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mardi, avril 08, 2008

On a faim! : Crise alimentaire et luttes de classes sur 3 continents.


Ces derniers mois, le prix du riz et de plusieurs denrées alimentaires de base, tel que la farine, a augmenté de manière exponentielle. Le riz qui consiste en l'essentiel de l'alimentation de plusieurs milliards d'habitants en Asie, en Afrique et en Amérique, a augmenté de plus de 30% la tonne, soit 760$, ce qui équivaut au double du prix qu'il coûtait en janvier. D'ailleurs, dans les 5 dernières années, son prix a quadruplé. Des hausses qui créent de plus en plus de pénuries et de problèmes sociaux catastrophiques dans les pays importateurs, dont certains sont les plus pauvres de la planète.

Cette pénurie serait attribuable à plusieurs facteurs dont la disparition des terres cultivables, l'urbanisation ainsi que la désertification accrue. La demande croissante de nourriture pour les animaux est aussi l'un des facteurs majeurs. La hausse de production de biocarburant serait aussi l'une des problématiques majeures, dans des pays tel que l'Indonésie, allant même jusqu'à nuire au fragile équilibre alimentaire de ce pays. Aux États-Unis, par exemple, la conversion dans les dernières années de 18% des terres en réservoir à biocarburant, suffirait à nourrir 250 millions d'habitants pour les 2 prochaines années (source). Et même si la nourriture est disponible sur les étalages, la flambée de ces prix, empêche la population de pouvoir se procurer le minimum afin de survivre, dans de nombreux pays!! Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a même avoué que la crise actuelle n'était pas un phénomène temporaire et qu'elle devrait s'étendre sur plusieurs années. Mais peu de journaux mainstreams osent, par contre, parler de la spéculation boursière sur les marchés internationaux, par les grands capitalistes et qui est supportée par les politiques néolibéralistes et néocolonialistes des pays occidentaux...

Crise alimentaire et luttes de classes sur 3 continents

Selon la Banque Mondiale, une trentaine de gouvernements en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud risque de connaître de graves instabilités politiques et sociales en raison de la hausse des prix de la nourriture de base. Dans les pays en développement, l'alimentation représente jusqu'à 70% des salaires, contre 15% dans les pays développés.

Du côté Africain...

On peut par ailleurs constater, depuis quelques semaines, les nombreuses émeutes liées à la disponibilité de la nourriture dans des pays tels le Burkina Faso, l'Égypte, l'Indonésie, la Côte d'Ivoire, la Mauritanie, le Cameroun, le Mozambique, le Sénégal, la Guinée Conakry et Haïti.

Au Burkina Faso, en février, à la suite de la hausse de mesures fermes instaurés par l'État, qui a provoqué une hausse de 10 à 65% du prix des denrées de base, des émeutes ont éclatées dans les 4 plus grandes villes soient Ougadougou, Ouhigouya, Banfora et Bobo-Dioulasso, où les manifestants s'en sont pris aux bureaux du gouvernement et incendiés des voitures, des boutiques et des stations service. Dans cette dernière, 100 émeutiers ont d'ailleurs été arrêté après avoir lancé des pierres sur une délégation gouvernementale qui voulait tenter une médiation (source)

La Guinée Conakry, autre pays d’Afrique de l’Ouest, est maintenant considéré comme l'un des pays les plus instables du monde en raison des cinq émeutes anti-gouvernementales successives qui ont eu lieu à l’échelle nationale ces 18 derniers mois. Des émeutes elles aussi provoquées par le mécontentement des masses face à la hausse du coût de la vie (source).

En novembre, la Mauritanie a été en proie à de nombreuses manifestations violentes afin d'exiger
la mise en place de politiques économiques efficaces pour améliorer leurs qualités de vie. Des manifestations d'étudiants ont été signalées à Aleg la capitale, Rosso, Selibaby et Zouérate. A Zouérate, au nord du pays, des étudiants ont allumé des pneus dans des rues du centre de la ville. Les forces de l'ordre sont alors intervenues et ont dispersé les manifestants. A Selibaby, des sources locales ont rapporté que l'armée s'était déployée dans la ville après que des accrochages violents ont opposé les étudiants et les forces de polices. Une personne a été blessée dans ces accrochages et trois autres ont été arrêtées. 300 personnes (parmi lesquelles des personnes âgées, des étudiants et des commerçants) ont été arrêtés à Djigeny et y étaient toujours, récemment, détenus dans des conditions déplorables (source).

La Côte d'Ivoire a aussi vécu des émeutes de 48 heures, qui se sont soldées par la mort de 2 manifestants par les forces de répression (source).

Même scénario au Cameroun, en février où les émeutes de la faim, réprimées par les forces de l'ordre ont faits plus de 40 victimes. De plus, 729 personnes ont été à ce jour condamnées à des amendes ou à des peines de prison allant de trois mois à six ans. Leur seul crime étant d'avoir été affamé! (source).

Au Mozambique, des émeutes de quelques jours en réponse à une hausse de 25% du coût du transport en commun ont éclatées en février. Les émeutes qui ont éclaté dans plusieurs quartiers pauvres de la capitale mozambicaine se sont soldées par un mort et 63 blessés, dont 25 ont été atteints par des balles tirées par la police (source).

