Chaque mois, un mot ou une expression est passée au crible par les anarchistes d'Alternative Libertaire (France).
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Qu'est-ce que le communisme libertaire?
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DSK aurait tenté de violer une femme de chambre dans un hôtel de New York.
Une partie des politiques, prompt-es à condamner les petits voleurs ou les supposé-es fraudeurs du RSA, crient à la présomption d’innocence. D’autres vont à la curée, trop heureux et heureuses de voir disparaître un concurrent de poids. On en trouve même pour déplorer un piège qui nuit à l’image de la France.
Et personne pour rappeler qu’il s’agit d’abord d’un problème d’oppression sociale et patriarcale, lorsque des hommes riches et de pouvoir agissent selon ce qu’il croient être leur bon droit, agresser sexuellement une travailleuse qui les côtoie.
Alternative libertaire exprime sa solidarité à toutes les femmes agressées et à toutes les femmes de chambre que les hommes de pouvoir pensent faire partie des meubles. Et regarde avec mépris le cirque médiatico-politique qui démarre autour d’enjeux électoraux dont les travailleurs et travailleuses n’ont rien à attendre.
Alternative Libertaire, le 16 Mai 2011
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Le 11 septembre 2001, quatre avions sont détournés aux États-Unis et s’écrasent sur différentes cibles dont le World Trade Center, tuant 2 973 personnes et faisant des milliers de blessés. Le lendemain, le président George W. Bush qualifie ces attentats d’« acte de guerre » et réclame la constitution d’une coalition internationale contre le terrorisme, à laquelle l’Otan adhère. Le 13 septembre, le gouvernement états-unien accuse Oussama Ben Laden d’être le commanditaire des attentats et exige des talibans afghans de leur livrer le suspect, faute de quoi ils attaqueraient l’Afghanistan. Et ce bien qu’aucun des terroristes ne soit d’origine afghane. L’état d’urgence est décrété et 50 000 réservistes sont rappelés. Le Conseil de sécurité de l’Onu exige, à l’unanimité, la remise « immédiate et inconditionnelle » d’Oussama Ben Laden. Les États-Unis déploient des troupes dans le Golfe et avec l’aide d’une quarantaine de pays alliés forment alors la coalition Infinite Justice (Justice sans limites). À ce moment, un million et demi d’Afghanes et d’Afghans prennent le chemin de l’exode pour fuir la riposte américaine à venir. Les talibans refusent en exigeant des preuves permettant de justifier l’extradition de Ben Laden [1].
Georges s’en va t’en guerre
Quelques jours plus tard, le nom de la campagne est changée en Enduring Freedom ( Liberté immuable), et le gouvernement états-unien fait adopter à l’unanimité la résolution 1 373 à l’Onu, justifiant sous prétexte de légitime défense une attaque contre le territoire afghan. Ce qui est d’ailleurs absurde, puisqu’une attaque subséquente d’un territoire dont on présume qu’il est la base d’opération des agresseurs, alors que les attaques ont cessé, est une agression pure et simple, interdite par le droit international ! Parallèlement, ils invoquent l’article 5 de l’Otan stipulant que : « Les parties conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles […] sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties. […] Les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d’accord avec les autres parties, telle action qu’elle jugera nécessaire, y compris l’emploi de la force armée […] » [2].
Puis les événements se précipitent : en octobre, les talibans proposent de remettre Ben Laden au Pakistan, pour qu’il soit jugé par un tribunal international, ce à quoi la Maison-Blanche rétorque qu’« il n’y aura ni discussions, ni négociations avec les talibans » [3]. C’est qu’entre temps, l’objectif a changé. Il n’est plus de capturer les terroristes mais bien de renverser le régime taliban. L’avantage majeur, mais non dit, est bien sûr de se positionner dans la zone d’influence de la Russie et d’y justifier l’installation de bases militaires pour permettre le contrôle de cette zone en plus de satisfaire momentanément la colère de la population américaine. Les premiers bombardements américains et britanniques sur les grandes villes afghanes sont entamés et ce sera le début d’une guerre sans merci.
