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lundi, septembre 06, 2010

Fêter le travail?

Drôle d'idée, quand même, que de fêter le travail. Vous saviez déjà ça, j'imagine, mais le terme « travail » nous vient du latin tripalium, un instrument de torture. Signifiant « trois pieux », ou « trois poutres », les condamnéEs y étaient généralement attachéEs, torturéEs, puis leurs corps brûlés.

 Béni soit le travail - Louez le seigneur 

Aujourd'hui, donc, on fête le travail. On fait pas mal juste ça en Amérique du Nord. Partout ailleurs, c'est le 1er mai, journée des travailleurs et des travailleuses et de commémoration des luttes ouvrières, qui est un congé férié. Ici, c'est le gouvernement canadien qui adopte une loi, vers 1894, pour officialiser que le premier lundi de septembre soit "Fête du travail". Il souhaite ainsi s'assurer d'un support au sein de la classe ouvrière... et par le fait-même encadrer le mouvement syndical.

mardi, août 11, 2009

Lettre ouverte à Richard Martineau


Vu sur Hoodstock.ca

Nous avons reçu ce courriel de la part d’une internaute qui en avait long à dire à M. Richard Martineau. Étant donné que le ton du message est de bon goût, nous lui donnons l’occasion de diffuser son texte à notre auditoire.

Bonne lecture.

L’équipe Hoodstock

M. Martineau,

Je comprends tout à fait votre obsession à toujours taper sur les mêmes clous. Votre paresse ou insuffisance intellectuelle y est sûrement pour quelque chose. Certains vous traiteront de raciste, mais je n’irais pas jusque là. Je ne crois pas que vous soyez raciste. Ce que je crois par contre, c’est que vous manquez de jugement et d’humanité.

En lisant votre dernier article “Pourquoi pas un concert pour Ellis”, je n’ai pu m’empêcher de réaliser à quel point l’Homme pouvait être méchant. Oui Danny Villanueva doit vivre avec ce lourd fardeau et il doit se sentir très coupable de la mort de son frère. Il n’a pas besoin de votre torchon pour se regarder dans la glace tous les matins et revivre ce terrible événement. Il n’a pas besoin de vos accusations et de votre ton moralisateur pour comprendre que la vie de son frère aurait pu être épargnée. Il n’a pas besoin que les millions de lecteurs qui lisent votre journal se mettent à l’unisson pour lui faire justice. Il est responsable de ces actes, mais ce n’est pas lui qui a appuyé sur la gachette !

Mais tout cela vous le savez ! Mais il faut vendre du papier à tout prix, n’est-ce pas ?

Quand à vos attaques à M. Mervil, je vous conseillerai d’arrêter, car cela ne fait qu’empirer la chose. Qui ne se doute pas que Luck Mervil est devenu votre cible, depuis votre passage à son émission 3950. À chaque fois que vous vous attaquez à lui, vous nous faites le plaisir de nous remémorer ce grand moment de télévision. On essaie d’oublier, mais vous n’aider en rien la cause. Vous avez été le seul responsable de votre humiliation, tournez la page maintenant…

Brièvement, car je doute que tout cela vous intéresse particulièrement. J’aimerais simplement vous parler du Hoodstock. A lire votre article, on pourrait croire que ces jeunes issus de Montréal-Nord et des environs, qui ont organisé cet événement à même leurs économies et sans l’aide de personne, soient des criminels notoires. À notez que le comité organisateur du Hoodstock est en grande majorité formé de jeunes haïtiens (je dirais à 95%). 15 000$ amassés en organisant un lave-auto, avec leurs maigres économies et avec l’aide de quelques organisations. Ils ont dû convaincre la ville, se prévaloir d’une assurance responsabilité de 3 millions de dollars (alors qu’une campagne de peur régnait dans les médias et que personnne ne voulait les assurer), ils ont convaicu la police et toutes les instances nécessaires pour mettre sur pied leur projet et avoir leur permis. Qui soit disant leur a été remis vendredi matin, la veille de l’événement. L’événement s’est déroulé dans le plus grand calme devant près de 1000 personnes, malgré tout ce que peut en dire la presse francophone, je précise francophone, car si l’on se fie à la couverture médiatique des médias anglophones, ils n’ont pas participé au même événement.

