travers ce livre, il nous relate la chronologie du plus puissant mouvement populaire du siècle dernier et de ce mouvement de grève générale qui s’est étendu comme une trainée de poudre dans les Antilles Françaises.

Quatre siècles d’exploitation et de luttes

Ce bouquin est sous-divisé en 4 chapitres. Il débute par un bref survol historique décrivant les grandes lignes des 3 périodes historiques des Antilles françaises, soit l’esclavagisme, le colonialisme et la période départementale, qui permet de mieux comprendre les causes historiques de la situation actuelle aux Antilles. Ce chapitre aborde aussi (parfois trop rapidement) les grandes luttes menées par le peuple martiniquais au fil des siècles, telles que l’abolition de l’esclavage au XIXème siècle, les luttes de libération nationale et de décolonisation ainsi que les mouvements sociaux  de l'après deuxième guerre mondiale, qui furent sauvagement réprimées dans le sang par l’État.

Asé pwofitasyon!

Puis, cet historique nous mène jusqu'au début de l'année 2009. En réponse au colonialisme toujours présent et au capitalisme sauvage qui a provoqué un chômage endémique de 22% et une hausse du prix des produits de première nécessité qui avoisine les 18% en un an, une intersyndicale se forme en Martinique, pendant qu’au même moment éclate en Guadeloupe une grève générale historique sous l’impulsion du syndicalisme de combat de la LKP. Une grande manifestation regroupant près de 15 000 personnes à Fort de France (sur une population de près de 90 000 habitant ), sonne le début de la riposte populaire en Martinique. Ce qui permet la mise sur pied du Collectif du 5 février qui luttera pour 4 revendications principales : Contre la vie chère, pour une hausse générale des salaires, pour une augmentation des conditions de retraite et pour une diminution du coût des services.

Ce qui résume l’essentiel de la deuxième partie, et qui nous permet de mieux comprendre la partie la plus intéressante, c'est-à-dire la troisième partie du bouquin, qui relate au jour le jour, soit du 5 février au 14 mars, les évènements de cette révolte populaire historique. Cette partie, sous forme de journal personnel, permet de vivre à travers les yeux de l’auteur cette lutte au quotidien. Ce qui nous change des trop nombreuses analyses théoriques extérieures aux luttes auxquelles nous sommes habitués, puisque Nemo fut et est toujours un militant au cœur de cette lutte. Et c’est à mon avis ce qui rend ce bouquin indispensable à la compréhension des évènements de 2009.

Pour une « alternative libertaire »

Puis, la dernière partie de ce bouquin analyse les limites du mouvement, les idées nouvelles qu’il a permis de faire éclore ainsi que les perspectives politiques et économiques qu’il a ouvertes. Élément intéressant à noter, l’auteur qui n’était pas membre d’Alternative libertaire, notre « organisation-sœur » du côté français, lors des grèves, est depuis membre d’un nouveau collectif qui a vu le jour à Fort de France. Nemo conclu ainsi en mentionnant que : « L’émancipation des Antilles peut être une réappropriation de tous les moyens de production par la collectivité, sur la base de l’autogestion, le remplacement de l’économie de marché par une économie socialiste (…) le remplacement de la démocratie indirecte par une démocratie de base. » Une perspective qui même si elle semble radicale, commence tranquillement à alimenter les réflexions des classes populaires martiniquaises.

Bref, un livre que je vous conseille vivement, si vous souhaitez mieux comprendre la réalité antillaise et qui nous permet de tracer un parallèle inspirant avec les luttes, qui nous espérons, s’intensifieront ici aux Québec en riposte à la dégradation de nos conditions de travail et de vie.

D’ailleurs, si le sujet vous intéresse, l’Union Communiste libertaire (Montréal) organise une conférence avec l’auteur, le 22 juillet, dont le titre est : Matinik Doubout : Lutte anticolonialiste et lutte de classe en Martinique et dans les Antilles.

Nemo, Matinik Doubout. Le mouvement populaire de février-mars 2009, Éditions Alternative libertaire, 2009, 151 pp.