Du terrorisme à la terreur[1] http://www.monde-diplomatique.fr
[2] http://www.nato.int
[3] Dupuis-Déri F., L’Ethique du vampire. De la guerre d’Afghanistan et quelques horreurs du temps présent, Lux, 2007.
[4] http://www.unknownnews.net
[5] Amnesty International. Rapport annuel 2006
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À la suite de la création de Common Cause en 2007 (voir AL n°177), c’est l’Union communiste libertaire (UCL) qui est née le 23 novembre 2008 à Montréal. Cette nouvelle organisation correspond à l’ancienne union régionale québécoise de la Nefac, à d’importantes nuances près cependant.
Une recomposition sans ruptureDepuis sa fondation en 2000, la Nefac (Fédération des communistes libertaires du Nord-Est – principale organisation communiste libertaire nord-américaine) rassemblait des militantes et militants du nord-est des États-Unis comme du Québec. La cohabitation au sein d’une même organisation de militants de pays différents avait fini par poser plus de problèmes (frontière, langues…) qu’elle ne permettait d’en résoudre. Dans la pratique, les Québécoises et Québécois fonctionnaient d’ailleurs de manière autonome depuis quelques temps déjà. Ils ont donc décidé de créer officiellement une organisation autonome.
Mais séparation ne signifie pas rupture des liens : les militants de l’UCL envisagent de transformer l’actuelle fédération en une confédération regroupant les différentes organisations communistes libertaires, en plein essor, à l’échelle du continent.
Outre ces raisons pratiques, la fondation de l’UCL avait pour but l’élargissement de l’implantation dans la province, notamment dans les petites villes et pas seulement dans les grands centres urbains. Pari réussi, puisque six collectifs locaux ont été parties prenantes du congrès de fondation, alors que l’ancienne Nefac-Québec n’en comptait que trois.
Vers un Manifeste inéditLe congrès a d’abord été l’occasion d’adopter de nouveaux statuts. De plus, tout en prévoyant de se munir dès que possible d’un manifeste inédit, les congressistes ont adopté une version amendée des Buts et Principes de la Nefac, incluant les principes fondamentaux de toute organisation communiste libertaire (anticapitalisme, lutte de classes, antipatriarcat, etc.).
Les militants et les militantes de l’UCL étaient déjà impliqué-e-s dans les mouvements sociaux : dans le mouvement étudiant, très actif au Québec (notamment à travers l’ASSE, organisation étudiante de lutte) ; dans le mouvement contre la guerre, le Canada étant présent en Afghanistan ; dans les luttes communautaires et les luttes antifascistes, pour ne citer que quelques exemples. Aujourd’hui, l’UCL réaffirme sa volonté d’implication dans les mouvements sociaux avec pour objectif de les radicaliser.
Enfin, les actions concrètes à venir incluent une campagne sur la crise économique, qui sera rapidement mise en place. L’UCL va également s’impliquer dans une campagne internationale communiste libertaire contre la guerre en Afghanistan, dont elle avait proposé le principe il y a quelques mois à Alternative libertaire. Elle se pose donc aussi comme une force motrice dans la construction d’une internationale communiste libertaire.
Vincent Nakash (AL Paris-Sud), de Toronto
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« Il faut avoir à l’esprit qu’il n’y a pas un racisme, mais des racismes : il y a autant de racismes qu’il y a de groupes qui ont besoin de se justifier d’exister comme ils existent, ce qui constitue la fonction invariante des racismes » écrivait Pierre Bourdieu en 1983 dans un petit texte, « Classe contre classe ».
Au Moyen Âge, le racisme des négriers arabes à l’égard des Noirs servit de justification idéologique à l’esclavagisme : « Les seuls peuples à accepter vraiment l’esclavage sans espoir de retour sont les Nègres, en raison d’un degré inférieur d’humanité, leur place étant plus proche du stade de l’animal » écrivait au XIVe siècle l’intellectuel Ibn Khaldoun.
