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dimanche, février 03, 2013

Qu'est-ce qu'une révolution communiste et libertaire?

Les lignes qui suivent paraîtront sans doute naïves à certain(e)s. 

C’est le risque encouru en traitant simplement, et en peu de mots, de sujets complexes qui ont fait l’objet d’innombrables publications, depuis deux siècles au moins.

Il s’agit d’apporter les premiers éléments de réponse (de réflexion, de débat) à des questions que se posent - sans presque jamais oser les formuler - beaucoup de ceux et de celles qui découvrent les manifestations de rue et les drapeaux libertaires.


Peut-être des militantes et militants plus confirmé(e)s pourront-ils également faire leur profit de ce dialogue imaginaire, qui n’a d’autre ambition que d’en susciter d’autres, de vive voix.

 (Ce texte a été écrit en 2002 par Claude Guillon, un anarchiste français, et est tiré directement de son site web.)

Qu’est-ce qu’une « révolution » ?

Nous appelons révolution un changement radical - c’est-à-dire qui s’attaque aux racines - du système économique, social et politique en place.

Dans une société capitaliste comme celle où nous vivons, une révolution s’attaquera au salariat, système dans lequel l’activité humaine est pour l’essentiel contrainte et limitée au travail (production de marchandises), travail exploité pour le profit des patrons et/ou des actionnaires.

La révolution abolira, avec le travail salarié, l’argent, qui sert de support à l’abstraction de la valeur (d’une marchandise, d’une heure de travail, d’un être humain...).

La révolution se heurte aussitôt à ce que l’on peut désigner comme les « grandes » institutions, l’État par exemple, sa police, et éventuellement son armée. Elle bouleverse aussi les institutions de la vie quotidienne que sont la famille et le couple, où les rapports d’autorité s’organisent selon l’âge et le sexe (autorité des adultes sur les mineur[e]s, des hommes sur les femmes). Ce bouleversement est à la fois un objectif important des révolutionnaires, et l’effet matériel d’une période de rupture avec les habitudes de la vie courante (grève générale, déplacements difficiles, occupations...).

Si certaines choses sont aujourd’hui plus faciles à changer qu’il y a un siècle (par exemple : dissocier plaisir érotique et procréation, grâce à la contraception), d’autres comportements ont peu varié (les femmes effectuent toujours 70% des tâches ménagères). La réflexion et les luttes sur ces questions sont partie intégrante d’un combat révolutionnaire qui ne s’arrêtera pas par miracle un grand soir ou un beau matin.

La perspective d’une révolution n’est-elle pas utopique ?

Autrement dit : une révolution est-elle possible ?

Ce qui est impossible pour nous, et ça nous en sommes sûrs, c’est de supporter le monde tel qu’il est !

Nous avons tout à gagner à un bouleversement radical du monde, et rien à y perdre, parce que tout ce qui fait pour nous le plaisir de notre brève existence - les rencontres, les discussions, l’amour, les émotions partagées - tout cela est aujourd’hui contraint, limité, atrophié.

Il n’existera pas de société parfaite une fois pour toute où vivre heureux sans conflits. C’est dans l’effort même, dans le mouvement même de transformation révolutionnaire des rapports sociaux, que la vie se révèle mille fois plus passionnante.

Comme l’écrivait l’anarchiste russe Bakounine : « Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m’entourent, hommes et femmes, sont également libres. La liberté d’autrui, loin d’être une limite ou la négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Je ne deviens libre vraiment que par la liberté d’autres, de sorte que plus nombreux sont les hommes libres [ajoutons : et les femmes libres, et les enfants libres] qui m’entourent et plus profonde et plus large est leur liberté, et plus étendue, plus profonde et plus large devient ma liberté. [...] Ma liberté personnelle ainsi confirmée par la liberté de tout le monde s’étend à l’infini. »

Il faudra bien continuer à manger, à s’éclairer à vider les poubelles, que sais-je ?

Passés les premiers jours de paralysie, inévitable et nécessaire (pour affirmer la force du mouvement, contrecarrer d’éventuels mouvements de l’armée ou de la police), il faut remettre en marche certains secteurs d’activités : transports, ravitaillement, distribution d’eau, de gaz, d’électricité. Tous ces biens seront distribués gratuitement.

Un grand nombre d’autres secteurs seront définitivement abandonnes, soit immédiatement, soit progressivement.

Immédiatement : les usines produisant des marchandises inutiles (une majorité de la production actuelle) ou nuisibles. Progressivement : un secteur comme le nucléaire, qui exige, même après l’arrêt de la production, une surveillance et des activités complexes de démantèlement.

On remarque que l’abolition du salariat, le partage par roulement des tâches indispensables au fonctionnement de la société (ramassage des ordures, par ex.), et la suppression de l’argent (distribution communautaire des biens de première nécessité ; pour le reste imagination et troc sur le modèle des actuels SEL) règle très simplement la fausse question du chômage.

Notons encore qu’en matière d’alimentation, seuls les aliments dits « biologiques », aujourd’hui réservés à une clientèle aisée, seront distribués collectivement. Ce choix de bon sens écartera le risque de catastrophe de type « vache folle » ou OGM.

Bien des questions pratiques seront discutées et réglées le moment venu par les gens concernés, et d’une manière impossible ou difficile à prévoir Il est donc vain de dresser par avance un catalogue de mesures. Cependant, il faut comprendre qu’une révolution ne signifie pas la prise en main par une population du monde tel qu’il est. Il faudrait, sinon, « autogérer » les usines d’armement, l’administration fiscale, et les camps de rétention pour sans-papiers... On se demande pourquoi on dépenserait tant d’énergie pour en arriver là ?

Avançons l’hypothèse, à titre d’exemple, et pour illustrer malgré tout notre raisonnement, qu’en matière de transport, un moyen aussi coûteux, aussi dangereux, et aussi nuisible à l’environnement (kérosène, bruit) que l’avion serait progressivement abandonné. On peut penser qu’à rebours de la préoccupation « moderne », la durée des voyages sera considérablement allongée. Parce qu’on ne se souciera plus de « faire l’Asie en dix jours », et que l’on préférera découvrir des gens et des paysages, sans patron pour vous dicter la date du retour.

La révolution n’est-elle pas synonyme de violence ?

Il n’est pas difficile, en observant autour de soi, dans sa famille ou dans la rue, en regardant la télévision ou en lisant le journal, de voir que le monde tel qu’il est aujourd’hui, le capitalisme en voie de mondialisation, héritage des sociétés coloniales du siècle dernier, que le monde actuel est synonyme de la pire violence.

À titre d’exemple : la violence domestique masculine fait aujourd’hui, dans un pays comme l’Espagne, six fois plus de victimes (90 femmes assassinées par mari ou amant en 2001) que le terrorisme des séparatistes basques de l’ETA.

Le degré de violence nécessaire pour renverser l’ordre établi ne dépend pas que de la bonne volonté des révolutionnaires, mais dans une large mesure de la réaction des maîtres du monde. L’acharnement des industriels, des technocrates, des politiciens, et des électeurs de Le Pen à réagir à un mouvement révolutionnaire ; la violence dont ils seraient disposés à user pour le réduire, tout cela conditionne de manière imprévisible le degré de violence inévitable d’une révolution.

Dans une société techniquement développée où peuvent être mises en œuvre de nombreuses techniques de sabotage (informatique notamment), qui ne nécessitent pas ou très peu de violence physique, les meilleures chances sont réunies de paralyser le système en faisant moins de victimes humaines que les accidents de la route un week-end de Pâques.

Par la suite, la société en révolution - par les priorités qu’elle adopte en matière de santé (pas de médicaments toxiques ; pas de contingentement des matériels hospitaliers), de prévention (Sida), de réduction des travaux pénibles et dangereux -, réduit le nombre des « victimes sociales » qui paient aujourd’hui de leur vie le fonctionnement d’un système fondé sur le profit.

N’est-il pas plus facile et plus réaliste de changer la société par des réformes ?


Le réformisme se présente comme une solution raisonnable et « réaliste ».

Le problème, c’est que, seul, il ne réforme jamais rien.

La fonction historique et politique du réformisme n’est pas d’aboutir aux mêmes résultats qu’une révolution, par des moyens plus lents ou plus « doux ». La fonction du réformisme est de désamorcer les révoltes et de convaincre les victimes du système capitaliste qu’on peut très bien aménager leur sort à l’intérieur du système, sans en changer les règles, et sans priver les réformistes de leurs jobs.

Même s’il s’agit d’obtenir des réformes, la stratégie révolutionnaire est la plus efficace. En effet, un pouvoir ne peut répondre que de deux façons - éventuellement combinées - à une menace révolutionnaire : par la force armée ou par les concessions réformistes.

Si un mouvement social limite de lui-même, dans le souci d’être présentable à la télé, raisonnable et réaliste, ses prétentions et ses buts, il n’échappera pas à la violence (on lui envoie les CRS) et risque de ne rien obtenir du tout.

