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samedi, décembre 22, 2012

Magasinage prolétarien en Argentine

Le vrai visage du miracle argentin

11 ans après 2001, le retour des pillages dans les supermarchés.

Au moment même où se déroulait la grande manifestation à Buenos Aires célébrant les 11 ans du 19 et 20 dicembre, dates des protestations massives contre les politiques neo-libérales qui avaient entraîné la grave crise économique amenant le pays au défaut de paiement, des centaines de personnes ont dévasté des magasins et ont participé à de violent affrontements avec la police dans le sud de l'Argentine. 

Depuis de nombreuses semaine, la province de Bariloche est en ébullition suite aux coupes dans les plans sociaux décidés par le gouvernement provincial. Depuis quelques jours courrait le bruit que quelque chose de semblable aurait pu se passer : deux mois auparavant il y avait eu des affrontements entre les habitants des bidonvilles et la police locale, cette dernière étant bien connue pour son comportement extrêmement violent.

Déjà la tension était vraiment élevée dans la région depuis 2010, depuis que lors d'une manifestation à Alto de Bariloche trois jeunes avaient été tués sous les balles tirées par la police anti-émeute. De plus la répression policière et judiciaire fut permanente ces deux dernière années à l'encontre des activistes qui n'ont jamais cessé de réclamer justice suite à ces événements.

Ce ne sont pas les coupes dans les budgets sociaux de la part du gouvernement qui risquaient de calmer les esprits : déjà depuis quelques jours, Omar Goye, le maire de la bourgade, avait demandé aux propriétaires de supermarchés de donner à quiconque en ferait la demande un paquet-cadeau contenant des aliments de base, certains de ces colis avaient commencé à être distribués pour calmer les choses.

Ce matin, peu après 9 h 30, un groupe d'une centaine de personnes provenant des favelas adjacentes à la zone des centres commerciaux a affronté les forces de l'ordre après avoir pénétré dans un supermarché. En bref, la situation a dégénérée en une véritable révolte qui s'est déchaînée dans les rues de la ville obligeant la police à s'enfuir de la zone métropolitaine. Officiellement on ne compte aucun blessé, mais les supermarchés, les boucheries et les dépôts de marchandises pillés se comptent par dizaines. Bien que la propagande médiatique ait attribué les violences et les pillages à des bandes d'adolescents et à la criminalité organisée, la composition sociale des prétendus “révoltés” se voit clairement à travers les images télévisées : il s'agit de familles entières, des femmes avec des enfants en bas âge serrant dans leurs bras des biens de première nécessité comme des pâtes et des paquets de gâteaux. Voilà le vrai visage du miracle argentin. 



sources:
http://ilacam.wordpress.com/2012/12/20/ad-11-anni-dal-2001-tornano-i-saccheggi-nei-supermercati/
http://libcom.org/forums/news/argentine-21122012

mercredi, octobre 20, 2010

[Photo-reportage no.1]: Mobilisation de la CNT à Toulouse.

Un camarade et "correspondant" de passage à Toulouse cette semaine nous a fait parvenir des photos de la mobilisation là bas pour contrer la réforme des retraites. Ces photos sont un compte rendu de la mobilisation de la CNT-f de Toulouse (un syndicat anarchiste).
En espérant qu'un mouvement de cet ampleur éclate ici aussi!

lundi, octobre 18, 2010

Assemblée publique : En lutte contre le budget 2010



En dévoilant son dernier budget, le gouvernement libéral a une fois plus dévoilé son parti pris : celui des classes riches au détriment des classes populaires. Malgré une situation stable économiquement, le Québec ayant été pour l’heure relativement épargné par le crise économique (déficit de 1,6% du PIB contre 9% pour les États-Unis), le gouvernement a poursuivi son offensive contre la qualité et l’accessibilité des services publics. En réaction à ces reculs sociaux, plusieurs initiatives et mobilisations ont récemment forcé le gouvernement à abandonner l’introduction d’un ticket modérateur. Il faut continuer cette lutte afin que la totalité des mesures régressives soient abandonnées.

C’est pourquoi dimanche le 7 novembre
aura lieu, de 13h à 17h, une Assemblée publique portant sur la LUTTE CONTRE LE BUDGET 2010 du gouvernement du Québec. L’assemblée se tiendra au Centre St-Pierre, situé au 1212 rue Panet (métro Beaudry). Elle débutera par un court exposé sur le budget et quelques panélistes seront invité-e-s à faire part de l’état des luttes dans leur secteur. Le public sera par la suite invité à contribuer à cet échange en faisant entendre ses idées, stratégies et perspectives de lutte.

Des tables pourront également être réservées pour y placer journaux, tracts, etc.


Au plaisir de vous y voir!


Dimanche 07 novembre
13h à 17h
1212 rue Panet
(métro Beaudry)

lundi, juin 07, 2010

L’UCL se joint à la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics

Le 1er mai 2010, la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics a lancé un appel à la constitution d’un large front social, déterminé à poser des actions qui ébranleront le gouvernement. Cet appel se situe dans la continuité de la lutte contre le budget antisocial adopté par le gouvernement du Québec le 30 mars dernier.

L’Union communiste libertaire (UCL) a décidé de répondre à cet appel et de rejoindre la Coalition à titre de membre sympathisant. L’UCL ajoute ainsi sa voix à celle des mouvements sociaux en résistance pour faire reculer le gouvernement et exiger le retrait des mesures anti-sociales du dernier budget libéral.

Un appui critique

Depuis quelques mois, les membres de l’UCL ont participé à la plupart des mobilisations organisées par la Coalition, que ce soit les grandes manifestations du 1er avril et du 1er mai dernier ou les actions locales lors des visites en région des ministres libéraux. Nous partageons le désir de construire une riposte unitaire et d’établir un rapport de force avec le gouvernement. Nous aussi croyons que les prochains mois seront cruciaux dans l’escalade des moyens de pression et nous souhaitons apporter notre contribution.

Si nous partageons la perspective combative de la Coalition, son opposition à la privatisation et à la marchandisation du «bien commun» et l’essentiel de ses revendications concernant les hausses de tarifs et le financement adéquat de services publics universels et de qualité, nous ne pouvons passer sous silence le fait que nous ne partageons pas toutes les solutions mises de l’avant. De façon globale, nous ne croyons pas qu’une fiscalité plus progressive soit suffisante pour trouver des solutions durables aux problèmes de la pauvreté, de l’exclusion et des inégalités sociales. Il faut pouvoir aller plus loin et, dès aujourd’hui, réfléchir et agir pour sortir de l’impasse capitaliste et développer un autre projet de société.

Nous espérons pouvoir débattre de ces questions avec l’ensemble de la gauche sociale et partager nos propositions sur le terrain des luttes. Dans le contexte actuel, ce qui nous unis est beaucoup plus important que ce qui nous divise.

mercredi, mai 26, 2010

L'UCL en campagne contre le budget libéral

26 mai 2010 -- L'Union communiste libertaire (UCL) se lance dans une nouvelle phase de sa campagne contre la crise. Maintenant que les coffres des capitalistes ont été renfloués par les États, ce sont les finances publiques qui sont en crise. Au Québec, cela c'est traduit par un budget antisocial inacceptable que nous avons déjà abondamment dénoncé. Considérant l'importance des enjeux, nous avons décidé d'axer la suite de notre campagne sur la lutte contre le budget.

L'UCL profite de la belle saison qui commence pour éditer une première vague de matériel d'agitation soit une affiche et des autocollants. Suivront plus tard d'autres affiches, une édition spéciale de notre journal et même un t-shirt.

Voici donc la première partie de la contribution de l'UCL à un automne que nous espérons chaud ! Des copies de l'affiche et de nos autocollants seront disponibles à notre table lors du Salon du livre anarchiste de Montréal. Si vous voulez faire de l'affichage dans votre quartier ou votre ville, contactez-nous [ ucl ( a ) causecommune.net ].

vendredi, avril 09, 2010

Les économistes, ça n’existe pas

Un bon petit texte, gracieuseté de Anne Archet... absolument a lire! 