Pourtant, selon l’historien américain Isaac Saney, « les documents historiques attestent de l’absence générale de préjugés raciaux universalisés et de notions de supériorité et d’infériorité raciale avant l’apparition du commerce transatlantique des esclaves ». La spécificité du racisme moderne a été de se parer de prétextes scientifiques. Du naturaliste suédois Linné, qui distinguait 4 races hiérarchisées, au Français Buffon qui affirmait que les races non blanches sont le produit d’une dégénérescence, la science européenne a affirmé au XVIIIe siècle la suprématie de l’homme blanc.
Ce racisme « scientifique » s’est étroitement articulé, à l’extérieur avec la politique impérialiste et, à l’intérieur, avec la gestion des populations minoritaires. Face aux revendications sociales et aux luttes émancipatrices, le colonialisme des États européens implique que les populations visées soient considérées comme inférieures. La philosophe Hanna Arendt a montré comment « la pensée raciale [est un] projet politique [qui] engendre et reproduit des structures de domination ».
Déjà discréditées pour les crimes contre l’Humanité qu’elles avaient justifiés, les théories racialistes ont été définitivement disqualifiées par l’accumulation des connaissances en génétique. La revue Science a publié en février 2008 l’étude génomique la plus complète effectuée à ce jour. La conclusion en est limpide : si sept groupes biologiques sont identifiables dans l’espèce humaine (européen, subsaharien, amérindien, etc.), le chercheur Howard Cann précise que « tous les hommes descendent d’une même population d’Afrique noire, qui s’est scindée en sept branches au fur et à mesure du départ de petits groupes dits fondateurs. Leurs descendants se sont retrouvés isolés par des barrières géographiques (montagnes, océans…), favorisant ainsi une légère divergence génétique ». Mais les gènes de deux individus appartenant à un même groupe peuvent avoir plus de différences que ceux d’individus appartenant à deux groupes distincts. La couleur de la peau, critère par excellence du racisme populaire, dépend de 3 gènes sur les 36 000 que compte notre génome et n’a aucune influence sur les capacités cognitives ou éthiques de leurs porteurs !
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« Là où sont les intérêts, là doit être la domination » disait Charles Dilke, un politicien britannique de la fin du XIXe siècle. De fait l’impérialisme est d’abord une histoire de domination, même si celle-ci a revêtu des formes et des intensités très variables. Il y a un impérialisme colonial, qui a été celui de l’Afrique jusqu’aux années 1960, caractérisé par la brutalité et le racisme ; il y a les « protectorats » comme la Palestine, le Liban avant 1948, l’Irak ou l’Afghanistan aujourd’hui ; il y a la soumission des pays pauvres d’Afrique, d’Amérique et d’Asie par le biais des règles du commerce international ; il y a enfin les provinces dominées culturellement et économiquement au sein d’un empire (Tchétchénie, Tibet, Dom-Tom).
Mais il y a des constantes. Quand un pays est dominé par un État impérialiste, son économie est orientée en fonction des intérêts de son tuteur, au détriment de ceux de sa population. Les marchés locaux sont plus ou moins détruits par l’importation de produits industriels à bas prix, les secteurs industriels qui subsistent sont mis sous la tutelle des compagnies financières de la puissance impérialiste, la terre peut même être confisquée aux agriculteurs locaux.
L’impérialisme est synonyme de violence : guerres de conquête, répression des soulèvements « indigènes », destruction des structures sociales qui lui font obstacle, imposition de sa culture, de sa langue voire de sa religion, mise en place d’une administration limitant ou supprimant la souveraineté du pays considéré…
L’impérialisme divise les populations qui cohabitent sur un même territoire. En dressant les « petits blancs » des colonies contre les « indigènes » pour éviter qu’ils ne fassent alliance contre leurs exploiteurs ; en divisant les « indigènes » entre eux, à coup de théories racialistes (les Hutus et les Tutsis du Rwanda en sont des victimes exemplaires). Le général français Gallieni, bourreau de l’Afrique ne disait-il pas que les « premiers efforts de tout commandant territorial » doivent tendre à « l’étude des races », des « haines » et des « rivalités » qui les opposent, que « toute action politique dans la colonie doit consister à discerner et mettre à profit les éléments locaux utilisables, à neutraliser et détruire les éléments locaux non utilisables » ?