Dans une négociation, le pouvoir essaiera toujours d’accorder moins que ce qui est demandé ; si je demande moins que ce que je veux, je suis assuré de ne pas obtenir ce que je veux.

Le plus simple est d’afficher clairement le projet révolutionnaire, ce qui n’empêche pas de tirer avantage des concessions momentanés de l’État.

Prendre le parti de la révolution ne signifie pas opter pour « tout ou rien », en remettant toujours l’essentiel à plus tard (au grand soir), c’est au contraire profiter de toutes les occasions historiques, de toutes les luttes, pour réaffirmer l’exigence communiste et libertaire : tout se réapproprier dans la liberté, pour tout partager dans l’égalité.

Tout ce qu’il est convenu de nommer les « avancées démocratiques » ont d’ailleurs été accordées sous la pression de la rue et des barricades. Il arrive que les gouvernants modernes y fassent allusion, quand ils espèrent que ce rappel historique dissuadera de nouveaux barricadiers de se dresser contre eux. On dira par exemple que des gens sont morts pour que nous ayons le droit de vote, ce qui devrait nous décourager d’utiliser d’autres moyens d’action. Mais bien sûr, c’est un mensonge. Beaucoup de gens ont effectivement combattu et certains sont morts en combattant, et dès la Révolution française, contre ceux qui voulaient la confisquer, en décréter la fin obligatoire, puis plus tard contre ceux qui voulaient revenir à la monarchie. Mais finalement, c’est bien la république qui a tue le plus d’ouvriers sur les barricades, notamment en 1848 et en 1871, durant la Commune de Paris.

Il existe de nouveaux groupes réformistes. Ils utilisent parfois un vocabulaire ou des méthodes d’action illégales empruntées au mouvement révolutionnaire. Ils réclament le droit au logement, un revenu garanti pour tous, ou une taxe sur les mouvements de capitaux... Ils captent l’indignation généreuse et le besoin d’action de beaucoup de gens qui ne se sentent pas attirés par des groupuscules révolutionnaires souvent fermés et sectaires. Ils n’ont pas d’autre perspective qu’un illusoire « contrôle citoyen » sur le capitalisme.

Or la « démocratie », c’est précisément la mise en scène politique du contrôle citoyen, garant de la moralité d’un « capitalisme à visage humain » ; « l’économie régulée par le droit », comme dit José Bové. Même s’ils peuvent embarrasser momentanément un ministre, un gouvernement ou une administration, ils participent finalement au bon fonctionnement du système, qui s’applique à les neutraliser, les intégrer, les digérer.

Le projet révolutionnaire, c’est-à-dire le projet d’une rupture révolutionnaire avec le monde présent et le projet de la construction d’une autre société, n’est pas un rêve, au sens où il serait impossible à réaliser. Le projet révolutionnaire, c’est la meilleure façon d’être réaliste, c’est-à-dire de s’en tenir à nos révoltes, à nos désirs, à nos rêves, pour refuser le cauchemar hélas trop réel d’un monde dont Marx constatait déjà qu’il est « baigné par les eaux glacés du calcul égoïste ».

Il existe des partis, des ligues d’extrême gauche qui se réclament du communisme et/ou de la révolution. Qu’est-ce qui les sépare des libertaires ?

Des postaliniens [1] du PC aux trotskistes de la LCR (100% à gauche, avec de vrais morceaux de gauche dedans !) il ne manque pas de partisans du « communisme » ou d’une « révolution », à condition qu’ils en soient les chefs et les bénéficiaires !

Les anarchistes, les communistes libertaires sont restés fidèles au principe affiché par la Première Internationale : l’émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes.

Nous n’avons que faire des avant-gardes, des magouilleurs et des bureaucrates ! C’est aux exploités eux-mêmes à prendre leurs affaires en mains, partout et dès maintenant - sur les lieux de l’exploitation salariée, dans les quartiers et dans la rue - sans attendre la bonne période historique décrétée par le comité central.

Les retours sur l’histoire (celle de la révolution russe, par exemple) sont des moyens efficaces de vérifier la réalité des bons sentiments affichés aujourd’hui par les uns et par les autres. Il fallu à peine huit ans aux bolcheviks pour éliminer, par le meurtre et la mise en camps, toute opposition politique : mencheviks, socialistes révolutionnaires et anarchistes. La révolte des marins de Cronstadt et l’insurrection Makhnoviste en Ukraine furent écrasées dans le sang. La Terreur bureaucratique, dont Trotski fut un rouage essentiel (à la tête de la police politique et de l’armée rouge), se retourna contre ses propres partisans. Lui-même fut exécuté, sur ordre de Staline, dans son exil mexicain. Or beaucoup de trotskistes actuels ont autant de mal que les postaliniens à digérer leur passé et à condamner sans ambiguïtés ni baratin les crimes de lénine, de trotski, et de staline.

Aujourd’hui, les trotskistes de la LCR tentent de capter à leur profit la sympathie pour les idées anarchistes qu’ils sentent dans le mouvement social et ses manifestations. Besancenot n’a plus que l’adjectif « libertaire » à la bouche et explique que son drapeau rouge s’est teinté de noir [2] (et de vert, pour draguer les écolos). Mais que dit-il ? Que la LCR veut participer à « un gouvernement qui romprait avec le capitalisme et ouvrirait la voie au socialisme démocratique » (Révolution, p. 150). C’est mot à mot le même mensonge que Mitterrand a utilisé à la fin des années 70 pour reconstituer un parti socialiste capable... de ce que nous avons vu (il est vrai que la taupe trotskiste Jospin parvint à se faire nommer Premier ministre). Bien sûr, tout serait différent avec la LCR ! Est-ce si sûr ? Lisons Besancenot : « Nous ne pensons pas supprimer l’argent du jour au lendemain (p. 180) [...] Notre projet est plus ambitieux : créer massivement des emplois en réduisant le temps de travail [...] (p. 209). « Cependant, la phase de transition [vieille blague bolchevique !] vers une société égalitaire, le processus de production sera encore soumis à la division technique du travail. Il ya aura encore des ouvriers, des employés, des techniciens et des cadres exerçant chacun des fonctions spécifiques ; les revenus seront encore définis selon les compétences et non les besoins (p. 252). »

Et qu’arrivera-t-il aux impatients qui n’auront que foutre de produire pour le nouveau régime sous la direction des mêmes cadres, payés avec le même argent, le tout sous la direction lumineuses des militants LCR ? On leur enverra les « nouveaux emplois » miliciens chargés de leur faire rentrer dans le crâne à coup de crosses le réalisme historique qui décide en réunion de comité central à quel moment les temps sont mûrs !

Comment faire confiance à des gens qui, même après 80 ans de réflexion, justifient d’avance les répressions futures ? Leurs placards sont remplis de cadavres, nous ne l’oublions pas. Quant aux idées libertaires et au noir de nos drapeaux qu’ils prétendent gérer en franchise : BAS LES PATTES !

Tout ce qu’il faudrait changer, inventer !... Ça paraît une tâche surhumaine !

À moins de céder au délire des croyants, selon lequel il existerait un « dieu » créateur qui manipulerait les humains comme des marionnettes et les surveillerait depuis on ne sait quel « au-delà », il faut bien considérer que les êtres humains sont les seuls responsables de leur vie, de ce qu’ils y acceptent ou refusent.

Ça ne veut pas dire que le sans-papier vivant à Paris ou le paysan sans-terre brésilien sont coupables de l’oppression qu’ils subissent, mais que ce sont des hommes de chair et de sang qui les exploitent et les persécutent, et non une fatalité surhumaine, contre laquelle il serait impossible ou vain de se dresser.

Quant aux efforts que nécessite la construction d’un autre futur, ils sont immenses, mais - à l’échelle de l’espèce humaine entière - pas plus impressionnants que ceux que tu as fournis, nourrisson humain de quelques kilos, dépendant en tout des adultes qui t’entouraient, pour devenir un individu pensant, parlant et marchant sur ses pattes de derrière, capable d’utiliser un ordinateur et de chanter un poème de Rimbaud...

Pense à l’extraordinaire gisement de culture, de savoir-faire, et d’énergie que constitue l’humanité, aujourd’hui divisée par les fanatismes religieux, les guerres coloniales ou tribales, l’exploitation et la faim. Ce gisement n’est utilisé qu’à dix pour cent peut-être, et pour le seul bénéfice du capitalisme mondialisé. Il ne sera pas difficile de faire « moins pire » !

Je suis désolé, mais j’y crois pas !

Personne ne te demande de « croire » à la révolution, comme on croit au Diable, aux extraterrestres ou à la réincarnation. Il ne s’agit pas non plus d’une perspective lointaine et motivante, comme une espèce de super-carotte (bio !) à te suspendre devant le nez.

La révolution est le projet collectif de la libre association d’individus libres, qui commencent à changer le monde dès maintenant.