Les jeunes derrnière Hoodstock ont organisé le premier forum social à Montréal-Nord qui s’est tenu sur deux jours. Une première dans un quartier populaire. Lors de ces forums les questions sociales qui touchent la jeunesse à Montréal-Nord ont été abordées. Ils ont parlé des problèmes de gangs de rue (avec d’anciens membres de gangs qui lançaient un message positif). Il ont discuté des devoirs de la jeunesse et de la diaspora haïtienne (qui est souvent pointée du doigt). Ils ont proposé des dialogues pour que les citoyens de leurs quartiers se comprennent et travaillent ensemble pour une vie meilleure. Ils ont abordé la question de l’éducation alternative. Mais tout cela n’est pas important. Dans votre article, il n’est nullement question de cet effort fait par les jeunes et pour les jeunes pour améliorer les conditions de vie de tous les citoyens de Montréal-Nord. Mettre à disposition une plate-forme permettant à toute une communauté de s’exprimer ne semble pas vous faire réaliser que OUI les jeunes veulent du changement et que c’est tous ensemble qu’ils feront une différence.

Aussi, le fait de dire que Hoodstock passe sous silence les problèmes de gangs de rues est un gros mensonge. Il y avait parmi les gens présents qui ont participé au forum et qui tenaient un kiosque de sensibilisation, la famille Thermidor qui a crée le mouvement Wagner Thermidor. Vous avez parlé d’Ellis, je vous parle de Thermidor.

Né à Montréal le 10 juin 1981, Wagner était un jeune homme brillant avec un avenir prometteur. Il était à terminer des études en administration à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). D’origine haïtienne, Wagner a grandi dans une famille aux valeurs chrétiennes. Sa personnalité touchante et son grand cœur faisait de lui une personne inoubliable. Dans la nuit du 24 au 25 juin 2008, Wagner Thermidor fut atteint mortellement d’une balle perdue, lors d’un BBQ tenu à Varennes à l’occasion de la Fête de la Saint-Jean. Wagner fut une autre victime de la violence gratuite puisqu’il n’était nullement relié au phénomène des gangs de rue ou à toute autre activité criminelle. La famille était donc présente à Hoodstock pour soulever ce problème de société. Et ils ont passé leur message et les objectifs de leur mouvement qui est de : militer pour la paix, présenter aux jeunes les figures positives de notre communauté, sensibiliser le public à la cause de la non-violence, informer la communauté sur les différents moyens à prendre pour rapporter des faits, après avoir été témoin d’un incident. Voici ce qui s’est passé durant cette fin de semaine du Hoodstock. Ce n’était pas qu’un concert de musiques rap comme vous vous amusez à prétendre dans votre article. C’était une fin de semaine de sensibilisation et d’ouverture.

Le slogan du Hoodstock : S’organiser pour s’élever. Vous auriez au moins dû y mettre les pieds à ce forum avant d’écrire un texte incendiaire sans même explorer d’autres avenues. D’où mon entêtement à dire que vous êtes un journaliste paresseux. Qui quotidiennement nous sert la même sauce avec parfois de nouveaux ingrédients épicés.

En définitive, un criminel c’est quelqu’un qui a un casier judiciaire, ce qui n’était pas le cas de Fredy. Au pire vous pourriez dire que c’était un délinquant, mais en avez-vous la preuve? Je connais plusieurs de vos amis qui prennent de la coke quotidiennement et cela ne fait pas de vous un drogué à ce que je sache. Vous trainez avec eux, malgré que cet acte soit illégal! Qu’il puisse être avec son frère qui est connu des policiers ne fait pas de lui un criminel. Fredy et les autres n’étaient pas armés. Oui ils ont résisté à la police, ce qui est un délit. Mais chaque jour des hommes et des femmes résistent aux pratiques abusives de la police et on leur injecte pas trois balles dans le corps. Il y a la prison pour les criminels, pas la morgue. Nous avons un système judiciaire et pénal, non ? Le 3/4 des Hells est en cellule, ils sont pour la plupart armés lorsqu’on procède à leur arrestation, ils sont criminels, et ils sont en vie et on paye grassement leur séjour au purgatoire.

Qu’on arrête de dire qu’il n’y a pas eu bavure policière. La marche de dimanche n’était pas une marche pour Fredy uniquement, c’était une marche pour la justice et pour qu’arrête l’impunité policière. Tout le monde fait des erreurs, et il faut être capable de le reconnaître.