Aujourd’hui l’Union européenne, les États-Unis, la Russie et la Chine sont les principales puissances impérialistes sur la planète. « Imaginons un instant les États-Unis et l’Europe sans le flux constant de matières premières, de main-d’œuvre immigrée, de biens manufacturés produits avec des salaires de misère, sans les flux financiers allant du Sud vers le Nord, écrivait Jean Bricmont dans Le Monde diplomatique d’août 2006. Nos économies […] sont pour le moment, droguées à l’impérialisme ; mais cette drogue ne sera peut-être pas éternellement fournie aux conditions actuelles. »
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Les camarades d'Alternative Libertaire ont publié un communiqué en réponse aux arrestations de "présumés saboteurs".
Une fois de plus, la société capitaliste viole allègrement sa propre légalité dans l’affaire dite de la « mouvance anarcho-autonome » suite à l’arrestation de 10 personnes dans le cadre d’une enquête sur des « sabotages » de caténaires sur des lignes SNCF : présomption d’innocence bafouée allègrement ; utilisation des dispositions ultra répressives des lois antiterroristes dans une affaire qui n’en relève évidemment pas ; inculpation pour association de malfaiteurs sur la simple collecte de documents politiques, sans faits concrets qui en démontreraient l’existence ! La plupart des médias, le monde politique et judiciaire laissent faire ou approuvent, tant il est vrai que « l’Etat de droit » ne s’applique réellement qu’aux puissants dans cette société si fondamentalement injuste !
Une fois de plus, une campagne de lynchage politico-médiatique est lancée pour désigner des boucs émissaires. Cette campagne de désinformations orchestrée autour de l’évocation d’une organisation « clandestine » et « radicale » a simplement pour fonction de faire monter la peur dans le pays et l’hostilité contre tous ceux et celles qui remettent en cause le système capitaliste.
Une fois de plus, la manipulation de masse reste l’arme favorite des classes dominantes, confrontées à leur propre peur d’une crise sociale pouvant remettre en cause leurs privilèges. Personne ne sait si les personnes inculpées sont effectivement les auteur-e-s de ces « sabotages » et il faut rappeler que les conséquences des actes commis sont très insignifiantes comparées aux conséquences de la crise financière orchestrée par le capitalisme.
Mais là, les coupables sont connus et les décisions prises vont jeter par centaines de millions des travailleurs et travailleuses dans la misère. Et ces délinquants vont pouvoir jouir en toute impunité du fruit de leurs crimes.
Ne nous y trompons pas ! En ces temps porteurs de remise en cause des fondements du capitalisme, cette campagne vise à criminaliser ceux et celles qui se battent contre l’injustice et la misère imposée aux travailleurs et travailleuses.
Alternative libertaire appelle à ne pas se laisser duper par cette propagande grossière. Nous considérons que ces actes de malveillance ne sont d’aucune utilité pour les luttes sociales mais, quels que soient leurs auteur-e-s, ils ne relèvent pas de l’action terroriste. Faisons cesser cette politique sécuritaires dont le seul véritable objectif est de défendre les inégalités sociales et les privilèges capitalistes.
Construisons ensemble la mobilisation de masse, la grève générale expropriatrice capable d’imposer les changements nécessaires, c’est à dire la naissance d’une société communiste libertaire !
Alternative libertaire, le 18 novembre 2008
source:Alternative Libertaire
Quand les camarades de l’étranger débarquent dans l’immeuble baptisé Les Pénates, à Québec, ils sont toujours un peu perplexes et émerveillés. Voilà une petite communauté d’une cinquantaine de personnes qui autogèrent un immeuble, et d’où essaime une foule de projets allant du jardin sur les toits à l’atelier de sérigraphie, en passant par un site de compostage et l’incontournable barbecue collectif. Ni squat, ni commune, les Pénates sont l’une des 1 200 « coopératives d’habitation » qui existent au Québec.
