Sébastien Boutonnet de Crèvecœur – de son nom complet – est un influenceur d’extrême-droite sévissant depuis nombre d’années dans des médias tels que Causeur.fr, mais surtout sur la chaîne Youtube du groupe suprémaciste Horizon Québec Actuel, nommée « Nomos.TV ».
Il y a co-animé au moins 42 émissions intitulées « Culture & Société ».
De Crèvecœur fait actuellement face à une controverse de la part de ses propres camarades, après que la page Facebook « Délibérations » eut révélé la semaine dernière qu’il a déjà été fait l’apologie du terroriste Anders Behring Breivik.
Voici la publication qui a refait surface :
À la vue d’hommes désarmés faisant la prière, de Crèvecœur utilisa ces mots : « La solution, nous la connaissons, c’est un blond norvégien qui nous l’a donnée… ».
Ce blond Norvégien est bien sûr Anders Behring Breivik, le terroriste néonazi qui a fait 77 morts et 151 blessés le 22 juillet 2011. La plupart des victimes étaient des adolescents.
« L’idéologie de Breivik est décrite dans un document texte distribué électroniquement par lui-même le jour des attaques. Dans celui-ci, il développe son soutien au « conservatisme culturel », à l’ultranationalisme, au populisme de droite, à l’islamophobie, au sionisme, à l’antiféminisme et au nationalisme blanc. Il considère l’islam, le marxisme culturel et la plupart des partis politiques européens comme des ennemis des Lumières et exige l’annihilation »
Quand M. Paquin lui demande si cet appel au massacre est une blague, de Crèvecœur persiste et signe : « Absolument pas, si j’étais au pouvoir, je donnerais ordre à la police de tirer dessus ».
On parle bien de gens désarmés. Cet idéologue croit fermement que des musulmans qui prient dehors méritent d’être tués.
Les explications de M. Boutonnet
Hors des réseaux sociaux, de Crèvecœur se fait appeler simplement « Boutonnet », notamment lorsqu’il reçoit des bourses et contrats de HEC-Montréal.
Comme il l’a déjà divulgué sur Facebook, il s’agit bien de la même personne :
Sur LinkedIn, il porte les deux noms à la fois :
De Crèvecœur, il y a 2 ans, défendait donc bec et ongles la légitimité d’abattre ces hommes désarmés, car ces hommes priant dans la rue seraient nécessairement des « complices de terroristes » faisant preuve d’« occupation de territoire » :
Il poursuivait son raisonnement en disant que « un État soucieux de l’Intérêt général ne devrait reculer devant aucun expédient. La guerre c’est de tuer des gens, y compris parfois sur son propre territoire », « des prières de rue, interdites par la loi française. Il s’agit donc d’une occupation illégale (…) sous couvert d’une idéologie ennemie », « Nous vivons (…) une situation de guerre. Ces musulmans-là que l’on voit dans la vidéo sont des soldats ennemis » :
De Crèvecœur est donc persuadé qu’il est noble de tirer sur des gens désarmés. Jamais il n’a admis que la référence à Breivik fut une erreur. Il essaie de brouiller les pistes en disant que certaines captures d’écran seraient truquées. Ce qui n’est pas le cas.
Ses réactions récentes
Il réitère aujourd’hui que sa philosophie est la bonne, les policiers auraient dû tirer dans le tas :
De Crèvecœur dresse même un parallèle entre musulmans et nazis, étant convaincu que « la violence préventive » à l’égard des musulmans est justifiée :
« La violence préventive à l’égard des nazis aurait été légitime, et nous ferions donc bien de faire de même avec nos nazis d’aujourd’hui, c’est-à-dire les musulmans, puisque nazisme et islam sont en fait la même idéologie, l’une sécularisée, l’autre religieuse ».
Ces propos sont tout à fait dangereux. On peut y voir une légitimation du terrorisme. Il écrira en ce sens : « Quant aux crimes haineux contre les musulmans, cela n’existe pas non plus : il n’y a que des réactions saines de citoyens faisant leur devoir civique ».
Pas une erreur de parcours
De Crèvecœur est constant dans son idéologie haineuse. Il est par exemple obsédé par la théorie conspirationniste du Grand remplacement de Renaud Camus, selon laquelle les élites « mondialistes » opéreraient une « africanisation, islamisation, changement de peuple » de l’Occident et alouette :
Il utilise un langage déshumanisant, qualifiant les immigrants qu’il considère indésirables de « sauvages extra-occidentaux » :
Ce qui avait choqué des lecteurs de la page « Délibérations » :
Pour Boutonnet, les musulmans n’ont aucune dignité et les « convertis » commettent la pire forme de traîtrise.
Sur Horizon Québec Actuel, il écrivit : « Se convertir à l’islam aujourd’hui, en tant qu’Occidentaux, c’est comme décider d’adhérer au nazisme en 1942 : il faut pour cela n’avoir aucune morale, compte tenu de ce que les faits nous démontrent de l’islam tous les jours dans le monde, et ce depuis 1400 ans. C’est aussi, pour dire la vérité, une forme de trahison culturelle assez ignoble ».
Conclusion
En somme, cet influenceur aux paroles dangereuses présente – dans bien des captures d’écran – les musulmans comme des sous-humains ou des « nazis » qu’on peut abattre de manière préventive.
Notons qu’il n’a guère plus de respect pour les personnes trans, qu’il estime souffrir d’un « délire schizoïde » et que « la psychose et le délire méritent la haine »…
Des centaines de gens suivent les émissions et les articles d’Horizon Québec Actuel et Nomos-TV. Il serait temps qu’on réalise qu’il existe bel et bien des réseaux de propagande toxiques au Québec, avant que d’autres drames ne surviennent…
Alex Fatta est un ami personnel, nous avons fait plusieurs articles ensemble depuis 2 ans. La poursuite-bâillon de Martineau a toujours pesé très lourd sur ses épaules. Je lui ai proposé cette entrevue pour un bilan de la situation
L’entrevue
—Pour commencer, peut-être nous rappeler brièvement pourquoi Martineau vous a intenté une poursuite?
—Alex Fatta : « Martineau nous poursuivait pour un texte satirique de Marc-André Cyr dans le journal Ricochet. Une fausse chronique nécrologique de son « oeuvre » ou de sa pensée qui serait morte. Mes dessins illustraient à peu près le texte avec des trucs puérils qui ont fait capoter Martineau. On l’aurait cru plus difficile à choquer ».
—Lui qui défendait en principe la liberté d’expression la plus totale, et se disait « Je suis Charlie », ne contrevenait-il pas à ses propres principes? « Riez de tout sauf de moi »?
—Alex Fatta : « C’est ça qui est drôle. Quand Charlie Hebdo a été décimé par deux fanatiques « islamistes », Martineau s’était lancé dans une série de plusieurs dizaines de chroniques dont le titre était « Je suis Charlie 1, 2, 3, 4 » et ainsi de suite. Il s’était carrément fait le porte-voix au Québec de « l’esprit Charlie » ».
« Charlie Hebdo est ce journal satirique trash qui a évolué, sous la direction de Philippe Val, ami du couple Sarkozy, vers une obsession déplorable envers l’Islam. C’est sans doute cette obsession qu’a retenue Martineau de « l’esprit Charlie », plutôt que son côté trash ».
« J’ai dessiné un chien qui pisse sur la tombe de Martineau. Mais Charlie Hebdo rigole de l’éventuelle mort de Chirac (vieux et malade) en titrant que sa femme, bientôt veuve, sera « bientôt un cœur à prendre ». Charlie Hebdo montre Macron sous la guillotine, Trump la tête coupée, Sarkozy dans un broyeur à viande. Charlie Hebdo se moque de la mort du père de Stromae, découpé en morceaux dans le génocide Rwandais en 1994 ».