C’est ensemble qu’on améliora les choses et non en tentant de nous diviser. Vos articles ne font qu’alimenter la haine et nous divisent encore plus. Faites-nous part de solutions. Participez au débat de façon constructive. Faites des recherches, essayez de comprendre, allez plus loin que ce qu’on peut voir à la surface. Vous faites partie de la minorité capable d’avoir un impact intellectuel sur une grande majorité d’individus. Pourquoi ne pas utiliser ce privilège de façon constructive et non pour agrandir les fossés qui existent déjà ?

Carine, Montréal

mercredi, août 20, 2008

L'irraisonnable émeute



L’émeute est un début de débat. Cette explosion, qui en entraîne ou n’en entraîne pas d’autres, est le premier son, négatif, de la parole libre, l’exigence première de tout changement qualitatif.

– Observatoire de téléologie, 1990.

Alors que le corps du jeune Fredy Alberto Villanueva était à peine refroidi, policiers et journalistes solidaires se remuaient énergiquement dans la soue afin de modérer l’indignation collective. Il faut attendre…On ne sait pas ce qui s’est passé. L’enquête sur la mort du jeune homme sera faite selon les règles de l’art, rien à craindre : la police s’en charge… Le tout est entre bonnes mains.

La jeunesse de Montréal-Nord, elle, a décidé de ne pas attendre. De toute façon, une police c’est une police… Rien à foutre des témoignages préfabriqués et des enquêtes bidons. La procédure, c’est leur procédure, non ? La justice ? Pfff… Allons, un peu de sérieux. On la connaît un peu trop. Elle rapplique, quotidiennement, arrogante, méprisante et raciste, la «justice». On peut voir tes papiers ? Tu sais que t’as pas le droit d’être dans un parc après 11 heures ? Tu veux un ticket mon ti-neg ?

Pendant une nuit, la jeunesse du quartier a cessé d’espérer et de désespérer. Animée par la haine, la colère, la peur et la joie, elle a agi. Elle a détruit des voitures de police, des commerces, des automobiles. Elle s’est dressée devant les forces de l’ordre, de l’État, pour lui faire savoir que son seuil de résignation était atteint. L’instant d’un moment, elle a imposé sa propre volonté au lieu de subir celle, systématique et violente, du pouvoir. Face au conservatisme objectif de l’État, elle a opposé le bordel de sa propre subjectivité.

Loin de l’humiliation, du racisme, des taloches, des jobbines minables, des logements insalubres, des murs beiges et gris des écoles, de l’isolement, des règlements, des lois, des parents qui ne comprennent rien, des beaux discours blancs des politiciens, de la platitude du quotidien, du passé déjà trop lourd et de l’avenir déjà bouché: pour une fois, pendant à peine quelques heures, cette jeunesse s’est mise en scène. Elle a reconquis une mince parcelle de réalité… et y a foutu le feu.

Face à cette vive révolte, certains optent pour la manière forte. Ce sont des voyous, des meutes sauvages, de la racaille! Cessons de les victimiser : il faut plus de matraques, plus de contrôle ! Un décès par balle, semble-t-il, représente l’occasion rêvée de remettre en cause les pratiques «communautaires» des forces de l’ordre. D’ailleurs, ils vous le diront, les policiers sont trop petits et trop polis. Assez de bla-bla-bla communautaires. Il nous faut du muscle ! Il faut de la droiture ! D’autres, tout en condamnant les émeutiers, sont toutefois moins grossiers, moins rudimentaires. Ils cherchent, analysent, tentent de comprendre l’économique, le politique, le culturel. Si la répression est nécessaire, il faut que cesse le profilage racial. Il faut une enquête impartiale, des programmes, de l’argent. Il faut intégrer ces jeunes à la «bonne» société, leur trouver une place, les faire travailler afin qu’ils se sentent «utiles».

Face à ces événements, alors, une seule réponse, triste, poussiéreuse et glauque, par laquelle aucune transformation essentielle ne pourra advenir. C’est la trajectoire de la carotte ou celle du bâton, deux chemins escortant la tapageuse jeunesse vers l’unique et ennuyeuse destination de la citoyenneté tranquille, de l’aliénation du travail et de l’obéissance.

M.A.C.