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Si vous souhaitez lire la série d’articles écrites par l’auteur et publiés dans le mensuel d’Alternative libertaire :

La Martinique debout :

(1/4) Sé pou le viktwa nou laké !
(2/4) Deux cents ans de révolte
(3/4) Pour une économie libérée du carcan colonial
(4/4) Les états-généraux de l’Outre-Mer : un non-événement

lundi, octobre 20, 2008

Causerie libertaire et débat.



« L’odeur exquise du pot au feu », « Gants de boxe », « Une salle à moitié vide », « Ricane & Quolibet » vous invitent à UNE CAUSERIE LIBERTAIRE en présence de Mathieu Houle-Courcelles auteur de SUR LES TRACES DE L’ANARCHISME AU QUÉBEC (1860-1960), Lux, 2008

Où : Au DIRA 2033, St Laurent (Montréal)
Quand : Le 24 octobre – 19h30

Présentation du livre par l’auteur puis causerie

Pourquoi une causerie, pourquoi ce livre ?

La causerie ?
Elle a longtemps été pratiquée par les anarchistes individualistes en réponse au formalisme pédagogique des Universités Populaires dont ils affirmaient qu’elles ne faisaient que renouveler les rôles des détenteurs de connaissances face à l’ignorance, maintenir le rôle du maître face à l’élève. Libertad en fut un ardent propagandiste. Par principe les causeries pratiquent un échange et une communication basées sur la participation ouverte de tous et non sur la maîtrise d’un seul ou de plusieurs sur la parole.
Difficile mais possible !

Le livre ?
Sur les traces de l’anarchisme au Québec remplit un vide criant. Il met en perspective historique le renouveau actuel du mouvement libertaire puisqu’il propose nombre de références historiques, plusieurs rappels des luttes sociales en lien avec les flux migratoires des militants européens, et jette un regard nouveau sur les répressions des organisations ouvrières, syndicales et politiques d’un point de vue anarchiste. Cette approche manquait cruellement dans l’histoire du Québec où la plupart des luttes sociales passées paraissent ignorées ou traitées dans une perspective souverainiste ou indépendantiste, y compris dans quelques milieux se réclamant de l’anarchie. Mathieu Houle-Courcelles se livre à un véritable travail de pédagogie et d’histoire qui s’adresse à ceux qui veulent connaître l’anarchie comme idéologie prolétarienne du siècle dernier et au 19e, à ceux qui luttent et défendent toujours ses idéaux et son utopie et enfin à ceux qui s’inspirent des combats révolutionnaires menés sous sa bannière de l’Espagne de 36 aux divers groupes et comités autonomes de 1968 à 2008 et à leur influence sur les luttes sociales québécoises.

Dans la débâcle des mémoires militantes, ce livre est un rappel nécessaire et une compréhension accrue des tendances libertaires et des tensions vers l’émancipation manifestées ici, dans les luttes d’un Québec qui semblait jusqu’alors ne nous léguer comme héritage que la légitimation d’une mémoire nationaliste.

Le livre de Houle-Courcelles démystifie cet héritage trop net, il révèle de constantes préoccupations prolétariennes mêmes souterraines et un courant de libres penseurs têtus bien que durement malmenés et combattus, contraints par les circonstances de la répression à l’éparpillement, à des succès partiels, à une semi-clandestinité ou à l’exil. Les luttes de classe et la révolte ont emprunté ici aussi les chemins de l’anti-autoritarisme ; la lutte contre les pouvoirs a côtoyé les tentations de la démocratie directe et l’athéisme fut revendiqué de manière significative bien avant la quasi-disparition de l’église dans les années 60.

Sur les traces de l’anarchisme au Québec retrace ce difficile trajet vers l’émancipation. Il montre d’autres parcours individuels ou collectifs, des révoltés aux libres penseurs, en qui, nous indique Houle-Courcelles, on peut reconnaître les traces ou la présence effective d’idées anarchistes suivies d’actes et de propagandes non loin d’une pratique et d’une théorie libertaires ; Houle-Courcelles rend à beaucoup d’entre ces militants et individus affranchis, libres penseurs et/ou révoltés, une présence et une parole concrètes, ce qui dans le contexte actuel de banalisation de l’individualité, est déjà un apport considérable. Il rappelle les bases et les vérités longtemps confisquées par les spécialistes d’une histoire sociale nationale exemplaire et trace le territoire de leurs luttes, indique leurs revendications, leurs succès et leurs échecs au fur et à mesure de la constitution d’une classe ouvrière et de l’installation des émigrés d’Europe quelle que soit leur culture d’origine.