Il n’est que trop facile de trouver dans la lecture d’un journal ou le comportement de ses collègues des raisons de se replier dans le cynisme vulgaire : « Tous des cons ! ». Pour les plus atteints, le comble de la rancœur misanthrope vise telle catégorie particulière : les Noirs, les immigrés, les femmes...

Pour un révolutionnaire, « l’optimisme de la volonté » n’est pas un parti pris moral, il a un contenu dynamique et pratique : plus on éprouve la jouissance, et plus on aime faire l’amour ; plus on rencontre d’individus différents, et plus on est affamé de la diversité du monde ; plus on vérifie dans l’action ses capacités à changer la vie, et plus on se découvre de nouvelles raisons d’agir.

Vade-mecum II, Paris, (première version, mai 2002).
[1] Au PC ou à Attac, le postalinien (contraction du préfixe post et du qualificatif stalinien), n’a plus la faucille et pas toujours la carte, mais il assume le rôle historique du stalinien : nuire à la révolution par tous les moyens.
[2] Révolution, Flammarion, 2003, p. 72.

samedi, juillet 28, 2012

Dico anti-capitaliste : Qu'est-ce que le communisme libertaire?



Chaque mois, un mot ou une expression est passée au crible par les anarchistes d'Alternative Libertaire (France).

*   *   *

Qu'est-ce que le communisme libertaire?



Tout d’abord faut-il dire communisme libertaire ou bien anarcho-communisme ? Cela serait entrer dans des débats historiques et sémantiques un peu complexes. On va donc se borner à dire que les deux termes sont acceptables, le premier étant le plus ancien, puisqu’il est revendiqué dès 1876 en Italie par les membres italiens de l’Association internationale des travailleurs, parmi lesquels Errico Malatesta et Carlo Cafiero. Le côté historique étant mis de côté – un ouvrage ne suffirait pas pour raconter l’histoire de ce courant de pensée – attaquons-nous maintenant aux principes politiques défendus par le communisme-libertaire.

Premier principe, l’anti-autoritarisme. Étant en partie issus de l’internationale antiautoritaire, les communistes libertaires ne pouvaient pas se permettre d’être staliniens. Dans la pratique, on retrouve cette idée dans les modalités de lutte – assemblées générales, mandat révocable, fédéralisme – prônées par les communistes libertaires, ainsi que dans les modes d’organisation que ces derniers et ces dernières adoptent au sein de leurs organisations politiques.

Deuxième principe majeur, la lutte des classes, notion marxiste s’il en est. Contrairement à certains anarchistes individualistes, les communistes libertaires revendiquent une certaine filiation théorique marxiste, à travers la reconnaissance du principe de lutte des classes, du matérialisme historique. Ce principe se retrouve dans l’implication relativement importante des militants et des militantes de ce courant de pensée dans les différents syndicats dits « lutte de classes ». Ainsi en France, beaucoup de communistes-libertaires vont se retrouver à militer au sein de la CGT, de la CGT-FO ou de l’Union syndicale Solidaires.

Maintenant que l’on cerne un peu mieux ce qu’est un ou une communiste-libertaire, attardons nous sur les endroits, les syndicats, les organisations, les tendances où l’on peut espérer trouver cet étrange personnage. 

En fait, c’est comme les champignons, il faut connaître les bons coins. Premier coin qui fourmille de communistes libertaires, bien évidemment les organisations politiques se réclamant de cette orientation. Alternative libertaire bien sûr, mais aussi en France l’Organisation communiste libertaire, la Coordination des groupes anarchistes, Offensive libertaire et sociale ou encore la Fédération anarchiste. À l’étranger on peut aussi citer la Federación anarquista uruguaya en Uruguay ou l’Union communiste libertaire au Québec.

Mais leur présence ne se limite pas à des organisations spécifiques, puisque des organisations se revendiquant de l’anarcho-syndicalisme, comme la Confédération nationale du travail en France ou la Confederación general del trabajo dans l’État espagnol, défendent elles aussi le projet politique communiste libertaire.


Pour une définition un peu plus complète (et peut-être plus accessible), on peut consulter les Buts et principes de l'UCL :).

mardi, juillet 03, 2012

Prairie Struggle : une nouvelle organisation communiste libertaire au Canada!


Pendant que passaient les grisantes fêtes nationalistes, plusieurs ont remarqué la présence récente d'une nouvelle organisation communiste libertaire au Canada : Prairie Struggle.

L'organisation a déjà publié le premier numéro d'une revue rassemblant des textes de réflexion.  Cet automne, elle organisera conjointement avec la IWW, Common Cause (Ontario) et l'UCL (Québec) une tournée dans les provinces canayiennes sur les luttes étudiantes au Québec.

Salutations libertaires camarades, et au plaisir de se voir bientôt!


Site Internet : http://www.prairiestruggle.org/about

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Présentation 

We identify ourselves as anarchists within the platformist tradition as we broadly believe in its theoretical base and organizational practice, but not needfully in everything that has been done in its name. The primary ideas of this practice, namely theoretical and tactical unity, collective action, and federalism, are what we strive to develop.

We are revolutionaries that come from all walks of life, identifying deeply with the struggles of the working class, of which all our members are a part. The organization's activities are centred around not only theoretical development, but also direct action and education surrounding the struggles of the working class.

The Prairie Struggle Organization aim's to further anarchist communist ideas and put them into practice through a federation of anarchist groups that spreads across Canada.

As anarchist communists, we strive for a classless society, free from the shackles of a hierarchy put in place long before us. We are bold enough to see an international federation of radically democratic, self-managed communities and workplaces. We work against the divisions of labour that promote a life of limited activity dictated by the commodity economy. The abolition of markets will facilitate the satisfaction of basic human needs that elude so many – we believe, in keeping with the principle, “from each according to ability, to each according to need.”


vendredi, juin 29, 2012

2ième numéro de ''Acción Directa'', le porte-voix du FEL-Chili



Un conflit étudiant et des luttes populaires ont également lieu au Chili.  Des communistes libertaires regroupé-e-s au sein du Frente de Estudiantes Libertarios (FEL) ont produit le second numéro d'un court journal : à lire pour ceux et celles qui peuvent lire l'espagnol :).

*  *  *

Hyperlien vers le journal :  http://es.scribd.com/doc/98066019/AD-julio

Hyperlien vers le FEL : http://www.fel-chile.org/blog/



mercredi, janvier 19, 2011

Archives en-ligne des publications francophones de la NEFAC


Avec la publication récente des numéros 1, 2 et 3 de la revue Ruptures sur notre site web, CauseCommune.net, celui-ci contient désormais la collection numérique complète de la revue francophone de la NEFAC, la Fédération des communistes libertaires du nord-est, dont l'UCL est aujourd'hui héritière.

On y retrouve aussi en format numérique tous les numéros publiés du journal Cause Commune, fondé par l'Union régionale de la NEFAC il y a sept ans, en 2004.

Les archives de ces deux publications peuvent être accédées à :

Pour l'occasion, nous avons élaboré une liste de suggestions de lecture tirées des sept premiers numéros de la revue Ruptures. Ces textes ont été choisis pour leur qualité et les débats qu'ils ont suscité tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de notre organisation.

Ruptures #1 : Question d'organisation : NOUS SOMMES PLATEFORMISTES!
Ruptures #2 : Les femmes, l'État et la famille
Ruptures #3 : La question de l'organisation révolutionnaire anarchiste
Ruptures #4 : Notes sur la maudite question nationale québécoise...
Ruptures #4 : Retour vers le passé : Portrait de l’extrême droite au Québec
Ruptures #5 : Chemin faisant, nous apprenons - Les cinq premières annéesde la NEFAC
Ruptures #5 : La gauche révolutionnaire et les mouvements sociaux
Ruptures #6 : Position de la NEFAC sur le syndicalisme et les luttes surles lieux de travail
Ruptures #7 : Une certaine conception de la Nature: Quand l’extrêmedroite se mêle de santé et d’environnement
Ruptures #7 : Autodéfense : la domestication de la violence commestratégie d'émancipation

D'autres textes sont aussi disponibles sur notre site web dans la
section « Éditions Ruptures », où des nouvelles brochures seront
ajoutées au fil du temps.

Bonne lecture!

mercredi, août 11, 2010

[Classiques de l'anarchisme]Fontenis:Manifeste pour un communisme libertaire

Hier nous vous apprenions la nouvelle du décès du camarade Fontenis. Dans ce cadre, j'ai pensé qu'il serait intéressant de (re)publier ici un de ses textes les plus importants, le Manifeste pour un communisme libertaire. Évidemment, ce texte écrit en 1953 doit être remis dans un contexte ou les staliniens ont le monopole sur les luttes en France à ce moment et la FA, de son côté,  est perdu dans un bourbier idéologique et des débats sans fins. Ce texte qui en fera sursauter plusieurs de par son langage et sa provocation, demeure tout même un texte crucial de réflexion pour le plateformisme, malgré les critiques que nous pouvons lui apporter sur certains aspects qui pourraient être qualifiés de "quasi léniniste".

