Le Zimbabwe a annoncé mercredi un nouveau record mondial d'inflation, soit un taux annuel de 2,2 millions pour cent, selon l'
AFP.
Le dernier chiffre officiel communiqué pour l'inflation était de 165 000% en février, contre 1.000% en mai 2006. Les zimbabwéens, en plus de vivre une crise politique avec le dictateur Mugabe, sont plus de 80% à vivre sous le seuil de pauvreté.
Chaque jour, les prix des denrées de base augmentent de 30 à 40%. Par exemple, un pain qui était vendu dimanche 60 milliards de dollars zimbabwéens coûtait 100 milliards le lendemain.
Dans un pays de 11 millions d'habitants, dont le produit intérieur brut par habitant (revenu per capita)était de
54 U$ en 2007 (comparativement à
43 400 U$ pour le Canada) on peut comprendre la situation de crise économique qui sévit! D'ailleurs, si on fait le calcul rapidement, 1$ canadien équivaut actuellement à 18 616 284 040,82 $ zimbabwéens (18 milliards vous avez bien lu!). Le coût d'un pain qui coûtait 5$ lundi, représentait presque 10% du revenu brut(de 2007) moyen pour un zimbabwéen!
Le directeur de l'Office central des statistiques, Moffat Nyoni, affirmait par ailleurs:"(...)que le nouveau record de 2,2 millions pour cent, le plus haut du monde, était peu fiable en raison du manque de denrées, donc de données pour affiner le taux(...). Il faut par contre être un peu déconnecté pour croire qu'affiner les taux, diminuerait le ridicule d'un taux d'inflation de 2,2 millions et de la dramatique pénurie alimentaire!!
Par contre, à une échelle moins surréaliste, le
FMI s'alarme de l'inflation mondiale, dont il avait prévu une hausse de 3,7% et qui est révisé à 4,1% pour l'année 2008, soit 3,4% d'augmentation pour les pays industrialisées et 9,1% pour les économies émergentes. Mais on est tout de même loin de 2,2 millions de % du Zimbabwe.
Le président Robert Mugabe, qui a été réélu fin juin pour un sixième mandat lors d'une élection boycottée par l'opposition, a appelé à augmenter la production pour contrer l'inflation.
En juin 2007, son gouvernement avait déjà tenté d'enrayer cette hyperinflation en imposant un contrôle des prix qui n'avait fait qu'aggraver les pénuries.
Six mois plus tard, la Banque centrale a introduit de nouveaux billets. En mai, elle a dû renouveler l'opération en mettant sur le marché deux nouveaux billets de 100 millions et 250 millions de dollars zimbabwéens.
Pour les pays occidentaux, qui n'ont pas reconnu la réélection le 27 juin de M. Mugabe, c'est la réforme agraire musclée de 2000 avec l'expropriation de fermiers blancs qui est responsable de cette situation, car elle a désorganisé le secteur agricole du pays, ancien grenier à céréales d'Afrique australe.
Gageons que derrière ce rideau de répression, de famine et de guerre civile potentiel, les grandes transnationales, tels que
British Petroleum, Shell et Rio Tinto (qui exploite un énorme gisement de diamant à Murowa) ne sont pas étrangères à toute cette agitation. Mugabe auraient-ils pris des initiatives qui ont déplus aux capitalistes occidentaux exploitant sans merci le Zimbabwe? Quoi de plus simple alors que de foutre le bordel dans ce pays, et d'y réinstaller un pantin plus docile, que les transnationales auront préalablement choisi, et qui prendra le pouvoir soit par les armes ou soit par une élection démocratique trafiquée...Bref, l'histoire du néocolonialisme dans toute sa splendeur....