« J’imagine que Richard n’avait jamais ouvert un Charlie Hebdo. Martineau a raison quand il dit que les gens sont des « ti-lapins ». Mais il fait partie du clapier ».
—Selon toi, est-ce qu’on pouvait parler d’une « poursuite-bâillon »? Ricochet n’a pas de moyens. Ricochet n’a pas 350 000$ d’actifs, vous non plus, essayait-il de vous ruiner?
—Alex Fatta : « J’ai jamais vraiment cherché la définition exacte, légale, de « poursuite-bâillon » pour être franc. Mais le but est évidemment de faire taire. Tu remarqueras que la droite passe son temps à se plaindre de censure quand elle est seulement critiquée. D’après moi, ce que j’ai vécu depuis 2016 est pas mal plus proche de la censure que de se faire dire qu’on écrit des chroniques de marde.
Il devait bien se douter qu’en allant en cours il risquait d’être critiqué de tous les côtés, même par des gens de droite avec une idée plus conséquente de la liberté d’expression (ça existe). Donc, je pense que son but était probablement de nous faire taire le plus longtemps possible, de nous traumatiser pour qu’on marche sur des œufs la prochaine fois… c’est le privilège des riches de pouvoir faire planer une menace comme celle-là au-dessus de ses adversaires idéologiques ».
—Ce périple a duré près de 3 ans. Comment as-tu vécu cette période? Te sens-tu enfin libéré? Pourras-tu davantage t’exprimer librement?
—Alex Fatta : « Bonne question. Je suis libéré de cette poursuite depuis quelques heures à peine. Être poursuivi a quelque chose de kafkaïen. On se sent toujours observé, on se sent coupable, indigné, révolté, à nouveau coupable… Il y a un chapitre là-dessus dans « Le droit du plus fort », un livre concernant la poursuite-bâillon dont a été victime Alain Denault et Écosociété. La liberté d’expression est un droit et on devrait pouvoir l’exercer sans vivre sous la menace ».
—Bravo encore pour cette victoire, au plaisir de contribuer ensemble à nouveau!
Une crise vient d’éclater au sein des troupes « Gilets jaunes » alors qu’une personne racisée du groupe – Anderson Dufresne – subit une fronde violente de la part des xénophobes qui l’entourent.
Il se fait traiter de « singe », de « macaque », de « Noireau », de « mascotte noire » et j’en passe…
Le cas Anderson Dufresne
Il y a des années que M. Dufresne se fait instrumentaliser par des groupes d’extrême-droite raciste. De son côté, il partage en bonne part leurs préjugés anti-islam et même la peur du « remplacement de la population blanche » (???), tandis que ces derniers l’utilisent comme « token ». Les tensions ont toujours été latentes et viennent de se révéler au grand jour.
La cause du nouveau conflit est que M. Dufresne aurait perdu l’équilibre dans la rue pendant qu’il pratiquait ses talents d’artiste de l’ « hoverboard ». Il est tombé sur le dos dans la rue, à 6 pouces d’une voiture qui roulait à toute vitesse. Deux journalistes de TVA auraient capté la scène, ce qui serait mauvais pour l’« image » des Gilets jaunes.
L’une des figures de proue de ces Gilets jaunes du Québec – formés principalement d’extrémistes de droite, ils font honte au mouvement de contestation du même nom en France – est Mickey Mike, alias Mickey Myers.
Mickey Mike est reconnu pour avoir appuyé les terroristes islamophobes Alexandre Bissonnette et celui de Nouvelle-Zélande :
Durant toute la journée de samedi, Mickey s’est acharné sur Anderson Dufresne, en l’assimilant tout d’abord à un « singe » :
Notons qu’une bonne partie des « Gilets jaunes » ont « liké » la comparaison et en ont ri grassement :
Mickey en rajoute dans les commentaires, affirmant que « la prochaine fois, j’amène ma cage à Rottweiler, il va rentrer dedans » :
Puis samedi en soirée, il revient à la charge lors d’une discussion avec Stéphane Gagné, un Gilet jaune qui se réclame fièrement du « Général Lee » (pro-esclavagiste). Mickey taxe Dufresne de « Noireau », de « traître » (à ses semblables) et de « mascotte noire et idiote » :
Ces propos de Mickey Mike sont tout à fait scandaleux, mais il se trouve tout de même une grande part du groupe pour le supporter, à l’instar de Stéphane Gagné :
Il faut dire qu’après avoir défendu Bissonnette et le tueur de Christchurch, Mickey Mike ne pouvait tomber plus bas. Le groupe l’a toujours soutenu, tout comme ils admirent également Pierre Dion – qui s’est fait arrêter pour ses vidéos haineuses – et considère que Bissonnette est un « condamné injuste » :
Conclusion
Plus les semaines avancent, plus des figures radicales commencent à se greffer à la douzaine de Gilets jaunes manifestant devant les locaux TVA, chaque samedi. La première mouture était déjà anti « migrants », alors que la nouvelle gang devient plus musclée.
Espérons que ce mouvement désolant se dissoudra rapidement avant que ça ne dégénère davantage.
Dans les semaines à venir, Québec solidaire aura à préciser sa position quant au port de signes religieux dans la fonction publique. La tentation est grande d’embrasser le « compromis » Bouchard-Taylor, à la fois pour des raisons idéologiques et stratégiques.
Mais, dans une perspective progressiste, est-ce vraiment la position la plus raisonnable?
7 bonnes raisons de rejeter les projets d’interdiction
(1) La commission Bouchard-Taylor cherchait à mettre fin à la « crise des accommodements raisonnables » qui a sévi de l’automne 2006 jusqu’à son point culminant en janvier 2007, lorsque le village d’Hérouxville adopta un « code de conduite » destiné aux nouveaux arrivants : interdiction de la lapidation, de l’excision, etc.
En d’autres termes, il fallait cette commission pour calmer la grogne populaire contre certaines minorités confessionnelles. Les médias ont largement contribué à alimenter ce sentiment de panique autour d’un faux problème. Savez-vous que la Commission des droits de la personne (CDPDJ) reçoit 13 fois plus de demandes d’accommodement pour cause d’handicaps que pour motifs religieux (0,69% des demandes, toutes religions confondues)?
Maintenant que la soi-disant « crise des accommodements » est chose du passé – la question des accommodements n’est plus d’actualité depuis onze ans – le « compromis » Bouchard-Taylor n’est plus nécessaire.
(2) Dans ce même ordre d’idées, les commissaires Bouchard et Taylor ont pris leurs distances de ce rapport rédigé il y a plus de dix ans. Le philosophe Charles Taylor recommande de ne rien faire : « Nous nous trouvons dans une situation où les choses s’arrangeront d’elles-mêmes avec le temps, parce que les gens viennent à se connaître les uns les autres, les inquiétudes disparaissent » (CBC, 18 octobre 2018).
Quant au sociologue Gérard Bouchard, il souligne une situation inéquitable : « Nous ne pouvons logiquement et honnêtement demander de réduire les droits de certains citoyens, alors que nous avons toujours le crucifix à l’Assemblée nationale. (…). Nous perdons toute crédibilité vis-à-vis des minorités ». « Depuis 10 ans, le débat sur la laïcité est centré sur la question du hidjab ». « Je crois que c’est une façon polarisante de mener le débat et ça ne fait que creuser davantage les divisions et cela rend impossible une conversation » (Montreal Gazette, 26 octobre 2018).
(3) En plus de vouloir résoudre un faux problème et de créer des divisions, l’interdiction du port de signes religieux dans la fonction publique s’attaque frontalement aux droits fondamentaux : les Chartes des droits et libertés ne permettent pas qu’on puisse discriminer des gens sur la base de leurs croyances religieuses. Si un parti comme Québec solidaire souhaite remettre en cause les droits fondamentaux de certaines minorités, alors le fardeau de la preuve lui revient : en quoi ces discriminations sont-elles urgentes et indispensables?