Je suis moins conne que j’en ai l’air : quand on m’explique lentement, avec des mots de moins de trois syllabes, je finis toujours par comprendre. J’en veux pour preuve l’interview que Pierre Fortin et Claude Montmarquette (que je surnomme affectueusement « L’ÉcoMomie » à cause de son teint de pêche) ont si gracieusement daigné accorder à Christiane Charette ce matin.
J’ai appris un tas de choses, notamment qu’il n’y a pas de riches au Québec. Les riches, c’est quelque chose qu’on trouve aux États-Unis — ou peut-être en Ontario et en Alberta, à la rigueur. Les riches, on le sait, portent des chapeaux haut-de-forme et des moustaches en guidon. Vous avez déjà vu un riche ailleurs que sur une planche de Monopoly? C’est bien la preuve que ça n’existe pas. Dans ces conditions, inutile d’espérer financer les services publics avec l’argent des riches; j’ai moi-même déjà essayé de payer mes pois chiches en boîte avec de l’argent de Monopoly et ça ne fonctionne pas du tout. J’avais donc tort de croire que le dernier budget du gouvernement Charest favorise les riches, puisqu’ils sont comme le monstre du Loch Ness : mythiques et introuvables.
J’ai aussi appris que les entreprises privées, ça n’existe pas. Idiote que j’étais, je croyais que l’économie était dominée par des corporations transnationales. Nenni! Les entreprises, c’est vous, c’est moi, c’est monsieur Rivard qui vend des chips dans son dépanneur, c’est madame Bigras qui retire de l’argent de sa caisse de retraite, c’est Steve le squeegee au coin de la rue qui après tout, est un travailleur autonome et donc, ipso facto, une entreprise à lui tout seul. Si on taxe une entreprise, qu’est-ce qu’elle va faire? Elle va refiler la facture à ses clients, elle va couper les salaires de ses employés. Ou alors, elle va quitter le Québec — probablement pour rejoindre les riches dans leur royaume féérique et magique. Qui alors paierait pour les pubs rigolotes qui nous divertissent tant pendant le téléjournal?
Jeu idiot de la semaine: trouvez le riche et gagnez un voyage aux îles Caïman.
Mieux : j’ai enfin compris que l’évasion fiscale, c’est une affaire de pauvres et de travailleurs. Ce sont les crottés qui font des jobines au noir qui fraudent le fisc et ils le font par manque de sens civique, voire de sens moral. On doit, comme l’a dit l’ÉcoMomie, « faire la chasse aux bandits », mais seulement quand le coût en vaut la peine — autrement dit, il ne faut pas essayer d’aller chercher l’argent que les riches (qui n’existent d’ailleurs pas) ont planqué dans des paradis fiscaux, ces îles lointaines et magiques où il fait si chaud que le fonctionnaire n’arrive pas à mettre un pied devant l’autre pour se rendre jusqu’à la banque. Le billet d’avion coûterait trop cher et puis le fonctionnaire risquerait de ne plus jamais revenir.
Bref, c’est Jacques Dofny et Marcel Rioux qui avaient raison (même s’ils étaient marxistes, beurk, ouache, caca) dans les années soixante lorsqu’ils disaient que les Québécois sont tous pareils et qu’ils forment une classe-ethnique. Sauf qu’au lieu d’être tous des « prolétaires luttant pour leur libération sociale et nationale » (lol, lol et lole) nous sommes tous des « contribuables de la classe moyenne qui doivent lucidement contribuer au risque de leur santé à la santé des finances publiques » et assurer la compétitivité des entreprises québécoises (qui n’existent pas) sur la scène internationale (l’endroit où se trouvent les riches).
J’ai eu ma leçon : dorénavant, je me renseignerai auprès des autorités crédibles et compétentes avant de dire des âneries. Tiens, la prochaine fois, je demanderai à Mgr Marc Ouellet quelle est la meilleure façon de lutter contre le sida et la pédophilie, je suis certaine qu’il me dira quelque chose de génial, comme « les pédophiles, ça n’existe pas » ou « le sida, c’est vous, c’est moi ».

mercredi, janvier 27, 2010

Cause Commune Express: Tournée "Usines sans patrons"

Argentine : De la crise à l'insurrection

En mai 2000, le gouvernement de la Rua annonce une série de mesures afin de rendre l'État argentin conforme aux volontés néolibérales du FMI: baisse de 12 à 15% des salaires des fonctionnaires, réduction majeure des dépenses, privatisation, etc. Le tout plait effectivement aux bonzes du FMI puisqu'ils allouent 40 milliards de dollars en prêts à l'État argentin. Mais la crise semble indomptable puisque déjà l'année suivante le pays en est à son onzième plan d'austérité approuvé par le FMI et les seuls résultats palpables de ces mesures semblent être le nombre grimpant de manifestations, d'émeutes, de grèves et de coupures de routes (les piqueteros). Pendant cette période, on évalue à 2000 le nombre d'individus par jour passant de la "classe moyenne" à la "classe pauvre" et à 25% le taux de chômage; sans compter que le spectre de la banqueroute n'est jamais bien loin, à un point tel que le 1er décembre 2001 les liquidités des banques sont épuisées et que le gouvernement doit limiter par la loi les retraits des particuliers.

En décembre 2001, les émeutes comptent plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de pillards (pauvres, chômeurs ou membres déchus de la classe moyenne) qui s'en prennent aux supermarchés, aux entrepôts, aux boutiques, etc.) Les troubles sont si préoccupants que l'état de siège est décrété par les forces de l'ordre: tout regroupement public de plus de deux personnes est interdit et que la censure est rigoureusement appliquée aux médias. La répression, qui a déjà fait quelques morts, se fait sentir au maximum, mais les émeutes continuent de plus belle et sont désormais doublées de cette pratique qui avait fait grandement pression sur la dictature militaire dans les années 1970, les "concerts de casseroles" (cazerolazos) qui regroupent, chaque jour et partout à travers le pays, plusieurs milliers d'individus.

Dans la soirée du 19 décembre, une manifestation spontanée regroupant plus d'un million de personnes a lieu à Buenos Aires. Devant le palais présidentiel, la foule en colère réclame la démission des hommes politiques. Le tout se termine dans la nuit par une émeute majeure qui balaiera les institutions bancaires et les multinationales et lynchera plusieurs policiers. Lors de ces troubles, plusieurs milliers de messagers à moto (motoqueros) participent aux affrontements; ces derniers, par leur connaissance de la ville et leur mobilité, amorcent ainsi un mode d'action qui allait être reconduit à de nombreuses reprises.

Des évènements semblables ont lieu dans au moins une douzaine de villes du pays. À Cordoba, la mairie est occupée. On y tient une assemblée avant d'y mettre le feu et de dresser des barricades. Le lendemain matin, la révolte se poursuit, un manifestant raconte: " Les gens allaient, venaient, les cortèges se recyclaient, les avenues se vidaient puis se remplissaient à nouveau d'hommes, de femmes, de familles avec leurs chiens... C'était quelque chose d'impressionnant parce que totalement spontané... ". Cette journée sera ponctuée par une foule d'évènements majeurs semblables à la veille… combats de rues, pillages, assaut d'une foule en colère contre la maison du président, etc. À l'évidence, la révolte devient insurrection.

Mais ces manifestations de souveraineté populaire attirent évidemment son contraire : la répression, qui est à la hauteur de la réputation qu'elle s'est forgée pendant la dictature. De ces quelques semaines d'affrontement, on compte 35 tués, des centaines de blessés et des milliers d'arrestations (officiellement 3273). Plusieurs témoins racontent que des tueurs en civils se faufilaient dans la foule afin d'abattre des militants-e-s d'une balle dans la nuque. Les autorités ne savent décidément pas comment réagir: le président de la Rua démissionne et doit être évacué par hélicoptère. Le nouveau président, Adolfo Rodriguez Saa promet un moratoire sur le paiement de la dette extérieure et la création d'un million d'emplois.

Mais les manifestations se poursuivent… et l'année 2001 se termine par la démission du président Saa, bientôt remplacé par Duhalde. Les concerts de casseroles, les coupures de routes, les émeutes et les manifestations reprennent dès janvier. Dans la ville de Mosconi, les émeutiers prennent la garnison du commissariat en otage et brulent l'édifice. À Junin, 600 manifestants brulent la maison d'un député. Le 28 janvier, plus de 15 000 piqueteros soutenus par les assemblées de quartier convergent au centre de Buenos Aires. Le nombre de piqueteros - et de piqueteras, puisque les femmes sont très nombreuses lors de ces actions: elles forment jusqu'à 70% des effectifs - est d'ailleurs depuis le début de la crise leurs regroupements sont en pleine expansion: de 1383 qu'ils étaient en 2001, ils passent à 2336 en 2002.

Les émeutiers délaissent désormais les supermarchés pour mieux s'en prendre aux banques, sans compter que les assemblées de quartiers, progressivement, se fédèrent entre elles afin de coordonner l'insurrection. Ces assemblées, qui se comptent par centaines, transfigurent la critique en acte et en parole. Réunissant parfois plusieurs milliers de personnes, elles permettent au peuple de reprendre tout ce qui le concerne en main, sans avoir recours à la médiation de l'État ou d'une quelconque institution bourgeoise. Fonctionnant de façon horizontale et non hiérarchique, elles prennent une telle ampleur que les dirigeants politiques croient devoir rappeler qu'aux termes de la constitution:

Le peuple ne délibère pas et ne gouverne que par l'intermédiaire de ses représentants... Il faut arrêter la fantaisie des gens dans la rue qui disposent de ce qui doit ou ne doit pas se faire... Il... faut adresser des pétitions aux autorités... de façon ordonnée et sensée au lieu de les livrer en pâture aux agitateurs habituels...

Cette insurrection a pris tout le monde par surprise, aucun syndicat, aucun parti n'en est à l'origine. C'est de la population elle-même, spontanément, qu'est venue la résistance, et c'est cette même population qui a donné à cette résistance une forme si originale et efficace. La révolte populaire fut accompagnée par un vaste mouvement d’autogestion des entreprises en faillite. Autour du slogan « Occuper, résister, produire », entre 8000 et 10 000 postes de travail dans plusieurs secteurs industriels (métallurgie, textile, imprimerie, hôtellerie, alimentation, etc.) ont ainsi été sauvés par les travailleurs et travailleuses dans des entreprises récupérées et remises en marche par leurs propres ouvriers et ouvrières, alors même que la crise financière de décembre 2001 avait poussé les patrons à les abandonner à leur propre sort. Sans contredit, il s’agit de l’un des faits marquants de la réponse des classes populaires qui mérite d’être souligné.


