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mercredi, mai 28, 2008

Travail, famille, patrie : ADQ et Front National même combat?


Le no.1 de Casse Sociale, le zine du RASH-Québec et du RASH-Montréal est maintenant disponible. Pour savoir comment vous pouvez vous le procurer, visitez leur page---ici.

Pour vous mettre en haleine, un des collaborateurs au zine nous a fait parvenir ce texte, traitant des similitudes entre le Front National français et de l'Action Démocratique du Québec.

Au Québec, aucun des partis officiels à l’Assemblée Nationale se s’affichent ouvertement d’extrême droite comme certains partis européens, tels que le FN (Front National) français, le NPD (Parti national-démocrate d'Allemagne/Nationaldemokratische Partei Deutschlands) allemand ou l’UDC (Union démocratique du centre-dont le nom camoufle sa véritable identité d’extrême droite) suisse. Cependant, en regardant plus en profondeur on peut retrouver de nombreuses similitudes entre les plateformes de ces partis européens et celles de certains partis ici, en particulier celle de l’ADQ (Action Démocratique du Québec). Cependant, avec la montée de la droite populiste à la sauce Dumont, les radios X, Huntington, les accommodements raisonnables et tous les réactionnaires de services des médias bourgeois (etc..), on ne peut que constater une montée dangereuse d’une droite bien organisée, qui commence tranquillement à se créer une base au sein de la population qui relaie à son tour un discours xénophobe, identitaire et réactionnaire.

Travail, famille, patrie, était la devise des collaborateurs allemands du régime de Vichy et celle du Front National, un slogan qui s’applique à merveille au programme officiel de l’ADQ. Comparons donc sur ces 3 points clés de leurs programmes, soient le travail, la famille et la patrie, la plateforme du FN et celle de l’ADQ.

Travail

Les politiques de l’ADQ concernant les conditions de travail et l’économie ne sont en fait que l’écho de l’idéologie vomi par le patronat, les « bigs boss » de l’économie néolibérale, le Fond Monétaire Internationale (FMI) et la Banque Mondiale. Il est évident que l’ADQ a depuis longtemps laissé tomber la subtilité dans son programme officiel quant à ses positions sur le travail et les soit-disantes contraintes à la néolibéralisation de l’économie.

La section « Économie » de leur plateforme avance qu’il est primordial d’«alléger la réglementation du travail, particulièrement celle qui constitue une contrainte à l’emploi et à la productivité ». Il est aussi nécessaire d’avoir une « adaptation aux nouvelles conditions de la mondialisation et l’amélioration significative de la compétitivité de nos entreprises manufacturières ». Bref, l’ADQ prône une marginalisation des syndicats et des structures de protection des travailleurs afin de permettre les mises à pieds, les restructurations, la diminution des salaires, l’interdiction du droit à la grève et ouvre la porte à l’abolition de la formule Rand. De plus, ils clament que «l’État doit créer un environnement propice à l’activité économique plutôt que se substituer aux forces vives d’une économie libérale(…) », puisque le Québec est au 9e rang sur 10 parmi les provinces canadiennes en matière de « conditions propices » à la prospérité et à la croissance.

En comparaison, le FN, considère quant à lui, que l’économie française est entravée par trois maux principaux soient l’étatisme et la mondialisation ultralibérale qui place la France en queue de peloton parmi les pays européens pour la liberté d’entreprendre et le développement des entreprises. Et finalement, un « syndicalisme archaïque et non représentatif », qui serait la cause principale du blocage de l’économie et un obstacle majeur aux réformes nécessaires de la société française.

Bref, d’un côté un État à la solde des compagnies et des employeurs et de l’autre, des individus sans organisations particulières afin de faire valoir leurs droits, puisqu’un État fort et répressif empêchera toute contestation et désordre social qui pourrait nuire à l’économie de marché.

Patrie

Récemment, le chef de l'ADQ, Mario Dumont, déposait une motion à l'Assemblée Nationale afin d'empêcher que le PLQ (Parti Libéral du Québec) augmente de 10 000 le nombre de nouveaux immigrants au Québec.

Dumont, dans son plaidoyer, citait d'ailleurs une étude du démographe Marc Termote qui estime que les francophones seront minoritaires à Montréal dès 2021. De son côté le ministère de l'immigration vient de publier un rapport qui indique que la proportion de nouveaux arrivants parlant français est passée à 60 % comparativement à 37 % en 1995.

Dans un rapport, gardé "secret", l'OQLF (Office québécois de la langue française) concluait que "les gens qui ont le français comme langue d'usage deviendront rapidement minoritaires dans l'île de Montréal si le gouvernement conserve son objectif de 55 000 nouveaux immigrants par année."

L’ADQ, en plus d’attaquer le PQ (Parti Québécois) et le PLQ sur cette proposition, s’est opposé de manière catégorique contre la «hausse drastique» de l’immigration proposée par le PLQ.

Parallèlement, le PQ s'est défendu en rejetant la proposition de l'ADQ de freiner l'immigration. Le PQ propose en échange une "meilleure intégration" des nouveaux arrivants dans un milieu francophone en plus de prôner le renforcement de la loi 101, notamment dans les petites et moyennes entreprises. De plus le PQ invoque qu’il faut «également diminuer le taux de transfert vers l'anglais des immigrants et améliorer la qualité de l'apprentissage du français dans nos écoles». Comme si l'assimilation forcée était une alternative acceptable face au discours anti-immigration de l’ADQ!