(4) L’argument selon lequel « des femmes se battent dans d’autres pays pour ne pas porter le voile, donc il faudrait le restreindre ici » n’est pas valide. Le point central est la défense des droits fondamentaux. S’il y a des pays où le port du voile est imposé par la force et l’intimidation, cela contrevient à ces mêmes droits fondamentaux, que nous devons chérir.
Au Québec et au Canada, les femmes sont libres de porter ce qu’elles veulent. Leur liberté est garantie. Si l’on interdit le port de signes religieux dans une partie de la fonction publique, cela revient à discriminer ces gens et porter atteinte à leurs droits fondamentaux. De toute façon, le débat n’est pas censé porter spécifiquement sur le hidjab, mais sur tous les signes religieux.
(5) D’où vient ce sentiment d’urgence qu’il faille légiférer pour invisibiliser des signes religieux qu’on ne voudrait pas voir? Un retour du religieux? En fait c’est plutôt la catégorie des non-croyants.es qui semble en plein essor depuis trente ans, tandis que les femmes arborant le voile forment moins de 0,5% de la population québécoise. Et encore là, rappelons que l’écrasante majorité de celles-ci ont le visage découvert, pourquoi la panique?
(6) Depuis le 11 septembre 2001, les médias occidentaux ont fait leurs choux gras de la peur de l’islam et du terrorisme, martelant des images de femmes voilées intégrales en la « Une » de leurs journaux et de n’importe quel topo. Cela a marqué les imaginaires et amplifié démesurément l’inquiétude vis-à-vis de l’islam.
Une étude réalisée à l’Université de l’Alabama démontre que les attaques terroristes commises par des musulmans reçoivent 7 fois plus d’attention que celles commises par des individus adhérant à d’autres croyances. Cette disparité médiatique provoque nécessairement l’impression que les musulmans.es seraient plus enclins au terrorisme (The Guardian, 20 juillet 2018).
Si la vue de signes religieux indispose tant de gens, c’est notamment en vertu de préjugés qui furent consolidés au fil des années. Ce n’est pas en stigmatisant ces femmes que les préjugés s’effaceront…
(7) La CSN ainsi que la Fédération des femmes du Québec (FFQ) s’opposent à l’interdiction de signes religieux en invoquant plusieurs raisons, dont le fait que ce n’est pas en excluant des minorités confessionnelles de la fonction publique qu’on facilitera leur intégration.
Quant aux femmes qu’on prétend vouloir « délivrer » du supposé joug de leur voile – cela reste à démontrer car, au Québec, elles sont libres de le porter ou non, elles arborent généralement leurs signes religieux par simple expression de leur foi – rappelons qu’elles subissent leur lot de violences verbales et physiques avec la montée des courants identitaires partout en Occident. Nul besoin d’une discrimination institutionnelle venant s’ajouter à cet ensemble de pressions sociales non-sollicitées.
Pour toutes ces raisons, on peut penser que Québec solidaire – un parti qui se définit comme inclusif de par son programme – devrait faire le choix de la tolérance face au pluralisme. La laïcité, la vraie, est tout à fait compatible avec l’ouverture au pluralisme.
Léo Laberge de La Prairie, né en 1936, est la figure tutélaire de « Tradition Québec », un mouvement de jeunes religieux ultraconservateurs se battant pour le retour de la messe en latin, les crèches publiques et le maintien du crucifix sur les murs de nos institutions.
Ils sont aussi des adorateurs d’Adrien Arcand, le « Führer canadien » des années 30’-40’:
Il semble que dans sa jeunesse, Léo Laberge ait participé au dernier coup d’éclat d’Adrien Arcand, en 1960.
D’après l’historien David Rajotte : « La dernière grande action publique du Parti de l’Unité nationale avant la mort d’Arcand a concerné La Clé du mystère. En mai 1967, les journaux ont rapporté que des exemplaires du pamphlet avaient été transmis en grande quantité à plusieurs députés ». Notons que la Clé du mystère était un pamphlet antisémite de 64 pages qui accusait les Juifs de tous les crimes de l’humanité.
« Environ 100 000 brochures avaient été imprimées en 1966. Elles avaient toutes été envoyées d’une boîte postales au nom de l’Alerte de l’Occident. Les Gendarmes ont simplement ont simplement cherché à qui appartenaient cet éditeur et la case postale. La maison d’édition était aux noms de Wilfrid Beauregard et de Léo Laberge (…). La police a pu ainsi confirmer que le PUNC (parti d’Arcand) était derrière la campagne d’envoi » (BHP, janv. 2018).
Selon la biographie d’Adrien Arcand par Jean Côté – qui l’admire – il y aurait bel et bien un Laberge parmi ses héritiers idéologiques : « Dans tous ses écrits philosophiques le nom de Dieu, tel un leitmotiv revenait constamment sur ses lèvres. Ses derniers disciples, toujours vivants, les Lemieux, les Lanctôt, les Laberge, les Bleau et quelques autres témoignent que toute la pensée politique de leur chef était nourrie par ses études dans des établissements catholiques ».
Notre Léo Laberge (photo ci-dessous avec moustache blanche) est toujours à la tête d’une maison d’édition – Héritage-Québec – enregistrée à La Prairie. Il y publie principalement des ouvrages sur ses origines familiales. Une autre de ses publications dresse le portrait historique du Comptoir Emmaüs, à Québec, un organisme de charité dont Léo Laberge (de La Prairie) fut jusqu’à tout récemment le vice-président.
Passons maintenant au milieu des années 70’, lors desquelles M. Laberge se démarqua par un autre coup d’éclat. Il s’impliqua dans un groupe d’activistes intitulé « Comité pour la défense de la messe traditionnelle » qui peut être perçu comme l’ancêtre de Tradition Québec.
Dans la revue Le Carillon – organe de propagande de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) – Léo Laberge relate cette belle époque où son groupuscule était formé d’une « poignée de laïcs qui s’occupait de l’organisation matérielle, des communications téléphoniques et médiatiques et organisait des conférences grand public ».
Le groupuscule de Laberge avait donc invité Mgr Marcel Lefebvre en personne au Québec, qui venait de fonder la FSSPX en 1970. Tout comme Laberge, cette secte milite pour « maintenir les droits du vénérable rite catholique » contre le méchant Concile Vatican II, qui modernisait l’Église.
Lors de son passage en novembre 1975, Mgr Marcel Lefebvre donna son appui au curé de la paroisse Sainte-Yvette à Montréal, qui souhaitait s’accrocher aux anciens rites. Après son départ, le groupuscule de Laberge occupa l’église jusqu’en décembre, par esprit de résistance. Leurs actions leur ont valu une arrestation : « Léo Laberge (et cie) se voyaient accusés « d’occupation illégale de domicile et de temple » » (Le Carillon, oct. 2015).
Dans ses entrevues, M. Laberge soutient qu’une « poignée de braves » peut ainsi changer le cours des choses : « Fortement médiatisées, les événements de Sainte-Yvette eurent une répercussion mondiale » (Ibid.). Il estime toujours que l’Église traditionnelle peut être le seul remède à la décadente modernité : « Il n’y aura pas de réaction nationale sans l’Église revenue de son modernisme et de sa démocratie libérale » (Le Carillon, janv.-fév. 2016).
Malgré son attachement à la messe traditionnelle, M. Laberge est un « laïc », il n’est pas prêtre. Quelle a pu être sa profession? Selon un compte LinkedIn, Léo Laberge de La Prairie est un retraité de la Sûreté du Québec (SQ). Le logo de la SQ apparaît d’ailleurs en évidence. Y a-t-il d’autres Léo Laberge à La Prairie?
