QUELQUES DÉCORS ORNEMENTAUX DE LA MOSAÏQUE AFRICAINE 987
calices9. Le rapport de ces bandes ornementales avec la peinture des IIIe et IVe styles a déjà été souligné 10.
À part quelques tentatives assez pauvres qui apparaissent sur les sols de Pompéi, il faut attendre l'époque hadrianienne pour que ces décors végétalisants, simplifiés, dessinés au trait noir sur fond blanc, soient transposés sur les pavements11. Un précédent direct aux bordures d'Acholla est conservé à la Villa Hadriana, dans une chambre des Ospedali, où le tapis central est compartimenté par une bande de fuseaux à doubles volutes et de cercles. Les fuseaux sont longés de feuillage, le centre occupé par un fleuron s 'allongeant en calice; les volutes sont liées: détails que reprendront en les enrichissant les mosaïstes africains 12.
C'est une transcription proche des modèles italiques, encore au trait noir sur fond blanc, mais enrichie de quelques rehauts polychromes, qu'on rencontre en seuil dans une maison d'Utique, exécuté probablement dans la deuxième moitié du IIe siècle13. Les deux fuseaux sont en filet; leurs volutes liées. Entre eux, prend place une croisette, noire et ocre. L'intérieur des figures était occupé par un motif, sans doute floral, détruit.
Les bordures d'Acholla, contemporaines du tapis précédent, gardaient, tout en l'assagissant, le raffinement de la mosaïque pariétale : fond noir, dégradés subtils. Elles étaient destinées à l'ornementation de parties nobles de la maison ; on le sait au moins pour la maison de Neptune. Mais les décors à fond noir n'ont pas la préférence des mosaïstes byzacéniens, quoiqu'on en ait quelques autres exemples en bordure 14.
9 Casa di Nettuno ed Anf Urite, Nymphée : Stern, Pi. XXIV, 1-2; D. Joly, fig. 26; Sear, n°71, Pi. 40, 1-2.
10 Elle l'est par les auteurs précédemment cités. Les lignes de fuseaux à volutes ne manquent pas dans la peinture, soit à Pompéi, soit à Rome. On peut voir, pour Pompéi : A. Barbet, Les bordures ajourées dans le IVe style de Pompéi, dans MEFRA, 93, 2, 1981, n°28, p. 948; pour Rome: R. Bianchi-Bandinelli, Rome, le centre du pouvoir, Paris, 1969, p. 132, (fig. 138 et p. 136, fig. 143).
11 E. Pernice, Pavimente und figürliche Mosaiken in Pompei, Berlin, 1938, Taf. 25, 4.
12 Μ. Ε. Blake, Roman Mosaics of the Second Century in Italy, dans MAAR, XIII, 1936, p. 81, Pi. 14,3.
13 M. Alexander et M. Ennaïfer, Corpus des mosaïques de Tunisie, (ensuite C.M.T.) I, Utique, 2, n°242, D, Pi. XL VII.
14 Par exemple, à la maison du Triomphe de Neptune, En seuil du salon de l'aile nord, et une bordure d'un tapis de cubiculum : S. Gozlan, Maison de Neptune, Pi. XXI, LXXII. À El Jem, on retiendra une bordure de palmettes : S. Gozlan, Deux motifs de bordure sur des mosaïques de Byzacène, dans Karthago XVII, 1976, p. 169,