PRÉFACE À LA RÉÉDITION DE 1985
Pour l’auteur de ces lignes, le Manifeste du communiste Libertaire, ce sont des visages, des voix, des camarades disparus, dont on a perdu la trace, qui ont abandonné la lutte sociale, d’autres qui y participent toujours et ceux et celles qui ont suivi d’autres chemins. C’est aussi pour le jeune homme que j’étais, un grand frère, Georges Fontenis.
Nous sortions de la guerre, de l’occupation nazie et nous remettions en question globalement la société bourgeoise et ses mécanismes de pensée. Dans notre recherche, nous avions besoin d’action, de fraternité, le virus du militantisme nous ayant souvent pris depuis les combats clandestins de la Résistance qui avaient déçu nos espoirs adolescents.
Notre lieu de rencontre était une petite boutique du Quai de Valmy, au bord du canal St Martin, qui présentait tout le décorum romantique voulu... C’était le siège du « Libertaire » que nous définissions sans complexe comme le « seul journal révolutionnaire ».
Cette époque était le théâtre d’un incroyable bouillonnement d’idées. L’existentialisme dominait les médias et le dernierEs survivantEs du surréalisme des années 20 avaient enfin rencontré l’anarchie (« porteuse de flambeaux »). Ils et elles publiaient un « billet » chaque semaine dans Le Libertaire et Georges Fontenis était cité dans un poème de Breton.
Ce furent ensuite nos ruptures, nos conflits, nos chemins différents que nous croyions séparés... Puis-je être impartial en préfaçant ce Manifeste ?
Selon l’avant-propos rédigé par la commission d’éditions de l’époque : « le régime capitaliste » était arrivé « à son point culminant de crise ». Nous n’avions pourtant encore rien vu !
La commission poursuivait : « Toutes les recettes de replâtrage et les solutions du pseudo communisme d’Etat ont fait faillite... ».
On voit que nous posions correctement les problèmes actuels.
Il y a trente ans, le Parti socialiste était déjà au pouvoir et le Parti communiste, en pleine « guerre froide » était dans sa période stalinienne la plus noire.
La guerre d’Algérie n’avait pas encore ébranlé la société française. Mai 68 n’avait pas eu lieu.
Personne ne parlait encore d’autogestion. Pourtant, le Manifeste revendiquait déjà le « Pouvoir Ouvrier direct ».
Nous avions trouvé que l’anarchisme constituait la seule solution cohérente.
Selon nos illusions, la Fédération Anarchiste (F.A.) était la force révolutionnaire.
Nous y avions adhéré naturellement.

mardi, août 10, 2010

Georges Fontenis : une figure internationale du communisme libertaire nous a quittés.

C’est une des dernières personnalités du mouvement anarchiste des années 1940-1950 qui vient de disparaître avec Georges Fontenis, décédé à Tours le 9 août 2010 dans sa quatre-vingt-dixième année. Il restera, dans la mémoire du mouvement ouvrier, comme un infatigable combattant du communisme libertaire, un acteur du soutien aux indépendantistes algériens, un syndicaliste de l’École émancipée, un des animateurs de Mai 68 à Tours et un des piliers de la Libre-Pensée d’Indre-et-Loire. Jusqu’à ses derniers jours, il a été adhérent d’Alternative libertaire.

Issu d’une modeste famille ouvrière des Lilas, Georges Fontenis fut projeté dans le militantisme anarchiste par Juin 36 et l’enthousiasme pour la Révolution espagnole. Membre de la CGT clandestine sous l’occupation, ce jeune instituteur à Paris 19e devint, à la Libération, un des militants les plus en vue de la Fédération anarchiste (FA). Dès 1946, il fut élu secrétaire général de cette organisation, véritable pôle de résistance à l’hégémonie stalinienne dans le mouvement ouvrier de l’époque.

Très proche des Espagnols de la CNT-FAI en exil, Georges Fontenis fut, en 1946-1950, un des promoteurs de la CNT française (CNT-F), qui se présentait comme une alternative à la CGT stalinisée et à une CGT-FO atlantiste. Après l’effondrement de la CNT-F en 1950, il rejoignit la Fédération de l’Éducation nationale (FEN) et fut actif au sein de sa tendance syndicaliste révolutionnaire, l’École émancipée.

Georges Fontenis fut ensuite un des principaux protagonistes des luttes d’orientation qui déchirèrent l’organisation anarchiste en 1951-1953, et qui aboutirent à la transformation de la FA en Fédération communiste libertaire (FCL). Il devait en garder, par la suite, une réputation sulfureuse. Il s’en expliqua dans ses Mémoires, publiés une première fois en 1990. Réédités en 2008 par les éditions d’Alternative libertaire sous le titre Changer le monde, ces Mémoires constituent une pièce de premier ordre pour les historiens de l’anarchisme, mais aussi une forme de bilan politique de cette période, non exempt d’autocritique.
Quand éclata l’insurrection algérienne de la Toussaint 1954, la FCL s’engagea dans le soutien aux indépendantistes et Georges Fontenis mit sur pied, avec ses camarades, un des tout premiers réseaux de « porteurs de valises ». Ce n’est cependant pas son action clandestine, mais sa propagande au grand jour qui valut à la FCL d’être démantelée par la répression. Interpelé par la DST au terme de plusieurs mois de cavale, Georges Fontenis passa près d’un an en prison et fut définitivement proscrit de l’Éducation nationale en Région parisienne. Cette période a été racontée dans un documentaire de 2001, Une résistance oubliée (1954-1957), des libertaires dans la guerre d’Algérie.

Après sa libération, Georges Fontenis s’installa dans la région tourangelle, qu’il ne devait plus quitter. La FCL étant détruite, il continua néanmoins son action dans les réseaux de soutien à l’indépendance algérienne.

Il fut de nouveau appelé à jouer un rôle en mai-juin 1968, en étant un des principaux animateurs du Comité d’action révolutionnaire de Tours. Dans la foulée, il tenta de relancer un Mouvement communiste libertaire (MCL), fortement teinté de conseillisme, mais qui fut un échec. Il devait par la suite adhérer, en 1980, à l’Union des travailleurs communistes libertaires (UTCL), puis à Alternative libertaire.

La vie de Georges Fontenis a, pendant plusieurs décennies, été liée au mouvement ouvrier et à son courant libertaire. Il en a partagé les avancées, les reculs et les luttes passionnées. Militant politique, il savait tirer les enseignements des échecs sans céder au découragement. Mais l’itinéraire de Georges Fontenis fut aussi un itinéraire personnel. Façonné par l’anarchisme, il voulut le transformer en profondeur. Pour cela, il fut vivement décrié par certains, et considéré par d’autres, en France et ailleurs, comme une référence. Son bilan forme-t-il pour autant un bloc, à prendre ou à laisser ? Nullement. Mais Alternative libertaire et, au-delà, le courant communiste libertaire international savent ce qu’ils lui doivent, et c’est pour cette raison que nous rendons hommage à un homme qui, désormais, appartient à l’Histoire.

Les militants qui l’ont côtoyé dans ses combats en garderont, pour beaucoup, le souvenir d’un camarade chaleureux, bon vivant, doué d’humour et d’une grande lucidité. C’est encore l’image qu’il laisse dans le documentaire qui lui a été consacré en 2008, Georges Fontenis, parcours libertaire.

AL assure sa compagne Marie-Louise ainsi que sa famille de sa solidarité dans ce moment douloureux. Le mensuel Alternative libertaire saluera longuement Georges Fontenis dans son numéro de septembre. Nous envisagerons également l’organisation d’un événement public en son souvenir à l’automne, probablement à Tours.
Alternative libertaire, le 10 août 2010
 

vendredi, juin 25, 2010

Dico anticapitaliste : Qu’est-ce que le matérialisme dialectique ?

Nos camarades d'Alternative Libertaire définissent chaque mois dans leur mensuel, un concept du mouvement communiste libertaire. En mai c'était le concept de matérialisme dialectique qui était défini.
Chaque mois, un mot ou une expression passée au crible par Jacques Dubart.

