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mardi, juin 07, 2011

Lettre à Bombardier

Madame Bombardier,

Je vous écris en référence au "couple à la mode" sur lequel vous déverser votre fiel bien au-delà de ce qu'eût prescrit la bienséance qui semble vous avoir quittée l'espace d'un instant.

Je ne commente pas sur les accusations anticommunistes primaires. Et Amir, un "machiste"? J'eus pensé que vous le connaissiez mieux.

Qu'est-ce qui vous rend aussi aigrie? Est-ce de voir que la morale ne s'arrête pas à l'étiquette, et qu'elle peut aussi viser les puissants qui aiment à jouer impunément avec les ressources des peuples?

Ces puissants, vous semblez craindre de les voir renversés par le "commandeur d'un nouvel ordre moral" qui, partout, en lieu et place du colonialisme et du capitalisme sauvage, nous donnerait quelque chose comme le respect de nous-mêmes. René Lévesque était-il lui aussi un de ces genres de " branchouillés, de révoltés à la petite semaine et de rêveurs qui, sous couvert de progrès, nous ramèneraient à ce monde folklorique et doctrinaire du Québec d'antan.", quand il nationalisait l'Hydro-Québec et qu'on le traitait de communiste? Tiens, c'est vous qui vous mettez à parler comme ce québec doctrinaire d'antan, le québec du patronage et des petits copains du pouvoir.

Ceci dit, vous ne faites pas exception, on voit beaucoup de voix paniquées tenter d'empêcher la montée en popularité d'Amir, vous n'êtes pas la seule, il faut bien défendre son monde, ses privilèges et sa classe, comme aurait dit Mao Zedong.
Ce qui est le plus drôle, quand même, c'est qu'en plus de quitter votre traditionnelle grandeur morale pour faire dans le combat de rue et les coups envoyés sous la ceinture, vous nous servez une leçon d'économie: "Le Québec actuel que délaissent les touristes est une société frappée de paralysie qui peine à s'arrimer à l'économie en évolution. Tout projet de développement se heurte à un mur de refus: hier à Montréal le chantier dont le Cirque du Soleil aurait été l'icône, aujourd'hui l'exploration de nos ressources naturelles, demain le Plan Nord sans doute. Pendant ce temps, les industries des technologies nouvelles regardent ailleurs et la ville de Montréal stagne, donc périclite."

Je vous épargne de vous corriger sur la personnalité d'Amir: le temps montrera bien assez vite combien votre jugement s'est enrayé. Mais je ne peux pas m'empêcher de vous enjoindre, et je le dis par charité, de ne plus jamais aborder le sujet de l'économie. On vous imaginait déjà mal en jalouse, mais en économiste, vous sortez carrément du registre.

S'arrimer à l'économie en évolution? Mais qu'est-ce que vous connaissez à ces histoires de capital de risque, de bioéconomie et j'en passe? On n'y croit pas. Je vous épargne les détails, mais si vous connaissiez quoi que ce soit à l'économie, vous diriez: comment allons nous faire quand la crise s'aggravera? Que faisons-nous avec l'endettement des ménages? Vous voulez des cirques et des mines! Ha! Mais c'est le spectacle que vous aimez, il faut cesser de vous dissimuler: ce monde fonctionnerait encore si on y croyait juste un peu plus, le développement pourrait continuer, les catastrophes disparaîtraient...mais ça n'est pas de l'économie, c'est du spectacle!

Et surtout, pourquoi les Québécois-e-s devraient-ils aider une économie de la finance qui ne profite qu'à une seule minorité? Mais j'imagine que c'est de cette minorité que vous tenez vos informations, et que c'est elle que vous craignez de voir démasquée dans le nouvel ordre moral du commandeur Khadir. Comme il est difficile de défendre des privilèges quand on se met partout à poser des questions! J'imagine que c'est aussi pour cette minorité que vous écrivez. Mais pourquoi feignez-vous encore de vous adresser à nous. "J'écris pour les bourgeois et le capital financier, et nous n'aimons pas Amir Khadir". Voilà qui eût été plus franc et qui eût sonné moins faux.

Je suis désolé, toujours chagriné, de devoir vous l'apprendre: la petite bourgeoisie nationale n'est plus à la mode. Plus d'entre-deux: ou alors le grand capital étranger, ou alors quelque chose comme de la dignité retrouvée. C'est une occasion de vous refaire: plus vite vous cesserez de lamenter la perte de l'ancien monde, et plus vite vous pourrez devenir la championne des bonnes valeurs du nouvel ordre moral du commandeur khadir. Autrement vous pourriez finir oubliée, et je sais combien cela vous chagrinerait, enfin, j'arrive assez bien à frétiller d'empathie à votre endroit. Ne dites pas que je ne vous donne pas de conseils. Je suis sans doute trop familier, mais les temps sont troubles, et en pareille époque, il ne faut pas être chiche en matière de générosités. Comme on disait en mai 68: "Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi!".

