Bienvenue dans la rallonge de mon compte Twitter. Blogue anarchiste, personnel et iconoclaste (i.e. pas nécessairement anarchiquement correct).
J’ai eu le plaisir de passer 3 jours avec une ado scotchée à son écran. Rien de nouveau sous le soleil me direz-vous. En effet… Et pourtant si. Cette fois c’est pour une bonne cause. La plus jeune milite depuis peu avec une gang de carrés jaunes. Alors elle expérimente les joies du militantisme on line.
Quoi, vous ne savez pas ce que sont les carrés jaunes? Vous étiez où depuis deux semaines, sous une roche? (C’est ce qu’elle a dit à sa grand-mère! ;-) )
Alors, pour faire bref, les carrés jaunes c’est un mouvement d’adolescentes (et de quelques adolescents) qui veulent réformer les codes vestimentaires des écoles secondaires et polyvalentes du Québec. Les carrés jaunes en ont contre les règlements trop stricts et, surtout, contre le «deux poids, deux mesures» des codes vestimentaires qui ont la fâcheuse habitude de ne pas s’appliquer de la même façon pour les garçons et les filles.
En gros, sous couvert de lutte contre l’hypersexualisation et, semble-t-il, pour ne pas troubler les garçons qui ont les hormones dans le piton, on a instauré et durcis les codes vestimentaires dans les écoles. En vrac : les vêtements doivent couvrir les épaules, le dos, les hauts et les bas doivent se superposer en tout temps, les shorts doivent arriver à mi-cuisse, etc.
L’ennui, c’est que sous couvert d’égalité, ce sont les vêtements des filles qui sont clairement ciblés. Un exemple parmi d’autre, ça n’existe plus dans le commerce un short mi-cuisse pour fille. C’est soit un short, soit un pantalon cargo alors que les garçons ont encore l’option bermuda.
Comme si ce n’était pas suffisant, il n’y a non seulement aucune tolérance aux petites incartades mais en plus il y a de plus en plus de règles non-écrites. Ainsi, des adolescentes se sont fait sortir de classe parce qu’elles n’avaient pas de soutien-gorge alors que ce n’est marqué nulle part qu’il faut absolument en avoir un.
Les carrés jaunes, donc, veulent un retour de balancier et ont entrepris des démarches dans certaines écoles pour négocier des assouplissements. En gros, elles veulent pouvoir d’habiller confortablement et décemment mais en pouvant porter des camisoles, des shorts et des chandails de filles normaux. Des sondages ont été effectué auprès des élèves pour définir collectivement les limites de ce qui est correct ou pas. Bref, tout ce qu’il y a de plus raisonnable.
Ce qu’il l’est moins, par contre, c’est la réaction dans les médias et chez les adultes. Tout d’abord, de nombreuses personnes nient aux adolescentes toute espèce d’autonomie. Pour certains, il est scandaleux que les adolescentes veulent participer à la discussion. Comme si ça ne les concernait pas. D’autres y vont de jugements gros comme le bras et de commentaires à la limite haineux.
Le « débat » illustre bien toute l’hypocrisie de notre société entourant le corps des femmes. Premièrement, on parle beaucoup du fait que l’école doit préparer au marché du travail. Outre le fait que c’est faux, on oublie de mentionner qu’encore aujourd’hui de nombreux milieux de travail encadrent l’habillement des femmes et leur demandent, justement, de faire un effort pour être… féminine (« arrange toi donc un peu »).
Deuxièmement, on parle beaucoup de ne pas troubler les garçons. Peut-être serait-il temps de penser à apprendre aux garçons à ne pas se laisser déconcentrer par le corps de leurs collègues de classe, à distinguer les contextes sexuels des autres contextes? (Sans parler du fait que si un adolescent a à fantasmer sur une adolescente, il va le faire peu importe comment elle est habillée).