En affirmant dans le Manifeste du parti communiste que « l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire des luttes de classes », Marx et Engels voulaient montrer que l’histoire des sociétés humaines s’explique principalement au travers de l’analyse des conditions matérielles dans lesquelles vivent et travaillent les femmes et les hommes, de leur évolution et des contradictions que ces évolutions créent au sein des sociétés.
Une démarche matérialiste s’oppose à l’idéalisme de l’idéologie dominante, qui donne le rôle déterminant aux idées, aux grands hommes, voire aux puissances divines. Car les facteurs matériels influencent profondément les idées et les actes des humains.
Une analyse « dialectique » de l’histoire met en lumière au moins trois aspects complémentaires :
– Les faits sociaux ne sont pas figés. Ils évoluent et peuvent même changer de nature. Ainsi en sont-ils des inégalités sociales ou entre les hommes et les femmes présentées par la pensée dominante comme éternelles.
– Les contradictions internes qui traversent chaque situation sont le moteur de son évolution. Ainsi analyser les organisations syndicales « tout d’un bloc » et négliger la contradiction permanente entre leur aspect intégrateur et leur aspect lutte de classe ne permet pas d’en comprendre les évolutions possibles.
– Mais si les contradictions internes sont le moteur de l’évolution, c’est le contexte qui favorise ou étouffe tel ou tel aspect de la contradiction.
Car l’histoire n’est pas écrite d’avance. Ce ne sont pas des idées abstraites ou des interventions matérielles indépendantes de la volonté humaine qui font l’histoire.
Ce sont les femmes et les hommes : leurs actions, leurs idées, leurs décisions prennent leurs racines dans les conditions matérielles et économiques où ils vivent. Mais le rapport entre les idées et leur condition matérielle d’existence est lui aussi dialectique : elles s’influencent réciproquement ! Les idées ont leur dynamique propre. Il peut exister des décalages dans le temps entre l’apparition des idées et les conditions matérielles. Mais idées et institutions ne peuvent pas survivre éternellement aux conditions matérielles qui les ont suscitées.
Le matérialisme dialectique historique est simplement une méthode pour comprendre et agir. Sans cela, le risque est grand d’en rester à des explications unilatérales, subjectives, partielles et de s’enfermer dans des actions sans efficacité.
Au final, parler de matérialisme dialectique historique c’est simplement revendiquer un outil d’analyse pour faire avancer le projet communiste libertaire. On en déduira une stratégie fondée sur la transformation des conditions matérielles, à laquelle la propagande idéologique sera subordonnée.

samedi, septembre 19, 2009

Rapport du congrès de Common Cause.


Des membres de la branche de Hamilton de Common Cause à la marche de la Fête du Travail le 7 septembre (Source).

Tiré du blogue Voix de Faits.

Nos camarades de l'organisation anarchiste Common cause, en Ontario, ont tenu un congrès au mois d'août. Voici un rapport qu'ils et elles nous ont fait parvenir en français (*).

Ontario, Canada: Rapport de la Conférence de Common Cause 2009


Le 1er et 2 août 2009, dans la ville de Toronto, Common Cause, une organisation anarchiste en Ontario, a tenu sa 3e Conférence annuelle. Des membres des branches d'Ottawa, Toronto et Hamilton et plusieurs nouveaux membres de London y ont participé.

La première journée a commencé par la présentation de rapports de chacun des officiers provinciaux et des branches donnant une vision générale de notre deuxième année en tant qu'organisation. L'année 2008/2009 a été centrée surtout sur l'éducation tant à l'interne qu'à l'externe. À l'interne, nous avons en autre eu notre première journée d'éducation à Hamilton en juin ce qui fût un grand pas vers le développement d'une vision et d'une idée de stratégie commune à travers l'organisation. Nous avons également continué à rester actif au niveau du mouvement anarchiste international en participant à Anarkismo.net par l'entremise d'un délégué et en faisant partie du comité d'organisation du North American Anarchist Class Struggle Conference.

À l'externe, les branches ont organisé avec succès le 2e Salon du Livre Anarchiste à Hamilton (Juin 2009), la première édition de la Conférence Organizing4Justice à Ottawa (Octobre 2008) et ont participé au 1er Toronto Anarchist Gathering (Avril, 2009). La branche d'Hamilton poursuit aussi sa propagande en organisant un groupe de discussion anarchiste mensuel très populaire. La branche de Toronto tente d'organiser une discussion publique similaire dans leur ville et a déjà commencé les démarches. Nous avons également développé une présentation intitulé «Le Role d'une organisation Anarchiste» qui a déjà été présentée dans 3 villes. (Quiconque est intéressé à voir cette présentation dans leur ville devrait contacter le secrétaire provincial. Voir plus bas pour ses coordonnées).

Les membres de Common Cause continuent également d'être actif à divers niveaux dont les groupes de queer et de femmes, la solidarité avec les indigènes, les syndicats, les groupe contre la guerre, le support des prisonniers, la lutte contre les certificats de sécurité et la lutte contre le racisme. Certains membres ont faits parties de deux victoires importantes cette année: le relâchement de la dernière personne encore détenue prisonnière en raison des certificats nationaux de sécurité et la syndicalisation des premiers étudiants au post-doctorat dans l'histoire du Canada.

Suivant les rapports, nous avons discuté et voté sur de nombreuses résolutions. Les résolutions les plus marquantes qui ont passé sont: donner le pouvoir au Conseil des Délégués de voter, entre les Conférences annuelles, sur des propositions de positions politiques, hausser les parts de cotisations allant au niveau provincial de 50% à 60% afin de pouvoir répondre au problème de manque de fond de celui-ci et finalement, crée un groupe de travail de littérature. Nous avons également voté pour un nouveau plan et format de publication de notre journal, Linchpin. Celui-ci sera maintenant publié 2 fois l'an, mais avec davantage de contenu et un plus grand tirage. Cette décision a été prise dans le but d'avoir une publication plus efficace et plus gérable monétairement après avoir dû suspendre notre publication pour l'été par manque de fond.

La 1ère journée s'est terminé par l'élection des officiers provinciaux. À l'exception de la secrétaire internationale/hors de l'Ontario, il y a eu rotation de toutes les positions comme l'année précédente. La venue de nouveaux visage prenant des rôles d'officiers a été très encourageant pour l'organisation.

Après une belle soirée de socialisation, la deuxième journée a été consacrée au développement de stratégies communes. Cinq sujets étaient au menu: le développement de Common Cause, les campagnes collectives, la lutte des travailleurs et de la communauté, l'éducation politique et le développement de nos idées et finalement, les médias/journalisme/outreach. La discussion a débuté par des ateliers en petit groupes pour se terminer par le rassemblement des idées en grand groupe.

Vers la fin de la Conférence, nous sentions que nous avions accompli beaucoup de choses cette année autant à l'interne qu'à l'externe pour notre relativement petite organisation politique. Cependant, il est évident que nous avons encore beaucoup de chemin à faire avant de pouvoir jouer le genre de rôle que nous voudrions jouer en tant qu'organisation anarchiste en Ontario. Plus spécifiquement, certains membres ont exprimé le désir de voir notre organisation prendre part à des campagnes touchant l'Ontario, d'améliorer notre façon de populariser les idées anarchistes à travers le journal et le web et de développer davantage nos stratégies autour de sujets spécifiques. Les membres ont tous senti le besoin d'attirer de nouveaux membres si nous voulons être capable d'atteindre nos buts en plus d'augmenter les connaissance et les habiletés de nos membres actuels..

Beaucoup de travail nous attend pour ce qui semble être l'année charnière de Common Cause. Avec une conférence aussi productive et bien organisée nous ne pouvons que commencer du bon pied.

Si vous êtes intéressés d'en connaître davantage sur Common Cause ou si vous désiré vous impliqué, vous pouvez nous contacter à : commoncauseontario[a]gmail[point]com, ou utiliser le formulaire sur le site internet à linchpin.ca ou encore nous écrire à P.O. Box 347, Station E, 772 Dovercourt Rd., Toronto, ON, Canada, M6H 4E3

(*) Il faut souligner cette délicate attention, il est en effet rarissime qu'un groupe nord-américain se donne la peine de communiquer avec nous dans notre langue.

mardi, février 03, 2009

Québec : Naissance de l’Union communiste libertaire.


Un article paru dans le mensuel (janvier 2009) de nos camarades d'Alternative Libertaire, sur la fondation de l'Union Communiste Libertaire.
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Au Canada et en Amérique du Nord, le mouvement communiste libertaire poursuit sa recomposition et son développement, avec la création d’une nouvelle organisation au Québec.

À la suite de la création de Common Cause en 2007 (voir AL n°177), c’est l’Union communiste libertaire (UCL) qui est née le 23 novembre 2008 à Montréal. Cette nouvelle organisation correspond à l’ancienne union régionale québécoise de la Nefac, à d’importantes nuances près cependant.

Une recomposition sans rupture

Depuis sa fondation en 2000, la Nefac (Fédération des communistes libertaires du Nord-Est – principale organisation communiste libertaire nord-américaine) rassemblait des militantes et militants du nord-est des États-Unis comme du Québec. La cohabitation au sein d’une même organisation de militants de pays différents avait fini par poser plus de problèmes (frontière, langues…) qu’elle ne permettait d’en résoudre. Dans la pratique, les Québécoises et Québécois fonctionnaient d’ailleurs de manière autonome depuis quelques temps déjà. Ils ont donc décidé de créer officiellement une organisation autonome.

Mais séparation ne signifie pas rupture des liens : les militants de l’UCL envisagent de transformer l’actuelle fédération en une confédération regroupant les différentes organisations communistes libertaires, en plein essor, à l’échelle du continent.