Si le contexte québécois de 2010 diffère largement de celui argentin de 2001, quelques rapprochements sont tout de même possibles. D'abord, la crise qui a touché durement l'Amérique du Nord a fait passer le taux de chômage de 7,2% (le plus bas niveau en 32 ans) à un niveau qui atteindra possiblement 10% en 2010. Pour la région de Montréal seulement, le taux de chômage a déjà atteint les 10,5%. Certains économistes craignent même une seconde crise financière dans un avenir très rapproché. Par ailleurs, l'État et le patronat, sous prétexte de relance économique, se lancent dans une grande offensive néolibérale - en sabrant dans les services sociaux, les conditions salariales et en remettant à l'ordre du jour différents plans de privatisation. Pour couronner le tout, tant les syndicats que les mouvements sociaux sont moribonds et sont en mode survie plutôt qu'en mode combattif, laissant ainsi l'État manœuvrer à sa guise. Dans un tel contexte, que peut-on tirer de l'expérience argentine afin de s'organiser ici et maintenant?

Contre le capitalisme

La première nécessité semble être l'élaboration d'un projet social et politique extra-parlementaire qui aurait pour fondation une authentique démocratie. Peu importe les mesures que les politiciens prendront, ce ne sera qu'en faveur du marché et ce sera nous (les travailleurs, les travailleuses, les étudiants et les précaires) qui en paieront le prix.

L'expérience de récupération d'usine dans un contexte de crise économique serait, dans un premier temps, une nécessité qui permettrait aux travailleurs et aux travailleuses de conserver leurs emplois. On n'a qu'à penser à l'exemple récent de la grève d'Alcan à Jonquière en 2004. Les travailleurs, réalisant les limites de la grève légale, ont relancé la production sous contrôle ouvrier, poussant ainsi le patronat à la négociation - entre autres puisqu'il ne pouvait plus revendre l'électricité non utilisée pour amortir les pertes causées par la grève. Bien que l'expérience argentine soit critiquable à plusieurs niveaux, elle permet à la population de renouer avec une véritable démocratie que la rationalité et le productivisme capitaliste nous ont fait oublier depuis fort longtemps. La réussite d'un tel projet, l'autogestion généralisée, ne peut à long terme réussir sans une lutte globale pour une transformation libertaire et socialiste de la société. Dans un tel contexte, l'auto-organisation des chômeurs et des précaires est indissociable de la lutte des travailleurs et des travailleuses pour l'autogestion de leurs milieux de travail et la solidarité entre les différentes luttes parcellaires est plus que jamais nécessaire.

Contre l'État

L'autre aspect crucial est le principe des Assemblées de quartier et la mise en place de mécanismes de démocratie populaire. Dans un contexte de crise sociale et politique, dans lequel les gens n'ont plus confiance aux politiciens et aux partis, la démocratie par la base est plus que jamais nécessaire. Que ce soit pour des enjeux de quartiers, le logement, la précarité, l'éducation populaire ou la santé (on peut penser au modèle des cliniques populaires des années 1960-1970), seule notre force collective, par la mise en place de mouvements de quartiers, peut amener un réel changement.

L'attente de réformes ou de promesses électorales, la manipulation par les politiciens et les bureaucrates et toutes les formes de concession minent à long terme nos luttes populaires. C'est pourquoi dans le contexte de notre campagne sur la crise nous jugeons important de partager des expériences de luttes collectives afin d'entamer ou de poursuivre une réflexion collective sur les façons de s'organiser ici et maintenant.

pour connaitre chaque arrêt de la tournée, cliquez ici.

dimanche, septembre 27, 2009

Obama et la crise...

Une petite video rigolote en ce dimanche pluvieux...

vendredi, septembre 04, 2009

L’UCL en campagne!

Cet automne, l’Union communiste libertaire lance une campagne contre la crise économique. Outre une affiche et un 4 pages d’analyse, l’organisation veut organiser une tournée provinciale avec un militant anarchiste argentin pour nous parler de leur expérience durant la sévère crise économique qui les a frappé et qui avait été le théâtre d’un véritable soulèvement populaire.

Levée de fonds

Pour organiser cette tournée, nous aurons toutefois besoin de sous (beaucoup plus que ce que permet notre budget actuel). C’est pourquoi nous sommes actuellement en campagne de levée de fonds. Il y aura plusieurs activités bénéfices (par exemple, nous avons édité quelques C.D. pirates de chants anarchistes que vous pourrez vous procurer au Réclame ta rue et un t-shirt s'en vient).

Vous aussi pouvez contribuer en envoyant un don! Chèque ou mandat poste à l’ordre de «UCL» à poster à UCL a/s E.H. 55051, CP Langelier, Québec (Qc) G1K 9A4

Merci!

vendredi, juin 26, 2009

Industrie automobile, crise et combativité

Depuis mardi, une vingtaine de slaquéEs occupent les terrains de BBI Entreprises, compagnie de pièces automobiles. On comprendra la colère de ces travailleurs et travailleuses de la ville de Ajax, en Ontario, qui s'étaient fait dire, la semaine dernière, que l'entreprise n'était plus « viable » et qu'elle fermerait ses portes à la fin juillet.


Pourtant, dès lundi matin, en arrivant au travail avec toute la motivation qu'on doit avoir quand on sait qu'on fonce tout droit vers l'insécurité économique, les plans avaient changé. Fini, fermé, plus d'ouvrage pour personne. Aucun dédommagement, aucune compensation.

On se souviendra que l'année dernière, pas mal à pareille date, une barricade avait été érigée devant le siège social de GM, non loin de là, à Oshawa, pour mettre de la pression sur la compagnie qui allait à l'encontre d'une convention collective signée trois semaines plus tôt. En mars dernier, c'est à Windsor qu'une cinquantaine d'ouvriers et d'ouvrières miSEs à pied ont bloqué l'accès à deux usines pour empêcher les machines et les outils d'en sortir. Chryslter avait consenti à verser 400,000$ aux slaquéEs.

À suivre..!

mercredi, mai 20, 2009

La relance économique...


Alors que les imbéciles qui nous gouvernent ne savent plus quelles actions entreprendre pour relancer l'économie, j'ai eu vraiment du mal à digérer mon dernier biscuit "chinois"...Non mais!
Peut-être que c'est ça le secret d'Henri-Paul Rousseau
pis ses investissements dans les Papiers Commerciaux!

mercredi, mai 13, 2009

Les chômeurs et les chômeuses au cœur des priorités…vraiment?


Hugo Desgagné, coordonnateur du Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE)


À en croire le chef libéral Michael Ignatieff, le Parti libéral du Canada est désormais résolu à faire de l’accessibilité au régime d’assurance-chômage sa priorité numéro un et même à en faire un enjeu central de sa prochaine campagne électorale.

D’emblée, nous reconnaissons que la mise en place d’un seuil unique d’admissibilité de 360 heures serait grandement bénéfique pour plusieurs travailleurs et travailleuses se retrouvant sans-emploi. Qui plus est, ce seuil unique d’admissibilité constitue l’une des revendications historiques des groupes de chômeurs et de chômeuses dans la lutte pour le rétablissement d’un régime d’assurance-chômage juste et universel. Ainsi, nous ne pouvons que nous réjouir de la récupération de cette revendication par l’opposition officielle à Ottawa. Toutefois, nous demeurons inquiets quant au caractère électoraliste, mais surtout temporaire de la mesure proposée par les libéraux fédéraux.

Peut-être est-il pertinent de rappeler que le PLC est en grande partie responsable du fait qu’à l’heure actuelle, près de 65% des chômeurs et des chômeuses sont excluEs du bénéfice des prestations en cas de perte d’emploi. Ce n’est pas la première fois que le PLC, en tant qu’opposition officielle, prend position en faveur des chômeurs et des chômeuses pour finalement changer son fusil d’épaule une fois au pouvoir. En effet, en 1994, les libéraux ayant pris le pouvoir et malgré leur opposition à la précédente réforme des conservateurs de Brian Mulroney, sabrent néanmoins dans le régime avec le projet C-17 qui fera chuter le taux de couverture à 51%. C’est d’ailleurs à partir de cette période que le PLC a fait du régime d’assurance-chômage une «vache à lait» gouvernementale.

Cette dynamique s’est accentuée avec l’abrogation en 1996 de la Loi de l’assurance-chômage par la Loi sur l’assurance-emploi. En considérant les heures de travail plutôt que les semaines pour se qualifier aux prestations, le gouvernement libéral se trouvait à tripler la norme d’admissibilité au régime. Ainsi, nous nous sommes retrouvés avec un régime percevant des milliards de dollars en cotisations en échange de maigres prestations versées aux quelques chômeurs et chômeuses couvertEs par le régime. Ceci a mené, rappelons-le, au plus grand vol de l’histoire canadienne, soit au détournement de près de 57 milliards de dollars des poches des travailleurs et des travailleuses vers les coffres du gouvernement.

Ce bref survol historique effectué, revenons donc à la mesure proposée par le PLC au début mai. Michael Ignatieff propose l’instauration, de manière temporaire, d’un seuil unique d’admissibilité fixé à 360 heures applicable partout au pays. Clairement, cette mesure aurait des effets bénéfiques immédiats quant à l’admissibilité aux prestations. Dans le cadre d’une crise économique comme celle que le Canada traverse actuellement, il est évident qu’un régime d’assurance-chômage le plus accessible possible constitue une des mesures les plus efficaces afin de maintenir une certaine stabilité économique. En effet, en permettant aux chômeurs et aux chômeuses d’avoir accès à des prestations de remplacement de revenu, non seulement maintient-on leur pouvoir d’achat, mais en plus, nous participons à la préservation de nombreux emplois, notamment dans le secteur des services et de la vente au détail.