Bien entendu cet ouvrage pose quelques questions qui justifient pleinement une discussion du et dans le milieu, dont par exemple l’arbitraire de certaines traces rassemblées et assimilées à l’anarchisme, l’absence dommageable, justifiée ou non, de toute mention de critique libertaire du nationalisme québécois, une approche « plateformisme » des courants libertaires mentionnés, etc. Les sujets de discussion ne manquent pas !

Bonne et constructive causerie !

mercredi, juillet 30, 2008

Chronique littéraire: Cronstadt


Il y a quelques temps, bouquinant chez les libraires usagés, quelle ne fût pas ma surprise de tomber sur un bouquin intitulé Cronstadt. Étant donné le faible nombre de livre traitant de ce sujet, je me suis empressé d'acheter le bouquin, me disant qu'un historien avait possiblement tenter de combler les "trous" historiques des autres livres ayant traités de ce sujet.

D'un point de vue objectif, le fond historique est intéressant. L'auteur relate le nombre incroyable d'émeutes et grèves provoqués par les rationnements imposés aux ouvriers et paysans par le parti bolchévique. Par contre du moment que l'auteur aborde les autres tendance que celle des bolchéviques et des "apôtres" de Trotsky, que ce soit les socialistes révolutionnaires ou les anarchistes (qu'il nomme trop souvent les sans parti), l'objectivité est remplacé par une propagande mal ficelée.

Les anarchistes sont grossièrement représentés comme des anti-sémites et des brigands qui sont anti-bolchéviques, donc évidemment contre-révolutionnaire et allié aux blancs(les troupes tsaristes en exil). L'auteur y dénonce toutes les sources anarchistes comme étant fausses et ne fait que référer et interpréter personnellement ses sources "fiables", soient les archives de la Tchéka(service secret fondé en 1917 par Dzerjinski pour combattre les ennemis des bolchéviques--lire éliminer brutalement). Chaque rapport mentionnant les anarchistes est donc un élément de vérité. Par contre, il est plutôt étrange de constater que tous les rapports traitant des troubles causés directement par la politique de Trotsky, relève selon l'auteur, et ce à plusieurs reprises, de la tendance pro-Staliniste ou pro-Léniniste de la Tchéka!!Quel hasard de constater que l'auteur, Jean-Jacques Marie, est un historien français membre du Parti des Travailleurs, un parti Trostskyste, qui s'est dissout le 15 juin 2008 dans le Parti Ouvrier Indépendant. bref, une analyse révisionniste à la sauce de la 4ième internationale.

En cherchant un peu plus sur cet auteur, je suis tombé par hasard sur cette critique de la CNT-AIT, qui loin d'être élogieuse, rejoint mon analyse de ce livre, qui malgré son côté absurde est selon moi une fraude intellectuelle dans l'ensemble.
Si vous voulez lire un livre sur la révolte de Cronstadt, je ne peux que vous conseiller La Révolte de Cronstadt la Rouge(disponible à l'Insoumise), un recueil de textes édités par nos camarades d'Alternative Libertaire ou La Tragédie de Cronstadt 1921 de Paul Avrich.

Et si vous voulez lire une critique plus complète du livre:

Nouvel assaut sur Cronstadt

dimanche 14 mai 2006

La sortie, chez Fayard (oct. 2005) d’un épais ouvrage ("Cronstadt", Jean-Jacques Marie, environ 480 pages) sur l’histoire de cette forteresse et de sa révolte contre le pouvoir bolchevik (1921) peut sembler une bonne nouvelle. En effet, à part une petite brochure constituée d’extraits divers [1], (et d’un livre d’Ida Mett, voir note [5]), et un petit texte d’Anton Ciliga (voir plus bas), il n’existe à notre connaissance aucun autre ouvrage disponible, en français, sur ce sujet [2].

