Avec tout ce qui s'est dit durant les derniers jours à propos du rejet de tout pacte électoral avec le Parti québécois par les membres de Québec solidaire, j'ai eu envie de me jeter dans la mêlée à mon tour et d'exprimer mon avis sur cet enjeu. Le monde du travail étant ce qu'il est, entre le moment où l'inspiration m'est venue et celui où j'aurais pu commencer la rédaction de mon billet, quelqu'un d'autre à mis un avis fort semblable au mien. Heureusement, cette personne n'étant nulle autre que l'illustre camarade Hequet, je ne me suis nullement senti dépossédé de ma propriété intellectuelle. J'ai plutôt pu constater que mon avis sur la question devait être pertinent, s'il était partagé par une chroniqueuse que je respecte particulièrement.
Sans plus tarder, je vais donc aller de l'avant avec mon propos fidèle à la nouvelle tendance de ce blogue, c'est-à-dire un ramassis de pensées exprimées à voix haute dans l'espace intersidéral.
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Le Parti québécois semble en voie de réussir son pari : faire porter l'odieux de l'échec du pacte électoral progressiste à Québec solidaire. Or, il n'a lui-même jamais pris le temps de discuter de cette stratégie dans ses instances. L'ouverture affichée par le chef du PQ dans les médias ressemble davantage à une manœuvre électoraliste qu'à un réel souhait d'en découdre avec les libéraux. L'absence de candidature dans Gouin pour la partielle qui vient doit probablement plus à une volonté d'économiser ses forces qu'à un geste d'ouverture. En effet, il est toujours facile d'offrir quelque chose que l'on n'a pas les moyens de prendre pour soi-même.
La question du sondage favorable aux alliances, outre le fait que tout sondage soit un outil politique douteux, témoigne d'une différence importante entre les deux partis. Alors que le Parti québécois est capable de changer son fusil d'épaule au gré de ce qui s'apparente à l'opinion populaire, Québec solidaire doit plutôt ses prises de position à son congrès et aux instances locales qui s'y réunissent. Que les péquistes brandissent se sondage comme preuve d'une trahison des électeurs et électrices par QS est une vraie farce, un coup bas digne des propos que Lisée avait tenu relativement l'appui donné par l'imam Charkaoui à Alexandre Cloutier. Décidément, le PQ est vraiment mal en point et c'est tant mieux. Si les péquistes avaient la moindre honnêteté intellectuelle, ils et elles quitteraient ce navire qui sombre plutôt que de s'entêter à le renflouer. Un parti politique dont la finalité est de prendre le pouvoir n'a rien d'intéressant à offrir, sinon des pots-de-vin aux amis.
Si le Parti québécois souhaitait demeurer le fer de lance de la gauche québécoise, il n'avait qu'à rester à gauche. Qu'il se soit fait dépasser par un autre parti plus au fait de la diversité des voix qui composent l'espace politique progressiste au Québec n'est que le résultat de sa trajectoire entamée par les lois spéciales des années quatre-vingt et confirmée lors du virage néolibéral des années quatre-vingt-dix. Au chapitre des déceptions, rappelons-nous qu'il n'y a pas que l'épisode malheureux de la charte des valeurs... Ce n'est pas parce que Lisée se présente comme le Bernie Sanders québécois qu'il incarne réellement des valeurs socialistes. Lisée est plutôt comme le Hillary Clinton du Québec : un vieux routier d'un vieux parti près à tout pour prendre le pouvoir.
Pour ma part, je crois que Québec solidaire a le mérite – pour le moment, du moins – de vouloir prendre part à un réel mouvement social. En tant que parti de l'opposition, QS permet de diffuser un discours de gauche dans les institutions politiques et médiatiques. De plus, sa structure permet un certain contrôle de la tête par la base militante, ce que ne permet pas le Parti québecois.
La prise de position du dernier congrès de Québec solidaire quant au refus d'un pacte électoral aura eu l'effet immédiat de susciter une discussion qui dépasse les têtes d'affiche des partis concernés. Et c'est tant mieux. D'ailleurs, toute discussion autour des alliances ou des pactes appartient davantage à la base des partis concernés qu'à leurs figures médiatiques. À QS, cette conversation a eu lieu dansa les instances locales, du moins dans l'association de Rosemont. Et probablement que Gabriel Nadeau-Dubois et les autres vedettes du parti devront désormais défendre une position qui n'est pas tout à fait la leur, car certains semblaient plutôt ouverts à l'idée de pactes électoraux ponctuels et ciblés. Mais là est l'intérêt de QS : un parti aux instances démocratiques où les porte-paroles ont la difficile tâche d'exprimer la diversité des voix qui composent le parti. À ce titre, j'ose croire que Gabriel saura faire contribuer l'expérience qu'il a acquise à l'ASSÉ.