À compter de 2011, on voit Laberge se présenter aux côtés de Gilles Rhéaume, dans un regroupement appelé l’« Assemblée des patriotes de l’Amérique française ». Rhéaume qui fut président de la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de 1981 à 1985, en est le secrétaire, tandis que Léo Laberge (toujours de La Prairie), en est le vice-président. Ce regroupement était d’ailleurs inscrit à la Maison Ludger-Duvernay – SSJB de Montréal.
Sur la chaîne Youtube de la Fédération des Québecois de souche (FQS, groupe d’extrême-droite suprémaciste), on peut y écouter la conférence du néonazi Sylvain Marcoux (avril 2013), à Drummondville. La présentation de la conférence est faite par Kenny « Goglu » Piché, nul autre que le jeune porte-parole de Tradition Québec. Quant à Sylvain Marcoux, il est également membre de Tradition Québec et aime bien se recueillir sur la tombe d’Adrien Arcand de temps à autre… Léo Laberge appararaît à la première minute de la vidéo :
En novembre 2015, Laberge se trouve à l’intronisation religieuse du « Mouvement Tradition Québec » (photos ci-dessous) avec le jeune président Étienne Dumas et Mgr Tissier de Mallerais, l’un des rares évêques de la FSSPX à avoir été consacré par Mgr Marcel Lefebvre. Mgr Tissier de Mallerais était présent pour « bénir » Tradition Québec par des rituels stricts. Il ne fait aucun doute que Laberge souhaitait que tout se fasse selon les règles de l’art…
Rappelons que des prêtres de l’école Sainte-Famille à Lévis, dirigée par la FSSPX, ont participé à des événements de Tradition Québec et ont animé une sainte commémoration en l’honneur de Jeanne d’Arc sur les Plaines d’Abraham, pour le compte d’Atalante Québec (boneheads néonazis) :
Les rassemblements religieux de Tradition Québec ont parfois retenu l’attention de nationalistes québécois plus connus, tel l’ex-ministre Richard Le Hir :
Conclusion
En conclusion, le portrait global de Léo Laberge montre bien qu’il a toujours été un ardent militant de la FSSPX au Québec, branche du mouvement traditionaliste le plus réactionnaire.
Dans ses écrits récents, il fait toujours l’apologie du nazi Arcand qu’il surnomme affectueusement « l’érudit Adrien Arcand ». Il admire également Duplessis, les « groulxistes », Jules-Paul Tardivel, puis les fascistes des Jeune Canada, de La Nation (Paul Bouchard) et des disciples d’Arcand comme Fortunat Bleau.
Dans son brûlot « Pauvre Québec! » (janv.-fév. 2016), Laberge pourfend ce qu’il nomme le « génocide national » : « divorce, avortements massifs, stérilisation, suicide, mariage gay, euthanasie, déchristianisation accélérée ». Tout cela aurait pour origine la « franc-maçonnerie », « une kyrielle de professeurs athées, freudiens et marxistes », le « diable » et « l’anarchie »…
Le point de vue qu’il tient sur la Révolution tranquille, René Lévesque et Bourgault est celui d’un homme d’extrême-droite :
Léo Laberge se sert donc de Tradition Québec pour laisser derrière lui des héritiers d’Arcand, qui poursuivront son œuvre.
Ces jeunes hommes sont maintenant aux commandes d’une nouvelle maison d’édition, les « Éditions de la Vérité », qui rééditera des classiques du fascisme québécois, tel « L’infiltration gauchiste au Canada français » de Robert Rumilly (réédité en 2018).
Le jeune Étienne Dumas était sur les tribunes d’extrême-droite pour promouvoir cette réédition de Rumilly :
Merci M. Laberge pour ce legs dont on aurait pu se passer…
Dans les semaines à venir, Québec solidaire aura à préciser sa position quant au port de signes religieux dans la fonction publique, d’autant plus que la CAQ de François Legault s’apprête à lancer un projet de loi discriminatoire envers certaines minorités confessionnelles.
Le « Collectif laïcité de Québec Solidaire », mené par la militante controversée Lise Boivin, est parvenu à promouvoir une option tout à fait intransigeante – intitulée « l’option C » – qui propose l’interdiction de signes religieux pour tout employé de l’État. Cette position est plus radicale que celle de la CAQ. À tel point que l’Option C est jugée irrecevable par le parti car elle modifierait le programme…
Analyse de la page officielle du Collectif
Quand on jette un coup d’œil à la page officielle du Collectif laïcité sur Facebook, on apprend qu’on cible spécifiquement le « hidjab » et l’islam :
Le Collectif de Lise Boivin est plutôt honnête : dans le document défendant l’Option C, on y fait la guerre au hidjab qui serait le symbole de « l’infériorisation de la femme » et même de « l’impossibilité de la démocratie », rien de moins… Quatre sections portent sur le hidjab et la « communauté musulmane », on ne retrouve aucune autre section spécifique sur les autres religions :
Idem pour le document introduisant au Collectif : il y a une section spécifique sur « Le hijab dans l’espace public », puis une deuxième sur « Le niqab, tchador, etc. ». Rien sur les autres religions…
Pour revenir au document sur l’Option C, le Collectif prend parti contre son parti : « Comment un parti officiellement féministe (QS) peut-il se fermer les yeux sur cette pratique symbolique de l’infériorisation de la femme et du pouvoir du patriarcat ».
On affirme ensuite, à tort, que les musulmanes sont libres de mettre ou enlever leur hidjab à leur guise : « Si ce choix est effectivement libre, elles ont aussi le choix de ne pas le porter! Pourquoi alors prétendre que l’interdire sur les lieux de travail revient à leur interdire l’accès au travail? » Parce qu’il s’agit d’un choix de vie et non qu’elles peuvent le retirer comme si c’était une casquette ou une tuque…
Le texte aboutit, on s’y attendait, sur le regret de voir trop de hidjabs dans l’espace public :
S’il avait fallu que le Collectif s’acharne ainsi sur la « kippa et la communauté juive », on n’aurait pas hésité à taxer ce groupe d’antisémite : Oh mon dieu, des kippas partout, le patriarcat nous envahit, la démocratie est en péril…
Sorties controversées de Lise Boivin
Parlons maintenant de Lise Boivin, coordinatrice et leader incontestée de ce collectif qui fut fondé par son défunt mari (qui avait d’ailleurs claqué la porte de QS, l’accusant d’appuyer « l’intégrisme »).
En tant que co-coordonnatrice dans les Laurentides depuis environ 2012, Mme Boivin use de son pouvoir pour intimider militants.es et candidats.es qu’elle considère trop tolérants.es envers l’islam.
(1) Premier exemple. Durant la dernière campagne électorale, elle essaya de faire déraper la candidature d’Haroun Bouazzi dans Maurice-Richard. Mme Boivin envoya des courriels à au moins deux membres qui appuyaient Bouazzi pour tenter de l’associer à la mouvance islamiste en affirmant qu’il serait « favorable à la charia ». Ses courriels contenaient également des extraits de conférence pour salir la réputation du candidat.
C’était évidemment tout à fait mesquin et diffamatoire. De quel droit Mme Boivin se mêle-t-elle d’une course à l’investiture ayant lieu à Montréal? Un document interne à QS conclut que « le CCN considère que ces propos relèvent de procédés islamophobes ». En outre : « Il ne s’agit pas de notre première communication avec toi au cours de la dernière année. »
(2) Ce n’est pas tout, présentons un deuxième exemple. Vers l’été 2018, le député Amir Khadir organisa une rencontre à son bureau de comté dans Mercier, afin de calmer de jeu entre divers.es militants.es, notamment Mme Boivin et Ève Torres qui étaient présentes.
