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lundi, avril 21, 2008

Débat : Wal-Mart, boycott et lutte des classes


Des camarades de la NEFAC-Montréal, ont publié un texte en réponse d'un article sur le boycott dans le mensuel de nos camarades français d'Alternative Libertaire. Cette réponse parue en février qui s'intitule:"Débat : Wal-Mart, boycott et lutte des classes", est le résultat d'un désaccord sur un article ayant pour thème la stratégie du boycott, écrit par un sympathisant de Capital Terminus Collective (un collectif communiste libertaire d'Atlanta). Nos camarades d'AL ont donc permis à 2 d'entre nous d'ouvrir le débat dans les pages de leur publication. Nous vous présentons donc ici la réponse.


L’article « Boycott Wal-Mart ! Leçons d’un échec » publié dans Alternative libertaire d’octobre 2007 a suscité deux réactions. La première de deux communistes libertaires canadiens de la Northeastern Federation of Anarchist-Communists (Nefac). La seconde d’une camarade de Seine-Saint-Denis qui a souhaité mettre en lumière la politique spécifiquement sexiste de Wal-Mart.


Le boycott comme action politique est une stratégie qui commence à se répandre dans l’univers militant nord-américain et québécois. Mais derrière l’enthousiasme pour un « nouveau » mode d’action se cache une croyance naïve en la possibilité d’un capitalisme éthique.
La stratégie du boycott prend naissance dans un courant réformiste qui prétend que la consommation est une forme d’action politique. « Acheter c’est voter ! », tel est le mot d’ordre d’une certaine gauche, plus soucieuse de s’acheter bonne conscience que de résoudre radicalement le problème social. Selon eux, une « consommation éthique » pourrait contenir en elle les germes d’un contre-pouvoir au capitalisme. Elle permettrait ainsi l’émergence d’une société plus égalitaire pour contrecarrer les effets néfastes de la mondialisation néolibérale.

Un capitalisme à visage humain ?

Cette stratégie a été élaborée par une certaine gauche bien pensante mais aussi par certains éléments plus radicaux. Selon eux, il y aurait deux façons de « voter » par la consommation : l’achat et le refus d’acheter (le boycott). D’un côté on cible quelques formes de commerces éthiques pour lesquels on encourage la consommation. De l’autre on attaque certaines compagnies soupçonnées de porter en elles tous les maux du capitalisme.
Cette théorie repose sur la croyance en un capitalisme à visage humain qui serait dénaturé par « quelques » compagnies. Il y a derrière cette vision, une hiérarchisation des différents capitalismes, quelques uns d’entre eux jugés bons et éthiques, et d’autres non. Ainsi la production nationale est préférable à la production étrangère et le système artisanal est jugé moins aliénant que le système industriel.
Le boycott est souvent prôné pour faire fléchir la politique d’une compagnie sur une pratique précise, tel que le travail des enfants. Aussitôt que la compagnie change ses pratiques, la consommation n’est plus blâmée et la bonne conscience occidentale est préservée. Cependant, nos âmes bien pensantes cessent au passage de s’inquiéter des conditions de vie et de travail des ouvrier-e-s appelés à remplacer ces enfants.
Certains éléments de la gauche radicale, quant à eux, considèrent le boycott, ou la consommation responsable, comme un pas à franchir vers la fin du capitalisme. Si McDo tombe sous le poids du boycott, il y aurait possibilité de passer à une compagnie suivante pour ainsi ébranler l’ensemble de l’édifice capitaliste.

Articuler boycott et lutte des classes

Toute cette vision est incohérente. Elle s’attaque au problème par la fin – la consommation – et non par le moyen qu’est la production. La consommation n’est que la façon d’échanger les marchandises produites ; les rapports sociaux inégaux, l’exploitation et le profit sont le résultat du mode de production. C’est donc par une lutte de classe que nous parviendrons à mettre le capitalisme en déroute.
Il n’y a pas de hiérarchie de capitalisme. Il n’existe pas de compagnies qui méritent plus d’être boycottées et d’être l’objet de notre haine. Elles sont toutes bien ancrées dans ce système et doivent leur profit à l’exploitation de leurs employé-e-s.
La consommation comme moyen d’action politique est perçue comme une fin en soi et non comme un moyen de solidarité avec les travailleurs. Lorsqu’un conflit de travail éclate, il peut être stratégique d’appeler au boycott. Mais là encore, ce sont les travailleurs et les travailleuses qui doivent en décider. Même chose pour le travail des enfants : les travailleurs et les travailleuses occidentaux doivent être solidaires des luttes des pays du Sud par des actions telles que le boycott. Mais ces actions doivent être bien intégrées à une stratégie globale axée sur la lutte de classe !