Mais pourquoi s’en tenir à une mesure temporaire? Pourquoi continuer d’aborder le problème en fonction d’une vision réductrice et à court terme de la problématique du chômage? En maintenant une telle approche, ne contribue-t-on pas à l’accentuation du caractère discriminatoire du régime d’assurance-chômage? Une réforme en profondeur des modalités d’admissibilité au régime est d’autant plus pressante que la crise actuelle aura des répercussions non seulement sur le plan économique à court terme, mais bien sur toute la composition du marché du travail.

L’enquête sur la population active (Statistique Canada) du mois d’avril le démontre bien, non seulement la quasi-totalité des emplois créés le mois dernier sont des emplois dits «autonomes», donc non-admissibles aux prestations, mais en plus, la majorité sont des emplois liés au secteur des services. Et cette tendance ne fera que s’accentuer dans les mois et les années à venir. La plupart des emplois perdus dans le secteur manufacturier seront remplacés par des emplois dans le secteur des services. Ceci veut donc dire que de plus en plus de travailleurs et de travailleuses seront susceptibles de se retrouver dans une situation d’emploi précaire et donc, d’avoir énormément de difficultés à se qualifier pour espérer bénéficier de prestations d’assurance-chômage en cas de perte d’emploi. Dans un tel contexte, il est plus qu’urgent de procéder à une réforme majeure de l’assurance-chômage afin d’en rétablir non seulement l’accessibilité, mais également pour en bonifier les bénéfices.

En somme, le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi et ses groupes membres sont tout à fait en accord avec l’idée d’établir un seuil unique d’admissibilité au régime d’assurance-chômage. Toutefois, nous sommes d’avis qu’il faut cesser de toujours agir à la pièce et qu’il est grandement temps de procéder à une réforme en profondeur en vue de rétablir le caractère universel du régime d’assurance-chômage canadien.

lundi, mai 11, 2009

[Le capital en déroute] Chronique no.5: L’échangeur Turcot.


En 2007, le gouvernement libéral, par le biais du ministère des Transports du Québec (MTQ), imposait aux habitants des quartiers Saint-Henri et Côte-Saint-Paul (sud-ouest de Montréal), son énorme projet de réfection de l'échangeur Turcot. Un projet en partenariat public-privé qui coûtera 1,5 milliard de dollars sur sept ans et aura un impact environnemental énorme en plus de provoquer l'expulsion de centaines de foyers. (1) (2)

L'historique

L'échangeur fut mis en service en 1967, dans le sillage de l'exposition universelle de Montréal au coût de 24 millions de dollars (de l'époque) répartis entre les trois paliers de gouvernement. Érigé à l'époque par la firme Lalonde et Valois, devenue SNC-Lavalin, une firme d'ingénierie québécoise « respectable » et un fabriquant majeur de munitions au Canada, qui a depuis diversifié ses champs de compétence: du pétrole aux barrages, en passant par les projets dans les territoires cris et innus, la construction de réacteurs nucléaires en Chine, la biotechnologie et l'autoroute blindée dans la bande de Gaza. Bref, une firme qui depuis sa création a toujours fait passer le profit avant les gens.

À l'époque, la construction de l'échangeur avait causé la destruction d'une partie des quartiers Saint-Henri et Petite-Bourgogne et d'une multitude d'usines (3). Plus de 6 000 personnes furent alors expulsées, c'est-à-dire un quartier entier (4). Une logique d'urbanisme classique calquée sur la vision individualiste de nos voisins du sud, basée uniquement sur la voiture et qui n'était pas fondée sur des principes de développement durable. Une quarantaine d'années plus tard, l'échangeur reliant trois autoroutes névralgiques, soit la 20, la 720 et la 15, permet la circulation de plus de 280 000 véhicules par jour, un chiffre bien au-delà de sa capacité réelle. L'usure du temps et l'achalandage imprévisible en 1967 ont maintenant fait leur œuvre et il est nécessaire et urgent de faire des travaux majeurs afin d'éviter une catastrophe telle que l'effondrement du viaduc de la Concorde en 2006 qui avait causé la mort de cinq personnes. Un viaduc qui datait également des années 60.

Impacts du projet

Ce que le MTQ propose, c'est un nouvel échangeur qui pourra accueillir plus de 300 000 voitures par jour, soit 20 000 supplémentaires. Mais que représentent concrètement 20 000 voitures de plus?

En spéculant sur des émissions moins polluantes d'ici à 2016, la date de mise en service projetée de l'échangeur, le MTQ suppose que le niveau de pollution de l'air sera maintenu au même niveau (5). En plus de la pollution atmosphérique, ce projet provoquera une augmentation des gaz à effet de serre, des îlots de chaleur, de la pollution de l'eau, des sols et de la pollution sonore et un accroissement des dépenses énergétiques. À tout cela s'ajoute une absence totale de développement de transport en commun visant à diminuer le nombre de véhicules sur l'île de Montréal. En ce qui concerne le niveau de pollution atmosphérique, déjà élevé selon la Direction de la santé publique de Montréal (DSPM), il provoque un nombre accru de décès prématurés. De plus il est responsable d'une multitude de problèmes de santé, dont une hausse des problèmes respiratoires chez les enfants vivant à moins de 150 mètres d'un axe routier où circulent plus de 10 000 véhicules par jour et des hausses de 17 % des risques de naissance d'enfants de faible poids (1). D'ailleurs, la DSPM propose de « cesser d'augmenter la capacité routière » et « de réaliser une meilleure intégration de l'urbanisme et du transport ».

En parallèle aux conséquences négatives sur la santé, il est important de souligner que l'Agence de santé et des services sociaux de Montréal rapporte que la proportion de ménages à faibles revenus est beaucoup plus élevée le long des axes de circulation à grand débit (plus de 7 700 voitures/heure durant les périodes de pointe). Ce sont évidemment ces mêmes habitants des quartiers les plus pauvres qui furent expulsés et déplacés lors des grands chantiers d'autoroute, des années 60 et 70, à Montréal et en Amérique du Nord (6). En plus de subir les impacts sur la santé au quotidien, ils subissent l'affront d'être sans cesse déplacés au nom du développement économique. Encore une fois, l'État et ses amis capitalistes agissent en se foutant éperdument des populations précarisées par des années de néo-libéralisme.

Cette fois-ci, ce seront plus de 174 familles (plus de 400 personnes) qui seront expulsées au nom du profit, soit plus de 25 immeubles résidentiels, en plus de 36 commerces (5). Des familles qui seront faiblement dédommagées par trois mois de loyer et les frais de déménagement. Ridicule. Ils seront évidemment laissés à eux-mêmes dans un marché locatif en pénurie, et risquent donc de voir le pourcentage de leur revenu dédié au logement, déjà trop élevé, augmenter encore plus. Pour couronner le tout, le projet que le MTQ met en avant consiste à reconstruire, à côté des structures actuelles et sans arrêter la circulation, un nouveau réseau routier. Ce qui est la principale raison de ces expropriations!

Quand profit rime avec... profits

Ce projet de développement au coût de 1,5 milliard de dollars sur sept ans représente l'un des plus gros projets de partenariat public-privé à ce jour au Québec. Un projet effectué sans aucune consultation de la population, qui le paiera en bout de ligne par le biais des taxes et des impôts. Quoi de mieux, et de surcroît en période de crise, que de relancer la machine capitaliste par le biais de l'État? Les grands projets d'infrastructure, dont le gouvernement nous vante les mérites en termes de création d'emplois et tente de nous convaincre de la nécessité tant d'un point de vue sécuritaire qu'environnemental ou même esthétique, sont liés à la propriété foncière privée et aux grands monopoles de la construction. La dette publique, ennemi juré de l'État en période de croissance économique, redevient une source sûre pour le capital privé qui nécessite en ce moment une consolidation et une accumulation afin d'éponger les pertes liées au récent écroulement des marchés financiers. L'État sert alors de prêteur (sans intérêts) aux capitalistes qui construisent et qui lui refilent ensuite des factures supérieures à leur coût réel. Cet argent emprunté au système bancaire par l'État permet donc, tant par les intérêts engendrés au profit de la banque que par les profits privés générés par ces infrastructures, de faire fructifier le capital privé. Ce sera évidemment la population qui épongera cette dette publique, par le biais de taxes et impôts divers. Cette « relance de l'économie » est une tentative de protéger et d'accroître les capitaux à nos frais au détriment de l'environnement et de nos conditions de vie. De plus, avec les récents scandales dans les milieux de la construction impliquant des politiciens, des syndicats et le crime organisé, on peut se douter que les politiciens et les capitalistes vont se remplir les poches avec ce projet.

C'est à nous tous et toutes maintenant d'exiger autre chose!


(1) Mobilisation Turcot
(2) Cyberpresse
(3) wikipedia
(4) Village des Tanneries
(5) Radio-Canada
(6) Agence de la Santé et des Services Sociaux de Montréal

vendredi, mai 08, 2009

[Le capital en déroute] Chronique no.4: Une analyse communiste libertaire de la crise.