Eh bien Lise Boivin commit l’affront, devant Ève Torres, de faire un parallèle entre le hidjab et les croix gammées, comme si de rien n’était : selon elle, une enseignante qui porte de hidjab est comme un prof qui porterait des insignes nazis dans une classe…
Ajoutons qu’un militant racisé du parti a d’ailleurs été intimidé par Mme Boivin au cours des derniers mois, s’en prenant au passage au comité antiraciste dans le même courriel.
Puis, de nombreuses personnes ayant milité dans les Laurentides ont été victimes de ses mensonges et tactiques d’intimidation au cours des dernières années. Mme Boivin invoque par exemple des règlements internes, mais refuse de les produire. Ou elle « engueule » vertement de jeunes candidats.es, pour des raisons aussi futiles que leur habillement.
Conclusion
En dernière analyse, il semble donc que la principale mission de Mme Boivin au sein de QS est de faire avancer son agenda anti-islam, ce qu’ont estimé les différents témoins directs avec lesquels j’ai fait des entrevues. Le biais est évident.
Les publications Facebook de Mme Boivin prennent d’ailleurs position en faveur de la militante polémiste Nadia El-Mabrouk et ne cible que les signes religieux musulmans. En voici des exemples :
**P.S.: Pour ce billet, sur une période de trois mois, je me suis entretenu avec au moins 6 militants.es et ex.-candidats.es solidaires qui sont tous des témoins directs. J’ai aussi eu accès aux documents et courriels pertinents. Merci pour leur aide.
Vendredi dernier, le premier ministre Trudeau tenait une assemblée publique à Saint-Hyacinthe pour répondre aux questions des citoyens.nes.
Si environ 200 personnes étaient entrées dans la salle – comprenant des supporters et opposants.es de toutes sortes – il y a eu une surreprésentation des groupes xénophobes organisés qui s’étaient mobilisés pour venir confronter, voire narguer Trudeau.
Il semblait y avoir une vingtaine de Meutons dans la salle (une autre trentaine attendait à l’extérieur dans le froid), sept ou huit Gilets jaunes québécois ont pu aussi s’y installer, arborant leurs couleurs, en plus d’au moins deux Stormers et quelques autres militants.es anti-islam tels Richard Majeau.
Bilan des événements : Pierre Dion
Celui qui a le plus tenté de perturber l’événement est Pierre Dion, un militant d’extrême-droite ayant déjà organisé une manifestation anti-immigration à Laval. Il était bien entouré par la GRC. Surtout qu’il considère que Trudeau mérite la peine de mort :
D’entrée de jeu, avant l’arrivée du premier ministre, Dion s’est assis sur le banc de Trudeau, pour faire le fanfaron :
Il a également hurlé dans la salle : « Vive Donald Trump! », ce qui a dérangé plusieurs agriculteurs venus poser des questions à propos de la gestion de l’offre…
Tout au long de l’assemblée, Dion faisait de l’obstruction en beuglant des trucs du genre : « Y’a aucun respect pour les Québécois, on le sait ça. Y’est comme son père! ». Trudeau le priait de le laisser répondre aux citoyens.es. Dion rétorque : « Je te respecte pas, mais je te laisse aller ». Plus loin : « Comme tu fais là avec les immigrants, tu demandes pas à ton peuple, tu le demandes pas à personne ».
Bref, Dion faisait comme Diane Blain cet été, en obstruant les interventions.
Impatient, il a fini par se lever et a fait des pas en direction de Trudeau. La GRC l’a intercepté et l’a expulsé sous les applaudissements de la foule qui en avait marre de ses agissements immatures.
À un moment, un important militant de La Meute s’est même approché de Dion pour lui cracher au visage. Selon le principal intéressé, le chef de La Meute a approuvé le geste :
« Le gros crisse de William Johnson m’a craché dans face ». « Maikan m’a écrit à matin qu’il appuie son geste ». « Il me traite de fif parce que je me fait cracher dans face » (*désolé pour le terme homophobe). Dion a peut d’avoir attrapé le sida durant l’altercation :
L’homme responsable de cette agression est William Johnson, un fier-à-bras qui aurait également participé à l’expulsion de Dion en décembre à Ottawa. C’est que La Meute s’oppose vivement aux Gilets jaunes, aux groupes indépendantistes et à Pierre Dion en particulier, qu’ils considèrent être un « coké » nuisant à leur cause.
Trudeau et La Meute
La confrontation entre le premier ministre et La Meute se voulait intéressante, car Trudeau les avait traité de « nonos qui se promènent avec des pattes de chiens sur le t-shirt », il y a un an :
La stratégie du chef Sylvain « Maikan » Brouillette fut de pénétrer dans le Centre des loisirs en cachant leurs logos, pour ensuite les dévoiler une fois assis :
Visiblement, Justin Trudeau ne s’est pas laissé impressionner et a répondu à toutes les questions avec tact. TVA Nouvelles a toutefois été surpris du calme de Brouillette :
En fait, la sortie de Brouillette a choqué plusieurs Meutons qui ont trouvé sa question fort complaisante, alors qu’ils s’attendaient à ce qu’il l’attaque sur l’islam et l’immigration. N’est-ce pas cela la mission de La Meute? De nombreux membres se demandent si Brouillette les représentent vraiment.
D’autre part, TVA aurait dû relever que les autres Meutons.nes n’ont pas été aussi « respectueux ». Ils ont chahuté Trudeau copieusement. Une dénommée Véronique, avec tuque de La Meute, a d’ailleurs enguirlandé le politicien au sujet de « Pacte de l’ONU » et a quitté la salle avec son conjoint pendant qu’il leur répondait.
Ils ont crié : « Ostie de vendu Trudeau »! (vendu au « mondialisme »)
D’autres hurluberlus
Au moins deux membres de Storm Alliance étaient présents, soit Mario Roy et son ami « Stef Laf ».
M. Roy arborait sa casquette S.A. et a posé une question à l’emporte-pièce, évoquant la DPJ sous l’expression « réseau d’enlèvement d’enfants », qui servirait à entretenir un réseau de « pédophiles » avec la complicité de l’élite. Trudeau a rétorqué, avec compassion, que son équipe se pencherait sur la question.
On a pu aussi apercevoir Richard « Pepito » Majeau, l’homme qui s’était distingué pour s’en être pris à un comptoir halal au Maxi de Sorel :
Majeau a interrogé Trudeau en qualifiant l’immigration « d’invasion » et en se disant préoccupé par l’islam.
Encore une fois, le politicien a répondu avec aplomb, tandis que les xénophobes sur place n’écoutaient pas ses répliques et chahutaient.
Au final, ce fut un long dialogue de sourds, davantage une guerre d’images qu’un échange d’idées.
On pourrait souligner la patience des autorités qui ont toléré cette présence massive de l’extrême-droite, même s’ils arboraient leurs couleurs de manière ostentatoire. Tolérer revient-il à normaliser l’extrême-droite?
Pierre Dion est cet influenceur d’extrême-droite qui sévit sur les réseaux sociaux depuis l’an passé.
