Contre les patrons et les frontières : aux côtés des sans-statut!

Il semble évident d'affirmer que les anarchistes sont contre toutes les frontières. Elles n'ont pas leur place dans une société libre telle que nous la concevons. Malheureusement, le capitalisme ne créé pas des sociétés libres. Présentement, nous vivons dans un monde où la quête du sécuritaire et la phobie de "l'autre" priment sur la liberté et l'ouverture vers l'extérieur. Nos frontières se referment, les déportations se multiplient.

Pourtant, il est estimé que près de 500 000 immigrant-e-s sans-statut vivent au Canada. Ils et elles font partie du tissu social de notre pays. Ils travaillent à nos côtés et leurs enfants fréquentent (quand ils peuvent) les memes écoles que les nôtres. Ces personnes, rendues "illégales" par l'État, sont tolérées pour les besoins du profit. Avec le travail à rabais qu'elles font dans des sweatshops, dans des restaurants et ailleurs, les patrons s'enrichissent encore plus substantiellement que lors d'une relation d'exploitation "normale". Le discours officiel de la classe dirigeante en est un de tolérance zero envers les sans-statut. En réalité, si la tolérance zéro était appliquée, l'économie canadienne serait en crise. Dans un élan d'honnéteté, le Financial Times disait en 2000 que le boom économique de la fin des années '90 aux États-Unis était grâce aux "anges illicites du miracle économique Américain" , qu'une grande partie de la richesse créée était le fruit du travail de près de 10 millions de latinos-américains "illégaux" qui occupaient les emplois les plus difficiles du marché.

En fait, la devise du capitalisme sur la question est "L'immigration : oui. Les droits sociaux : non". Il est offert aux nouveaux arrivants de vivre et de se faire exploiter dans la clandestinité, mais l'accès aux services sociaux et à la richesse collective est refusé. La répression, elle, n'est jamais trop loin, assurant que les sans-statut vivent dans un climat de peur favorisant la docilité.

L'importance de la marche "Personne n'est illégale" de Montréal à Ottawa réside dans le fait qu'elle est organisée par un réseau de groupes autonomes d'immigrant- e-s et de réfugié-e-s. Les sansdroit et sans-statut prennent leur situation en main! Il faut dire que les structures des mouvements sociaux "officiels", comme les centrales syndicales, leur tendent la sourde oreille depuis des années, hesitant à prendre des mesures concrètes pour les intégrer au mouvement ouvrier. Notons que l'appui à la marche des Travailleurs Canadiens de l'Automobile (TCA) et de d'autres syndicats est un pas dans la bonne direction....(voir la liste complète à olidaritésansfrontieres.org).

Si nous reculons 100 ans à l'arrière dans l'histoire, nous retrouvons une autre initiative importante en termes d'auto-organisation de travailleurs-euses immigrant-e-s. Boudé-e-s par l'American Federation of Labour (AFL), qui acceptait en son sein que les travailleurs qualifies et américanisés, les travailleurs-euses immigrant-e-s et précaires ont fondé les Industrial Workers of the World (IWW), un syndicat révolutionnaire qui a marqué l'histoire et l'imaginaire du mouvement ouvrier nord-américain. Aujourd'hui, il est possible de croire qu'un renouveau de lutes sociales combatives s'opérera et que ces luttes seront menées par les plus marginalisés de la société.

Nous encourageons les habitant-e-s des villes et des villages qui sont sur le chemin de la marche de sortir en nombre lors de son passage pour montrer votre solidarité. Les travailleurs-euses canadien-nes ont beaucoup plus à gagner à s'allier avec les sans-statut qu'avec les patrons et le gouvernement! Ensemble, dans la cooperation internationaliste, nous pouvons nous émanciper des contraintes économiques et des oppressions sociales. Nous faisons partie d'un mouvement grandissant de personnes et de groupes qui veulent en finir avec les déportations et les frontières : joignez-vous à nous!

[Texte extrait du numéro spécial de Cause commune sur la marche de solidarité sans frontière.]