Curieusement, lors de sondages réalisés dans les écoles, seule une infime minorité de garçons (c’est-à-dire 2 ou 3) ont affirmés avoir été déconcentrés par la vue de l’épaule ou de la cuisse de l’une de leurs collègues de classe. En fait, se pourrait-il qu’au fond ce sont les adultes qui sont dérangés quand les filles ne sont pas recouvertes du cou au mollet? Se pourrait-il que ce soit dans leur regard d’adulte qu’est le problème, bien plus que dans l’habillement des adolescentes?
Tes journalistes sont des vedettes,
Qui se masturbent sur la dette
Ça fait maintenant un petit bout que les chroniqueurs sont devenus des vedettes. On les voit et on les entend partout : à la radio, à la télé, dans les journaux, jusque sur les pubs des médias sur les bus.
Certains chroniqueurs sont des journalistes, astreints à un code d’éthique et possédant une certaine pratique, la plupart, cependant, ne sont que des mercenaires de l’opinion. Des intellectueurs à gages en quelque sorte (l’expression n’est pas de moi).
Sauf pour certains orfèvres, journalistes pour la plupart, la chronique est souvent l’illustration parfaite du Principe de Peter appliqué aux médias. La chronique est plus souvent qu’autrement le niveau d’incompétence de la plupart des gens qui un jour ont eu quelque chose d’intéressant à dire.
En ce sens les chroniqueurs ne sont pas très différents des auteurs-compositeurs, une autre catégorie de vedettes. Les artistes les plus intéressants ont puisé dans leur vie, leur quotidien, ce qui se passe autour d’eux pour le transposer en musique et rejoindre le public, le toucher, à coup de portraits et d’histoires. Une fois en haut de l’affiche, lorsqu’arrive le succès, l’artiste n’a souvent plus grand-chose d’intéressant à dire. La source s’est tarie, il n’y a plus de quotidien à partager sinon la vie d’artiste, faite de tournées, de médias, d’enregistrements. Le risque alors est de tomber dans les généralités, l’universel ou la nostalgie. Rares sont ceux et celles qui y échappent.
Les chroniqueurs ne sont pas différents. On est souvent allé les chercher parce qu’ils avaient de l’expérience dans un domaine et une opinion informée. L’ennui c’est que, souvent, avec le temps, leur pensée se sclérose ou, pire, ce qu’ils croient savoir n’est plus vrai parce que le monde a changé et qu’ils ne l’ont pas remarqué depuis leur bulle médiatique ou académique. Ils deviennent alors des caricatures ambulantes. Des caricatures et des dangers publics aussi parce qu’ils sont sensés éclairer un public qui n’y connait que dalle et qui compte sur les médias pour faire sens du chaos social et politique.
Les journalistes vedettes ne sont pas immunisés contre les mêmes tares. Eux aussi se retrouvent dans une bulle loin du commun des mortels, ça peut et ça dérape parfois. Mais leur perspective est fondamentalement différente des commentateurs. Au lieu de croire qu’ils sont dépositaire de la vérité, les journalistes se donnent plutôt pour mission de la débusquer (la vérité). En général, tant qu’ils restent curieux et dans une démarche journalistique, ils demeurent minimalement pertinents.
La confusion des genres et la contamination de l’information par l’opinion est l’un des symptômes de la maladie qui ronge les médias depuis trop longtemps (bien avant l’apparition de Facebook même). On en parlait déjà quand j’étais au cégep alors que l’on mettait en garde les aspirants journalistes contre le « moi je pense que… » (tout le monde qui passait la porte du journal étudiant se prenait pour un futur chroniqueur au Voir). Comme le disait ma rédactrice en chef à l’époque, « on s’en câlisse de savoir ce que tu penses, ce qui nous intéresse c’est de savoir ce qui se passe ». Dans sa forme la plus pure et la plus noble, la chronique est un genre journalistique qui peut aider à comprendre ce qui se passe. Et c’est exactement pour ça qu’elle m’a toujours intéressée.
C’est dans cet esprit, et aussi parce que j’ai besoin de me changer les idées en ce moment, que j’ai décidé de relevé le #DéfiMartineau lancé par Mickaël Bergeron. L’idée : tester l’usine à opinion. Voir si je suis capable, pendant un mois, de pondre une chronique pertinente par jour ouvrable sur un sujet d’actualité.