Étant farouchement anti-immigration, il s’était démarqué au début de l’été 2018 en initiant un mouvement de « briques bleues », c’est-à-dire qu’il souhaitait que tous les xénophobes du Québec signent des briques qui allaient servir symboliquement à bloquer la frontière à Saint-Bernard-de-Lacolle :
Notre Donald Trump québécois n’a toutefois pas d’influence mainstream. Ce n’est pas avec une dizaine de briques qu’il aurait pu concevoir son majestueux rempart bleu…
À la fin de l’été 2018, il organisa donc une grande manifestation à Laval qui rassembla une vingtaine de personnes. Grand consommateur de drogues, Pierre Dion flottait sur un nuage :
TVA Nouvelles jugea que c’était suffisamment impressionnant pour tendre le micro à ce Jésus de Terrebonne :
Il y a aussi le documentaire « Troller les trolls » qui offrit une certain tribune à Pierre Dion :
Sa tentative d’obtenir la démission de Trudeau, en vidéos
En décembre dernier, Dion s’est mis à paniquer à l’idée que le premier ministre Trudeau puisse signer le Pacte de l’ONU sur les migrants (au Maroc), comme si cela allait mettre fin à la nation québécoise…
Il a donc mis sur pied un plan abracadabrant, qu’il a exposé lors d’une vidéo « live » en direct du Casino de Montréal. D’après Dion, il faudrait qu’une vingtaine de citoyens « de chaque région » aillent harceler leurs députés respectifs pour exiger la démission de Trudeau « pour haute trahison envers son peuple ».
(Toutes modifications des vidéos par Isa Zabb)
Quelques jours plus tard, Dion se dit inquiet que son plan puisse échouer. Il redemande aux « 18 groupes » qui manifesteront contre le Pacte de l’ONU – ils se donnaient rendez-vous le 8 décembre à Ottawa – de continuer à faire pression sur leurs députés.es et d’ « inonder le site à Julie Payette » de messages…
Il faudrait peut-être lui expliquer que la gouverneure-générale n’a qu’un rôle symbolique au Canada…
Dion est désormais « sur la panique » :
3e acte. Monsieur Dion se rend finalement lui-même au bureau du député de sa circonscription, mais il se bute à une porte close. Il réalise que son plan est un échec et que personne n’a rencontré les députés.es fédéraux comme il l’avait prévu. Grosse déception :
4e acte. Dion vient d’apprendre que si le bureau du député lui était fermé, c’est que la Sureté du Québec les avait prévenus qu’il était « une personne dangereuse ».
Manifestation du 8 décembre à Ottawa
Arrive enfin l’événement à Ottawa, qui devait ébranler le gouvernement Trudeau. Dion s’installe devant le Parlement avec un groupuscule de « Gilets jaunes » anti-migrants. Les « 18 groupes » qui devaient participer à la révolte, dont La Meute et Storm Alliance, rassemblèrent à peine 200 personnes.
Le Trump de Terrebonne se met alors à pester contre La Meute et compagnie, qui gonflent leurs chiffres en faisant accroire qu’ils ont 60 000 membres. Ces derniers expulsent Dion manu militari hors de la manif et ordonnent aux Gilets jaunes de retirer leurs vestes.
Après quelques semaines de repos, Dion revient plus requinqué que jamais. Il dit avoir pris « deux cafés chez McDonald’s » :
Le mouvement des Gilets jaunes québécois – axé principalement contre le Pacte de l’ONU – l’enthousiasme follement. Enfin un projet qui sera un grand succès. On les a d’ailleurs apercu la semaine passée dans un centre commercial, en train de faire un tour de carrousel :
La philosophie politique de Pierre Dion
Cet influenceur d’extrême-droite est un pseudo-libertarien qui fait une fixation sur l’islam. Dans de nombreuses publications violentes, il appelle à se rebeller contre les musulmans. Ceux-ci contrôleraient d’ailleurs Facebook :
Dans cet extrait vidéo – mis en ligne en août 2018 – il demande à ses fans de cesser de payer leurs impôts, car ils serviraient à financer rien de moins que l’État islamique…
En conclusion, les frasques de Dion sont peut-être fort divertissantes, mais il ne faut pas oublier qu’il est un réel vecteur de haine, et que s’il n’influence que quelques dizaines de gens, c’est déjà préoccupant.
L’actuel rival à Yves-François Blanchet, dans la course à la chefferie du Bloc québécois, est un certain Jean-Jacques Nantel, qui faisait partie d’un groupe d’extrême-droite militant sur la scène municipale (L’Union patriote), depuis 2017.
Ce groupuscule xénophobe l’appuie toujours avec ferveur, car l’ex-ministre Blanchet serait un vilain « mondialiste » voulant détruire la nation québécoise en étant favorable à l’immigration :
Nantel flirte depuis longtemps avec la droite identitaire, on peut l’apercevoir ici dans une manifestation organisée par La Meute et la Storm Alliance, à Québec, contre la soi-disant « Commission sur le racisme systémique »: « Le Parti libéral du Québec cherche à détruire sa patrie en l’empêchant de se défendre, c’est des génocidaires »… what?
(On voit La Meute, S.A., Josée Rivard et cie derrière lui, le 25 novembre 2017)
Or, il appert que M. Jean-Jacques Nantel n’en est pas à ses premières controverses. En mai 2013, il s’était fait montrer la porte du C.A. des IPSO (« Intellectuels pour la souveraineté »), pour ses propos jugés tout à fait inappropriés sur la population « blanche » du Québec qui s’avérerait une « superpuissance morale »…
Que s’est-il passé?
Les IPSO est une OSBL qui fut fondé en 1995 par 100 intellectuels québécois de divers milieux (recherche, universitaire, culturel, etc.). Les membres du C.A. se rencontrent chaque mois pour discuter d’actualité politique, mettre sur pied des projets, et ainsi de suite.
Du 15 au 17 mai 2013, se tenait un colloque co-organisé par une des membres du C.A., Micheline Labelle : « Les nationalismes québécois face à la diversité ethnoculturelle ». Il s’agissait d’un événement académique, le colloque annuel de la CRIEC (chaire de recherche de l’UQAM) :
Un ouvrage en a même été tiré :
Mais c’était trop pour Monsieur Nantel, qui y a vu une dangereuse charge antiraciste contre la fierté des Québécois…
Deux semaines avant l’événement, il s’est mis à envoyer de longs courriels aux membres du C.A. et autres participants.es du colloque pour affirmer haut et fort son dégoût du souci pour les discriminations que pourraient vivre les minorités ethnoculturelles : « Je n’irai pas à ce colloque parce que je pense que c’est une nouvelle façon pour les Québécois de souche d’aller s’excuser d’avoir la peau blanche ».
Selon un témoin direct, Nantel était membre du C.A. des IPSO. La rencontre formelle du C.A. des IPSO durant laquelle Nantel a démissionné s’est déroulée à la fin de mai 2013.
Les membres du C.A. ont pris des tours de parole pour lui expliquer que ses courriels avaient placé toute l’organisation dans une situation intenable. Nantel a pris son tour de parole pour annoncer sa démission du C.A., en insultant les membres du C.A. C’était très dramatique.
Que contenaient les courriels?
J’ai obtenu lesdits courriels via deux sources directement concernées. Il s’agissait de messages envoyés, autour du 1er mai 2013, à plusieurs destinataires et qui ont été partagés entre les IPSO par la suite.
Tout d’abord, il commet l’erreur de croire qu’étudier scientifiquement la question des discriminations revient à faire le procès de tous les « Québécois de souche » :
« Si les Québécois de souche ont si honte et si les Haïtiens par exemple n’en ressentent aucune, c’est uniquement parce que les Québécois de souche ont la peau blanche et les Haïtiens, la peau noire. Très clairement, il s’agit d’un pur racisme à 24 carats! ».
Ensuite M. Nantel martèle l’idée qu’a priori, on peut déjà déterminer qu’il n’y a aucune discrimination au Québec puisque nous émanons une « superpuissance morale » historique :
« Ceux qui font le mal au Québec, ce ne sont pas les Québécois de souche qui n’ont pratiquement jamais fait de mal à personne et qui représentent une véritable superpuissance morale »…
Nantel va plus loin : les vrais méchants sont les 90% d’immigrants qui ne votent pas Oui au référendum :
« Ceux qui font le mal au Québec – et en fonction de leurs propres valeurs, pas les miennes – ce sont les immigrants qui ne cessent de chanter les mérites de Nelson Mandela, de Luther King ou de Gandhi, qui nous disent que le colonialisme a été un crime contre l’humanité dans leurs pays d’origine et qui, pourtant, quand ils arrivent ici, se joignent de tout cœur à nos colonialistes et à nos agresseurs pour qu’ils puissent continuer à nous écraser ».