Outre ces raisons pratiques, la fondation de l’UCL avait pour but l’élargissement de l’implantation dans la province, notamment dans les petites villes et pas seulement dans les grands centres urbains. Pari réussi, puisque six collectifs locaux ont été parties prenantes du congrès de fondation, alors que l’ancienne Nefac-Québec n’en comptait que trois.

Vers un Manifeste inédit

Le congrès a d’abord été l’occasion d’adopter de nouveaux statuts. De plus, tout en prévoyant de se munir dès que possible d’un manifeste inédit, les congressistes ont adopté une version amendée des Buts et Principes de la Nefac, incluant les principes fondamentaux de toute organisation communiste libertaire (anticapitalisme, lutte de classes, antipatriarcat, etc.).

Les militants et les militantes de l’UCL étaient déjà impliqué-e-s dans les mouvements sociaux : dans le mouvement étudiant, très actif au Québec (notamment à travers l’ASSE, organisation étudiante de lutte) ; dans le mouvement contre la guerre, le Canada étant présent en Afghanistan ; dans les luttes communautaires et les luttes antifascistes, pour ne citer que quelques exemples. Aujourd’hui, l’UCL réaffirme sa volonté d’implication dans les mouvements sociaux avec pour objectif de les radicaliser.

Enfin, les actions concrètes à venir incluent une campagne sur la crise économique, qui sera rapidement mise en place. L’UCL va également s’impliquer dans une campagne internationale communiste libertaire contre la guerre en Afghanistan, dont elle avait proposé le principe il y a quelques mois à Alternative libertaire. Elle se pose donc aussi comme une force motrice dans la construction d’une internationale communiste libertaire.

Vincent Nakash (AL Paris-Sud), de Toronto

(source)

jeudi, janvier 22, 2009

Le dernier numéro de Workers Solidarity est en ligne.


Le dernier numéro (107-janvier-février 2009) de Workers Solidarity,nos camarades communistes libertaires Irlandais est maintenant disponible en pdf 9en anglais vous comprendrez). Au sommaire:

Make Them Redundant


Billionaire investor Warren Buffett commented on the US financial crisis that “it’s only when the tide goes out that you learn who’s been swimming naked, and Wall Street now looks like a nudist beach.” Well when it comes to Ireland, the receding tide of the global economy has revealed that not only were our business and political elites swimming naked, they were engaged in a great big orgy as well.

Moving From Protest to Success

The Education Cuts announced in October’s Budget have unleashed a wave of protest across the country. During the months of November and December approximately 120,000 people took to the streets of Dublin, Galway, Tullamore, Cork and Donegal to register their anger at the government’s attempts to make schoolchildren pay for the financial crisis. Cowen, Lenihan and O’Keefe have been left in no doubt about the level of popular opposition to these cutbacks. In addition thousands of 3rd level students have also taken to the streets and participated in marches, pickets and blockades to protest at the proposed re-introduction of fees.

Lower Pay, Less Jobs - Whose National Interest?

WSM member Joe King, a clerical officer in the public sector, responds to the calls for pay cuts and redundancies.

A Quick Guide to Social Welfare for the Newly Jobless

Workers Solidarity’s Vincent O’Malley spoke to his local Citizens Information Centre about some of the obstacles facing people who have lost their jobs.

You Can't Eat a Flag

A recent report produced by ‘Belfast Healthy Cities’ into the direct link between wealth and class confirms what most of us already know - class pervades every aspect of our lives from the cradle to grave.

Loansharks Prey on 40,000 Across the North

A major financial company with 40,000 customers in the North has admitted that it charges 183.2% interest. This is no backstreet loanshark operation, Provident Financial is a completely legal and government regulated firm.

Organising in Challenging Times

The Grassroots Gathering is a twice-yearly coming together of anarchists and libertarian socialists who are active in political groups and campaigns up and down the island of Ireland. The second of 2008's Gatherings was held in Cork on 14th-16th November. The 90 or so attending, combined with the quality of the discussions, left its organisers very pleased with the weekend. It showed that there's a lot of life left in the Grassroots Gathering as a show-case for trends and thinking among Ireland's libertarian left.

What the hell is a social centre?

Mark Malone spoke to Workers Solidarity about Dublin’s social centre. He is a member of the WSM and also of the Seomra Spraoi Collective.

Thinking About Anarchism - The Selfish Gene?

Anarchists want to change the world. Instead of the present order – capitalism – with its focus on inequality and profits for a few, we want to build a new society based around the principles of participatory democracy, freedom and production for need not profit. For anarchists the type of society we want to build is best summed up by the slogan: ‘To each according to their needs, from each according to their ability’.

That's Capitalism!

One child in eight in less developed countries gets no primary schooling, according to UNESCO. Of the approximately 75 million children who receive no primary schooling, about 55% are girls. In sub-Saharan Africa one-third of all children receive no schooling.

Pour lire le pdf:
La version pour l'Irlande du Nord
La version pour l'Irlande du Sud

mardi, novembre 18, 2008

Anarkismo lance un communiqué international communiste libertaire sur la crise économique mondiale et la réunion du G20.

Communiqué international communiste libertaire sur la crise économique mondiale et la réunion du G20.

1. La crise actuelle est typique de celles qui apparaissent régulièrement dans l’économie capitaliste. La « surproduction », la spéculation et les krachs qui s’ensuivent sont inhérents au système. (Comme Alexander Berkman et d’autres l’ont fait remarquer, ce que les économistes capitalistes appellent surproduction est en fait de la sous-consommation : le capitalisme empêche un grand nombre de personnes de subvenir à leurs besoins, minant ainsi ses propres marchés.)

2. La solution à la crise proposée par les capitalistes et les gouvernements demeurera une solution capitaliste. Ce ne sera pas une solution pour la classe populaire. En effet, comme dans toutes les crises, les travailleurs, les travailleuses et les pauvres payent – tandis que le capital financier est renfloué avec des sommes énormes. Il est probable que cela continue. Aucun changement au sein du capitalisme ne peut résoudre les problèmes des classes populaires ; il est plus improbable encore qu’une telle solution vienne de politiciens comme Barack Obama. Tout ce que ces politiciens peuvent faire est de contribuer à offrir une échappatoire aux capitalistes, en laissant peut être quelques miettes à la classe populaire au passage.

3. Le renflouement des banques ne montre pas seulement les intérêts que l’Etat sert, mais aussi l’hypocrisie de l’attachement des capitalistes au libre marché. A travers l’histoire, les capitalistes se sont accommodés du marché quand il leurs convenait, et de la régulation étatique et des subventions quand ils en avaient besoin.

4. Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et ailleurs, les plans de sauvetage ont pris la forme de nationalisations des institutions financières en détresse – avec le soutien total du capital. Cela montre que les capitalistes n’ont aucun problème fondamental avec la propriété d’Etat, et que les nationalisations n’ont rien à voir avec le socialisme. Cela peut être aussi une méthode pour semer le trouble au sein de la classe populaire. C’est nous, et non l’Etat, qui devons prendre le contrôle de l’économie.

5. Etant donnée la mondialisation du capital dans l’ère néo-libérale, la classe dirigeante reconnaît que la solution doit être globale. Le G20 s’est réuni le 15 novembre pour discuter de la crise. Cela est significatif. Les dirigeants des Etats-Unis, de l’Europe et du Japon en viennent à réaliser qu’ils ne peuvent faire face à la crise tout seul, qu’ils ont besoin, non seulement l’un de l’autre, mais aussi d’autres puissances, notamment la Chine (qui émerge en ce moment comme un des principaux producteurs industriel mondial, et est en passe de devenir la troisième économie mondiale). L’Inde, le Brésil et d’autres économies « émergentes » pourront également prendre part aux discussions. Cela pourrait marquer une reconnaissance – en discussion depuis plusieurs années – que le G8 n’est plus le seul décideur de l’économie mondiale. Cela signale peut-être un changement dans la conduite du système économique mondiale.

6. Nous ne plaçons aucun espoir dans l’inclusion de ces nouveaux pouvoirs capitalistes. Les dirigeants chinois peuvent bien prétendre être socialistes, d’autres, comme Lula au Brasil et mothlanthe en Afrique du Sud, peuvent bien se présenter par moment comme les idoles des pauvres. En fait, tous sont des défenseurs du capitalisme, exploiteurs et oppresseurs du peuple de leur propre pays et, de plus en plus, exploiteurs impérialistes ou sous-impérialistes des peuples d’autres pays.

7. Si l’on veut que la crise mène à quoique ce soit d’autre qu’à la défaite complète des classes populaires mondiales, la pauvreté, l’exploitation et la guerre, les classes populaires doivent mobiliser. Nous devons exiger des plans de sauvetage, pas pour les capitalistes, mais pour nous. En tant que communistes libertaires, nous nous battrons pour que ceux qui ont acheté des maisons avec des crédits hypothécaires à risque soit renfloués et puissent garder leur maison. Nous continuerons à nous engager et à soutenir les luttes pour un travail mieux payé, la réduction du temps de travail, le logement, les services publics, le système de santé, l’aide sociale et l’éducation, la protection de l’environnement. Nous nous battons pour l’arrêt des guerres impérialistes et pour l’arrêt des répressions contre notre classe et contre ses luttes.