Une chronique que nous vous proposons, enfin que nous tenterons de produire de manière régulière, et qui aura pour thème l’analyse de la crise et ses effets sur les travailleurs-euses. Avec la crise à nos portes, malheureusement nous entendrons de plus en plus parler de restructuration, de pertes d’emplois, de licenciement technique et de précarité. Nous tenterons d’analyser à chaque chronique le cas d’une compagnie ou d’un exploiteur qui pour une raison ou une autre tente de maximiser son profit au détriment des travailleurs-euses du Québec. Nous ne nous proclamons pas comme des spécialistes de l’économie, mais bien comme des témoins de cette lutte sans relâche qui oppose le capital aux exploitéEs. Cette semaine, voici le texte que nous avons diffusé, aux deux manifestations à Montréal du 1er mai (syndicale et révolutionnaire), sous la forme d'un tract de 4 pages. Une analyse communiste libertaire de la crise...

La crise des « subprimes » qui a éclaté aux États-Unis s'est transformée en crise financière mondiale. Cette crise, qu'on tente de faire passer pour une simple récession, est en fait l'une des plus profondes depuis la grande dépression de 1929. Dès lors, le capitalisme, au bord de la faillite, nous lance un vibrant (sic) appel à l'aide à l'État et exige des salarié-e-s qu'ils et elles se responsabilisent et acceptent de faire les frais de cette crise en réduisant leur salaire. Personne n'est insensible aux flots de licenciements et aux nombreux ménages qui se retrouvent en situation difficile après avoir subi les conséquences de cette crise.

Nombreux sont les «experts» et les économistes «patentés» intervenant afin de réhabiliter le capitalisme. Ils soutiennent que les causes de ce désastre sont extérieures ou étrangères au système. Tel n'est pas notre avis. Il est temps de se parler franchement et d'identifier ce que nous croyons être les véritables raisons du cataclysme économique actuel qui nous touche tous et toutes.

2007-2009:d'une crise à l'autre.

Depuis l'éclatement de la bulle spéculative de 2007, les bourses se sont effondrées avec les conséquences que l'on connait: pertes d'emplois massives, diminution des salaires et des conditions de travail, hausse des prix des aliments, inflation, hausse des loyers...Au Canada, la crise a déjà provoqué des dégâts considérables. Entre octobre 2008 et mars 2009, 357 000 emplois ont été perdus au Canada (-2,1%), le taux le plus élevé depuis la récession de 1982. Au Québec seulement, 55 000 travailleurs et travailleuses ont perdu leur emploi pour la même période et le chômage s'est accru de 1,1% pour passer à 8,3%. Le Conference Board of Canada, un institut économique de droite qui plaide en faveur du capitalisme sauvage depuis des années, est de plus en plus pessimiste quant à la reprise économique, allant même jusqu'à affirmer que le taux de chômage pourrait atteindre les 9,5% d'ici 2010.

En parallèle, la hausse de l'inflation de 2,4% en 2008, la plus forte depuis 2003, est due en grande partie à l'augmentation du prix des aliments de 7,4% (à lui seul, le prix des légumes frais a augmenté de 25,8%) et du coût des logements qui a augmenté de 3,0% entre février 2008 et février 2009*. Ici, les effets commencent à peine à se faire ressentir alors qu'ailleurs sur la planète ces augmentations ont poussé les gens à descendre dans la rue et à se révolter contre la « vie chère » provoquée par les capitalistes et les gouvernements. Pour la seule année 2008, le prix du riz a augmenté de 30%, ce qui représente jusqu'à 70% des revenus dans les pays en développement, une catastrophe pour des milliards de personnes dont l'alimentation repose en bonne partie sur cet aliment. C'est, entre autres, parce que les grands de la finance se sont mis à l'abri derrière des valeurs refuges, comme les titres attachés aux biens alimentaires, que la crise financière a provoqué une crise alimentaire. Un phénomène qui a entraîné des pénuries de denrées essentielles et des famines dans un nombre toujours croissant de pays, alors que le gaspillage et la destruction systématique de production continuaient dans les pays riches! Une absurdité alors que l'humanité n'a jamais produit autant de richesses! À ces crises alimentaires et économiques, se joint une crise écologique majeure (et quasiment irréversible), provoquée par la recherche désespérée du profit maximal sans autres considérations.

Malgré la hausse générale de l'indice des prix à la consommation, pour cette même période le prix des matières brutes a chuté drastiquement de 30,7%! Pourtant, les patrons profitent de cette crise pour mettre en place des mesures de rationalisation afin de maintenir leur marge de profit, c'est-à-dire en imposant des détériorations des conditions de travail, en diminuant des primes de retraites, en ayant recours au lock-out ou en licenciant massivement les travailleurs et les travailleuses. On n'a qu'à penser à Rio-Tinto-Alcan qui a licencié 1100 employés (et qui en licenciera potentiellement 2000 de plus), Bombardier, qui a licencié près de 4000 employés, Pratt and Whitney plus de 500, ou encore le Journal de Montréal qui a mis en lock-out plusieurs centaines d'employé-e-s, etc.

*Statistiques Canada avril 2009

C'est au cœur du système qu'on trouve les causes de la crise, pas ailleurs!

Les crises ne sont pas un phénomène nouveau, le capitalisme a toujours connu de telles secousses. Plusieurs économistes se sont penchés sur l'étude de ces phénomènes. Pour les économistes libéraux et néolibéraux, le marché est une donnée naturelle et s'il n'y a pas équilibre, c'est forcément à cause d'éléments extérieurs. Bref, c'est toujours la faute des autres! Pour les économistes keynésiannistes ( les réformistes de gauche), c'est la demande qui diminue, ce qui crée la crise. Il faut donc la stimuler pour relancer l'économie. Ces deux visions sont incomplètes et laissent croire en un capitalisme qui pourrait mieux fonctionner.

Nous croyons plutôt que l'explication des crises est à rechercher ailleurs, dans le besoin nécessaire de profits toujours croissants et le besoin d'acheteurs (débouchés) pour rendre possible la réalisation des profits. Il y a ici toute la contradiction sur laquelle repose l'ensemble du système capitaliste. La recherche de profits sur les investissements force les capitalistes à augmenter sans cesse la productivité par tous les moyens nécessaires. Il en résulte donc un phénomène de surproduction et non de sous-consommation. C'est cette recherche effrénée d'accumulation du capital (profit) par une hausse constante de la productivité et une diminution de la masse salariale qui entraîne une tendance à la baisse du taux de profit. La crise devient donc un phénomène inévitable et est revitalisante. La production excédentaire est détruite et l'économie se rééquilibre un peu, en éliminant ses secteurs moins rentables. C'est le moment des fusions et des faillites qui permettent une concentration accrue des richesses. Tout est en place pour le redémarrage du capitalisme vers la prochaine crise.

Les riches propriétaires de compagnies vont tenter par tous les moyens nécessaires de freiner la tendance à la baisse du taux de profit. Parmi ceux-ci, l'expansion impérialiste vers de nouvelles matières premières moins coûteuses ou vers de nouveaux marchés, le cheap labor, la privatisation, etc. La financiarisation à outrance de l'économie est également source de haut taux de profit. C'est l'extension du crédit de façon importante au 20e siècle, qui a permis de jeter les bases de la généralisation du monde de la finance. Puis, au courant des années 1970, la fin des accords de Bretton Woods a permis à la finance d'exploser sans aucune restriction ni règle pour encadrer ce marché fictif. Fictif, parce que les banques et les grands financiers ont développé tout un arsenal d'opérations financières où il est possible de faire de l'argent... avec de l'argent, l'alchimie contemporaine!

La financiarisation de l'économie a rendu moins fréquente (mais plus violente) la menace de crise générale, parce que le crédit permet de cacher l'existence d'une surproduction en permettant à l'économie de fonctionner quand même, mais sur l'endettement. Évidemment, les soubresauts financiers, quant à eux, sont fréquents. Cela revient à dire que l'argent fictif s'envole souvent en fumée, sans entraîner pour autant l'ensemble de l'économie. Cependant, lorsque des empires se construisent sur cet argent fictif, les risques de débandades incontrôlables sont décuplés. C'est ce qui explique, en partie, la raison pour laquelle, d'une crise financière, entourant les titres PCAA (papier commercial adossé à des actifs), nous sommes aux prises avec une crise économique générale.

L'État complice: de droite à gauche, des solutions inutiles et illusoires

L'État est complice de l'effondrement et un acteur essentiel du relèvement du système. Il l'est par son appui éhonté aux grandes multinationales. Les gouvernements mettent en place un éventail d'outils et d'aides qui serviront à l'expansion de la financiarisation, à l'exportation des capitaux et à l'exploitation des humains et de la nature. Les États sont toujours prêts à user du bâton ou de la carotte afin de permettre à des compagnies de créer de nouveaux profits. Ils mettent aussi en place un vaste contrôle de la population, que ce soit par les mises en scène électorales ou par la répression, afin de permettre aux grandes compagnies de continuer à exploiter et polluer.

L'État est aussi une condition essentielle au rétablissement de la bonne marche de l'économie. Grâce aux fonds publics et au recours aux déficits, diabolisés en temps de prospérité, l'État devient l'outil central pour sauver une compagnie ou une banque en épongeant ses dettes ou encore pour stimuler l'économie. En temps de crise, il peut aussi servir à assurer la subsistance à des milliers de chômeurs et de chômeuses, dont l'existence permet d'exercer une pression à la baisse sur les salaires. Donc, il se trouve à être le vecteur essentiel rendant possible le redémarrage de l'exploitation.