Des tristes HLM…Le logement social s’est développé tardivement au Québec et, avec seulement 10 % du parc de logements locatifs, il n’occupe pas une place aussi importante qu’en France. La construction de HLM n’y a commencé vraiment qu’en 1968. Le contexte était à la rénovation urbaine, et les HLM servaient essentiellement à reloger la population de vieux quartiers ouvriers voués à la destruction. Mais ce qu’on offrait aux locataires, c’était des tours immenses, mal insonorisées et loin de tout : de vrais ghettos, et, en plus, il n’y en avait pas assez pour tout le monde ! Des luttes urbaines ont alors éclaté pour la réhabilitation des vieux logements et la construction de HLM à échelle humaine, au cœur des quartiers centraux. C’est dans ce contexte que sont apparues, vers 1974, les premières coopératives d’habitation.
…aux coop d’habitationL’enjeu était de sauver ce qui pouvait l’être dans les quartiers populaires, tant les immeubles que les populations traditionnelles. Or, les gens n’ayant pas les moyens de devenir propriétaires, cela ne pouvait passer que par un développement du logement social. Prenant le contre-pied des HLM qui étaient systématiquement des constructions neuves géréEs de façon paternaliste et autoritaire par les municipalités, le mouvement populaire a imposé une forme de logement collectif, autonome et autogéré, financé par l’État : la coopérative d’habitation en occupation continue. Comme les premières coopératives d’habitation étaient le fruit de luttes urbaines, elles étaient porteuses de liens de solidarité dépassant largement la seule question du logement. La coopérative n’était alors qu’un élément parmi d’autres d’un mouvement plus large, actif dans les quartiers et dont l’objectif était de changer la vie.
Il faut toutefois reconnaître que les années 1970 sont derrière nous et que le mouvement populaire est retombé. Les coopératives ont continué de se développer, avec ou sans l’aide des mouvements sociaux. Il y a en a maintenant 1 200, regroupant quelques 50 000 personnes dans 24 000 logements. Le temps a fait son œuvre et, aujourd’hui, le mouvement coopératif a plus tendance à se penser comme une entreprise collective avec un supplément d’âme – l’autogestion – que comme un mouvement social opposé au marché de l’immobilier.
Vivre en coopHabiter une coopérative d’habitation c’est un peu, beaucoup, confronter l’idéal libertaire à la réalité. Pour faire bref, l’autogestion, c’est exigeant ! Peu de coopératives arrivent à maintenir à long terme, c’est-à-dire sur plusieurs décennies, le niveau de mobilisation nécessaire pour fonctionner sur un mode strictement assembléiste et collectif. Dans la plupart des cas, les membres finissent par abdiquer au moins une partie de leurs prérogatives – sauf la question des hausses de loyers ! – à un conseil d’administration et ne font plus d’assemblées générales qu’une fois par an – le minimum légal. Quelques grosses coopératives paient même des employé-e-s pour veiller à la gestion et à l’entretien. Celles qui n’en ont pas les moyens, et elles sont nombreuses, sous-traitent ce qui peut l’être à leur fédération régionale (les deux tiers des coopératives sont fédérées). D’autres encore s’en remettent tranquillement aux inévitables membres qui se dévouent et deviennent quasiment irremplaçables. Dans les pires cas, heureusement rares, le népotisme peut même s’installer – ça peut être aussi ça l’autonomie – et une intervention extérieure devient nécessaire pour assainir la situation.
Pourtant, vivre en coop, ça peut être merveilleux ! Pour peu qu’on s’y mette, c’est la possibilité d’articuler un espace privé à un espace communautaire. C’est pouvoir s’appuyer sur son voisinage pour intervenir sur le quartier et développer autant de projets que l’on veut. C’est l’expérience du collectif, sans le stress permanent de l’expulsion propre aux squats. C’est, enfin, une autre idée de la vie en société.
Nicolas Phébus (Nefac-Québec)
Pour en savoir plus
FRAPRU : www.frapru.qc.ca Fédération canadienne de l’habitation coopérative : www.fhcc.coop
Confédération québécoise des coopératives d’habitation : www.cooperativehabitation.coop
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Chaque mois, un mot ou une expression passée au crible par Jacques Dubart.