Mes salutations anticapitalistes les meilleures,

jeudi, décembre 30, 2010

Un spectre hante le Québec*

Le traitement réservé à Québec solidaire en cette fin d’année est révélateur de l’enfermement idéologique dans lequel baigne notre société. Son programme n’est pourtant pas plus radical que celui du Parti québécois à ses débuts. Il ne remet pas en cause le marché, ni l’existence des classes sociales : il ne désire qu’une distribution plus juste de la richesse par le biais du jeu parlementaire, de l’État et de la loi. Pourtant, la droite québécoise affirme sans rougir que QS est un parti d’ « ultragauche » en « opposition radicale à la démocratie occidentale et à la civilisation » (Mathieu Bock-Côté), qu’Amir Khadir est un « radical fanatique » (Lysiane Gagnon) et qu’il met de l’avant un « agenda islamique (sic) caché » (Éric Duhaime).

Ces tenants de la « liberté » se rendent-ils comptent que ce sont eux qui s’en prennent aux droits démocratiques les plus élémentaires en tenant en tel discours ? Quel genre de démocratie considère que le boycottage est un mode d’action « extrémiste » et que la social-démocratie est non conforme avec la civilisation ? Sont-ils seulement conscients que leurs propos ne font que trahir leur propre extrémisme?

Afin de projeter une image du réel conforme à ses croyances, – et c’est ce qu’elle a fait cette année sur toutes les tribunes de la province – la droite se doit de donner à l’expérience humaine une image fausse, inversée. Ce reflet mystificateur est indispensable à la perpétuation du statu quo économique et politique. Sans ce voile, sans ce que Luc Boltanski appelle « l’Esprit du capitalisme », la droite se révélerait directement comme la représentante des riches et des puissants. Cette position, bien entendu, ne serait pas tenable.

Seul ce renversement mensonger, et sa réception positive dans la population, peut lui permettre d’asseoir sa légitimité. Ce discours inverse les rapports de force qui animent l’expérience humaine. C’est ainsi seulement que la droite peut affirmer qu’il est grand temps que le Québec « sépare l’État de la mosquée » (Éric Duhaime), que les « grands médias capitalistes » sont « a priori sympathiques à la cause anticapitaliste » (Mario Roy) et que le Conseil du patronat n’est pas « de droite » (Johanne Marcotte). C’est également à ce prix qu’on fait d’Israël et des États-Unis des victimes de ceux qui en critiquent la puissance.

Notre univers politique, comme dirait Herbert Marcuse, se referme sur lui-même. Il est clos. En dialogue avec elle même, la droite ne fait que répondre à l’écho de sa propre mystification. Personne dans l’espace public ne lui donne la réplique, sinon elle-même. C’est cet enfermement qui permet aux plus éminents porte-paroles de la droite économique et morale (Bouchard, Facal, Brassard) d'affirmer que le PQ est trop à gauche alors qu’ils en ont tenu la direction pendant de longues années; c’est seulement dans cet univers - comme ce fut le cas en octobre dernier - qu’on peut faire grand cas de sondage à propos d’un parti de droite qui n’existe pas; et c’est encore grâce à lui que la droite radicale a pu affirmer sur toutes les tribunes de la province qu’elle n’était pas entendue.

Loin d’assister à la fin des idéologies, nous sommes plutôt les témoins du triomphe absolu de la droite morale et économique. Sous les fausses apparences du spectacle démocratique se consolident différentes techniques d’aménagement permettant à la Loi divine, celle de l’accumulation de richesse, de proliférer. Plus personne dans l’espace public ne peut remettre en question les croyances qui donnent forme à la société marchande. Du centre-gauche à l’extrême-droite, des patrons aux grandes centrales syndicales, toute pensée respectable se doit d’être en accord avec l’« irrationnelle-rationalité » du processus d’accumulation capitaliste, qui n’est rien d’autre qu’un vaste mouvement infini vers le vide et la destruction.

* Titre original changé par Cyberpresse.

vendredi, janvier 16, 2009

Une "grosse" victoire pour la gauche réformiste


Un p'tit mot pour «féliciter» la «grande victoire» des sociaux-démocrates.

Vu sur le blogue de l'UCL à Québec, Voix de faits. On y souligne que, suite à une décision préliminaire du nouveau président de l'Assemblée nationale sur les temps de paroles de nos zéluEs, «Godasse Solidaire» Khadir aura le droit de poser une question par deux semaines. Sera-ce la voix du changement? Permettez-moi d'en douter.

J'en profite pour ressortir une phrase de Khadir, le soir de son élection, qui lançait : «J'aimerais que cette victoire nous fasse rêver!»

Être baveux, je souhaiterais effectivement à la gauche pro-électorale de faire de beaux rêves! Mais ce serait condescendant d'associer aussi simplement, en m'adressant à des inconnuEs (y'a bien quelques personnes qui passent par ici de temps à autres, non?), réformisme et somnifère, sans même m'expliquer..

Et vous, oui vous, masses d'inconnuEs mentionnéEs ci-dessus... pensez-vous qu'Amir aura un impact quelconque dans tout ce cirque électoral?