En Amérique du Nord, nous avons pu voir où nous menaient les politiques des grands partis de droite. Tous et chacun épousent, à des degrs divers, les idées néolibérales: coupures, privatisations, déréglementations, etc. Par contre, face à ces partis traditionnels se lèvent de nouvelles forces, représentées entre autre par les partis sociaux-démocrates et « socialistes » qui prétendent vouloir faire différemment. Le problème de ces partis de gauche, c'est qu'ils refusent de s'attaquer aux fondements du système et se contentent d'agir de façon superficielle. On propose du logement social, on propose de meilleures aides gouvernementales, on propose des taxes plus importantes aux compagnies, sans jamais mentionner que si on en est là aujourd'hui, c'est que le système est ainsi fait, les injustices en sont le fondement et l'exploitation le ciment. Bref, les partis de gauche proposent de donner un coup de peinture sur une maison qui est sur le point de s'écrouler, en espérant en faire une demeure agréable. Balivernes!

Et les syndicats dans tout cela? L'union quosse ça donne?

Historiquement, le syndicalisme s'est toujours dressé comme une force, comme la force des travailleurs et des travailleuses réuni-e-s, afin de faire obstacle à l'exploitation et à la misère. Cependant, aujourd'hui, les syndicats jouent un rôle indispensable au capitalisme et ce rôle est primordial en période de crise. La fonction principale du syndicat est de maintenir les conditions salariales au-dessus du minimum physiologique calculé par les capitalistes, bref elle négocie les conditions d'exploitation du travailleur. En contrepartie, la bureaucratie syndicale assure un certain niveau de production et une « paix sociale » marchandée selon la conjoncture économique. Les syndicats demanderont des hausses de salaires en période de croissance économique et la protection des négociations précédentes en période de ralentissement. Il est donc à l'avantage des syndicats d'exiger une exploitation de la force de travail supérieure en période de crise afin de favoriser une sortie de crise rapide et ainsi reprendre les négociations des conditions lors de la reprise économique. Puisque les syndicats depuis longtemps n'ont plus aucunes stratégies visant à renverser le capitalisme ou même à lutter de manière efficace contre le patronat, il est plus que nécessaire que les travailleurs et les travailleuses s'organisent indépendamment des hiérarchies syndicales, à l'intérieur comme à l'extérieur des syndicats. La radicalisation des luttes et la création de tendances autonomes, refusant toute forme de compromis au sein même des syndicats, par les travailleurs et travailleuses, ne pourra qu'accroître l'efficacité de celles-ci et créer des liens de solidarité entre les différentes luttes.

Redistribuez la richesse ou nous irons nous servir!

Évidemment le capitalisme trouvera peut être une sortie de crise en permettant au capital d'être à nouveau accumulé sans entraves. L'État et les partis de droite comme de gauche continueront à en être complice et à permettre au capitalisme de se relever rapidement pour reprendre le cycle qui nous mènera à une nouvelle crise. Les syndicats quand à eux, achèterons la «paix sociale» à coup de petites augmentations salariales insignifiantes et de légères améliorations de nos conditions.

Seule notre classe est capable de mettre fin au capitalisme. C'est à nous et à nous seuls: travailleurs et travailleuses, précaires, étudiants et étudiantes de porter le coup fatal et de créer une société dans laquelle la production et la consommation reposeront sur la devise: « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Nous ne devons pas lutter pour avoir un capitalisme « plus humain » mais bien pour un système dans lequel l'État, les classes sociales, l'exploitation et l'oppression seront abolis. Aucune réformisme n'y changera quoi que ce soit, seule une révolution y parviendra. Il faut dès maintenant s'organiser et riposter coup pour coup contre ces riches.

Contre les licenciements, réapproprions nous les entreprises et autogérons les nous-même!

Contre les propriétaires qui nous foutent à la rue, exproprions-les et administrons nos milieux de vie nous-même!

Contre l'État qui chaque jour nous opprime et nous humilie, appelons à la grève générale!!

Le capitalisme agonise..à nous de l'achever!

vendredi, avril 24, 2009

Nous cotisons, vous placez... ILS EMPOCHENT!


[ce texte est paru en première page de notre dernière parution du Cause Commune bientôt disponible sur le web ou à la Librairie l'Insoumise]

Depuis quelques semaines, la Caisse de dépôt et placement du Québec [CDPQ] a fait couler beaucoup d’encre. L’annonce des résultats de rendement de la Caisse a fait l’effet d’un puissant séisme, tant chez les financiers que pour la classe politique. Les travailleurs et les travailleuses, qui étaient déjà inquiets et inquiètes face aux conséquences de la crise économique, ont maintenant peur des répercussions sur les fonds de retraites administrés par la Caisse.

Les grands médias et les partis d’opposition se sont surtout attardés aux résultats récemment dévoilés. Mais la Caisse, c’est plus que ça ! Cette institution est en fait l’un des principaux vecteurs du développement du capitalisme québécois, en particulier sous sa forme financière. La Caisse de dépôt, c’est l’utilisation de l’argent des travailleurs et des travailleuses à des fins de rentabilité et d’accumulation de capital sans aucune autre considération.

Des résultats catastrophiques


Les résultats récents de la Caisse ont été fouillés à fond par les médias de masse, les économistes et nos politicien-ne-s. La Caisse a investi, comme beaucoup d’autres gestionnaires de fonds publics[1], dans les fameux PCAA (papiers commerciaux adossés à des actifs) ce qui s’est avéré un véritable désastre. En effet, lorsque les ménages américains surendettés ont commencé à ne plus être en mesure de rembourser leurs hypothèques, les banques ont subi une crise de liquidité et n’ont plus été en mesure de rembourser leur PCAA. Dans toute cette opération, la Caisse a enregistré une perte de 25% de ses actifs, soit 40 milliards de dollars. Ces milliards de dollars, ce sont en fait ceux de travailleurs et de travailleuses dont les fonds de retraite sont déposants à la caisse. Il y a 25 fonds de retraite déposants, dont le Régime des rentes et le Fonds des employé-e-s du gouvernement du Québec.

Des placements qui profitent de l’exploitation et de la pollution ?


La Caisse se comporte comme une entreprise privée de gestion de portefeuille : sa seule et unique considération, c’est le rendement de son capital. Il s’agit d’argent public, mais le comportement, lui, est celui de tous capitaux financiers. En ce sens, la Caisse est un vecteur essentiel du développement capitaliste du Québec, mais aussi du développement de l’impérialisme québécois et canadien. Un examen rapide des compagnies ayant des participations quelconques de la Caisse, permet de constater à quel point cette institution contribue à enrichir des entreprises antisyndicales, polluantes et impérialistes.

Premièrement, les mises à pied réalisées, depuis deux ans, par les compagnies où la CDPQ est présente s’élèvent à plus de 30 000 travailleurs et travailleuses partout dans le monde. À elle seule, la compagnie pharmaceutique américaine Pfizer a licencié près de 15 000 employé-e-s en deux ans. À cela il faut rajouter 5000 pour Microsoft, 2000 pour BHP Billiton, 2000 pour Nokia, 1500 pour Bombardier, etc. Il faut aussi mentionner que la CDPQ a des parts chez Québecor Media, les mêmes qui mettent en lockout les travailleurs et les travailleuses du Journal de Montréal.

Deuxièmement, il faut montrer la participation à des compagnies pétrolières comme Exxon Mobil, que l’on accuse notamment d’être derrière l’invasion de l’Irak. Exxon Mobil est aussi responsable de nombreuses études réfutant les changements climatiques. La CDPQ a des parts également chez Total, compagnie pétrolière française accusée de soutenir la junte militaire du Myanmar et aussi responsable de la catastrophe maritime suite au naufrage du Erika au large de la Bretagne. On retrouve aussi des placements chez des compagnies pétrolières russes, comme Lukoil et Gazprom, qui ne sont pas étrangères à la guerre en Géorgie à l’été 2008 ; de même que des entreprises chinoises, britanniques.

Au secteur énergétique, on doit aussi ajouter le secteur minier. La Caisse est présente dans plus d’une dizaine d’entreprises aux pratiques douteuses et agressives notamment en Afrique, comme par exemple les compagnies canadiennes (CNR et Barrick) ou coréenne (POSCO), etc. La société aurifère Barrick, mieux connue comme la Barrick Gold, est d’ailleurs responsable d’un baillon légal (SLAPP) contre la maison d’édition Écosociété qui a publié un livre sur les pratiques antisociales et anti-environnementales de la compagnie (chut !!! en espérant ne pas se faire poursuivre !).

La Caisse possède de nombreuses actions de grandes banques étrangères, dont la Citigroup, la Bank of America, JPMorgan and Chase. Ce sont, en partie, ces trois grandes banques américaines qui sont responsables du fiasco des « subprimes» et des PCAA. De plus, la Citigroup est soupçonnée de contribuer à l’évasion fiscale en facilitant l’accès à des comptes offshores dans des paradis fiscaux des Caraïbes ou d’Europe.

À ce bilan, il faut ajouter des participations dans des compagnies comme Microsoft, accusées de pratiques monopolistes, comme la prise de contrôle de la bannière ISO pour bloquer l’émergence du logiciel libre ; Google, qui est responsable d’un stockage d’information en quantité inimaginable ; Nestlé, souvent pointée du doigt pour ses pratiques antisyndicales et pour ses négligences coupables dans le dossier de la nourriture pour bébé ; etc.
Il ne s’agit ici que d’un bref coup d’œil sur la composition du portefeuille de la Caisse de dépôt et placement du Québec et pourtant, il est déjà possible d’affirmer que cette institution profite de pratiques douteuses, agressives, expansionnistes, polluantes, déstabilisatrices et antisyndicales du capital privé. À l’heure du soi-disant «développement durable», servi à toutes les sauces par les politiciens et les politiciennes de tout acabit, il y a tout lieu de se questionner.