8. Nous présentons ces revendications en réponse à la réunion du G20, et nous continuerons à les revendiquer dans le futur. A travers de telles revendications, et tout au long de l’action directe qui permettra de les réaliser, nous travaillerons à construire un mouvement mondial des classes populaires qui puisse conduire à la destruction du capitalisme, de l’Etat et des crises qu’ils engendrent.

Premiers signataires :
Alternative Libertaire (France)
Federazione dei Comunisti Anarchici (Italie)
Melbourne Anarchist Communist Group (Australie)
Zabalaza Anarchist Communist Front (Afrique du Sud)

Source: Anarkismo

samedi, octobre 25, 2008

Common Cause-Parution du no.6 de Linchpin.


Nos camarades de Common Cause,une fédération communiste libertaire Ontarienne, viennent de publier leur sixième numéro de Linchpin, leur publication.

Pour lire leur publication:
Ici

jeudi, août 28, 2008

[Brochure] La plateforme d'organisation des communistes libertaires


Nous republions, sous forme de brochure, La plateforme d'organisation des communistes libertaires, un classique de notre courant.

* * *

La tradition 'plateformiste' débute avec l'analyse que fait un groupe d'anarchistes russes en exil de leur défaite au main des bolcheviks durant la guerre civile. Ce groupe comprend des figures aussi importantes que Nestor Makhno, l'un des principaux leaders de l'armée insurrectionnelle de la paysannerie ukrainienne, Pierre Arshinov, historien de ce même mouvement et vieux compagnon de route de Makhno, et Ida Mett, chroniqueuse et partisane passionnée de l'insurrection de Kronstadt (2). Basé à Paris, le groupe gravite autour de la publication d'une revue bimensuelle anarcho-communiste en russe, Dielo Trouda (Cause ouvrière), dont Makhno et Arshinov avait rêvé dans les prisons tsaristes quinze ans plus tôt et qu'ils ont finalement fondée, à Paris, en 1925.


En plus des correspondances de plus en plus rares des camarades "restés aux pays", et de l'analyse de la nature du régime soviétique --Arshinov fut l'un des premiers à le qualifier, correctement, de capitalisme d'État--, la revue se concentre surtout à chercher les causes de "l'échec historique de l'anarchisme" dans la période révolutionnaire qui vient de balayer l'Europe. Comme la plupart des militantEs qui sont encore anarchistes en 1925 --les défections du côté des léninistes furent nombreuses-- Dielo Trouda pense que la principale cause de l'échec "est l'absence de principes et de pratiques organisationnels dans le monde anarchiste" qui a sa source dans "quelques défectuosités d'ordre théorique: notamment dans une fausse interprétation du principe d'individualité dans l'anarchisme; ce principe étant trop souvent confondu avec l'absence de toute responsabilité." C'est en juin 1926, que le groupe Dielo Trouda fait connaître le résultat de ces recherches sur l'organisation sous la forme d'une petite brochure intitulée "Plate-forme de l'Union générale des anarchistes (projet)" (3).

Extrait de «Nous sommes plateformistes» (texte mis en annexe de la brochure)

Tiré du blogue de nos camarades de Québec

jeudi, juin 19, 2008

La plateforme organisationnelle fête ses 82 ans.


Le 20 juin, commémorera les 82 ans de la plateforme organisationnelle des anarchistes russes à l'étranger. La tradition plateformiste débute avec l'analyse, que fait un groupe d'anarchistes russes en exil, de la défaite des makhnovistes face aux bolcheviks durant la guerre civile. Ce groupe comprend des figures aussi importantes que Nestor Makhno, l'un des principaux leaders de l'armée insurrectionnelle de la paysannerie ukrainienne, Pierre Arshinov, historien de ce même mouvement et vieux compagnon de route de Makhno, et Ida Mett, chroniqueuse et partisane passionnée de l'insurrection de Kronstadt. Basé à Paris, le groupe gravite autour de la publication d'une revue bimensuelle anarcho-communiste en russe, Dielo Trouda (Cause ouvrière),dont Makhno et Arshinov avait rêvé dans les prisons tsaristes quinze ans plus tôt et qu'ils ont finalement fondée, à Paris, en 1925.

Archinov et ses camarades tentent de tirer systématiquement les leçons de leur expérience de lutte en Ukraine, en particulier concernant les carences organisationnelles et théoriques du mouvement anarchiste suite à leur défaite en Ukraine.


Un texte qui, malgré son âge, est encore une référence historique toujours actuel, au sens théorique, pour touTes les communistes libertaires et anarchistes luttes-de-classistes, "qui cherchent à sortir du marais de la désorganisation, à mettre fin aux vacillations interminables dans les questions théoriques et tactiques les plus importantes, à prendre résolument le chemin du but clairement conçu, et à mener une pratique collective organisée." Comme le disait si bien l'introduction de ce texte crucial des anarchistes pro-organisation.

Malgré tout, 82 ans après la publication de ce texte, beaucoup de militants, persistent à s'isoler politiquement et refusent obstinément l'organisation et la nécessité de combiner une activité révolutionnaire efficace avec des principes anarchistes fondamentaux. Même si elle n'était pas parfaite (ce n'était qu'une petite brochure après tout), la plateforme organisationnelle demeure toujours un outil afin d'atteindre notre idéal révolutionnaire...


L'introduction de la plateforme nous démontre bien la pertinence de ce texte fondamental pour touTes les anarchistes croyant en la lutte des classes!

Il est très significatif qu'en dépit de la force et du caractère incontestablement positif des idées libertaires, de la netteté et de l'intégrité des positions anarchistes face à la révolution sociale, et enfin de l'héroïsme et des sacrifices innombrables apportés par les anarchistes dans la lutte pour le communisme libertaire, le mouvement anarchiste est resté toujours faible malgré tout cela, et a figuré, le plus souvent, dans l'histoire des luttes de la classe ouvrière comme un petit fait, un épisode, et non pas comme un facteur important.

Cette contradiction entre le fond positif et incontestable des idées libertaires et l'état misérable où végète le mouvement anarchiste, trouve son explication dans un ensemble de causes dont la plus importante, la principale, est l'absence de principes et de pratiques organisationnels dans le monde anarchiste.

Dans tous les pays le mouvement anarchiste est représenté par quelques organisations locales préconisant une théorie et une tactique contradictoires n'ayant point de perspectives d'avenir ni de continuité dans le travail militant, et disparaissant habituellement presque sans laisser la moindre trace derrière eux.

Un tel état de l'anarchisme révolutionnaire, si nous le prenons dans son ensemble ne peut être qualifié autrement que comme une "désorganisation générale chronique".

Telle la fièvre jaune, cette maladie de la désorganisation s'est introduite dans l'organisme du mouvement et le secoue depuis des dizaine d'années.

Il n'est pas douteux toutefois que cette désorganisation a sa source dans quelques défectuosités d'ordre théorique: notamment dans une fausse interprétation du principe d'individualité dans l'anarchisme; ce principe étant trop souvent confondu avec l'absence de toute responsabilité. Les amateurs de l'affirmation de leur "Moi", uniquement en vue d'une jouissance personnelle, s'en tiennent obstinément à l'état chaotique du mouvement anarchiste et se réfèrent, pour le défendre, aux principes immuables de l'anarchisme et de ses maîtres.

Or, les principes immuables et les maîtres démontent justement le contraire.

La dispersion et l'éparpillement, c'est la ruine. L'union étroite, c'est le gage de la vie et du développement. Cette loi de la lutte sociale s'applique aussi bien aux classes qu'aux partis.

L'anarchisme n'est pas une belle fantaisie, ni une idée abstraite de philosophie: c'est le mouvement social des masses laborieuses. Pour cette raison déjà, il doit rallier ses forces en une organisation générale constamment agissante, comme l'exigent la réalité et la stratégie de la lutte des classes.

"Nous sommes persuadés, dit Kropotkine, que la formation d'un parti anarchiste en Russie, loin d'être préjudiciable à l'oeuvre révolutionnaire est au contraire souhaitable et utile au plus haut degré" (préface à la "Commune de Paris" par Bakounine éditions de 1892).

Bakounine ne s'opposait jamais non plus à l'idée d'organisation anarchiste générale. Au contraire, ses aspirations concernant l'organisation ainsi que son activité dans la première internationale ouvrière nous donne tous les droits de voir en lui un partisan actif, précisément, d'une telle organisation.

En général, tous les militants actifs, ou presque, de l'anarchisme combattirent toute action éparpillée et songèrent à un mouvement anarchiste soudé par l'unité du but et des moyens.