À propos des 10% d’immigrants restants, Nantel ne les aime pas tellement plus : « Quant aux 10% qui nous appuient, si j’apprécie le fait qu’ils proviennent le plus souvent de la frange la plus sophistiquée (et intellectuellement honnête) des groupes ethniques, je ne leur dois aucun remerciement puisque c’est leur intérêt à eux aussi de devenir riches ».
Le prétendant à la chefferie du Bloc se réclame de Parizeau : « Quand Parizeau a dit que des votes ethniques nous avaient fait perdre le référendum de 1995, il n’a pas reproché aux membres des groupes ethniques d’avoir les cheveux blonds ou les yeux bridés, il leur a reproché ce qu’ils ont FAIT (…) Toutes les réactions antiracistes qui ont suivi étaient parfaitement niaises puisque Parizeau a dit la simple vérité… et qu’on aurait dû continuer à la dire!
».
Dans un deuxième courriel, M. Nantel répète les mêmes discours hurluberlus : « On enseigne aux jeunes Québécois de souche qu’ils doivent avoir honte de je-ne-sais-quoi parce qu’ils ont la peau blanche »…
Puis dans un troisième : « Je n’ai jamais dit que les Québécois (ou moi-même) étaient sans tache ou défaut; j’affirme haut et fort cependant qu’ils sont meilleurs que les autres peuples dans le domaine moral (…). Les Québécois de souche sont également supérieurs moralement aux immigrants qui nous parlent constamment contre le colonialisme ».
« Oui, oui, oui, c’est exact: il y a des imbéciles au Québec qui discriminent ou qui font du profilage racial… et ces imbéciles sont noirs, asiatiques, blancs ou métis. Il y a des imbéciles partout (…) Or, quelle est la province la plus pauvre du Canada? Le Québec! Mais d’où vient donc l’argent qui permet de traiter si généreusement nos minorités? C’est tout simple: DES POCHES DES QUÉBÉCOIS DE SOUCHE! ».
Au sujet des colloques universitaires, Nantel démontre peu de respect : « Ce milieu a toujours été contaminé par des idéologies de combat. C’est pitoyable! ».
Conclusion
Jean-Jacques Nantel préconise des thèses en faveur d’un nationalisme ethnique qui ont choqué les membres du C.A. des IPSO. Celui-ci s’est fait montrer la porte et il a été contraint de démissionner.
Depuis lors, Nantel est loin de s’être assagi. Ses vidéos sur Youtube soutiennent que l’Occident est en entré dans une phase de « décadence » en raison de l’ « invasion des faux réfugiés » composés principalement de musulmans « inassimilables ». Il peste également contre les LGBT, qualifiés de « pervers », contre Hollywood et « les jeunes avec des anneaux dans le nez »…
Même s’il a l’appui de plusieurs groupes xénophobes, sa campagne bat toutefois de l’aile : il a fait paraître un communiqué le 3 janvier pour annoncer qu’il ne pouvait plus récolter de dons, en raison d’un mystérieux pépin « d’ordre légal ». À suivre…
Jean-Jacques Nantel a confirmé son intention de briguer la chefferie du Bloc québécois.
Cet idéologue radical défend des thèses ethno-différentialistes et déclinistes, c’est-à-dire que, selon Nantel, l’Occident serait en péril en raison d’une soi-disant « invasion » islamique. Des « faux réfugiés » nous envahissent et la majorité d’entre eux sont musulmans, donc « inassimilables ».
Nantel va jusqu’à prédire une sorte de rébellion prochaine des « de souche » contre les musulmans.es : « Quand l’Europe appauvrie aura laissé tomber sa décadence, il est même probable que les Européens vont s’arranger pour éliminer une nouvelle fois l’État dans l’État qu’auront créé les musulmans d’Europe » (oct. 2015).
Ce n’est pas tout, ce penseur réactionnaire va aussi pester contre les jeunes avec des anneaux dans le nez, les drogués, Hollywood, puis les LGBT, qualifiés de « pervers »…
Qui est ce Nantel, qui apparaît dans le documentaire La Bombe, où l’ex-néonazi Maxime Fiset observe une manifestation de la droite identitaire ?
Les appuis de Nantel
Depuis quelques semaines, M. Donald Proulx – chef du parti municipal d’extrême-droite, l’Union patriote – pèse de tout son poids pour promouvoir la candidature de J.-J. Nantel :
Nantel est présenté comme un vaillant « Patriote » trumpien qui tiendra la ligne dure face à l’immigration, tandis que son rival, Yves-François Blanchet, serait un vilain « mondialiste » œuvrant à la disparition du peuple québécois.
L’appui de la direction de l’Union patriote n’est guère surprenant, puisque Nantel est activement impliqué dans ce même parti, qui organise des manifestations contre la mairesse Valérie Plante, accusée de ne pas suffisamment honorer le drapeau du Québec.
Donald Proulx est l’homme à l’avant avec t-shirt bleu, casquette et porte-voix (cercles rouges, des paramilitaires suprémacistes) :
On peut apercevoir Nantel prononcer un discours à cette même manif, drapeau sur les épaules :
Si Donald Proulx est le principal promoteur de Nantel sur les réseaux sociaux, le vidéaste Carl Brochu s’avère en quelque sorte son agent officiel, comme le démontre ce message officiel du futur candidat :
Carl Brochu fait partie de cette bande de « patriotes » dont certains avaient participé à la perturbation d’un discours de Justin Trudeau cet été :
Mme Diane Blain, qui avait interrompu l’allocution partisane de Trudeau par des propos xénophobes, est l’une des toutes premières militantes à appuyer Nantel :
Pourquoi ces « patriotes » identitaires s’excitent-ils tout d’un coup pour Nantel, deux semaines seulement avant la date butoir pour les mises en candidature?
L’un des catalyseurs premiers est sûrement le fait qu’un de leurs proches, Matthieu « Deutté » Brien vient de prendre la tête de l’exécutif bloquiste dans le comté de Papineau. On peut le voir ici – avec chandail de Trudeau en Mickey Mouse – attendre que Nantel finisse son discours pour faire le sien :
Brien est reconnu pour avoir lui-même interpelé rudement Trudeau par le passé.
En devenant président de l’exécutif dans Papineau, il a formé sa propre équipe, nommant au poste de trésorier un militant de l’Union patriote, Jean-François Racine, qu’on voit ici à l’arrière-plan, arborant le logo de la formation :
Observons Nantel sur la photo suivante, qui marche escorté par des milices d’extrême-droite, comme si de rien n’était :
L’Union patriote a baptisé cette milice paramilitaire « Groupe Sécurité Patriote ».
Des considérations homophobes et islamophobes par Jean-Jacques Nantel
Par le passé, l’éventuel candidat bloquiste à la chefferie a côtoyé des groupes d’extrême-droite. Il y a par exemple ce colloque du Mouvement Républicain du Québec, organisé dans une écurie à Saint-Lazare, en juin 2017. Nantel y était :
La Meute était en charge de la sécurité de l’événement et leur chef a pris la parole :
Ajoutons que J.-J. Nantel a quelquefois fait des entrevues chez l’animateur conspirationniste André Pitre (alias « Stu Pitt ») :
Dans ce clip Youtube, il participe à une manifestation de La Meute et Storm Alliance et tient des propos qui leur ressemblent (25 nov. 2017) : le PLQ est « génocidaire » et les antifascistes sont fascistes…
Mais attention, l’idéologue parvient parfois à se faire passer pour un intellectuel sérieux et être invité sur des tribunes plus respectables :
Les idées de M. Jean-Jacques Nantel sont cependant renversantes. Je présenterai moult extraits vidéos en guise de preuve. Monsieur a publié des dizaines de clips d’opinion sur Youtube comme s’il s’agissait de grandes vérités scientifiques indubitables, alors qu’il débite plutôt des préjugés choquants.