Le 1er mai, allons exiger ce qu’ils nous ont volé!


En plus de jouer au poker avec l’argent des travailleurs et des travailleuses, le gouvernement et ses sbires de la finance profitent de l’exploitation éhontée et de la destruction de la nature. Nous ne sommes pas complices et c’est pour cela que nous irons nombreux et nombreuses, le 1er mai à Montréal, dénoncer cette institution, fleuron du capital québécois.

vendredi, avril 03, 2009

[Le capital en déroute] Chronique no.3: Le comité de gestion de la taxe scolaire de l'Île de Montréal


Une chronique que nous vous proposons, enfin que nous tenterons de produire de manière régulière, et qui aura pour thème l’analyse de la crise et ses effets sur les travailleurs-euses. Avec la crise à nos portes, malheureusement nous entendrons de plus en plus parler de restructuration, de pertes d’emplois, de licenciement technique et de précarité. Nous tenterons d’analyser à chaque chronique le cas d’une compagnie ou d’un exploiteur qui pour une raison ou une autre tente de maximiser son profit au détriment des travailleurs-euses du Québec. Nous ne nous proclamons pas comme des spécialistes de l’économie, mais bien comme des témoins de cette lutte sans relâche qui oppose le capital aux exploitéEs. Cette semaine, le comité de gestion de la taxe scolaire de l'Île de Montréal.

Depuis quelques mois déjà que les conséquences de la crise se font ressentir, perte d’emploi, fermetures d’usines, compressions salariales, etc. Les travailleurs et les travailleuses sont des victimes de cette crise, pourtant il n’en porte pas vraiment la responsabilité. Aujourd’hui, la crise vient de faire de nouvelles victimes, cette information semble passer inaperçue dans les médias et pourtant elle est on ne plus révoltante. En effet, on apprend aujourd’hui le 3 avril, que le CGTSIM (comité de gestion de la taxe scolaire de l’île de Montréal) prévoit cesser ses subventions aux écoles défavorisées. Ces sommes permettaient de payer des repas, des berlingots de lait ainsi que des professeurs spéciaux aux enfants des quartiers défavorisés. Pourquoi? Le CGTSIM a investi, tout comme la caisse de dépôt et de placement, dans les PCAA!

Le CGTSIM a pour mission, la « Gestion équitable et efficace des ressources, dont celles de la taxe scolaire fixée, perçue et redistribuée et dont les revenus de placement sont destinés au service des plus démunis dans les milieux défavorisés de l’éducation préscolaire, primaire et secondaire, en formation générale et professionnelle dans l’intérêt général des commissions scolaires de l’île de Montréal» (ici) Ce comité perçoit donc les sommes récoltées de la taxe scolaire et en fait la gestion, en la plaçant et en finançant certaines activités. On peut lire aussi dans leur rapport annuel 2007-2008 (ici), que le CGTSIM permet l’atteinte d’une plus grande justice sociale sur l’île de Montréal en égalisant l’effort fiscal entre les contribuables et en répartissant les revenus de façon plus équitable. On constate donc rapidement que le CGTSIM a un mandat de gestion de fonds publics dans l’intérêt de tous et toutes.

Le CGTSIM a un chiffre d’affaire (en 2007-2008) de 488 144 700 millions de dollars annuellement, dont 399 359 900 provient de la taxe scolaire. Avant août 2007, le CGTSIM s’était, à l’instar des grandes institutions financières, jeté dans les investissements risqués des PCAA et y a engouffré quelques 75 millions de dollars. Donc, débutant son terme financier avec un surplus de 15 540 600$, il termine l’année 2007-2008 (30 juin 2008) avec un déficit nette de 6 925 200$. Aujourd’hui, ce déficit serait de l’ordre de 16 millions selon un reportage de Radio-canada (ici). Or, en 2007-2008 le financement du CGTSIM aux écoles en difficultés s’élevait à 15 700 000$.

Devant ces résultats, le président du CGTSIM, Fernando Barberini, affirme être incapable de continuer à financer les secteurs défavorisés de Montréal. Ce que ça veut dire, c’est que pour pallier aux politiques de rentabilisation dans la gestion des fond public et pour réparer le tort causé par l‘incompétences crasse de quelques financiers, on préfère couper dans l’aide immédiate apportée aux enfants défavorisés! (sources)

Il s’agirait peut-être ici d’un moyen de pression face au gouvernement du Québec, afin que celui-ci se porte au secours de ce comité et des commissions scolaires. Bien entendue, le MEQ doit faire sa part dans le refinancement des institutions qui sont sous sa coupe, les commissions scolaires, l’UQAM, le CGTSIM, etc. Par contre, pourquoi couper dans ce poste budgétaire plutôt qu’ailleurs? Pourquoi ne pas réaliser un autre déficit, en forçant ainsi le MEQ à s’activer? Les dirigeants du CGTSIM ont-ils exploré l’avenue de la diminution de leurs salaires personnels ainsi que de leurs primes, où font-ils comme partout ailleurs et protéger leurs acquis au dépends des enfants innocents?

Le budget aux enfants défavorisés est un élément important pour l’éduction primaire et secondaire. La CSDM, dans un communiqué envoyé aujourd’hui (ici), se fait rassurante en insistant sur la non-diminution des services offerts aux écoles plus pauvres. Parfait, mais dans un contexte de crise économique, l’heure n’est pas à «assurer le maintien des services» mais plutôt à tout faire en sorte pour que ces services soient augmentés de façon substantielle!

Les ménages à faible revenu, principalement ceux sur l’aide sociale, doivent composer avec des budgets on ne peut plus serrés. La crise du logement des années 2000 et les hausses importantes du loyer contribuent pour beaucoup à l’appauvrissement des ménages à faibles revenus À Montréal, près d’une personne sur cinq consacre plus de 50% de son revenu à se loger (sources). Dans un budget normal, le logement ne devrait pas occuper plus de 30% et la nourriture un autre 30%. Or, actuellement les ménages les plus pauvres doivent couper dans le budget alimentation. Si vous ajoutez à cela les récentes augmentations du panier d’épicerie, on comprend facilement que des milliers d’enfants ne mangent pas dans les écoles.

Le CGTSIM lui-même identifie la pauvreté comme «[…] le point de départ et d’arrivée du cercle si difficile à briser dans lequel s’inscrit l’échec scolaire, […]» et d’ajouter «L’égalité des chances doit être poursuivie par une distribution ciblée des ressources dans le but de contrecarrer les facteurs de risques.» (sources) Belles phrases pompeuses venant de la bouche de financiers qui utilisent les ressources publiques comme du capital privé. Il faut insister sur le fait que c’est avec le sort des enfants défavorisés que ces financiers ont joué en investissant dans des opérations douteuses et risqués. Pas grave! Ce ne sont pas eux qui paient si les investissements se cassent la gueule, c’est le berlingot de lait d’un enfant pauvre d’hochelag ou de Parc-extension qui va être coupé!

samedi, février 21, 2009

Une analyse de la crise économique.

Une excellente analyse de la crise économique sur un nouveau blogue: Le blog de PapaMarx. Un texte assez long, mais qui fait un survol assez complet de l'historique de l'évolution du capitalisme des accords de Bretton Woods jusqu'à la crise économique mondiale actuelle.

Le fruit de la misère ne tombe jamais loin de l’arbre de l’exploitation.
La crise économique commencée en 2008 a maintenant pris des proportions mondiales, et laisse désemparés les capitalistes et les États qui n’avaient pas su ou voulu en mesurer l’importance. Partout le chômage explose alors que des mobilisations sociales de plus en plus radicales et violentes se manifestent. De l’Europe de l’est à la Grèce, de l’Islande aux Antilles françaises, des États-Unis à la Chine, les troubles sociaux fusent en réaction à la crise qui prive les travailleurs de revenus, de logement, de nourriture.

Les classes dominantes tentent tant bien que mal de prendre la mesure d’une crise de plus en plus profonde et qui ne semble pas vouloir se résorber, alors que les plus populistes d’entre eux, Nicolas Sarkozy en tête, mettent la faute de la crise sur les excès du capitalisme, sur la finance immorale, sur un manque de réglementations. Bercés par l’espoir d’un rapide retour à la normale qui serait la conséquence de nouvelles règlementations et d’une moralisation du capitalisme, les politiciens et opportunistes de tout acabit peinent à voir ce que de plus en plus d’observateurs constatent: la crise actuelle marque la fin d’une époque.

Cette crise est le résultat d’une évolution normale et naturelle du capitalisme. Le fruit de la misère ne tombe jamais loin de l’arbre de l’exploitation. Du néolibéralisme caractéristique des trente dernières années à la financiarisation de l’économie, des hypothèques à risques américaines à la crise du papier commercial, de la crise alimentaire mondiale à la crise actuelle, il y a un enchaînement causal indéniable, propre au système capitaliste.

Comprendre la situation actuelle est le préalable à une action efficace. Ce texte veut en conséquence contribuer à une essentielle renaissance de la critique de l’économie politique.