En septembre au Maroc, une hausse de 30% du prix du pain au lendemain des élections a aussi provoqué des affrontements entre les 2 500 habitants et les forces de l’ordre de Sefrou. Un bilan de 300 blessés, et d'une quarantaine de manifestants incarcérés (source).

Au Sénégal, au début du mois d'avril, une manifestation contre la "vie chère", déclarée illégale par l'état, s'est transformée en émeute après que les policiers aient commencé à balancer des gaz lacrymogènes sur la foule. Quelques dizaines d'arrestations ont été rapportées (source).

En Égypte, cette semaine des émeutes de la faim ont aussi éclatées après qu’une grève projetée par des ouvriers de la plus grande usine de textile Égyptienne, la compagnie Misr Spinning et Weaving, a été réprimée. Pour exprimer leur mécontentement, les émeutiers ont lancé des pierres vers des magasins et des banques et ont mis le feu à un poste de police et des installations scolaires. Les manifestants réclamaient des hausses de salaires pour compenser la cherté de la vie. En Égypte, 44% de la population vit avec moins de deux dollars par jour. Une centaine de personnes ont été blessées dans des accrochages avec les force de répression (source).

En Asie

Du côté asiatique l'Ouzbékistan et l'Indonésie, pour ne nommer que ceux-ci, ont aussi été touché par les émeutes contre les augmentations de prix décidées par leurs gouvernements.

A Manille, capitale des Philippines, l'armée a été déployée pour superviser la distribution de vivres dans les quartiers pauvres. En Inde, le gouvernement mène une guerre féroce contre le marché noir. Même Singapour n'a pas été épargnée et des dizaines de personnes sont allées jusqu'à braver l'interdiction de manifester. En Thaïlande, premier exportateur mondial de riz, les autorités ont dû démentir fermement les rumeurs d'une pénurie pour éviter la panique. L'armée garde les rizières.

La consommation de viande et de produits laitiers augmente en Asie, ce qui accroît les besoins de l’industrie de l’alimentation animale. Le prix du lait en poudre est passé de 2000 à 4800 dollars la tonne l’an dernier, car la hausse de la consommation des produits laitiers en Asie a coïncidé avec une pénurie dans le monde occidental. La sécheresse en Australie a aggravé le problème de même que les politiques gouvernementales en Europe et en Amérique en faveur du développement de l’utilisation des biocarburants (source).

En Amérique

Les premières émeutes de la faim ont eu lieu au début de 2007 au Mexique, où le maïs et le blé, ingrédients nécessaires pour les tortillas avaient augmenté de plus de 40% par rapport à l'année précédente (source).

La semaine dernière à Haïti, des émeutes ont aussi éclatés dans plusieurs villes. Une personne a été tuée par balle hier s'ajoutant aux 4 morts et à la trentaine de blessés par balle et arme blanche de la semaine dernière, au cours de manifestations dénonçant la pauvreté et le coût de la vie.
"À Port-au-Prince, un millier de manifestants se sont rassemblés devant le Palais national, siège de la présidence haïtienne, et devant le Parlement. Des vitres de véhicules ont été cassées par des manifestants scandant des slogans dénonçant la vie chère et la misère, devant le ministère du Commerce."
En plus des manifestations, une grève des chauffeurs des véhicules de transport collectif, a paralysé la ville. Dans le sud du pays, des installations de l'ONU ont été attaquées, des véhicules des Nations unies ont été incendiés et un bâtiment détruit. Vendredi dernier, au moins quatre personnes ont été tuées et quinze blessées aux Cayes, lors de pillages de camions de nourriture et de dépôts alimentaires (source).

En perspective

Cette liste loin d'être exhaustive démontre une fois de plus la finalité du capitalisme, le profit maximal au détriment des droits les plus fondamentaux et de la vie de milliards d'individus. Les transnationales et les bourgeois de ce monde se foutent bien de nos vies, bien à l'abri derrière leurs armées et leur flics bien armés réprimant les populations en colère. Une lutte de classe qui se solde par des milliers, sinon des millions de victimes sous les balles, la maladie et la faim.

Pour l’instant, la grande majorité des pays touchés sont parmi les pays les plus pauvres. Par contre, certains pays plus industrialisés, tels que l’Inde et Singapour, commencent à leur tour à subir le choc de la spéculation financière sur les denrées de première nécessité. Qu’en sera-t-il lorsque les pays occidentaux seront à leur tour touché par cette crise alimentaire? Et bien à notre tour, nous serons aussi mâter à coup de matraque, de balle en caoutchouc et de gaz lacrymogène. Et si ca ne suffisait pas? Alors, l’État afin de survivre nous enverra l’armée, comme l’histoire nous l’a démontré à de multiples reprises. Bien sûr, l’État, la Banque Mondiale et le FMI, tenteront de nous imposer des réformes et des programmes alimentaires bidon, mais si cela ne suffisait pas? Et si notre classe désirait une bonne fois pour tout plus que les miettes de leur festin? Nous n’avons d’autre choix que d’entrevoir une guerre de la faim qui n’aura pour finalité qu’une guerre de classe violente.

Seul la guerre sociale et le renversement de ce capitalisme meurtrier pourra y changer quelque chose. L'abolition des marchés et de la valeur d'échange permettra la satisfaction des humains en adhérant au principe de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins.

Ya Basta!