Dans un premier extrait, il met de l’avant des thèses « déclinistes » selon lesquelles l’Occident perd ses richesses et entre dans une phase de dégénérescence morale, d’ « inversion des valeurs ». (13m30) : « La décadence a toujours développé une philosophie qui présente le bien comme le mal et le mal comme le bien. Par exemple, ils vont se mettre à applaudir les pervers qui ont le courage de vivre leur différence tout en dénigrant les mères de familles nombreuses (…) parce qu’elles ne gagnent pas d’argent », « à force de tout détruire comme ça (…) la pauvreté généralise ». Ah bon, la diversité sexuelle nous appauvrit?
Nantel présente cette image d’une manif LGBTQ+ en appuyant sur le mot « pervers » :
Plus loin, il cible l’islam comme étant l’autre grand ennemi (19min) : « L’Europe est déjà tellement décadente que ses dirigeants ont oublié que ses frontières étaient des nécessités essentielles à la survie de tous les êtres vivants ».
« Les babyboomers qui dirigent présentement l’Europe ont tellement dégénéré qu’ils organisent eux-mêmes la destruction artificielle de leurs propres patries (…). On le voit très bien par l’invasion actuelle de l’Europe par les musulmans. Un continent où les chefs d’État font semblant de pas comprendre que l’islam c’est pas une race, mais c’est une idéologie conquérante (…). Quand on voit des folies pareilles, on ne s’étonne pas (que les Britanniques aient voté pour le Brexit)… » (22min) « C’est l’ensemble des civilisations actuelles qui vont s’effondrer, pas seulement l’Occident (…) ».
Deuxième vidéo homophobe et islamophobe
Dans ses différentes capsules, Nantel martèle sans cesse les mêmes idées anti-progressistes. Dans la prochaine, il traitera de « l’invasion actuelle de l’Europe par des millions de faux réfugiés (…). Cette invasion est ultra rapide ».
(2min) : « Pour les Européens, cet immense afflux d’étrangers non-européens est problématique pour deux raisons. D’abord parce que la vaste majorité sont inassimilables à cause de leur religion musulmane. Pour preuve, nos fils n’ont pas le droit de marier leurs filles ».
(12min) : Les nomades (Mahomet) n’ont jamais pu se mêler avec les sédentaires (Europe).
(15min30) : « En arrivant en Europe, les musulmans actuels ont repris d’instinct les comportements qui leur viennent leur culture nomade d’origine. C’est-à-dire qu’ils ont créé des communautés séparées qui forment de véritables États dans l’État. Les plus agressifs d’entre eux ne se gênent même pas pour dire que leur but ultime est de conquérir l’Europe pour y imposer leurs propres lois. L’installation massive des musulmans dans l’Europe actuelle est facilitée par la profonde décadence de la culture occidentale moderne ».
« L’installation massive des musulmans dans l’Europe actuelle est facilitée (…) par la profonde décadence de la culture occidentale moderne. (…) Il s’agit d’une sorte de maladie culturelle (…). Ils se mettent à présenter le mal comme le bien et le bien comme le mal. (19m40) : Ils s’inventent alors toutes sortes de nouveaux droits et de libertés. Ils n’arrêtent pas de faire l’éloge de la diversité et du multiculturalisme. C’est-à-dire qu’ils font exactement l’inverse de ce qu’ont fait tous leurs ancêtres, et tous les pays qui sont en croissance. C’est-à-dire d’essayer de créer une société qui soit le plus homogène possible – avec une seule religion, une seule langue, une seule façon de pensée – de façon à créer un maximum de richesses. Notons que ce que je viens d’expliquer ici, ce n’est pas du prêchi-prêcha de curé, mais du prêchi-prêcha de physicien ».
Bah oui, parce que Monsieur Nantel est certain de détenir le savoir absolu dans les affaires humaines.
(24min) : « Toutes sortes de bandits pourraient se joindre au flot des sans-papiers. (…) les terroristes anti-occidentaux qui coupent des têtes et des mains (…), des voleurs, cambrioleurs et des pickpockets du tiers-monde ». « Les dizaines de millions de faux réfugiés sont tous au courant de la décadence occidentale (…). Le coffre-fort européen est resté ouvert et sans protection au coin des rues (…) ».
Maintenant une charge contre l’éducation à la diversité.
(26min) : « Ils vont prendre la vieille recette multiculturaliste, en organisant par exemple des cours dans les écoles pour expliquer aux enfants qu’ils doivent respecter toutes les minorités raciales, culturelles, religieuses et sexuelles. Dans ce dernier cas (dit-il en riant), ça veut dire qu’ils vont expliquer aux enfants ce que c’est que des lesbiennes, des gays, des bisexuels et des transsexuels, le fameux LGBT. Juste ça, promet de produire beaucoup de flammèches ».
Puis il conclut en se braquant encore contre les musulmans.es :
(28min) : « Quand l’Europe appauvrie aura laissé tomber sa décadence, il est même probable que les Européens vont s’arranger pour éliminer une nouvelle fois l’État dans l’État qu’auront créé les musulmans d’Europe. On va assister probablement à une nouvelle séparation des deux mondes sédentaires et nomades comme par le passé ».
Les décadents avec des anneaux dans le nez
Nantel s’en prend également à tout le progressisme, droits et libertés des minorités. Voir également cet autre extrait contre les jeunes et Hollywood :
(8min) : « Quand une société compte peu de décadents, elle se renforce, quand elle en compte beaucoup, elle s’affaiblit. On le voit bien dans l’Occident moderne où tout est en train de s’effondrer ».
Des exemples de gens décadents? « Même dans nos sociétés postmodernes, on rencontre finalement assez peu de gens avec la langue fourchée ou avec des anneaux dans le nez. Vous savez, ces jeunes qui ont tellement de métal planté dans le visage qu’on dirait qu’ils ont eu un accident »…
Et les arts, les arts!!!
(9min) : « La décadence en Occident était déjà commencée dans le domaine des arts au début du 20e siècle, la peinture et la sculpture par exemple », « ça permit à beaucoup d’ignorants sans formation de créer toutes sortes de barbouillages ».
(10min) : « C’est probablement à Hollywood que le processus de dégénérescence est le plus avancé (…). Les héros se droguent, baisent à gauche et à droite (…). Dans ce milieu de nouveaux riches où toutes les perversions sont permises et même encouragées, la dégénérescence est devenue tellement profonde que beaucoup d’actrices et d’acteurs américains ont décidé d’adopter des enfants plutôt que d’en faire. (…) Sandra Bullock ou Charlize Theron ».
Conclusion
L’aspirant candidat à la chefferie du Bloc met donc de l’avant des thèses qui essentialisent les musulmans.es comme étant des « nomades » incompatibles avec l’Occident, de dangereux individus, il les décrit de manière calomnieuse.
Sa critique du progressisme, qu’il nomme « décadence » et « dégénérescence », s’avère une vision ultraconservatrice.
S’il est soutenu par un réseau d’extrême-droite, c’est qu’il défend une idéologie similaire.
Si sa candidature se concrétise, on peut craindre qu’il profite d’une course à seulement deux joueurs pour faire avancer des idées flirtant avec le néofascisme…