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mercredi, février 04, 2009

[Le capital en déroute] Chronique no.2:Le budget fédéral 2009



Une chronique que nous vous proposons, enfin que nous tenterons de produire de manière régulière, et qui aura pour thème l’analyse de la crise et ses effets sur les travailleurs-euses. Avec la crise à nos portes, malheureusement nous entendrons de plus en plus parler de restructuration, de pertes d’emplois, de licenciement technique et de précarité. Nous tenterons d’analyser à chaque chronique le cas d’une compagnie ou d’un exploiteur qui pour une raison ou une autre tente de maximiser son profit au détriment des travailleurs-euses du Québec. Nous ne nous proclamons pas comme des spécialistes de l’économie, mais bien comme des témoins de cette lutte sans relâche qui oppose le capital aux exploitéEs. Cette semaine le budget Flaherty…


Quand l'économie se porte mal, l'État est sollicité afin de soigner les plaies. Si en temps normal, on aime un État qui se complait dans l'inaction et la non-intervention face à la sphère économique, en temps de crise c'est tout le contraire. Un peu comme un fumeur se nourrisant de mal-bouffe et passant sa vie devant la télé demande à son docteur de le guérir de sa tumeur cancéreuse ou de ses maladies cardiaques, l'économie se présente face à l'État en ne demandant qu'un tout petit pansement lui permettant de reprendre de plus bel son régime dévastateur. Ce pansement, à l'échelle fédéral, c'est le budget Flaherty du 27 janvier 2009.

Le laisser-faire économique semble avoir atteint sa limite et, la bourgeoisie nationale ou internationale et leurs différents lobbys exigent une réaction vive de l'État. En effet, le FMI demande «[...]aux pays qui sont en mesure de le faire d’injecter dans leur économie une stimulation correspondant à 2 % de leur produit intérieur brut (PIB) afin de réduire les effets dommageables de la récession mondiale.» (1)Aussi voit-on des groupes comme le conseil du Patronat se réjouir du budget fédéral, (2) tout en insistant sur l'importance de ne pas retourner aux déficits chroniques et sur le caractère temporairede ces mesures. «Plus d'une décennie de remboursement de la dette se trouve effacée avec les déficits prévus dans ce budget, et pour les quatre prochaines années. Tout en apportant un soutien à la croissance, le gouvernement canadien doit donc s'assurer que les mesures annoncées aujourd'hui demeureront limitées dans le temps, [...] » déclare Norma Koshaya, économiste au conseil du patronat. Certes, il y a toujours les idéologues incorrigibles, entre autre les déconnectés de l'Institut Économique de Montréal qui, par l'entremise d'une de leur porte-étendard, dénonçait le budget (3) parce que trop interventionniste. Elle accuse Harper d'avoir « [...] renié ses croyances pour satisfaire sa soif du pouvoir.»

Dans les faits, le budget Flaherty demeure une politique normale de temps de crise. Dans un premier temps, il tente de stimuler la demande des particuliers (consommation) puis celle des entreprises (investissements). Ensuite le gouvernement lance lui-même des projets d'infrastructure qui lui permettra de donner un élan à l'économie. Conscient du risque de voir s'enfoncer le gouvernement entier dans le «piège» de l'interventionnisme et des exigences de la bourgeoisie, le Ministre assure lui-même que «Le Plan d’action économique repose sur trois grands principes : la stimulation doit être rapide, ciblée et temporaire. [...] Temporaire: Le Plan d’action économique doit cesser progressivement lorsque l’économie se rétablira, afin d’éviter des déficits structurels à long terme.»

Pour s'assurer d'une stimulation de la consommation des particuliers, le Ministre Flaherty propose une baisse d'impôt de près de 20 milliards en 2008-2009 et pour les cinq années suivantes. Aussi, le gouvernement entend donner des crédits d'impôt aux ménages qui font rénover leur domicile ou bien à ceux qui achètent un premier domicile.

Afin de stimuler les investissements, le budget prévoit des allégements fiscaux, pour les compagnies, allant de 100% pour l'achat de nouveaux ordinateurs à 50% pour l'achat de machine de fabrication et de transformation. Ces allégements fiscaux s'additionnent aux différentes autres baisses d'impôt sur le revenu et aux aides sectorielles ciblées. Il ne faut pas oublié la diminution du taux d'intérêt de la Banque du Canada, qui vise à stimuler l'investissement productif.

Sur la question de l'accès au financement, le gouvernement prévoit dépenser quelques 200 milliards dans le «cadre de financement exceptionnel». Sur ce 200 milliards, les prêteurs (les banques) recevront près de 50 milliards pour leur permettre de garantir les hypothèques à long terme et ainsi favoriser l'accès au crédit au plus grand nombre de ménages et d'entreprises. Le reste de ce montant est alloué dans différents programmes et politiques visant à faciliter l'accès à un crédit supérieur.

Pour ce qui est des infrastructures, le gouvernement annonce le financement de plusieurs projets important dont entre autre 407 millions à Via Rails, 130 millions de dollars à Parc Canada pour l'autoroute transcanadienne, 212 million de dollars pour le Pont Champlain (Oui! Vous avez bien compris!) 323 millions de dollars pour rénover des immeubles fédéraux et aussi 2 millions pour une étude sur le manège militaire. Le Gouvernement fédéral prévoit aussi investir des sommes importantes dans le développement d'infrastructure provinciale et municipale, dans les infrastructures du savoir puis dans les infrastructures pour les autochtones. L'annonce de 2 milliards pour la rénovation du parc de logement social ainsi que les montants pour du logement social neuf, doivent être vu comme un moyen de stimuler l'économie plutôt qu'une volonté politique visant réellement à construire des logements sociaux.

Encore une fois, le gouvernement ne prévoit que peu de moyens pour aider les personnes démunis. Ils sont prêts à déployer l'artillerie lourde et à plonger le pays au cœur de déficits qu'ils ont si longtemps condamnés afin d'aider les grandes banques et les grandes compagnies qui vivent une crise ponctuelle, mais ne font rien pour aider ceux et celles qui vivent une crise permanente depuis longtemps. Le logement social n'occupe qu'une part insignifiante de ce budget, alors que les problèmes de mal-logés vont en croissance année après année. Faut-il rappeler qu'aucun HLM n'a été construit au Québec depuis 1994 , en raison d'un retrait du fédéral. Les 40 000 personnes sur les listes d'attente ne verront, en aucun moment, leur sort s'améliorer. D'ailleurs, le FRAPRU (4) dénonce le fait que le «[...] Québec devrait recevoir autour de 30 millions $ par année de cette enveloppe fédérale». François Saillant, porte parole de l'organisme déclarait d'ailleurs que « 30 millions $, ça représente tout juste l'équivalent des subventions pour 425 logements par année dans le cadre du programme québécois AccèsLogis, alors qu'il y a au Québec 203 000 ménages locataires consacrant plus de la moitié de leur revenu en loyer. C'est ridicule ».

Même son de cloche du côté de l'assurance-emploi. Alors que leur crise nous fait perdre de plus en plus d'emplois, rien n'est annoncé pour aider à assurer au plus grand nombre un accès à l'assurance-emploi. C'est toujours le même problème pour des centaines de milliers de travailleurs et de travailleuses qui se retrouvent sans emploi. Ils et elles cotisent toute leur vie, pour se voir refuser l'accès aux prestations le moment venu. Hugo Desgagné du MASSE (Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi) déclarait récemment:« À quoi, et surtout à qui cela sert-il de bonifier de cinq semaines la période de prestation s'il y a toujours près de 60 % des travailleurs et des travailleuses qui, d'une manière ou d'une autre, n'y auront pas accès lorsqu'ils ou elles perdront leur emploi? Toutes bonifications à l'assurance-emploi, bien que souhaitables, demeurent inefficaces si l'on ne s'affaire pas, dans un premier temps, à rétablir le caractère universel du régime.»

Dénoncé un peu par la droite et décrié par la gauche, ce budget est une démonstration éclatante du rôle de l'État dans la société capitaliste. Alors que l'État est souvent présenté comme le médiateur des tensions sociales comme le protecteur des citoyen-ne-s (État-providence), il n'est en fait que l'outil entre les mains de la classe dominante afin d'asseoir son pouvoir. Plusieurs études démontrent que le fardeau fiscal repose sur les épaules des contribuables et non sur les compagnies, or ce sont celles-ci qui bénéficient du secours rapide et sans limite de l'État. L'expression populaire « socialiser les pertes et privatiser les profits» prends ici tout son sens. Le patronat exige une intervention, temporaire! C'est dire, qu'une fois l'économie sur pied, l'État doit se retirer et laisser le marché reprendre son cycle jusqu'à la prochaine crise. L'État doit se contenter de donner toutes les ressources nécessaires afin de stimuler la croissance économique. De plus l'État doit investir dans des dépenses non-rentable-s aux yeux des capitalistes mais qui sont d'une grande utilité telles que les routes, les écoles, les ports et chemin de fer, les hôpitaux. Toutes ses infrastructures sont utiles pour l'accumulation du capital, mais non-rentables, alors il est préférable que ce soit l'État avec l'argent des travailleurs et des travailleuses qui les financent! Le budget Flaherty est la preuve que l'État n'est qu'un pantin au service de la classe dominante, peu importe qui nous gouverne!

(1)http://www.budget.gc.ca/2009/home-accueil-fra.asp
(2)http://www.cpq.qc.ca/index.php?id=31&content;_id=296
(3)http://www.iedm.org/main/show_editorial ... als_id=691
(4)http://www.frapru.qc.ca/Comm/Comm498.html