C'est pendant la révolution russe de 1917 que la nécessité d'une organisation générale se fit sentir le plus nettement et le plus impérieusement. Ce fut au cours de cette révolution que le mouvement libertaire manifesta le plus haut degré de démembrement et de confusion. L'absence d'une organisation générale amena beaucoup de militants actifs de l'anarchisme dans le rangs des bolchéviks. Elle est la cause de ce que beaucoup de militants restent actuellement dans un état de passivité, empêchant toute application de leurs forces qui sont souvent d'une grande importance.

Nous avons un besoin vital d'une organisation qui, ayant rallié la majorité des participants au mouvement anarchiste, établirait dans l'anarchisme une ligne générale tactique et politique, qui servirait de guide à tout le mouvement.

Il est temps pour l'anarchisme de sortir du marais de la désorganisation, de mettre fin aux vacillations interminables dans les questions théoriques et tactiques les plus importantes, de prendre résolument le chemin du but clairement conçu, et de mener une pratique collective organisée.

Il ne suffit pas, cependant, de constater la nécessité vitale d'une telle organisation, il est nécessaire encore d'établir la méthode de sa création.

Nous rejetons comme théoriquement et pratiquement inapte l'idée de créer une organisation d'après la recette de la "synthèse", c'est à dire réunissant des représentants des différentes tendances de l'anarchisme. Une telle organisation ayant incorporé des éléments théoriquement et pratiquement hétérogène ne serait qu'un assemblage mécanique d'individus concevant d'une façon différente toutes les questions du mouvement anarchiste, assemblage qui se désagrégerait infailliblement à la première épreuve de la vie.

La méthode anarcho-syndicaliste ne résoud pas le problème d'organisation de l'anarchisme, car elle ne donne pas la priorité à ce problème, s'intéressant uniquement à sa pénétration et à son renforcement dans les milieux ouvriers.

On ne peux cependant pas faire grand chose dans ces milieux, même en y prenant pied dans une certaine mesure, si l'on ne possède pas une organisation anarchiste générale.

L'unique méthode menant à la solution du problème d'organisation générale est, à notre avis, le ralliement des militants actifs de l'anarchisme sur la base de positions précises: théoriques, tactiques et organisationnelles, c'est à dire sur base plus ou moins achevée d'un programme homogène.

L'élaboration d'un tel programme est l'une des tâches principales que la lutte sociale des dernières années impose aux anarchistes. C'est à cette tâche que le groupe d'anarchistes russes à l'étranger consacre une part importante de ses efforts.

La "Plate-forme d'organisation" publiée ci-dessous représente les grandes lignes, l'armature d'un tel programme. Elle doit servir de premier pas vers le ralliement des forces libertaires en une seule collectivité révolutionnaire active, capable d'agir: l'Union générale des Anarchistes.

Nous ne nous faisons pas d'illusions sur telle ou telle lacune de la présente Plate-forme. Sans aucun doute, en a-t-elle, comme du reste toute démarche pratique nouvelle d'une certaine importance. Il se peut que certaines positions essentielles y soient omises, ou que certaines autres y soient insuffisamment traitées, ou que d'autres encore y soient, au contraire, trop détaillées ou trop répétées. Tout cela est possible. Mais ce n'est pas le plus important. Ce qui importe, c'est de jeter les fondements d'une organisation générale. Et c'est ce but qui est atteint, à un degré nécessaire par la présente Plate-forme.

C'est à la collectivité entière - l'union des anarchistes - de l'élargir, de l'approfondir, plus tard d'en faire un programme définitif pour tout le mouvement anarchiste.

Sur un autre plan aussi, nous ne nous faisons pas d'illusions. Nous prévoyons que plusieurs représentants du soit-disant individualisme et de l'anarchisme chaotique nous attaqueront la bave aux lèvres, et nous accuseront d'avoir enfreint les principes anarchistes.

Nous savons cependant que les éléments individualistes et chaotiques comprennent sous le titre de "principes libertaires" et "je m'en foutisme", la négligence et l'absence de toute responsabilité, qui portèrent à notre mouvement des blessures presque inguérissables et contre lesquelles nous luttons avec toute notre énergie, toute notre passion. C'est pourquoi nous pouvons en toute tranquillité négliger les attaques venant de ce camp.

Nous fondons nos espoirs sur d'autres militants: sur ceux qui restés fidèles à l'anarchisme, ayant vécu et souffert la tragédie du mouvement anarchiste, cherchent douloureusement une issue.

Et puis nous fondons de grandes espérances sur la jeunesse libertaire qui, née sous le souffle de la révolution russe et prise, dès le début, dans le cercle des réalités concrètes exigera certainement la réalisation de principes organisationnels et constructifs de l'anarchisme.

Nous invitons toutes les organisations anarchistes russes dispersées dans les divers pays du monde et aussi les militants isolés de l'anarchisme à s'unir en une seule collectivité révolutionnaire, sur la base d'une Plate-forme commune d'organisation.

Puisse cette plateforme servir de mot d'ordre révolutionnaire et de point de ralliement à tous les militants du mouvement anarchiste russe!

Puisse-t-elle poser les fondements de l'Union Générale des Anarchistes!

VIVE LA RÉVOLUTION SOCIALE DES TRAVAILLEURS DU MONDE.

Groupe DIELO TROUDA

Paris, 20 juin 1926

Pour lire ou relire la plateforme---ici

mardi, mars 25, 2008

Le 3ième no du journal Linchpin


Nos camarades de Common Cause, une nouvelle fédération communiste libertaire Ontarienne, viennent de publier leur troisième numéro de Linchpin, leur publication.

Pour obtenir une copie .pdf

Vous pouvez aussi accéder aux articles en format .html ici.

lundi, février 25, 2008

Zabalaza: A Journal of Southern African Revolutionary Anarchism #8 est en ligne

Nos camarades de la Zabalaza Anarchist Communist Federation (ZACF) ont mis en ligne le .pdf du dernier numéro de leur publication. ZACF est une fédération Communiste Libertaire Plateformiste Sud-Africaine (Zabalaza).

Au sommaire:
* Asgisa: A Working Class Critique
* S.A. Public Sector Strikes
* The 2010 World Cup
* Protests Against University Privatisation
* Introduction to the ABC
* Vigilante Farmers Want Refugee Camps
* Swaziland: The Assassination of Our Dear Comrade
* Europe, Africa and the Neo-Liberal Strategy of Co- Optation
* Fallacies of the Darfur War
* The Congo's Dilemma
* A New Guantanamo in Africa?
* Misrepresentation of Self-Management in the Caribbean
* Some Thoughts on Theoretical Unity & Collective Responsibility
* Clarity on What Anarcho-Syndicalism Is
* Towards an Anarcho-Syndicalist Strategy for Africa

dimanche, janvier 27, 2008

Activité publique à Sherbrooke: Brisons les chaînes de l'oppression!

Une présentation sur l’anarchisme, le communisme libertaire, la lutte desclasses,le féminisme, l’anti-racisme et l’anti-impérialisme donnée par desmilitantEs de la Fédération des Communistes Libertaires du Nord-Est(NEFAC).

Quand? Jeudi 7 février 2008, 19H00

Où? Au Tremplin, 97 rue Wellington Sud

Évidemment gratuit!

Organisée dans la perspective de former un collectif de la NEFAC àSherbrooke.

jeudi, janvier 03, 2008

Un blogue libertaire publie le top 10 des meilleurs sites anarchistes de 2007

Notre camarade de Molly's Blog vient de publier son top 10 personnel des meilleurs sites anarchistes de 2007 provenant d'un peu partout sur la planète.
La Commune a obtenu la palme de la 10ième position. Nous tenons donc à remercier touTes les communards qui jour après jour lisent nos analyses et nos coups de gueules...
Nos camarades d'Anarkismo y obtiennent aussi la 4ième position et LibCom la palme de la 1ère position.
Comme quoi le communisme libertaire est toujours aussi effervescent....

dimanche, décembre 02, 2007

Qu'est ce que le communisme libertaire?



Un texte intéressant écrit par Wayne Price, un camarade de la NEFAC de New York. C'est la première partie de plusieurs textes. Il définit à travers ce texte les différents sens contradictoires qui ont été associés au terme "communisme". Quel était la définition donnée par Marx, Kropotkin et Bakunin et comment ces définitions ont été changé par les Léninistes de toutes sortes? Le texte est en anglais.


What is anarchist-communism?

PART ONE: the contradictory meanings of Communism

The contradictory meanings of "communism:" both as a society of freedom and as one of totalitarianism. What Bakuknin, Kropotkin, and Marx had meant by communism and how this term was changed by the Leninists.
There was a vision, called “communism,” which was held by Kropotkin and other anarchist-communists in the 19th and early 20th century. Marx and Engels shared essentially the same goal. In the stateless, classless, society of communism, the means of production would be held in common (by the community), work would be carried out due to social motives rather than for wages, and consumer goods would be available to all according to their needs.

Pour lire la suite