Loin d’être en soi une utopie, les sociétés sans classes ont été le cadre vécu par l’humanité, de son émergence il y a 120 000 ans, jusqu’à l’invention de l’agriculture (8 000 ans avant notre ère) et jusqu’à aujourd’hui pour quelques populations en Amazonie ou en Océanie. « L’histoire des peuples sans histoire c’est […] l’histoire de leur lutte contre l’État » expliquait l’anthropologue Pierre Clastres en 1974 dans La société contre l’État. Mais ces sociétés ne sont pas pour autant émancipées au sens où, comme il l’écrivait, le propre de la société primitive « c’est d’exercer un pouvoir absolu et complet sur tout ce qui la compose, c’est d’interdire l’autonomie de l’un quelconque des sous-ensembles qui la constituent », au nom d’un ordre sacré que l’humanité ne peut modifier.
Quand, avec l’ère industrielle, le socialisme – anarchiste comme marxiste –, a esquissé le projet d’une société sans classes, il évoquait une société dans laquelle « le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous », comme l’écrit le Manifeste du parti communiste. La différence avec la société sans classes des chasseurs-cueilleurs est évidente.
Le projet socialiste – bien sûr nous ne parlons pas du projet du PS – repose sur la socialisation des moyens de production et d’échange. Avec la conversion des entreprises capitalistes en coopératives ouvrières, il deviendra impossible pour quelque individu que ce soit de faire fortune en s’appropriant la richesse créée par la collectivité des travailleuses et des travailleurs. Il en résultera l’abolition de la classe capitaliste et l’impossibilité qu’une minorité impose sa domination sur la société. D’autres effets seront induits par une telle mutation : l’organisation politique de la société sera profondément modifiée, avec le remplacement de l’État par une démocratie construite à partir de la base de la société.
Ensuite, la fin de la course à l’enrichissement individuel permettra de réorienter les objectifs de production vers la satisfaction des besoins de toutes et de tous, et incitera au développement d’une société solidaire. Malgré tout, il subsistera sans doute au sein de la société des groupes sociaux différentiables. Il sera alors nécessaire d’en redéfinir les frontières en réorganisant les métiers et les services publics et en développant les savoirs et les formations, ceci afin de mettre fin à l’inégalité entre urbains et ruraux, ou travailleurs manuels et intellectuels, comme l’a suggéré Cornelius Castoriadis. Il ne s’agit pas qu’une fois la classe capitaliste disparue, se forme une classe de « techniciens » ingénieurs, intellectuels ou savants, qui piloteraient la société !
Pour finir, une société sans classe n’est pas nécessairement une société sans système de domination – le racisme et le patriarcat par exemple ne disparaîtront pas par enchantement ! Mais le système capitaliste en tire profit et les encourage. Quand il aura disparu, un grand pas aura été franchi !
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Le Blogue d’Information Politique du Collectif Local de Montréal, groupe membre de l'Union Communiste Libertaire (UCL), est un nouvel outil de la presse d’agitation montréalaise. La branche de Montréal aura donc, en plus du matériel de l'UCL et du journal Cause Commune, une présence sur le web. Cette nouvelle presse d’agitation nous permettra de réagir immédiatement à l’actualité, de pouvoir se positionner rapidement, de cracher nos coups de gueules autant à gauche qu’à droite, d’analyser l’actualité locale et internationale, de dénoncer, de revendiquer, de provoquer, de débattre et de diffuser le plus largement nos idées… Bref, un blogue d’agitation libertaire!
Le contexte politique étant de plus en plus moribond, il est plus que nécessaire d’agir sur tous les fronts et de tenter d’influencer et de radicaliser autant les mouvements sociaux et la gauche réformiste, que « Mr. et Mme tout le monde », nos voisins ainsi que nos collègues de travail. En tant que communistes libertaires, nous croyons qu’il existe une alternative politique radicale à la démocratie bourgeoise, à la droite sécuritaire et à l’extrême gauche autoritaire. Ce blogue nous permettra donc de continuer notre lutte pour une société libertaire, sans classes et sans État. La classe dominante et sa propagande néolibérale a maintenant un nouvel ennemi dans le maquis de l’information alternative. Nous ne ferons pas de quartier!! Nous en avons marre des compromis et des fausses alternatives, c’est pourquoi nous proclamons la Commune!
Restez branché-e-s, les communards montent aux barricades…