L’ouvrage est du genre plutôt détaillé. Cependant, il n’apporte aucun fait nouveau par rapport à ceux connus jusqu’à présent, bien que l’auteur ait bénéficié de l’accès à une documentation inédite de première main : les archives soviétiques (essentiellement des rapports de la Tcheka, l’ancêtre du KGB, la sanguinaire police politique). De plus, l’utilisation de ces archives manque de discernement, ou, pour le moins, de commentaires (un peu comme si on essayait d’écrire un livre sur Mai 68 en se basant, sans aucune critique, sur les rapports des Renseignements généraux) Ainsi en est-il des pages où se succèdent les rapports policiers faisant état d’un supposé antisémitisme des insurgés. Les citations sont le plus souvent livrées à l’état brut. Le lecteur ne saura pas quel crédit leur apporter, ni dans quelle mesure elles sont représentatives. L’élaboration d’un "appareil critique" est pourtant le minimum que l’on puisse attendre du travail d’un historien face à de telles archives. L’auteur lui-même renforce cette sensation. Page 125 il explique, sans aucune justification, que des ouvriers empêchent Zinoviev de faire un discours, parce qu’il est...juif (comment l’auteur peut-il savoir qui, du "juif" ou du président du soviet de Petrograd, a été sifflé ? Mystère).

LE PRÉCÉDENT MAKHNOVISTE

Or, et ceci explique peut-être cela, il se trouve que l’auteur a antérieurement publié un autre livre sur la même période : "La guerre civile russe, 1917-1922" (mars 2005, éditions Autrement). Pour l’essentiel, ce dernier n’est constitué que d’un collage de témoignages des uns ou des autres (grossièrement parlant, des "rouges" et des "blancs") sur les aspects les plus sordides de la guerre civile -ce qui n’est pas très utile, mais pourquoi pas ! Il y est, entre autre, question de Makhno. Par exemple, à la page 102 de "La guerre civile", un communiste nous déclare que "Les makhnovistes, n’ayant ni mécanicien ni pilote, incendient les appareils. Puis commence une bacchanale de pillage : les soldats makhnovistes dévastent les magasins, les entrepôts, les riches appartements. Un groupe dans sa fureur met le feu à plusieurs bâtiments. Le Grand Bazar est entièrement pillé. Le comité révolutionnaire bolchevique essaie de convaincre les makhnovistes de procéder à une réquisition ordonnée des biens et des vivres, un makhnoviste lui répond : ’Nous sommes partisans du slogan : "De chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins’". Le lien entre les exactions supposées et l’affirmation idéologique ne saute pas aux yeux. Tout au contraire. Mais l’auteur se garde bien de relever la contradiction patente dans le témoignage qu’il cite. Il utilise les "témoignages" des blancs de la même manière. Page 149, il cite l’un d’entre eux déclarant que Makhno "pillait, brûlait et tuait". Sans commentaire. On croirait lire Marie-Antoinette à propos de la Révolution française. L’auteur lui-même affirme, page 151, que "Makhno n’aime ni la ville, juste bonne à ses yeux à être pillée, ni les citadins, et encore moins les bourgeois qu’il rançonne". Aucune référence ne vient chapeauter cette affirmation sur le goût immodéré de Makhno pour la campagne. Ces citations étant livrées tel quel le lecteur est indirectement prié de les prendre pour argent comptant. Même si c’est de la fausse monnaie. La littérature anti-makhnoviste est une vieille tradition, qu’elle soit rouge, blanche, ou le fait de littérateurs peu scrupuleux, comme Joseph Kessel. Mais qu’un historien, en 2005, continue de charrier ces légendes d’antisémitisme et de banditisme, alors que toutes les clarifications à ce sujet sont depuis longtemps très largement accessibles [3], voila qui laisse un goût amer à cette lecture. Mais, faut-il s’en étonner ? Présenté comme un "spécialiste de l’Union soviétique et du communisme", l’auteur, si l’on en croit sa bibliographie, est surtout un chantre du trotskisme. [4]

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