Une guerre de chiffres idéologique qui autant d'un côté que de l'autre n'annonce rien de reluisant pour les immigrantEs actuels et les futurs immigrantEs. L'état sécuritaire, le discours anti-immigration, la protection de la langue et la culture, tous des éléments clé d'un discours populiste qui tranquillement se banalise et deviennent des enjeux électoraux cruciaux.
Sous ce "faux" débat parlementaire se cache un discours identitaire similaire, tant au PQ qu'à l'ADQ. Un discours que les médias de masse nous présente comme un débat entre 2 partis nationalistes, mais qui en fait ne représente que les 2 facettes d'un même discours à peine voilé et typique d'une droite nationaliste et identitaire. Ce qui est encore plus terrifiant, c'est que personne ne semble réagir aux discours de plus en plus réactionnaire et xénophobe des politiciens au pouvoir.

Parallèlement, il est étrange de constater que le programme politique du FN corrèle en tout point à l'amalgame de la position des péquistes et des adéquistes:

«La mise en œuvre d’une politique réaliste d’inversion des flux migratoires demeure pour le Front National une priorité comme doit l’être, une fois réalisé le préalable de l’arrêt de toute nouvelle immigration, la mise en œuvre d’une nécessaire politique d’assimilation de ceux qui respectent nos lois et nos coutumes, acceptent les devoirs qui découlent des droits accordés, et considèrent la France comme leur Patrie, à l’exception de toute autre. »

Mais bien sûr, ici l'extrême droite n'existe pas. Une droite peut être un peu nationaliste, mais après tout c’est afin de préserver notre culture et nos valeurs contre l'immigration et leurs valeurs « anti-démocratiques»!Ouais et quoi encore??

Famille

L’ADQ, afin de compenser pour sa politique ouvertement anti-immigration, propose une politique nataliste tout à fait original.

« (...) en plus de l'allocation de 100 $ par semaine par enfant ne fréquentant pas la garderie, l'ADQ proposera une prestation non imposable de 5000 $ pour le troisième enfant. Il suggère aussi une carte rabais pour permettre aux familles de trois enfants ou plus de profiter de certains rabais dans les transports en commun, au restaurant ou au cinéma. (...) ».

Bref, en plus de préconiser le remplacement des immigrants par des petites québécoises pures souches, l’ADQ met de l'avant une politique patriarcale datant du siècle dernier consistant à favoriser le retour des femmes à la maison, afin qu'elles s'occupent des enfants comme à la « belle époque ».

Encore une fois cette proposition semble tout droit calquée du programme du Front National, à même titre que leur discours anti-immigration. Voici ce que le FN propose quant à lui pour la relance de la natalité française:

« Création d’un revenu parental destiné à offrir, pendant la période souhaitée, aux mères ou aux pères de famille la possibilité de choisir librement entre l’exercice d’une activité professionnelle et l’éducation de leurs enfants. Description du dispositif : versement du SMIC pendant 3 ans pour le 1er enfant, renouvellement d’une durée de 3 ans pour le 2e enfant et d’une durée de 10 ans pour le 3e enfant. »

Les similitudes entre ces 2 discours nous démontre de plus en plus la radicalisation du discours idéologique de droite et la dérive de certains partis, tel que l’ADQ, vers une droite de plus en plus sécuritaire

Perspectives

Nous devons commencer à réaliser que sous ce vernis populiste, c'est notre liberté d'expression, notre liberté de circulation, le droit à la grève, nos acquis sociaux, et bien plus encore qui est en danger. Le flicage, la répression, la lutte au terrorisme, les politiques anti-immigrations (...) sont les outils de contrôle du néolibéralisme et de l'état policier, et on nous impose ces politiques sans que personne ne puisse ou ne veuille réagir.

Le totalitarisme des années 30, n'est pas apparu du jour au lendemain, il a tranquillement cheminé, en abrutissant les gens avec un discours toujours un plus réactionnaire, jusqu'à se transformer en état policier. Oui bien sûr, les démocraties bourgeoises des pays dits "démocratiques" ont combattu le nazisme et le fascisme, mais seulement quand ceux-ci les ont menacés dans leurs intérêts impérialistes et capitalistes. Mais en ce moment, ce sont ces soi-disant pays "démocratiques" et les partis populistes tels que l’ADQ qui tentent d'instaurer une version réactualisée de l'état policier.

En tant que communistes et libertaires nous devons lutter autant politiquement que dans la rue, afin d'empêcher la banalisation du discours identitaire et l'ombre totalitaire de réapparaître de nouveau.

Au nationalisme opposons l'internationalisme!!

Historiquement le fascisme ne s’est jamais combattu par les urnes. Par contre le fascisme est souvent arrivé au pouvoir par les urnes.

-Yves Peirat-membre des Franc Tireur et Partisan (FTP) et militant antifasciste marseillais condamné en février 2001 à 5 ans d’emprisonnement et plus de 700 000 francs de dommages et intérêts, pour une demi douzaine d’actions contre les locaux et matériel du FN à Marseille.-

Durruti